TW : consommation d'alcool/drogues, overdose, deuil
âge & naissance : Finis les anniversaires débridés, les grandiloquentes pièces montées : elle en est venue à regretter la décadence d'une vingtaine enflammée, les clopes allumées aux bougies avant de les souffler. De bougies, il n'en reste qu'une qu'elle s'est forcée à acheter en l'honneur des 35 ans fêtés le 18 avril, afin de distiller quelques gouttes de joie à l'échéance par ailleurs redoutée. C'est la jeunesse qui s'enfuit dans chaque mèche embrasée, rien à célébrer – pas même la vie qui s'efforce de subsister.

origines & nationalité : Ses origines indiennes sont imprimées sur le grain serré de sa peau, ne laissant aucun doute planer sur la question. C'est son fardeau, se faire héritière d'une culture qu'elle ne connaît pas, et dont sa mère l'a soigneusement délestée – jusqu'à l'affubler d'un prénom anglophone, et du patronyme du père d'adoption – histoire de la rendre un peu plus australienne, fidèle à la nationalité trônant sur ses papiers, quitte à en trahir leur sang partagé, et l'évidence clamée par leurs traits.

finances et emploi : La célébrité l'a cueillie par surprise au zénith de la vingtaine, elle qui se voyait d'ores et déjà finir ses jours à la comptabilité du commerce familial ; le hasard en a décidé autrement, offrant au monde une voix sur laquelle Jolene n'aurait jamais misé, un velours irrésistible pour seul don. Elle est devenue vocaliste d'Alta Mar sans conviction, et le succès lui a fait tourner la tête, à ne plus pouvoir s'en passer. Alors, à l'explosion du groupe, elle avait tout juste séché ses larmes qu'elle était dans un bureau avec les représentants de son label, négociant son contrat en solo sans réfléchir aux conséquences. Elle voulait juste s'approcher encore du soleil, comme s'il ne l'avait pas déjà cramée ; désespérée d'en prolonger les rayons, avant l'inéluctable crépuscule.
Voix dérobée, créativité encagée, il a fallu six ans pour que le miel dans sa gorge ne tourne à l'aigre, et qu'elle ne claque la porte sur les dernières fulgurances d'un talent et d'une rage lentement morcelés. Jamais très loin de la musique, mais se refusant catégoriquement d'en être une des forces novatrices, Jolene est désormais animatrice radio, et casse sa routine avec quelques DJ sets animés parfois dans les discothèques de la ville, chèques juteux négociés sur la simple base de sa notoriété passée. $$$$$, les finances ne sont pas au beau fixe malgré tout : comme la plupart des nouveaux riches, elle n'a jamais appris à gérer son argent – en témoignent les bijoux amassés dans ses tiroirs dont elle ne peut se séparer, et sa villa hors de prix –, aussi ne reste-t-il pas tant d'économies de sa gloire évanouie.

statut civil : Célibat au goût d'inachevé, bâti sur les carcasses d'amours délitées. À croire qu'elle a sacrifié toute perspective de stabilité sur l'autel de la gloire, s'enchaînant à une vie de flirts éphémères et volages, parfois plus pour le bonheur des publicistes que le sien, et que maintenant que le public l'a oubliée, il ne lui reste rien. Même plus ces dévotions anonymes – fanatiques – pour se convaincre qu'on l'a aimée, même de loin.

orientation sexuelle : Hétérosexuelle, les quelques expériences contraires n'ont pas suffi à la détourner de ce désir pour les hommes ancré dans sa chair.

situation familiale : Depuis toujours, Jolene appelle père un homme qui ne lui ressemble pas, tandis qu'elle ne sait rien de celui à qui le titre devrait revenir. Et sa mère est une tombe, à ce sujet, la livrant à comprendre que si sa naissance a tout de même été célébrée, elle n'en était pas moins une erreur qui ne s'est jamais réitérée. Sa famille, c'est de la pudeur et des secrets. Des petites hontes que l'on porte depuis trop longtemps pour un jour les avouer.

signe astrologique : Bélier.

le pire tue-l'amour : Les hommes qui clament vouloir faire leur vie avec une femme accomplie, avant de se sentir menacés par la réussite lorsqu'elle n'a rien à voir avec eux ; comme si la valeur de l'une étouffait celle de l'autre.

un fantasme : Keanu Reeves, circa 1991. Ou bien cet autre acteur, dont elle avait croisé la route par malheur : l'affaire de quelques nuits, et depuis, l'irrésistible langueur. Nom barré à l'encre rouge, Jolene continuera à rêver de Keanu, préférant sur ses lèvres le goût de l'impossible à celui de l'inachevé.

