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Elle ne se fait pas encore trop à ses soirées-là. Pourtant, ce n’est ni la première, ni la dernière fois. Mais ce n’est pas son truc, voilà.
Aster préfèrerait rester dans son coin. Ne parler qu’à celles et ceux avec lesquels elle se sent bien. Ne pas se sentir obligée de faire semblant. Ne pas se sentir obligée de trouver des sujets de conversation, même pas si intéressants. Ne pas avoir l’impression de ne pas l’être, elle, intéressante. Ne pas devoir brasser du vent. Elle n’aime pas les échanges futiles qui ne sont là que pour combler un blanc. Et puis, elle n’aime pas ce dont elle craint avoir l’air, en société. Déteste l’idée qu’on puisse la démasquer – elle, la fausse sociable, à l’aise, qui sourit et qui rit, d’un naturel apparent qui en réalité lui pompe toute son énergie. Ces soirées-là, c’est simple, lui donnent le tournis. Sont un exercice nécessaire mais compliqué auquel il faut exceller. Parce que cela va de pair avec sa carrière. Et en vérité, Aster n’est pas aussi anormale qu’elle se l’imagine. Sans doute qu’on la remarque un peu, tout de même, sa timidité. Celle qu’elle combat d’arrache-pied, plus encore en société. Mais elle n’est pas bizarre, n’est pas étrange, encore moins un animal de foire. Sa vision d’elle-même n’est pas celle des autres. Cela ne rend pas l’exercice de ce genre de soirées, plus aisé.
Tout de même, elle doit l’avouer ; avec le temps, elle s’est améliorée. La confiance n’est que façade, mais elle a su la travailler. C’est qu’à dire vrai, Aster est plus douée pour les politesses et les échanges qu’elle ne l’imaginait. Enfin, cela dépend de qui. Mais, parce que ce n’est ni la première, ni la dernière fois qu’elle se rend à ces soirées-là, Aster s’est constitué un noyau de connaissances et d’ami.es qu’elle est toujours ravie de retrouver. A force, il y a des visages qu’elle retrouve, des visages qu’elle reconnaît, recroise. Du moins, quand ces soirées-là rassemblent le monde musical. Mais ce soir, c’est un peu (beaucoup) plus que cela.
Parce qu’il n’y a que le monde de la musique, les chanteurs, les musiciens. Il y a aussi du monde un peu plus connu que cela, un peu plus large aussi. Des mannequins, des stars de cinéma. Tout un gratin tout à coup impressionnant, pour Aster. Et en même temps, à force, elle commence à s’y faire – un peu. Autant qu’elle le peut, à son niveau. Elle, elle n’est pas encore grand monde – doute même de l’être un jour. Et qu’importe, puisque ce n’est pas son genre, puisque cela ne la fait pas rêver. Elle veut juste pouvoir continuer à faire ce qu’elle aime, pouvoir en vivre, comme elle a commencé à le faire. Le rêve a pris vie. Mais tout de même, elle se sent comme un imposteur, ici. C’est peut-être pour cela qu’elle en est déjà à sa deuxième coupe – elle a toute sa tête encore mais l’alcool a le mérite de la détendre. De la mettre plus à l’aise. De l’aider à se poser moins de questions, surtout quand vient l’heure de faire la conversation. Alors la voilà presque comme un poisson dans l’eau – du moins en apparence, toujours – virevoltant avec prudence de groupe en groupe. Jusqu’à tomber sur lui.
Presque nez-à-nez. La voilà qui se trouve bête. Coupée dans son élan, s’arrêtant presque brusquement. Elle y a pensé, pourtant. Le recroiser peut-être. Surtout qu’elle sait maintenant ce qu’il fait de sa vie – d’où sa présence ce soir, ici. « Tiens. Ken. » Elle se reprend. Esquisse un sourire, sincère – même si elle ne sait toujours pas trop ce qu’il lui évoque. Ce qu’elle en pense. Leur rencontre lui a laissé un sentiment bizarre. C’est le mot. Elle ne sait pas trop si c’est positif ou négatif. « Je vois que tu te contentes plus de revenir tous les soirs au bar de l’autre fois pour me revoir. » Une légère touche d’humour, en allusion à la blague de l’autre fois. Celle qui avait brutalement tourné court, alors qu’il mentionnait un petit ami qui n’apprécierait pas vraiment qu’elle lui laisse son numéro. Voilà – elle se sent bête de ramener la blague sur le tapis, à présent, Aster.
Kendall Ackerley
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MEMBRE ☆ old wounds you got a little more to prove
âge : 27 ans, et toute l'insolence qui va avec. nul autre souci que les premières rides, pourtant imperceptibles.
statut civil : il se dit célibataire, bien qu'englué dans une relation en dents de scie ; le cœur brisé par la perte d'une idée fantasmée, jamais le cran d'agir, bien meilleur en coups d'un soir qu'en engagement.
occupation : mannequin, aux yeux du monde. et de grands rêves de musicien, assouvis en secret, lorsque les doigts s'envolent sur les touches du piano.
adresse : loft au 530 cbd.
intervention pnj : Oui
pronom perso : il
trigger : hard no : inceste, pédophilie, viol. // selon comment c'est abordé : agression sexuelle, violences conjugales, grooming & relations avec gros écart d'âge. // on peut plus en discuter par mp.
warning : deuil, accident de la route, alcool, drogue, dépression.
infos rp : présence : quotidienne, réponses toutes les 2-3 semaines selon l'inspi. style rp : j'écris en il ; entre 400 et 1500 mots, selon le rp, l'inspi, etc. dialogues : en blueviolet, français ou anglais.
À force, Kendall aurait dû s'y habituer, à ces vingt-heures de vol séparant Paris de Brisbane. Et au décalage horaire qui s'ensuit. Et à l'humeur maussade, dès le tarmac foulé ; l'ennui incommensurable qui guette au terme des festivités.
Pour ce qui est de l'ennui, en réalité, il n'est pas tant à plaindre. D'accord, assister à un énième gala – ou simplement à une soirée mondaine où il est de bon goût de se montrer ? il ne s'est pas posé la question – n'a jamais été, pour lui, l'activité la plus réjouissante, mais au moins aura-t-elle le mérite de faire office de sas de décompression entre la folie des défilés qui l'a happé ces derniers jours, et la vacuité de son existence australienne. Un objectif, aussi peu motivant soit-il, pour se tirer du lit au milieu de l'après-midi, encore abruti par le nombre décadents d'heures de sommeil qu'il s'est octroyées sitôt sorti de l'avion, et par celles qui lui manqueraient encore pour se sentir requinqué. Il ne fera pas mentir sa réputation de mannequin occupé et fatigué. En atteste son regard cerné, tout de même amoindri par une dose savamment étudiée, au fil du temps, de fond de teint – histoire qu'il ait juste l'air d'avoir veillé un peu tard la nuit dernière, sans pour autant embrasser l'apparence d'un mort-vivant. C'est un peu devenu sa marque de fabrique. Étonnamment, le style insomniaque semble avoir la cote.
Ken ne compte plus les fois où il a prudemment regardé autour de lui, s'assurant du mieux possible qu'aucun œil indiscret ne soit braqué sur son visage, pour bâiller. Ni celles où il a dû étouffer un soupir devant la vitesse à laquelle les petits fours disparaissent – parce qu'à l'heure à laquelle il s'est réveillé, il a dû choisir entre prendre un repas solide et s'offrir un ravalement de façade pour se redonner tête humaine, et que c'est la seconde option qui a remporté ses faveurs. Il est mannequin, après tout, on lui pardonnera toujours plus volontiers des gargouillements d'estomac que des cheveux en pétard. N'empêche qu'il à les yeux rivés à sa montre. D'ici une trentaine de minutes, une fuite discrète devrait être socialement acceptable. Il rêve d'un burger, étrangement. Ce doit être une folie de cette nouvelle année. C'est pourquoi sa conversation est drainée au strict minimum, avec pléthore d'acquiescements – par chance, la plupart des convives adorent s'entendre parler, aussi sa subite laconie, faute peut-être de passer inaperçue, doit être des plus appréciées. On peut lui raconter des exploits qui le laissent parfaitement indifférent avec joie, tandis que lui évite le risque de laisser le mot frites s'infiltrer comme un lapsus révélateur dans son discours.
Puis la fille qui déblatérait au sujet d'une série où elle doit apparaître dans les prochains mois – l'actrice, charmante, mais la genèse du projet évoqué, indigne du moindre intérêt – se fait attraper le bras par son agent, se glissant alors dans la foule jusqu'à s'y fondre, et c'est là qu'en inclinant la tête sur la droite, Kendall la voit. Incrédule – cela doit se dessiner sur son visage, aussi s'efforce-t-il de vite reprendre ses esprits. Mais, de ce dont il parvient à se souvenir, rien dans ce qu'Esther lui avait dit, ce soir-là, n'aurait pu lui faire s'attendre à la croiser dans ce genre de lieu. Ce n'est pas l'impression qu'il s'en était fait, en tous cas – les mots se sont délavés dans son esprit, mais il avait gardé l'image d'une fille sur la retenue, discrète, contrairement à son monde tapageur où l'on affiche son rang et sa richesse pour un rien. Ce monde dont la soirée est parfaitement représentative – à l'exception, donc, d'Esther.
« Esther. » Il serait faux de prétendre qu'il y a beaucoup repensé ; il en a eu des rémanences, le lendemain, mais celles-ci s'étaient vite dissipées dans d'autres verres, d'autres mots, d'autres visages. Et elle n'était redevenue qu'une rencontre parmi tant d'autres. Pourtant, le prénom lui est revenu instantanément – ce prénom qui ferait froncer les sourcils de n'importe qui connaissant la jeune femme, puisqu'il n'est pas le sien ; Ken, évidemment, ne s'en doute toujours pas le moins du monde. Il est encore un peu hésitant, en entendant le sarcasme – ou la plaisanterie, allez savoir. La fatigue le rend moins agile à décoder ce genre de convenances. Une chose est sûre : il aimerait être aussi ivre que la dernière fois. Au moins, les mots lui venaient alors facilement. « Non, j'ai diversifié mes chances. Mais tu n'es pas la première personne que je m'attendais à voir ici. » D'un vague geste de la main, il désigne les alentours ; les gens richement parés. La décoration outrageuse. Les flûtes de champagne – plutôt cher, d'après son expertise – qui circulent sans sembler se tarir. « Tu dois être une sacrée bonne violoniste, s'ils t'ont invitée. » S'il se souvient de sa supposition, il a certainement oublié que cela n'a jamais été confirmé par Esther – et tient, maintenant, pour vraie l'information tout droit sortie de son imagination. De toute façon, apprendre qu'il s'est planté sur l'instrument ne sera sans doute pas la plus grande surprise qui l'attend.
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Aster Barrows
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pseudo : winter solstice.
id card : grace van patten / rathmoore@av, awona@header & icons, city of stars (la la land)@lyrics..
pronom irl : elle.
multicomptes : dora & toute la team.
âge : vingt-sept ans, l'impression de plus par moments.
statut civil : célibataire, elle reste l'incomprise, la solitaire, et s'en délecte.
occupation : pianiste professionnelle, à l'aube d'une carrière prometteuse.
adresse : cbd, apt. 223.
intervention pnj : Oui
pronom perso : elle.
trigger : inceste, cruauté animale, violences et agressions sexuelles, maltraitance, automutilations, descriptions contenant du sang, age gap +15 ans.
warning : tromperie.
disponibilités : indispo (-1/5).
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Dans des événements comme celui-là, Aster se sent encore comme une imposture. Comme si elle n’avait pas le droit d’être là, ne le méritait pas. Que fait-elle aux côtés des acteurices, des mannequins ? Des cinéastes aux mille et une récompenses, des chanteur.euses de talent ? Elle, elle ne fait rien d’exceptionnel – rien d’autre que manier plutôt bien l’art du piano, d’enchaîner avec une étonnante agilité les notes, de caresser les touches avec délicatesse pour produire des sons mélodieux. Cela lui est si naturel qu’elle pourrait presque trouver cela facile, si elle ne passait pas ses journées, depuis son plus jeune âge, à s’entraîner, à composer, à jouer, du matin jusqu’au soir et du soir jusqu’au matin. Elle n’y voit aucun exploit, elle, Aster, même si cela demande du travail. Même si cela n’est pas donné à tout le monde. Mais en réalité, peut-être que si elle se sent autant une imposture, ce soir, c’est parce qu’elle, elle n’est pas invitée pour son physique, pour son charisme, pour ses prestations sur scène ou dans un film – c’est qu’elle, elle ne fait que produire de la musique. Ce genre de soirées, finalement, cela ne fait qu’amplifier tous ses complexes. Mais d’un autre côté, elle ne peut pas s’en passer, Aster. Elle doit se montrer, elle doit se faire connaître. Et puis, elle pourrait se faire des relations, remplir un peu plus son carnet d’adresses. Alors, elle pourrait peut-être toucher du bout des doigts son rêve : composer la bande originale d’un film.
Elle n’aime pas cet exercice. Celui des relations. Celui du small talk, celui de l’opportunisme également. Elle n’aime pas tout simplement pas se sentir hypocrite, Aster. Encore moins se forcer à parler à quelqu’un qu’elle n’aime pas. Mais, elle doit l’avouer : avec les années, son passé notamment en orchestre, elle a appris à se débrouiller. A survivre dans ce genre de milieu, à survivre en devant faire la conversation. Alors, elle sait mettre un masque, la blonde, pour prétendre être à l’aise quand elle ne l’est pas le moins du monde. Le plus dur, tout cela, c’est quand elle entraperçoit la possibilité de se retrouver seule – honte suprême en société. Le hasard veut que, lorsqu’elle se retrouve seule, Aster tombe nez-à-nez avec celui qu’elle n’a pas revu depuis des mois ; celui avec lequel elle échange pourtant régulièrement, en lui taisant volontairement leur rencontre. Trop tard pour fuir, à présent. En même temps, ne crevait-elle pas un peu d’envie de lui parler ? Sans forcément l’oser. Encore heureux qu’elle en soit à sa deuxième coupe de champagne, celui qui l’a aidée ce soir à la rendre un peu plus sociable. Elle en a bien besoin pour faire face à Ken, alors qu’elle s’est sentie si bête après l’autre fois – et la mention de son mec. Parce que tout de même, il y avait peut-être quelque chose dans l’air. En tout cas, le Esther qu’il lui renvoie lui arrache une petite grimace. « A ce sujet… C’est pas tout à fait Esther. » avoue-t-elle. Autant le confesser avant que, peut-être, il n’apprenne son prénom de quelqu’un d’autre. Elle n’est pas parmi les plus connus, ce soir – pas comme lui, dont elle n’a appris que très récemment, et par le plus grand des hasards, la notoriété. Pourquoi ose-t-elle blaguer sur l’autre fois ? Ramener sur le tapis ce jeu débile auquel ils s’étaient adonnés l’autre fois ? Impossible d’oublier le mec qui plane au-dessus d’eux, à présent. Est-ce que c’était vrai, d’ailleurs ? Car tout à coup, Kendall lui est apparu célèbre – et comme toute personne célèbre, on croit tout savoir de sa vie. « Mince, notre rencontre n’est donc due qu’au hasard ? Je suis déçue. » ose-t-elle encore plaisanter, se maudissant intérieurement de parler ainsi sans réfléchir. Pas son genre. Car elle est si souvent dans le contrôle, Aster – et même, plus encore avec les hommes. C’est surtout qu’ils l’énervent en un rien de temps, les trois quarts du temps. « Il paraît, mais entre nous, je ne sais pas si c’est vrai. » Elle hausse les épaules, en portant la coupe à ses lèvres. Là, comme cela, elle semble si à l’aise, dans son élément, comme un poisson dans l’eau, habitué à converser avec les gens. Mais ce n’est qu’apparence – une fausse nonchalance, arborée mais uniquement mimée. « Et toi ? Qu’est-ce qui t’amène ici ? » Elle feint de l’ignorer. Encore un mensonge de plus, elle n’est plus à cela près. C’est un jeu dangereux, pourtant. Car à un moment donné, Aster risque de ne plus se rappeler ce qu’elle est censée savoir ; ce qu’elle est censée ignorer.
