@Jules de Sario & @Eliseo Vazquez

Une salle de jeux d'arcade.

Jules a les yeux qui brillent. Son regard ne cesse de balayer les lieux de gauche à droite, de haut en bas, s'attardant sur les posters d'un autre âge placardés sur les murs en pierre, hypnotisée par les couleurs clignotantes et vives diffusées par les flippers dans un coin de la pièce. Si elle s'écoutait, la brune, elle serait déjà en train d'entamer une partie de Super Mario Bros., back to the eighties. Mais soudainement, la vision d'un couple à sa droite lui rappelle la raison de sa présence ici, et le charme se rompt. De retour sur la terre ferme, elle s'empare de son téléphone portable au fond de son sac à main, et jette un coup d'œil à l'heure qui s'y affiche en chiffres luminescents. Elle est en avance.

Quelques semaines plus tôt, elle s'était inscrite à cet événement de dating sans trop y réfléchir. Sur le moment, et comme toujours lorsque son impulsivité remportait la victoire, Jules ne s'était pas spécialement projetée, loin d'imaginer qu'elle pourrait réellement faire une rencontre amoureuse aujourd'hui. Officiellement, elle était toujours fiancée à Lenny et, ce dernier avait beau sembler vivre une vie épanouissante loin d'elle, la brune ne savait toujours pas ce qu'il en était de leur duo, ni même si elle était censée s'attendre à quoique ce soit de sa part. Pour éviter de se morfondre lors d'une journée qui avait tant compté pour elle par le passé, la brune s'était jetée à corps perdu dans le love test proposé, attendant avec impatience les résultats. Si elle ne s'attendait à rien de précis, elle était toujours aussi heureuse à l'idée de faire une nouvelle rencontre.

Il y a un peu de monde, et Jules peine à discerner qui pourrait l'attendre, ce soir-là. Elle plisse les yeux, tourne un peu autour des machines, tente tant bien que mal de se faire remarquer : par chance, la plupart des personnes présentes sont en groupe, et ne dégagent pas l'impression d'attendre après quelqu'un d'autre. Finalement, son regard s'accroche à la silhouette d'Eliseo qui n'a l'air, tout comme elle, de n'appartenir à aucune des bandes d'amis dont les rires amusés résonnent régulièrement tout autour d'eux. D'un pas vif et assuré, persuadée de ne pas faire fausse route et décidée à suivre son instinct, la brune rejoint son parfait inconnu. Sa main s'agite devant les yeux du jeune homme, cherchant à attirer son attention tout en le saluant. « Excuse-moi, est-ce que par hasard tu as rendez-vous avec quelqu'un, ce soir ? » Elle demande poliment, un grand sourire plaqué sur les lèvres. N'importe qui à sa place aurait sûrement fait preuve d'un peu d'hésitation, de crainte de se tromper de personne : la brune, elle, n'a même pas pensé à ce cas de figure, et s'adresse déjà à lui comme s'ils ne venaient pas de se rencontrer à peine quelques secondes plus tôt. « Je m'appelle Jules ! Je suis trop contente de te rencontrer. Cet endroit a l'air génial, tu le connaissais déjà ? » Aux yeux de Jules, une salle d'arcade s'apparentait à une aire de jeux sans limites. Ce soir, elle se sentait comme Charlie dans la chocolaterie de Willy Wonka.  

