- A star is born -
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o u t f i t · Il referme la porte derrière lui, s’éloignant de la maison de son jeune élève, soupir de soulagement aux lèvres. Ce cours a été une catastrophe, comme d’habitude. Des mois qu’il enseigne la guitare à l’adolescent mais pas l’ombre d’un progrès. C’est à croire que ce dernier est atteint de surdité pour être aussi mauvais. Pourtant il se donne corps et âme à la musique, ses parents assurant qu’il s’entraîne des heures durant toutes les semaines. Peut-être simplement que certains ont la fibre artistique tandis que d’autres, beaucoup moins. Mais le professeur prend sur lui, parce que ce ne serait pas convenable de briser les rêves d’un gosse et parce que malgré tout, il est plutôt bien payé pour saigner des oreilles.

Son étui à guitare accroché à son épaule droite, il se dirige vers sa voiture afin de prendre la route et de rejoindre Noomi à son appartement. Les deux acolytes se sont donnés rendez-vous aux alentours de dix-huit heures pour une petite séance de cinéma en plein air. Après avoir vécu l’enfer ensemble, il semble naturel pour l’homme de passer du temps en compagnie de la jeune femme. Cela fait déjà un moment depuis leur dernière entrevue, aussi il lui tarde de retrouver sa compère ; étant d’un caractère plutôt extraverti, c’est essentiellement auprès des autres que le musicien recharge le plus ses batteries.

Il arrive à destination un peu avant l’heure prévue, mais son amie lui a dit de ne pas hésiter à entrer et à faire comme chez lui, si elle ne lui ouvrait pas tout de suite. Elle a aussi fait mention de son colocataire, mais l’homme ne se rappelle plus vraiment de ce qu’elle a raconté à son propos. Que ce serait lui qui l'accueillerait ? Ou alors qu’au contraire il ne serait pas là ? Par flemmardise, il ne prend pas la peine de relire leur conversation sms et se contente de garer sa voiture dans le parking avant de grimper jusqu’au palier de l'appartement.

Par réflexe, il sonne à la porte mais au bout de quelques secondes, personne ne vient lui ouvrir ; en plus, le guitariste entend très distinctement l’eau couler dans la salle de bain, les murs du bâtiment n’étant pas bien épais. Il enclenche donc la poignée et pénètre dans la pièce principale du logement. “Noomi, j’suis là hein !” S'écrit-il avant de poser ses affaires par terre et de s’affaler dans le canapé du salon. Il pose ensuite ses pieds sur la table basse, attrape son paquet de cigarette dans la poche de son pantalon et en allume une d’un geste habile.

Tandis qu’il tire une tafe sur le mégot, l’une des portes s'ouvre et c’est un jeune homme plutôt stupéfait et droit comme un piquet qui se dresse devant lui. “Euh… Bonjour ?” Un large sourire fleurit sur les lèvres du plus âgé tandis qu’il se lève pour l’étreindre. “Mais qui voilà, le fameux colocataire ! Arthur c’est ça ?” L’intéressé acquiesce timidement tandis que le regard du musicien se fait perçant. “Dis donc, on ne m'avait pas menti, c’est vrai que t’es plutôt pas mal !” Ajoute-t-il en s'éloignant pour le détailler davantage. À ces mots son interlocuteur devient rouge écrevisse en l’espace d’une seconde et il cherche rapidement à dévier la conversation. “Vous… Vous êtes Leon ? Noomi m’a dit que vous alliez venir… Elle est encore sous la douche.” Puis il ne pipe pas un mot de plus et se dirige dans la cuisine, l’invité s’étalant à nouveau sur le sofa.

Leon continue à fumer tranquillement lorsque son homologue réapparait dans son champ de vision pour lui offrir un verre d’eau. Une bière n’aurait pas été de refus, plutôt. Mais non, ça n’est pas raisonnable. Il accepte sa proposition et s’hydrate d’une traite avant de s’enfoncer contre le dossier du canapé. Les prochaines minutes, le guitariste les passe à tenir la conversation presque à lui tout seul ; il se coupe cependant dans le récit de son épopée lorsque, depuis la salle de bain, une voix mélodieuse se fait entendre. “C’est Noomi qui chante ou c’est la radio ?” Demande-t-il en s’adressant à son homologue, sourcils haussés et yeux légèrement écarquillés. “C’est Noomi. Elle chante tout le temps sous la douche.” Répond le mécanicien, timide rictus aux lèvres. Incroyable. Pourquoi ne s’est-il jamais rendu compte avant que la jeune femme avait une aussi belle voix ?