Kendall Ackerley
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En bon et – espère-t-il – éternel je-m'en-foutiste, Kendall a pris la désagréable habitude de tout prendre par-dessus la jambe. Il faut lui servir un sacré numéro, pour le désarçonner, et il ne s'attendait certainement pas à ce que ce soit dans une telle soirée qu'on le surprenne. Mais c'était sans compter sur cette curieuse fille, face à laquelle il peine bien à maintenir son flegme légendaire. Le plus étonnant, dans cette drôle d'affaire, c'est peut-être sa réaction. Ken se sent gauche, pas bien à l'aise – alors qu'il semble limpide qu'il est bien plus dans son élément qu'elle. Et qu'elle n'est pas la pire personne à rencontrer : il aurait pu tomber sur quelqu'un avec qui il aurait couché, alors qu'eux deux n'ont fait que parler. Mais, à peine son esprit a-t-il formulé cette pensée – essayant de se convaincre qu'une vraie conquête aurait été infiniment plus gênante –, lui songe que c'est peut-être cela, le problème. Ils n'ont pas couché ensemble. Alors qu'il discute rarement sans arrière-pensée. Il discute rarement, point à la ligne ; délie bien plus aisément son corps que des mots, s'offre volontiers en physicalité, jamais en intériorité. Les paroles, les détails, même les plus futiles, sont devenus plus intimes qu'une mise à nu. D'autant qu'il ne se rappelle pas de ce qu'il a bien pu lui confier. Et ce dont il se rappelle est faux – au moins est-ce dû à un mensonge de la blonde, pas à sa mémoire qui lui aurait fait défaut.
« Pas tout à fait ? » Son sourcil haussé trahit l'amusement. S'il est quelque peu chiffonné que l'un de ses seuls souvenirs soit inexact, il ne s'en vexe pas pour autant, en bon joueur. Qui aurait donné un vrai prénom au type violemment éméché venu supplier pour des bribes de conversation ? Quoiqu'elle était prête à lui donner son numéro de téléphone. Un paradoxe sur lequel il choisit de ne pas s'attarder, préférant saluer sa vivacité d'esprit, pour montrer qu'il ne l'en blâme pas. « C'était bien joué. Ceci dit, tu comptes me donner ton vrai prénom, maintenant ? Ou devrais-je t'appeler mademoiselle pour le reste de la soirée ? » Le défi l'amuserait presque ; avoir la belle au bras, tout au long de ce gala, sans même savoir comment s'adresser à elle. D'ici à ce que quelqu'un, fatalement, ne la reconnaisse et laisse enfin échapper son prénom. Quoiqu'à y repenser, même si la perspective est charmante, il préfère l'entendre de ses propres lèvres. L'ancrer dans le présent, plutôt que de coller de fausses lettres à un passé fuyant. « Tu préférerais que je sois un stalker ? Obsédé par toi, au point de t'avoir suivie jusqu'ici ? » Alors qu'un sourire instinctif lui étire les lèvres, Ken se maudit d'avoir le flirt si naturel ; le charme est cruel, envers lui-même, et surtout envers elle. Parce qu'il se fait des idées, et, au fil de la conversation, prendra sans doute un certain plaisir à les leur faire miroiter. Mais il n'aime jamais que cela, Kendall : des idées. Des inventions, des fantaisies. Pas étonnant qu'elle lui ait fait si forte impression, puisqu'elle lui a menti.
Un ange passe – habit noir de serveur, avec le plateau débordant de flûtes de champagne qui va avec. Le geste est assuré, lorsque Kendall tend la main pour en saisir deux. La seconde, destinée à son inattendue cavalière. « Je le boirai après, si jamais tu n'en veux pas. » Promet-il du bout des lèvres, réalisant soudainement que, sous couvert de galanterie, il vient tout de même de lui glisser de l'alcool alors qu'elle n'a peut-être aucune envie de boire. Allez savoir. De son côté, il peut largement supporter deux flûtes. Et tellement plus – mais il s'est promis de ne pas faire d'écart, ce soir ; quel ennui. « Assez reconnue pour te trouver là, en tous cas. Crois-moi, c'est pas donné à tout le monde. » La remarque ne préjuge en rien de son talent : la plupart des personnes entassées là n'en ont aucun, si ce n'est celui de manier l'argent. Mais, puisqu'elle avait prétendu ne pas être bien née, comme on dit – à moins que cela aussi n'ait été affabulée ? –, et qu'elle ne semble pas accompagnée par un richissime amant, ce doivent bien être ses capacités qui lui ont permis d'être invitée. « Moi ? Je suis riche, je te l'ai dit. » Sourire en coin, bulles de champagne sur les lèvres. Le placebo fait son effet : le simple fait d'y avoir goûté lui confère une certaine sérénité. « Il me semble que je t'avais laissée être mystérieuse, l'autre soir : à mon tour. T'auras qu'à chercher mon prénom sur Google en rentrant. Qui sait, tu tomberas peut-être sur moi. Et, de mon côté, j'ai toujours rêvé d'avoir une stalkeuse, tu réaliserais un sacré fantasme. »
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Le monde est petit. Cela, Aster n’a de cesse de se le dire. Plus encore depuis qu’elle a rencontré Ken. Parce qu’elle l’a connu différemment – ce que lui ignore, encore, pour le moment. Jusqu’à quand ? Comment est-ce possible, ce genre de choses, d’abord ? Comment peut-elle avoir rencontré par hasard dans la vraie vie quelqu’un qu’elle a connu en ligne ? Comment peut-elle même, le reconnaître, à travers sa mélodie ? Comment peut-elle encore, le croiser ici ? Aster, elle ne croit pas aux signes. Ni aux signes du destin, ni aux signes astrologiques. Pour autant, elle n’est pas terre à terre. Elle a son âme d’artiste, son cœur créatif, libre, son aura mystique – son attrait pour les choses qui ne s’expliquent pas. Mais quand cela concerne Ken – l’autre fois, ou ce soir –, cela la travaille, cela l’interpelle. Elle a besoin de se l’expliquer, sans se contenter de cette vérité : le monde est petit. C’est facile, cela ne veut rien dire. Cela ne satisfait pas. Cela la turlupine. Mais cela nourrit son imagination. Elle doit l’avouer : c’est intrigant. La curiosité continue de la ronger – elle n’arrive plus à être raisonnable, ni à se décider à lui dire la vérité. Elle n’arrive pas non plus à prendre une autre direction, Aster, quand elle se retrouve face à lui, alors qu’elle n’oublie pas l’autre fois. N’oublie pas comment s’est achevé même leur échange. Son mec n’apprécierait pas. Alors pourquoi a-t-il flirté comme cela ? Peut-être n’a-t-il pas flirté tout court, Kendall. C’était peut-être le fruit de l’imagination d’Aster.
Elle s’amuse, tout de même. Parce qu’elle sort de sa zone de confort. Parce qu’elle prend des risques.
C’est pas tout à fait Esther. Elle l’admet, sans aller jusqu’au bout de l’explication. Ken ne manque pas de rebondir sur cette nuance. Il n’a pas l’air vexé. Plutôt, intrigué ? Qui sait. Amusé. A lui demander finalement si elle va lui donner son vrai prénom ou s’il doit l’appeler mademoiselle. A dire vrai, Aster ne sait pas vraiment encore, totalement dans l’improvisation. Ce qui ne lui ressemble pas – mais il faut croire que Kendall lui fait cet effet-là. « Sinon, tu ne m’appelles pas. » réplique-t-elle en haussant les épaules, fissurant sa fausse nonchalance par un léger sourire en coin. Elle réfléchit sans réfléchir vraiment, tout à coup impulsive – ce qui ne l’a jamais rassurée, en bonne control freak qu’elle est, pour se rassurer. « C’est Aster. » finit-elle par ajouter, levant le voile sur son identité – presque. S’il savait. Mais au moins, elle lui ment déjà un peu moins – c’est déjà cela, n’est-ce pas ? Et la voilà qui enchaîne, fait écho à leur première rencontre. Ken a du répondant, comme la dernière fois, la confrontant presque à sa contradiction : « Evidemment, comme n’importe quelle femme de ce monde, c’est mon plus grand rêve. » choisit-elle d’ironiser en retour. Non, en réalité, mieux vaut rester à la conclusion plus rassurant du fameux monde trop petit, trop étroit, où l’on tombe même sur les gens que l’on ne veut pas voir. Voulait-elle le voir, Aster ? Elle y a pensé, plus ébranlée par leur rencontre qu’elle n’a bien voulu se l’avouer. Elle s’est demandé tant de choses, troublée par l’aveu d’une histoire qui semble oubliée maintenant – ou peut-être fait-il cela juste avec tout le monde, à flirter faussement de la sorte. Ce n’est peut-être qu’un réflexe ; elle, elle n’a rien d’exceptionnel, n’a rien fait pour le mériter plus que les autres. N’est-il mannequin, après tout ? Ils ne bercent indéniablement pas les cœurs de la même façon.
Bientôt, Kendall lui offre une flûte, chopée au vol sur le plateau d’un serveur. Ajoute bien vite qu’il la boira, si elle n’en veut pas – de quoi lui montrer qu’il ne le lui impose pas. « Te laisser en boire deux ? Et puis quoi, encore. Merci. » Elle s’amuse. Se laisse aller. C’est si rare, en vérité. Mais cela fait du bien. C’est peut-être aussi l’effet du vin. Ou du champagne, elle ne sait plus déjà – mais le verre que Kendall lui a tendu est loin d’être le premier de la blonde. « Peut-être. A vrai dire, j’me demande un peu ce que je fais là. » Voilà qu’elle admet sa posture d’imposture. Son complexe, ses doutes, son manque de confiance. L’est-elle, reconnue ? Mérite-t-elle sa place ici ? Elle, elle se sent comme un vilain petit canard. Comme quelqu’un dont on a eu pitié. Mais Ken la détourne de ses pensées noires et anxiogènes en lui arrachant un rire, franc, spontané, vrai. « J’avais déjà oublié. » Pourtant, cela se voit. Sa tenue à lui doit coûter bien plus cher que la sienne – que cette robe qu’elle a loué pour la soirée, qu’elle ne peut même pas compter parmi sa garde-robe. Un jour, peut-être. « Tu crois que j’ai du temps à perdre à te chercher sur Google en rentrant ? Désolée de casser ton fantasme… » fait-elle, presque espiègle, avant de boire quelques gorgées de son verre. « A la limite, ce serait peut-être plus rapide sur Instagram. Quelqu’un de ta renommée, pour être présent à cette soirée, doit être facile à trouver. Non ? » Elle le teste, un peu. Et se fiche de s’embourber toujours plus dans ses mensonges. Avec Ken, c’est l’imprévu, en permanence. Elle n’aurait cru apprécier cela autant, Aster.
Kendall Ackerley
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La rétention d'informations semble divertir follement feue Esther. Elle s'amuse encore à tourner autour du pot, et Ken ne peut que l'observer faire, bouffon impuissant dans la mascarade. Elle ne lui laisse aucun autre choix que de la laisser mener le spectacle : et ce n'est pas si désagréable, finalement, de laisser la lumière à quelqu'un d'autre. « C'est pourtant toi qui es venue me chercher ; on aurait pu faire comme si on ne se connaissait pas, ça aurait évité ce problème. » Remarque-t-il, tranquillement. Aurait-il fait semblant, lui, de ne jamais l'avoir rencontrée ? Peut-être. Du moins, s'il avait fallu expliquer à qui que ce soit, dans cette pièce – qui que ce soit au monde – comment, exactement, ils s'étaient croisés. Par chance, ce n'est pas le genre de choses que l'on risque, dans ce genre de soirée : tout le monde ou presque s'y connaît, c'est un fait. Qu'importe comment les réseaux s'étendent, tant qu'ils prospèrent. « Aster… T'es pas allée chercher loin, pour l'alias. » Le ton s'est fait gentiment moqueur, pour la façade. Il ne peut pas cueillir le mensonge sans se montrer un minimum piquant à ce sujet. Qu'il soit facilement manipulable, presque complice en la matière, est une chose, l'assumer frontalement en est une autre. Une grossière erreur. « Ah ? Je pensais que c'étaient les diamants, le plus grand rêve des femmes. Et se faire stalker, seulement en deuxième position. Je vais revoir mon classement – mais, par chance, je peux offrir les deux. » Si, dans le bar, effeuiller sa richesse était presque crade, en comparaison aux lieux et au circonstances, dans cette soirée, c'est parfaitement naturel, même si la compagnie ne s'y prête pas. Kendall ne se fait pas d'illusions : ils parlent tous de cela, de manière plus ou moins frontale. Tout tourne autour du fric. Et, s'il la choque, tant mieux : Aster y sera confrontée, si elle se fait inviter à d'autres événements similaires. Autant qu'elle s'habitue aux cons dans son genre. D'ailleurs, il n'est même pas le pire candidat, dans ce jeu-là.
Sa crainte d'avoir imposé le champagne à sa cavalière d'infortune se trouve vite dissipée : c'est avec une certaine effronterie qu'elle affirme qu'il n'est pas question de le laisser en enchaîner deux. Une remarque qui le fait rire, car c'est rarissime, que l'on surveille sa consommation d'alcool – même s'il en aurait indubitablement besoin. En général, on le suit. On l'encourage. Parce qu'il serait dommage de sédater la bête de foire, ou de la voir craquer au milieu du show. On aura beau dire, rien ne fait tenir le coup avec autant de brio que l'élixir fermenté. Enfin, rien de plus recommandable. « T'as peur que je t'embarrasse au bout de deux verres ? T'es loin du compte. » Kendall ne se rappelle pas de combien de verres il avait descendus, ce soir-là, mais se connaît suffisamment pour savoir que ses deux mains n'auraient pas été de trop pour compter. Et il s'est promis de faire bonne figure, ce soir. Qu'elle se rassure, il n'y aura pas d'esclandre à essuyer – à part si Aster, elle, compte en causer un : par curiosité, il ne peut s'empêcher de se demander à quoi cela ressemblerait. « Moi aussi, en fait. » Enfin, si, il sait : il est né au bon endroit. C'est peut-être pire : il connaît la raison pour laquelle son nom se trouve toujours en tête de ces listes d'invités – et cela n'a rien à voir avec lui. Tout ne tient qu'à un chanceux coup de dés. « Suffit de faire semblant que tu sais. Personne n'ira te le demander, alors te pose pas la question. Faut un peu de temps, mais crois-moi, on s'y fait. » Un cynique fake it 'till you make it, un peu défaitiste, mais surtout réaliste. Elle apprendra, Aster. Vient toujours le moment où on n'a plus d'autre choix.
« L'oubli, c'est mon excuse. T'avais pas assez bu pour ça, toi. Tu vas me vexer. » Une lueur d'amusement dans les yeux : évidemment, il n'est pas sérieux. Au contraire, là où la plupart de ses rencontres se focalisent sur sa fortune assumée, c'est assez rafraîchissant que quelqu'un auprès de qui il en a pourtant fait des tonnes l'ait occultée. « Essaie et tu sauras. Y'a du réseau, ici, tu peux même le faire maintenant. Mais ça gâcherait un peu le mystère. » Sur ces bonnes paroles, il porte à nouveau la flûte à ses lèvres, les yeux se détachant difficilement de ceux d'Aster. Elle l'intrigue. La dernière fois, alors qu'il était seul, ivre et sans doute désespéré de trouver un semblant de compagnie, il avait plus qu'assez d'excuses pour justifier de lui avoir tourné autour ; ce soir, il s'en trouve intégralement départi. « Au fait, t'étais pas partie avec un truc à moi, ce soir-là ? » Qu'il lance finalement, un sourcil arqué. Comme si une copie conforme de la bague qu'il avait perdue ne traîne pas à l'annulaire droit tenant sa flûte – Aster ne pourra pas l'avoir manquée.
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Dernière édition par Kendall Ackerley le Sam 16 Mar - 22:12, édité 1 fois
Aster Barrows
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ADMIN ☆ ordinary love we'll build our house in the trees
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rps : 56
pseudo : winter solstice.
id card : grace van patten / rathmoore@av, awona@header & icons, city of stars (la la land)@lyrics..
pronom irl : elle.
multicomptes : dora & toute la team.
âge : vingt-sept ans, l'impression de plus par moments.
statut civil : célibataire, elle reste l'incomprise, la solitaire, et s'en délecte.
occupation : pianiste professionnelle, à l'aube d'une carrière prometteuse.
adresse : cbd, apt. 223.
intervention pnj : Oui
pronom perso : elle.
trigger : inceste, cruauté animale, violences et agressions sexuelles, maltraitance, automutilations, descriptions contenant du sang, age gap +15 ans.
warning : tromperie.
disponibilités : indispo (-1/5).
