[ shadow of mine ] w/ @arlo mansfield

cw: mention de gaslit, langage vulgaire.
Il y a ce sentiment qui la nargue, Kinsley, qui la ronge de l’intérieur. Celui qui ne cesse de l’embêter depuis sa dernière conversation avec Arlo. Elle a détesté la manière dont elle a géré la situation avec sa petite sœur, la manière dont elle a tout fait pour dévier le sujet, allant même jusqu’à gaslit Arlo et si Kinsley n’a pas réellement beaucoup de regrets dans la vie, ça, ça en est définitivement un pour elle. D’en être arrivée là avec Arlo, d’oser lui faire croire que Hasan lui a dit de la merde au lieu de tout simplement étalé toute la vérité sur la table. Kinsley ne peut pas se résoudre à faire cela, pas encore. Pas tout de suite, même jamais. Elle pensait sérieusement réussir à éviter d’en parler avec Arlo jusqu’à ce que les papiers du divorce soient signés et que son chemin avec Dexter se sépare, éventuellement. Rêvait même de ce jour où toute cette histoire serait un souvenir derrière elle, une bonne blague à raconter au souper de famille à Noël.

Kinsley ne sait pas si elle en veut plus à Hasan d’avoir ouvert sa grande gueule.
À Dexter d’avoir raconté à Hasan leur mariage.
À Arlo d’avoir accepté la présence de Hasan dans sa vie.
Ou à elle, tout simplement, de n’avoir rien dit.

Tous ces choix plus hauts — Kin en veut à toutes ces personnes. À eux. À elle. Surtout à elle, mais hors de question qu’elle accepte tout le blâme sur ses épaules tandis qu’elle commence à stresser plus ses pas s’approchent de la marina, tandis que ses mains commencent à devenir moites plus elle voit ce lieu où il y a tant de bons et mauvais souvenirs. Celui-ci risque d’être un mauvais. Une discussion. D’abord hésitante au fait de pointer le bout de son nez, incertaine d’être capable d’endurer l’interrogatoire, les accusations de Arlo. Lui doit-elle absolument tout à Arlo, doit-elle absolument tout lui raconter ? Non. Mais Kinsley a toujours pris un malin plaisir à tout lui dire surtout le plus beau de sa vie. De conserver les moments gênants et sombres pour soi. Jusqu’à ce que la vérité lui éclate en plein visage. Bien fait pour toi, Kinsley et Kinsley avance. Un pas, un autre pas, la silhouette de Arlo qu’elle distingue parmi la marina, incapable déchiffrer l’expression qu’il y a sur les traits de sa petite sœur à cette distance, mais sait déjà, que ce n’est pas son sourire rayonnant qui l’attend. Tu as encore le temps de tourner les talons et t’enfuir, lui faisant faux-bond, elle lui en voudrait, Arlo, si Kinsley ne se présente pas. Il lui serait plus difficile de calmer le feu, ce serait comme ajouté de l’huile sur ce dernier. Autant affronter les flammes tout de suite que plus tard alors ses pas continuent d’avancer, rejoignant Arlo. « Hey. » Qu’elle répond le plus lamentablement possible. Kinsley maintient cette position bien droite, déteste apparaître comme étant dans le tort même lorsqu’elle est dans le tort. Comme maintenant, elle l’est même si c’est petit comme accusation. Puis elle finit par hocher de la tête, elle est là, maintenant, trop tard pour prendre la fuite comme elle sait si bien le faire. Trop tard pour lui dire qu’elle a un empêchement, qu’elles se parleront une autre fois. Autant retirer le band-aid d’un seul coup, ça fait mal sur le coup, mais au moins c’est fait rapidement. « Je crois que si je n’étais pas venue, tu m’aurais soit harcelé par sms ou tu aurais fini par trouver où je me trouve. » Kinsley est venue en paix, cela ne l’empêche de dire ce qu’elle croît être la vérité parce que Kinsley connaît Arlo. « Bon, je suis là, tu veux faire ça comment ? Que je te raconte depuis le début ou juste les grandes lignes ? Et aussi, si jamais tu revois Hasan, dis-lui de ma part d’aller bien se faire foutre avec sa grande gueule. » En glissera peut-être même un ou deux mots à Dexter, si leurs chemins se croisent une autre fois. « Je suis mariée, mais c’était une connerie de Vegas. Rien de nouveau me connaissant avec les conneries, je vois juste pas l’importance que ça a. » Parce que pour elle, c’est un détail.

