butterfly sanctuary, around brisbane – début juin • w/ @Sasha Winchester

trois mois se sont déjà écoulés, que Taylor n'a même pas sentis passer. dans sa bulle créative, le concept de temps a tôt fait de lui échapper, de ne plus avoir de réel impact. le musicien est de ceux qui, dès lors qu'ils travaillent sur quelque chose qui les passionnent, se consacrent corps et âme à ledit projet jusqu'à parfois oublier l'existence du monde extérieur, qui s'efface derrière celui que bâtit son imagination. ça n'a donc rien d'étonnant qu'il n'ait pas été l'instigateur de ce moment de pause pourtant grandement nécessaire pour le moral, et la santé mentale des troupes ; à savoir, les trois autres membres composant Little Anarchy. sans grande surprise, c'est Robin, qui a naturellement repris sa place de figure parentale du groupe, qui avait déclaré un bon matin que, "pour le bien-être de toutes les personnes réunies ici, il était préférable que chacun prenne ses distances avec ce studio pendant quelques jours - ça te concerne aussi, Taylor !" s'était-il exclamé de sa dad voice qui ne laissait pas la place aux protestations, en le pointant d'un doigt accusateur. Taylor se souvient avoir levé les mains en signe de reddition, mais il n'avait pas cherché à discuter. parce que leur batteur n'avait pas tort : ils avaient tous besoin de souffler. après tout, ils avaient travaillé dur et sans répit tout l'automne. la fin du mois dernier, particulièrement chargé en travail et en déplacements, les avait tous fatigués - mais Sasha en était sortie un peu plus cabossée qu'eux. le sourire plus fragile, l'attitude moins légère. deviner l'origine du problème n'avait pas été bien compliqué, la journaliste quelque peu brute de décoffrage qui avait mené leur dernière interview avait sans doute son rôle à jouer. évidemment, ils n'avaient pas laissé Sasha se débrouiller seule, mais certains mots employés l'avaient manifestement atteinte, et la voir si affectée par la situation l'avait ramené à une version antérieure de lui-même, un Taylor plus jeune et naïf qui avait traversé des moments de doute et de remise en question similaires. il l'a bien vu, que Sasha prenait son rôle très à cœur. rien de plus normal, dans la position qui est la sienne, si délicate et particulière. elle veut bien faire, Sasha. lui aussi voulait bien faire, à l'époque, le mieux possible, quitte à s'en brûler les ailes.

c'est donc autant pour contenter Robin que dans l'objectif d'aider leur bassiste à se changer les idées que Taylor l'a entrainée au cœur de ce parc. en théorie, l'endroit parfait pour être tranquilles, puisqu'à l'approche de l'hiver, les visiteurs se faisaient plus rares. plongés dans ce petit écrin de verdure, ils sillonnent tranquillement les allées, discutant de tout et rien. le silence n'a plus vraiment sa place entre le duo de petites pipelettes qu'ils forment, l'inconfort de leurs premiers échanges s'étant envolé au cours des derniers mois. une étape franchie lorsque Taylor s'est rendu compte un beau jour que le souvenir de Max ne venait plus systématiquement parasiter ses pensées dès lors qu'il songeait à Sasha, ou quoi que ce soit d'autre en rapport avec le groupe. il doit bien avouer s'être pris d'affection pour cette tête brune et sa positivité à toute épreuve. il veut l'épauler à son tour, comme Max l'avait pris sous son aile, à l'époque. « alors, comment ça va ? » demande-t-il après un court instant de calme. son approche n'est pas des plus subtiles, mais il n'y a qu'un moyen de savoir ce qui se trame dans la tête de la jeune femme, après tout. « j'veux dire, ça te plait toujours, tout ça ? tu te sens bien avec nous ? » qu'il précise, véritablement curieux d'avoir son impression à l'issue de ces quelques mois d'intense travail écoulés en leur compagnie. il est bien placé pour savoir que les débuts sont difficiles, surtout lorsqu'on manque d'expérience, et d'autant plus, il imagine, lorsqu'il s'agit de s'intégrer à un trio déjà bien soudé, qui a tout traversé ensemble. le meilleur comme le pire, d'ailleurs.