D’aussi loin qu’il se souvienne, il vous dira, Alfie, que le chaos a toujours fait partie de sa vie d’une façon ou d’une autre. Sa naissance même n’aura pas été de tout repos. Papa s’amuse à parler encore et encore du jour où il aura décidé de pointer le bout de son nez, le cinquième enfant. Il vous racontera sans aucun doute le moment ou maman a réalisé que le travail commençait, alors qu’elle s’afférait à préparer le repas. Il pourrait vous recréer la scène avec une précision phénoménale, en vous indiquant l’emplacement de sa chaise autour de la table de la cuisine, celle où était assis Tyler, juste à côté de lui. Il pourrait même presque vous détailler ce qui se trouvait sur la feuille devant Tyler, le dernier devoir qu’il se devait de terminer avant de trouver un semblant de liberté pour la soirée. Il vous dira sans doute dans un soupire que la télévision amusait les autres enfants, le générique d’ouverture en trame de fond de la scène. Tant de précision pour que la suite ne devienne qu’un énorme flou. Le shit lâché par la matriarche pour qu’au même moment, le mouvement de la cuillère qui remuait la sauce tomate se stoppant aussitôt. Elle n’aura eu besoin que de dire son nom pour que papa demande à Tyler et Jamie de s’occuper des jumeaux et les installer dans la voiture, tandis que lui aidait maman à s’y rendre. Effort inutile puisqu’à peine arriva-t-elle devant la porte qu’elle annonça à son mari qu’elle n’aurait pas le temps de se rendre à l’hôpital, ni même le temps de s’y faire transporter en ambulance. Le triple zéro composé, les jumeaux envoyés à leur chambre, tout comme Jamie, on demanda à Tyler d’aller chercher l’aide des voisins tandis que les paramédicaux le guidait à l’autre bout de la ligne. La voisine vint à assister, les enfants incapables de rester à leurs postes sans interférer, papa du gérer à lui seul la marmaille qui s’affolait, s’inquiétant du sort de leur mère, entre deux cris de douleur poussés par sa femme. Un véritable shit show. S’il parvient à en rire aujourd’hui et à déclarer que cet évènement à lui seul aura sans doute servi à lui donner quelques cheveux gris avant l’heure, il trouvait la chose beaucoup moins drôle au moment des faits. Si les parents auraient pu aspirer à un peu de calme par la suite, se jurant qu’Alfie était le dernier, ils auront pourtant eu la surprise d’accueillir Archie, deux ans plus tard. Le petit dernier, la surprise finale.

Si la mémoire d’Alfie lui fait défaut aujourd’hui, il se souvient pourtant des détails de son enfance avec une clarté incroyable. Maman dira qu’il ne garde que le mauvais, lui qui rabâchera avec une pointe d’humour, lors des repas de famille, les disputes qu’ils ont pu avoir à l’adolescence, pour des broutilles. Le t-shirt qu’un de ses aînés lui aura emprunté sans jamais le lui rendre, la console Nintendo 64 que papa et maman auront vendus à un ami de la famille, disant que les courses qu’ils faisaient sur Mario Bros ne faisaient que créer plus de tensions. (Elle n’aura pas tort sur ce point, il peut l’admettre. Il se souvient des coussins balancés par la tête, des coups bas fait à l’un et l’autre, et de la voix de papa qui s’élève, autoritaire et dure, lorsqu’ils avaient dépassé les bornes.) Elles sont aussi nombreuses qu’il y a de jour dans l’année, les raisons de ces disputes. Mais les bons moments sont eux aussi pourtant bien présents. Il s’en souvient tout autant, des après-midis passés à la plage, à courir après les vagues, tandis que papa leur criait de faire attention. Les samedis passés à s’inventer des jeux dans la cour arrière, à se croire tantôt pirates, tantôt brigands, se créant des mondes imaginaires au gré de leurs folies et de leurs envies. Le fairy bread en guise de petit-déjeuner un samedi par mois. Cette époque ou s’entremêlaient naïveté et insouciance, ou il pouvait encore croire au meilleur du monde, et où tout était possible. Il semble pourtant si loin aujourd’hui, ce gamin qu’il aura été jadis. Simplement d’y penser lui laisse un gout amer en bouche.