Un petit détail.
Qu’elle a dissimulé depuis ce retour de voyage.
Qui date. De longtemps.

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cw: —
Arlo est la seule constante dans sa vie.
Le seul point de tous les jours qui ne la quitte jamais parce qu’il y a toujours, au moins, une fois, dans sa journée où ses pensées se tournent dans la direction de sa petite sœur. Que ce soit en voyant une peinture quelconque, un truc ridicule, tout et n’importe quoi et maintenant que Kinsley est de retour à la maison familiale, elle a l’impression de voir Arlo plus souvent qu’elle ne la voit réellement. Arlo est son premier repère et Kinsley a échoué à sa tâche. A fait ébranler la confiance entre elles avec tous ses mensonges. Son mariage. La raison de sa présence chez Dexter lorsqu’elle squattait toujours à son appartement, dans ses affaires. Plus maintenant, elle est partie, il y a quelques temps. Raconter un mensonge lui vient plus naturellement à Kin qu’admettre la vérité et voilà qu’un mensonge vient de lui éclater en pleine face.

Il y a trop de souvenirs dans ces lieux.
Trop de bons souvenirs. Trop de mauvais souvenirs. Un mélange des deux qui vient se compléter à la fin de la journée et aujourd’hui? Aujourd’hui cela risque de rentrer dans la catégorie des mauvais souvenirs. De ceux qu’on préfère ne pas évoquer. Qu’on désire oublier le plus rapidement possible et Kinsley est prête à affronter les tonnerres de sa petite sœur car si elle n’était pas venue, ce lien entre elles serait réellement brisé. Pour de bon et Kin ne veut pas cela. Pas du tout. Jamais. Un ton distant lui ait offert de même qu’une présence distante. Pas d’étreinte rapide, pas de sourire. Juste un simple hey, merci d’être venue. Rien de plus et ça lui fait mal sur le coup à Kinsley, de savoir qu’elle est la raison de cette distance entre Arlo et elle. Ça lui fait mal de réaliser que c’est sa faute si sa sœur lui en veut et elle a tous les droits de lui en vouloir, ça fait juste très mal au cœur, à l’ego, à l’âme d’être la raison de ce fossé entre elles. Puis la révélation vient et Kinsley arque un sourcil avant de froncer les sourcils. Dans un autre genre de situation, Kinsley aurait sauté dans les airs en criant de joie, mais ce n’est pas le bon moment pour le faire et il y a quelque chose qui lui dit que ça peine Arlo plus qu’elle ne le laisse présager. « Ah bon? » Pour combien de temps? veut-elle vraiment demander parce que leurs chemins soient destinés à se croiser en tout temps, n’importe quand et Kin peine à croire que c’est la vérité, mais ça ne la regarde pas et dans n’importe quel moment, elle en aurait profité pour se concentrer sur cette nouvelle. Mais c’est elle qui se trouve devant le jury, le juge et l’exécuteur. C’est elle la coupable, qui attend son verdict, qui est en procès. « D’un moment. Un long moment. » Quelques mois, voire un an, si ce n’est pas plus ? Kin, elle-même ne sait pas à quand remonte cette bêtise. « C’était pour un enterrement de vie de jeune fille d’une amie qui était en commun avec le fiancé et c’est là que nos chemins se sont croisés et il y a eu beaucoup d’alcool et voilà pas longtemps après on était mari et femme devant un Elvis. » Même ce souvenir est flou. « Je ne pensais pas que c’était une information importante, Arlo. Un mariage qui ne veut rien dire, en revenant à Brisbane on a pris des chemins différents, oubliant de demander l’annulation de ce mariage, jusqu’à ce que je me retrouve à la rue et là j’ai eu la brillante idée de me réfugier chez mon cher et tendre mari. Je… » Kin ne voulait pas être un poids de plus sur les épaules de Arlo en allant se réfugier chez elle. Elle ne voulait pas retourner chez leurs parents dans le but d’éviter les regards désapprobateurs. Dexter était le seul choix sain. « C’était qu’une connerie, Arlo. Rien de plus. » Si seulement. « Loin d’être une information importante et grandiose à raconter à ma sœur qui a plus sa vie en mains que moi. Je ne voulais pas continuer à être Kinsley, celle qui a encore échoué à la vie adulte. » Tous ces appartements impayés, tous ses jobs quittés du jour au lendemain.

