& @Taylor Quincey.
et si? presque. les regards se croisent. à quoi jouent-ils? l’évidence sous les yeux de tous. la distance entre eux quasiment inexistante. c’est ce qu’il se dit de la relation entre taylor et sasha, des rumeurs de plus en plus persistantes entre chanteur et bassiste qui tourmente le guitariste. des rumeurs sans vérité mais qui ne viennent pas exactement de nul part. ils sont assez amis pour s’interroger, et qui n’apprécient pas une romance entre deux musiciens attirants? jaime pense que c’est une terrible, cruelle blague. ce n’est pas qu’il croit en quelques rumeurs. il connaît les dommages que des mots virulents peuvent créer. il sait aussi que parfois, trop souvent il y a un indice de vérité à ces rumeurs. il n’y a aucune raison de s’inquiéter ou d’être insécure. il lui a été dit - plus d’une fois que les rumeurs sont sans fondement. il le croit, la plupart du temps. personne ne lui doit d’explication de toute façon. il est l’ami de sasha, et est aussi l’ami de taylor. quique ce soit pourrait facilement affirmer que la véracité des rumeurs ne le concerne en rien. mais il pensait … quoi? qu’est-ce qu’il s’imaginait? qu’il y avait quelque chose de spécial entre lui et taylor, assez spécial pour qu’il ait la décence de ne pas tenter quoique ce soit avec leur bassiste? qu’ils avaient partagé un moment? c’est peut-être le cas. ou peut-être que jaime a voulu voir plus que ce qu’il n’y a vraiment. peut-être que tu es le jaime que j’aime avait un sens purement amical. ce n’est -en soit pas vraiment un problème. il a passé dix ans à être rien que l’ami de taylor, donc, ce n’est pas vraiment un problème. les rumeurs disparaîtront tôt ou tard. les rumeurs -aussi convaincantes soient-elles ne se développent pas en réalité et quand taylor a plusieurs dates solo annoncées, il ne demande pas à sasha de l’accompagner, il demande à jaime.

oui ou non question qui n’en est pas une. parce que bien sûr que jaime ne dirait pas non à taylor. il n’est pas monté sur scène depuis un moment. il ne jouait pas lors de son séjour aux états-unis et même lors des derniers mois, il est resté discret. il a lu ce qu’il se dit toujours autour de lui. il était une personnalité fêtarde, et de par sa discrétion récente, le changement a été remarqué. retourner sur scène, auprès de personnes qui se rappellent le jaime buveur signifie s’exposer. jaime n’y pense pas plus que ça. après tout, le public sera là pour écouter les morceaux de taylor, il ne fait que l’accompagner. alors bien sûr que jaime ne dit pas non à taylor. c’est un peu dernière minute mais jaime a écouté les titres de taylor assez de fois - amitié, support et d'autres raisons auxquelles il évite de penser - qu’il n’a pas besoin d'énormément de temps pour apprendre et être confortable avec leurs accords. il se retrouve les deux dernières nuits à s’endormir en écoutant la voix de taylor. la première date est à brisbane. il n’a pas joué de son instrument pendant longtemps après la mort de max. il n’est pas un amateur, il sait qu’il est toujours bon, mais une légère anxiété chatouille ses nerfs. taylor et jaime ne sont pas montés sur scène depuis la mort de max. guitare à la main, sur scène, un public en face, il pense qu’il vit un moment sacré. il est probablement en train de rêver, il n’y a pas moyen qu’il soit vraiment de retour. il est dans l’ombre de taylor, la star. quand taylor se penche ses lèvres sur le micro, un halo de lumière apparaît autour de sa chevelure. jaime croit apercevoir un ange, quelqu'un devrait de dire une prière.