à Brisbane depuis : Sa naissance, du moins est-ce ce que sa mère lui raconte : circonstances et temporalité douteuses, n'empêche que Jolene ne connaît rien d'autre. S'il y a eu une autre ville, voire un autre pays, elle n'en tient aucun souvenir.

traits de caractère : Susceptible, impulsive, envieuse, volage, hédoniste, narcissique, solaire, charmeuse, déterminée, impatiente, affectueuse, orgueilleuse, confiante, rancunière, débrouillarde, fonceuse, extravertie.

avatar : Sobhita Dhulipala (indienne).

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romantisme (67%)	level de drague (80%)
engagement (30%)	passion (70%)
performance au lit (80%)	fidélité (33%)
nombre de cœurs brisés (60%)	recherche de l'amour (50%)

♡ qu'est-ce que le grand amour, selon ton personnage ? est-il à sa recherche actuellement ?
Jolene, elle s'efforce de se lancer dans chaque nouvelle histoire avec la même fièvre qu'à la précédente ; à cet égard, elle refuse d'entendre parler du grand amour, peu encline à exercer à chaque relation la pression d'être la bonne. Elle essaie d'aimer sans hiérarchie, de dissiper les ombres du passé pour donner une chance à chaque homme s'insinuant dans sa vie.

♡ quelle a été la plus grosse déception amoureuse de ton personnage ?
Cette relation qui n'a pas survécu à la distance et aux divergences ; ironiquement, c'était lui qui avait conseillé à Jolene de se rendre aux premières répétitions d'Alta Mar, sans s'imaginer une seconde que sa popularité croissante – et l'incapacité de monsieur à l'accepter – sonnerait le glas de leur couple. Le premier d'une longue liste de déceptions, de ruptures plus ou moins pour les mêmes raisons – le premier que l'on n'oublie jamais vraiment.

personal jesus
someone to hear your prayers, someone who cares ;

Pendant un temps, on ne pouvait pas la manquer à la fermeture du garage. Gamine hilare qui gambadait gaiement entre les voitures, soupesant à grand peine des outils parfois plus longs que ses avant-bras, les longues tresses flottant dans l'air saturé de poussière. Va te laver les mains, Jo, ou maman va s'énerver. Le conseil proféré dans la lancée d'un clin d'oeil affectueux, parce qu'il aimait la voir traîner là, le père ; quelle mascotte plus idéale, pour vanter leur affaire familiale ? À moins que lui n'ait compris qu'elle n'en sortirait jamais, des moteurs et des pots d'échappement, alors que sa mère, sans croire à un meilleur avenir, ne pouvait supporter de la voir se peinturlurer les joues de cambouis comme si Jolene ne serait jamais malheureuse d'en avoir chaque jour les mains souillées. Comme s'il n'existait d'autre rêves que ceux mécaniques. Mais Jo, elle se voyait déjà grande, et à moto. Pour quelle destination, elle ne l'avait jamais su : petite, elle s'imaginait juste faire parader et pétarader la bête chaque soir, à l'orée du garage avec force rugissements, en quête d'un sourire, d'un encouragement.
Et plus tard, jamais plus assortie au cambouis qu'en Docs couleur de pneus et vernis noir, elle aurait tout donné pour se garer autre part.

amour plastique
et la nuit quand tout est sombre, je te regarde danser ;

Connor lui était tombé dessus par hasard, et sans doute Jolene l'avait-elle aimé de la même manière : par un concours de circonstances tout à fait involontaire. Frivolement, toute à son extase de plaire. N'importe qui aurait pu s'y égarer. Jolene, il suffisait de la regarder pour la faire ployer – comment aurait-elle pu résister à la célébrité ?
Spéculations pour plus tard. Revenons-en à Jo, vingt-deux ans, paradant à un bras auquel elle s'accrocherait trop longtemps. À l'aimer par intermittence, plus entichée de ce qu'elle s'imaginait de lui et de leur couple que de ce qu'il était réellement prêt à lui céder. À s'abandonner à d'autres à la moindre déception – sans jamais ignorer les infidélités réciproques, vengeresses. C'était Connor qui resterait dans sa tête, mais le schéma se répèterait avec ceux d'après, à une exception près.
Jolene n'avait jamais su apprécier ses relations qu'à moitié – et c'était toujours la part fantasmée sa préférée.

jolene
your voice is soft like summer rain ;