Longtemps la scène l’aura hanté. Il peut revoir toute la petite famille réunie autour de la table, un soir de septembre. Il se souvient de l’odeur du rôti que papa avait fait cuire sur le barbecue. Des pommes de terres que maman avait préparées en accompagnement. De l’étreinte de son frère lorsqu’il entra dans la maison, un tu m’as manqué murmuré à demi-mot, le j’aurais eu besoin de toi le mois dernier, ou étais-tu? Sous-entendu. Tyler était en visite avec sa copine pour le weekend, chose qui se faisait de plus en plus rare ces derniers mois, l’emploi du temps chargé, la vie d’adulte venant contrecarrer bien des plans. Jamie aussi avait répondue à l’invitation, arrivant à peine quelques minutes après Tyler, des cadeaux pleins les bras, elle qui n’avait pas été présente à l’anniversaire de Max. Ils n’étaient plus que de passage dans la maison familiale, une nouvelle vie qu’ils traçaient loin des leurs, ils avaient pourtant enfin réussi à trouver une fenêtre dans leur emploi du temps pour consacrer quelques jours à la famille entre le temps des fêtes et les vacances d’été. Il se souvient de l’atmosphère légère qui régnait dans la maison. Des éclats de rire qui rebondissaient sur les murs, des blagues auxquelles on riait à gorge déployée. Des plans d’avenir balancés par Tyler et sa copine, ça parlait de mariage, peut-être. Dans un an ou deux. Jamie qui avait rencontré quelqu’un, rien d’officiel, qu’elle s’était empressé d’ajouter, sachant pertinemment que maman la bombarderait de questions. Alfie, lui, se contentait de suivre la parade, de rire aux moments opportuns, de lancer quelques répliques ici et là, avant qu’on ne prenne place autour de la table, papa traversant la cuisine avec une assiette qui contenait le rôti. God, ça sentait si bon. Les condiments passés d’un bout à l’autre de la table, ça avait presque un semblant de familiarité, de normalité. Comme si, l’instant d’une soirée, il retombait en enfance.

J’ai décidé de m’enrôler. La phrase lâchée dans ce qu’il jugea être le moment le plus opportun, un silence dans la conversation, alors que Max passait les pommes de terres à Madeleine pour qu’elle en prenne une seconde portion. Il en fallut de peu pour qu’elles se retrouvent étalées sur la table. Après le bruit de la fourchette qui claqua contre la porcelaine de l’assiette de maman, de papa qui déglutit après avoir avalé sa bouchée, plus rien. Le calme plat, le silence absolu. Comme celui qu’il aura connu des années plus tard, après qu’une bombe eut détonné. Comme si c’était entre les quatre murs de cette maison qu’il avait lâché un obus. Et les dommages se feraient ressentir pendant des années. Il se souvient encore du ton de voix de maman lorsqu’elle retrouva la parole, de son non catégorique, lui interdisant de choisir cette voie. Elle avait pourtant toujours été, des deux, celle qui avait encouragée ses gamins à suivre la voie qu’ils désiraient. Même quand Madeleine a dit vouloir faire carrière dans les arts, ce que papa jugeait trop instable comme métier, elle l’avait soutenu. Il se souvient de papa qui lui demanda s’il était certain, parce que c’était toute une responsabilité que de décider d’emprunter ce chemin. Tu y as bien réfléchi? Il avait remué la question dans tous les sens, et c’était ce qui semblait le mieux pour lui. Il pourrait faire une réelle différence dans le monde. Il se souvient encore d’Archie qui lui demanda de but en blanc s’il allait mourir.  Non, je ne vais pas mourir. Enfin, pas demain. Pas la semaine prochaine non plus. Il n’avait que ça comme certitude, maintenant. Il ne savait pourtant pas ce qu’il adviendrait de lui dans un an. Et puis, c’était une noble cause, on lui avait dit, qu’il défendrait. Il pourrait venir en aide à des populations sous le joug de tyrans, il pourrait sauver la veuve et l’orphelin. Gamin qui rêvait d’un monde meilleur, qui avait toujours vu ce qu’il y avait de mieux en l’être humain, il a naïvement cru ce qu’on lui racontait, se disant que les horreurs qu’il avait pu voir à la télévision n’étaient qu’une mince partie de l’équation, qu’il pourrait éviter. Pauvre enfant.



