lost and found (rose)

Oh, won’t you take me somewhere ?
For I am going nowhere.
Won’t you lead me home ? (♫)
ft. @Rose Brooks netherworld, fortitude valley

Avant, Nana flottait. Parmi les autres corps qui occupaient l’espace et parmi les voix qui peuplaient les conversations. Maintenant, elle est bien terrestre et le monde lui semble dépouillé de légèreté dans cette sobriété. Elle se rend compte combien son corps la pèse et combien son esprit rame pour tenter de suivre le fil des gens qui lui offrent leur attention. Les mots ne s’évaporent plus sitôt qu’elle les a prononcé, ils existent, retombent dans l’oreille de son interlocuteur et elle peut voir la réaction qu’ils créent sur son visage. Tant de détails qu’elle ne percevait pas avant. Elle avait oublié comment c’était de vivre, quand on est plus sous emprise et tout ce flux d’information est difficile à supporter, encore davantage quand elle sent un énorme noeud bloquer son estomac. Pas d’issue possible pour ignorer ce sentiment d’appréhension qui ne ressemble rien au trac habituel, avant de monter sur scène. Le concert ne débutait que dans une vingtaine de minutes, ils avaient déjà installé le matériel sur scène et fait la balance. En somme, tout était prêt et ils s’étaient accordés pour relâcher un peu la pression en profitant de l’ambiance du bar — ce qui équivalait à boire raisonnablement, avant le spectacle. Détendue, elle ne l’était pas. Premièrement, parce qu’elle avait posé une option sur l’alcool et deuxièmement, parce qu’elle attendait quelqu’un. La brune s’était installée au bar, de façon à pouvoir observer qui passait la porte à chaque instant, pour siroter sa bière de gingembre, pendant qu’on complimentait son maquillage et que la conversation dérivait sur… plein de sujet. Elle avait perdu le fil, à force de jeter des coups d’oeil chaque seconde à l’entrée pour s’assurer qu’elle ne l’avait pas ratée. Alors, qu’au fond, elle savait très bien que ce scénario serait impossible. Nana la verrait. Comme elles se l’étaient dit, elle aurait été capable de la reconnaître entre mille autres, yeux fermés, sans rien pour la renseigner. Une question d’instinct, une question de lien. Et la réciproque serait vraie, aussi. Même si elle était fardée de blanc pour accentuer la pâleur de sa peau et lui donner le teint le plus joliment cadavérique possible, la transformation par rapport à son style habituel n’était pas radicale. Ce soir, elle était un fantôme de mariée damnée dont les élégants habits étaient devenus des haillons après des siècles à errer telle une âme en peine. La conséquence directe du malheur annoncé, d’avoir osé se marier en noir. On aurait dit la Nana d’il y a quelques années, privée de lumière du soleil car vivant la nuit, avec un style plus gothique pour attirer les regards désapprobateurs des passants. Petit raclement de gorge, alors qu’elle descend du banc sur lequel elle était juchée, manque de perdre l’équilibre à cause de ses imposantes chaussures à plateformes. « Désolée. » Elle ne l’est pas, mais maintenant qu’elle ne se fout plus de tout, elle se sent obligée de prononcer ce genre de politesse. Le résultat est le même, qu’elle s’excuse ou non, elle s’arrache à cette conversation pour se faufiler à mi-chemin entre le comptoir du bar et de l’entrer, à la rencontre de Rose. S’impose comme une apparition au milieu de la pièce — comme une métaphore aussi. Elle est la figure fantasmagorique à la rencontre de son fantôme personnel, celle qu’elle pensait disparue et oubliée mais qui était revenue dans sa réalité. Devant elle, le reflet de ce passé. Elle lui fait face, sans lui sourire d’abord, paralysée sur place. Elle tente d’imposer à ses lèvres de dessiner un signe amical, mais rien, le mal qui lui tord le ventre transforme l’essai en un rictus tortueux. « Nana ! C’est bientôt à nous, t’as 5 minutes. » intime la voix de son chanteur, une main brosse sa taille. Nana fait oui de la tête mais ses jambes pèsent des tonnes et la boulonnent au sol ; elle attend qu’on vienne la délivrer.

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@Rose Brooks & @Nana Hepburn

Halloween est enfin là ! Après Noël, c’est ta fête favorite. Par contre, contrairement à de nombreuses personnes, tu ne l’apprécies pas pour les déguisements même si les gens te croient souvent déguisée en fée dans tes robes aux couleurs vives. Tu ne l’apprécies pas plus pour sa signification, préférant fêter les vivants que les morts. Ce que tu aimes par-dessus est la possibilité de récolter une multitude de bonbons. Ta gourmandise s’associe avec ton enfant interne ce jour, se réjouissant à l’avance de la montagne de friandises que tu ramèneras chez toi. Ils ne sont pourtant pas à plaindre le reste de l’année. Tu les régales régulièrement de sucreries avec tes pâtisseries. Insuffisamment pour les satisfaire visiblement tant ils te réclament de sortir depuis ton réveil. Tu as réussi à contenir leur appel avec l’aide de ton artiste. Travaillant dans ton atelier, le duo infernal n’a pas fait le poids face à la force de ta passion. Ils ont bien essayé de te perturber, ton ventre ayant émis des gargouillis et ton esprit enfantin ayant projeté des images de confiserie dans ton esprit. Malgré leurs tentatives de déconcentration, tu as tenu bon, terminant la robe pour ta cliente pour son essayage ce week-end. L’habit posé sur son mannequin, il était temps de rentrer chez toi pour te préparer avant de filer. Et pour la première fois de ta vie, tu ne fileras pas dans rues de ton quartier voire de la ville jusqu’à remplir un seau de friandises, mais tu te rendras dans un bar, pour un concert, pour voir Nana. N’en déplaise à tes démons gourmands, mais ils ne peuvent rivaliser avec ton cœur. A peine de retour à ton appartement, tu fonces récupérer ton costume de vampire dans ta chambre – créé par tes soins cela va de soi. Tu troques ta robe contre cette création faite de rouge et de noir. Nulle pointe de rose dans ta tenue, une rareté. Et si tu peux compter sur ta crinière pour conserver ta couleur favorite, ce soir, elle se retrouve cachée sous une perruque t’offrant de longs cheveux ébène. Un ultime passage dans ta salle de bain pour affiner la pâleur de ton visage, colorer tes lèvres d’un rouge sang et de faire croire à une trainer de sang au coin de tes lippes, mettre tes fausses canines, et te voilà terriblement terrifiante, prête à aller mordre le cou des gens. Et idéalement, celui de Nana, même si tu préférerais y déposer de doux baisers. Tu salues tes colocataires en partant. Étant proche de ton domicile, tu te rends au Netherworld à pied. Tes chaussures de ville noire martèlent le bitume en chemin, attirant l'attention à ton insu et te valant des compliments de la part d'enfants croisés sur ta route. Une fois à l’intérieur, tes yeux balayent l’espace en quête de sa silhouette. Un franc et large sourire remonte jusqu’à tes oreilles en l’apercevant. Tu attendais ce moment depuis un mois. Tu l’observes s’approcher de toi, détaillant sa tenue. Si le noir t’attriste, tu ne peux nier que cela lui va à merveille. En même temps, tout lu va. Arrivée à ta hauteur, vos regards s’ancrent. En dépit de l’absence de paroles, l’échange est profond et tu lui témoignes toute ton affection et à quel point elle t’a manquée. Tu pourrais rester des heures ainsi, à simplement te délecter de la forme de son visage, à ressentir la délicatesse de son aura qui t’enveloppe. Mais le temps est compté comme l’indique un membre de son groupe. Alors tu brises le silence. « Bonsoir, Nana. Tu es terriblement terrifiante. » Et surtout terriblement attirante. Ton palpitant pulse fortement dans ta poitrine. Heureusement que le brouhaha ambiant masque son vacarme. « Tu es déguisée ou tu as juste mis des vêtements du quotidien de ta garde-robe ? » Tu glousses bêtement. Tu la taquines. Tu fais référence à la noirceur récurrente de ses habits. Elle pourrait te faire la même réflexion lors de la pride où tes tenues colorées sont adaptées à l’évènement sans que tu ne le fasses exprès. « Oh et j’allais oublier : un bonbon ou un sort ? » C'est la tradition de cette fête. Tu doutes fortement qu’elle ait des bonbons à portée de main. Elle va être obligée de subir un sort à priori. Ce qui te ravit malgré ta gourmandise.

