@Jules de Sario & @Juliet Chapman

Tu n’as jamais été très famille. À vrai dire, t’as grandi isolé des tiens. Ton père est parti alors que tu n’avais que trois ans et t’es restée avec ta mère. De son côté, elle travaillait tellement qu’il était difficile pour vous de partir en vacances. Mais parfois, il t’arrivait d’aller chez les De Sario quelques jours à Sydney. Des cousins éloignés du côté de ta mère comme seule famille que t’as cessé de voir avec le temps, continuant néanmoins à maintenir le contact à travers quelques cartes à Noël et des retrouvailles épisodiques lors de grandes réunions de famille. Et même si Jules ne se souvient pratiquement plus de toi, de ton côté t’as gardé de bons souvenirs de ce petit bébé mignon et joufflu. De loin, t’as observé son parcours, son évolution en maintenant ce lien distancié mais qui est resté précieux malgré tout. De ton côté, la vie ne t'a pas épargné. Elle t'a réservé son lot de problèmes. Néanmoins, lorsqu'un soir tu as reçu l'appel de Jules, te demandant de s'installer chez toi pour retrouver son fiancé, tu n'as pas pu lui dire non. Comment aurais-tu pu refuser l’hospitalité à la seule personne qui, encore aujourd'hui, continue de croire en toi ?

Avec Jules, tu tentes de réparer tes erreurs du passé. Une façon de te convaincre que tu n’es pas si mauvaise que ça. Tu compenses sans le vouloir, agissant instinctivement comme le ferait une mère soucieuse. Tu avais prévu de voir de vieilles connaissances ce week-end, une escapade bien méritée après la fin semaine difficile que tu as passé. C’est toujours difficile pour toi de voir Tobias, ton fils, et de constater que, malgré tous tes efforts, à ses yeux tu restes une étrangère. En dépit de tous les cadeaux et sourires chaleureux que tu lui offres, rien de cela ne pourra compenser le temps perdu et tout ça pèse lourd sur ton cœur. Alors t’avais pensé que sortir un peu pourrait te changer les idées. Et surtout te permettre d’oublier qu’en plus, tu as un retard de règle, des nausées matinales et tous ces signaux évidents que tu préfères ignorer. Une grossesse serait mal venu, alors plutôt que d’affronter le problème, tu décides de l’ignorer espérant qu’il disparaisse par enchantement. La technique de l’autruche. Pourtant un simple coup de fil de la part de la petite Jules a suffi à balayer tous tes projets du week-end. Tu as tout annulé pour l'accueillir. Au timbre de sa voix, tu as immédiatement décelé que quelque chose n'allait pas. Elle n'a pas eu besoin de l'exprimer verbalement pour que tu comprennes. Tu commences à la connaître. Elle ne met pas longtemps à débarquer. De ton côté, tu as préparé tout un assortiment de p’tits trucs à grignoter pour agrémenter votre soirée entre fille. Du pop-corn, des jus, de l’alcool, des chips et une pléthore d'autres tentations, autant de gourmandises bien grasses et salaces, parfait remède pour noyer vos chagrins. Pour manger tes émotions comme dirait ta mère si elle te voyait faire. « Alors ? Lenny ? » Qui d'autre que lui? Si elle a pris la peine de venir jusqu’ici, c'est indubitablement pour lui. Pas de détours, tu n’es pas le genre à te formaliser dans tes approches. Et puis, c’est Jules, tu peux te permettre d’être directe avec elle.

@Jules de Sario & @Juliet Chapman

Quand Jules frappe à la porte de Juliet, son visage ne présente aucun signe des pleurs qui l'ont bercé toute la nuit précédente. Si l'on voulait être tout à fait honnête, il fallait souligner que la brune ne pleurait que très rarement. Certains vous diront qu'elle est trop naïve, d'autres vous diront qu'elle a un côté "je m'en foutiste" affirmé : ce qui se rapproche le plus de la vérité, c'est probablement que Jules n'a jamais pris les choses vraiment à cœur. Oh, bien sûr, elle a connu son lot de déceptions, vécu des moments qu'elle ne souhaiterait jamais revivre, si elle avait la possibilité de le décider par elle-même. Quand on était aussi optimiste que la brune, il était presque trop facile, de se remettre en selle et d'avancer. Pendant longtemps, rien n'aurait pu la stopper.

Et puis, Lenny avait trouvé sa place dans sa vie.

