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C’est fini. Cette fois pour de bon. Cette fois sans retour possible.
C’est fini. Elle lui a dit. A Adrian. Que c’était fini, terminé, ciao bye-bye. Enfin, ce n’est pas tout à fait comme cela que les choses se sont passées. Elle n’en pouvait plus, Gisela. Elle étouffait. Cela faisait des mois. Des mois qu’ils étaient en break, en stand-by. Ce n’était pas juste pour lui, cela ne l’était pas non plus pour elle. Dans le fond, elle avait fait son choix. Et ce, depuis des mois. Ce, depuis bien avant l’arrivée d’Adrian à Brisbane. Peut-être qu’elle l’avait fait dès la première fois où elle est tombée dans les bras d’Eliseo. Cela fait des lustres que son histoire avec Adrian ne tient plus à grand-chose, qu’elle part en lambeaux. Des lustres que le cœur se détache, lentement mais sûrement. Elle ne ressent plus rien. Du moins, rien de romantique ni même de sexuel – rien d’autre qu’un peu d’affection, vis-à-vis de leurs presque six années ensemble. C’est peut-être cela, le problème : elle a été avec lui depuis ses dix-huit ans. Or, elle n’est plus la même personne qu’à dix-huit ans, Gisela. Elle a mûri, elle a changé. Elle s’est affirmée. Elle n’est plus la Gisela trop gentille, malléable, se laissant marcher sur les pieds, s’effaçant, effaçant ses envies et désirs. Non, maintenant, c’est fini. Et tout ce qui s’est passé depuis l’arrivée d’Adrian à Brisbane, tout ce qu’elle a vécu, de la grossesse accidentelle à la fausse couche, en passant par les disputes avec Eliseo, cela l’a poussée vers une évidence : son histoire avec Adrian s’est arrêtée depuis longtemps. Probablement quand elle était seule ici, qu’il était en Irlande – à des kilomètres, des fuseaux horaires, des océans et à un hémisphère d’elle. Dans le fond, elle l’a toujours su. Elle s’est juste voilée la face.
Elle lui a dit ce qu’elle a fait. Qu’elle l’a trompé. Quand il était en Irlande, qu’elle était ici. Mais elle ne lui a pas dit avec qui. Non, cela, elle l’a tu. Pas besoin de jeter de l’huile sur le feu. Mieux valait simplement mettre un terme à leur histoire, en espérant qu’il ne traînerait pas éternellement à l’appart. Qu’il prendrait ses affaires, ses cliques et ses claques, avant de rentrer chez eux, en Irlande. Cela, c’était le scénario idéal. Mais il ne l’a pas lâchée si aisément, Adrian. Il a voulu savoir. Il a insisté. Gisela a résisté. Même aujourd’hui. Le jour du départ officiel. Elle ignore s’il a trouvé un autre endroit où vivre, s’il repart directement en Irlande, elle ne veut plus le savoir. Au moins, ils n’ont tous eu qu’à endurer quelques jours entre le moment de la rupture et le départ d’Adrian. Seulement, voilà : il ressasse. Il ressasse et elle comprend, au fond, Gisela. Elle a merdé. Elle a merdé à tellement de niveaux. Mais il insiste trop. Elle sent cette rancœur dans son cœur, une certaine hargne dans son regard. Elle voudrait qu’il parte. Pour de bon. Elle n’attend que cela. Pourquoi faut-il qu’elle soit seule avec lui, alors qu’il est à deux doigts de partir ? Pourquoi faut-il qu’il insiste encore, au lieu de passer cette foutue porte ? Pourquoi faut-il qu’Eliseo apparaisse, sur ces entrefaites ? Que la connexion se fasse tout à coup dans le cerveau d’Adrian ? Elle ne sait pas comment, mais il a compris, Adrian. Elle l’a vu dans son regard, dans son regard d’elle à lui, Eliseo, de lui à elle. Elle est certaine que leurs colocataires n'ont rien dit, eux qui avaient été témoins de tout. Finalement, peut-être que cela saute aux yeux – d’Adrian, comme de leurs colocataires, plus d’un an plus tôt. Elle n’en sait rien, Gisela, ne veut pas savoir. Veut juste qu’il parte. Mais Adrian se tourne vers Eliseo, visiblement sur le point de lui demander des comptes. Adrian, tout à coup virulent, provocateur. Et