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cw: —
Elle n’est pas juste envers Arlo, Kinsley. Trop l’habitude de ne pas la mettre au courant de ses nombreuses mésaventures, prétextant ne pas vouloir la mêler à tout cela et Kinsley ne sait pas trop pourquoi elle le fait. Peut-être pour ne pas voir son regard sur elle changer du jour au lendemain, pour ne pas lui donner l’occasion de la voir être ce qu’elle est réellement au fond. Une mauvaise personne, une personne qui ne mérite pas d’être sauvée et peut-être que Kinsley n’a pas envie qu’on la sauve. Peut-être souhaite-t-elle rester celle qu’elle est depuis des années. La même. Qui continue d’en faire à sa tête tout en préservant Arlo. Cela a toujours été sa préoccupation première : ne pas laisser Arlo voir son véritable visage.
Mais elle ne peut pas rester dans ce petit cocon. Dans ses problèmes. Pas lorsque la situation commence à revenir au galop. « Je ne pense pas, non. » Ça, au moins, c’est la vérité. Considérant où en est sa relation avec Dexter, elle ne pense pas croiser Hasan, une nouvelle fois et pour le bien être de tout le monde, c’est mieux ainsi. Parce que Kinsley n’a jamais eu la langue dans sa poche et cela ne risque pas de l’embêter de l’insulter en utilisant tous les noms existants sur cette Terre allant même jusqu’à être prête d’en inventer s’il le faut. Mais ça ne se produira pas parce qu’elle s’est effacée de la vie de Dexter, qu’elle lui a laissé la chance de continuer sa vie sans elle, dans les parages et si cela semblait bien fonctionner, il est possible qu’elle lui fasse plus de mal que de bien. C’est confus dans sa tête sur tous les aspects.

Réussiront-elles à survivre à cette conversation?
Seront-elles capables d’en revenir à la fin lorsque leurs chemins se sépareront une nouvelle fois ou devront-elles monter une montagne impossible pour avoir un semblant de ce qu’elles avaient au tout début. Parce que c’est nouveau, avoir une Arlo en colère en face d’elle et Kin ne sait pas trop quoi faire. Alors que la solution est simple : lui dire toute la vérité, tout lui raconter. Ce serait si facile à faire, mais ça lui semble si difficile de le faire. Le simple fait de lui admettre son mariage est trop pour Kinsley. La marche de l’honnêteté lui semble épineuse, mais elle aimerait tant tout lui dire à Arlo. Elle aimerait tant avoir le courage de lui demander son aide. « Pas tant que ça. » Quelques mois, une année entière? Kinsley n’est plus certaine. Si elle l’est, mais ainsi est-elle. À ne pas voir la réalité, la vérité et ce, même si on l’assomme avec cela. « J’ai dit qu’il n’était pas important à connaître. Tu n’avais pas besoin de le connaître, Dexter était un moyen de me sortir d’une situation difficile. » C’est injuste à son égard, elle le sait. Le réduire à un personnage secondaire alors qu’il est bien plus.

