@Juliet Chapman
Il est encore tôt à Brisbane. Rares sont les âmes qui sont déjà levées, encore plus sont celles qui ont mis un pied dehors. Casque sur le crâne, Benson court. Le rituel est le même chaque matin lorsqu’il n’a pas la garde d’Augustus. Il court, parfois une demi-heure, parfois une heure. Il ne cherche pas la performance sportive, il cherche simplement à se vider la tête. Court laps de temps durant lequel il met sa vie de côté. Court laps de temps qu’il ne s’octroie pas lorsqu’il garde son filleul, préférant consacrer son énergie à préparer le petit-déjeuner du bambin et à lui faire découvrir le monde. Mais aujourd’hui, Gus est avec Juniper. Et Ben, lui, est seul dans la rue.

Le rythme de sa course est calé sur celui de la musique diffusée dans ses écouteurs. Son regard est focalisé sur un point devant lui. Le souffle est court mais il continue, s’accroche à cet instant hors du temps aussi fort que possible. S’il aime le contact avec les autres et qu’il commence doucement à reprendre goût aux soirées, Ben ne peut s’empêcher de chérir ces moments-là. Brisbane a quelque chose de spécial quand ses habitants sont en train de dormir. Le monde semble être plein de possibilités, offert sur un plateau doré à ceux qui osent couper court à leur nuit.

Sur la fin de sa course, Ben ralentit. De retour dans son quartier, il prend garde à ne pas bousculer les premiers passants, ni à se faire écraser par ceux qui filent au travail. Alors qu’il bifurque dans sa rue, ses yeux repèrent une silhouette plus ou moins connue. Il n’a pas vu Juliet Chapman de nombreuses fois. A vrai dire, ils ne se sont croisés que lorsque Jules a visité la maison, puis plus tard quand la brune a débarqué avec ses cartons. En somme, pas suffisamment pour s’être fait un avis clair et net sur elle. Pourtant il n’hésite pas une seule seconde lorsqu’il voit un trousseau s’échapper de sa poche. Elle marche à plusieurs mètres devant lui mais les grands pas du géant lui permettent de la rattraper en peu de temps, non sans avoir ramassé les deux clés au passage.

– Hey !, l’interpelle-t-il avant de lever légèrement les mains pour montrer toute l’innocence de sa démarche. J’ai eu peur que vous vous sauviez plus vite que votre ombre comme la dernière fois, mais je voulais juste vous rendre ça. Je les ai vues tomber.

Oui parce que c’est aussi pour ça, que Ben n’a jamais pu se faire d’avis précis sur Juliet : leur rencontre a été brève, elle qui a déguerpi trop vite. Pour autant, le trentenaire ne lui en a pas tenu rigueur. On est tous pris par des urgences, un jour ou l’autre. Pour le lui faire savoir, il ne manque pas de lui offrir un léger sourire en lui tendant le trousseau.

– Ca aurait été dommage de les perdre, ajoute-t-il bien qu’il ne sache pas ce que les deux clés ouvraient. Même si je suis sûr que Jules vous aurait accueillie dans sa chambre. Au 400, il y a toujours de la place, fait-il remarquer ensuite, avec une pensée pour les colocataires qui lui ont toujours fait se sentir à sa place.