Adrian qui sort les poings sans qu’elle n’ait rien vu venir – comble de la masculinité toxique.Pourquoi cela lui a-t-il pris autant de temps avant de le larguer, pour finir ? « Arrête, Adrian ! Va-t’en ! » qu’elle s’exclame, paniquée, choquée, effrayée. Un Adrian comme cela, elle n’en avait jamais vu. Elle regrette plus encore qu’il n’y ait plus qu’eux trois dans l’appartement. Craint de ne pas réussir, de ne pas suffire – et s’il retournait sa violence contre elle ? « Dégage ! » Elle l’a hurlé, de toutes ses forces. D’une voix qui ne lui ressemble pas. Gisela n’est pas vraiment le genre à élever la voix. Pas le genre à s’énerver. Encore moins face à Adrian – auquel elle a définitivement trop laissé passer de choses. Qu’elle l’ait trompé n’y change rien, pour ce coup-là – il n’aura pas sa pitié, sa culpabilité pour pouvoir rester, elle veut quand même qu’il s’en aille. Contre toute attente, Adrian s’exécute. Non sans quelques provocations au passage, il dégage. Et le silence retombe. Pourtant, elle sent toujours son cœur qui bat la chamade, affolé, incapable de se calmer. Elle remarque seulement maintenant ses yeux et ses joues humides. Puis se tourne vers Eliseo. Remarque le rouge, le sang qui coule de son nez. De sa lèvre. « Putain, tu saignes. » Elle s’approche, quoique restant à bonne distance. Ils ne sont pas amis, après tout. Elle ne sait plus trop ce qu’ils sont. Colocataires, probablement – simplement. « Faut qu’on te soigne. » Mais la laissera-t-il faire ? Parce que c’est sa faute, tout cela. Elle avait eu beau vouloir faire ce qu’il y avait de mieux pour tout le monde, peut-être qu’elle avait merdé en ne disant pas la vérité sur Eliseo. Ou peut-être qu’Adrian aurait pété un câble dans tous les cas. Incapable de supporter qu’elle avait décidé de tracer sa route, seule.
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Eliseo Vazquez
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pseudo : sweet poison (anaïs).
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âge : il est âgé de vingt-quatre ans, encore dans la fleur de l'âge, toute sa vie devant lui.
statut civil : il est célibataire, rupture récente avec gisela, quand le copain de cette dernière a débarqué à l'improviste.
occupation : sage-femme, depuis peu. peu conventionnel pour un homme, mais il s'en moque, il aime son métier et est plutôt content de chambouler un peu les clichés.
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trigger : torture animale, inceste. (+ pas particulièrement sensible, mais je ne joue pas les rp "sexe").
Il avait cru comprendre qu’Adrian et Gisela, c’était terminé. Il pensait que c’était le cas depuis un moment, vu que les choses semblaient assez tendues entre eux et que ça faisait un moment qu'elle lui avait dit qu’elle allait lui dire la vérité. Mais il ne s’était pas mêlé de leur histoire, Eliseo. Il s’en fichait bien de ce qu’il pouvait se passer dans leur couple, préférait de loin, passer le plus de temps possible loin d’eux et n’avait clairement jamais fait le moindre effort face à Adrian. Ça faisait un moment qu’il vivait avec eux et au début, il avait utilisé la carte de l’espagnol pour ne même pas avoir à communiquer avec lui, prétextant ne parlant pas bien anglais, comme il l’avait souvent fait avec sa propre famille, quand il était arrivé en Australie, ou même au lycée pour fuir les gens. C’était une stratégie qui marchait plutôt bien en principe, mais évidemment, ça n’avait pas duré très longtemps, parce qu’il parlait parfaitement anglais avec les autres membres de la colocation. Mais pour le temps que ça avait duré, ça avait été un peu drôle, quand même. Puis, au moins, Adrian avait vite compris, qu’il n’avait juste pas envie de lui parler à lui, ce qui l’avait bien arrangé pour la suite de la cohabitation.
