mars 2024
La journée avait été pas mal longue. Consultation parfois éprouvante qui lui absorbait toute son énergie. Il n’était parfois pas évident d’entrer ainsi dans la vie de ses patients, de fouiller là où le mal se cachait. C’était néanmoins nécessaire pour la guérison mais aussi la mise en place de leur traitement. Des rendez-vous qui étaient généralement tout en émotions et parfois larmes. Chose qu’il devait encaisser malgré un code déontologique très strict. Il ne pourrait jamais être ce médecin froid et sans âme que certains de ses patients pouvaient lui décrire. Surtout pas, vu la spécialité dans laquelle il s’était engagé. Mais l’humain prenait du temps et de l’énergie. C’est presque avec un soulagement que l’horloge indiqua la fin de sa garde. Enfin. Son dernier rendez-vous était terminé depuis une heure mais il avait eu quelques paperasses et autres bagatelles administratives à régler. Tout était enfin prêt pour qu’il puisse s’en aller. Le programme de la soirée était bien trop important pour qu’il ne soit en retard. Sa meilleure amie avait eu une excellente idée en lui envoyant ce sms plus tôt dans la semaine. Il adorait ces soirées où ils finissaient tous deux sur le canapé à parler tranquillement. Ces heures à ses côtés étaient une vraie bénédiction, que dire, elles étaient salutaires pour recharger ses propres batteries. Un peu de calme après une tempête pas mal agitée ces derniers temps. Emmy, la fille de Charlene, serait sans aucun doute là aussi. Cette petite fille qu’il adorait et choyait depuis qu’elle était née. Si certains adultes exécraient la présence d’enfants, c’était loin d’être son cas. Emmy était une sorte de nièce pour lui, une petite fille bien espiègle qu’il adorait faire rire dès qu’il la voyait. Le trajet entre l’hôpital et l’appartement de son amie s’est passé sans encombre. Et c’est à l’heure qu’il toqua à la porte, prêt à passer une agréable soirée avec les deux femmes préférées au monde. L’une d’elle, la plus grande, l’accueillit à bras ouverts quelques secondes à peine après avoir frappé. « Hey... » prononce-t-il alors avec un sourire mais à peine put-il répondre à la jeune femme qu’une petite tornade lui sauta dans les bras. Automatiquement, ses bras entourèrent le petit corps et il la souleva dans ses bras. Emmy était définitivement incroyable. Il ne connaissait guère une petite fille aussi enjouée et chaleureuse. Charlene était une mère exceptionnelle – il ne cesserait de le répéter. « Et tu m’as aussi beaucoup manqué. » répondit-il autant à la mère qu’à la petite qui se trouvait dans ses bras. « Vous m’avez toutes les deux manqué. » rectifia-t-il avec un sourire avant de se tourner à nouveau vers la petite fille. « Alors, comment va ma nièce préférée ? » reprit-il en s’adressant avec joie. Il était toujours heureux de passer du temps avec Emmy. Nièce n’était pas réellement le bon mot mais qui se souciait réellement du sang ? Il avait toujours considéré Charlie comme la sœur qu’il n’avait jamais eue, sa fille ne faisait donc pas exception. Si elle était la seule dans son entourage, cette formulation la faisait toujours rire elle aussi. Et rien n’était plus beau à entendre que le son d’un rire d’enfant. Il paraissait que les fées naissaient des premiers rires d’un bambin. « Dis donc tu as mangé beaucoup de soupe depuis la dernière fois qu’on s’est vus ? T’as encore grandi. Bientôt tu vas être aussi grande que ta maman. » déclare-t-il. Il est vrai que les enfants grandissaient bien trop vite. Il l’avait vu avec la fille de Charlie, cette dernière poussait comme un petit champignon à chacune de ses visites – et Dieu savait qu’il était loin de venir les voir si peu souvent. Certains diraient qu’après tout, les mauvaises herbes poussaient vite. Emmy était à un âge où elle n’était plus un bébé depuis longtemps mais s’amorçait pleinement dans l’enfance. Un âge où chaque jour était signe de nouveaux progrès, de découvertes et d’apprentissages. « J’ai ramené quelques trucs aussi. » dit-il énigmatique à la fillette, avant de la reposer doucement au sol. « Parce que, que serait une vraie soirée sans marshmallow dans le chocolat chaud et du popcorn ? » annonce-t-il avec un grand sourire en sortant de sa sacoche les deux sachets visés. Rien n’était meilleur que la malbouffe quand deux amis étaient réunis – sûrement qu’Emmy se ferait une joie elle aussi d’en prendre un petit peu. Le sucre était après tout un remède excellent pour tout ce que des amis aussi proches puissent se raconter – les ragots, les potins mais surtout les peines de cœur qui finissaient toujours par surgir lors de ces soirées. Et tous deux savaient que chacun en avait gros sur le cœur à leur manière.