Si les premières missions se cantonnaient surtout à l’aide humanitaire, à ce qu’on lui avait promis, il aura éventuellement déchanté, Alfie. Il s’est souvent dit qu’il aurait dû faire médecine s’il avait voulu rester plus en retrait, faire une vraie différence et sauver des vies. Parce qu’avec ce fusil à la main, et cette veste qui lui couvrait le corps, le protégeant des projectiles, il avait soudainement l’impression d’être en parfaite contradiction avec ce qu’il avait toujours prôné. Gamin autrefois doux, portant un regard bon sur le monde, il se retrouvait là confronté au pire de ce que l’humanité avait à offrir. L’âme pure et innocence qu’il était s’était envolée, en même temps que les éclats d’obus qui l’entouraient désormais. Ce n’est pas le moment pour une prise de conscience. Que lui avait balancé un de ses confrères, le tirant par sa veste pour l’emmener en lieu sûr. À peine majeur, qu’attendait-on de lui au juste? Avait-on cru qu’il était de ces jeunes qui jouait aux jeux vidéo ou l’on se mettait dans la peau d’un tireur d’élite et qu’il n’aurait, pour le coup, aucun scrupule à s’armer et se défendre? Il en était bien loin de ça, Alfie. Il était pacifiste plus que tout autre chose. Il voyait toujours le bon en chaque personne, même si on lui donnait dix raisons de croire qu’il était face à la pire ordure. Toujours il parvenait à trouver un petit quelque chose qui lui donnait espoir, qui lui faisait dire que tout n’était pas perdu.

La lumière dans son regard s’était éteinte des années plus tôt, la première fois qu’il aura vu l’horreur. Papa et maman ont dit qu’il avait changé lorsqu’il est revenu ce jour-là. Le gamin à peine adulte qui leur avait fait une dernière accolade avant de prendre son envol vers des contrées étrangères n’existait plus. Du moins, plus dans la mesure ou ils l’avaient connu. Archie aura dit de son frère qu’il était l’ombre de lui-même et il n’avait sans doute pas tort. S’ils ont posé des questions à un moment, ils ont pourtant rapidement appris à ne plus oser, à ne plus se risquer. Parce qu’Alfie ne voulait pas en parler. Parce qu’ils n’avaient pas besoin de savoir l’horreur qui existait à milles lieues de là. Tout ce qui comptait, c’était qu’ils sachent à quel point ils étaient chanceux de vivre la vie qu’ils menaient. Il leur a épargné, Alfie, les descriptions graphiques d’images qui le hantent encore aujourd’hui. Il a omis de parler des visages de parfaits inconnus qui sont gravés dans sa mémoire, sur lesquels il ne pourra jamais mettre de nom, mais pour qui son cœur pleure chaque jour. D’innocentes vies perdues pour quoi au final? Autrefois bercé d’illusions, les voilà toutes fracassées. Et encore, il était loin d’avoir vu le pire.