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ft. @Rose Brooks netherworld, fortitude valley

Qu’importe le costume que Rose aurait pu adopter, même si elle était venue avec un masque pour dissimuler ses traits et une tenue ample pour effacer ses contours, Nana l’aurait reconnue. Comme elle la reconnaît sans peine, à la seconde-même où la jeune femme passe la porte du bar, malgré ces cheveux noirs corbeau et sa robe d’un rouge sombre. Bien éloignée de son image habituelle, elle a abandonné les pastels et la féérie pour une esthétique plus dramatique — qui lui va tout aussi bien. Le coeur de Nana bat la chamade quand elle s’avance pour aller à sa rencontre, consciente d’avancer tout droit vers le danger, vers celle qui pourrait la dévorer toute entière — et qu’elle laisserait faire. La mariée fantôme face à la vampiresse, dans un conte obscur, on pourrait les imaginer vivre toute l’éternité ensemble pour mieux supporter leurs malédictions respectives. C’est tout ça qu’elle imagine, plantée devant cette vision de Rose, c’est tout ce qui la terrifie : cette envie de fondre dans ses bras et de la serrer contre elle. Et c’est tout ce qu’elle ne fait pas, qu’elle ne s’autorise pas, se contente de respirer le même oxygène qu’elle dans cette petite bulle qu’elles forment, au milieu de la foule. Leurs deux regards se croisent, se reconnaissent et ce qu’elle y lit parviendrait presque à lui rendre forme humaine. Beaucoup de chaleur, beaucoup d’affection sans échanger un mot, tout ça lu dans ses yeux avant que ses premières paroles ne lui parviennent. Nana s’éclaircit la gorge avant de répondre, essayant tant bien que mal de cacher sa timidité. « Je le prends comme un compliment. » Tente un sourire avant d’enchaîner, un peu plus assurée. « Ton costume est magnifique aussi, à glacer le sang. » Pas certaine que le jeu de mot soit très drôle, elle sait que Rose lui pardonnera cette mauvaise plaisanterie. Elle doit déjà percevoir l’effet qu’elle lui fait, l’impression d’être toute petite et de ne pas savoir où se mettre alors que l’énergie de son interlocutrice est si captivante et engageante. Nana aime être là, se surprend à aimer sa présence mais pourrait bien se contenter de simplement l’admirer… même si ce serait étrange, surtout si elle ne répond pas à ses questions. « J’aurais pu, j’avais tout ce qu’il fallait dans ma garde robe mais j’ai fait un effort, comme on jouait… » - et parce que tu es là. Un peu plus tôt, dans sa salle de bain, Nana s’était préparée comme pour un vrai événement, une grande occasion, moins parce qu’elle allait se produire sur scène que parce qu’elle savait que Rose se trouverait dans le public. Elle ne doutait pas que la jeune femme allait accepter son invitation mais depuis, elle se sentait nerveuse, à en avoir mal au ventre et les battements du coeur erratiques. Déconcertée, elle plante ses deux orbes dans les siens, confuse. Avait-elle bien compris la question ? Oui, si elle en croit son expression d’attente et son expérience avec l’esprit enfantin de la jeune femme. La magie opère, libère Nana de cette tension interne, elle finit par lâcher un petit rire. « C’est pour les enfants. », la raille-t-elle, sans méchanceté, car justement, elle avait gardé son âme d’enfant, Rose. Et l’enfant en elle, avait toujours su tendre la main à l’enfant qui sommeillait en Nana, celle qui ne s’était jamais sentie aimée avant. La brune fait mine de fouiller dans ses poches avant de prendre un air contrit. « Je n’ai rien, désolée… mais je peux t’offrir un verre, ça compte ? » Sourcil haussé, elle essaye de se défiler pour ne pas subir de sort. « En plus de celui qu’ils offrent ici, évidemment ! Si tu as envie… » Pouvait-elle négocier avec Rose et sa dent sucrée ? Elle tente mais doute que l’issue lui soit favorable, elle connaît sa grande histoire avec les bonbons. Ses doigts viennent se poser sur son avant-bras et frôle de tissu de sa robe, en montant sur la pointe des pieds pour lui glisser une confidence au creux de l’oreille. « Je suis sûre qu’il y a plein de sucreries dans le coin. On devrait aller à la chasse au bonbon, tout à l’heure… » Après un petit rire malicieux, Nana remet de la distance entre elles et son esprit revient au concert, à ses obligations. « Je dois y aller, pour me préparer. Je te laisse là où tu veux faire un tour des coulisses ? »

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@Rose Brooks & @Nana Hepburn

Il n’a vraiment qu’elle pour emballer ton cœur de cette façon. Nana et ses pouvoirs. Ou simplement le pouvoir de l’amour. Terrifiante, attirante, peu importe l’adjectif que tu lui attribues, tu l’aimes. Tu l’as toujours aimée. Tu as mal de ne pas pouvoir l’exprimer pleinement. Ce n’est le fait d’être entourée de monde qui te freine, mais de ne pas savoir ce qu’il en est la concernant. Tu te refuses à agir sans son consentement malgré ton envie de la serrer dans tes bras, de l’embrasser. La distance est de rigueur. Enfin elle reste courte. Si courte que vos souffles se mélangent, que tu te délectes de son doux parfum, que tu peux admirer les détails de son costume, les fins traits de son visage, surtout les fins traits de son visage. Tu ris tendrement face à son humour. Tu sais ne pas paraître aussi glaciale. Ton costume ne peut masquer ton rayonnement interne. Davantage face à Nana, la personne qui te fait le plus briller, même dans les circonstances les plus sombres. Tu abandonnes quelques secondes sa silhouette pour observer celles des membres de son groupe au loin. Tes opales reviennent rapidement s’ancrer dans les siennes, hurlant au manque de ses délicieuses pupilles. « Et parce que t’en avais envie, avoue. » Tu lui lances un clin d’œil accompagné d’un large sourire. Tu connais son amour des déguisements, des jeux de rôle. Vous en avez tant faits à Melbourne. Des moments de complicité qui n’appartenaient qu’à vous. Tu as souvent été la victime d’une sorcière. Il est vrai que tu étais ensorcelée par cette femme, que tu l’es toujours. Mais aujourd’hui, en l’instant, c’est toi qui joues la sorcière à travers ta question. Nana tente de fuir cette tradition. A moins qu’elle ne désire fuir ton sort, qu’elle craint de céder à ses sentiments. Elle te connaît si bien, connaît ton degré de folie, que tu es capable de tout. « Ça vaut pas des bonbons, mais je peux faire un compromis pour toi. » Et parce que tu ne peux refuser de passer du temps avec elle. Boire un verre prolongera votre rencontre. La brune vient même te proposer un autre moyen de le faire. Même deux. Tes lèvres grimpent jusqu’à tes oreilles à l’idée d’être plus longtemps à ses côtés, en témoin de ton appréciation de ce moment tactile sur ton avant-bras. « Je croyais que c’était pour les enfants. » Tu viens tapoter le bout de son nez de ton index. Tu la taquines. Elle aussi possède une âme d’enfant bien qu’elle l’assume moins que toi. Tu as le don de l’éveiller. Et tu espères que tu pourras éveiller d’autres choses en elle, réveiller plutôt. Tu fais les deux pas nécessaires pour casser la distance entre vous. Tu viens murmurer son tympan, dans un souffle chaleureux. « Je vais où tu veux avec toi. » A la chasse aux bonbons, au bout du monde, tu n’as aucune limite si ce n'est celle qu'elle fixe. « Ça va être à nous, Nana ! Arrête de draguer et bouge-toi ! » Ce qui semble être le leader l’interpelle. Tu sursautes et recules aussitôt, surprise, comme si on venant de te gronder après une bêtise. Puis tu souris, amusée, te rendant compte que la situation n’a rien de réprimandable. Surtout que cet homme n’est pas l’un de vos pères. En plus, de votre duo, tu es la dragueuse et elle la draguée. C’est toi qui as fait le premier pas pour l’aborder. Dans ce domaine, tu es adulte. « Tu es demandée. Je vais rester là et commander un jus de pomme en attendant votre arrivée sur scène. » Ta boisson favorite. Ça n’a pas changé depuis ton adolescence, depuis votre première rencontre. « Tu me montreras les coulisses après votre concert. » Tu es intéressée. Pas forcément pour voir l’envers du décor. Tu sais à quoi ressembles une loge avec ton passé de mannequin et tu penses que ce sera similaire. Par contre, cela vous permettra de vous isoler de la foule, d’être en tête-à-tête. Une configuration plus propice aux confidences. « Bon concert, Nana. » Et dans un réflexe, tu viens déposer un délicat baiser sur son front. Encore ce geste protecteur pour la rassurer. Une façon de lui dire que tu es là, que tu la soutiens, de lui donner une partie de ton énergie. Une façon de lui dire également que tu l’aimes sans avoir besoin d’utiliser de mots.