Vas-y, Jo, c'est ta chanson. Le regard assassin dardé sur Connor, aux premières notes ayant ravi la salle de karaoké. Tu vas me le payer, promirent ses prunelles – mais les occasions de se donner en spectacle étaient trop rares pour se montrer rancunière, et au fond, elle avait toujours bien aimé cela. Qu'on la baigne de lumière, qu'on la regarde, qu'on l'admire. En digne héroïne, éponyme, du tube qui avait enflammé les seventies.
Alors, Jolene chanta. L'oeil ancré à Connor, elle réussit presque, mentalement, à réaliser le miracle de transformer cette pièce pleine d'inconnus en l'intimité d'une chambre ; et la voix s'arrogeant sans vergogne les mots de Parton, en des murmures de velours, préludes à l'amour. Mais la conscience, bien que discrète, des oreilles dardées sur elle avait quelque chose d'infiniment plus excitant que l'amant. Comme toujours, Jolene avait fini la nuit dans ses bras, mais l'extase avait explosé bien avant. À l'instant même, à vrai dire, où ils l'avaient abordée. Deux mecs et une fille, dont elle n'avait d'abord pas saisi les noms, et face auxquels elle avait difficilement réprimé son rire. La faire chanter, quelle drôle d'idée. Si elle avait su, alors,  à quel point Raeve abhorrait les mauvaises reprises de karaoké, sans doute les aurait-elle davantage pris au sérieux ; elle ne le constaterait que bien plus tard. Mais elle était partie avec leur numéro, pourtant, comme un saut de l'ange. Une intuition inexplicable, une foi étrange.

like a prayer
when you call my name, it's like a little prayer ;

Il lui avait fallu du temps pour les prendre au sérieux. Pour se lier à eux – ces passionnés qui n'avaient finalement pas tant à voir avec elle. Elle ne faisait que chanter, Jo, leur laissant le soin de lui dicter ses mots et leur tempo. C'était peut-être elle qui avait le moins à perdre, dans cette histoire puisque leur vocation n'était pas la sienne. À Jolene, on avait appris que même les plus belles roses finissaient par faner. Alors, elle s'était montrée prudente, détachée, s'entrelaçant aux quatre tout en s'assurant qu'elle pourrait défaire chaque nœud, eussent-ils dû s'effondrer.
Et la première grande scène s'était profilée. Les projecteurs. Les cris. Le cœur furieux, tambourinant dans sa cage d'os. Elle avait su que tout était vrai : ils l'avaient fait. Ils étaient devenus des dieux, à l'aube de leur immortalité. Alors, plus que tout, elle les avait aimés. Pour Alta Mar, elle finit par tout abandonner. Ses études, son mec, sa famille. Foutue fidélité – qu'elle avait peut-être moins juré à eux qu'à elle-même, et à sa passion tout juste trouvée : celle d'être vénérée.

la fama
es demaciado traicionera, y como ya viene, se te va ;

Elle se reput de gloire jusqu'à plus soif. Aux journalistes qui demandaient comment elle gardait les pieds sur terre, elle levait les yeux au ciel. Ca fait un bail que je l'ai quittée, la terre. Et à ceux qui ne tardèrent pas à lui demander, sans détour, si elle avait pris la grosse tête, la voilà qui assumait, insolente d'orgueil. Et alors ? Jolene avait vite appris leur langage. Ce qu'il fallait dire ou taire, comment s'y prendre pour faire parler. Chaque jour, elle remerciait le ciel qu'Alta Mar soit un groupe de rock – le genre qui permettait tous les excès. C'est qu'on ne lui avait jamais appris la mesure, aussi s'était-elle vite inculqué de profiter de tout ce qu'il pouvait y avoir de beau en ce monde.
Des drogues, de suite trouvées à son goût.
Des hommes lui faisant les yeux doux.
Des bijoux amarrés à son cou.
Jolene l'avait prise, la grosse tête. Sans savoir jouer, encore moins produire, elle avait néanmoins appris à mixer les divers instruments, à différencier un mauvais son d'un bon. Elle n'était rien sans le reste du groupe, non – mais c'était elle, la vocaliste. Celle que l'on envoyait en première ligne. D'un poussiéreux syndrome de l'imposteur, elle s'était alors bâti un complexe divin à sa hauteur. Un monstre de vanité rugissant à la moindre menace – sans présumer qu'elle viendrait de l'intérieur.
Jo l'avait enviée, l'idylle de Miles et Raeve. Beaucoup des paroles qu'on lui faisait chanter naissaient de là, et sans doute avait-elle pris, ainsi, la sale habitude de vivre par procuration cet amour vibrant qu'elle-même n'avait jamais su invoquer. Quand le temps avait tourné à la tempête, quand les divergences artistiques étaient devenues prétextes à des scènes de ménage, la bête l'avait persuadée que c'était elle qu'ils détruisaient. Son talent et son temps, gaspillés. Comme si, soudainement, c'était elle qui se souciait le plus de leur avenir. Elle en claqua, des portes – par colère ou simplement par principe – déclenchant des bourrasques qui ne faisaient qu'alimenter les tornades ambiantes.
Et elle revenait toujours. Fidèle au poste, malgré tout, aux premières loges du désastre.