Le moment que le mot confiance sort de la bouche de Arlo, Kinsley sent ses poings se serrées et elle s’empresse de les enfoncer dans les poches de son pantalon le plus rapidement possible. « Parce que je ne vous fais pas confiance. Comme vous ne me faites pas confiance. Je les sens les regards de papa et maman, je les entends les commentaires, les petites comparaisons ici et là.... Oh regarde Arlo, elle a eu une promotion, félicitations à elle. Oh regarde Kinsley est de retour au bercail. C’est fatiguant à la fin de la journée de toujours avoir l’impression de me faire comparer à ma petite sœur. Alors je gère seule parce que je sais mieux gérer seule et vous continuez de vous inquiétez et ça m’étouffe Arlo. Ça m’étouffe de toujours avoir l’impression de m’expliquer pour le moindre truc que je fais. J’oublie de mentionner un truc et c’est la fin du monde. » Elle est injuste et lâche. Elle a toujours géré toute seule, Kinsley. Refusant toute l’aide qu’on lui offre. Dexter. Arlo. Leurs parents. Tous les autres. Puis ses poings continuent de se serrer aux prochaines paroles de Arlo, et c’est sa mâchoire qui suit. Elle a l’impression qu’on vient de l’assommer. Ça fait mal. Trop mal. C’est vif. « Woah! T’as pas besoin de m’insulter comme ça, Arlo. Hasan a fait pire que moi, moi je t’ai juste pas mentionné mon mariage— non, ma connerie de Vegas. » Elle ne le prend pas bien de se faire mettre dans le même panier que Hasan alors qu’elle considère que sa connerie ne vaut pas la peine d’être discutée. Elle n’a pas abandonné Arlo du jour au lendemain, elle a trop fait la fête lors d’un séjour inattendu à Las Vegas, dans lequel elle s’est retrouvée, après quelques jours, la bague au doigt. Ce n’est pas la même chose. Ça ne le saura jamais. « J’ai oublié ok? J’ai oublié d’annuler parce que c’est la vie. On oublie parfois et j’ai oublié. Bienvenue dans la réalité Arlo où les gens oublient. » Survivront-elle? La question qui continue de tourner en boucle dans sa tête, qui ne cesse pas de revenir.

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cw: mention d’addiction aux jeux.
Tout s’écroule autour de Kinsley ; son lien avec Arlo. Sa relation avec Gideon. Sa connexion avec Dexter. Et si elle continue sur cette voie, elle se retrouvera réellement seule. Seule avec ses problèmes. Seule avec son addiction à se rendre au casino, pour dépenser une fortune qu’elle ne possède pas. On récolte ce que l’on sème, ça n’a jamais eu autant d’importance qu’aujourd’hui. Parce qu’avant, elle avait Arlo pour lui faire oublier ses problèmes le temps de quelques heures. Elle avait Dexter pour la faire sentir en sécurité et elle avait Gideon pour ne pas se sentir seule.

Seule, c’est ce qu’elle sera à la fin de la journée.
Seule, c’est ce qu’elle sera ce soir.
Kinsley n’a jamais supporté être seule, ça ne lui a jamais plu et ce, même si elle aime prétendre le contraire et avant d’offrir une réponse à Arlo, elle s’entend pousser un soupir alors que dans sa tête, elle se demande si c’est une bonne idée de lui offrir cette réponse dont elle-même n’est pas certaine du tout. Kinsley n’a pas pris le temps de compter depuis combien de temps qu’elle est mariée à Dexter. « Un an? Un an et demi? Bientôt deux ans, je ne sais pas vraiment, je ne compte pas le temps, pour être honnête parce que je dois le répéter, cela ne veut rien dire. » Un moment, ça fait un moment. Trop longtemps et elle est certaine que cette réponse réussira à faire réagir Arlo, mais pas de la bonne manière. Elle s’attend à se faire incendier sur place, Kinsley. À recevoir le courroux de sa petite sœur et elle le mériterait Kinsley. Elle mérite de se faire remettre à sa place par Arlo, de se faire dire les quatre vérités. Peut-être est-ce exactement ce dont elle avait besoin pour se redresser, de se faire secouer pour se réveiller. « Je l’ai dit. » Comme ça, à la suite de quatre mots, elle se retrouve sur la défensive et ça ne lui plaît et le regrette rapidement.