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« J’avoue… Je suis toujours aussi coquette. » admet la brune, tête inclinée sur le côté, moue sur le visage qui se voulait angélique avant de lâcher un petit rire. Elle bat des cils, ferme les paupières un instant, pour ne pas être transpercée par les iris brillants de Rose – qui la connaissent si bien. Parce qu’avant Rose, elle n’aimait pas spécialement qu’on la regarde et souhaitait encore moins se rendre présentable aux yeux du monde. Elle n’y faisait pas vraiment attention, du moins, avait cessé d’y accorder de l’importance parce que ses tentatives pour plaire ressemblait à une supercherie. Puis, il y a eu ce premier amour qui avait tout bouleversé. Rien que sous son regard, elle se sentait sublimée, elle se sentait regardée et vue pour ce qu’elle était. Ce soir, elle s’était préparée avec le même état d’esprit que celui de la jeune femme qu’elle était : avec Rose en tête et l’envie de la surprendre, d’être belle pour elle.

Nana connaît bien les jeux de séduction ; elle en a usé et à une certaine époque, elle serait allée jusqu’à dire qu’elle s’en délectait. Vibrations électriques qui les connectent, sur lesquelles elle se laisse porter. La petite voix dans sa tête est assourdie par les battements de son cœur, depuis que Rose se trouve en face d’elle, si près – elle ne l’entend pas crier qu’il ne faudrait pas s’approcher… De plaisanteries en plaisanteries, Nana se prend au jeu, le sourire ne quitte pas ses lèvres et s’élargit quand elle accepte son invitation. Plutôt ses invitations, comme elle se montre particulièrement audacieuse, à lui glisser tout ça au creux de l’oreille, avant de reprendre sa place. « Se déguiser pour Halloween aussi, c’est pour les enfants… mais regarde nous. » ponctue-t–elle, après avoir frissonné au contact de son doigt son nez, avant de faire un tour sur elle-même pour faire virevolter sa robe et son voile. Nana sait se faire espiègle aussi, encore plus aux côtés de Rose. Au point d’être capable de tout, de se sentir pousser des ailes, à la rendre nostalgique de cette époque où elles étaient ensemble et que le fait d’être à ses côtés la faisait se sentir invincible. Un sentiment après lequel elle était encore à la poursuite, un sommet duquel la chute lui avait été fatale. Elle connaît le danger, sait qu’elle se tient bien trop près du bord et qu’un battement de cils pourrait la faire ciller. Et dans cette logique d’autodestruction qui la caractérise bien, plus son esprit peint Rose comme un danger, plus elle est séduite par cette idée. Je vais où tu veux avec toi. Une lueur danse dans son regard, en contemplant le visage que porte cette promesse. Ça pourrait être beau, elle parviendrait presque à y croire mais elle connaît sa capacité à tout gâcher, se fait confiance quand elle pense qu’elle ne serait capable de que les précipiter vers les enfers. Une once de tristesse vient voiler son regard, à peine perceptible puisqu’elle reprend son expression habituelle quand le chanteur la ramène sur Terre. La brune tourne une fois la tête vers lui, le fusillant du regard au passage qui ne semble pas le perturber plus que ça avant de prendre une mine contrite. « Je dois y aller. » Nana hoche la tête, devant ses explications. Elle n’avait pas d’autres plans en tête pour la fin de soirée, après le concert. A vrai dire, elle n’avait personne d’autre en tête. D’ailleurs, elle n’arrivait pas à sentir si la présence de Rose la soulageait du trac qu’elle ressentait avant de monter sur scène ou en rajoutait davantage. Comme si elle avait lu dans ses pensées, un baiser collé sur son front vient lui offrir la réponse à cette question. Nana sourit, avant de se reculer à contrecœur et tourner le talon avant qu’elle ne puisse deviner le rouge sur ses joues, sous le maquillage blafard. « A tout à l’heure. »

La sensation fantôme de ses lèvres sur sa peau encore présente, Nana regagne les coulisses et se concentre de nouveau sur la musique. La petite scène est baignée d’une lumière tamisée, dans le bar enfumé et le murmure de la foule s’estompe progressivement. C’est à ce moment qu’elle monte sur scène, en premier, sous les premières acclamations. Nana savoure toujours ce moment, d’autant plus qu’ils jouent en petit comité, ce qui lui donne à voir tous ces visages, tous ces sourires, sur lesquels elle lit tant d’émotions qui la gagnent aussi. Ce soir, son regard détaille plus particulièrement son visage, sourire malicieux aux lèvres, connexion invisible mais palpable. Elle sait qu’elle ne pourra pas s’empêcher de la chercher des yeux, multiplier ces échanges complices silencieux mais fait du mieux qu’elle peut pour assurer sa partie. Mélange de nervosité et d’anticipation qui se dissipe rapidement quand les premières notes résonnent. La brune se plonge dans la musique, apprécie particulièrement leurs réarrangements de chansons pop mises à la sauce rock car elles ont toujours du succès auprès du public. Ils jouent également quelques classiques du genre, font grimper la température dans la salle au fur et à mesure. C’est cet équilibre parfait qui la porte, la communion entre elle, son instrument, la musique et les gens. Les notes sont jouées avec une intensité inédite, transmettent les émotions qui la gagnent dans ces contacts visuels, de la même façon que naissent des sourires sur son visage, qu’elle ne contrôle pas. À la fin du concert, la salle retentit d'applaudissements chaleureux. Nana rayonne, malgré l’essoufflement, salue le public avec gratitude. L’euphorie du moment la laisse sur un petit nuage. Son dernier coup d’œil dans la foule lui est destiné, elle qui avait rendu cette performance encore plus spéciale – mais ne la voit pas.

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@Rose Brooks & @Nana Hepburn

En l’observant s’éloigner, tu regrettes d’avoir refusé le tour en coulisses. S’il aurait été court, chaque seconde à ses côtés est bonne à prendre. Rien ne te rend plus heureuse qu’être à ses côtés. C’est d’autant plus flagrant depuis que tu l’as retrouvée, depuis qu’elle t’a donnée ton pendentif égaré, depuis qu’elle t’a pardonnée. Il n’y a qu’elle pour te mettre dans un tel état. Ton cœur crie sa douleur malgré la délicieuse vue sur ses formes harmonieuses. Il hurle à la mort quand elle quitte ton champ de vision et qu’il est privé de sa drogue. Tu as beau te diriger vers le bar et commander ta boisson favorite, le manque continue de l’envelopper. Il veut Nana. Tu ne touches pas à ton verre peu importe les réclamations de ton estomac gourmand. Le seul capable de s’exprimer est ton esprit enfantin. Il s’amuse avec la paille, la fait tournoyer dans le liquide, tente de te faire sourire, en vain. Les minutes sont si longues avant l’arrivée du groupe. A leur annonce, tes yeux scrutent la scène, cherchent sa silhouette. En dépit de la luminosité, tu la reconnais aisément quand elle foule les planches. Tu reconnaitrais ses formes entre mille. L’effet est immédiat. En plus de l’applaudir chaleureusement et de faire du bruit pour cinq, tes lèvres remontent jusqu’à tes oreilles. Ton palpitant retrouve sa joie, pulse, joue sa mélodie amoureuse. Malheureusement, à cette distance et dans ce brouhaha, Nana ne peut l’entendre. Elle peut distinguer ton sourire, la lueur dans ton regard peut-être, la même qu’à l’époque de votre idylle voire plus brillante. Les musiciens en place, la musique et le concert démarrent. Tu la découvres dans ce nouvel élément. Tu la découvres épanouie, pleine de vie et de rayonnements. Son énergie et sa voix captivent le public. Elle te captive. Tes yeux ne la quittent pas la moindre seconde. Tu la redécouvres complice, à échanger silencieusement des regards et des sourires. Tu décodes ses messages aisément, lui réponds, lui offres l’expression de tes profonds sentiments, de ton amour.