Il ne peut cependant s’empêcher de rebondir sur les paroles de son interlocuteur, l’air beaucoup plus mutin. “Ah, parce que tu l’écoutes tout le temps quand elle se lave ?” Un rire franc s’extirpe ensuite de sa gorge en constatant les traits ahuris, placardés sur le visage du concerné. “Mais non, non, pas du tout ! C’est juste que… ma, ma chambre est collée à la salle de bain, alors…” Marmonne-t-il dans sa barbe, entre honte et gêne extrême. Leon lui tape amicalement l’épaule, très amusé de la situation et conscient de l'embarras du plus jeune. “J’déconne, détends-toi un peu !” Gloussement confus de la part d’Arthur, puis c’est la jolie brune qui fait enfin son entrée dans la pièce. Son colocataire la regarde fixement puis rougit et baisse les yeux, avant de s’éloigner vers l’entrée de l’appartement. “Bon, je… Je vais vous laisser, je vais aller… faire un tour.” Puis il attrape ses clés et sort avec empressement. “J’te jure que j’lui ai rien fait à ton poulain.” Se justifie tout de suite le guitariste en se tournant vers son hôte ; sourire aux lèvres tout en levant les mains, en signe de dédouanement.

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L’eau chaude coule à flot sur sa peau humide. Ses muscles se détendent et la chaleur se répand dans la salle de bain. Cheveux noués en un chignon approximatif, les yeux clos, Noomi profite du jet d’eau sur son visage. Moment de détente qui lui fait le plus grand bien. Comme souvent lorsqu’elle occupe la douche, sa voix s’élève et les chansons s’enchainent. Il n’est pas rare qu’elle pousse la chansonnette, en particulier dans cette pièce. Comme beaucoup de personnes. Une habitude qu’elle a prise depuis de nombreuses années. Chanter a quelque chose de libérateur et d’assez agréable. Certains lui ont déjà dit qu’elle avait une jolie voix, un beau timbre mais Noomi n’estime pas être aussi douée qu’ils le disent. Ça se saurait si elle avait un don, non ? Alors elle se contente de chantonner pour le plaisir, rien d’autre.

Quoi qu’il en soit, la demoiselle doit se préparer pour sortir. D’ici quelques minutes, Leon devrait arriver pour l’emmener voir un film en plein air. Une activité qui l’enchante, d’autant plus en compagnie de son ami. Tous deux ont vécu des années difficiles qui les ont fortement rapprochés. Leon est ce qui se rapproche le plus d’une figure paternelle. On ne peut pas dire qu’à ce niveau, Noomi ait réellement été gâtée. Impossible à dire s’il est en avance ou si la prof de yoga est en retard – la seconde option semble la plus probable – mais l’eau l’empêche d’entendre la sonnette de la porte et encore moins les voix qui s’élèvent par la suite dans le salon. Trop concentrée sur sa chanson, elle ne se focalise sur rien d’autre. Elle se croit littéralement dans une salle de concert, le pommeau de douche lui servant de micro. Rien de bien étonnant, Arthur commence à avoir l’habitude des extravagances de sa colocataire.

De longues minutes s’écoulent avant qu’elle ne coupe enfin l’eau. Quittant la douche, elle attrape sa serviette pour essuyer son corps. Ce n’est qu’à cet instant qu’elle entend les deux voix provenant du salon. Leon est donc déjà arrivé, en pleine conversation avec Arthur, sans aucun doute. Se presse-t-elle pour autant ? Non. Noomi prend le temps de se sécher avant de constater qu’elle a oublié ses vêtements dans sa chambre. Encore une fois, rien de bien surprenant. Il ne lui reste qu’à enrouler la serviette autour de son corps avant de quitter la salle de bain. La différence de température entre la pièce qu’elle quitte et celles qu’elle traverse est assez saisissante. Cependant, avant de regagner sa chambre, elle se permet un détour par le salon pour aller saluer son ami, la pudeur ne faisant pas partie de son caractère. En voyant son coloc et son ami dans la même pièce, le tableau est assez drôle. L’un est tout sourire tandis que l’autre est rouge comme une tomate. A ce rythme là, Arthur finira traumatisé par l’ensemble des proches de sa colocataire. Elle n’a d’ailleurs pas le temps de réagir qu’il prend déjà la fuite. Ah. « Vous allez tous me le traumatiser. » C’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité quand on sait comment Noomi se comporte avec lui quotidiennement. « Mais j’te crois, il rougit pour un rien. Je te l’avais dit qu’il était spécial. » Sourire aux lèvres, elle s’approche de Leon pour déposer un bisou sur sa joue afin de le saluer. « Il est gentil, juste super timide. Ça doit être une sacrée épreuve pour lui de vivre avec moi. » Le pauvre, elle n’a même pas idée. « Comme tu peux le constater, je ne suis pas prête. Ça commence à quelle heure déjà ? » Combien de temps a-t-elle encore devant elle ? Se presse-t-elle pour autant ? Pas le moins du monde, puisqu’elle s’installe dans son canapé. « Alors, tu penses quoi de mon coloc ? Tu lui as dit quoi pour qu’il prenne la fuite ? » Connaissant Leon, ça peut être tout et n’importe quoi.

