stress is the artist behind many of our impulsive actions.

-- ft / @Rhett Barrows
tw: mention de décès, accident, suicide.

Il avait encore parfois du mal à gérer les choses, depuis la mort de sa femme et de son fils, Rick. Il tenait le coup tant bien que mal, avait appris à se concentrer sur d’autres choses, pour ne pas se laisser sombrer. En principe, ça marchait pas trop mal, il y avait sa fille, il y avait le boulot, s’occuper des autres lui évitait de trop se concentrer sur ce que lui, il ressentait. Un genre de déni, sans doute, qui lui permettait de fuir un peu le quotidien. Mais il y avait des jours où c’était plus compliqué que d’autres. Le suicide de sa patiente, récemment, l’avait remis un peu dans la même posture qu’à l’époque de ce foutu accident. L’impression d’être complètement incappable de venir en aide aux autres, toujours la même impression de s’en sortir, quand d’autres n’y arrivaient pas. Les souvenirs étaient envahissants, ces derniers temps. Malheureusement pour lui, il n’avait même pas réussi à les faire taire en se perdant dans les bras de Neasa, puisqu’elle l’avait plus ou moins quitté. Histoire d’amour qui s’était achevée aussi rapidement qu’elle avait commencé. Ce n’était pas facile tous les jours, mais il avait plus ou moins appris à faire avec Maverick. Il n’avait pas vraiment le choix de toute façon.

Mais du coin de l'œil, discrètement, il observait Rhett depuis quelque temps. Il ne savait pas trop si c’était le psychiatre ou l’ami qui analysait les actions de son partenaire de travail, mais il le faisait en tout cas et il reconnaissait chez lui celui qu’il avait été juste après l’accident. Il sentait bien qu’il était sur les nerfs, à fleur de peau et c’était clairement qu’il n’allait pas bien. Vu la maladie de sa femme, on ne pouvait pas le lui reprocher. Mais s’en prendre aux autres pour un oui ou pour un non, ce n’était probablement pas la meilleure chose à faire. Il avait probablement envoyé chier un grand nombre de personnes, lui aussi quand il avait perdu son épouse et leur fils. Mais ce n’était pas ça qui aidait. Il fallait en parler, c’était déjà un bon début. C’était son job d’écouter les problèmes des autres et de leur faire comprendre qu’il fallait qu’ils en parlent. Hypocrite sans doute, parce qu’il n’était lui-même pas du genre à beaucoup s’ouvrir. Mais ce n’était même pas en tant que psy, qu’il avait envie de parler avec Rhett, mais bien en tant qu’ami. Alors il lui avait proposé d’aller boire un verre après le boulot. Histoire de se détendre, ça ne ferait pas de mal et puis, ce serait peut-être l’occasion de mettre un peu tout ça sur le tapis. C’était nécessaire, pour Rhett évidemment, mais aussi pour les personnes travaillant autour de lui et probablement même pour ses patients. Alors, une fois la journée terminée, ils avaient trouvé un coin où aller se poser. « T’inquiète pas, je suis pas là non plus pour me prendre une bonne cuite. » Il lâcha dans un ricanement en s’installant à la table qu’on venait de leur désigner. Il allait être raisonnable, lui aussi. « Une bière pour commencer. » Une bière, ce serait déjà pas mal, peut-être suffisant même. A moins qu’il ne prenne un truc à grignoter avec, ça lui évitera de devoir trouver un truc à manger en rentrant. Mais, une bière, pour commencer, c’était déjà pas mal. « Je sais pas trop encore, je vais essayer de voir ma fille et pour le reste, ce sera probablement de l’improvisation. » Il haussa les épaules. Sans doute un peu de sport et puis du temps passé dans son canapé à ne rien faire. Il allait vraiment falloir qu’il songe à se trouver des occupations, maintenant que sa fille était grande et n’avait plus besoin de lui. « Je vais peut-être tenter de me mettre au jardinage, ça doit être cool d’avoir ses propres fruits et légumes. » Il n’avait rien à perdre à essayer, il avait du temps de libre et besoin de s’occuper, alors pourquoi pas. Enfin, d’ici qu’il s’y mette vraiment, c’était peut-être pas demain la veille. « Et toi ? » Il se risqua à demander, sachant que la réponse allait sûrement tourner autour de Serena. Il avait déjà du mal à sortir le soir après le boulot, il imaginait bien qu’il n’avait pas prévu de sortir ce week-end. Dommage, ça lui ferait du bien.