La note finale résonne. A la fois trop tôt et trop tard. Trop tôt car tu aurais apprécié te délecter plus longtemps du spectacle et trop tard car même si elle heureuse durant sa prestation, elle est loin de toi. Tu admets être égoïste sur ce coup-là. Tes applaudissements lui sont destinés. Tu ne cherches pas à provoquer un rappel, juste à la féliciter. Le groupe repart. La foule abonde vers le bar. La soif semble l’avoir gagnée. C’est compréhensible pour les personnes qui ont dansées, se sont dépensées. Toi, tu n’as pas bougé. Tu as pourtant le sens du rythme. Tu étais trop hypnotisée par Nana, ne pouvais te permettre de détourner ton regard d’elle. En même temps, ça aurait été l’occasion de t’approcher de sa position, de l’admirer de plus près. Il est trop tard désormais. Tes opales rivées sur l’entrée des coulisses, tu attends qu’elle revienne. Quand elle franchit l’encadrement, ton sourire brille de mille feux. Tu te délectes de chacun de ses pas. Ton palpitant accélère inversement à la distance qui vous sépare. A ta hauteur, il tambourine fort dans ta poitrine. Il y a moins de bruit pour couvrir son vacarme. « Tu as été merveilleuse. » Tu n’es pas forcément objective. Tu ne le seras jamais la concernant. Une merveille ne peut qu’être merveilleuse. Cependant, aux applaudissements émis, il est clair que le concert a plu à l'assemblée. « On dirait que ça donne chaud par contre. » Tu le remarques aux quelques gouttes de sueur présentes sur son front. Pas de quoi inquiéter son maquillage en soi et encore moins sa beauté. Tu en profites pour récupérer un mouchoir dans ton sac à main. Délicatement, tu viens tamponner le papier sur son front. Une énième audace de ta part. Tout est bon pour un rapprochement tactile, pour prendre soin d’elle, pour être affective à son égard. « Tu as bien mérité de boire un coup. Tu prends quoi ? C’est moi qui invite ! » Tu interpelles une serveuse une fois sa réponse donnée. Tu passes commande. Tu reviens rapidement poser tes iris sur son visage. Et surtout sur ses lèvres. Sur ses merveilleuses lèvres appétissantes. Ta plus grande faiblesse d’antan. Et tu crains qu’elle ne le soit encore actuellement. Plus globalement, Nana est ta plus grande faiblesse. Et à la fois ta plus grande force. Elle est cette ambivalence. Elle est cet amour.

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Ces regards qui s’attardent et ces esquisses de sourire quand la lumière vient illuminer la salle de façon à ce qu’elle surprenne Rose à la regarder aussi, ça n’a l’air de rien mais il y a bien une force intangible dans l’air. Un ravissement dont elle connaît la cause, une vague d’exaltation qui la ramène toujours à elle. Elle se heurte à cette sensation d’être transportée hors du monde sensible, hors d’elle et cette exaltation lui donne l’impression de flotter. La musique, aussi investie soit-elle dans le concert, ne suffit pas à expliquer son état. Inconsciemment, elle sait très bien comment expliquer ce sentiment grisant, mais Nana est bien trop têtue pour le nommer – et encore plus pour s’y abandonner. Elle ne peut cependant pas lutter quand il la gagne avec une telle intensité. Elle le reconnaît, elle aime ce langage secret entre elles, elle aime se sentir enveloppée de cette douceur dont seule Rose est capable, elle aime la savoir près d’elle. Tout ça lui est familier, mais elle ne peut oser pleinement l’accueillir, en risquant à nouveau que tout lui soit retiré. Ce soir, elle accepte ce présent parce qu’il lui fait du bien. Depuis qu’elle a retrouvé Rose, cela avait mis pas mal la pagaille dans sa tête et dans sa vie – alors qu’on ne pouvait pas dire que l’ordre y régnait avant. Ça n’allait pas quand elle se mettait à trop réfléchir et à élaborer des stratégies pour lutter contre tout ce qu’elle ressentait. Mais, les moments en eux-mêmes, où elle se retrouvait, en sa compagnie, lui étaient toujours agréables.

Cette soirée d’Halloween n’allait pas faire exception. Jusque là, Nana passe une excellente soirée. Les morceaux s’enchaînent et l’énergie grandit en elle, comme toujours quand elle joue sur une scène et qu’elle partage ces moments de musique avec un public. Elle a de la chance d’avoir trouvé cette nouvelle passion. Enfin, elle y avait toujours été sensible, mais la gamine en elle, qui avait grandi en foyer, n’avait jamais imaginé qu’un jour elle aurait son propre instrument et qu’elle pourrait y consacrer du temps. Maintenant, elle peut même assurer une heure de concert…avec l’esprit qui divague vers une certaine personne. Jusqu’à la fin, jusqu’à ce que les lumières de la scène s’éteignent derrière elle, sans qu’elle ne puisse retrouver le visage de Rose dans la foule.

Nana descend de la scène sous les acclamations du public et rejoint les membres de son groupe qui l'attendaient en coulisses, souriants et impatients de partager ce moment avec elle. Tout le monde a le droit à des tapes dans le dos et des sourires éclatants, ils se serrent dans les bras, se compliment, encore enivrés suite à leur performance. Les éloges fusent de tous côtés, chacun reconnaissant le talent et l'engagement des uns et des autres, dans la réussite du concert et anticipent déjà le prochain, pour connaître de nouveau cette exaltation, alors qu’ils étaient en train de ranger leurs instruments. « On se prend un verre ? » Proposition lancée par leur chanteur, coutume habituelle pour partager des anecdotes du concert et des moments forts de la soirée. Nana aimait être entourée de son groupe et savourait toujours chacun de ces instants joyeux mais elle avait un autre tête-à-tête ce soir, promit – le rose aux joues – de les rejoindre plus tard. D’ailleurs, la pensée que Rose puisse être partie lui trotte un instant fugace dans l’esprit, avant de croiser son regard en sortant des coulisses.

La bassiste se fraye un chemin jusqu’à elle. Le bar était toujours animé par les discussion et les rires des clients, une ambiance encore plus chaleureuse, après qu’ils aient fait vibrer la salle. Nana demeure sur son petit nuage d'émotions positives, exprime sa gratitude envers les personnes qui la reconnaissent et lui offrent une accolade sans perdre de vue la vampiresse. C’est surtout son avis qui lui importe, même si le sourire qu’elle lui tend quand elle s’approche est amplement suffisant. Son visage peint un sourire timide à son compliment, mais il lui fait plaisir à entendre. Merveilleuse. « Tu as aimé, c’est vrai ? » Question rhétorique. Elle sait que Rose n’exprime que ses pensées, ne s’embarrassent jamais avec les mensonges. « C’est gentil. On commence à se connaître de mieux en mieux, à force de jouer ensemble et ça rend chaque performance encore plus spéciale ! » Et cette nuit encore plus particulièrement, parce que son interlocutrice fait partie du public. Ses paupières papillonnent, des perles de sueur glissant sur ses yeux, alors même qu’elle a pris le temps de refaire quelques retouches maquillage avant et après le concert. Elle avait donné beaucoup d’énergie sur chaque morceau, ce que souligne sa styliste. Nana acquiesce, avec un petit rire amusé. Chaud, c’était presque un euphémisme. « J'ai l'impression de fondre sous mon costume ! » Elle ferme les yeux et se laisse faire, quand elle prend l’initiative d’éponger son front. La brune finit par dégager les cheveux de son cou pour laisser passer l’air puis s’évente en secouant les mains vers son visage. Lâche un soupir d’aise : « Pfiou, merci. On avait jamais aussi bien pris soin de moi après un concert. » Lui lance un regard complice, qui pourrait être interprété comme une invitation à revenir. « J’ai dit que c’est moi qui t’invitait, mais j’accepte. Un Negroni, pour moi. » Parties comme elles l’étaient, la soirée pouvait s’éterniser à se renvoyer tour à tour l’ascenseur. Rose avait déjà interpellé la serveuse et passé commande, pendant que la musicienne se hisse sur le tabouret qui vient de se libérer près d’elle. Elle veut bien rester près du bar pour l’instant, en attendant la préparation des boissons, pose un coude en se penchant vers sa vis-à-vis. « Je ne t’ai pas vu danser… et tu as à peine touché à ton jus de pomme. » fit-elle remarquer, sans aucune once de reproche mais soulignant au passage qu’elle avait passé beaucoup de temps à l’observer. « Les autres membres de mon groupe m’ont dit que j’avais super bien joué ce soir et c’est vrai, je ne m’étais jamais sentie aussi bien. » Sans oser en rajouter plus, ses iris clairs posés sur Rose suffisent à traduire sa pensée. Sa présence y est pour quelque chose, à n’en pas douter. « Merci d’être venue. C’est un petit aperçu de ce qu’est ma vie, maintenant… J’ai enfin un truc dont je peux être fière. » lui confie-t-elle. La musique l’avait aidé à s’en sortir et ça, elle voulait le montrer à Rose. Elle voulait qu’elle aussi, soit fière. De toute façon, Nana n’ambitionnait pas à davantage de reconnaissance, de se transformer en rock star internationale, juste vivre ces moments magiques était largement assez.