Ce n’est pas ce qu’elles sont, Arlo et Kinsley et elle a l’impression de se retrouver à des années lumières de ce qu’elles étaient. La déception, la rancune fait cela. « Un mariage qui ne veut ABSOLUMENT rien dire. » Encore une fois, elle se retrouve sur la touche de la défensive et se montre injuste à l’égard de sa petite sœur et Kinsley déteste la position où elles se trouvent. Elle déteste se prendre la tête avec Arlo, elle déteste tout de cette situation. Préférerait que cette conversation ne se soit jamais déroulée, aimerait pouvoir effacer ce que Hasan lui a dit parce qu’elle le sent, cette fissure dans leur relation si belle. Dans cette complicité, leur complicité et quelque part, Kinsley a conscience qu’elles survivront à cette dispute, mais après combien de temps est-ce que la rancune s’effacera? Après combien de temps, finiront-elles par retrouver ce lien d’autrefois, celui où il n’y a pas de fissure. « Tu ne trouves pas que tu exagères un peu? Où est-ce que j’ai dit que c’était toi le problème? Ce sont les autres. C’est moi. Si je n’ai pas envie de partager toute ma vie avec ma petite sœur, j’ai le droit. Tu n’as pas besoin de connaître tous mes déboires ni toutes les conneries que je peux faire en une semaine. » Kin s’enfonce, elle ne le réalise pas encore, ça lui prendra un moment avant de le réaliser. Elle finira par le réaliser lorsque cette conversation sera terminée et qu’elle ruminera pour le reste de la journée. « J’ai dit que j’étouffe à force de toujours devoir m’expliquer pour un rien, à passer un interrogatoire chaque fois que je retourne à la maison. » Et la boule qui ne bouge pas lorsqu’elle est assise à la table, auprès de leurs parents. « Si tu le dis. » Si Kinsley n’apprécie pas se faire comparer à Hasan, elle n’apprécie pas non plus donner raison même si cela peut lui sauver la vie et elle en est à un point où se battre lui semble inutile parce que peu importe ce qu’elle lui dit, Arlo, dans sa furie, retourne toutes ses paroles contre elle. « C’est toi qui m’infantilise là tout de suite, ce n’est pas moi. C’est toi qui me traite comme une gamine, qui me compare à Hasan tout ça parce que j’ai oublié de te dire que j’étais mariée. Tu as raison, je fuis, c’est plus facile et tu veux savoir pourquoi on le fait ? Parce que sinon, on passe un interrogatoire comme celui-ci. Tu ne veux pas que je t’infantilise Arlo, commence par le faire aux autres. » Et la fissure continue de prendre de l’expansion.

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cw: —.
Est-ce que réellement la réalité? Ou est-ce un cauchemar? Si elle se pince assez fort, a-t-elle des chances de se réveiller en sueur? Les probabilités sont minces. Inexistantes même et le simple fait de se remémorer que c’est bel et bien la réalité lui fait mal à Kinsley. Chagrinée à l’idée que cela se déroule à un endroit où elles partagent de meilleurs souvenirs, mais aussi les mauvais. Leur endroit, et ça restera à jamais graver dans sa mémoire, la prochaine fois qu’elles se retrouveront ici. Si elles se retrouvent ici, un jour.

Parce qu’elles sont à deux endroits différents.
À des kilomètres l’une de l’autre, c’est le ressenti qu’elle a, Kin. Si proche de Arlo pourtant si loin d’elle. « Environ. » Qu’elle ressent l’urgence de préciser. Kinsley n’est pas certaine, ne compte pas les jours, les semaines ou même les mois de ce mariage bidon. Ou ce mariage tout simplement, ne sait plus si elle peut le considérer comme étant bidon si elle se base sur les paroles de Dexter. « D’accord. » La réponse se donne sur un ton froid, commence à comprendre que peu importe ce qu’elle lui dit à Arlo, sa petite sœur continuera de penser ce qu’elle a envie de penser. Peu importe tous les arguments qu’elle lui donne, rien ne changera. Elles sont coincées dans cette joute verbale, à argumenter pour ce qui lui semble être minime et Kinsley a envie de comprendre Arlo, mais elle refuse de le faire. Refuse de comprendre son point de vue. Pourtant, la conversation continue dans la même trajectoire qu’elle a débuté. Rien ne change. Ce n’est pas aujourd’hui qu’elle obtiendra le pardon de Arlo pour lui avoir dissimulé cette information tout ce temps. L’obtiendra-t-elle un jour? C’est encore incertain. Elle le souhaite, Kinsley et ce, même si elle ne le montre pas. Pas l’une de ses conneries habituelles, Arlo l’experte dans ce domaine. Si seulement, elle savait.