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tw: mention de décès, accident, suicide.

Boire un verre n’allait pas leur faire de mal. Ils en avaient sans doute tous les deux besoin. Rick, il devait bien admettre que plus ça allait, moins il prenait le temps de sortir. Il fallait dire qu’entre le verre qu’il avait bu avec son ex la dernière fois et le fait de croiser la meilleure amie de cette dernière dans un bar une autre fois, il avait tendance à se dire qu’il était certainement mieux chez lui. Pourtant, il avait besoin de voir du monde, de sortir un peu, plutôt que de rester enfermé chez lui. Alors, même si le but de cette sortie, c’était avant tout de parler avec Rhett, loin du bureau et de ce que ça pouvait représenter, Rick, il se disait que ça n’allait pas lui faire de mal. Il avait besoin de se détendre un peu. Passez trop de temps chez lui, dans lui, dans le fond, ça ne faisait que raviver les mauvais souvenirs et ce n’était pas ça qui allait l’aider à aller de l’avant. Il avait cru qu’avec Neasa, il allait pouvoir laisser un peu de ses peines derrière lui, mais les choses ne s’étaient pas passées comme prévues. Neasa et lui, ce n’était qu’une histoire de plus n’ayant pas fonctionné.

Peut-être qu’il devrait se la prendre, la cuite, histoire d’oublier un peu tout ça. Mais non, ce n’était pas au programme. Il avait l’intention de rentrer chez lui en ayant toute sa tête, Maverick. Il n’avait pas envie de passer sa nuit à vomir, pour finalement se taper une migraine le lendemain matin. « C’est bas, ça. » Il répliqua, faussement vexé par la remarque de son ami. « Mais peut-être qu’en effet, j’ai passé l’âge pour ça. » Les soirées endiablées, elles étaient loin derrière lui. Elles n’avaient que très peu existé de toute façon, vu qu’il avait passé sa vingtaine à jongler entre les études et les couches à changer. Pas franchement le temps de faire la fête, du coup. Il n’avait rien non plus de fou prévu pour le week-end. Peut-être qu’il avait vraiment l’air d’un vieux, pourtant, il la vivait bien sa quarantaine, le brun. « Ça va. J’ai l’impression qu’elle travaille trop, mais j’essaie de me dire que c’est juste mon côté papa poule. » Il haussa les épaules. Elle avait choisi un métier avec des horaires compliqués et qui demandait beaucoup de travail. Elle aimait ce qu’elle faisait, il en était convaincu, Rick, mais il ne pouvait pas s’empêcher d’avoir peur qu’elle en fasse un peu trop. Difficile de ne pas s’inquiéter pour tout et n’importe quoi, quand on était père. « Tu fais une fixette sur mon âge, je crois que c’est toi qui a peur de la quarantaine. » Il lâcha dans un rire, avant d’attraper la bière qu’on était venu leur apporter, histoire d’en avaler une gorgée. « Ça t’intéresse pas, toi le jardinage ? » S’il ne voulait pas garder les livres en question, c’était sans doute parce qu’ils appartenaient à sa femme et que c’était elle que ça intéressait. C’était l’interprétation qu’il en faisait en tout cas Rick. « Comment elle va, Serena ? » Il se risqua à demander, Rick, conscient que c’était un sujet sensible pour Rhett, mais aussi persuadé qu’il avait besoin d’en parler. « C’est bien de prendre de l’avance là-dessus. » Il commenta en haussant les épaules. Si ça évitait de perdre son temps en cuisine le soir après le boulot, c’était pas plus mal. Il fallait bien qu’il profite de son temps libre avec sa femme et leur enfant. Alors gagner du temps sur les repas, c’était pas plus mal.