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o u t f i t · Amusé par la situation, le musicien regarde son homologue prendre la fuite tandis que Noomi fait son apparition dans la pièce, une simple serviette enroulée autour du buste. Leon lève les yeux au ciel lorsque son amie lui dit qu’il va traumatiser le pauvre homme. “Ça va, il a pas l’air d’être en sucre non plus.” Répond-il avant de lâcher un petit rire. Peut-être l’a-t-il poussé à bout mais le guitariste n’a pourtant rien fait de plus que de blaguer et de le taquiner un peu. La jeune femme ajoute quelques mots de plus en l’embrassant sur la joue. “Arrête de te trimballer à moitié à poil devant lui pour commencer, j’suis sûr que ça ira beaucoup mieux.” Ajoute le quadragénaire en s'esclaffant de plus belle.

Le sujet de sa venue vient ensuite sur le tapis ; seulement la Kennedy n’est visiblement pas prête, comme elle le fait si bien remarquer, demandant à quelle heure commence la séance de cinéma. “À 20h, mais prends ton temps, au pire on ratera le début, y’a pas de drame.” Répond-il en haussant les épaules. Le but principal étant de passer un moment ensemble, pas de regarder un film en plein air, de toute façon. Cette sortie n’était qu’une excuse pour voir la jolie brune, vérifier que tout va bien pour elle ; qu’elle ne manque de rien, aussi. Les épreuves ont été tellement difficiles à surmonter lorsqu’ils étaient en cure ; Leon a vu sa compère dans des états lamentables et inversement. Il ne peut s’empêcher d’être un peu protecteur, un peu paternel avec elle. D’être un peu le père qu’il n’a jamais réussi à être avec sa propre fille, en quelque sorte.

Puis Noomi reprend la parole pour demander l’avis de son aîné sur son nouveau colocataire. “Difficile de le juger comme ça, mais il a l’air… Ouais, plutôt gentil. Peut-être trop, même.” Dit-il en s’appuyant contre le rebord du canapé, croisant ses bras contre son torse. Il connait ce genre d'énergumène : Arthur est le genre d'homme qui semble se faire bouffer tout cru par les femmes. Espérons que l'australienne ne le torturera pas de trop. De quoi parlaient-ils avant qu’elle n’arrive dans la pièce ? La réponse semble plutôt évidente. “On parlait de toi, évidemment.” Évidemment. Comment pourrait-il en être autrement ? “Il me disait qu’il t’entendait souvent chanter sous la douche.” Un résumé plutôt concis de la véritable discussion qu’ils ont eu à ce moment-là ; mais l’homme a déjà de la suite dans les idées et ne s’expand pas davantage à propos des mots qu’ils se sont échangés. “T’as un sacré coffre d’ailleurs, comment ça se fait que je t’ai jamais entendu chanter avant ?” Une voix pareille, la musicien s’en serait souvenu s’il avait déjà écouté. Alors pourquoi avoir gardé un tel talent pour elle ? En a-t-elle seulement conscience ?

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o u t f i t · L’hôte des lieux et son invité discutent premièrement du colocataire ayant pris la fuite quelques instants plus tôt. Jusque là, Leon n’était pas parfaitement rassuré de savoir qu’un presque inconnu logeait chez Noomi. Mais à présent, le musicien est davantage inquiet pour le jeune homme que pour celle qu’il considère comme sa pupille. L’anglais n’a pas l’air bien méchant -bien que timide et un peu étrange- et son interlocutrice le lui confirme par ailleurs.  