— rps en cours. www › sadie www › ken (2) www › stevie www › haydar www › nilsa & stevie www › joel www › rhett (2)
Dans cette foule d’inconnus où elle se sent si facilement mal à l’aise, elle reconnaît une tête. Ken est comme une bouée, au milieu de l’océan. L’empêcherait-il de s’y noyer, cependant ? Elle ne sait pas pourquoi elle s’arrête, pourquoi elle reste. Elle ne sait pas pourquoi elle ne cherche pas une excuse pour prendre la poudre d’escampette. Pourquoi elle lui offre encore sa présence sur un plateau, quand, de l’autre fois, elle n’oublie pas ses mots. Peut-être son ego s’est-il blessé, derrière les doutes et la confiance ébranlée. Peut-être ne devrait-elle désormais pas accorder trop d’importance et d’intérêt à ce que Kendall peut lui dire – qui sait si c’est vrai. Qui sait, même, qui il est. Elle ne veut pas savoir s’il a vraiment quelqu’un, ne veut pas savoir s’il flirte de cette façon avec tout le monde, ne veut pas savoir s’il s’est foutu d’elle ou si elle s’est tout simplement fait des films. Et malgré tout, elle reste. Rongée par la curiosité, incapable de s’en défaire, incapable de s’en lasser. Peut-être lui impose-t-elle le même supplice – mais la différence entre lui et elle, c’est peut-être que c’est commun pour lui ; nettement moins pour elle. Que ce supplice n’en a la forme que pour Aster, qui d’ailleurs tourne maintenant autour du pot. Elle doit l’avouer : Ken pique peut-être un peu son ego, avec ses mots. À arguer qu’elle l’a cherchée. Et la blonde, bientôt, fronce les sourcils, prête à jouer de sa condescendance féministe – ou de son féminisme condescendant. « Oh, alors tu aurais préféré que je fasse comme si on ne se connaissait pas ? » Quelque part, c’est déjà un peu le cas. Mais cela, Ken ne le sait pas. Quoi qu’il en soit, la Barrows finit par balancer la vérité, le prénom fondement de son identité. « Tous ceux qui le déforment m’ont peut-être inspirée. » Elle hausse les épaules. Comme elle les méprise, ces abrutis incapables de correctement écouter, ou lire. Le ton entre eux se fait peut-être moins joueur, teinté d’autre chose – mais ce n’est rien de grave. Aster ne pouvait pas décemment rester indéfiniment trop gentille, ou trop niaise – voilà comment elle s’est sentie après ce que Ken lui a balancé, l’autre fois, avant de s’en aller, après avoir passé un long moment à parler, peut-être à flirter. « Bien sûr, après tout, nous ne sommes toutes que des opportunistes et des croqueuses de diamants. Face à la connerie masculine, qu’est-ce qui pourrait nous intéresser vraiment chez vous ? » Elle n’est pas amère. Elle n’est que provocante. À d’autres, elle aurait été sincère avec ces mots, la blonde. Mais pas face à Ken. Il a peut-être des défauts ; mais elle ne le trouve pas comme les autres. Pas comme ceux qui l’énervent. Il est intéressant, il a de l’autodérision. Et il l’a laissée être piquante, l’autre fois, aujourd’hui. C’est déjà un miracle en soi. Elle ne fait que le tester, de toute manière, d’une certaine façon.
Le champagne fait la paix. Calme les ardeurs d’une Aster qui se refuse d’apparaître désespérée. Ou juste intéressée. Pour autant, elle continue de répliquer. De gentiment taquiner, moquer. Insinue même qu’elle entend bien ne pas le laisser, Ken, boire deux verres. Boire le sien. Ce que Ken prend pour du souci, l’inquiétude peut-être d’être embarrassée s’il buvait – encore – trop, est en réalité bien autre chose. Rien d’autre qu’une taquinerie de plus. « Moi, embarrassée ? Non, je ne fais que réclamer mon dû. Je refuse de te laisser mon verre. » Le sourire en coin réapparaît. La malice se reflète dans ses yeux. Et quelques instants après à peine, la voilà qui confesse ne pas se sentir tout à fait à sa place dans cet endroit-là. Du moins le dit-elle d’une façon plus subtile, implicite ; et la réponse de Kendall lui fait hausser les sourcils. Il en vient même presque à lui donner des conseils. Donner l’illusion. Faire semblant. Personne n’ira prétendre qu’elle n’a rien à faire là, c’est vrai. « C’est pas faux. J’avais pas prévu d’agir autrement, de toute façon. » Elle lâche un léger rire, la blonde. C’est vrai : qu’aurait-elle pu faire, sinon ? Plutôt crever que se laisser tout de même intimider. Elle a appris, de toute manière, à cultiver une assurance factice. Il n'y a que Ken qui soit désormais dans la confidence. Il faut croire qu’ils ont tissé des liens, tous les deux, en peu de temps. « Techniquement, t’en sais rien. T’es parti, après, j’te signale. » Nouvel haussement d’épaules pour mimer la désinvolture. Techniquement, c’est vrai : elle peut avoir bu à outrance, après. Avoir tout oublié. Même s’il n’en est évidemment rien. Aster n’a peut-être pas la tête de celle qui se la met à l’envers. Peut-être que son côté coincée – selon elle – se devine, se sent, à des kilomètres à la ronde. « Et ma réputation, en même temps. Qui passe ce genre de soirée sur son téléphone ? » réplique-t-elle, éternel sourire en coin. Elle sait très bien qui il est, ce qu’il fait, en vérité. Elle l’a su à vrai dire par hasard – pour de vrai, cette fois. L’a appris via Stevie et Nilsa. C’est fou, tout de même, la vie. Elle sait qui il est, doublement ; mais Ken l’ignore en retour encore. Qui elle est, doublement. Ici et en ligne, finalement. Elle est en train de boire quelques gorgées de champagne, piquant délicieusement sa gorge, quand Ken lui demande si l’autre fois, elle n’était pas partie avec un truc à lui. Elle laisse échapper un rire, sans réfléchir – voit très bien ce à quoi il fait référence, ce qu’il veut dire. « Oh, tu veux dire, la bague que tu as oubliée sur le comptoir ? » fait-elle cependant mine de réfléchir, amusée à faire languir. Elle prend même le temps de boire une nouvelle gorgée de champagne, avant de reprendre : « Désolée, je l’ai déjà revendue. Faut bien payer le loyer, tu sais. » Evidemment, il n’en est rien. Aster conserve son sérieux, pince-sans-rire qui finit toutefois par esquisser un sourire. A l’idée de sa prochaine pique. « Mais non, j’oubliais encore : tu n’as pas ce problème, toi. » C’était trop tentant. Elle ne pouvait pas ne pas gentiment l’attaquer sur sa richesse. C’est drôle, les parents d’Aster auraient rêvé être comme lui, Ken : riches.
Kendall Ackerley
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MEMBRE ☆ old wounds you got a little more to prove
âge : 27 ans, et toute l'insolence qui va avec. nul autre souci que les premières rides, pourtant imperceptibles.
statut civil : il se dit célibataire, bien qu'englué dans une relation en dents de scie ; le cœur brisé par la perte d'une idée fantasmée, jamais le cran d'agir, bien meilleur en coups d'un soir qu'en engagement.
occupation : mannequin, aux yeux du monde. et de grands rêves de musicien, assouvis en secret, lorsque les doigts s'envolent sur les touches du piano.
adresse : loft au 530 cbd.
intervention pnj : Oui
pronom perso : il
trigger : hard no : inceste, pédophilie, viol. // selon comment c'est abordé : agression sexuelle, violences conjugales, grooming & relations avec gros écart d'âge. // on peut plus en discuter par mp.
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Ses sarcasmes auraient-ils touché une corde sensible ? Le ton lui a paru légèrement plus sec, avant même qu'elle n'en vienne à citer les occurrences, à l'entendre nombreuses, durant lesquelles on a pu écorcher son prénom ; ce qui, pour le coup, ne semble pas concerner Kendall – ou, du moins, pas volontairement. « Je ne ferais pas partie de ceux-là, promis. » Le pire, c'est qu'il est sincère – lui qui ne retient même pas assez les noms de ses rencontres pour les déformer, préférant à un alias proche de la réalité une appellation totalement hasardeuse, selon l'humeur, jetée à côté de la plaque. Mais il s'est souvenu d'Esther, alors, nul doute qu'Aster lui restera en tête. « Et, non, ça me va tout aussi bien que tu sois venue. Je m'ennuyais, et tu es loin d'être la pire compagnie que l'on puisse avoir à son bras. » Non qu'il y ait de mauvaise compagnie, dans ce genre d'événement. Les listes d'invités sont bien trop sélectives pour permettre des rencontres humiliantes. Cela dit, à choisir, lui aime mieux se faire voir aux côtés d'une femme charmante – et de son âge – que de quelqu'un d'autre. D'autant qu'il n'a pas menti : quelque part, Aster l'a sauvé de l'ennui. Encore. Drôle de manie. Un rire lui vient, en l'entendant arguer quant à l'utilité des hommes – dans des arguments qui ne semblent pas être en leur faveur. Il songe à la contredire, pour le simple plaisir de la pousser plus loin dans cette théorie, mais, finalement, préfère la prendre à contrepied. « Excellente question. Pour tout te dire, je pense que les hommes sont parfaitement obsolètes depuis l'invention des sextoys, s'ils ne l'étaient pas déjà avant ça. » Kendall n'est pas dénué d'orgueil, loin de là. Mais celui-là ne s'accorde pas à une quelconque fierté quant à une masculinité prépondérante, pas alors qu'une majorité d'hommes lui cracherait dessus pour sa manière de représenter leur genre, certainement trop pailletée. Sans doute a-t-il moins de raisons qu'Aster de les abhorrer, mais cela ne l'empêche pas de les mépriser – tout comme eux, avec lui, l'ont toujours fait.
« Ton verre. » Note-t-il, amusé. « Je ne me risquerai pas à te le siffler en douce, j'ai bien trop peur des conséquences. » Peut-être que ses souvenirs le trompent, mais maintenant qu'il y pense, elle n'était pas aussi avenante, la dernière fois. Pas aussi… souriante ? L'on pourrait arguer qu'alors, ils ne se connaissaient ni d'Eve ni d'Adam, et que c'était lui le lourdingue qui l'avait abordée, de quoi faire passer l'envie de plaisanter – mais le changement lui semble trop radical pour n'être dû qu'à cela. Kendall ne peut s'empêcher d'investiguer. « Et c'est ton combientième verre, au juste ? J'ai l'impression que t'as pris une ou deux longueurs d'avance sur moi. » L'idée ne le dérange pas. Au contraire ; il s'imagine bien avec les rôles inversés. À elle d'en dire un peu trop. Il n'y a pas meilleur pied d'égalité. Et, pour Ken, c'est une motivation de plus de ne pas boire plus que de raison – non que ce soit au coeur de ses préoccupations, mais il se figure que cela ne peut pas faire de mal, même si ce n'est que le temps d'un soir. Enfin, un soir – la nuit n'en est qu'à ses prémices, il pourrait sans doute se passer bien des choses, encore.
Approbateur, il opine du chef. Tant mieux, si c'est ce qu'elle avait prévu. Pour lui, il n'y a pas de meilleure manière de s'acclimater à ces milieux-là, et de s'y faire accepter ; et puis, lorsque l'on maintient l'illusion suffisamment longtemps, on finit même par y croire. L'assurance factice devient réelle, aussi infondée soit-elle ; à en oublier qu'à un moment donné, la place n'était nullement gagnée. « Techniquement, oui. Alors, quoi ? T'es restée là-bas, t'as attendu qu'un type moins bien que moi vienne te tenir la jambe ? » Le moins bien est pur sarcasme – au contraire, elle pourrait trouver bien mieux. Enfin, en général, pas nécessairement dans le bar où ils se sont rencontrés. Pour le reste, il lui laisse le bénéfice du doute. S'il avait eu à parier, il aurait dit qu'elle avait quitté les lieux cinq minutes après lui, mais rien ne lui permet de catégoriquement l'affirmer. « C'est vrai que vu la moyenne d'âge, ici, je crois que les téléphones sont proscrits… Je vais profiter de mes dernières heures d'anonymat, alors. » Kendall y croit vraiment ; qu'il est là, parfaitement incognito. Ce sera certainement le détail qui finira par le faire tomber de haut. Que – doublement – Aster sache qui il est. Sans qu'il en ait la moindre idée, elle ne cesse de lui octroyer du répit. Pour combien de temps ? « Sur le comptoir ? J'avais peur que ce soit aux toilettes. Enfin, si je l'avais oubliée aux toilettes, ç'aurait été étrange que tu la trouves. » Le sourire s'élargit en l'entendant clamer qu'elle a vendu le précieux bijou ; et se mue en un rire franc, quand elle argue que lui, évidemment, n'en aurait pas ressenti le besoin. « Si t'en as tiré moins de deux mois de loyer, tu t'es faite arnaquer. Elle valait beaucoup, cette bague. » Dans un dramatisme assumé, il en parle au passé ; mais quelque chose lui dit que c'est une plaisanterie – même s'il aurait probablement mérité qu'Aster se fasse un petit pactole sur le dos de son étourderie.
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trigger : inceste, cruauté animale, violences et agressions sexuelles, maltraitance, automutilations, descriptions contenant du sang, age gap +15 ans.
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Peut-être devrait-elle trouver une excuse pour s’en aller. Un prétexte, n’importe lequel, pour s’exiler. Une raison, pour ne pas lui parler. Cela vaudrait mieux, pas vrai ? Car elle joue à un jeu dangereux, Aster – elle qui d’habitude même ne joue jamais. Elle préfère garder la main sur les choses, parce que cela la rassure. Elle est, elle doit l’avouer, un tantinet control freak. Elle s’est demandé parfois si pour cela, on la trouvait bizarre, ou chiante, ou pas drôle. C’est même certainement arrivé, en vérité : peut-être même est-elle apparue coincée. Rien à voir avec Kendall. Rien à voir du moins avec ce qu’il renvoie, ou avec l’idée qu’Aster s’en fait. Lui et elle, c’est le jour et la nuit. Elle devrait se faire une raison – et non pas traîner là, obstinément. Faiblement. Car c’est de la faiblesse, n’est-ce pas ? Ou de la curiosité, peut-être. Quelque chose dans ce goût-là ; un mélange de tout cela. Mais Aster n’arrive pas à trouver un prétexte, encore moins à tourner les talons, Aster n’arrive même pas à se vexer, à prendre la mouche, à se donner une raison de s’envoler. Non, elle reste là. Même si Ken la provoque. La provoque-t-il ? Ou ne reprend-il pas leur jeu de l’autre fois, resté en suspend ? Elle pourrait s’offusquer encore, si elle le voulait. Mais elle n’est pas vexée. Pourtant, cela la démange tellement de mentionner ce mec dont il a parlé l’autre fois, avant de prendre la poudre d’escampette. Pourtant, ils s’amusaient bien. « Donc, je suis une distraction. De mieux en mieux. » Elle provoque, elle aussi. Mais gentiment – parce qu’elle n’est pas douée pour cela. Parce qu’elle a peut-être moins de chances de le vexer, que l’inverse. Non ? A dire vrai, elle l’ignore, ne connaît pas assez Ken encore, pour se faire son idée. Après tout, les conversations qu’ils ont pu avoir en ligne sous pseudonymes ne lui ont pas permis de tout comprendre de lui. Mais, elle continue, Aster. Elle cherche. Elle fait du Aster. Attaque en guettant la réaction de Kendall. Celle-ci ne se fait pas attendre. Et la surprend, sans la surprendre vraiment. Elle ne retient pas un rire amusé, alors. Un rire franc, sincère, naturel – loin de l’habituelle control freak, qu’elle est. « Je n’aurais pas mieux dit. » répond-elle, plus calme. « Cela dit, je n’aurais pas daté leur obsolescence de l’invention des sextoys. On savait déjà très bien se débrouiller avant. » répond-elle, en haussant les épaules.
C’est peut-être l’alcool qui parle. L’alcool qui la met à l’aise, qui la fait rire comme cela. Qui la détend, dégourdie ses joues, étirent si facilement ses lèvres en des sourires. C’est peut-être aussi que déjà, il s’agit de la deuxième rencontre avec Kendall : par définition alors, elle ne peut qu’être déjà un peu plus à l’aise que la fois précédente. Son verre, elle pourrait s’en passer. Mais elle s’est mise à jouer, sans plus vouloir s’arrêter. « Tu peux, ma vengeance serait terrible. » Mais il ne lui piquera pas son verre, celui-là même qu’il lui a tendu. Et c’est lui qui, bientôt, contre-attaque en lui demandant cash du combientième verre il s’agit pour la blonde. « Et quand bien même ce serait vrai, qu’est-ce que ça change ? Vas-tu me juger sur ma consommation d’alcool ? » Elle a ce sourire en coin, Aster. Parce qu’elle sait très bien qu’il serait mal placé pour la juger, et certaine qu’il n’est de toute façon pas de ce genre-là. Sur ces mots, elle boit quelques gorgées de son verre, tout neuf, bien rempli. Et continue de s’enfoncer dans ses conneries. Plus elle passe de temps avec lui, plus elle repousse sa chance de lui dire qui elle est.