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S

eptembre
2023

@Rhett Barrows & @Maverick Perkins

TW: maladie

Malgré le stress de son quotidien compliqué qui prenait toute la place dans son esprit, cette sortie avec Maverick lui faisait tout de même un peu de bien, il devait bien l’avouer. S’il faisait des blagues au départ pour ne pas alerter son ami sur sa santé mentale à la dérive, les petits sourires timides qui étiraient ses traits faisaient du bien à son cœur. Plus les minutes passaient et plus ses sourires gagnaient en sincérité tant que le sujet de Serena n’était pas abordé. « C’est bas, ça. » Il haussa une épaule en levant les mains de part et d’autre de ses épaules en cachant difficilement son amusement. « Je ne fais qu’affirmer un fait. » Il pouvait bien rire de l’âge de Maverick, Rhett, mais il le trouverait sans doute moins drôle lorsqu’il aurait atteint la quarantaine à son tour. Il lui restait encore quelques années, mais le temps passait beaucoup trop vite à son goût quand sa vie ne lui plaisait pas. Allait-il un jour réussir à s’épanouir après le décès de Serena ou avait-il manqué sa chance? « Mais peut-être qu’en effet, j’ai passé l’âge pour ça. » Il pouvait juste abuser des bonnes choses s’il le désirait, mais son corps ne se gênerait pas de lui rappeler qu’il n’avait plus vingt ans le lendemain. « Ton foie t’en remercie, j’en suis sûr. » Son fois et son portefeuille, bien que Maverick en avait probablement les moyens.