Globalement, il n’avait jamais eu la moindre conversation de plus de quatre mots avec Adrian. De quoi prouver à l’irlandais, qu’il ne l'appréciait pas, sans jamais expliquer pourquoi. C’était compliqué de lui dire que ça le faisait chier qu’il soit là, parce que maintenant, il ne pouvait plus se taper sa copine. Maintenant, Adrian avait annoncé son départ. Ça ne voulait pas dire qu’il allait reprendre son histoire avec Gisela, l’air de rien, puisqu’il en voulait aussi à la brune. Elle non plus, il ne lui parlait pas beaucoup. Que lorsqu’il n’avait pas le choix. Mais Adrian en moins, c’était déjà un soulagement pour lui. L’annonce lui avait arraché un sourire qu’il n’avait même pas cherché à cacher, alors même qu’il ne s’était pas mêlé à la conversation, il s’était contenté de poursuivre ce qu’il avait été en train de faire, sourire aux lèvres. Aujourd’hui, c’était officiel, Adrian devait partir. Il espérait qu’il aurait déjà dégagé le plancher quand lui, il rentrerait du boulot. Ne plus jamais croiser sa route serait un vrai plaisir. La flemme l’avait poussé à quitter l’hôpital rapidement, sans prendre le temps de troquer sa blouse rose contre des vêtements de ville. De toute façon, il avait l’intention de rentrer et de prendre une bonne douche, le tout en songeant au fait qu’Adrian ne faisait plus partie du tableau. Malheureusement pour lui, il avait à peine franchi la porte de l’appartement, qu’il tomba nez-à-nez avec son némésis. Adrian était toujours là et en plus, il le regardait bizarrement. Son regard naviguant dangereusement entre Gisela et lui, comme si soudainement, le lien entre eux deux était devenu clair dans son cerveau d’homme préhistorique. Il n’eut même pas le temps de lui demander ce qu’il lui voulait, qu’il sentit son poing se fracasser contre son visage. La douleur et la surprise le laissa hébété quelques secondes, assez longtemps pour qu’un deuxième coup ne vienne la frapper réveillant ainsi son instinct de survie ou quelque chose s’en approchant, mais en tout cas, il retrouva assez de contenance pour riposter et tenir Adrian à distance. Il n’avait jamais cru devoir un jour se battre ailleurs que sur le ring de sa salle de boxe, Eliseo et pourtant, ça arrivait dans son propre salon. Adrian semblait ne pas apprécier de s’être pris un coup de la part du petit geek de la colocation et semblait vriller complètement. Ramené sur terre par les hurlements de Gisela, il quitta finalement l’appartement, non sans cracher son venin. Il passa sa main contre son visage tentant de dégager le sang qui coulait, mais c’était peine perdue. Pourvu que ce con ne lui ait pas pété le nez, manquerait plus que ça. Il n’écouta qu’à peine Gisela, se dirigeant vers l’évier pour limiter les dégâts, pouvoir se pencher en avant et se pincer le haut du nez en étant certain de ne pas donner à l’appartement des allures de scène de crime. Il revela pourtant pourtant brusquement la tête vers Gisela, parce qu’il avait besoin de comprendre.« C’est quoi ce bordel ? Qu’est-ce qu’il vient de se passer ? » Il avait franchi le seuil de la porte et s'était pris un pain dans la tronche, y avait de quoi être paumé. « Putain. » Il lâcha agacé en constatant que relever la tête n’était clairement pas une bonne idée, alors il la pencha de nouveau au dessus du lavabo, pinçant toujours le haut du nez, s’il n’était pas cassé, ça devrait passer dans les prochaines minutes et vraiment, il espérait que ça s’arrête vite, pas envie de retourner à l’hôpital en tant que patient cette fois, pour un nez cassé.
Gisela Ackerman
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C’est la décision qu’elle aurait dû prendre bien plus tôt. Le courage qu’elle aurait dû trouver bien avant. Elle ne l’a fait que maintenant. Cela a demandé trop de temps. Mais elle l’a fait. C’est le positif à retenir, pas vrai ? Elle l’a fait. Elle a dit à Adrian que c’était terminé. A avoué même qu’elle l’avait trompé. A confessé qu’elle n’était plus amoureuse. Depuis combien de temps, dans le fond ? Est-ce qu’elle l’aimait encore, quand elle a quitté l’Irlande ? Est-ce qu’elle l’aimait encore, quand elle a fini pour la première fois dans les bras d’Eliseo ? Elle ne veut plus se poser la question, Gisela. Cela n’a plus d’importance. Elle ne veut plus ressasser, refaire le passé avec des et si qui n'ont plus d’intérêt. Elle veut avancer ; essayer. Commencer un nouveau chapitre. En solitaire. C’est tout ce qu’il lui faut, désormais : être un peu seule. Digérer cette dernière année, tout ce qui s’est enchaîné. Elle n’a pas pris le temps de le faire, de l’affronter, d’encaisser. N’a pas pris le temps d’intégrer la grossesse puis la fausse couche. Il a essayé d’être là, Adrian, mais le problème, c’est qu’il l’était trop – pour quelque chose qui ne le concernait peut-être même pas, dans le fond. Ce qu’il n’a jamais su, évidemment. Sans doute jusqu’à présent.