Voilà finalement l’allusion à l’autre fois. A cette bague oubliée, qu’elle a bien sûr récupéré. Sans trop savoir ce qu’elle ferait. Peut-être, lui dire la vérité. Ç’aurait été peut-être l’occasion. Mais non. Elle a attendu que le temps passe, attendu de voir comment les choses se passeraient. Et ce fameux soir, quand il est parti, elle ne s’est pas éternisée. Parce que cela lui a mis un coup, mine de rien. Elle s’est sentie stupide, et puis un peu naïve. « Faut que tu saches un truc sur moi : j’attends personne. Je suis peut-être restée là-bas à boire mon verre, en profitant du fait que personne ne me tenait plus la jambe. » Elle a noté l’humour, la fausse estime, le faux orgueil, en mentionnant ce moins bien que lui. Quelque part, ses mots y répondent. Comme si elle avait profité, joui de son absence. Alors que cela a laissé comme un vide. Cela a laissé de nombreuses interrogations. « Profites-en, ouais, avant que je devienne peut-être une fan en furie. » Elle sait qui il est. Elle n’a jamais été dans le genre fanatique. Rien n’est sérieux, même si elle reste un peu pince-sans-rire. C’est du Aster tout craché, une fois de plus. Mais Ken rentre dans son jeu. Et les voilà même à parler de cette fameuse bague oubliée. Celle que la blonde a récupéré. « Ouais, me mets pas dans la catégorie des weirdos, s’il te plaît. » Elle grimace à cette idée, lâche un rire. Ils pourraient arguer que cela irait avec son côté prétendument stalkeur. Et comme elle s’est amusée à plaisanter sur le fait qu’elle aurait vendu cette fameuse bague, Ken la suit, à nouveau. Comme si elle l’avait vraiment fait. Peut-être ont-ils l’air de deux gosses, à dire vrai, à ainsi s’entraîner dans leurs délires que nul autre ne peut comprendre. D’ailleurs, elle les oublie, les autres, maintenant, Aster. « Ooooh peut-être que je devrais vraiment la vendre alors ! » Elle joue la naïveté, de celle qui se fait faussement prendre sur le fait qu’elle n’a finalement pas vendu la bague comme elle le prétendait. Ce n’est rien d’autre que la suite du jeu qui s’est instauré à nouveau. « Je te la rendrai peut-être, à l’occasion. » conclue-t-elle finalement, en haussant les épaules avant de boire une gorgée de son verre, mimant le détachement. Toujours plus simple de le faire avec un peu d’alcool dans le sang.
Kendall Ackerley
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« C'est pas ce que j'ai dit, tu joues avec les mots. » La remarque est proférée sur le même ton que les précédentes, avec amusement. Pourtant, cela n'empêche pas Kendall de cogiter, l'espace d'un instant. Il est bel et bien atteint de cette tare-là, celle de volontiers considérer les individus venant graviter dans son sillage comme des distractions de courte durée plutôt que comme des personnes à part entière, intéressantes, complexes. Assez persuadé que ces brèves rencontres le considèrent de cette même manière, il s'est toujours figuré que, tant que chacun y trouve son compte, c'est de bonne guerre. Cela étant, il s'est risqué à entrevoir Aster différemment. À agir différemment, avec elle. Non qu'elle pourrait le savoir ; mais il ne peut se retenir de se demander si, malgré ses bonnes intentions, c'est là l'image qu'il renvoie. Celle de quelqu'un de flegmatique, se contentant de sa compagnie comme il l'aurait fait avec n'importe qui d'autre, et prompt à l'oublier dès lors que l'événement se serait terminé. Et de réaliser que l'idée n'est pas pour lui plaire. Le rire d'Aster étire légèrement ses lèvres ; son aussi inattendu que charmant, qu'il cueille avec plaisir, sous l'impression que la réaction est sincère. Car, il en est persuadé, les trois-quarts du temps, ce sont des hilarités réflexe qu'il reçoit – à de mauvaises blagues, aussi veille-t-il à ne pas trop s'en offusquer ; mais la différence est palpable. Agréable. « C'est ce que je craignais : mon existence et celle de mes confrères ne tiennent qu'à nos capacités reproductives. Il va me falloir quelques minutes pour digérer cette nouvelle. » Quoique son rôle, ce soir, semble plus ridicule encore : attraper des verres à Aster – Ken a marché de lui-même dans ce piège-là. L'aider à se saouler n'a rien de glorieux ; au moins le fait-il sans la moindre mauvaise intention. « Je serais très curieux de découvrir cette vengeance. Dis-moi tout, quelle punition serait à la hauteur du crime ? » Le sourcil est haussé, il se doute qu'aucune représaille ne l'attendrait, s'il osait toucher à la flûte lentement vidée. Mais, puisque jusque-là, la répartie d'Aster ne l'a pas déçue, il se demande ce qu'à chaud, elle pourrait bien échafauder. « Bien sûr. Rien de plus amusant que de juger les autres sur des péchés qu'on commet soi-même… Cette hypocrisie a un goût particulièrement doux. » Une pause, le temps d'une rapide réflexion. « Peut-être que j'aimerais me mettre à ton niveau, pour qu'on soit à armes égales ? Ou, au contraire, que je cherche juste à savoir combien de secrets je pourrais te tirer. Va savoir. »
Un acquiescement franc. Kendall n'est pas étonné, mais tout de même impressionné, malgré lui. Il lui avait trouvé une certaine prestance, à Aster, et cela se confirme lorsqu'elle tient ce genre de propos. Quelqu'un qui n'attend personne. Ce n'est pas donné à tout le monde. Certainement pas à lui. Lorsqu'il est seul, il a besoin d'agitation, de sons. N'importe quoi, pour ne pas s'entendre penser. Pour ne pas mesurer à quel point il exècre sa propre compagnie. Alors qu'il y a des personnes comme Aster qui cherchent cette solitude qui l'effraie au plus haut point. Il doit un peu les envier ; nul doute qu'il se demande ce que cela fait. « Belle philosophie de vie. J'aurais été un peu peiné d'apprendre que mon départ a ruiné ta soirée… Flatté, mais peiné. » C'est vrai, il a eu l'orgueil de s'imaginer autre chose. Certainement en simple écho au vague vide qui s'était épris de lui, alors qu'il quittait le bar pour rejoindre son loft. Pourtant, il ne peut pas dire qu'il soit surpris par la réponse. Ni même déçu ; pas d'une manière aigre, du moins. Il ne fait que récolter ce qu'il avait semé, en bottant en touche, en invoquant une âme-soeur inexistante. « Et qu'est-ce que je devrais faire, pour la récupérer ? Remarque, peut-être que tu devrais ni la vendre, ni me la rendre ; juste la garder. Elle t'irait bien. » Rapidement, son regard descend jusqu'aux mains d'Aster, justement – qu'il se souvient vaguement avoir déjà examinées, au bar. Des doigts longs et fins, un peu comme les siens. Des doigts de pianiste, répèterait sa mère, comme elle le lui a déjà si souvent seriné.
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Aster Barrows
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pseudo : winter solstice.
id card : grace van patten / rathmoore@av, awona@header & icons, city of stars (la la land)@lyrics..
pronom irl : elle.
multicomptes : dora & toute la team.
âge : vingt-sept ans, l'impression de plus par moments.
statut civil : célibataire, elle reste l'incomprise, la solitaire, et s'en délecte.
occupation : pianiste professionnelle, à l'aube d'une carrière prometteuse.
adresse : cbd, apt. 223.
intervention pnj : Oui
pronom perso : elle.
trigger : inceste, cruauté animale, violences et agressions sexuelles, maltraitance, automutilations, descriptions contenant du sang, age gap +15 ans.
warning : tromperie.
disponibilités : indispo (-1/5).
— rps en cours. www › sadie www › ken (2) www › stevie www › haydar www › nilsa & stevie www › joel www › rhett (2)
Elle joue avec ses mots. Bien sûr qu’elle joue avec ses mots, Aster. Elle ne s’attend pas à ce que cela passe incognito – ce serait même décevant, si tel était le cas. Mais elle joue, c’est indéniable. Joue pour provoquer quelque chose, joue pour espérer une réaction. Laquelle – c’est une très bonne question. Si seulement Aster le savait elle-même, mais la voilà systématiquement en roue libre en présence de Kendall, il faut croire. Cela lui arrive même à elle qui juge pourtant si férocement celleux qui se laissent faire tourner la tête, par d’autres. « Ah bon ? » Lâché, sourire en coin. C’est peut-être l’alcool. Oui, c’est sûrement l’alcool – qui la met si à l’aise, qui la pousse à jouer, jouer avec les mots, jouer tout court. Du moins, avec un quasi-inconnu – car avec ceux qui la connaissent, Aster apparaît bien plus souvent telle qu’elle l’est maintenant. C’est juste qu’il lui faut du temps, pour s’habituer aux gens. Pourquoi prendre ainsi autant ses aises, face à Ken ? Peut-être parce que tout de même, elle le connaît, un peu. Ce que lui ignore.
Elle pense encore à l’autre fois. À ce jeu étrange s’étant instauré entre eux, jeu auquel Ken a fini par couper court en mentionnant un copain qui n’apprécierait pas vraiment cette attitude. Et maintenant ça. Elle doit au moins se l’avouer à elle-même, Aster : elle a du mal à le suivre. Et elle se déteste de rester là, bêtement, à entretenir la conversation, au lieu d’y mettre un terme, comme à ce je-ne-sais-quoi qui flotte encore dans l’air. Mais c’est trop tentant. Alors Aster rit de plus belle, encore. « Je comprends. Le sens de ta vie doit être tout à coup remis cruellement en question, c’est un coup dur. » Le sourire en coin est toujours là, presque provocateur – si seulement Aster s’en rendait compte. Peut-être n’est-ce rien d’autre qu’un sourire amusé un peu timide, dans le fond, qui sait. Un sourire qui, alors, n’ose pas tout à fait s’étirer dans son intégralité. Malgré tout, elle ne bouge pas d’un pouce. Continue l’échange, alors que Ken lui a tendu un verre. Le débat est à présent à propos de ce dernier – là où il a voulu lui signifier qu’elle n’était pas obligée de l’accepter, Aster s’est à nouveau mise à jouer avec les mots. Peut-être ce qu’elle fait de mieux, finalement. « Oh, tu ne veux pas le savoir. » répond-elle d’un ton mystérieux, face à un Kendall curieux de connaître la vengeance qui l’attendrait, si tant est qu’il lui volait réellement son verre. Move qui ne fait que venir au secours d’une Aster pour le coup en manque cruel de répartie. « J’en étais sûre… Un besoin de se rassurer ou de retrouver confiance en soi, sans doute ? » Ce n’est rien d’autre que de l’humour. Pas une once de jugement. « Hm, la perspective d’être à armes égales est intéressante. C’est peut-être bien le troisième, désormais. » Pourquoi lui donner même cette information ? S’agit-il encore d’humour ? « Quant aux secrets… Qui te dit que j’en ai ? » Elle en a des tonnes, vis-à-vis de lui qui la connaît si peu, et inversement. Il y en a un, plus important que les autres – un vrai secret qu’effectivement, si elle ne faisait pas attention, à enchaîner les verres de cette façon, elle pourrait lâcher à tout moment. Mieux vaudrait peut-être que Ken et elle soient à ex-aequo ; si elle lâchait une bombe, peut-être au moins l’oublierait-il complètement.
Et puis, voilà. L’allusion à l’autre fois. Elle a beau jouer les grandes dames, les indépendantes qui n’attendent personne, putain, qu’est-ce que cela lui a fait quelque chose quand Kendall a disparu. Quand il l’a laissée avec ces mots-là : Mon mec apprécierait pas trop que je rentre avec le numéro de quelqu’un d’autre. Pourquoi lui parle-t-elle, encore ? Dans le fond, Aster est l’incarnation même de l’hypocrisie : pour lui mentir sur son identité ; pour prétendre être ce qu’elle n’est pas, ou plus. Pour prétendre n’attendre personne alors que cela lui a mis un petit coup d’apprendre qu’il avait quelqu’un alors qu’ils s’entendaient si bien. Mais il était ivre ; à quoi est-ce qu’elle s’attendait ? La vie n’est pas un conte de fées. Il a peut-être oublié tout ce qu’il lui a dit. « Ouais, enfin bon, en vrai, je suis quand même rentrée chez moi juste après. » Elle lâche un rire, pour dédramatiser la vérité qu’elle vient de lâcher : rien de triste, en soi. Rien de dramatique. Pourquoi serait-ce forcément déprimant qu’elle soit tout simplement rentrée chez elle, seule, après une bonne soirée et un bon cocktail ? En tout cas, Ken lui pose une colle. À lui demander ce qu’il devrait faire pour récupérer la bague en question. Avant d’enchaîner, lui laissant l’opportunité de se dérober à ce qu’il lui devrait. « Peut-être, mais je ne suis pas sûre qu’on ait les mêmes doigts. » Haussement d’épaules alors qu’elle est simplement réaliste – pas d’humour ni de sous-entendus, cette fois, ni de sourire en coin, ni rien. Elle est juste tout à coup terriblement premier degré, Aster. « Quant à ce que tu devrais faire… À quel point est-ce que tu tiens à cette bague ? » Revoilà la lueur de malice dans le regard, et puis le sourire en coin. En présence de Ken, jamais bien loin.
Kendall Ackerley
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MEMBRE ☆ old wounds you got a little more to prove
âge : 27 ans, et toute l'insolence qui va avec. nul autre souci que les premières rides, pourtant imperceptibles.
statut civil : il se dit célibataire, bien qu'englué dans une relation en dents de scie ; le cœur brisé par la perte d'une idée fantasmée, jamais le cran d'agir, bien meilleur en coups d'un soir qu'en engagement.
occupation : mannequin, aux yeux du monde. et de grands rêves de musicien, assouvis en secret, lorsque les doigts s'envolent sur les touches du piano.
adresse : loft au 530 cbd.
intervention pnj : Oui
pronom perso : il
trigger : hard no : inceste, pédophilie, viol. // selon comment c'est abordé : agression sexuelle, violences conjugales, grooming & relations avec gros écart d'âge. // on peut plus en discuter par mp.
warning : deuil, accident de la route, alcool, drogue, dépression.
infos rp : présence : quotidienne, réponses toutes les 2-3 semaines selon l'inspi. style rp : j'écris en il ; entre 400 et 1500 mots, selon le rp, l'inspi, etc. dialogues : en blueviolet, français ou anglais.
Une attraction intellectuelle. C'est le premier qualificatif qui fuse dans l'esprit de Ken. Non qu'Aster ne soit pas, physiquement, à son goût – elle l'est, indéniablement – mais s'il n'y avait que cela, sans doute s'en serait-il vite désintéressé. On pourrait arguer, là, qu'elle doit être la seule distraction digne de ce nom et que c'est ce qui rend sa compagnie précieuse, mais quelque chose lui dit que même dans d'autres circonstances – un contexte où l'on n'attendrait rien de lui, où il serait libre de partir où bon lui semble –, il n'aurait eu le coeur à se dérober de leur joute verbale : après tout, n'est-ce pas ce qui était arrivé, lorsqu'ils s'étaient rencontrés ? Il aurait pu repartir à n'importe quel moment, et pourtant, il était resté, simplement pour le plaisir de sa conversation. Ken se demande combien de temps une telle fascination est censée durer. Si son effacement est proche. Mais il semble qu'à chaque mot, il remette de l'eau dans le moulin, alimentant autant qu'il ne subit cet étrange magnétisme. « Ca doit être ça, mon égo est au plus bas. Tu viens de pointer du doigt mon inutilité pathologique, après tout, sois compréhensive. » Il n'y a rien de sérieux dans ce qu'il dit : d'ailleurs, bien qu'Aster doive l'ignorer, son travail est une parfaite mise en abyme de leurs propos. Car il n'est finalement payé rien qu'à faire joli : une plante verte, aussi futile qu'ils ne sont en train de le prétendre en plaisantant. « Ah oui, quand même… je ne sais pas si j'aurais le courage de te rattraper. » D'ordinaire, il faudrait bien plus que trois verres pour lui faire peur. Mais il a le ventre presque vide, et se traîne toujours cette foutue fatigue. De quoi remettre en question sa potentielle résistance à l'alcool. Il n'aura qu'à savourer sa flûte, pour donner le change : un exercice bien inédit, pour lui. « J'ai envie de dire que tout le monde en a au moins quelques-uns. Et que tu serais d'un ennui à mourir, si ce n'était pas ton cas. » Le regard est rivé à celui d'Aster, dans l'espoir de jauger sa réaction face au demi-compliment qui s'est délié discrètement : le sous-entendu qu'au contraire, elle est loin d'être barbante. Qu'elle est digne de son intérêt.