Le pire, ç’aura été sa dernière mission, celle qui vint à lui prendre le peu qui restait de l’homme qu’il avait été jadis. Une carcasse qu’on traine sans pouvoir dire ce qu’il était advenu de lui au cours des derniers mois. Plus rien dans l’âme, et le néant dans la tête lorsqu’il lui posait des questions. Les spécialistes diront tous que c’était sans doute là son cerveau qui ne tentait que de le protéger en lui faisant oublier les pires horreurs que l’humanité ait connue. Au placard, les corps mutilés de camarades devenus frères. Rangés dans un coin de sa mémoire, les pleurs d’enfants à qui on venait d’arracher leurs parents. Ne reste plus qu’une nervosité qu’il ne s’était jamais connue jusque-là, qu’une hypervigilance au moindre bruit suspect – et bon dieu, tout peut être un bruit suspect lorsque le cerveau décide de s’y mettre – et une crainte de tout. Il aura appris à reconnaitre le bruit des conserves qui tombent sur le carrelage et à le différencier des bruits qui hantent parfois ses nuits. À ne plus sursauter lorsque les voisins trainent leurs poubelles sur l’asphalte. Parfois, il a l’impression que c’est d’apprendre à vivre à nouveau, comme un enfant à qui l’on doit tout montrer. Parce qu’il n’aura jamais connu, au final, ce que c’est que de vivre une vie normale, Alfie. Tout ce qu’il aura toujours connu, c’est le bruit des bombardements à toute heure du jour et de la nuit, les cris se mêlant au son de pas sur le sol, digne de la débandade des animaux du Roi Lion qui auront emporté Mufasa.



À travers le chaos, il y aura eu elle. Il ne l’aurait jamais cru si on lui avait dit qu’il trouverait quelque chose de doux là-bas. Qu’il parviendrait tout de même à être heureux, à trouver un fragment de bonheur entre deux cauchemars. Que des mains se poseraient sur lui pour autre chose que panser ses blessures – ou peut-être l’aura-t-elle fait, mais d’une toute autre façon. Deux âmes écorchées, désillusionnées, bafouées, ils se seront bien trouvés. Kleo, elle est celle qui lui aura permis de garder un peu d’humanité. Celle qui lui aura permis de croire qu’il y avait encore du bon en ce monde, alors que jour après jour, il ne voyait que le pire de ce que l’homme avait à offrir. Kleo, elle aura été son roc, alors qu’il n’avait plus rien à quoi se raccrocher. Sans elle, il n’est aucunement certain qu’il aurait survécu. Certains jours, c’était pour elle qu’il faisait l’effort d’avancer, de s’accrocher à la vie, alors que l’espoir semblait se faire la malle. Il n’y aura jamais assez de mots pour décrire tout ce qu’elle aura représenté pour lui dans ces moments de détresse. Si elle n’était pas une présence à ses côtés, elle était la voix qui résonnait dans sa tête, l’image qui apparaissait derrière ses paupières closes lorsqu’il parvenait à trouver le sommeil. Kleo, elle aura touché tout ce qu’il y avait de plus horrible, et en aura fait quelque chose d’un peu moins odieux. Moments volés ici et là, même s’ils n’y avaient sans doute pas droit. Que ce soit la morale elle-même qui le dicte – ce à quoi il s’adonnait jour après jour ne donnait sans doute aucunement le droit à Alfie de dérober ces petits moments de douceur malgré le carnage qui les entourait – ou les règles mises en place, il s’est autorisé, le Maslow, à briser les règles pour une fois. À confronter les horreurs de son quotidien et parvenir à trouver quelque chose qui ressemblait au bonheur, à la plénitude, au calme, alors que la tempête faisait rage tout autour.

   
  Extrait d’une lettre écrite par Alfie, envoyée à ses parents :

J’ai l’impression que je transgresse les règles en vous écrivant les lignes qui suivent. Parce que je ne crois plus avoir droit au bonheur. Je ne sais pas si vous pourriez me pardonner si vous saviez ce qui se passe ici, les horreurs que j’ai dû commettre au nom d’une cause qui n’est aucunement celle que l’on ma vendu au départ. J’ai vu les pires atrocités, le pire de ce que l’homme a à offrir. J’ai aussi participé à ces atrocités, je suis devenu ce que l’homme a de pire à offrir. Et pourtant, j’ai trouvé, au milieu du chaos, de l’enfer, la seule bonne chose qui puisse ressortir de toute cette histoire. Elle s’appelle Kleo. J’aimerais bien vous envoyer une photo d’elle, mais la seule que j’ai, je la garde précieusement sur moi. Elle est infirmière ici, envoyée sur le même convoie que moi. Si vous saviez, la plupart des gens ici croient que ce que nous faisons, nous le faisons pour une cause juste, mais j’ai l’impression d’avoir trouvé en elle quelqu’un qui me comprenne, qui se questionne autant que moi sur les motivations de nos actions, sur la valeur de ce que nous faisons, sur la cause que nous prétendons défendre. Comme si elle avait été mise sur mon chemin pour m’aider à tenir bon, me donner quelque chose à quoi me raccrocher lors que l’envie de tout foutre en l’air vient à se faire sentir. Je sais que ça peut vous sembler soudain si cette lettre vous parvient avant les autres, ou juste, si c’est la seule qui vous parvient sur le lot, mais il y a chez elle quelque chose que je ne saurais décrire. Quelque chose que je sais, je ne parviendrai jamais à trouver ailleurs. Parce que personne d’autre qu’elle ne pourra me comprendre à ce niveau. Et j’aimerais bien, lorsque nous pourrons revenir à la maison, vous la présenter.