Cependant, le sujet dérive rapidement sur le talent en chant de Noomi, totalement insoupçonné s’il fallait juger l’étonnement placardé sur le visage du guitariste cinq minutes auparavant. Pourquoi n’a-t-il jamais été mis au courant des aptitudes vocales de la Kennedy ? Cette dernière reste pourtant très humble à ce propos ; en fait, c'est comme si elle n’avait pas non plus conscience d’avoir un don. Elle se contente de lui répondre sur un ton railleur, lui affirmant qu’il ne pouvait pas savoir car il n’est pas là quand elle se douche. “Tu marques un point.” Dit le grand brun en tirant une taf sur sa cigarette.

Noomi s’empresse d’ailleurs de rajouter que ça n’est pas une anecdote très intéressante et qu’elle ne chante pas souvent, de toute façon. “Mouais…” Cette fois-ci, l’intéressé semble bien moins convaincu par son argumentation, scrutant son homologue féminin d’un air perplexe, fronçant légèrement les sourcils. Il se redresse sur le canapé lorsque son amie lui propose à boire. “T’as du coca ?” Il n’aurait pas été contre une petite bière mais ça ne serait pas raisonnable.

Puis le guitariste reprend la parole et le cours de leur ancienne conversation, par la même occasion. Il n’a pas l’intention de lâcher l’affaire comme ça, alors qu’il le sent jusque dans ses tripes, qu’il doit creuser davantage. Leon est un vieux quadragénaire, usé par une vie de débauche, d’alcool et de drogue et avec des acouphènes dans les oreilles ; mais il sait encore reconnaître une belle voix lorsqu'il en entend une. “Pourquoi tu dis que c’est pas une anecdote très intéressante ? Du peu que j’ai pu entendre, j’suis pas du tout du même avis.” Dit-il en levant à nouveau ses yeux chaleureux vers elle, l’air de rien. “J’suis sérieux, Nooms… Et tu sais que ça arrive pas souvent que je le sois.” Un sourire se dessine sur ses lèvres tandis qu’il ouvre à nouveau sa bouche. “Tu voudrais pas me chanter un truc, histoire qu'on soit fixé ? C’que tu veux, n’importe quoi. Et moi je t’accompagne à la guitare.” Et à ses paroles, il attrape d’un geste déterminé son instrument, le sortant de son étui pour l’installer sur ses cuisses et gratter quelques accords.

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o u t f i t · La jeune femme propose à son invité quelque chose à boire et revient moins d’une minute plus tard avec un Coca. L’homme la remercie et ouvre la canette d’un geste habile avant de se désaltérer. Son hôte s’est installée à côté de lui et cela lui laisse donc l’opportunité de reprendre le cours de leur conversation. Le guitariste n’a aucune intention de lâcher l’affaire concernant le talent insoupçonné de la Kennedy ; et cette dernière sait sûrement à quel point son interlocuteur peut se montrer têtu quand il a quelque chose en tête.

Jamais il n’aurait pensé que Noomi ait un quelconque don pour le chant, même s’il a toujours trouvé sa voix agréable et reposante. Le musicien insiste donc auprès de sa protégée, ne se démonte pas face aux contre-arguments de cette dernière. D’ailleurs il va jusqu’à demander à ce que la jeune femme chante quelque chose pour lui, proposant même de l’accompagner à la guitare. Noomi semble réticente mais elle se laisse finalement convaincre ; elle réfléchit quelques instants à une mélodie, puis finit par jeter son dévolue sur Birds de Imagine Dragons. Leon ne connaît pas cette chanson par cœur mais il l’a déjà entendue quelques fois à la radio. Cela suffira à suivre sa partenaire dans ses quelques couplets.

L’homme installe donc sa guitare sur ses cuisses et acquiesce doucement en direction de sa benjamine. “Quand tu veux.” Et puis les premières notes s'extirpent de la bouche de la jolie brune et le musicien la suit ; la magie opère, l’homme sent que la Kennedy se laisse rapidement transporter et lui aussi se plonge corps et âme dans leur furtif association. Ca n’est pas parfait, ça n’est pas censé l’être. Mais la version de la jeune femme est magnifique ; c’est elle qui mène la danse, lui n’est là que pour la soutenir. Il la regarde faire, grattant quelques accords, un sourire fier sur les lèvres. Parce que Noomi semble détendue, dans son élément ; parce qu’elle a tellement de potentiel, parce qu’elle est époustouflante, comme un diamant brut étincelant de mille feux.