La vérité a éclaté. Ou peut-être à moitié. Elle lui a dit qu’elle l’avait trompé ; pas de qui il s’agissait. Elle a tu le nom d’Eliseo, histoire de ne pas en rajouter – de ne pas tout compliquer. C’est presque comme si elle avait su, Gisela, ce qu’elle risquait, ce qui les attendait : une confrontation, bête, toxique, méchante. Violente. Comme si elle avait su le problème, au fond : Adrian et elle plus sur la même longueur d’onde depuis longtemps, ayant grandi, évolué, différemment. Parce qu’elle l’a rencontré au début de ses études, parce qu’elle était tout autre alors. Adrian, lui, n’est plus ce qu’elle veut, ni ce qu’elle recherche. Et il vient de le lui prouver une dernière fois, à l’instant, en pétant un câble en comprenant. Elle n’avait quand même rien vu venir, Gisela.
A présent, Adrian n’est plus là. Parti après qu’elle l’a exhorté à le faire. A s’en aller, à dégager, comme elle le lui a crié. Il n’y a plus qu’Eliseo et elle. Eliseo et elle, et le silence. Pourtant, elle a l’impression que le bruit des battements forts et rapides de son cœur est assourdissant. Elle, elle essaie encore de se remettre du choc, de se remettre de la panique, la peur. Mais s’inquiète, tout de même, pour Eliseo – Eliseo qui saigne, qui a besoin d’être soigné. Il ne lui répond pas, se précipitant vers l’évier le plus proche en se pinçant le nez. Elle le suit sans un mot, Gisela, ne voulant pas en rajouter, attendant qu’il la laisse vraiment s’en mêler. Il finit par relever la tête vers elle, tout à coup, pour lui demander ce qui vient de se passer. « Je… je sais pas. » avoue-t-elle, déconfite, honteuse et incapable de se défaire de son sentiment de culpabilité. « Il devait juste partir, il devait le faire et puis… il t’a vu. » C’est ce qu’il s’est passé. Voilà le résumé factuel de la situation, avant qu’Adrian ne parte complètement en vrille. « Il était pas spécialement de bonne humeur avant, mais il me semblait pas… agressif. » murmure-t-elle, Gisela. Puis elle reprend : « Je lui ai dit que je l’avais trompé, l’autre jour. Mais j’ai pas dit avec qui. » souffle-t-elle, le regard un peu fuyant. Est-ce qu’elle a provoqué tout cela ? Evidemment qu’elle a provoqué tout cela. On dirait bien qu’Adrian a compris, tout seul. Peut-être n’est-il pas nécessaire d’avoir fait polytechnique pour cela. Peut-être que cela saute aux yeux, bien plus qu’elle ne le croit. « Je suis désolée. » souffle-t-elle à nouveau. Parce que c’est sa faute. Encore.
Eliseo finit par pencher à nouveau la tête au-dessus du lavabo, pour tenter de faire arrêter le saignement qui se poursuit toujours. Elle espère seulement que cela s’arrêtera là, à ce saignement de nez, et qu’il ne s’est pas cassé quelque chose. « Tu veux des mouchoirs ? Des glaçons ? » lui demande-t-elle doucement. Il paraît après tout que ces derniers peuvent aider en cas de saignement de nez. « Ou t’asseoir ? » Puisqu’il va devoir rester quelques minutes encore la tête en avant, à se pincer le nez, Gisela peut aller lui chercher une chaise. En tout cas, c’est ce qu’elle ferait à sa place, si les rôles étaient inversés, ne serait-ce que parce que la vue du sang pourrait la conduire à vite tourner de l’œil. Là déjà, elle n’est pas très à l’aise, quoiqu’elle essaie de passer outre. « C’est juste le nez ou tu as autre chose ? » demande-t-elle encore, un peu timidement, craignant de se faire envoyer paître. Ce serait mérité, pas vrai ? Pourtant, elle a voulu mettre un terme à toute cette situation pesante pour tout le monde – mais même quand c’est fini, cela ne l’est vraiment jamais.
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