« Alors, je suis flatté. » Le ton est à moitié ironique, puisqu'il se doute que le départ d'Aster n'avait pas grand-chose à voir avec le sien : mais il aime garder l'éventualité à portée de main. Sans doute pour satisfaire cet orgueil qu'il a prétendu éraflé ; qui, pour sûr, n'a pas eu depuis longtemps de raisons de s'emballer. « J'ai pas de si gros doigts, tu vas me vexer, Aster. » Prétend-il, avant de lever la main droite au niveau de ses yeux, comme s'il étudiait réellement la question. « Je portais celle-là à mon annulaire, donc elle pourrait aller à ton index. Peut-être même ton majeur, avec un peu de chance, je trouve ça plus élégant qu'à l'index. » Il baisse la main. Ne sait pas vraiment dans quoi il s'est lancé, à croire qu'il pourrait provoquer le miracle d'être plus embarrassant sobre que saoul. « J'y tiens énormément. Question de principe, je peux pas juste accepter qu'une de mes bagues soit égarée dans la nature, comme ça. Je ferais n'importe quoi. » Là non plus, Kendall n'est pas tout à fait sérieux. La bague vaut cher, certes, mais ce n'est pas un obstacle ; elle n'a pas de valeur sentimentale particulière, ce qui la rend pleinement remplaçable. Mais il n'est jamais opposé à surmonter un petit défi, s'il devait se trouver qu'Aster est d'humeur à lui en lancer un. Aux yeux de Ken, en tous cas, cela ne pourrait qu'enjoliver cette soirée.
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Vilain petit canard. Elle voudrait se fondre dans la masse. Paraître comme les autres – à sa place. Se voudrait assurée, majestueuse, légitime – digne d’un cygne. Mais elle n’est rien de tout cela, Aster. Elle n’est qu’un vilain petit canard qui dénote dans le paysage, qui se noie dans la mare noire, incapable de rejoindre le lac. C’est ce qu’elle se dit, en tout cas. Elle n’a rien à faire là. Rien à faire à cette soirée. Et même : rien à faire à parler à Kendall. Maintenant, elle sait un peu plus qui il est : mannequin. C’était Stevie ou Nilsa qui le lui avait montré sur son téléphone – elle ne se souvient pas très bien. Elle avait halluciné en le découvrant, Aster. Dans le fond, elle ne sait même pas ce qu’elle l’imaginait faire de sa vie. Est-ce qu’elle l’imaginait petit bourge durant l’une de leurs nombreuses conversations musicales numériques ? Parce qu’il est cela aussi, Kendall. Ken. Maintenant, elle en sait beaucoup sur lui – et lui, il en sait si peu sur elle. Est-ce qu’il voit le cygne, ou le vilain petit canard ? Elle ne sait pas bien à quoi ils jouent, en tout cas. Mais parfois, peut-être que cela ne fait pas de mal de ne pas savoir. De ne pas se le demander. Elle s’amuse bien, c’est tout – autant en profiter. « Malheureusement, l’empathie me fait défaut. » Ce qui est tout à fait faux. Aster n’est pas aussi froide qu’elle peut parfois en avoir l’air – la froideur qu’on assimile trop souvent à tort à sa timidité. « Hm, si je te cède finalement mon verre, on sera peut-être à égalité. » Haussement d’épaules, puis un sourire qui pointe aux coins de ses lèvres, à nouveau. Peut-être que là, l’espace d’un instant, elle arrive à faire semblant. D’être un cygne à peu près pertinent. Faussement à l’aise, faussement confiante, faussement intéressante. Ken pense-t-il ce qu’il avance ? Que si elle n’avait pas de secrets, elle serait d’un ennui à mourir ? Peut-être l’est-elle, avec ou sans secret. Parce qu’elle n’a rien d’un cygne, en vérité. « Je suppose que tu ne pourras pas vraiment le savoir. Donc peut-être que la réponse est déjà un secret, en soi. » Des secrets, elle en a. Comme celui concernant qui elle est là. Ce que Ken continue d’ignorer.
Lui, c’est un cygne. Elle, elle s’est égarée.
Elle se demande comment elle peut susciter son intérêt. Et puis, peut-être qu’elle se fait trop de films. Les voilà partis à reparler de l’autre fois. En réalité, quand Ken s’est évaporé, elle n’est pas restée. Elle s’est sentie tout à coup trop bête, et puis, avec une pointe de déception dans le cœur. Elle n’a pas voulu rester à se demander pourquoi elle était née. Mais Ken n’a pas besoin de savoir tout cela. « Quel orgueil. » fait-elle, d’un ton moqueur. La conversation dérive, bien vite, vers la bague qu’il a oublié – qu’elle a récupérée. Qu’il prétend qu’elle pourrait garder. C’est peut-être naïf, ce qu’Aster laisse échapper. Cruellement premier degré. On n’a pas les mêmes doigts. Elle n’a pas vérifié. La réponse de Ken lui arrache un rire, pur et simple – un rire d’enfant, presque. Spontané. « J’ai pas dit ça. » C’est vrai. Ce n’est pas ce qu’elle voulait dire. Il lève alors sa main, semble l’observer, analyser – explique à quel doigt elle pourrait l’essayer. La voilà qui lève sa main à son tour, comme pour comparer – quoi, elle veut voir la différence entre les palmes d’un cygne et celles d’un canard ? Sont-elles vraiment si différentes, dans leur cas, ou bien n’est-ce pas dû simplement au fait qu’il soit un homme, qu’elle soit une femme ? « Peut-être… Ça pourrait se tenter. Mais il ne faudrait pas qu’elle me gêne pour jouer. » Premier degré, toujours – sans s’en rendre compte, elle en dit déjà trop sur elle, Aster, sur ce qu’elle fait. Dieu sait qu’elle peut être maniaque, quand elle joue, du genre à détester avoir bracelets se baladant trop aisément sur son poignet trop fin, ou bague qui taperait contre les touches. Ou juste dans sa tête. Elle a ses petites habitudes. En tout cas, Aster s’amuse à lui demander ce qu’il serait prêt à faire pour récupérer la fameuse bague. Et la voilà, à rire encore. De son exagération. A moins que ce ne soit sérieux ? « N’importe quoi… Même à aller la chercher dans le fin fond du Central Business District ? C’est pas vraiment l’Upper East Side de Brisbane, tu sais, tu risques de te perdre… » Moqueuse, encore – et puis, elle exagère, Aster. CBD n’est pas vraiment la mare aux canards. Il y a aussi des cygnes qui y vivent, il y a même pire comme lieu de résidence. Elle est loin d’imaginer que Ken puisse lui aussi vivre dans le quartier – mais voilà qu’elle a donné une information sur elle-même, sans savoir ce qu’elle y cherche. Ce disant, elle pose sa coupe non terminée sur le plateau d’un serveur, l’échangeant contre un jus de fruits, puis se jette sur un autre plateau de petit four. Elle a comme un petit creux.
Kendall Ackerley
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« Après que tu m'aies menacé de torture indicible si j'osais y toucher ? Je ne suis pas inconscient, garde-le, ton verre. Tant pis pour l'égalité. » Se douter qu'elle ne songe pas sérieusement à lui céder ce fameux – et disputé – verre ne l'empêche pas de tricoter la plaisanterie, la basant sur un comique de répétition qui ne cesse d'emprunter à chaque parole qu'ils ont échangée jusque-là. Kendall n'est pas sans savoir que c'est une technique pour se rapprocher, d'instaurer cette familiarité, cette impression que déjà, entre les deux partis, une inside joke a pu s'installer. C'est de ses parents qu'il tient la méthode, ayant souvent entendu le procédé en laissant traîner ses oreilles lors de dîners avec des collaborateurs ou de simples connaissances, alors même qu'il était trop jeune pour bien réaliser tout ce qui pouvait se jouer, dans ces conversations aux abords légers. Désormais, il agit ainsi sans même le calculer. Cette manière de charmer s'est faite seconde nature, car il n'a finalement pas beaucoup d'autres objectifs que de se faire apprécier. Ce sont les raisons qui en diffèrent : parfois par intérêt, souvent par égo. Rarement parce qu'il désire fermement – et sans arrière-pensée – qu'une personne en particulier l'ait à la bonne. Tel semble pourtant être le cas de figure. Alors que ce n'est même pas son genre, de faire des efforts. Et encore moins pour s'attirer de bonnes grâces. Mais il en est là.
« Si tu as un problème avec ça, je te conseille d'aller chercher meilleure compagnie. » Note-t-il sur un sourire narquois, ne plaisantant qu'à moitié. C'est là un de ses défauts les plus saillants, il le sait. Et, si dans ce milieu, il est facile de passer outre, tant la plupart de ses congénères souffre de la même affliction, cela pourrait être moins facilement supportable, pour Aster. Quoiqu'elle-même semble loin d'avoir laissé sa fierté au placard. « Eh bien, je l'ai pris comme ça. » Prétend-il, faussement vexé – pour accompagner ce fameux orgueil. Le personnage se construit, peu à peu. Un rire lui échappe en la voyant l'imiter, levant une main à hauteur de la sienne pour les comparer ; et, évidemment, Kendall ne peut s'empêcher de se demander ce que les autres invités doivent penser d'eux, si l'un d'eux avait l'idée de tourner la tête dans leur direction. Ils doivent avoir l'air de drogués en plein trip, comptant leurs doigts pour démêler le vrai de l'irréel, du psychédélique. L'idée lui plaît – qu'on les perçoive ainsi. En pleine vadrouille mentale, dans leur monde. « Moi, ça me gêne pas, en général. Celle-là est plutôt légère, c'est le genre qui se fait oublier. » De cette pudeur coutumière lorsqu'il s'agit du piano – et donc de leur rencontre – il n'insiste pas sur le fait qu'il les porte lorsqu'il joue, ses bagues, et donc qu'il parle en connaissance de cause. Mais il ne s'étonnerait pas que, d'elle-même, Aster fasse le raccourci. Sa vivacité d'esprit n'est plus à prouver, et elle avait l'air de tant s'intéresser à sa musique, ce soir-là. « Je suis jamais contre un peu de tourisme. Les bas fonds de Central Business District, ça sonne comme une belle aventure. » De toute évidence, elle n'a aucune idée que lui-même habite là – dans la plus belle rue, certes, mais il y a suffisamment erré. Notamment car ce n'est pas dans les plus beaux quartiers que se terrent les dealers. Sans doute serait-elle surprise, Aster ; peut-être connaît-il mieux ces fin fonds mieux qu'elle, finalement.
Exagérément, il roule des yeux en la voyant se débarrasser d'une coupe vide. « C'est un crime, ça, tu sais ? Aucun respect pour ce délicieux champagne. » Lui aussi tend la main vers les petits fours, le geste faisant cruellement écho au creux dans son estomac, dont les bouchées tenant dans une paume semblent se moquer. Il ne lui en faut pas beaucoup plus pour oser proposer une évasion – espérant qu'Aster soit sur la même longueur d'ondes. « Et si on s'éclipsait pour aller prendre un truc à manger ? J'accepterais même de te suivre dans les rues les plus sombres de CBD, après ça. »
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Elle joue avec le feu – elle d’ordinaire si prudente, mesurée, méfiante. Elle joue avec le feu – mais elle y a pris goût. Peu importe les dangers, la situation impossible dans laquelle elle s’est fichue. Il serait encore temps, pourtant, de dire la vérité. Il serait temps d’arrêter cette mascarade, d’arrêter le mensonge, d’arrêter de s’empêtrer là-dedans. Mais que se passerait-il, alors ? Peut-être que Ken se désintéresserait-il tout à fait d’elle. Et Aster retournerait à sa morne existence – si tant est qu’on puisse considérer sa vie morne quand on s’apprête à réaliser son rêve, composer entièrement un album. La vérité, c’est que peut-être, Ken est apparu comme une distraction dont elle ne pensait pas avoir besoin, mais dont elle ne peut plus se passer à présent. Du moins, c’est ce dont elle prend doucement conscience alors qu’elle retombe, par le plus sincère des hasards, sur Baz – en réalité pas si inconnu ni lambda que cela. Et Aster fait du Aster : à dire vrai toujours pas très douée en flirt (est-ce du flirt ?). « Wow, j’imagine que je peux être fière d’avoir l’air si impressionnante et menaçante. » Elle a un sourire en coin, encore. A vrai dire, quoiqu’elle soit plutôt grande pour une femme, elle n’a rien d’effrayant – elle le sait pertinemment. Quoique, elle sait si facilement faire fuir les hommes qu’elle méprise, c’est-à-dire les hommes qui l’irritent, insupportables et lourds. Peut-être qu’elle en fait fuir d’autres, sans vraiment le vouloir – elle qui s’est toujours trouvée si étrange, en décalage avec les autres. Elle qui a fini trompée – parfois, elle ose dire que que c’était peut-être inévitable, au fond.
Ken lui accorde un peu d’intérêt. Alors peut-être ne lui en faut-il pas plus pour tomber bêtement dans le panneau, continuer de jouer avec le feu encore. Elle ne veut pas dire qu’en réalité, ils se connaissent – et que cela ne date pas de leur dernière rencontre. Elle ne veut pas gâcher le moment, si tant est que c’en est un. Mais une certaine complicité semble née. S’il savait. Qu’elle a déjà existé. Pourrait-il la reconnaître, là comme cela, au détour d’une phrase ? A un enchaînement de mots, à une expression qui ne viendrait presque que d’elle ? Elle se pose encore trop de questions, Aster. Se reconcentre – de toute manière, elle s’amuse trop encore. « Oui, regarde, ça doit me poser problème vu que je suis déjà en train de partir. » La Barrows pourtant ne bouge pas d’un pouce. Pourquoi s’éloignerait-elle de sa seule source d’amusement de la soirée ? D’une soirée où elle ne se sent pas très à l’aise ? Kendall l’amuse. Et en réalité, si elle l’avait réellement vexé, elle ne doute pas qu’il l’aurait déjà plantée. « Tu en as vraiment l’air. » commente-t-elle, en riant de plus belle. Elle n’est cependant pas en reste, observant à son tour ses doigts – ses doigts si fins de pianiste, restés si fragiles, délicats, alors qu’ils sont devenus son principal outil de travail. Et la discussion semble devenir tout à coup terriblement sérieuse – comme si l’un ou l’autre envisageaient tout à coup pour de vrai qu’elle puisse porter l’une de ses bagues. Celle qu’elle a toujours chez elle. Qu’elle n’a pas enfilé, naturellement, parce que ce n’est pas la sienne. Alors Aster mentionne que cela la gênerait pour jouer, sans doute – nul besoin de préciser l’instrument, que Ken lui-même répond pour sa propre pratique. Elle sait pertinemment qu’il joue du piano, et pas seulement parce qu’elle l’a rencontré ainsi officiellement, dans le fond. « J’imagine que c’est une question d’habitude, dans le fond. » Et la blonde hausse les épaules, non sans un sourire – respectant les usages de Kendall, qui sont indéniablement différents des siens. Pourtant, c’est toujours aussi intéressant d’en apprendre davantage à ce sujet.
Elle ne sait pas bien ce qui lui prend quand Ken prétend être prêt à tout pour récupérer sa bague. Pourtant, elle a presque l’impression qu’elle pourrait dire n’importe quoi, qu’il ne se vexerait – peut-être pas si orgueilleux qu’il s’amuse à le prétendre. A moins qu’elle n’ait rencontré qu’une version de lui. Elle ne peut guère prétendre le connaître non plus. « Du tourisme ? » fait-elle mine de s’outrer, incapable de retenir un grand éclat de rire. Elle a beau savoir que la provocation n’est que du second degré, elle n’a pu rester de marbre – car elle ne doute pas qu’il vive dans un coin et dans une résidence mille fois plus classes que les siens. « On s’ennuie tant que ça, chez les riches, pour que ça sonne comme une belle aventure ? » taquine-t-elle encore. C’est comme si elle tentait de voir jusqu’où elle pouvait aller, Aster – testant les limites de l’humour, la taquinerie, toujours en train de cerner la personnalité de Kendall. Quoi qu’il en soit, elle finit par se débarrasser de sa coupe de champagne pour préférer un soft, avant d’avaler l’un des petits fours servis. Ken, lui, semble s’offusquer faussement du fait qu’elle ait abandonné ledit verre de champagne. « Je vais te dire un secret, comme ça en plus tu sauras que je ne suis pas d’un ennui à mourir : j’aime pas trop le champagne. » Sourire en coin, alors qu’elle fait allusion encore à l’un de leurs sujets de conversation précédents. C’est que le temps passe plus qu’il n’en a l’air. Et tout à coup, voilà que Ken suggère l’inattendu : s’éclipser de la soirée, trouver un truc à manger. Peut-être la suivrait-il même dans les rues les plus sombres de CBD. « J’avoue que la proposition est alléchante, pourquoi pas ? » L’appel du ventre a raison d’elle, peut-être s’étant-elle trahie à la ferveur avec laquelle elle s’est jetée sur les petits fours. « Mais est-ce qu’on ne risque pas de remarquer ton absence ? Moi, je ne suis pas mannequin. » Et là, d’un coup, Aster lâche distraitement – ou pas ? – l’une des informations en sa possession. Dans le fond, ce n’est pas la plus improbable : la notoriété de Ken est publique, et cela, elle ne l’a appris que par hasard via ses amies, bien après leur rencontre.