babylon
burned too bright, now the fire's gone
watch it all fall down – babylon ;

– J'en peux plus de les voir s'engueuler, j'ai envie de les étriper.
– Excellente idée, Jo. Je t'aiderai à cacher les corps.

Jimmy, elle avait eu l'impression de l'avoir connu toute sa vie. Il avait la force tranquille, le calme sincère : parfaits pour apaiser le feu qui bouffait les entrailles de Jo. Il n'avait jamais peur de lui dire ce qu'il pensait. Le bon, le mauvais. Et, surtout, c'était lui qui franchissait le premier les portes qu'elle claquait, quand l'ambiance au studio se faisait irrespirable. Lui qui, de bonne grâce, l'écoutait se plaindre lorsque leurs répétitions étaient prises en otage par les mouvements d'humeur des autres.
Jimmy, elle aurait tout donné pour l'aimer différemment. Quelquefois, Jolene s'était demandé si c'était ce qu'il attendait. Que les nuages calmes d'un regard à la tendresse purement fraternelle ne soient déchirés par un éclair désireux. Mais, si tel était le cas, jamais Jimmy n'avait fait peser sur elle cette pression-là.
Elle aurait tout donné pour l'aimer mieux. Pour voir au-delà de sa propre carrière, et du sabotage dont elle accusait amèrement les autres. Au-delà de tous les t'en fais pas, je me contrôle qui la rassuraient en voyant Jimmy augmenter ses doses. Au-delà de son altruisme sans faille, que tous avaient pris pour acquis – sans voir ce qui le rongeait de l'intérieur.
Elle n'aurait eu qu'à décrocher le téléphone, pour le sauver. Et elle l'avait ignoré.

my body is a cage
it's a hollow play – but they'll clap anyway ;

Elle aurait dû s'arrêter. Prendre le temps de réfléchir, et de pleurer. À la place, elle fit ce qu'elle savait le mieux faire : enfouir sa peine, avec pour seule obsession celle d'être la dernière debout, de ne rien laisser l'entraver dans ce qu'elle avait déjà parcouru. Au coeur de l'irrésistible ascension d'Alta Mar, sans doute lui avait-il échappé que l'industrie musicale était taillée pour les requins, et qu'il valait mieux y roder en bancs, comme eux l'avaient fait à cinq. Seule, Jo était vulnérable. Les mâchoires la saisirent. La broyèrent. Chaque nouvelle composition lui ressemblait moins que la précédente ; les mots n'avaient jamais été les siens, mais elle avait connu une époque où ils avaient au moins eu le mérite de sonner juste. Fustigée par la critique, encore adulée par les foules, de telle sorte que les albums s'enchaînaient pour un public toujours au rendez-vous, et pour le plus grand bonheur de son label. Les chutes de popularité n'étaient que prétextes à des pirouettes marketing toujours plus osées. Des collaborations douteuses, des clips putassiers, des amourettes en carton. On l'avait dépossédée de son corps, de son âme. Et des fans continuaient de défendre corps et âme la médiocrité dans laquelle on l'enfermait. Jolene ne les avait jamais autant détestés.
Elle voulait qu'ils la haïssent. Qu'ils la traînent dans la boue. Et puis, enfin, qu'ils l'oublient.

back to black
we only say goodbye with words ;

Même après avoir laissé sa carrière s'effrondrer, elle continua de marchander sa voix – quoique celle-ci devînt nettement moins ensorceleuse, une fois reléguée à la motonie d'annonces radio. Réduite à chanter les louanges d'autres, combien de fois s'était-elle dit qu'elle ne faisait que remuer le couteau ? Mais elle n'aurait pu rentrer chez les siens le menton haut. Entre retourner au garage la queue entre les jambes et user jusqu'à la corde ses rémanences de notoriété, Jolene avait choisi.
Ou plutôt, la bête avide de gloire, bien qu'agonisante, ne lui avait laissé aucun autre issue.

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