@Benson Bancroft

T’es plutôt matinale. Tu es de ces êtres qui savent saisir les premières lueurs du jour pour devancer le temps. Le genre qui cherche à prendre de l'avance sur la journée. Il y a quelque chose de particulièrement apaisant dans ces instants de quiétude. Tu affectionnes particulièrement les moments calmes où tu te retrouves attablé dans un café encore endormi, plongé dans tes projets en cours. Si tu t’es réveillée aussi tôt c’est pour rejoindre ensuite une de tes cliente dans les quartiers chic de Brisbane. Sa requête n'a rien de très légal, mais la promesse d'une rémunération généreuse a su aiguiser ta volonté. Elle souhaite récupérer des preuves compromettantes sur l'ordinateur de son futur ex-mari, dans l'espoir de s'approprier une part de sa fortune avant de le quitter. Une décision risquée mais lucrative, où elle a choisi d’assurer sa sécurité financière avant la tempête. Ah, l'amour, illusion douce et sucrée, masque trompeur d'une réalité bien trop brutale. Tu pourrais presque avoir de la compassion pour ce pauvre homme, car tu connais trop bien les ravages que peut causer l'amour lorsqu'il se transforme en trahison. Bien que sa requête soit loin d'être morale, la perspective d'une récompense pécunière à la hauteur de ses ambitions éveille en toi une détermination farouche. Tu as demandé dix pourcent du trésor en échange de ton service. Après tout, tu sais que la tâche qui t'attend ne devrait pas te poser de difficultés majeures. Tu peux facilement manipuler le système et détourné les protocoles de sécurité pour accéder aux données nécessaires sans laisser la moindre trace. Il n’y verra que du feu. Tu as longtemps évolué dans le camp des honnêtes gens, mais aujourd'hui, tes priorités ont changé. L'identité de tes clients t'importe peu, tant qu'ils te récompensent généreusement pour tes services. Dans ce monde où l'argent est roi et où la survie économique prime sur tout le reste, tes priorités ont clairement évolué. Et ta loyauté n'a plus la même valeur quand les factures s'accumulent et que les fins de mois sont serrées. Sans compter cette grossesse surprise. Tu n'avais pas vraiment prévu de retomber enceinte, et honnêtement, tu n'es même pas sûre de vouloir garder cet enfant. Ta vie est déjà bien compliquée  comma ça et ça te laisse en marge pour accueillir un nouveau-né. Et puis, tu n'as jamais été fichue de te comporter en mère avec ton premier enfant, alors un deuxième. Comment pourrais-tu assumer cette responsabilité ? D’ailleurs, tu dois de nouveau annuler ta visite ce week-end et t’ignore comment l’annoncer à ton ex-mari sans qu’il ne te blâme encore. Tu redoutes déjà ses reproches, ses jugements tacites qui remettent en question ta fiabilité. Monsieur Parfait a toujours tout fait pour votre fils. Lui il ne l’a pas abandonné. Lui il a su se sacrifier pour votre famille. Et bien sûr, on ne tarit pas d'éloges à son sujet, comme si ses actes étaient une exception plutôt que la norme. C’est d’ailleurs sur sa boîte vocale que tu pestes alors que tu fais tomber par mégarde tes clefs. Tu t’engouffres aussitôt dans une ruelle, le pas précipité plus par énervement que par retard. « Connard. » libères-tu, rangeant finalement ton appareil dans ta poche. Puis soudain tu te fais interpeler. Mauvais timing. Tu te retournes avec une légère exaspération, interloquée par cette interruption. Ton visage interroge la silhouette et tu ne caches pas ton irritation. Tes yeux scrutent l'inconnu, tu mets quelques secondes à te rappeler de lui. Il s'agit du coloc’ de Jules, son visage te revient  mais avec qui tu n'as jamais eu de conversation approfondie. Tu t'attends à une explication sur cette interruption, lorsque tu remarques qu'il tient un trousseau de clés dans sa main tendue qui ressemble étrangement au tien. Tes doigts glissent instinctivement vers ta poche, où tu t'attends à sentir le métal familier des clés. Rien. « Oh… » la confusion tire tes traits, prise au dépourvu un léger embarras te saisit « Merci. » ajoutes-tu récupérant le trousseau et laissant un soupir s’échapper de tes lèvres. D’un signe de tête, tu t’apprêtes à le remercier et à tourner les talons pour aller te poser au café une petite heure avant ton rendez-vous. Une pensée te traverse soudainement l'esprit, ton attitude est maladroite, les relations humaines et toi ça fait clairement deux. Tu devrais probablement faire un petit effort, après tout, il t'a sauvé la vie. En quelque sorte... Tu te retournes alors vers lui, un sourire chaleureux étirant tes lèvres et l’accoste à ton tour alors que quelques mètres vous séparent désormais : « Je vais boire un café, je vous en offre un ? »