Kendall Ackerley
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MEMBRE ☆ old wounds you got a little more to prove
âge : 27 ans, et toute l'insolence qui va avec. nul autre souci que les premières rides, pourtant imperceptibles.
statut civil : il se dit célibataire, bien qu'englué dans une relation en dents de scie ; le cœur brisé par la perte d'une idée fantasmée, jamais le cran d'agir, bien meilleur en coups d'un soir qu'en engagement.
occupation : mannequin, aux yeux du monde. et de grands rêves de musicien, assouvis en secret, lorsque les doigts s'envolent sur les touches du piano.
adresse : loft au 530 cbd.
intervention pnj : Oui
pronom perso : il
trigger : hard no : inceste, pédophilie, viol. // selon comment c'est abordé : agression sexuelle, violences conjugales, grooming & relations avec gros écart d'âge. // on peut plus en discuter par mp.
warning : deuil, accident de la route, alcool, drogue, dépression.
infos rp : présence : quotidienne, réponses toutes les 2-3 semaines selon l'inspi. style rp : j'écris en il ; entre 400 et 1500 mots, selon le rp, l'inspi, etc. dialogues : en blueviolet, français ou anglais.
« Du tourisme, oui. Je sors si peu de mon palace que chaque déplacement est une aventure. » Ironise-t-il, forcissant le trait à l'excès ; de ce qu'il constate, cette caricature de lui-même et de son milieu, aussi grotesque soit-elle, semble faire mouche. Joyeux luron à sa manière, Kendall n'enterre jamais une blague qui fonctionne, préférant généralement l'user jusqu'à la corde – jusqu'à ce qu'elle ne produise plus l'effet escompté. Celle-ci paraît frôler la redondance, aussi sera-t-il vite contraint de l'abandonner, mais Aster y rigole, pourtant. Et lui doit bien y trouver son compte, à voir son instinctif acharnement.
Aux mots suivants, c'est une mine désapprobatrice qu'il affiche, levant la main au niveau de son cœur pour mimer une vaste déception. C'est de champagne qu'il s'agit, après tout. Plus qu'une préférence gustative, la boisson est devenue compagne, meilleure amie un peu traîtresse, mais infiniment fidèle une fois que l'on s'habitue à ces soirées-là. Cela étant, il y a une partie de lui qui inconsciemment envie Aster de pouvoir peu l'apprécier – et, potentiellement, s'en passer, bien qu'elle ne l'ait pas fait, à cet événement. A ce stade, lui ne s'imagine pas un seul instant tenir le coup en s'en privant. « Je crois que certains secrets valent mieux de le rester. » Note-t-il alors, lâchant l'adage suranné comme s'il disposait lui-même d'une sagesse infuse, à ce sujet. « Qu'est-ce que tu préfères boire, alors ? Ca a intérêt à être bon, pour que j'oublie l'abomination que je viens d'entendre. » Lui ressortira-t-elle ce cocktail qu'elle avait commandé – dont il ne pourrait se souvenir de l'appellation, avouons-le, quoiqu'il lui suffirait de fouiller dans les notes de son téléphone pour la retrouver –, un alcool tout à fait différent, ou simplement un sourire énigmatique, gardant ce secret-là précieusement pour venger celui qu'elle vient de lui avouer ? Il s'attend à ce qu'Aster l'étonne, évidemment, comme elle a su si bien le faire jusque-là ; la surprise se profile bel et bien, mais nullement là où il l'appréhendait. Sur quelques mots, peut-être pas volontaires – s'en mord-elle déjà les doigts ? – voilà qu'Aster laisse entendre qu'elle sait parfaitement qui il est. Amusé, Ken hausse un sourcil avant de répliquer. « Je vois que t'as fait tes devoirs, finalement. Et ça ne doit pas dater de ce soir, puisque je ne t'ai pas vue sortir ton téléphone. T'es une sacrée cachottière, Aster. » C'est qu'il l'avait crue, quand elle avait prétendu ne pas s'expliquer sa présence là ; quoiqu'il n'a même pas fait l'effort de mettre sa parole en doute, à vrai dire. Kendall n'a pas vraiment la nature méfiante, et il a tendance à essayer de réfréner son scepticisme, lorsque celui-ci s'amuse à prendre le dessus. Alors, autant le reconnaître : elle l'a eu comme un bleu. Mais s'attendait-il à quoi que ce soit de moins, de sa part ?
« J'espère que la réalité n'est pas trop décevante, maintenant que t'as vu les photos. » Raille-t-il avec flegme, scrutant maintenant le visage de son interlocutrice pour essayer d'y discerner la moindre gêne. De savoir si l'aveu était une simple bourde, ou résultat d'un savant calcul pour déterminer quel serait le meilleur moment pour lâcher l'information. Non, il n'est pas méfiant, mais quand même : pour ce qui est de sur-analyser les situations et les personnes impliquées, Kendall n'est jamais le dernier. « Cela étant, oui, je pense que je peux me permettre de m'absenter. De toute façon, même si je suis là, c'est pas comme si je discutais avec quelqu'un d'autre que toi. Et puis, un mannequin qui crève la dalle, ça ne choquera personne. T'as envie de manger quoi ? »
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Aster Barrows
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rps : 56
pseudo : winter solstice.
id card : grace van patten / rathmoore@av, awona@header & icons, city of stars (la la land)@lyrics..
pronom irl : elle.
multicomptes : dora & toute la team.
âge : vingt-sept ans, l'impression de plus par moments.
statut civil : célibataire, elle reste l'incomprise, la solitaire, et s'en délecte.
occupation : pianiste professionnelle, à l'aube d'une carrière prometteuse.
adresse : cbd, apt. 223.
intervention pnj : Oui
pronom perso : elle.
trigger : inceste, cruauté animale, violences et agressions sexuelles, maltraitance, automutilations, descriptions contenant du sang, age gap +15 ans.
warning : tromperie.
disponibilités : indispo (-1/5).
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Est-ce si grave, de ne pas dire la vérité ? De ne pas dire qu’elle sait qui il est ? De ne pas avouer qu’il la connaît ? Aster oscille entre deux tendances. Aster n’arrive pas à prendre une décision. Aster se pose définitivement trop de questions. Mais surtout, Aster ne veut pas gâcher ce moment – pas alors qu’elle s’amuse tant. C’est peut-être la curiosité, aussi. Après tout, virtuellement, n’ont-ils pas déjà eu un bon feeling ? Elle ignorait seulement qui il était. Dans la réalité, elle peine à croire qu’il serait si bien passé si Aster elle-même n’avait pas compris qui il était. Elle ne lui aurait probablement pas répondu l’autre fois, alors qu’il avait de toute évidence trop bu. Elle l’aurait peut-être catalogué, mis dans la même catégorie que tous les autres hommes qu’elle méprise. Mais les choses arrivent pour une raison – non ? Et maintenant, Aster s’enfonce dans son mensonge. Trop curieuse d’en avoir plus, toujours plus, à présent. Et Ken ne semble pas trouver sa compagnie désagréable. Ils semblent même partis à plaisanter, se charrier, encore et encore – à propos de cette différence majeure entre lui et elle : leurs mondes, leurs univers. « Tu m’étonnes, tu arrives à t’y retrouver ou t’as besoin du GPS ? » taquine-t-elle, sourire en coin. Ils ne sont pas les mêmes, c’est indéniable. Au-delà de leurs milieux divergents, ils n’ont même pas le même tempérament. Peut-être l’un va-t-il avec l’autre – serait-elle différente, Aster, si ses parents avaient eu davantage les moyens ? Ils n’étaient cependant pas à plaindre, dans la classe moyenne supérieure – mais tout de même, cela n’égalait certainement pas le monde auquel Ken fait, aujourd’hui encore, partie. Alors elle n’aime pas le champagne, par exemple, mais cela n’a peut-être rien à voir – qui sait ? La réponse de Kendall lui arrache encore un rire, bref, spontané. Mais tout de même, s’il savait. Comme elle entretient, entre autres, un certain secret. Un vrai. « Je sens une légère exagération dans tes mots. » commente-t-elle, avant de répondre ensuite à sa question : « Du vin, simple mais efficace. Il y a tout de même de sacrées bouteilles. » Ce disant, elle hausse les épaules. Elle se fiche de ne pas être originale, se fiche par ailleurs de ne pas aimer le champagne – n’a jamais trop compris ce qu’on lui trouvait. Et la conversation pourrait se limiter à cela – des taquineries, des vannes. Mais Aster – volontairement ou non, telle est la question – dérape.
C’est que Ken suggère qu’ils s’envolent, s’éclipsent. Et elle, dans un élan de taquinerie, ne semble pas retenir une information en sa possession : elle sait qui il est, au fond. Quoiqu’elle ait prétendu le contraire, un peu plus tôt. Et même si elle l’a laissé échapper comme si c’était un manque d’attention, Aster, quoique facilement intimidée, fait généralement très attention à ce qu’elle peut lâcher. Trop control freak pour se laisser aller – à moins que ce ne soit le champagne qu’elle a déjà avalé ? Elle guette en tout cas la réaction de Ken, qui semble plus amusé qu’autre chose. Elle doit l’avouer, Aster : elle est très fière d’elle, très fière de son coup, très fière qu’il n’ait rien vu venir. Dans le fond, elle non plus – c’était impulsif, pas vraiment prémédité, mais pas tout à fait une erreur non plus. « C’est même pas que j’ai fait mes devoirs, en vrai. Je l’ai appris par pur hasard. » Nouvel haussement pour mimer une nonchalance qui n’existe jamais vraiment. Aster est trop inquiète, trop habituée à penser à tout, pour ne se soucier de rien. Mais la suite est plus grisante encore, car Ken ne s’arrête pas là, pas encore. Ken ne semble même pas s’inquiéter du fait qu’elle l’ait reconnu, ou qu’elle ne le lui ait pas dit plus tôt. « Parce que tu crois que j’ai pris le temps de regarder tes photos après ? C’est moi qui espère ne pas trop te décevoir, je n’suis pas vraiment du genre à mater. » Vrai ; cela étant, elle a bien regardé les photos, mais seulement parce que Nilsa et Stevie le lui montraient à l’origine et que c’est ainsi qu’elle a découvert son identité. Elle n’a encore rien dit à ce sujet, d’ailleurs. Ken, lui, ne semble pas nécessairement changer les plans qui se dessinaient, à savoir : quitter cette soirée, trouver un truc à manger. Non sans faire preuve d’une autodérision étonnante, qui a le mérite de surprendre tout de même Aster. « Quelle chance alors que tu me fasses l’honneur de ta présence. » taquine-t-elle encore, sourire en coin. « Un hamburger. Ou des burritos ? Ou des ramen. Qu’est-ce qui te tente ? » Maintenant qu’elle en parle, qu’elle y réfléchit, Aster, la faim commence à gronder dans son estomac. Elle ne sera certainement pas difficile à convaincre – se laisserait définitivement tenter par un hamburger et des frites, détonnant pourtant autant avec sa tenue qu’avec son tempérament.
Kendall Ackerley
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pronom perso : il
trigger : hard no : inceste, pédophilie, viol. // selon comment c'est abordé : agression sexuelle, violences conjugales, grooming & relations avec gros écart d'âge. // on peut plus en discuter par mp.
warning : deuil, accident de la route, alcool, drogue, dépression.
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« Il me faut une carte routière, même. C'est fou ce qu'on se perd vite, dans cette ville. » L'image mentale lui tire un sourire amusé : lui, au milieu d'une rue, fustigé par des klaxons tandis qu'il essaie de se dépêtrer d'un immense rectangle de papier. À y bien penser, il n'est même pas persuadé qu'il parviendrait à se débrouiller d'une carte imprimée : pas sans y passer un nombre embarrassant de minutes, en tous cas. « Mais nul besoin de tout ça, si tu me sers de guide. » Car c'est bien ce qui semble se dessiner : eux deux, partis virevolter au cœur de CBD. Et, à Ken, l'idée plaît – il en ressent presque l'adrénaline un peu bête d'un gamin faisant l'école buissonnière, alors qu'il s'apprête à se défausser de cet ennuyeux devoir de présence. Avec une fille, qui plus est. Rien d'exceptionnel, sur le papier : sauf qu'il ne fait jamais cela, lui qui, sans manquer de témérité, demeure à bien des égards un être extrêmement routinier. Impossible de ne pas le réaliser : cette histoire commence fortement à ressembler à un rencard.
« Je n'exagère jamais, pourtant. Mais je salue ton rattrapage : le vin est un excellent choix, en effet. » Moins tapageur que le champagne : donc, probablement moins Kendall – mais davantage Aster, assurément. À croire que l'on n'aurait pas pu faire plus opposés qu'eux deux, l'un s'adonnant pleinement à l'obscène, l'autre évoluant en toute discrétion. Une qualité qu'au fond, il ne peut qu'envier, tandis que lui s'est toujours senti contraint de brailler pour exister – dans l'œil des parents d'abord, et puis dans celui de la scène publique, ne sachant plus vraiment comment se faire remarquer autrement, lorsqu'il y avait fait son entrée. Aussi reste-t-il le gosse irrévérencieux qui descend voracement les flûtes de champagne, plutôt que celui, taiseux, qui accorde discrètement mets et vins à la perfection – quoiqu'il lui arrive de tenter, en silence, de cultiver ses talents oenologiques.
Après ce temps passé à la titiller sur ses secrets, c'est une belle ironie que Kendall lui-même semble s'en trouver à court. Car Aster sait bel et bien qui il est – après l'avoir rudement bien caché tout au long de la soirée. Dommage pour l'alias qu'il aurait bien, tôt ou tard, songé à se créer pour l'impressionner. Au moins n'a-t-il plus à faire semblant. Ou est-ce le contraire, justement ? Se savoir anonyme l'avait certainement libéré, lorsqu'il l'avait rencontrée. Assurément, il ne pourrait plus s'abandonner à cette légèreté, désormais. « Bah, tiens. Le hasard a bon dos. » La remise en doute de sa parole n'a rien de sérieux : mais c'est si délicieux, d'essayer de la piquer. « C'est tout à ton honneur, même si j'avoue que mon orgueil en prend encore un coup. » Non, il préfère même cela : au moins peut-il encore se bercer de l'illusion qu'elle n'en sait pas trop, à son sujet. Un nom de famille et un métier, ce n'est pas grand chose, dans le fond – tant qu'ils ne sont pas trop analysés. « Burger. » Répond-il du tac au tac, sans même prendre le temps d'hésiter : il en a rêvé, toute la soirée. Certes, la compagnie d'Aster l'a suffisamment distrait pour qu'il en oublie la vacuité de son estomac, mais les quelques mots font à nouveau rugir sa faim – et celle-ci crie malbouffe. Maintenant qu'il a l'image en tête, l'envie est irrésistible. « Viens, la sortie est par-là. Tu connais un endroit ? » Il se retient au dernier moment de lui attraper le bras, geste qu'il fait parfois naturellement, mais qu'elle risquerait de mal prendre ; alors, tandis qu'il se dirige vers la porte par laquelle il est entré, il s'astreint à une marche tranquille, restant à la hauteur d'Aster. Et, une fois dehors, tire immédiatement une cigarette de son paquet – sa nicotine lui a manqué, et il faut au moins cela pour encourager l'adrénaline qui l'a grisé. « T'en veux une ? »
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Aster Barrows
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Un peu d’aventure. Cela ne fait pas de mal. À Aster, cela fait même plutôt du bien. Cela la sort de sa zone de confort. Cela la met un peu en danger – du moins, à ses yeux. Ce soir, elle s’est risquée à explorer le monde. À sortir de sa coquille. A sympathiser, sociabiliser. Il le faut, parfois. Il le faut, pour sa carrière – peut-être autant que pour son moral. Sinon, Aster serait tout à fait seule. Ou se sentirait seule. Elle semble déjà si indissociable de sa vie, la triste solitude. Celle qu’elle s’est peut-être elle-même provoquée, à être telle qu’elle était. Pas de quoi lui permettre de gagner en assurance. Pas de quoi atténuer son impression d’être différente. Dans le monde, en compagnie de tous ces gens, elle ne fait que porter un masque. C’était le cas, ce soir – jusqu’à ce qu’elle tombe sur Kendall. Avec lui, elle peut bien admettre qu’elle en porte un autre, de masque. Mais au moins, elle ne change pas vraiment ce qu’elle est. Comment peut-elle alors, deux secondes, intéresser Ken ? Maintenant, les taquineries vont bon train, tandis qu’ils l’imaginent mettre les pieds dans un quartier qu’elle ne l’imagine bêtement pas connaître, alors qu’il n’en est rien – persuadée qu’il vit plutôt du côté de Paddington ou Kangaroo Point. « Tu m’étonnes, elle est si grande. » Mais avec un GPS, on s’en sort. Si elle doit être tout à fait honnête, Aster, elle a beau vivre à Brisbane depuis toujours, elle sort encore son téléphone pour se repérer, parfois. À la suite, elle ne s’y attend pas. Ne sait pas comment le prendre – mais peut-être qu’il n’y a pas besoin de se poser la question. « Hm, qu’est-ce que j’ai en échange ? » décide-t-elle de continuer de plaisanter, prenant toutefois un air faussement sérieux. C’est l’humour à la Aster, cela – bercé d’ironie, un tantinet pince-sans-rire, quoique se glisse parfois tout de même une touche de malice. C’est un peu de tout cela quand, ensuite, les voilà partis à débattre à propos du champagne. Puis à parler plutôt vin, qui a la préférence de la brune. « Encore heureux, que c’est un excellent choix. J’ai tout de même du goût, qu’est-ce que tu crois. » Et un sourire en coin, pour clore le débat qui n’en est pas vraiment un. Ils s’amusent, c’est tout.
