@Charlène Nightingale & @Molly Hawkins

Les shifts de nuit, c’est pénible, c’est fatiguant, c’est de loin pas ceux que tu préfères, même si t’as pas le choix que de t’y coller. Ça fait partie des joies du métier. Mais ça présente tout de même un avantage non négligeable : tu peux, en rentrant, récupérer tes filles chez la nounou, et les emmener toi même à l’école et à la crèche, rentrer dormir, faire un peu de rangement à la maison, et aller les chercher toi-même l’après-midi, et passer la fin de journée avec elles. Aujourd’hui, en particulier, t’es en congé demain en prime, ce qui te permettra de véritablement profiter de la soirée et du début du week-end avec tes enfants. La météo étant favorable, tu les emmèneras sans doute faire un tour au parc avant de rentrer à la maison pour le goûter, et pour la suite, tu verras bien quelles sont leurs envies. Enfin, surtout celles de la grande, la petite sera sans doute couchée tôt.

Maisie récupérée la première, bien sagement installée dans le porte-bébé, tu te diriges d’un pas vif vers l’école primaire, devant laquelle les parents sont déjà rassemblés pour récupérer leurs gamins. Ceux dont les parents ne sont pas encore là, ou viendront plus tard, s’amusent dans la cour, et tu repère bien vite la petite tête rousse de Maeve. Elle, ne te remarque pas, trop occupée à courir derrière une de ses amies, et avant que tu ne puisses l’appeler, son institutrice te rejoint. Tu la connais plutôt bien, Charlène, tu l’as rencontrée bien avant que ta fille ne soit dans sa classe. Elle a été ta patiente, voici quelques années, lorsqu’elle a donné naissance à sa fille, et vous avez gardé contact après. Aussi, quand t’as su qu'elle serait la prof de ta fille pour cette nouvelle année scolaire, t’en as été plutôt contente.

“Bonjour Charlène ! Je vais bien, et toi ?” Avant même que tu ne puisses lui demander comment ça se passe avec ta grande, elle répond à ta question informulée. Et ses paroles sont rassurantes, même si t’avais pas trop de doute. Maeve a toujours été plutôt bonne élève, sérieuse, appliquée, mais la seconde partie de l’année scolaire passée a été un peu plus compliquée, sans grande surprise - devenir grande sœur, ça a de quoi perturber bien des habitudes, et t’es contente de voir que les choses semblent s’être replacées. “Ah chouette ! Je crois qu’elle aime beaucoup être dans ta classe, elle me parle beaucoup de toi.” Même si tu dois admettre que ces derniers temps, vos conversations sont souvent tournées vers la situation familiale de ta sœur, ta fille étant souvent inquiète pour ses tantes, et ses cousins. Discussions pas toujours évidentes, d’autant que ça vous ramène inévitablement vers votre propre situation et la relation inexistante entre tes filles et leurs pères respectifs. “Je sais qu’elle s’inquiète beaucoup pour son cousin, je suis contente de voir qu’elle arrive quand même à se concentrer.”

@Charlène Nightingale & @Molly Hawkins

Tu ne peux pas le nier, t’es claquée. T’as une grosse semaine dans les pattes, et tu sors d’un shift de nuit. T’as pas dormi beaucoup, préférant profiter de la solitude pour ranger et nettoyer la maison autant que possible et être tranquille pour le week-end. Tu dormiras cette nuit, et demain, tu pourras juste profiter des filles sans te soucier du reste. Peut-être même que tu proposeras à ta sœur de se voir, si elle en a envie. Les fin de semaine en famille, il n’y a vraiment rien de mieux pour se ressourcer. Mais avant ça, t’as une fille a récupérer à l’école, et très vite, la conversation s’engage avec son enseignante. “J’en ai aucun doute ! En tout cas, j’ai jamais de mal à la lever le matin pour venir à l’école.” Et a priori, à l’en sortir, puisqu’elle continue à gambader avec ses amis sans même te calculer. Ce qui te fait plaisir. Toi, à son âge, t’étais une élève studieuse mais impopulaire, cumulant les tares d’être bonne élève, rousse, avec de grosses lunettes. Et de voir que ta fille n’a pas à subir les moqueries et est bien dans sa peau, ça te rend heureuse.

“Oui, c’est difficile pour tout le monde …” Une séparation, ça bouleverse tant de choses dans l’équilibre d’une famille que tous s’en retrouvent affectés. Et c’est sans doute d’autant plus difficile que pour l’instant, l’issue est encore incertaine. Vont-elles finir par se retrouver, réparer leur relation, ou bien la séparation finira-t-elle par être définitive ? Pour l’instant, personne, et surtout pas les principales intéressées n’ont la réponse. Toi, tout ce que t’espères, c’est que quoi qu’il arrive, ta sœur finisse par retrouver le bonheur. Ça te brise le cœur de la voir comme ça. “Mais oui, Jude est forcément affecté par tout ça, même s’il le montre pas toujours. Et Maeve le ressent beaucoup.” C’est tout son monde qui s’écroule, à ton neveu. Ça ne peut qu’être compliqué pour lui. Et ta fille est très empathique, et très proche de son cousin, de ses tantes. Bien des discussions ont eu lieu entre elle et toi ces dernières semaine, pour qu’elle comprenne bien ce qu’il se passe - elle qui n’a connu que ta séparation d’avec le père de Maisie, qu’elle ne considérait de toute façon pas comme un père.

“C’est gentil, merci. Elle adore apprendre de nouvelles choses, c’est une petite curieuse, ça m’étonnes pas. J’ai même parfois du mal à la suivre.” Elle pose beaucoup de questions, auxquelles t’as pas toujours les réponses - tu passes beaucoup de temps à rechercher les réponses, et donc, à toi aussi apprendre. “Ah ça !” Elle tient ça de toi, l’énergie à revendre. “Sa prof de danse était malade, mercredi, du coup elle n'a pas pu se dépenser comme elle aurait eu besoin.” Elle a un autre cours demain matin, ça lui fera le plus grand bien. Elle est autant accro que toi à la danse, chose qui te réjouit au plus haut point. “Mais si elle arrive à rester en place en classe, c’est le plus important.”