@Juliet Chapman
Il n'est pas très difficile de cerner l'agacement de Juliet. Benson ne le prend pas personnellement ; il sait qu'il n'a rien fait de mal, si ce n'est lui rendre ses clés. En revanche, quelqu'un a visiblement un effet négatif sur la trentenaire. Il ne pose pas de questions. Ce n'est pas son genre, de toute façon. Il y a un peu plus d'un an, Benson s'est mis à détester les gens trop intrusifs. Ceux qui posent trop de questions. Ceux qui veulent tout savoir. Parce qu'il ne voudrait pas faire ce qu'il ne voudrait pas qu'on lui fasse, l'ancien militaire s'abstient de tout commentaire. A la place, il préfère garder un air amical, lance même une petite plaisanterie au sujet du 400 et de la place que Jules lui ferait si elle se retrouvait sans toit au-dessus de la tête. Juliet ne réagit pas. Tant pis. Tout le monde ne définit pas l'humour de la même manière, et tout le monde n'y répond pas à l'identique non plus. Il en faut plus pour vexer Benson.

- Je vous en prie.

Sur cet échange de politesse, il s'apprête à reprendre sa course tandis qu'elle s'éloigne déjà un peu. L'incident en restera là, même s'il mentionnera sans doute avoir rencontré Juliet lorsqu'il croisera Jules dans la cuisine et qu'il aura tout le loisir d'observer sa mine déçue parce qu'il n'aura rien de plus à raconter à son amie. Quoi que. Le vent tourne en sa faveur et il semble qu'il aura davantage de choses à dire sur la cousine Chapman, car cette dernière se retourne pour revenir vers lui. Son agacement mis de côté, elle lui propose un café. Sur le moment, Benson ne camoufle pas son air surpris. Mais celui-ci est bref et bientôt, c'est avec un sourire amical qu'il hoche la tête.

- Pourquoi pas, oui. Il jette un coup d'oeil à sa montre, constate qu'il courait depuis un moment déjà. Je pense que je peux arrêter ma course ici.

L'effort a été suffisant pour la matinée. D'autant plus qu'il ne cherche pas à améliorer son endurance. Il n'a donc aucune raison de poursuivre son jogging, même s'il aurait pu le prolonger jusqu'à la porte d'entrée du 400. Peu importe. Et puis, un café ne peut pas lui faire de mal. C'est même une bonne façon de conclure un instant sportif.

- On peut même le prendre à emporter, si vous êtes attendue quelque part. Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas mais vous aviez l'air un peu pressée quand même. Enfin, assez pour ne pas remarquer que les clés avaient pris leur indépendance.

Il s'adaptera à ce qu'elle choisira de faire, Ben. Prendre un café à emporter et marcher tranquillement jusqu'à la maison en sirotant sa boisson reste une image agréable. Une chose qu'il n'a pas faite depuis longtemps, même. C'est qu'il réapprend doucement à prendre le temps, à vivre plus calmement, lui qui a mis tant d'énergie à courir partout pour ne pas laisser ses pensées l'ensevelir.