La chanson se termine et le sourire de l’homme s’élargit ; l’australienne se rabaisse immédiatement mais son interlocuteur ne l’entend pas de cette oreille. “Si tu te produis sur scène, alors j’suis prêt à t’acheter une place directe, oui. Et je suis sûr que j’serais pas le seul, d’ailleurs.” Il est sincère dans ses mots, comme toujours. Leon n’est pas le genre d’homme à brosser dans le sens du poil ; mais là, il a senti que quelque chose de beau venait de se produire ; impossible qu’il puisse oublier désormais, ou même qu’il la laisse se dénigrer ainsi alors que ça n’est pas du tout justifié. “J’crois que tu te rends pas compte du don que tu as, Noomi.” Il repose sa guitare sur le côté et tourne son buste dans la direction de son hôte. “T’as jamais pensé à, je sais pas moi, faire un télécrochet ? Rejoindre une chorale ? Tu peux pas avoir une telle voix et ne pas te rendre compte du potentiel que tu as…”

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o u t f i t · La performance de Noomi est bluffante ; sans entraînement au préalable, sans échauffement de voix, elle arrive à transcender le vieux palpitant du guitariste, qui tente de se concentrer sur la mélodie qu’il produit avec son propre instrument. Il est à la fois agréablement surpris et totalement stupéfait du diamant brut qu’il a là, juste devant les yeux. Pourtant, lorsqu’il complimente la jeune femme, celle-ci semble avoir bien du mal à le croire ; le grand brun voit que ses compliments la touche sans vraiment l’atteindre. Elle pense qu’il ne dit tout ça que parce qu’il la paterne depuis leur rencontre. Mais ça va bien au-delà de ça ; il est véritablement sincère, persuadé que la professeure de yoga a du potentiel. Elle pourrait être une parfaite inconnue qu’il dirait exactement la même chose : sa voix a quelque chose de spécial qui le touche, un grain unique qui dissimule une sensibilité et des blessures profondes. “Tu veux qu’on prenne les paris, peut-être ?” Lui répond-il lorsque Noomi affirme qu’ils ne seront que quatre si elle venait à se produire sur scène un jour.

Un sourire chaleureux orne ses traits tandis qu’il l’écoute reprendre la parole ; la jeune femme percute qu’il est sérieux, avouant ensuite n’être pas très emballée à l’idée de faire un télécrochet. “Ouais, t’as pas tort… Puis s’ils disaient un truc de travers sur toi, j’serais obligé de monter sur scène pour les recadrer, ça serait un peu la honte pour tout le monde.” Lui répond-il avec légèreté et d’un air amusé. La proposition de rentrer dans une chorale n’a pas l’air non plus de faire mouche auprès de la Kennedy ; mais elle n’est pas totalement fermée à la discussion, Leon le sent bien. Au contraire, elle a plutôt l’air intrigué et curieuse des suggestions de son père de cœur. “J’sais pas, tu pourrais trouver un groupe de musique qui te ressemble et le rejoindre ? Même si c’est qu’en amateur, ça pourrait t’aider à mettre le pied à l'étrier.” Commence-t-il alors à dire, avant de poursuivre. “Puis pour commencer, j’pourrais peut-être t’emmener chanter avec moi un de ces quatre, pour voir ce que ça donne avec un petit public ?” L’homme a l’habitude de se produire dans des bars ou des pubs quelques soirs par semaine ; l’auditoire n’y est pas trop nombreux en général et ce serait une bonne façon pour la jeune femme de jauger comment se passent les choses dans ce milieu.

Le musicien pose son bras sur le dossier du canapé qu’il partage, adoptant une posture décontractée et leur soirée initiale reléguée au second plan ; ses yeux sont toujours ancrés dans ceux de son interlocutrice. “Ecoute, j’ai pas encore d’idées précises en tête de ce que tu pourrais faire, y’a plein de possibilités. Mais crois-moi ma puce, une voix comme la tienne, on en entend pas à tous les coins de rue. Et j’dis pas juste ça parce que je te connais, vraiment.” Le rictus à ses lippes est tendre et plein d’espoir pour ce bout de femme qu’il estime autant qu’il affectionne.