@Jules de Sario & @Eliseo Vazquez

Jules est contente de ne pas s'être trompée sur l'identité du brun qui lui fait face. Il est bel et bien là pour la même raison qu'elle, et la jeune femme ne peut que se réjouir d'avoir visé juste. Il a l'air gentil, Eliseo et, surtout, il a forcément bon goût, s'il apprécie les jeux vidéo autant qu'elle. Il lui fait une première impression plutôt bonne, et elle est presque soulagée d'avoir été matchée avec quelqu'un d'agréable. « Enchantée. J'aime bien ton prénom, il est joli. C'est de quelle origine ? » Elle demande par pure curiosité, visiblement soucieuse d'en apprendre plus sur le jeune homme. Jules est sincère dans sa démarche : puisqu'ils ont l'occasion de passer une soirée ensemble, autant en profiter pour faire connaissance autrement que de façon superficielle, non ? « C'est la première fois que je viens ici, pareil que toi. Enfin, j'adore les jeux vidéo donc j'ai déjà été dans plusieurs salles d'arcade, mais jamais à Brisbane. Il y en a une très grande à Sydney, je ne sais pas si tu la connais ? » Elle répond sans se départir de son grand sourire, faisant référence au KOKO qui s'étalait le long des berges du Cockle Bay Wharf. Quand elle était plus jeune et qu'elle recevait son argent de poche, Jules se souvenait parfaitement qu'il s'agissait de son endroit favori pour le dépenser en à peine une après-midi, le plus souvent accompagnée de Zeppelin. En grandissant, et parce que la vie s'était révélée beaucoup plus prenante que prévu, la brune avait malheureusement perdu cette habitude de s'y rendre suffisamment régulièrement pour conserver son record à la borne de danse la plus populaire. Pour autant, son intérêt pour ce type d'amusement ne s'était jamais vraiment dissipé, bien au contraire si l'on en croyait les étoiles dans ses yeux. « Le choix est super dur, c'est pour ça que tu me le laisses ? » Jules demande dans un rire, son regard scannant les alentours pour jauger rapidement leurs options. Le jeu de palet électronique, dans un coin de la pièce, lui fait définitivement de l'œil : dans ses souvenirs, elle était plutôt douée, mais ce n'est sans doute pas la meilleure des activités pour briser la glace, lors d'un date. Un peu plus loin, un groupe d'amis fait trembler le sol en enchaînant des mouvements de danse à un rythme effréné mais, là encore, Jules décide de passer son tour. Finalement, son intérêt se porte sur une cabine ajourée aux couleurs criardes. Visiblement, il s'agit d'une simulation plus ou moins réaliste d'une attaque de morts-vivants à contrer à l'aide de faux pistolets en plastique. « On va régler le compte de quelques zombies ? » La brune pointe du doigt la borne en question, se saisissant sans attendre de la main d'Eliseo pour l'entraîner dans son sillage. Une fois à bon port, elle s'installe derrière l'écran, tendant le deuxième pistolet à son partenaire d'un soir. « Prêt à sauver l'humanité ? Enfin, à essayer, quoi. » Un nouveau sourire et les yeux qui pétillent : Jules est dans son élément. Bien plus que derrière un bar, en tout cas.

@Jules de Sario & @Eliseo Vazquez

Il ne faut pas la lancer sur Sydney, la brune. Elle avait beau vivre à Brisbane depuis quelques mois désormais, et s'être plus ou moins facilement acclimatée à la vie ici, il ne faisait nul doute que sa ville d'origine continuait à lui manquer, parfois. Pour autant, elle ne regrettait pas sa décision une seule seconde. Jules savait que la capitale du Queensland avait beaucoup à lui apporter, à commencer par une indépendance qu'elle n'avait jamais eu la chance de toucher du doigt auparavant, et une liberté d'actions et de mouvements qui n'auraient pas été possible, si elle était restée à Sydney. Jusqu'à aujourd'hui, la brune n'avait jamais pris conscience qu'à bien y réfléchir, elle n'agissait pas tout à fait selon ses propres envies et ses propres désirs. Elle répondait toujours, sans même s'en rendre compte, à une logique et à des intérêts qui ne la concernaient pas directement, comme si elle était dénuée de tout libre arbitre. Pour l'instant, ce genre de constat était encore balbutiant, et Jules n'était probablement pas prête à y accorder une lecture plus profonde. Mais c'était déjà un début, et c'était mieux que rien : les avancées se faisaient toujours à petit pas, elle en était certaine. « C'est une super ville, vraiment. Si un jour tu as la chance d'y aller, préviens-moi, j'ai plein d'adresses à te donner. » Elle répond avec un grand sourire, honnête dans sa démarche. Jules est toujours heureuse, de faire découvrir ses endroits préférés aux gens qu'elle rencontre. Dans la foulée, elle ajoute à sa to-do list intérieure d'aller visiter l'île de Porto Rico, un jour ou l'autre. Si tout le monde y est aussi gentil que semble l'être Eliseo, les vacances promettent d'être agréable.

Rapidement, les voilà installés derrière l'écran d'une résolution qu'ils n'ont plus réellement l'habitude de rencontrer, depuis le passage dans les années 2010. Jules n'est pas mauvaise : elle parvient à se sauver in extremis à plusieurs reprises, riant de bon cœur à chaque fois qu'elle loupe sa cible et qu'elle perd des points de vie. A ses côtés, Eliseo semble tenir bon également, et le duo évolue rapidement à travers les niveaux. « Mais, oui ! Ils ont plus d'énergie que moi, je trouve ça trop bizarre. » Et ce n'est pas peu dire, si l'on considère la pile électrique qu'est Jules. Mais ele a conscience que dans ce genre de jeux, il ne faut pas être attaché à la cohérence scénaristique.

Ils perdent quelque part aux alentours du cinquième stage, quand leur binôme se fait surprendre par un groupe de zombies dans un coin reculé de la map. Elle repose son pistolet sur le réceptacle, tourne un visage faussement dépité vers Eliseo. « Franchement, on méritait de gagner. T'as trop bien joué, en plus. » Mais elle retrouve bien vite le sourire, Jules. Il lui en faut plus, pour perdre sa bonne humeur si particulière. « Je t'offre un verre ? J'ai vu qu'ils avaient un petit bar, au fond de la salle principale. On peut aussi recommencer une partie, si tu préfères. » Après tout, ils ont toute la soirée devant eux, pour enchaîner les possibilités.