Si quelques années séparaient les deux bruns, la différence d’âge était bien plus importante entre leurs deux enfants. Rhett était impressionné chaque fois qu’il s’arrêtait à penser au fait que son associé avait dû s’occuper d’un jeune bébé tandis qu’il étudiait à l’université. Leurs chemins avaient fini par se croiser, mais leur vie pour s’y rendre ne se ressemblait pas du tout. « Ça va. J’ai l’impression qu’elle travaille trop, mais j’essaie de me dire que c’est juste mon côté papa poule. » Un rire léger s’échappa des lèvres du diététicien. « Elle travaille en quoi déjà? » demanda-t-il avant de se moquer une fois de plus de l’âge de l’ainé. « Tu fais une fixette sur mon âge, je crois que c’est toi qui a peur de la quarantaine. » Les lèvres pincées, il dodelina de la tête. Et si Maverick avait raison? Peut-être que Rhett transposait sa peur de vieillir sur le psychiatre. « Peut-être que t’as raison. Je ne suis pas pressé de te rejoindre. » Son mariage battait de l’aile sans même que sa femme ne soit au courant, celle-ci bien plus préoccupée par sa santé fragile maintenant qu’elle avait reçu le diagnostic de maladie dégénérative et surtout incurable. Rhett ressentait le besoin de se faire passer en premier pour une fois dans sa vie, mais la maladie de sa femme lui mettait des bâtons dans les roues. Il se sentait incroyablement frustré, mais il ne pouvait pas y faire grand-chose que d’accompagner Serena durant cette terrible épreuve. « Ça t’intéresse pas, toi le jardinage ? » Il fronça les sourcils et dévisagea Maverick en posant son index sur son torse. « Moi? Quand est-ce que tu veux que je fasse ça? » Il passait son temps à courir, sans même avoir le temps de pratiquer ses passions maintenant qu’il pourrait le faire sans que sa femme ne le remarque. « Non, c’est plus le truc de Serena. On a accumulé tellement de choses depuis qu’on a notre maison de toute façon, ça fera de la place. » Peut-être était-ce insensible de sa part de déjà penser à ça alors que sa femme était encore en vie, mais il ressentait le besoin de faire le ménage dans sa vie. Il ne serait pas capable de continuer à avancer si tout dans sa maison lui rappelait sa femme une fois qu’elle serait décédée, raison pour laquelle il envisageait de déménager. En même temps, Jayden aurait sans doute besoin de stabilité et le dépayser encore plus en déménageant dans une nouvelle maison n’était peut-être pas une bonne idée. Pas tout de suite. « Comment elle va, Serena ? » Les épaules du trentenaire se crispèrent à l’évocation de sa femme. Peut-être qu’il ne se contenterait pas que d’une bière finalement. « C’est bien de prendre de l’avance là-dessus. » Il hocha doucement la tête, ne réagissant pas davantage quand la question de son ami repassait en boucle dans sa tête. Tôt ou tard, il devrait y répondre. « Je pense que je vais avoir besoin de quelque chose de plus fort. » dit-il en faisant tournoyer le liquide dans sa bouteille qu’il porta à ses lèvres pour en prendre une longue gorgée. Il pivota son corps et leva un bras à l’attention de la serveuse dès que leurs regards se croisèrent. « Tu m’accompagnes? » Il l’accompagnerait. Sans attendre sa réponse, il se tourna vers la jeune femme. « On prendrait une tournée de shooters. S’il vous plait. » Elle quitta leur table et Rhett se retourna vers son ami en se perdant quelques secondes dans son regard sans rien dire. « Son corps est en train de la lâcher et elle en a pleinement conscience. » Donc elle n’allait pas bien. « Je préférerais cent fois mieux avoir l’Alzheimer que cette cochonnerie. » Il ne prétendait pas que l’Alzheimer était une maladie facile à vivre, au contraire, mais il préfèrerait perdre la tête avant l’usage de son corps. « J’ai besoin de ton avis… » Les bras appuyés contre la table, il se pencha légèrement vers son acolyte pour davantage d’intimité. « Jayden ne va pas super bien ces temps-ci. Je me disais que ça lui ferait peut-être du bien de consulter avec ce qui s’en vient… » Lui, par contre, c’était une toute autre histoire. « Est-ce que tu pourrais le voir? Ou tu penses que ce serait mieux qu’il soit suivi par un thérapeute qu’il ne connait pas du tout? Je ne sais pas ce qui serait mieux pour le lien de confiance… » Il se sentait complètement dépassé, mais il voulait le mieux pour son fils.

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Spoiler:

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L’âge était un détail auquel il ne faisait pas vraiment attention, Maverick. Il avait dépassé la quarantaine et pour l’heure, il n’avait pas l’impression que ça changeait grand-chose à sa vie. Bien-sûr, quand il se souvenait de ses rêves quand il avait eu vingt ans de moins, il pouvait constater que sa vie actuelle ne ressemblait pas vraiment à ce qu’il aurait voulu. Il aurait voulu avoir d’autres enfants, être marié. Il avait eu tout ça, mais c’était un tragique accident qui lui avait arraché sa femme et son fils. Maintenant, il fallait croire qu’il était trop abîmé par la vie pour réussir à retrouver l’amour. Tant pis, il s’en sortait bien, même sans ça. Alors au final, sa quarantaine, il la vivait pas trop mal. « Mouais, j’ai jamais été un grand buveur de toute façon. » Alors ses quarante ans, n’avaient rien à voir là-dedans. Il avait toujours été raisonnable. Peut-être parce qu’il avait été occupé à changer des couches, à l’âge où les autres font la fête et testent leurs limites. « Ouais, il se porte plutôt bien et j’en suis ravi. » Il répliqua dans un léger rire. Au moins, il évitait les problèmes de santé en étant raisonnable, il fallait voir le bon côté des choses.