tw : mention de situation de guerre, ptsd, amnésie traumatique.
C’est l’accueil digne d’un héro que l’on réserve à ceux qui reviennent du front. Ce sont les larmes à profusion et les étreintes qui se succèdent. Maman n’aurait pu être plus heureuse de retrouver son enfant, papa, lui, n’aurait pu être plus fier. Il ne leur aura fallu que quelques jours pour comprendre que ce n’était pas le gamin qu’ils avaient connu qui leur était revenu. Le regard parfois perdu dans le vide, les sursauts au moindre bruit, papa dira que c’était comme si Alfie n’avait jamais quitté le terrain. Comme s’il n’avait pas pris conscience qu’il était de retour à la maison, qu’il était en sécurité. Les cernes se sont mises à se creuser sous ses yeux, incapable de dormir d’un sommeil profond, à l’affut du moindre bruit, du moindre danger. Il aura évité les bulletins de nouvelles, changeant de poste systématiquement, s’assurant de n’y faire jouer que des émissions légères. Maman aura fait de son mieux, lui préparant les plats de son enfance, ceux qui étaient jadis ses préférés. Il les aura tous dévorés, ce qui aura mis un baume sur son cœur, mais après avoir mangé les rations, il aurait sans doute pu se délecter d’à peu près n’importe quoi. Ils auront essayé, les parents, de minimiser les risques, de l’aider à s’adapter à cette nouvelle vie, à retrouver un semblant de normalité, mais la chose s’avéra plus difficile que prévue.

PTSD. Papa et maman diront qu’ils auraient pu se risquer à un tel diagnostique sans même que leur fils ne consulte de professionnel. Rien qu’à le voir naviguer la vie normale, la chose était évidente. Le second diagnostique, quant à lui, surprit les parents. Amnésie traumatique. S’ils avaient cru que leur fils taisait ce qu’il avait vécu pour leur éviter les troubles émotionnels pouvant accompagner de telles révélations, il se trouve que les derniers mois n’étaient plus qu’une page blanche. Il pourra vous parler des autres missions, vous raconter en détail les odeurs, les bruits qui auront rythmés sa vie les années précédentes. Il vous décrira les visages qu’il a vu, ceux auxquels il ne peut donner de nom, mais qui hantent pourtant encore son esprit. De ceux qu’il aura côtoyé pendant des mois, des années même, et qu’il aura du laissé derrière pour sauver sa peau. Il vous racontera les cris et les appels à l’aide tantôt de parfaits inconnus, d’innocentes victimes pour qui il ne pouvait, au final pas grand-chose lorsque son général lui hurlait de battre en retraite. Ceux de ses frères d’armes, blessés au combat d’une façon ou d’une autre. Ceux qui auront supplié qu’on mette fin à leurs souffrances. Ceux qui auront, au contraire, prié qu’on les ramène à la maison, qu’importe ce qu’il leur en couterait. Il vous parlera du rouge écarlate qui aura taché ses mains, ses vêtements, qui aura troublé sa vue aussi parfois. Du beige du sable qui s’élevait dans les airs dès lors que les bourrasques de vent venaient à frapper, celui qui venait piquer les yeux de temps à autre, troubler la vision. Le brun kaki porté par ses confrères et, seule et unique couleur de sa garde-robe pendant des mois, si bien que tout vêtement qui s’y apparente de près ou de loin devient un non catégorique lorsque vient le temps de refaire sa garde-robe.