à la dernière chanson, jaime a comme atteint les portes du paradis. ses iris souvent comme paralysé sur taylor, il n’en est pas différent quand ils saluent l’audience sur laquelle il lance un regard avant d’offrir un sourire grandiose à son ami. il est difficile - à la fin de se séparer de sa guitare. il se rassure qu’il s’agit de la première date, et non de la dernière. il est possible que son cerveau coule de ses oreilles; quand un organisateur leur parle d’une after-party, il ne réfléchit pas plus que ça, et il répond avant taylor qu’ils seront là. c’est juste un réflexe, une mauvaise habitude. scène, puis célébration ; c’est ainsi que ça a toujours été. quand ils y arrivent, il peut sentir son cerveau comme se recalibrer, se souvenir qu’il n’est pas le même jaime que cinq ans en arrière. il ne fait pas assez confiance à son entourage pour tenter de demander un verre d’eau. il se demande si l’alcool a toujours senti comme ça, c’est fort et peu supportable. il doit partir, il ne peut pas partir, il ne veut pas partir. ils sont là pour célébrer leur soirée, plus important encore ils sont là pour célébrer le succès de taylor. il peut endurer. il n’endure pas longtemps. il attrape le poignet de taylor et le tire doucement avant de le lâcher, il montre la sortie d’un signe de tête. taylor n’a pas à suivre jaime. ce n’est pas parce que jaime a souffert d’alcoolisme que taylor ne peut plus s’amuser. et pourtant, quand jaime se retourne, bien sûr que taylor est derrière lui - orphée s’assurant qu’eurydice la suit hors des enfers. il n’y a rien de léger ou discret dans la manière que jaime ferme les yeux et inspire l’air frais. taylor sait ce qu’il a traversé, il n’a pas besoin de faire semblant ou d’inventer un faible mensonge. ils savent tous deux pour quelle raison il s’est précipité sur la sortie. tout de même, ce n’est pas tout à fait juste de sa part d’avoir emmené taylor loin d’une foule qui doit l’adorer. « je pense que je vais rester là mais tu devrais y retourner. » ils peuvent facilement entendre la musique du club derrière eux. il fait sombre, ils sont seuls. dans ces conditions, il est facile de regarder longuement, calmement les traits de taylor. il est magnifique, jaime pense pour la centième fois de la soirée. « ou… » il avale autour de sa pomme d’adam. il réduit les mètres entre lui en taylor, leurs hanches ne se touchant pas exactement. il sourit, légèrement, il ne sait pas ce qu’il fait. « ou- je suppose que ça peut être juste toi et moi, ma star. » il est rêveur. et pourquoi pas? pourquoi ne pourrait-il pas rêver? il n’a que des raisons de rêver. il est retourné sur scène avec le plus précieux de ses amis.

south bank & west end, late at night • w/ @Jaime Donaldson

il flotte sur un petit nuage, Taylor. juste assez connecté à la réalité pour suivre ce qu'il se passe, boule de nerfs sur pattes qui exalte et appréhende tout à la fois. les derniers jours - semaines même - sont passés comme dans un rêve ; le temps a filé comme en accéléré entre les répétitions, le stress et l'euphorie mêlés, et les nombreuses heures de sommeil perdues dans le tourbillon. et pourtant, le moment venu, sur scène et quand le signal de départ est donné, tout s'efface pour ne laisser place qu'à l'exaltation la plus pure. l'adrénaline coule dans ses veines comme un nectar divin, et le musicien se sent presque léviter, transporté par le public et les instruments qui s'harmonisent bientôt à sa propre voix pour ne faire plus qu'un. spontanément, il se laisse aller, fait tomber les dernières chaînes qui le retiennent docilement devant le pied de son micro, dont il s'empare aussitôt pour prendre possession de la scène. voir les visages de plus près, les sourires, les mains levées dans l'air et les corps qui s'agitent sous les éclats de lumière. le musicien virevolte à son tour, d'un bout à l'autre de la scène, danse, bouge au rythme de la musique et de cette effervescence dont il se fait la marionnette. plus d'une fois, ses pas l'amènent jusqu'à frôler la silhouette de Jaime. loin d'être une coïncidence, plutôt une vieille habitude à laquelle il cède naturellement. les mouvements du guitariste sont limités par l'instrument qu'il porte contre lui, alors c'est Taylor qui vient jusqu'à lui, plusieurs fois. des regards sont échangés, des mains glissées sur une épaule avant qu'il ne s'éclipse à nouveau. et quand inévitablement ce premier concert arrive à sa fin, c'est flanqué de son guitariste d'une part et de ses musiciens de l'autre qu'il salue la foule.
les applaudissements et les cris du public résonnent encore dans son dos quand il arrive au pied du petit escalier menant aux backstages. machinalement, Taylor s'empare de la serviette et de la bouteille d'eau qu'on lui tend. encore essoufflé et le cerveau toujours sur off, il emboite sans réfléchir le pas de ses compagnons, tente de reprendre pied avec le réel sur le chemin les séparant des loges, de sortir de cette torpeur rêveuse dans laquelle il est enveloppé ; sans grand succès. il ne reconnecte pleinement avec lui-même qu'une heure plus tard, en franchissant les portes du club réservé pour l'occasion. un after comme il en a fait tant d'autres, par le passé, un genre de tradition, un moyen de relâcher la pression. on ne tarde pas à l'aborder, s'enquérir de ses premières impressions et le féliciter, et c'est avec l'aisance des vieux réflexes qu'il revêt son rôle ; tandis qu'intérieurement, toutes ses pensées sont tournées vers Jaime. il peut l'apercevoir, jamais très loin dans la salle, accroche son regard quelques fois, l'appelle à venir le chercher, en cas de besoin. le guitariste peut se débrouiller seul, il suppose, mais Jaime évolue en eaux dangereuses, ici. alors, quand il l'approche et désigne la sortie d'un mouvement de tête discret, Taylor le suit.