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Tu n’as jamais été avare en compliment à son égard. Tout est bon pour la complimenter. En toute honnêteté bien sûr. Tu ne tombes pas dans la flatterie, dans le mensonge. Tu te le refuses catégoriquement. Surtout envers Nana. Et de toute façon, tu ne sais pas le faire. Tu n’es que sincérité, que spontanéité, qu’émotionnelle. Ce que tu dis, tu le penses. Malheureusement, tu es également naïve. Tu crois que les autres agissent de la même manière. Ce n’est pas toujours le cas. Mais tu n’as aucun doute concernant Nana. Elle exprime ce qu’elle ressent bien qu’il faille parfois lui tirer les vers du nez tu le reconnais. Il n’y a aucune manipulation entre vous. Hormis peut-être celle de vos cœurs. Et encore, cela se nomme plutôt de la séduction. Et c’est une chose saine. « Ça s’est vu dans votre harmonie durant les morceaux que vous avez de l’expérience ensemble. A ce rythme, vous allez bientôt faire un album et partir en tournée mondiale ! » Tu glousses. Tu vas loin, Rose. Aussi talentueux soit son groupe, aussi merveilleuse qu’elle soit, cela reste local, à l’échelle de Brisbane. Maintenant, si tel est leur rêve, tu leur souhaites de le réaliser même si ça impliquerait un éloignement de Nana. Tant qu’elle est heureuse, tu es heureuse. Elle parait l’être en l’instant. La joie de la réussite de sa prestation coule dans ses veines. Et peut-être que ta présence joue un rôle dans son état d’esprit jovial, tu l’espères. Pour sûr, elle a chaud. Rien d’étonnant dans son costume et après son passage sur la scène où les projecteurs l’ont autant mise en valeur que fait transpirer. Tu es mieux lotie dans ton déguisement. Tu as choisi des matières respirantes pour le confectionner. Tu fonds malgré tout devant la beauté de ton interlocutrice. La chaleur qui t’envahit est douce et agréable. Emportée par cette plénitude, tu te permets d’éponger son front. Il va de soi que c’est une manœuvre pour lui offrir de l’attention, de l’affection. « Tes membres sont ingrats alors. A leur place, je te proposerai un massage après chaque concert. » Un sourire malicieux se dessine sur tes lèvres. C’est une proposition déguisée. Elle devrait aisément s’en rendre compte. Surtout si elle se rappelle Melbourne où tu la massais après chaque défilé fait ensemble. Et régulièrement lors de ses visites à ton appartement. Déjà à l’époque, tu avais des doigts de fée. En attendant un éventuel moment massage, il est l’heure de boire. Ça, elle ne peut pas te le refuser. La serveuse interpellée, le Negroni commandé, la brune s’installe sur un tabouret. Tu as perdu ta tête de plus qu’elle, mais tu as gagné d’avoir tes yeux à hauteur des siens. Jusqu’à ce qu’elle s’accoude au comptoir. Tu baisses ton regard à sa remarque. Il est vrai que cela ne te ressemble pas. La Rose habituelle se serait défoulée sur la piste dans des mouvements plus ou moins ordonnés. Tu es restée sagement à l’observer. « Je voulais pas rater une seconde du spectacle. » Tes mains se lient et tes joues rougissent légèrement, trahissant cette demi-vérité. Tu ne voulais pas la rater elle avant tout. Tu reprends rapidement contenance, rebondis. « C’est à croire qu’il y avait une bonne fée dans tes alentours et que ça t’a fait pousser des ailes. » Tu fais référence à ta personne. En fait, tu ne fais que rentrer dans son jeu des non-dits. Ses opales sont si parlantes. Tu sais les décoder. Tu n’as pas oublié comment faire. Le décodeur est gravé dans ton myocarde à l’encre de votre amour. « Merci de m’avoir invitée. » Elle n’était pas obligée. Pas même obligée de te prévenir. Te ne l’es pas forcée. Elle en avait envie. Prête à enchainer, la serveuse revient avec sa boisson. Tu la règles et lui indique de garder la monnaie. Un pourboire généreux à ton image. Surtout le témoin d’un désir de vite t’en débarrasser. « Tu peux l’être en effet. Mais tu sais, tu avais déjà des trucs dont tu pouvais être fière. Tu as tes magnifiques cheveux noirs… » Tu passes délicatement ta main dans sa chevelure. Elle est toujours aussi soyeuse. Tu n’aimais pas la caresser des heures sans t’en lasser par hasard. « Ton regard hypnotisant… » Ce qui t’a frappée en premier lors de votre première rencontre. Ce qui a capturé immédiatement ton cœur. Ce regard que tu fixes tendrement tandis que tes lippes s’étirent, que tes doigts glissent sur sa joue. « Ta peau douce… » Son grain délicat anime tes pulpes, ranime tes souvenirs de ces moments tactiles, parfois intimes. Tu replonges dans le passé, Rose. Peut-être dans un présent voire un avenir. Tu ignores ce qu’il résultera de votre relation en reconstruction. Tu romps le contact physique avant d’instaurer une éventuelle gêne entre vous. « Et tu peux avant tout être fière de ta force de caractère, de ton courage. » Il lui en a fallu beaucoup pour se battre contre ses démons, aller en cure. Prendre conscience de ses problèmes est une chose, les affronter en est une autre. Nana est une battante. Elle ne se laisse pas abattre. Peu importe les difficultés. Tu es fière de ses combats. Aujourd’hui, elle rayonne. Et pas simplement à cause de la musique, de sa passion. Elle rayonne par son naturel. Elle ne porte pas de masque bien qu’elle soit déguisée. Tu la vois telle qu’elle a été, telle qu’elle est, telle que tu l’aimes.

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Oh, won’t you take me somewhere ?
For I am going nowhere.
Won’t you lead me home ? (♫)
ft. @Rose Brooks netherworld, fortitude valley

Partir en tournée, elle l’avait déjà fait. Pas en qualité de tête d’affiche, mais en qualité de petite-amie de rockstar. Nana était jeune, à l’époque, elle ne connaissait rien d’autre que la vie de gosse élevée en foyer et le monde du mannequinat où on la réduisait à un physique, alors elle ne pouvait être qu’impressionnée par ce musicien qui vivait la grande vie, en soulevant des foules dans toutes les villes où il passait avec son groupe. Il avait été un double pansement pour elle, pour palier à sa vie qui avait perdu tout son sens, après Rose qui semblait s’être évaporée, sans qu’elle n’ait plus d’explications. Elle repensait à cette période, sans nostalgie aucune, car elle était loin de se considérer heureuse à l’époque mais pour s’élever au-delà du chagrin et de la douleur, elle avait beaucoup appris. Un soir, on lui avait mis une guitare entre les mains mais elle manquait de dextérité — et aussi de confiance en elle —, avait préféré la basse et ses rythmiques qui soutenaient la mélodie. Depuis, elle avait poursuivi ses efforts pour progresser et là voilà maintenant, capable d’assurer des concerts et de jouer des morceaux plus techniques. Le groupe pour lequel elle jouait comptait déjà un bassiste, qu’elle se contentait de remplacer le temps de son tour du monde, mais elle était reconnaissance aux autres musiciens de l’accueil qu’ils lui avaient fait. Ils l’avaient adopté, elle ne sait par quel miracle, après qu’elle ait réussi leurs auditions. Nana y était allée pour le défi, intéressée par l’expérience nouvelle et cela s’était révélé concluant, à son plus grand bonheur. Elle était contente de pouvoir apprendre et vivre autre chose, cependant, son coeur appartenait toujours à la musique électronique. Cette facette d’elle-même aussi, il lui tarde de la faire découvrir à Rose. La jeune femme hoche vigoureusement la tête pour appuyer les paroles de la styliste. Elles n’avaient jamais eu de grandes conversations sur la musique, bien qu’elles aimaient ça toutes les deux, à l’époque, mais elle ne doutait pas de sa sensibilité pour percevoir combien ils aimaient jouer ensemble. « Oh imagine… ce serait une aventure incroyable mais je ne suis pas sûre qu’ils jouent dans cette perspective. Tu sais, ils ont tous leur petite vie, ici, leur job, leur famille… le groupe, c’est pour se faire plaisir. » La renommée apporterait plus de contraintes qu’autre chose, à leurs yeux. « D’ailleurs, on a l’habitude de boire un verre tous ensemble, après les concerts. Je te les présenterai, si tu veux. » Propose-t-elle, avec un sourire franc. Elle ignore tout des plans de Rose pour le reste de la soirée, dans l’hypothèse qu’elle ne veuille pas s’éterniser dans ce bar, elle avait choisi de la rejoindre directement après le concert. Sans regret, d’ailleurs, car le moment qu’elle passait était très agréable. Il n’y a rien à redire concernant l’accueil qu’elle lui réserve. Nana ronronne presque de plaisir à son contact, même si elle sait que son corps nécessitera un petit peu plus pour revenir à une température normale. « Ils sont plutôt du genre à se rafraîchir à la bière. » explique-t-elle, amusée, se comptant habituellement dans le lot. Sait qu’elle pourrait prendre goût à ce qu’on prenne autant soin d’elle après une performance. « C’est très tentant… je risquerai de les rendre jaloux. » glousse-t-elle. Alors Nana se contente d’imaginer, ce à quoi ça pourrait ressembler, un futur où elle retrouverait Rose en coulisses après être descendue de scène pour s’abandonner à ses doigts experts. « Surtout si tu fais toujours des merveilles avec tes mains. » Les massages lui rappellent des moments plus intimes. Une lueur brûlante illumine ses iris à ce souvenir fugace, cette impression fantôme de ses doigts qui connaissaient chaque millimètre carré de sa peau et savaient provoquer innombrables frissons là où ils passaient. Nana sent s’échauffer ses joues et s’empresse de s’installer pour faire diversion et tenter de reprendre contenance. Le visage de la vampiresse captent son regard alors qu’elle relance la conversation. C’est facile, elle n’a pas à se cacher ni à faire semblant. Rose sait toujours lire entre les lignes quand Nana s’exprime, comprend son humour. La brune affiche un sourire amusé, joue les innocentes en faisant mine de regarder par-dessus son épaule et balayer des yeux la pièce. « Exactement ! Je me demande où elle peut bien se trouver… » Alors que son regard ne trompe pas, intense, posé sur elle comme on contemple une oeuvre d’art. L’arrivée de la serveuse ne l’a même pas perturbée, cette dernière a déjà tourné les talons quand Nana s’empresse de la remercier, réalisant que sa commande venait d’être posée devant elle. Rose s’est chargée de tout, la musicienne lui lance une oeillade pleine de gratitude. Elle ne touche pas tout de suite à son verre, se contente de le tenir dans sa main alors que Rose fait la liste de choses dont elle peut être fière. Un peu gênée, quand elle mêle les gestes à la parole, lance un coup d’oeil par terre, en affichant une mine timide mais toujours un sourire sur le visage. On avait déjà vanté sa beauté, elle a également des amis qui apprécient ses qualités mais personne ne l’avait jamais fait ressentir ce qu’elle peut provoquer en elle. Quelques mots, quelques caresses, le coeur s’emballe, à en avoir le souffle coupé. Une sensation de chaleur se diffuse dans son corps, parvient jusqu’à ses joues, elle en a même des fourmis tout partout. Elle irait peut-être bien s’il n’y avait que ça, mais s’ajoutent les larmes qui perlent au bord de ses yeux et menacent de couler. Ses lèvres laissent échapper un petit rire nerveux, elle les humidifie du bout de la langue et replace une mèche de cheveux derrière son oreille. « Je ne suis pas fière d’être aussi émotive… » marmonne-t-elle, peinant à cacher son embarras même après un petit rire. Nana finit tout de même par afficher un sourire, se moquant d’elle-même et de sa facilité à pleurer pour un rien. Bat des cils, en glissant la phalange sous ses yeux pour les empêcher de perler. « Je sais que tu as toujours cru en moi. » souffle-t-elle, en hochant délicatement la tête. Et je te remercie pour ça. Le regard planté dans le sien, elle ose frôler son genou avant d’y poser sa main pour le caresser plus longuement. « Et tu as toujours été parfaite, je te l’aurai dit et redit, répété tous les jours, si tu m’avais laissée être à tes côtés quand tu te battais contre l’anorexie. Mais tu as réussi à t’en sortir, tu peux être fière de toi aussi. » lui assure-t-elle, avec beaucoup de détermination, avant de s’emparer de son verre pour le lever devant elle. « On devrait trinquer à nos victoires. »