Il avait fini par parler de sa fille. Il pourrait sans doute passer des heures à parler d’Ula, puisqu’elle était - et de loin - sa plus grande réussite. « Elle travaille comme sous-chef dans un restaurant de la ville. » Un grand restaurant, avec une bonne réputation. Grâce à ses prouesses dans une émission de télé. Il avait de quoi être fier, Rick et pourtant, ses talents de cuisine, elle ne les tenait pas de lui. Pas qu’il soit incapable de préparer quoi que ce soit, mais clairement le niveau d’Ula dans le domaine était bien supérieur au sien. « Et pourtant, ça viendra. » Il répliqua, quant à l’âge de Rhett. Impossible de passer à côté de la quarantaine, il ne serait pas bloqué à vie dans la trentaine. Il faudrait faire le deuil de ses années là, à un moment où à un autre. Ça poussait souvent à faire le bilan de sa vie, ce qui pouvait être compliqué dans le cas de Rhett, mais il s’y ferait, pas le choix, de toute façon. Apparemment en tout cas, l’approche des quarante ans n’allait pas le pousser à se lancer dans le jardinage. « Bha c’est sympa de pouvoir avoir tes propres fruits et légumes et c’est bien meilleur qu’en supermarché. » Il haussa les épaules. Il comprenait cela dit qu’il n’y trouve pas d'intérêt. Chacun son truc et le jardinage, apparemment, c’était celui de Serena, pas de Rhett. « J’veux bien te les prendre, alors. » Il répliqua en haussant les épaules. Ça aiderait Rhett à faire du vide, des fois, se débarrasser de ce genre de choses, ça aidait aussi à aller de l’avant, alors si ça pouvait soulager son ami, il les prendrait ces livres, qu’il s’en serve ou non, ça n’avait pas vraiment d’importance. « J’te préviens, je tiens vraiment pas l’alcool. » Il commenta alors qu’il commandait des shooters. Il l’avait dit, il n’était pas un grand consommateur d’alcool, alors les alcools forts pouvaient rapidement lui tourner la tête. Il l’accompagnerait, mais risquait d’être pompette en premier. « C’est pas facile. Au moins, elle n’est pas dans le déni, c’est pas si mal. » C’était probablement encore plus dur quand le déni venait s’ajouter à ça. Même si, quoi qu’il arrive, la situation était difficile et tragique. « Hm, je pourrais le voir, histoire de lui parler un peu et de te diriger après vers un confrère plus à même de s’en occuper. » Parce que lui du coup, il connaissait le petit et il connaissait sa famille, ce qui compliquait forcément les choses. « Peut-être que vous devriez songer à consulter ensemble. » Il tenta, un peu timidement. Rhett en avait autant besoin que son fils et peut-être qu’envisager un truc plus familial serait bon pour leur relation. Dans tous les cas, en vue de son comportement ces derniers temps, Rhett en avait besoin autant que son fils, c’était certain.

Spoiler:

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Peut-être que sans Ula, il aurait été un peu gros fêtard, Rick. Il aurait profité de ses années d’études pour s’éclater aux soirées étudiantes comme le faisaient un bon nombre de personnes. Mais il était devenu père très jeune - trop jeune, sans doute - et malgré son jeune âge, sa fille était rapidement devenue sa plus grande responsabilité. Alors il avait toujours préféré rentrer tôt après ses cours, afin de pouvoir passer du temps avec elle, plutôt que de rentrer à pas d’heures et étant complètement cuit. La mère de la petite avait fini par se faire la malle, s’enfuir, parce qu’elle ne supportait pas tout cette pression, parce qu’elle, elle voulait profiter de la vie et de son jeune âge, sans avoir à s’encombrer d’un bébé. Alors, même s’il avait eu le soutien de ses parents, Rick, il avait vite été seul avec Ula. Raison de plus d’être là pour elle, qu’en train de picoler à une soirée. Alors, peut-être qu’il était sage grâce à elle, il ne savait pas, Maverick, mais ce n’était clairement pas une mauvaise chose. Au moins, il était en bonne santé. « J’y penserai, ouais. » Il répondit alors à Rhett qui lui disait qu’il pouvait remercier sa fille.