Jusqu’à ce qu’Aster dévoile malencontreusement – ou pas – ce qu’elle sait. C’est-à-dire qui il est. La bombe a été lâchée avec une nonchalance pas vraiment calculée – simplement naturelle venant d’une Aster qui s’essaie à l’humour. Elle se défend cependant de l’avoir appris par hasard. Sait bien qu’il taquine, rentre encore dans son jeu. « Bon, j’avoue, ça m’a pris un temps fou de chercher, t’imagine pas tous les Ken qui traînent sur Instagram, sans compter les fan accounts de Ryan Gosling après Barbie. » Sourire en coin, toujours, alors qu’elle guette sa réaction. Jauge, en permanence. Cette conversation l’amuse beaucoup trop. C’est encore une aventure, d’une certaine façon. « Désolée, c’est ma passion première de blesser les egos masculins, va falloir t’y faire. » Là encore, elle jauge. Analyse jusqu’où elle peut aller. Néanmoins, si elle doit être tout à fait honnête, Aster, peut-être qu’elle avait un peu regardé les photos. Mais c’est tout. Cela ne veut rien dire. Ken n’est pas obligé de le savoir. Quoi qu’il en soit, ils semblent prêts et partants pour partir à l’aventure, loin de cette soirée – trouve quelque chose à manger. La réponse de Ken face à ses propositions ne se fait pas attendre. « Au moins, tu sais ce que tu veux. » plaisante-t-elle, en lâchant un rire. Un burger, cela la tente bien – elle ne sait pas pourquoi, mais rien que d’y penser, cela lui donne l’impression d’avoir immensément faim. Ken lui indique la direction de la sortie, alors elle le suit, et il lui demande si elle connaît un endroit. « Non, pas vraiment. Et toi ? » Au pire, ils n’auront qu’à regarder sur Google Maps pour trouver de quoi combler leur faim – et leur envie de hamburger. Une fois dehors, elle lâche un soupir de soulagement, hume l’air, heureuse de ne plus être parmi cette foule de gens. Ken, lui, sort une cigarette, lui demande si elle en veut une. « Non merci, je fume pas. » répond-elle, esquissant un sourire. Ils sont vraiment différents, du début à la fin. Pendant qu’il allume sa cigarette, elle sort son téléphone de son sac, pour ouvrir Maps. Trouver la direction d’un bon burger, parce qu’elle en rêve, à présent.
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Kendall Ackerley
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C'est un rire franc qui lui échappe lorsqu'Aster fait un parallèle entre son surnom et le vrai Ken – enfin, le plus célèbre, en tous cas, et ce, d'autant plus depuis le fameux film. Quoique cela faisait quelques mois, tout de même, qu'il n'en avait plus entendu parler ; les railleries à ce sujet, attendues et suffisamment bon enfant pour qu'il ne s'en offusquent pas, avaient par ailleurs lassé leurs expéditeurs avant que lui-même ne s'en trouve agacé. Il avait certes fallu porter du rose quelques jours durant pour jouer l'autodérision, mais il s'était sorti de cette drôle de passe. Se la voir rappelée à présent ne peut qu'être amusant. « Ouais, j'imagine la galère. Ça m'a fait une excellente pub, en réalité : je suis persuadé que pas mal de personnes sont tombées sur mes réseaux sociaux grâce à ça, voire que certaines ont fini par m'associer à Gosling. J'espère qu'un second film sortira lorsque ma popularité se cassera la gueule. » Une chute peut-être inéluctable : on brise des carrières si facilement, dans son domaine. Pour un mot de travers, quelques grammes de trop ou des clichés scandaleux – bien qu'à cet égard, Kendall soit de l'école considérant que rien n'est trop choquant, mais il doit bien y avoir des limites à ne pas franchir. Et la lucidité appelle à la prudence : avoir du boulot est une chose – il y a fort à parier que lui en aura encore quelques années, quoiqu'il arrive – mais encore faut-il ne pas défiler pour n'importe qui. Maintenant qu'il a tutoyer les sommets du luxe, il préférerait se retirer tout à fait que d'être relégué à des marques mineures. « J'ai remarqué ça, oui. Et je ne te jette pas la pierre, ça a l'air assez marrant, comme activité. Je crains de ne pas être assez incertain de ma masculinité pour que ce soit drôle de s'en prendre à moi, mais ça me va, de servir de cible d'entraînement. »
Kendall ne peut qu'acquiescer – sans doute avec un peu trop de véhémence. Loin de lui l'idée de passer pour un vulgaire ogre, pourtant, c'est indéniable : il en possède l'appétit, en cet instant, et la bienséance l'empêchant de saliver à la seule image mentale d'un burger s'effrite de seconde en seconde. « Rien de tel qu'un retour de fashion week pour savoir ce qu'on veut manger, crois-moi. » Il peut se permettre d'être moins cryptique quant à son quotidien, maintenant qu'elle connaît son métier : alors, il se lâche un peu. On pourrait même dire qu'il s'ouvre, et cela ne lui arrive pas si souvent. Ces sujets-là sont plutôt tabous, dans le milieu – et ont tendance à mettre mal à l'aise ceux qui n'en sont que spectateurs. Alors, même auprès de ses plus proches amis, Ken se permet rarement d'aborder ces questions-là. Mais il ne se met pas tant de barrières, face à Aster. Il estime qu'il n'a pas grand-chose à perdre. À raison ou à tort, allez savoir. « Je peux pas dire que je suis étonné. » Il se demande comment cela pourrait la faire réagir, qu'il se soit fait des idées à son sujet – et que celle-ci soit avérée. Aster n'a pas l'air d'être de celles qui apprécient d'être facilement percées à jour. « T'as déjà essayé ? » Demande-t-il en recrachant la fumée, attendant la réponse avant de laisser son regard louvoyer vers le téléphone affichant déjà une dizaine d'enseignes. « Celui-là est pas mal. » De l'index, il désigne l'un des noms apparus sur la carte. « C'est pas le plus proche, mais il vaut le coup. Et ça me laissera le temps de finir ma clope tranquillement. » Parce qu'il déteste qu'on le presse. Évidemment. Kendall a une réputation de diva à tenir. « Ca te va ? Je voudrais pas te mansplainer les meilleurs burgers de la ville. » Ne peut-il s'empêcher de rajouter, sourire taquin au bord des lèvres.
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Aster Barrows
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rps : 56
pseudo : winter solstice.
id card : grace van patten / rathmoore@av, awona@header & icons, city of stars (la la land)@lyrics..
pronom irl : elle.
multicomptes : dora & toute la team.
âge : vingt-sept ans, l'impression de plus par moments.
statut civil : célibataire, elle reste l'incomprise, la solitaire, et s'en délecte.
occupation : pianiste professionnelle, à l'aube d'une carrière prometteuse.
adresse : cbd, apt. 223.
intervention pnj : Oui
pronom perso : elle.
trigger : inceste, cruauté animale, violences et agressions sexuelles, maltraitance, automutilations, descriptions contenant du sang, age gap +15 ans.
warning : tromperie.
disponibilités : indispo (-1/5).
— rps en cours. www › sadie www › ken (2) www › stevie www › haydar www › nilsa & stevie www › joel www › rhett (2)
Elle n’a pas la prétention de se croire intéressante. Pas drôle, pas captivante. Elle rentre dans la catégorie de celles que l’on trompe. Ce n’est pas une star, pas une actrice, pas une chanteuse, pas une mannequin non plus – avec Kendall, en somme, elle n’a de prime abord rien en commun. Rien, sauf le plus grand point de tous : le piano. Le plus grand pour elle ; mais pour lui, elle n’est pas sûre. Elle a bien noté l’autre fois, comme il semblait préférer parler d’autre chose. Dommage. Finalement, elle n’a pas la prétention de croire, surtout, Aster, qu’elle est intéressante, drôle, captivante, aux yeux de Ken. Pourquoi même voudrait-elle l’être ? Peut-être parce qu’en fin de compte, voilà la pure et simple vérité : Kendall lui plaît. Un truc qu’elle n’avait pas vu venir – non pas que ce soit désagréable, ni la fin du monde. Mais 1) elle doute que ce soit réciproque et 2) même si cela l’était, elle s’est trop mise dans le pétrin pour que cela ne se retourne pas contre elle à un moment ou l’autre. Mais elle joue déjà malgré elle à un jeu dangereux. Parce qu’elle joue, précisément, et guette chacune de ses réponses et réactions de Ken. « C’est définitivement incroyable, la puissance marketing de ce film. Par contre, quoi ? Certaines personnes t’ont associé à Gosling ? Tu te crois du même niveau ? » Elle ne quitte pas son sourire en coin, mi-provocateur, mi-sérieux. Elle est curieuse d’entendre sa réponse. De son côté, elle pense peut-être très fort qu’il n’aurait rien à envier à Gosling (une remarque qu’elle gardera pour elle, malgré ses deux verres et quelques de champagne, toujours lucide).
Il la fait rire, tout de même. Et cela relève plutôt de l’exploit. Car comme elle l’a dit, elle froisse les egos masculins.
Le pire, c’est que ce n’est même pas vraiment volontaire – c’est juste plus fort qu’elle. Et l’autodérision, ainsi que l’humour et le réalisme dont Ken semble faire preuve ne font que l’encourager. Quelque part, peut-être le testait-elle pour voir comment il réagirait. Histoire qu’il lui donne une raison de s’en désintéresser, de calmer le jeu, de prendre ses distances, d’apaiser les battements de son cœur qui commence à un peu trop s’investir. Et cette façon qu’il a de lui arracher encore un sourire. A presque la faire éclater de rire. « C’est marrant en fonction du mec en face. C’est pas très drôle face à un abruti fini. Mais face à toi, ça l’est, précisément parce que t’en es pas un. » Elle hausse les épaules, Aster. Pour le coup, elle est sincère. En réalité, elle ne passe pas son temps à sciemment faire chier la gent masculine. C’est juste plus fort qu’elle, avec certains. Mais pas avec Ken. Avec Ken, c’est juste pour voir, le titiller, analyser. Elle s’en est déjà fait son idée. Il n’entre pas dans la catégorie des abrutis.
Sinon, elle n’irait pas manger un hamburger avec lui. Ni s’évader de cette soirée – où de toute manière, elle ne va rien manquer.
Et puis, il la fait rire, Ken. Et cela, ce n’était pas forcément gagné. Aster le découvre à présent mannequin, du genre de ceux qui vont à la fashion week. Elle est certaine que ce n’est pas juste pour rire, qu’il y est vraiment allé, Ken. « Je te crois. Et je suis curieuse de savoir à quoi ça ressemble, le quotidien d’un mannequin en fashion week. » C’est vrai, l’intérêt est sincère, la curiosité piquée. Et avec Aster, il faut le faire. Non pas qu’elle ne s’intéresse pas aux autres – mais une fois de plus, cela dépend. Du reste, elle a décidé d’offrir sa compagnie à Kendall, ce qui n’est pas rien. Les voilà donc partis en quête de burgers – bientôt, tous deux dans la rue. Le jeune homme lui propose une cigarette et elle décline en indiquant qu’elle ne fume pas. Il répond qu’il n’est pas étonné – de quoi l’intriguer. La voilà qui relève tout à coup la tête du téléphone où elle cherchait une adresse pour dîner. « Pourquoi ? » demande-t-elle simplement, curieuse de connaître la réponse. Est-ce parce qu’elle n’est pas vraiment une fille intéressante, drôle, captivante ? Une fille qui prend des risques, trop sage, trop prudente ? « Non. Peut-être que je devrais. » Elle y a déjà pensé, en vérité. C’est tout de même une chose, de l’avouer – qui plus est à un (quasi) inconnu (même si c’est relatif). Puis Ken attire à nouveau son attention sur la carte, celle qu’elle regardait, repérant un nom qui semble lui parler. Puis il y a la pique finale, celle qui lui arrache un nouveau rire. Elle aurait voulu feindre de faire la gueule (comme les trois quarts du temps), faut croire que face à Ken, elle n’y arrive pas le moins du monde. « Ouais, allons-y. Je voudrais pas te priver de ta clope. » taquine-t-elle, en retour. « Ça va, pour le moment tu t’en sors bien… Pas de mansplaining, pas d’ego insupportable, pas de drague bien lourde. » Y a-t-il drague tout court ? Elle ne le sait pas, Aster.
C’est précisément le plus grisant.
Kendall Ackerley
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MEMBRE ☆ old wounds you got a little more to prove
âge : 27 ans, et toute l'insolence qui va avec. nul autre souci que les premières rides, pourtant imperceptibles.
statut civil : il se dit célibataire, bien qu'englué dans une relation en dents de scie ; le cœur brisé par la perte d'une idée fantasmée, jamais le cran d'agir, bien meilleur en coups d'un soir qu'en engagement.
occupation : mannequin, aux yeux du monde. et de grands rêves de musicien, assouvis en secret, lorsque les doigts s'envolent sur les touches du piano.
adresse : loft au 530 cbd.
intervention pnj : Oui
pronom perso : il
trigger : hard no : inceste, pédophilie, viol. // selon comment c'est abordé : agression sexuelle, violences conjugales, grooming & relations avec gros écart d'âge. // on peut plus en discuter par mp.
warning : deuil, accident de la route, alcool, drogue, dépression.
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Cela fait un moment qu'ils discutent et, si Kendall devait retenir une seule chose au sujet d'Aster, c'est qu'elle ne loupe jamais une occasion de le piquer. Quel que soit le sujet, elle semble détecter à la milliseconde près chaque brèche dans la conversation pour s'y immiscer, et brandir une réplique bien trouvée. C'est parfois inattendu, et, parfois, il sent que l'ironie est en approche, tant il tend le bâton pour se faire battre. C'était le cas en mentionnant Ryan Gosling, bien sûr : il n'aurait pas osé espérer que le rapprochement reste inaperçu. « Bah, on est tous les deux blonds et musclés, c'est déjà pas mal. Et puis j'ai pas encore touché au botox, moi, il faut m'accorder ce point-là. » Sur un soupir faussement défaitiste, il hausse les épaules. « Mais bon, à la fin, c'est Ryan Gosling… et moi, je suis juste Ken. » Il a glissé un coup d'œil vers elle, de biais, pour voir si sa – mauvaise – blague a fait mouche. Sourire satisfait, discret, en ayant l'impression que c'est bel et bien le cas.
« Tu vas me faire rougir. » Ironise-t-il, tout en acceptant le compliment. Par chance, il s'est trouvé la plupart de sa vie dans des environnements l'empêchant de devenir, comme Aster le dit, un abruti fini – pour ce qui est du machisme, en tous cas. Ce doit être le résultat d'avoir grandi flanqué d'une soeur jumelle qui a toujours été infiniment plus affirmée que lui, sous la houlette d'une mère aussi reconnue dans son domaine que son père, et puis d'avoir évolué dans le mannequinat, entouré soit de femmes, soit d'hommes prêts à envoyer valser les normes. Ken en est reconnaissant, lorsqu'il entend des propos d'un autre âge qui font immédiatement passer leur expéditeur pour un sot. Non qu'il soit connu pour éviter finement les écueils qui lui donneront l'air idiot, mais au moins, ce n'est rien d'aussi grossier. « C'est sans doute l'habitude qui parle, mais franchement, c'est pas aussi passionnant que les gens se l'imaginent. Enfin, les défilés, c'est cool – une fois qu'on a survécu au temps passé sur une chaise à se faire maquiller sans bouger. Et c'est une chance de voyager autant. Mais le reste, les régimes, les heures à se faire mesurer, la pression… c'est contraignant. Enfin, ça reste un job assez facile, je vais pas me plaindre. Je pense que le tien est plus intéressant. » Il est sincère : sans surprise, le milieu de la musique l'attire énormément, et il se demande ce que c'est, d'y dédier tout son temps. C'aurait pu être lui, également : et, alors, sans doute qu'Aster et lui auraient eu beaucoup plus de choses à se raconter. Mais ses choix ont été différents – plus faciles. Étonnamment, cela ne les empêche pas de parler.