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L’aventure. Le voyage. Des notions qui lui correspondent bien. Nana a toujours eu la bougeotte, l’envie de découvrir le monde. C’était une de vos différences, toi qui es plutôt casanière, apprécies être dans ton cocon. Elle avait su te motiver, te convaincre. Vous aviez planifié un tour du monde à réaliser à l’avenir sans préciser de date de départ. Le temps de mettre de l’argent de côté et vous auriez pris une année sabbatique, que vous vous seriez lancées. Un énième projet avorté par tes démons. Enfin, pas entièrement non plus. Nana est allée au Japon, elle a quitté l’Australie. Alors que toi tu ne quittes jamais Brisbane hormis deux-trois fois dans l’année pour aller voir ton frère cadet à Melbourne. Il va de soi que tu ne comptes pas tes voyages au pays imaginaire. Non pas qu’ils ne soient pas importants, mais les gens ne les considèrent pas. Pourtant, ils t’épanouissent et ouvrent ton esprit. Nana te confirme leur modestie. La musique n’est pas leur vie. Plusieurs contraintes se mettraient sur leur chemin d’une tournée internationale. « Je comprends. Ça demanderait un gros sacrifice. Comme on l’a fait pour le mannequinat. » Partir de chez soi à seize ans, vivre loin de ses parents, devoir être indépendante, limite adulte quand l’adolescence est à son apogée, tant de choses compliquées à gérer. Tu as plusieurs fois envisagé abandonner. La pression était forte sur tes frêles épaules. Tu t’es interdit de briser le rêve de ta mère. Puis tu as surtout eu Nana. Elle était ta force, un levier pour supporter cet univers. Sans elle, tu n’aurais pas tenue aussi longtemps. « Ça veut dire que je casse tes habitudes, j’espère que tu m’en voudras pas. » Un large sourire étire tes lèvres. Nana a choisi de venir vers toi à la fin du concert. Tu as parfaitement remarqué sa démarche décidée en fendant la foule, ne s’arrêtant que le strict minimum pour te rejoindre. « Je veux bien les rencontrer, mais mes massages te sont exclusifs. » Aussi gentille sois-tu, tu ne souhaites pas leur faire profiter de tes talents digitaux. Elle est la seule du groupe que tu as envie de détendre, de toucher, de caresser. Tu es curieuse de savoir si elle est toujours aussi réceptive. Tu n’as rien oublié de ses zones sensibles. Tu sais parfaitement quels endroits stimuler pour lui arracher des soupirs d’aisance. Tu te rappelles même de son parfum d’huile de massage préféré. « Il n’y qu’une façon de le savoir… » La malice au coin de tes lippes, tu sous-entends : te faire masser. Il ne tient qu’à elle de te le demander ouvertement. Tu ignores si elle aura cette audace. Tout dépend de ses craintes faces au réveil du passé. Tu as conscience des risques encourus. Aussi bien pour elle que pour toi. Hormis lors de ton premier massage offert, tu as toujours été sensuelle tant tu es incapable de résister à la douceur de son grain de peau, à sa douceur tout court. Tu n’as pas des doigts de fée par hasard. Et cela te permet de l’enrober de ton aura pour la protéger, pour la réconforter, c’est tout bénéfique. Ça l’aiderait à gagner de la confiance en elle, à accepter ses fiertés au lieu d’être au bord des larmes. Et d’un côté, son émotivité fait une partie de son charme. Tu n’as pas cherché à la faire pleurer. Tu n’as que souligné des faits, des vérités. Nana veut plus que ce qu’elle croit. Et tu ne parles pas du haut de ta subjectivité qui l’estime inestimable. La tendresse se lit sur ton visage. Tu lui signifies ainsi que ce n’est rien, que c’est beaucoup. Tu sais que c’est une force d’être émotive. Il faut être forte pour afficher ses faiblesses, pour laisser parler son cœur. Une énième chose dont elle peut être fière. Toi aussi tu l’es dans une moindre mesure. Elle peut s’en rendre compte lorsque sa main se pose sur ton genou et qu’elle effectue des lents mouvements dessus. Tes pommettes se colorent d’un rouge pâle et les fins poils de tes bras se dressent. Ce contact t’électrise. Ses instants tactiles ont toujours eu des effets fous sur toi. Et que dire de ses mots ? Si touchants. Ils te percutent de plein fouet. Une nouvelle preuve du gâchis de votre amour. Trop secouée, tu ne peux retenir les perles amères de rouler sur tes joues. Elles ne sont pas de tristesse. Elles sont de joie. Tu viens recouvrir le dos de sa main de ta paume. « T’étais à mes côtés, Nana. Quand j’étais au plus mal, quand je voulais baisser les bras tellement la maladie me rongeait, c’est toi qui me relevais la tête. C’est toi et nos souvenirs. C’est toi et ton amour. » Elle t’a donnée du courage à distance. Tu la voyais dans ton esprit. Elle te poussait à avancer. Tu as fait l’erreur de couper les ponts pour ne pas l’inquiéter, pour ne pas risquer de l’entrainer dans cette spirale infernale. Au final, elle s’est fait un sang d’encre et est tombée dans un cercle davantage vicieux. Une fois essuyées tes larmes du revers de ta main de libre, tu saisis ton verre. Tu le lèves et l’entrechoques contre le sien. « A nos victoires, Nana. » Des victoires remportées au prix de nombreuses rudes batailles. Tu apportes ta paille à ta bouche, avales une gorgée de ton jus de pomme. Le sucre ravit tes papilles gourmandes. Il n’en faut pas plus pour dessiner un sourire sur tes lèvres. Sur le point de reposer ton verre sur le comptoir, tu reviens le faire tinter une seconde fois. « A nos retrouvailles. » Une façon de lui signifier désirer vous ancrer dans le présent voire l’avenir. Tu ne veux plus vivre dans ce passé. Il est révolu. Il est l’heure de regarder devant soi. Tu resserres délicatement tes doigts sur sa main. Tu rives tes opales dans les siennes. « J’espère que tu seras toujours à mes côtés désormais. Sache que je serai toujours à tes côtés. Je veux plus te perdre. Je… » t’aime, mais les mots ne sortent pas de ta bouche. Maintenant, entre la lueur de tes iris, la chaleur de tes pulpes, l’écartement de tes lippes, ils sont tout de même prononcés.