des années plus tôt, ils s'échappaient en cachette de ce même genre de soirées avec un verre plein ou une bouteille à la main ; si les choses ont bel et bien changé, c'est sans conteste pour le mieux. à l'extérieur, Jaime expire un souffle soulagé qu'il semblait retenir depuis une éternité. en quelques inspirations, l'inconfort sur ses traits s'est lissé jusqu'à disparaitre. rassuré, Taylor reporte son regard sur les lueurs de la ville endormie, hoche négativement la tête à ses mots et fait mine de ne pas le voir l'observer. je vais pas te laisser tout seul ici, qu'il s'apprête à lui répondre, mais Jaime ne lui laisse pas le temps, se rapproche un peu. la voix du guitariste est joueuse, leurs corps se frôlent. instinctivement, le blond réduit la maigre distance qui les sépare encore, initiant un léger contact, et un petit frisson. il ne fait pas assez froid pour l'excuser ainsi, mais Taylor s'en moque. il a fait tomber beaucoup de barrières, ce soir, il est à peu de choses près d'en abattre d'autres. en témoigne l'ombre à paupières bleuté qui vient souligner celui de ses prunelles - rien de très extravagant, le maquillage est discret mais l'initiative est sienne. un an plus tôt, il n'aurait jamais trouvé le courage d'en appliquer, et il se sent bien, comme ça. un peu plus accompli, un peu plus lui. dans la pénombre, la couleur ne doit pas se distinguer, mais c'est un regard ourlé de paillettes qu'il tourne sur Jaime. le surnom lui fait l'effet d'une envolée de petits papillons au creux du ventre. il sonne bien, mieux que prononcé par n'importe qui d'autre, mieux que l'éternel rockstar dont on l'affuble constamment, ces derniers temps. il sonne vrai, parce que c'est Jaime qui le souffle avec tendresse dans le silence nocturne. « juste toi et moi. » décide-t-il aussitôt, sans la moindre hésitation. le choix n'a rien de difficile, il aura tout le temps de célébrer avec ses collègues une prochaine fois. « merci d'être venu. c'était... incroyable, ce soir. » c'est aussi sa présence à ses côtés qui a participé à rendre ce moment si spécial, mais plus que tout, il est heureux d'avoir pu lui offrir la possibilité de jouer à nouveau sur scène. son ami ne lui parait jamais aussi irrésistible et épanoui que lorsqu'il fait chanter sa guitare devant une foule ; baigné de la lueur des projecteurs et le sourire radieux. rien d'étonnant à ce que Taylor soit attiré à lui comme un petit papillon tournoyant inlassablement autour de sa lumière. « viens, on va se balader. » qu'il lance en avançant jusqu'à l'extrémité de la ruelle, le sourire enfantin. la tentation est trop grande et l'occasion trop belle. combien de fois s'étaient-ils dérobés à leurs obligations de la même façon, par le passé, pour aller visiter une ville inconnue au beau milieu de la nuit ? Brisbane, ils la connaissent déjà, mais il est tard, deux ou trois heures du matin peut-être, assez tard pour transformer les rues en vaste terrain de jeu dans lequel il est aisé de se fondre sans être repéré. ils sont seuls et Taylor n'a pas sommeil, rempli à ras bord d'une énergie fébrile et de l'adrénaline qui pulse encore dans ses veines. il n'a pas non plus la moindre envie de rentrer et d'écourter ce moment précieux qui se présente à eux. l'aube est encore loin, la nuit leur tend les bras. ils peuvent aller où bon leur semble, et personne n'en saura jamais rien - l'idée est amusante et excitante. ce que cette soirée peut encore leur réserver l'est tout autant.