Si seulement, elle savait toute la vérité.
Sa vision d’elle changerait, Kinsley le sait et c’est pour cette raison qu’elle ne lui dit pas tout. « Et voilà, le masque qui tombe enfin. » Il y a la tête qui hoche, ses lèvres pincées, refuse de laisser Arlo voir que les mots viennent de la blesser comme un poignard en plein dans le cœur. C’est bien sa chance à Kinsley de subir tout ça, en même temps que tout le reste, comme quoi la malchance continue d’être de son côté, continue d’être son fidèle compagnon et à force d’attendre autre chose, Kinsley finit toujours par retrouver cet ami fidèle. Mais les paroles, elle les regrette rapidement.

Mais elle continue de sourire parce que c’est plus facile de le faire.
Elle continue d’hocher de la tête parce que ça l’aide à assimiler le coup qu’elle vient de se prendre par sa petite sœur. Pourtant, cela ne l’empêche pas de savoir que c’est bien mérité, mais ça continuera de piquer plus tard dans la soirée, ça continuera de faire mal encore ce soir, demain et tous les autres jours. Ça continuera de faire mal même dans ces moments où elle prétend que ça ne l’affecte pas plus que cela. Car ça vient se loger dans sa poitrine, près de son cœur, ça donne un coup et un autre et ainsi de suite. Des petits coups qui font mal. Des petits coups qui continueront de frapper jusqu’à la fin des temps. Ça n’était pas censé se passer ainsi. Pas entre elles. Pas entre les deux sœurs. Parce que Kinsley a toujours proclamé haut et fort qu’elles étaient meilleures que cela, qu’elles ne tomberaient jamais dans les abysses d’une relation où la rancœur existe et Kinsley se sent incapable de faire quoi que ce soit pour arranger cette relation. Elles sont mieux que cela, mais les commentaires volent aussi bas que les couteaux et ils font aussi mal que ceux-ci. « Voilà enfin ta chance d’arrêter de te comporter comme une deuxième mère, Arlo. Voilà enfin ta chance de vivre ta vie sans te demander sans cesse quelle connerie j’ai fait. » Peut-être que dans cet instant, c’est le seul moyen qu’elle trouve pour libérer Arlo, sa petite sœur, sa lumière, de ce fardeau qu’elle est elle-même. De lui offrir cette possibilité, cette porte de secours. « Ne t’inquiète pas pour moi, je retombe toujours sur mes pieds. J’ai encore des conneries à faire avant de réaliser que je n’ai plus l’âge pour le faire. » Mais elle la connaît Arlo, Kinsley. Peut-être aussi bien qu’elle, finalement. Sait qu’elle continuera de s’inquiéter pour elle et dans une autre vie, elle lui avouerait qu’elle est incapable de se gérer, incapable d’agir comme une adulte parce que ça la terrorise. Incapable d’agir comme l’aînée qu’elle est supposée être depuis sa naissance. Que ce rôle lui fait peur, lui donne des cauchemars. Dans une autre vie, elle s’ouvrirait entièrement à Arlo et lui demanderait son aide. Mais dans celle-ci, elle est incapable d’accepter ses fardeaux et de leur faire face. « Est-ce que tu as encore de la salive à gaspiller pour moi, Arlo? » Ça la démange de s’enfuir très loin ; pour ne pas la laisser voir les larmes qui piquent ses yeux.

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cw: —.
Lâche, c’est ce qui se répète dans sa tête. C’est ce que sa voix intérieure ne cesse pas de lui répéter depuis le tout début. C’est ce qu’elle lui dira sur le chemin du retour, c’est ce qu’elle entendra avant de s’endormir, au réveil. À n’importe quel moment de la journée. Car tout ça, ne cessera pas d’être rejouée dans sa tête. Demain, Kin sait qu’elle y pensera. Le jour suivant également et ainsi de suite. Où a-t-elle foiré? Quelque part, en cachant la vérité à Arlo, quelque part en ne lui disant pas la vérité.