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Nana a vu du pays, elle a rencontré du monde, expérimenté tout ce qu’elle pouvait dans les différentes villes où elle se rendait, mais rien n’a jamais été aussi marquant que ce qu’elle peut ressentir lorsqu’elle est en compagnie de Rose. Rien de ce qu’elle n’a pu trouver ailleurs ne peut être comparé à cette sensation d’être exactement à l’endroit où elle devrait se trouver. Au fond, est-ce que ce n’était pas ce qu’elle cherchait dans l’ailleurs ? De retrouver le même sentiment, de se sentir bien ou du moins de sentir autre chose qu’un vide permanent à l’intérieur. Dans une autre vie, si Rose était restée à ses côtés, les voyages auraient eu un sens différent, loin de la quête désespérée, plus proche de l’aventure commune. Elle y pense encore à ce tour du monde, qu’elles projetaient, sans savoir quand elles seraient parvenues à économiser assez d’argent pour se lancer. Nana y pense comme elle pense au milliers d’autres vœux qu’elles s’étaient souhaitées pour l’avenir, quand elles rêvaient encore à deux, et la douleur plonge comme un couteau dans sa poitrine à chaque fois.

Il n’y a rien à regretter. C’est fini et derrière elle, tout ça, s’est-elle persuadée. Nana a réussi à peupler son futur d’autres rêves, bien à elle ; elle est parvenue à exister sans Rose. Désormais, il y a d’autres personnes qui l’entourent, dont les membres de son groupe. Bien sûr, ils ne représentent pas une part aussi intégrante de sa vie, contrairement à la jeune femme à l’époque, mais elle est reconnaissante que le destin les ai mis sur son chemin. Qu’ils puissent continuer de mener leurs existences parallèles, tout en étant réunis par l’amour de la musique, c’est ce qu’elle leur souhaitait. « Oui, une vie comme ça, ce n’est pas fait pour tout le monde. » Le rapprochement avec leurs années de mannequinat est juste, le mot sacrifice est d’autant plus juste quand on sait tout que la styliste a traversé. Une petite moue hésitante avant de poser sa question : « Si c’était à refaire, Melbourne, le mannequinat… tu le referais ? » Pour Nana, ça avait été la chance d’une vie, l’opportunité de mener une existence différente, elle resignerait sans hésiter alors que Rose s’était lancée dans cette aventure pour bien d’autres raisons, fortement poussée par sa mère. Elle a au moins eu cette chance, l’orpheline, de n’avoir de compte à rendre à personne, la liberté de pouvoir suivre sa seule voix intérieure. « Si je suis là après le concert, c’est que je le voulais. » appuie-t-elle, légère et malicieuse. L’envie, l’instinct, peu importe la force qui l’avait poussé à l’inviter et qui l’amenait à se trouver assise en face d’elle. Elle avait fait de se moment une priorité, par rapport aux moments qu’elle partageait habituellement avec son groupe. « Ça va de soi. Je ne dirai rien de notre marché. » Pince ses lèvres comme si elle tirait une fermeture éclair, pour illustrer ses mots avant de rire nerveusement. Elle entre volontiers dans son jeu, sans oser s’aventurer plus loin. Nana sait la magie que revêt le toucher de la petite fée, alors elle n’ajoute rien de plus, pour ne pas être tentée d’accepter.

Alors qu’il lui reste encore un fond de son negroni, la conversation change de ton et se teinte d’émotions - des émotions qui lui nouent la gorge, qui menacent de déborder du creux de ses yeux, car elle ne sait que faire de toute cette tendresse à son égard. Si elle n’a jamais été très douée avec les mots, son corps lui, a toujours été plus éloquent qu’elle. Elle cède à ce besoin de la sentir sous ses doigts, pour s’assurer qu’elle ne rêve et que ces mots lui sont bien adressés. A peine sa main frôle son genou, qu’elle esquisse un sourire, l’air presque incrédule. Elle aurait juré l’avoir senti vibrer sous ses doigts et elle en doute moins, quand elle surprend la jeune femme en train de pleurer aussi. Ses yeux font l’aller-retour entre son visage et sa main qui se pose sur la sienne, impossible de savoir ce qui la retourne le plus, dans cette histoire. Ses phalanges glissent délicatement sur sa peau pour sécher les sillons humides et ses oreilles perçoivent en même temps ce qu’elle avait sur le coeur. Elle déglutit difficilement après avoir bu ses paroles, étourdie à en avoir le vertige par toute la complexité de leur relation. C’est libérateur à entendre, tout comme lourd à porter, de savoir le rôle qu’elle avait joué dans sa guérison alors qu’elle ignorait tout de ce que son premier amour traversait. « Tu as changé ma vie… tu le sais... » lui confie-t-elle, d’une voix si basse que ses paroles auraient pu être englouties dans le brouhaha. Dans tout ce malheur, la conclusion n’est finalement pas si mauvaise. Elles sont là, réunies et Nana sait maintenant que malgré la disparition de Rose, ce qu’elles étaient avait compté et les avait transformé à jamais. De quoi mériter qu’on se lève pour trinquer. Face à elle, Nana vide le reste de son verre d’une traite avant de glousser. Aux victoires et aux retrouvailles. Cette soirée d’Halloween était plus lumineuse qu’annoncée, c’est en grande partie du à la présence de Rose, sa magie qui opère et qui illumine tout sur son passage. Rose, son passé, son présent et… Distraite par le contact de ses doigts, elle finit par se raccrocher à son regard, curieuse de savoir ce que ça signifie. Attentive, attendrie, les mots lui donnent l’effet de flotter au-dessus de tout, comme si rien ne pouvait l’atteindre. Malgré les promesses brisées, elle sait que Rose n’est que sincérité. De façon inconsciente, ses doigts impriment plus de pression sur les siens – elle aussi veut être là, mais elle ne trouvera pas la force de le lui dire. « Tu… » m’aimes ? Les paupières s’ouvrent et se referment plusieurs fois, alors qu’elle reste la mâchoire entrouverte. Son regard s’est attardé sur le rouge de ses lèvres et l’aspect gourmand de ses lèvres. « Tu… quoi ?… Non, en fait, ne dis rien… » Prudemment, elle l’attire plus près d’elle et une nostalgie tendre vient les envelopper quand elle entoure son corps de ses bras. Nana porte des talons assez haut pour ne pas avoir à se hisser sur les pointes de pieds et surtout, c’est la hauteur parfaite pour pouvoir enfouir son visage dans son cou. Yeux fermés, elle se fond dans cette étreinte et éloigne toute pensée, en se disant qu’elle n’a pas besoin de plus. Le monde s’éteint un instant, avec cette impression de retrouver sa maison au retour d’un long voyage.

Une dernière respiration,
et elle se détache.
Elle ne peut pas promettre d’être toujours à ses côtés mais pour ce soir, cette embrassade vaut une déclaration. Nana est certaine que Rose comprend toujours ce langage. Même si elle n’est plus aussi fermée, elle n’a pas changé sur ce point, c’est plus de la maladresse qu’une volonté de la repousser loin d’elle, dorénavant. Elle veut prendre son temps, il le faut. Pour une fois, elle ne sait pas si elle doit suivre son instinct qui la pousse droit dans ses bras. Le cœur avait pris un trop gros coup la prochaine fois. « Merci. » de m’avoir laissé te serrer contre moi. Nana baisse les yeux, comme si elle allait retrouver de quoi lancer la conversation à ses pieds… elle tente quelque chose au bout d’un moment. « Je pensais pas qu’on se dirait tout ça, ce soir … » On vient la sauver de la gêne, elle entend derrière elle qu’on crie son prénom. « Nana, on t’a cherché partout ! J’ai cru que tu étais en train de… Oh… » Il a surpris sa grimace, le chanteur et il s’est tu quand elle l’a fusillé du regard. Visiblement, l’homme se rend compte qu’il croyait mal, qu’elle n’était pas en train de sniffer quelque part – elle leur avait dit qu’elle était clean – et tous les deux finissent par se radoucir après qu’ils aient mis à plat la situation, tout ça, rien qu’en se dévisageant. « Je te présente Colson, le chanteur principal, leader et un peu le papa du groupe. Colson, voici Rose… une ancienne… hm… amie de Melbourne. » La musicienne n’a pas réalisé qu’elle tient encore la main de la styliste dans la sienne, trop prise dans l’embarras de ces présentations. « Enchanté ! » fait le quarantenaire, en tendant une main amicale. « Tu viens boire un verre avec nous ? » Heureusement qu’elle lui avait glissé quelques mots sur les habitudes du groupe après chaque concert, elle savait donc à quoi elle allait s’engager, peut-être. Nana lui jette un regard, attend sa réponse. « Ne te sens pas obligée, surtout... mais ils ne mordent pas, promis. » souffle-t-elle, avec un sourire amusé, à l'attention de la vampiresse.