@Benson Bancroft

Tu n’es pas malpoli d’habitude, mais plutôt associable sur les bords, peut-être même légèrement acariâtre depuis les cendres fumantes de ton dernier mariage. Un chapitre de dix ans auprès du même homme, pour découvrir que ce salaud, en plus d'arborer une fidélité de papier mâché, s’est mué comme ton propre bourreau. Encore une fois, la sonnerie persiste sans réponse à l'autre bout du fil. L'irritation monte, exacerbée par la certitude que ton ex-mari a sciemment choisi d'ignorer ton appel. Ses silences sont maintenant familiers. Tu le connais, tu anticipes chacun de ses mouvements, et pourtant, te retrouver ainsi, abandonnée de l'autre côté de la ligne, te consume d'une rage sourde. Tu peste ce matin contre le monde entier. Pour autant, ce pauvre Benson n’a rien à voir avec tes histoires. Il est juste passé au mauvais moment sur ton chemin d'irritation, un innocent pris dans la tempête de ton mécontentement. Par chance, il ne se laisse pas rebuter par ton humeur maussade et accepte même l'offre de café. Clairement une tentative de rédemption de ta part, pour le remercier aussi et pourquoi pas discuter un peu. Tant pis pour sa course, donc. Ignorant sa course et sa légère transpiration, tu te laisses plutôt captivée par l'aura qu'il dégage. Certes, il est trop jeune pour toi, mais il y a quelque chose de sexy dans son énergie. Une étincelle dans son regard semble défier les années qui vous séparent. Tu mets cette soudaine attraction sur le compte de tes hormones de femme enceinte. Tu jettes à ton tour un regard à ta montre. « J’ai encore un peu le temps. » Tes pas précipités n’étaient pas dus à une histoire de retard, mais plutôt à un mélange d'agacement et de l'effervescence de la foule qui t'entoure. « Ça sera l’occasion de vous tirer les verres du nez sur Jules. » ajoutes-tu lançant un sourire complice alors que tu pousses la porte de ton endroit préféré. Quand il s’agit de Jules, t’es parfois un peu trop maternelle. Ton affection pour elle te pousse parfois à veiller sur elle de façon un peu trop excessive. Tu ne peux t'empêcher de te soucier de son bien-être depuis qu’elle est là à Brisbane. Une partie de toi se sent un peu responsable d’elle. Tu à beau lui laisser son espace pour lui permettre de grandir et de se débrouiller, t’es quand même curieuse de savoir comment elle s’en sort. Tu t’installes à ta table habituelle, fait signe au serveur. « Je n’étais pas pressée, j’étais un peu enervée… ça me faisait marcher vite!» avoues-tu, comme pour excuser ton attitude un peu froide de départ. « Les ex-maris, c’est souvent quelque chose… » , tu lui souris. Tu pourrais pourtant te contredire toi-même, t’as été marié deux fois. Et t’as d’excellent rapport avec ton premier ex-époux. Comme quoi, les généralisations ne sont pas toujours justes.

@Juliet Chapman
Elle a l'air de se détendre, son interlocutrice. Il ne sait pas si cela est dû au fait qu'il ne s'est pas offusqué de la voir agacée ou si c'est la mention de Jules qui change la donne. Parce qu'elle rebondit sur cette dernière, Benson comprend rapidement que le lien entre les deux cousines apporte du positif dans la vie de l'une comme de l'autre. Cela n'a rien de très surprenant. Il a bien vu comment elles interagissent, comme elles ont l'air complices.

- Elle est plutôt sage en ce moment, je ne vais pas avoir beaucoup de potins à raconter, s'en amuse-t-il alors qu'il suit Juliet.

Cela dit, quand bien même il en aurait, Benson n'aurait peut-être rien dit. Il l'apprécie beaucoup, Jules. Elle appartient au même monde que lui. Ils se comprennent tout en parvenant à trouver leur place dans une colocation particulièrement hétéroclite. C'est aussi ce qu'il aime dans son chez lui. La diversité. En proposant des loyers un peu moins chers que le marché dans un quartier où les montants explosent, son oncle Alfie a créé un foyer où les profils variés se croisent et apprennent l'un de l'autre. Et si Dane a suggéré une augmentation des loyers lorsque Ben a hérité du 400, celui-ci a tout bonnement refusé. Hors de question de briser l'équilibre de la maison et de ses habitants. Hors de question de fermer les portes à qui que ce soit. Ce n'est pas l'esprit du lieu.

Fidèle à ses habitudes, l'ancien militaire observe le café dans lequel il pénètre. Il n'est jamais venu ici. A vrai dire, il ne prend jamais le temps de s'arrêter, lorsqu'il court le matin. Et en dehors de ses sessions sportives, l'homme a ses habitudes, fréquente souvent les mêmes lieux. Néanmoins curieux, il se laisse porter, suit Juliet jusqu'à leur table, s'installe sur la chaise qui lui fait face. C'est là qu'elle s'explique sur son attitude et son agacement. Il hoche la tête, Ben. Il peut comprendre, quand bien même il fait partie de ceux qui gardent leur sang-froid en toutes circonstances, au point où il est difficile de cerner ce qui se trame dans sa tête blonde. En revanche, impossible pour lui de comprendre la difficulté des mariages brisés. Les relations longues n'ont jamais été son point fort et autour de lui, les couples mariés le demeurent jusqu'à ce que la mort les sépare. Mais de bonne humeur, le jeune homme décide de jouer la carte de l'humour.