Quelque part, en étant injuste envers elle.
Arlo, je suis désolée, ce sont des mots si faciles à prononcer, si faciles à dire. Ils sont tout simplement coincés quelque part, au fond de sa gorge, mais elle les pense, Kinsley. De tout son cœur. De son plein gré, Kinsley se retrouve toute seule. Il n’y a plus personne dans son camp. La dernière personne étant Arlo.

Son premier instinct est de briser la distance entre Arlo et elle. De prendre son visage entre ses mains et effacer les larmes qui coulent sur ses joues pour ensuite la prendre dans ses bras et lui demander pardon. C’est son premier instinct à Kinsley qui, au fond, refuse de se dire que cet état dans lequel sa petite sœur, sa ride or die, celle qui a toujours été là, malgré les hauts et les bas, qui n’a jamais été de ces personnes à la juger. Mais ce sont des larmes qui sont sa faute, à Kinsley. C’est à cause des mots qui sortent de sa bouche, de son tempérament ravageant, de son besoin de ne pas accepter la main qui se tend à elle, qui est là pour l’aider depuis toujours. Nombreuses sont les fois où elle a refusé de tout déballer à Arlo, prétextant que c’est mieux ainsi ; qu’en se fermant la bouche, elle protège sa petite sœur. Qu’elle ne l’embarque pas dans son monde plein d’obscurité et peut-être est-ce son moyen à Kinsley, de protéger Arlo, en la conservant dans ce petit cercle de lumière où elle se trouve au beau milieu, comme un phare, en pleine tempête. « Parce que tu t’inquiètes trop des gens autour de toi en tout temps et tu ne vis pas comme tu devrais le faire. » Au fond, peut-être que c’est Kinsley qui a le plus besoin de Arlo et pas le contraire. Elle qui a besoin de sa petite sœur, qui s’est rattachée à elle comme pour se rappeler qu’elle a toujours quelqu’un, quelque part, qui a encore besoin d’elle et peut-être que c’est Kinsley qui est incapable de la laisser vivre sa vie et que ce n’est qu’une excuse pour l’entraîner vers le bas. « C’est mieux que ça se termine maintenant avant... » Avant d’aller plus loin, avant de dire un tas de trucs qu’elles ne pensent pas, avant que le fissure entre elles continue de s’agrandir. Ça, c’est son deuxième instinct ; celui de refuser d’être la première à demander pardon, à s’excuser. Celui qui gagne cette bataille. Celui qui refuse de la laisser être la première à capituler tandis que l’image s’imprègne dans sa mémoire. C’est son cœur qui a mal, son cœur qui souffre et elle ne trouve même pas le courage de terminer sa phrase, d’y mettre une fin, un point quelque part. Plus la force de se battre.

Parce qu’il doit bien y avoir une fin quelque part.
Une fin de toute cette bêtise et demain, elles se réveilleront et ça ira mieux.
Demain, tout cela ne sera qu’un cauchemar.
Demain, elles n’auront pas le cœur lourd et la tête pleine de regrets.
Mais demain, Kinsley se réveillera le cœur lourd, brisé et la tête pleine de regret.
Demain, Kinsley aura l’impression d’avoir perdu une partie d’elle et elle s’en voudra à jamais.
Demain, tout sera différent.
Demain, elle ne sera plus entière. Qu’une moitié ambulante.

Et le corps est lourd lorsqu’elle se décide à tourner les talons, celle qui prend la fuite, c’est son titre à Kinsley. Le cœur est tout aussi lourd — s’arrête après quelques pas, prête à retourner sur ses pas et demander pardon à Arlo. Mais Kinsley n’ose pas se retourner, n’ose plus faire face à sa petite sœur. Elle a perdu le courage le moment où elle lui a tourné dos à Arlo, envolé le moment où elle a décidé de partir à la place d’aller la prendre dans ses bras. Lâche, lâche, lâche, le même mot qui tourne dans sa tête encore et encore et encore alors Kinsley se remet en marche, un pas à la fois, la bouche serrée et les poings serrés, sachant que ses ongles laisseront des marques dans ses paumes. Sachant que la boule au fond de sa gorge prend de l’ampleur et qu’elle a envie de se cacher quelque part pour laisser les larmes couler à son tour. Ravale la boule ou essaie de le faire.

Elle est lâche.
Elle le sait.