Impossible. Voilà ce que tu penses. C’est juste impossible. Ton regard parcourt à nouveau cet e-mail et tes yeux finissent leur course vers le plafond. « maudis carter. » que tu finis par murmurer, plus pour toi-même qu’autre chose. Daisy n’est pas là aujourd’hui, ce que tu regrettes. Tu aurais eu la parfaite excuse pour annuler ce pseudo-rendez-vous. Parce que oui, pour toi, ce n’est pas un vrai rendez-vous. Depuis quand tu as besoin d’un coach sportif. À dire vrai, tu n’as pas exactement tout lu de son e-mail. Parce que ça te fatigue rien que le début, tu sais qu’il minaude, il tourne autour du pot, noie le poisson comme tu aimes si bien le dire. Le résultat ? Ta carrière. Toujours. Parce que d’après Carter, c’est bon pour ton image qu’on te voit prendre soin de toi. Ce n’est pas déjà ce que tu fais ? Affirmatif et cela depuis des années. Il a même engagé un photographe qui doit te suivre dans tes rendez-vous, un peu comme celui qui t’attend. Pathétique. Tu sais que cela fait partie du jeu, tu t’y prêtes. Tu te prêtes au jeu des médias, tu joues avec eux aussi, histoire de garder le contrôle sur ta vie. Tu ne souhaites pas que tes proches soient exposer à leur flash. Tu veux leur épargner cela le plus possible. C’est le deal, mais là, c’est encore différent. Là, tu dois jouer le gendre idéal, même si techniquement tu le joues depuis des années. Apparemment les derniers articles ne seraient pas bons pour ton image. Tu aurais toujours l’étiquette du play-boy incassable. Et alors ? Tu ne vas pas sortir avec la dernière greluche à la mode, juste pour vendre leur chiffon. Tu l’as fait une ou deux fois, pour faire plaisir à Carter, toujours pour lui. Le résultat ? Des bons coups, rien de plus. Elles ne sont guère intéressantes. Tu t’ennuies toujours lors de ces prétendues rendez-vous arrangés. Une perte de temps, ainsi que d’énergie, elle n’est pas née la demoiselle qui t’arrivera à la cheville. Tu sais ce que tu veux, mais malheureusement sortir avec soi-même c’est mal vu. Tu ne comprends pas pourquoi, soyons honnête : tu es parfait. Est-ce que tu prends le melon avec le temps ? Un peu. Sauf que tu arrives à revenir sur terre grâce à ton entourage. Ces derniers attendent que tu ramènes ‘la’ demoiselle, pas toi. Enfin il y a bien eu une exception, une qui déroge à la règle : Daisy. Elle a foudroyé ton cœur, chamboulé ton monde. Tu n’as d’yeux que pour elle, tu dois bien le reconnaître. Hormis que tu la caches. Tu n’as pas envie que ce petit bout soit à la vue de tous, encore moins d’eux. Et puis, c’est ta fille, un nouveau rôle. Un rôle que tu gères pas totalement, tu n’as pas envie que tout ceci soit exposé partout. Hors de question. Tu as un deal avec Carter et tu fais en sorte de la protéger au maximum.  Y a bien eu une photo qui est sortie d’elle, mais elle était floutée et accompagnée de ta sœur. Tu as laissé courir les rumeurs. Ta technique pour protéger les tiens, même si dans le fond, tu mourrais d’envie d’éclater la tête de ce photographe. Sauf qu’apparemment ça serait mal vu pour ton image. Peut-être qu’après tout ce rendez-vous peut t’aider, tu sens une petite tension rien qu’en songeant à ce gars. Calmer tes émotions et puis quoi encore ? Tu es en accord avec toi-même, mais pour faire plaisir à Carter, tu vas t’y rendre. Ta bonté te perdra un jour.

Casquette sur la tête, ainsi que tes indispensables lunettes de soleil sur le bout du nez, tu dévisages ce bâtiment. Décidément Carter te déteste. Il ne paye pas de mines, mais peut-être qu’à l’intérieur c’est bien ? Une grimace se dessine sur ton visage. Tu n’as pas envie d’être là, mais trop tard. Tu le fais pour lui et pour ton image, surtout. Tu es prêt à tout pour rester au top et être le chouchou de ces dames. C’est un fait que tu ne peux nier. Tu adores ton image et tu veux la préserver au maximum. Soufflant un bon coup, tu entres dans ce fameux lieu, nouveau lieu de torture. Ton sac avec ton change à l’intérieur, parce que tu ne viens pas les mains vides non plus. T’as pas envie qu’elle te tape sur les doigts. Et c’est là que tu prends conscience d’une chose : tu ne sais pas son nom. Elle se trouve à présent face à toi. À toi de jouer Cow-boy. « Bonjour. Je présume que vous m’avez reconnu, excusez-moi mais mon agence a oublié de me donner votre prénom. » foutaise, mais elle n’est pas obligée de le savoir. La détaillant légèrement, un bon point pour elle, elle est plus qu’agréable à regarder. Peut-être que ces cours vont être intéressants au final. Tu vois un flash au loin. « désolé les rançons de la gloire. » que tu dis n’ayant pas perdu ton sourire légendaire. Celui que tu devrais songer à faire assurer, il est ton gagne-pain après tout.