Pourtant, il y a tout un pan de sa vie qui n’existe plus que dans un grand flou. Il ne saurait vous parler des terres afghanes. De civils qu’il aura tiré des décombres. D’enfants qu’il aura tenté de consoler, de protéger aussi, parce qu’il n’y avait pas plus innocent qu’eux dans cette histoire. Il ne reste que quelques photos cachées dans une boîte qu’il ouvre de temps à autre, pour tenter de se remémorer. Les lettres que maman aura gardées, rangées dieu sait ou, à l’abri des regards des autres, à l’abri des yeux d’Alfie. Parce qu’il est ici maintenant. Parce qu’elle se dit que si son cerveau tente de le protéger en effaçant tout ce qui a existé en cette période, elle devrait sans doute en faire de même. Tout ce qui pourra l’aider à retrouver un semblant de normalité.



Il avait abandonné l’idée, Alfie, qu’il avait droit lui aussi au bonheur. Après tout, qui pourrait bien vouloir de quelqu’un comme lui, avec un bagage aussi lourd à porter? Pourtant, elle aura su se faire une place dans son quotidien, Clara. Elle aura su lui apporter un peu de douceur, de réconfort. Il lui aura fallu bien du temps pour qu’il daigne s’ouvrir à elle, pour qu’il accepte qu’elle le voit réellement, et qu’elle n’idéalise pas l’homme qu’il était. Dating a soldier, that must be hot. They’re all tall and strong. Il l’aura entendu plus d’une fois la phrase, provoquant toujours chez lui un rire amer. Si seulement elles savaient, la fantaisie se verrait bien rapidement rangée au placard. Elle aura pourtant su faire tomber les barrières qu’il s’était mises, chassé cette idée qu’il n’avait plus le droit d’être heureux, Alfie. Elle aura été celle qui, conversation après conversation, aura si lui redonner un peu de cette confiance perdue, de cette estime bafouée. Il aura redouté les premières nuits passées à ses côtés, parce qu’il savait ce qui l’attendait lorsque Morphée parvenait à le transporter loin. Il savait que le sommeil n’était jamais complet, que les huit heures étaient un mythe. Si, au départ, elle aura été troublée par la chose, cherchant à comprendre ce qui pouvait le troubler ainsi, elle aura pourtant su se faire douceur et rassurance. Comme une mère qui berce son enfant, elle l’aura prise dans ses bras, aura glissé ses doigts dans ses cheveux, sa main le long de son dos, tout pour tenter d’apaiser son corps qui tremblait. Elle n’aura pas posé de question non plus, Clara, malgré qu’elles tournaient en boucle dans sa tête. Il m’en parlera lorsqu’il sera prêt. Elle se sera contenté d’être une présence, un point d’ancrage pour lui, celle qui le ramène à la réalité, qui lui fasse prendre conscience qu’entre les quatre murs de cette chambre, il n’y avait rien à craindre. Jour après jour, elle sera restée, contre vents et marrées, faisant fi des cris, des larmes, des excès de colères parfois soudains.

Elle aura su se faire décisive lorsque c’était nécessaire aussi, forçant Alfie à avancer tranquillement, un pas à la fois, sans pour autant trop le brusquer, mais tentant de le faire sortir d’une routine à laquelle il tenait fermement. C’est elle qui aura pris la décision de déraciner leur vie pour la poursuivre ailleurs. C’est elle qui aura dit oui à Brisbane lorsque l’occasion vint à se présenter. Elle qui aura juger que changer d’air était sans doute ce qu’il y avait de mieux pour eux, qu’un nouveau départ ne pourrait sans doute que leur être bénéfique. Après tout, des années passées à Sydney n’avaient rien changées au processus de guérison, et elle avait parfois l’impression de voir Alfie stagner dans son cheminement. Ils auront donc plié bagage, il y a maintenant deux ans de ça, et depuis, c’est à une nouvelle ville qu’Alfie doit s’adapter. De nouveaux bruits, un nouveau voisinage, de nouveaux visages. God, it’s hell.