Quand Jules passe la porte de l'appartement de sa cousine, c'est donc son habituel sourire qui prend le relais sur tout le reste. Elle l'a appelé quelques heures plus tôt, l'air de rien, réclamant un week-end rien que toutes les deux, comme cela avait toujours été le cas à son arrivée à Brisbane, plusieurs mois en arrière. Par chance, Juliet avait accepté sans sourciller. Ce n'était pas réellement une surprise : la brune savait qu'elle pouvait compter sur elle à chaque instant du jour, et même de la nuit. La réciproque était d'ailleurs tout aussi vraie. « Fallait le dire, si tu voulais que je vienne avec lui. » Elle répond avec une moue boudeuse, tentant l'humour, essayant d'oublier la douleur dans sa poitrine lorsqu'elle a entendu le prénom de son fiancé être exprimé à voix haute. « Je l'ai retrouvé. » Elle lâche d'un ton faussement placide, comme si leur rencontre inopinée quelques jours plus tôt n'était pas la raison pour laquelle elle sentait son esprit plongé, depuis lors, dans un brouillard constant, incapable de savoir quoi penser, exactement. Ce n'était sûrement pas un hasard, si Jules avait cherché refuge chez Juliet, la seule figure maternelle qu'elle avait la chance de posséder à Brisbane. L'avantage, avec elle, c'est que la brune pouvait s'attendre à une honnêteté sincère – et parfois mordante –, à mille lieues d'un discours rassurant qui viserait simplement à lui faire plaisir. Bien sûr, Zeppelin aussi, remplissait ce rôle à la perfection : mais avec lui, c'était différent. Au fond, Jules n'ignorait pas que, souvent, il se laissait aveugler par toute la détestation qu'il ressentait à l'égard de son fiancé. « Enfin, j'étais avec des collègues dans un bar, la dernière fois, et je suis tombée sur lui. » Elle rectifie, comme si ce simple détail pouvait avoir une quelconque importance dans son récit. Elle s'enfonce un peu plus loin dans le canapé, mâchonne distraitement un pop-corn pioché dans le bol qu'elle a déposé sur ses genoux quelques minutes plus tôt. Son péché mignon : visiblement, Juliet s'en souvenait. « Il avait l'air d'aller super bien. Je sais pas, c'était hyper bizarre. Je sais qu'on s'est pas vus depuis un an mais quand même, je pensais qu'il serait un peu touché par ce qui s'est passé, tu vois ? » Bien entendu, Jules ne s'était pas attendue à ce que Lenny se morfonde dans son coin, ni même qu'il soit malheureux durant tout ce temps, bien au contraire. La brune se réjouissait sincèrement de le voir aussi épanoui dans sa nouvelle vie, et espérait qu'il s'agisse d'une pause essentielle à la résolution des problèmes qu'il avait laissé derrière lui. Mais au fond d'elle, pourtant, Jules ne pouvait s'empêcher de se sentir blessée, en songeant que, peut-être, la nouvelle vie de Lenny n'était pas en mesure de l'accueillir comme avant. « J'ai eu l'impression qu'il était totalement passé à autre chose, et qu'il est beaucoup plus heureux ici qu'à Sydney. Peut-être qu'il a raison, d'agir comme ça. Je suis sans doute égoïste, d'avoir cherché à revenir dans sa vie alors qu'il n'a rien demandé. » Comme bien trop souvent ces derniers jours, à chaque fois qu'elle est seule dans sa chambre, Jules sent ses paupières la brûler. De légères larmes se forment au coin de ses yeux, sans même que la brune n'en prenne conscience. Elle se sentait si fatiguée, ces temps-ci. Elle avait hâte de redevenir elle-même, Jules : c'était trop perturbant, de se sentir si las.

@Jules de Sario & @Juliet Chapman

Tu observes Jules avec une tendresse mêlée d'inquiétude alors qu'elle entre et laisse échapper un sourire qui masque ses sentiments. La familiarité de votre relation te permet de déceler les fissures derrière le masque qu’elle essaie de maintenir. Tu connais trop bien les fluctuations de son humeur pour ne pas remarquer les nuances de son état. « Oh, mais ma petite Jules, tu sais bien que tu es toujours la bienvenue, que ce soit avec ou sans lui. » accompagnes-tu d’un clin d’œil complice. Tu veux qu'elle sache qu'elle peut compter sur toi, peu importe les circonstances. Pour autant, tu ne peux t'empêcher de ressentir une pointe d'irritation envers Lenny pour le chagrin qu'il lui inflige. Pensée que tu gardes pour toi pour l’instant. Alors que Jules s'affale sur le canapé, tu prends place à ses côtés, prête à écouter ses récits. Bien sur, tu sais qu’elle est forte, mais même les plus forts ont besoin de temps pour traiter les chocs. Tu l’écoute attentivement, ton cœur se serrant à chaque détail de son histoire avec Lenny. Tout cela réveille en toi des souvenirs épineux de ton propre présent. Mais tu n’es pas là pour parler de toi, ni pour les juger. Tu réprimes fermement tes propres pensées, pas question de mêler vos problèmes ce soir. Tu t’efforces de l’écouter silencieusement en tentant de maintenir un visage neutre qui ne trahirait pas tes sentiments. Pour autant tu ne peux t’empêcher de soupirer, laissant échapper un souffle chargé de tristesse pour elle. Pauvre Jules. Tu laisses un moment de silence s'installer entre vous comme pour lui offrir l'espace dont elle a besoin pour continuer à parler si elle le souhaite puis tu viens te pencher légèrement en avant alors que tu poses une main réconfortante sur son épaule. « Tu n'es pas égoïste, ma chérie. Tu as le droit de ressentir ce que tu ressens. Ne te punis pas pour avoir des sentiments humains. » Tu prends une profonde inspiration, cherchant les mots justes pour tenter de l’apaiser. « Et s’il est passé à autre chose alors c’est un idiot. » que tu lâches avec une pointe d'humour, espérant arracher un sourire à Jules. Humour néanmoins sincère. Il n’y a qu’à voir jeune femme pour se rendre compte qu’il commet une terrible erreur. Sa force de caractère, son intelligence et sa sensibilité sont autant de qualités qui lui confèrent une aura particulière. Lenny manquerait une grosse opportunité s'il ne reconnaissait pas la valeur de la femme exceptionnelle qu'est Jules. Dans ton regard, il y a une tendresse infinie pour elle mêlée à une certaine fierté presque maternelle. « Et puis… De ton côté, je crois que tu as le droit de rechercher une forme de clôture pour être en paix avec ce chapitre de ta vie. » validant à ton tour sa démarche. Tu aurais surement fait la même chose à sa place. La situation est frustrante. Tu souris de nouveau « Quoi qu'il en soit, tu n'es pas toute seule. Tu as une famille qui t'aime et qui sera là pour toi, peu importe ce qui se passe. » ça n’effacera surement pas la douleur qu’elle ressent, mais si ça peut la réconforter c’est déjà ça de gagné.