@Jules de Sario & @Noomi Kennedy

tw : mention de harcèlement sexuel, propos sexistes.

Les heures défilent, et Jules se perd dans un tourbillon de danse, d'éclats de rires et de selfies à destination des réseaux sociaux. Ce soir, c'est décidé, elle oublie tout : dans son esprit, il n'y a plus de place pour ses regrets, pour sa bague de fiançailles qu'elle porte en collier autour de son cou et qui lui brûle la poitrine, pour tout son entourage, là-bas à Sydney, qui lui manque un peu plus chaque jour qui passe. Elle a perdu depuis longtemps la moitié du groupe qu'elle avait accompagné un peu plus tôt sur les lieux : entre temps, elle a rencontré un groupe de filles de son âge, et elle a décidé de prolonger la soirée à leurs côtés, heureuse de rencontrer de nouvelles personnes. Avec un peu de chance, développer son cercle social aiderait son manque de repères qu'elle ressent pesant sur sa poitrine à se dissiper quelque peu.

Elle venait à peine de passer sa commande au bar, lorsqu'elle sentit une main tapoter son épaule. S'attendant à apercevoir le visage familier d'un de ses collègues avec qui elle s'était rendue au Met ce soir-là, elle se tourne vers la personne qui vient de l'interpeller, un sourire plaqué aux lèvres. Sourire qui se transforme rapidement en une moue confuse, lorsque Jules prend conscience que la personne qui se trouve en face d'elle est un parfait inconnu. « Excuse-moi, je t'ai repéré de loin et je me demandais si tu voulais qu'on fasse connaissance ? T'as l'air d'avoir de la conversation, si tu vois ce que je veux dire. » Non, Jules ne voyait pas du tout où il voulait en venir, bien trop innocente pour saisir les sous-entendus graveleux que l'homme faisait rouler sous sa langue. Elle avait beau ne posséder que très peu de spider-sense, quelque chose en lui ne sonnait pas de très bon augure : il puait l'alcool à plein nez, et elle ne pouvait s'empêcher d'associer son sourire doucereux à un rictus de méchant dans les dessins animés. Malgré tout, la brune ne savait pas tout à fait comment réagir, hormis secouer la tête de droite à gauche pour lui signifier son refus évident : peut-être se trompait-elle, après tout. Une réaction à laquelle l'homme ne s'attendait probablement pas, et qui n'eut pas l'air de le satisfaire. « Tu vas quand même pas refuser que je t'offre un verre ? C'est pas poli, je suis sûre que t'as été mieux élevée que ça, franchement. » Jules a beau être naïve, elle connaît par cœur le danger que représente un verre d'alcool – ou d'autre chose - offert par un parfait inconnu au sourire carnassier en plein milieu d'une boîte de nuit. Elle n'est pas stupide, mais l'homme en face d'elle semble le penser et, visiblement, il compte tirer parti de ce qui représente un avantage non négligeable, pour lui. « C'est gentil, mais je suis pas intéressée. J'attends quelqu'un, il devrait pas tarder à arriver... » Jules bafouille un peu, se perd dans ses propres explications. Quiconque la connaît suffisamment sait à quel point elle déteste mentir, et surtout à quel point elle est incapable d'avoir l'air crédible, lorsqu'elle se retrouve à le faire. Visiblement, son interlocuteur semble l'avoir deviné : son sourire s'élargit plus encore, et sa main vient se poser sur le bras de la brune, qu'il serre doucement mais fermement. « Allez, pourquoi tu fais ta timide ? Je t'ai vu danser tout à l'heure, tu faisais moins la difficile que maintenant. » Cette soudaine proximité ne parvient qu'à renforcer le malaise que ressent Jules. Pour une raison qui lui échappe, elle ne parvient pas à trouver la force de se dégager de l'emprise de l'homme qui lui fait face. Son esprit s'embrouille, et elle regrette immédiatement d'avoir bu autant, ce soir-là. Elle sait pourtant qu'elle ne tient pas l'alcool, mais revoir Lenny l'avait visiblement bousculé plus qu'elle ne l'aurait pensé. Et au lieu de l'aider à oublier, elle se retrouvait désormais à la merci d'un individu doté de mauvaises intentions, à n'en point douter.

Ses yeux la brûlent, et elle lutte contre une envie grandissante de pleurer lorsque Noomi apparaît soudainement dans son champ de vision, comme un ange tombé du ciel. Décidément, la brune est une véritable sauveuse : lorsqu'elles s'étaient rencontrées quelques semaines plus tôt, elle avait déjà sorti Jules d'un mauvais pas, l'aidant à retrouver son chemin dans une ville qu'elle connaissait encore très mal. Depuis, elles étaient restées en contact, la brune appréciant l'indépendance et le caractère affirmé que possédait celle qu'elle considérait déjà comme son amie. Noomi était tout ce que Jules n'avait jamais pu être, tout ce qu'elle n'avait même pas envisagé de devenir un jour, tant son caractère affirmé semblait être aux antipodes de la naïve Jules. Pour la deuxième fois depuis leur rencontre, elle s'apprête probablement à la secourir, sans même le savoir. « Ma copine est là, je dois la rejoindre. » Le mauvais sortilège est rompu. Galvanisée par la présence de Noomi non loin de là, la brune retrouve le contrôle de son corps, et se dégage sans un mot supplémentaire de l'emprise de l'homme. Le cœur battant et le plus rapidement possible, elle parcoure les quelques mètres qui l'éloignent encore de son amie, les yeux brillants. Le chemin lui paraît durer une éternité, tant Jules craint que l'inconnu ne la suive. Une fois à bon port, la brune se jette dans les bras d'une Noomi qu'elle espère bonne comédienne, s'accroche à son cou comme si sa vie en dépendait. Elle est sincèrement désolée, de lui imposer une proximité aussi soudaine, et elle garde dans un coin de sa tête qu'elle allait probablement lui devoir quelques excuses, une fois que le danger sera définitivement écarté. « J'ai besoin d'aide, Noomi. Il me fait peur. » Jules tente de couvrir la musique que crachent les haut-parleurs tout autour d'elles à un volume bien trop élevé, mais elle n'est pas certaine que la brune puisse réellement l'entendre, au-delà du brouhaha des fêtards qui s'interpellent autour d'eux. Histoire d'assurer ses arrières, elle désigne l'homme en question d'un léger signe de tête. Elle est terrifiée à l'idée d'hausser le ton plus encore : il est toujours bien trop proche.