Fille qui était devenue le sujet de conversation à présent. Il était évidemment très fier d’elle, de ses choix de vie et de ce qu’elle devenait. « Le miel container, dans le centre ville. » Il précisa, quant au restaurant dans lequel travaillait. Un restaurant dans lequel lui, il allait souvent manger, évidemment. « C’est pas bon, le déni. » Il lâcha dans un léger rire. Vu sa formation et son métier, il n’allait pas dire le contraire, Rick, même si, pour le coup, c’était plus une blague qu’autre chose. Ils avaient fini par parler jardinage, une passion que se découvrait Rick depuis quelque temps. « C’est vraiment meilleur, déjà pour la santé, y a pas de pesticides, mais même au goût, y a pas photo. » Les tomates bien tendres du jardins étaient un délice en comparaison de tomates dures et sans goût du supermarché ; les tomates, c’était le meilleur exemple d’après lui, parce que physiquement déjà, ça n’avait rien à voir. Mais c’était la même chose pour le poivron et les autres fruits et légumes. Moins bon pour la santé : les shots que voulait commander Rhett. Il le suivait par amitié, mais il l’avait dit plus tôt, il n’était pas un grand buveur. « Te plains pas si tu dois me ramener chez moi parce que je commence à danser sur la table. » Il répliqua, dans un léger rire, en espérant quand même qu’il n’en arriverait pas là. Le reste de la conversation, plus sérieuse, plus compliquée, dans laquelle il voulait injecter un peu d'optimisme, Rick, sans que ce soit une grande réussite. De son moins de vue, il valait mieux dire que ce n’était pas si mal, que de dire que ça pourrait être pire. Choix de mots contestable, peut-être, mais il passait déjà son temps à voir le verre à moitié vide, Rhett, et il avait raison, impossible de faire autrement. Mais, il fallait bien que les autres autour essayent de contrebalancer le négatif. « Tu sais ce que je veux dire. » Au fond de lui, il savait Rhett, qu’il ne prétendait pas que c’était une bonne chose, que sa femme ne soit pas dans le déni, qu’il n’y avait pas vraiment à s’en réjouir. Mais qu’il essayait bel et bien de tirer un tout petit peu de positif d’une situation désastreuse. Il savait bien que c’était difficile de voir du positif dans ce genre d’enfer. Il pouvait bien imaginer que la situation était aussi compliquée pour son fils, alors s’il pouvait l’aider, il le ferait. Au moins en trouvant un confrère qui saurait vraiment lui venir en aide, sans le biais personnel que lui pourrait avoir avec le jeune homme. « On calera ça, quand tu veux. » Il trouvera de la place dans son emploi du temps, n’importe quand si c’était pour un ami. Mais peut-être que Rhett aussi, avait besoin d’un coup de main. Proposition qu’il tente de glisser discrètement. « Sans doute pour commencer, mais c’est une situation familiale, alors peut-être que ça pourrait vous aider. » Peut-être pas tout de suite, mais au-delà d’aider Rhett, ça pourrait préserver leur lien qui allait - ou avait déjà - pâtir de cette histoire. « Y en a des moins chiants que moi. » Il répliqua dans un haussement d’épaules, choisissant de répondre à Rhett dans le même registre que lui. « Oui, mais ce n'est pas le plus important. » Il n’allait pas mentir, des plaintes, il y en avait eu. Rien de grave, mais ça montrait bien que ça n’allait pas. « Au-delà de ça, c’est pas évident ce que tu traverses. Quand j’ai perdu Olivia et Luke, je pensais pouvoir gérer tout seul, ça donne envie de se renfermer. Mais j’ai fini par suivre une thérapie et ça m’a vraiment aidé. » Il n’avait pas arrêté depuis. Parce que ça lui faisait du bien, ce n’était pas facile d’accepter l’aide d’un professionnel et pourtant, ça aidait vraiment. Il prêchait pour sa paroisse, évidemment, mais il savait que les psychologues et psychiatres pouvaient vraiment faire la différence, quand plus rien n’allait.