je saute sur cette fiche comme un espèce de vautour mais laisse-moi te dire que je suis déjà conquise par tout ce que je lis la vibe est parfaite, tes mots aussi, et j'ai seulement hâte d'en lire davantage sur ce que tu pourras imaginer de Alfie
un grand grand merci d'avoir choisi ce pl, tu m'fais un énorme cadeau vraiment, et hésite absolument pas à me solliciter pour tout ce que tu veux

hâte qu'on se brise le cœur ensemble, tu verras c'est un sport olympique ici

Ça me fait si drôle, j'ai connu un personnage exactement du même nom sur un autre forum.

Bienvenue par ici en tout cas.

paul, oh la la.
bienvenue parmi nous.
je te réserve paul pour 7 jours.

j'aime déjà tant ce qui se dessine d'Alfie, et que dire de ces choix de prélien et de fc j'ai bien hâte de vous suivre en jeu avec Kleo, et de découvrir la suite de cette fiche
bienvenue par ici, bonne rédaction

olala ces premiers mots se lisent tout seul, c'est un plaisir de découvrir alfie j'ai hâte de voir ce que tu vas faire du pl, même si je pense ne pas être prête pour le drama, vos plumes ensemble avec kleo seront magnifiques à n'en pas douter
(je vais être obligée de vous stalker avec attention, kendall doit bien savoir quand il faudra ramasser sa jumelle à la petite cuillère )
je me réjouis grandement de lire la suite
bienvenue

Ce personnage promet. Bienvenue parmi nous.

Quelle plume! Alfie est vraiment touchant et le choix de PL se marie parfaitement à ce qu’on lit. Je sens que ça nous fera de la bonne lecture.
En tout cas zéro faute de ta part que ce soit en PL, en FC et même le pseudo en lui-même. Moi en tout cas j’adore . Bienvenue sur BHC.

oh god, mais quel accueil.
vous êtes tellement tous des amours. ça fait chaud au coeur de vous lire et de savoir que vous appréciez déjà mon interprétation d'alfie. (pour l'avatar, tout le mérite reviens à kleo, j'ai juste pioché dans la liste de suggestions. )
j'espère que la suite et la fin de cette fiche sera à la hauteur des attentes que j'ai créé

@Kleo Ackerley tu sais déjà tout, mais ça me fait tellement plaisir de savoir que j'ai misé dans le mile avec mes idées et que ça correspond à l'idée que tu te faisais du personnage.
saches que tout le plaisir est pour moi, vraiment. c'est merveilleux d'être aussi inspiré par les écrits de quelqu'un et il me tarde d'écrire avec toi. (si un pl m'inspire à ce point, j'imagine pas ce que ce sera en rp. )
je sais déjà que ce sera un plaisir de se briser le coeur ensemble.

@Kendall Ackerley promis que c'est pas volontaire qu'il brise le coeur de kleo. faut pas trop lui en vouloir le pauvre. (du coup, je sens qu'un lien alfie/kendall s'imposera. )

à l'admin qui passera par là : c'est évidemment un énorme oui pour moi, le personnage d'Alfie est absolument parfait et je valide à fond cette fiche et cette interprétation du pl

bienvenue par ici !
très belle fiche et très beau pl !
tu ne vas pas t'ennuyer avec Kleo, c'est certain

Bienvenue

cette pépite
je viendrai te voir pour un lien avec un autre de mes personnages, j'ai une petite idée qui se dessine.
en attendant, bienvenue sur bhc, je vois que tu fais une heureuse

Quel personnage, mymy, j'ai hâte de pouvoir me poser davantage pour lire l'intégralité de ta fiche qui me semble plus que prometteuse
Bienvenue sur le forum

merci à vous pour ces gentils mots. tellement heureuse de voir qu'alfie vous plait

@Andy Unigwe ce sera avec plaisir pour un lien. ma boite mp est toute grande ouverte.