Lost and found

@Rose Brooks & @Nana Hepburn

Beaucoup de gens ne voit que le bon côté des choses. Être mannequin, ce n’est juste défiler dans de jolies tenues, se faire maquiller, se faire coiffer, être traitée comme une princesse. Ce monde est plus sombre que ne le laisse deviner les paillettes visibles. Entre les voyages et les multiples décalages horaires, la concurrence rude parfois méchante pour décrocher un contrat peu importe le prix, ce n’est pas une vie de rêve. Tu es contente d’en être sortie. Il y avait tellement de pression à supporter au quotidien. Dont celle de garder sa silhouette élancée sous peine de ne plus avoir de travail. Et si tu as réussi à rester dans le moule de ce métier, tu en as détériorée ta santé. Tu ne rejettes pas la faute sur cet univers. Toutes les filles ne tombent pas dans les troubles du comportement alimentaire. Toutes ne sont pas des requins prêtent à dévorer les autres pour avoir leur place. Nana est le parfait exemple de la mannequin modèle. Douce, bienveillante, aidante, elle ne s’est pas construite sa carrière au détriment des autres. Toi non plus, mais toi tu t’es construite via une voie qui n’était pas la tienne. Tu l’as suivie pour ta mère, pour lui permettre de vivre son rêve de jeunesse. Si tu l’as fait par amour, avec du recul, tu aurais fait différemment. « Je sais pas. J’aurais cherché mon propre chemin et j’ignore où il m’aurait mené. Maintenant, mon parcours m’a permis de te rencontrer et de vivre mes meilleurs moments. Rien que pour ça, je le referai sans hésiter. » De ce passé douloureux, tu ne peux oublier la joie de cette rencontre. Nana a été ta lumière. Elle t’a donnée la force de continuer par la simple idée de la voir. Elle a été ta raison d’être, la princesse de ton cœur. Tu pourrais en parler au présent. Son statut n’a pas changé aujourd’hui en dépit des années écoulées et de ce que sont devenues vos vies. « Moi aussi. » Tu n’es pas très concert. Tu n’es pas très bar. Les ambiances y sont trop bruyantes à ton goût. Tu préfères le calme de ton domicile ou de ton atelier, être dans ta bulle. Tu es venue pour elle. Uniquement pour elle. Pour passer du temps ensemble. Un temps qui pourrait passer sous un massage. Nana reste prudente face à cette proposition. Elle a probablement consciente des risques encourus sous tes talents digitaux. Elle n’est pas prête à le prendre. Tu ne lui en veux pas. Tu comprends qu’elle instaure une distance entre vous. Cependant, tu remarques qu’elle se fait de plus en plus courte, qu’elle se rapproche de toi. De ton côté, tu fonces tête la première vers elle. Tu ne crains de te heurter à un mur. Tu ne sais pas être dans la retenue de toute façon avec les gens que tu apprécies. Au pire, si tu fracasses le crâne, elle fera peut-être ton infirmière ? La confession vient naturellement. Tu te jettes sans filet, en toute sincérité. Une déclaration teintée d’instants tactiles. Tu exprimes la puissance de votre amour, tout ce qu’elle t’a offert. Elle a été le remède à ta maladie. Sans elle, tu doutes que tu t’en serais sortie. Du moins, pas aussi rapidement. Sans elle, ta vie aurait été si fade. Tu t’en rends davantage compte aujourd’hui. Il y les moments avec Nana et les autres. Tes ami.e.s, ta famille, personne n’est apte à faire vibrer les choses comme elle le fait. Tel est le pouvoir de l’amour. Tu l’aimes encore. En fait, tu n’as jamais cessé de l’aimer. Ton amour était assoupi. Il s’est réveillé le jour de vos retrouvailles. Tu as failli trinquer à votre amour. Tu n’as pas osé, ne sachant pas s’il est réciproque. Tu penses tout de même en reconnaître des signaux dans son regard, dans ses gestes.

Si tu l’as changé, à ce niveau, elle est restée la même à priori. Tu désires au minimum être à ses côtés, ne plus jamais vivre la souffrance de la séparation. Tu ne le supporterais pas une deuxième fois. Alors que Nana fait mine de vouloir la suite de ta phrase, elle te stoppe. Tu es certaine qu’elle a su lire entre tes lignes. La voir se lever et venir t’enlacer est d’autant plus troublant. Est-ce sa façon de dire Je t’aime ? La sachant très tactile, tu as de quoi y croire. En tous cas, ton palpitant pulse fortement dans ta poitrine. Lui y croit dur comme fer. Tendrement, tu glisses une main dans son dos. Tu le caresses délicatement de haut en bas, comme à l’époque pour la réconforter. Tu te délectes de l’odeur de ses cheveux, de la chaleur de son corps. Des sensations différentes que celles de la plage. Cette fois-ci, elle en est l’initiatrice. Tu n’as plus de colère à chasser. Tu as juste à profiter. Toutes les bonnes choses ont une fin. Nana finit par se détacher. Enfin pas totalement, sa main est toujours dans la tienne. La voyant baisser les yeux, tu approches ta main de libre sous son menton. A l’aide d’une légère pression de ton index, tu lui relèves la tête. Tes yeux pétillants s’ancrent dans les siens. Tes doigts dévient sur sa joue. Tu es décidée à te livrer, à prononcer ces mots non-dits. Mais voilà qu’un homme intervient, te coupe dans ton élan. Dans un réflexe, tu retires immédiatement ta main. Malgré ta gentillesse, tu lui lances un regard noir semblable à celui de Nana. Une de vos similitudes. L’individu se trouve être le chanteur du groupe. Ta déception ravalée, ton sourire solaire revient étirer tes lèvres. « Enchantée également ! » Tu saisis sa main pour le saluer. Il t’invite à prendre un verre. Tu n’es pas emballée par l’idée. Tu préférerais poursuivre ton tête-à-tête avec Nana. Ma foi, tu préfères la partager qu’en être séparée. « D’accord. » « Parfait ! Venez ! » L’homme prend la direction d’une table. Vous le suivez, tes doigts toujours entremêlés à ceux de Nana. Tu ne les lâches que pour t’asseoir sur ta chaise, la brune s’installant sur ta gauche. « Je vous présente Rose, une amie de Nana. » L’intonation d’amie a de quoi paraître suspecte. En même temps, il vous a vues main dans la main et ta paume posée sur sa pommette. Tu admets que ce n’est pas vraiment une attitude habituelle purement amicale « Salut Rose ! », répondent tous en cœur les musiciens. « Ton costume est classe ! », te lance celui que tu identifies comme le guitariste. « Merci beaucoup. Je l’ai fait moi-même, je suis styliste. » « Trop bien ! Ah tu pourrais peut-être t’occuper de relooker Colson. » Il éclate de rire, entrainant ses comparses avec lui. « Au lieu t’occuper de moi, tu ferais mieux de commander. » Une serveuse est là et patiente. Chacun choisit sa boisson. Tu essuies des airs amusés face à ta demande de jus de pomme quand chacun a opté pour une boisson alcoolisée. L’employée repartie, le chanteur reporte son attention sur toi. « Comment vous vous êtes connues toutes les deux ? » Sa curiosité était prévisible. Tu n’as pas spécialement envie de vous exposer en public, d’exposer votre histoire, d’exposer Nana. « On était toutes les deux mannequins à Melbourne puis la vie a décidé de nous séparer dix ans avant de nous faire nous retrouver à Brisbane il y a quelques mois. » Et c’est tout ce qu’ils sauront. Tu ne rentreras pas davantage dans les détails. Votre histoire vous appartient. Sauf si Nana souhaite en dévoiler davantage sur votre relation.

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by anaëlle.

lost and found (rose)

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