@Jules de Sario & @Ellis Kahan

Jules est déjà prête, lorsqu'elle reçoit le message d'Ellis l'informant de sa présence en bas de la maison qu'elle occupe avec l'ensemble de ses colocataires. A peine le temps de lancer un "à tout à l'heure !" à qui pourra l'entendre, et la voilà déjà qui dévale les quelques marches du perron en direction de la voiture qui patiente sagement quelques mètres plus loin. La brune serait bien incapable d'expliquer ce qui la rendait aussi enjouée, à l'idée de passer une soirée à l'extérieur. Sans doute était-ce une part d'ennui, probablement un moyen détourné de ne pas penser à tout ce qui pouvait la chiffonner, ces derniers temps. Si Ellis avait refusé son invitation, nul doute que Jules aurait cherché toutes les solutions possibles pour ne pas se retrouver seule avec ses pensées tourbillonnantes. En général, jouer avec Snow demeurait sa source de réconfort numéro un. « Eli ! » Elle attire le brun contre elle par dessus le levier de vitesse, l'enlace brièvement avant de lui rendre sa liberté. A sa question, elle ouvre la bouche en une exclamation de surprise. Elle n'a pas souvenir de ne pas avoir été prête à s'amuser depuis au moins dix ans. « A ton avis ? Je suis trop heureuse, merci d'avoir accepté de venir. » Ce n'était pas gagné, mais la brune apprécie d'autant plus l'effort qu'elle sait, au fond, qu'Ellis vient de faire. A ses yeux, c'est une preuve suffisante, s'il en fallait une, qu'ils sont en bonne voie pour devenir amis.

Jules ne dit pas grand chose, pendant le trajet. Elle est trop occupée à regarder les lumières de la ville s'étirer derrière les vitres de la voiture, hypnotisant la brune, réveillant doucement l'affection qu'elle a toujours porté aux ambiances nocturnes. La radio grésille de temps à autre, crache par ses haut-parleurs des chansons que Jules ne reconnaît pas. La journée a été longue, et elle se sent fatiguée : pour autant, elle ne regrette pas une seule seconde la proposition qu'elle a faite à Ellis. S'il y a bien une chose qu'il est impossible à lui reprocher, c'est bien de ne pas tenir ses promesses. Puisqu'il a refusé toutes ses tentatives précédentes de le remercier, Jules a conscience que cette fois-ci, elle ne peut décemment pas risquer de rater sa chance.

A peine la voiture garée, la brune s'extirpe du véhicule, pressée d'atteindre l'intérieur du bar. Une fois qu'Ellis a verrouillé son carrosse, Jules lui attrape la main, l'entraînant dans son sillage. Visiblement, ils ne sont pas les seuls à avoir eu l'idée de se rejoindre pour un karaoké, ce soir : l'endroit est presque plein, et se frayer un chemin jusqu'à une table libre se révèle plus difficile que prévu. Ils atteignent rapidement bon port, cependant, et la jeune femme abandonne dans la foulée son sac à main sur une chaise libre, jetant un coup d'œil observateur aux alentours. Ce n'est pas la première fois, qu'elle se rend au Netherworld, mais elle n'a jamais pris la peine de s'attarder sur les détails du lieu auparavant, bien trop occupée à s'amuser parmi les fêtards. « Tu veux boire quoi ? » Elle demande avec un grand sourire, tandis qu'elle parcoure la carte des boissons avec attention. La brune n'a pas perdu de vue son objectif principal : remercier Ellis de lui avoir sauvé la mise, quelques semaines plus tôt. S'il n'avait pas été en service, ce jour-là, elle aurait probablement perdu son job. Les erreurs de commandes étaient une chose, mais des trous conséquents dans la caisse en était une autre. « Tu vas chanter quoi, ce soir ? Je te préviens, je suis pas très douée mais je trouve ça trop drôle, le karaoké. » Jules laisse échapper un léger rire. Sur la scène, non loin d'eux, un chanteur à la voix professionnelle fait office de chauffeur de salle de talent, entraînant avec lui l'ensemble du bar sur une mesure de The Script. La brune ne ressent aucune pression pour autant : tout au plus, elle a hâte de se jeter dans la gueule du loup, peu importe ce que les autres pourront penser à son sujet. Ce n'est pas quelque chose qui l'effraie, bien au contraire. « On pourra faire un duo ? S'il te plaît, dis oui ! » Les yeux brillants, la moue suppliante : difficile de résister à Jules et à son enthousiasme rempli de candeur.