- Ne m'en parlez pas, le mien est insupportable, confie-t-il avec tout le sérieux du monde.

Durant un bref instant, il ne peut s'empêcher d'imaginer la tête de ses parents s'il ramenait un homme à la maison. Les pauvres ont déjà du mal à comprendre sa pansexualité, un peu de mal à s'y faire aussi.

- Je plaisante. Je n'ai pas d'ex-mari. Mais j'espère tout de même que les choses s'arrangeront pour vous. Et qu'un café vous aidera à penser à autre chose. Vous prenez quoi, d'ailleurs ?, demande-t-il en apercevant le serveur qui vient à leur rencontre, prêt à prendre en main leurs commandes.

@Benson Bancroft
Le premier degré et toi, tout une histoire. T’as souvent du mal à distinguer la frontière entre la plaisanterie et le sérieux. Lorsqu'il te parle de son ex-mari, tu écarquilles les yeux avec une sincérité désarmante. Tu plonges tête la première dans l’envie de te lancer dans les commérages. Tu réalises à l’instant que c'était une blague, et un sourire idiot se dessine sur ton visage. « Un conseil, ne vous mariez pas… et si vous le faites alors ne divorcez pas ! » ajoute-tu sur le même trait d’humour. bien qu'il yait une grosse part de verité dans ce que tu viens de dire. Tu as toujours eu du mal avec les relations humaines, souvent en décalage avec les autres et tu as bien du mal à suivre les codes sociaux. Ton ex-mari a été le premier à subir ton tempérament un peu déroutant, contribuant ainsi aux difficultés qui ont émaillé votre mariage. Ce qui t’irrite probablement le plus c’est de devoir continuellement dépendre de lui pour voir ton fils, alors que tu avais espéré pouvoir construire une nouvelle vie après votre séparation. C’est un peu comme si lui avait tourné la page mais que toi tu restais bloquer dans un entre-deux. « Je rigole. » ajoutes-tu pour ne pas plomber la discussion. « un café latte avec une double dose d'espresso, sans sucre avec une légére mousse et soupoudré de cacao par-dessus et …  vous ? » tu as l’habitude de passer ta commande avec cette précision presque maniaque. Chez toi, le café c’est sacré. Heureusement dans ce café les serveurs te connaissent et sont habitués à tes petites exigences. Une fois les commandes passés, tes yeux se posent de nouveau sur ton interlocuteurs. De nature peu bavarde, tu peines souvent à te rendre intéressante aux yeux des gens. Néanmoins il va falloir te faire violence et malgré ton inclination naturelle à la réserve tu te forces à sortir de ta coquille, après tout tu es l’initiatrice de ce tête à tête. « Et sinon, vous faites quoi dans la vie ? » Tu lances cette question, espérant amorcer une conversation plus légère et découvrir un peu plus. À peine ta question entamé que ton téléphone se met à sonner. Sauver par le gong. Ou non. Tu fronces les sourcils, te lèves sans prévenir pour prendre l’appel. Au bout du fil ton ex-mari. Tu mets quelques minutes avant de revenir plus contrarié que jamais. « Quel Salaud ! » laisses-tu échapper ta colère. « J’arrive pas à croire qu’il m’empêche de voir mon fils ! » un week-end improvisé au ski. Il a oublié de te prévenir et ça te met en rogne. « Mais quel SALAUD ! » ajoutes-tu avec une fureur croissante, accompagnant ton exclamation par un coup sur ta chaise qui attire aussitôt quelques regards sur toi.  Pauvre Benson, pris au milieu de ta tempête émotionnelle. « Désolé… excusez-moi, je me suis emportée. » tentes-tu de te rattraper pour ne pas passer pour une folle alors que ton regard se gargarise de perles salées. Tu te forces à retrouver ton calme en prenant une profonde inspiration pour essayer de ravaler tes larmes.