« Je sais pas, t'as l'air d'être très… en contrôle. Je te vois plus rappeler les dangers de la clope et dire que ça sert à rien – et t'aurais pas forcément tort, d'ailleurs. De toute façon, ça fait pas vraiment d'effet, c'est plutôt une posture sociale. Tu loupes pas grand-chose, c'est pas comme l'herbe. Mais j'ai ce qu'il faut, si tu veux essayer. » Pour lui, cela ne changerait rien : une de plus, une de moins, il ne les compte plus. Et se trimballe toujours avec un paquet de rab, histoire de ne pas tomber à court. Car Kendall met un point d'honneur à ne jamais présumer de ce que seront ses soirées : sait-on jamais, si on l'entraînait dans une fête improvisée. Ou s'il faisait une rencontre inattendue, avec une fille qui aimerait essayer de fumer. « Que de compliments, je vais finir par croire que c'est toi qui me dragues. » Il n'y croit pas vraiment, trop persuadé qu'il y a des questions de niveau, et qu'il est loin d'être au sien. À moins qu'elle ne cherche qu'à s'amuser, une aventure hors de sa zone de confort avant de revenir à une vie qu'il imagine – à tort ? – bien rangée. Pas le genre d'occasion qu'il est du genre à laisser passer, quoi qu'il en soit. « Et alors, le quotidien d'une musicienne, c'est quoi ? » Qu'il demande après avoir recraché une bouffée de fumée. Ils en ont pour quelques minutes de marche, avant d'arriver à l'établissement qu'il vise : autant les mettre à profit.
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Aster Barrows
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Aster, elle croit qu’elle sait pas draguer, elle croit qu’elle est pas drôle, elle croit qu’elle est pas intéressante. Le problème, c’est qu’Aster, elle s’est fait tromper. Qu’un pauvre mec a piétiné tout ce qu’elle avait de fierté, l’a complètement humiliée, sans une seule seconde la mériter. Et Aster, indéniablement, cela l’a ébranlée. On ne se remet pas d’un truc pareil en un claquement de doigts. Cela fait mal, cela ébranle, fait des ravages, cela détruit – la confiance, l’assurance, l’espoir, la foi en l’amour, aussi. Depuis, Aster se protège. Aster ne sort pas beaucoup de sa coquille. Aster, peut-être, blesse les egos masculins comme elle s’amuse à le dire – comme si c’était drôle. Peut-être qu’elle n’a juste plus vraiment confiance en la gent masculine, tout simplement. Mais Ken, elle le laisse approcher. Ken, c’est la confiance – même s’ils ignorent encore que d’une certaine façon, ils se connaissent. C’est peut-être juste pour cela, qu’elle lui parle, qu’elle reste en sa compagnie, que même elle l’apprécie. Qu’elle arrive à plaisanter avec lui. C’est f a c i l e. Et un rire fuse, s’échappe de ses lèvres, si aisément, si naturel, à sa comparaison personnelle avec Ryan Gosling. « Pas encore ? C’est prévu pour quand, dans ton plan de vie ? » Le regard est rieur, le regard un brin moqueur. Rien de méchant, ni de mesquin. Et Aster qui rit de plus belle, à la blague qu’il lâche. La faire rire, c’est quelque chose. Peut-être un exploit. Une invitation à l’ouverture, une nouvelle preuve de confiance. C’est quelque chose, venant d’une telle maniaque du contrôle. « Difficile de lui arriver à la cheville. Enfin, sauf pour tes quoi, un million de followers ? » fait-elle mine de réfléchir. Le nombre, elle ne l’a vraiment pas retenu. Peut-être parce que c’en était vertigineux – tout ce monde qui le suit, l’adore, l’adule. Et elle qui se retrouve, simple mortelle, au banquet des dieux où elle se sent comme un imposteur.
Aster, elle croit qu’elle est pas passionnante, pas incroyable, pas inoubliable. Mais le flirt subtil, sans être nommé, sans être ouvertement abordé, est facile. Ken, il pourrait être de ces mannequins sur lesquels, elle doit l’avouer, elle a des a priori. Mais il ne l’est pas. N’est pas non plus, un abruti fini, de ce qu’elle en voit. Du reste, elle ne peut rien en savoir. Ce qu’elle sait de lui, dans le fond, c’est tout un pan de sa vie qu’il ne lui montre pas aujourd’hui. Elle le voit autrement, que l’idée qu’elle s’en faisait, probablement. Mais il lui arrache des (sou)rires et cela aussi, c’est quelque chose. Elle ne répond rien à ses mots. Se contente d’écouter la suite – intéressée, captivée. L’écoute lui parler de son quotidien de mannequin. Entend la pression, la contrainte. Elle ne trouve pas cela facile, d’un point de vue extérieur. Mais n’y connaît pas grand-chose. « C’est quoi, qui est cool, pour toi ? » Question sincère, car il souligne surtout le négatif. « Tout boulot a ses contraintes, je dirais pas que c’est facile. Ça l’est forcément davantage pour d’autres, en revanche, et c’est pour ça que vous êtes mannequin. Mais moi, quand je t’écoute, je me dis que je pourrais vraiment pas faire ça. » Elle lâche un rire, Aster. Mais combien de fois a-t-elle entendu cela pour son propre métier, sa propre carrière.
Il lui propose une cigarette. Elle refuse. Et elle se demande si elle a l’air nulle. Encore moins drôle, moins intéressante. Certainement pas cool. Rien à voir avec les mannequins, les acteurs, ce monde-là. Putain, qu’est-ce qu’elle foutait là ce soir. Pourtant, elle s’évade de la soirée avec un mannequin qui passe sa vie en fashion week et dépasse le million d’abonnés. Elle ne sait pas pourquoi elle demande pourquoi il n’est pas étonné qu’elle ne fume pas. Peut-être se tend-elle un peu, en attendant, puis écoutant la réponse. Ken l’a si bien cernée – elle ne sait pas ce que cela veut dire. Et cela la rend nerveuse. Ne pas savoir. Peut-être que là, elle n’a pas vraiment de bonne réplique à sortir, pas inspirée, prise de court, démasquée. « En plein dans le mille. Tu vas me trouver super chiante, maintenant. » Elle lâche un petit rire, pour aller avec l’autodérision. La dernière chose qu’elle veut, c’est éveiller la pitié de quiconque. Alors elle a besoin de préciser qu’elle plaisante, d’une façon ou d’une autre. « Pourquoi ? Je loupe quoi avec l’herbe ? » elle demande, sourire en coin. Cela l’amuse. Et puis, occupe le trajet pour aller manger, qui peut maintenant débuter. Et Ken, qui se met à la charrier – et elle, toujours, de rétorquer. Elle sait pas trop ce qu’elle veut dire, sa réponse. Mais pour une fois, elle ne se pose pas trop de question. « Et si c’était le cas, ça ferait quoi ? » qu’elle répond, sans réfléchir, du tac au tac. Elle croit qu’elle sait pas draguer, qu’elle est pas drôle, qu’elle sait pas répliquer, qu’elle est pas intéressante, pas jolie, pas captivante. Nada. Mais draguer, un jour, elle a su faire, un jour, elle l’a bien fait – dans le fond, est-ce qu’il suffit pas de tomber sur la personne avec qui le courant passe ?
Et peut-être qu’Aster, elle a envie de draguer Ken. Même si elle se dit qu’elle a aucune chance. C’est vrai : qu’est-ce que ça ferait. Si elle le draguait. C’est peut-être ce qu’elle fait.
Il lui offre pourtant une porte de sortie, si elle le désirait. Ou un changement de sujet. Il ne sait même pas vraiment ce qu’elle fait. « C’est de la musique tout le temps. Même quand tu manges, même quand t’essaie d’dormir. Tu connais pas vraiment le silence, t’es jamais vraiment seul. » Même quand on l’est. Elle a appris à aimer la solitude qui lui permettait d’écouter ses pensées. L’inspiration, aussi. Le silence pour laisser l’idée de la mélodie venir à elle. « Et puis, tu joues tout le temps. Pas juste une heure. Tu recommences, encore et encore. Jusqu’à ce que ce soit parfait. Et comme ça l’est jamais, ça peut durer vraiment longtemps. Tu deviens… très en contrôle. » Elle laisse échapper un petit rire, allusion à ses mots, quelques minutes plus tôt. « Y’a beaucoup de pression et des contraintes, aussi, tu vois. » Elle hausse les épaules. Après, c’est sûr qu’elle n’a pas besoin de faire un régime. Mais elle a déjà sauté des repas pour travailler, c’est presque tout comme.
Kendall Ackerley
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« Non, c'est sûr, facile n'est pas le terme. Mais je comprendrais qu'on le pense, et il y a bien pire. » Ken en a trop conscience pour prendre ses grands airs lorsqu'il parle de mannequinat. Enfin, tout dépend du public. Il sait se plaindre dès qu'il est face à des personnes qui en font encore moins que lui. Voire devant d'autres, s'il voulait choquer, ou tout simplement si leurs opinions lui importaient peu. Sauf qu'Aster ne tombe pas dans ces catégories-là, et qu'avec elle, il se sentirait tout bonnement con de jouer les martyres. « Ce qui est cool… j'adore la haute couture. Les fringues, les bijoux, tout ça. C'est génial, de porter des pièces qui rejoindront après des collections, et qui deviendront peut-être historiques. D'être payé pour les mettre en valeur. Tu vas te dire que j'exagère, mais c'est presque un honneur. Et maintenant, je peux me permettre de ne défiler que pour les marques qui me plaisent. » Il serait le premier à l'oublier, cette passion, vaincu par la routine et tout ce qu'il a appris à détester de son domaine. Pourtant, il avait toujours eu cette curiosité-là, et la chance que ses parents, sans être eux-mêmes des fashion victims, aient eu le placard rempli de pièces de grandes marques parmi lesquelles fouiller. Kendall l'avait fait mille fois, gamin, s'amusant à comparer les textures d'une veste en cuir ou d'une jupe en soie, à superposer les couleurs, les formes. L'œil s'était développé, ainsi que le goût, peu à peu, pour tout ce qui était innovant, voire choquant. À cet égard, ses choix – que ce soit en termes de marques auquel il a pu prêter ses traits, ou d'investissements personnels – ont rarement fait l'unanimité, mais l'on n'a jamais pu nier la finesse de son regard, et son originalité.
« Entre ça et des gens comme moi qui ont besoin de ça pour ne pas être chiants, je pense que tu gagnes. » Des moutons qui suivent la masse. Des individus qui ne sauraient quoi faire de leurs mains s'ils ne tenaient pas de clopes, et craignent de se faire surprendre dans une gesticulation stupide. Et qui pensent que tout cela, c'est plus important que leur santé. Oui, Ken pense vraiment qu'Aster est à une meilleure place, à assumer ce qui ne l'intéresse pas. D'autant plus qu'elle a l'élégance de lui épargner la morale que nombre de non-fumeurs ont cousue aux lèvres. « T'as jamais parlé à un stoner de ta vie, ou quoi ? » Question un peu rhétorique : il se doute bien que ce n'est pas le genre de personnes qu'elle fréquente. Mais elle est bien en train de le fréquenter, lui, alors sans doute pourrait-elle encore le surprendre. « Mh… Tu te sens léger, joyeux. Tout est très distant. C'est quelques minutes où tu ris pour un rien, et où t'as l'impression que rien d'autre n'existe. C'est agréable. » Difficile d'expliquer quelque chose d'aussi furtif et personnel qu'une sensation ; mais il a l'impression de ne pas en être si loin.
Et si c'était le cas, ça ferait quoi ? Sûrement que ce serait un peu comme ça : l'allégresse soudaine, et l'esquisse d'un sourire béat. Il est le premier à qui cela fait tout drôle, cette conversation légère qui a dérivé vers une drôle de manière de se faire la cour, à mille lieues de ses dragues ordinaires. « Ca serait dommage pour toi, je suis sûr que tu peux mieux faire. » Il joue l'ironie. Carte de sûreté. Ne ferme pas la porte, non, mais ne fait pas non plus l'effort de la rendre plus qu'entrebâillée. Cela ne lui ressemblerait pas, de toute façon. Il ne peut pas oublier que tout est une sorte de jeu, entre eux. « Je vois. Et ça ne t'a jamais lassée ? » S'il n'a jamais envisagé sérieusement de poursuivre une carrière musicale comme occupation principale, pour bien des raisons qui n'ont rien à voir avec la discipline que cela exigerait, cette dernière lui semble tout de même effarante. Peut-être qu'il ne sait pas tendre vers la perfection. Qu'il refuserait de se regarder dans le miroir tendu, dans la liste de tout ce qu'il pourrait améliorer. Kendall ne s'est jamais pris au sérieux, dès lors qu'il s'agissait de musique, et ne peut s'empêcher de songer qu'il n'y a que cela pour expliquer qu'il parvienne encore à composer. « Ouais, j'imagine. » Compatissance de mise, bien qu'évidemment, il ne fasse pas illusion : cette pression, il ne la connaît pas. Parce que lui a toujours pu se permettre d'être moyen : un luxe auquel, à son avis, Aster n'a jamais goûté. « Je déteste le silence, je sais pas si c'est aussi ton cas. » Ajoute-t-il, presque dans un murmure – quelque chose qu'il pourrait espérer qu'elle n'entendra pas, car c'est bien plus intime qu'il n'y paraît, mais dont il est réellement curieux, lui qui ne joue peut-être que pour le faire taire, ce silence. Pour combler tous ces vides dans lesquels il ne veut plus s'égarer.
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De son métier, elle se fait la même idée que la plupart des gens. Les clichés – sans forcément être négatifs, ni positifs. Ne porte pas de jugement sur ce qu’il fait, ce qui lui permet de gagner sa vie. Ken est mannequin, simplement – ni plus, ni moins – comme l’on peut être pompier, instit, pianiste. Chacun son truc, chacun sa voie, et ceux qui jugent, qui méprisent, ont probablement une quelconque frustration à combler. On vit encore dans un monde libre, a minima en tout cas. Alors Aster, non, elle n’se permettrait pas de prétendre que ce qu’il fait, Kendall, c’est facile, parce qu’elle, elle n’pourrait pas. Se priver de manger, vivre avec la pression de l’alimentation, la pression de ne plus être dans le coup, la pression de pouvoir être remplacée, la pression de pouvoir être trop vieille, ni la pression d’être sous le feu des projecteurs. C’est pas son truc, à Aster. Mais c’est celui de Ken, et cela la passionne – parce que c’est tout son contraire. Parce qu’elle ne connaît pas. « Il y a des boulots plus pénibles. On est d’accord là-dessus. » Le sien ne l’est pas non plus. Il y a des gens qui font des jobs par nécessité, pas par passion. Des gens qui restent debout des heures, des gens qui ont affaire au public, des gens qui se mangent l’agressivité, l’incompréhension, l’injustice, l’ingratitude. Là-dessus, Ken autant qu’elle sont des privilégiés, c’est sûr. Cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas s’arrêter deux minutes sur ce qui est cool. Cela l’amuse, Aster, l’intéresse aussi. L’écoute avec attention, lui parler haute couture, lui parler histoire, collections, lui parler du plaisir d’être payé pour les porter. La blonde sourit, mais ne juge pas. Juste attentive. « C’est beau à entendre. T’as l’air passionné. » Purement et simplement. Voudrait, pourrait demander plus. Mais il faut en laisser pour plus tard.
Ils n’ont pratiquement rien en commun. Sauf le piano – mais cela, Aster, elle n’est pas censée le savoir. Alors non, elle ne fume pas. Trop control freak, et c’est presque effrayant que Ken l’ait si aisément compris. Qu’il l’ait si facilement cernée. Peut-être qu’elle est chiante. Hausse les épaules à sa réponse. Ne sait pas trop ce qu’elle gagne. De toute façon, cela fait longtemps qu’elle a arrêté de faire semblant d’être ce qu’elle n’était pas pour se sentir un peu plus à sa place. « Pourquoi ? Tu serais chiant, sans ça ? » Elle plaisante, ponctue ses mots d’un petit rire comme pour signifier que ce n’est pas sérieux, qu’elle ne se moque pas de lui. Elle interroge encore, sans savoir d’où lui vient ce souhait intérêt pour la clope et pour l’herbe. N’répond pas à la question qu’il lui pose, dont la réponse lui semble évidente. Il se contente d’enchaîner. De tâcher de décrire l’effet que cela fait. L’herbe. « Ça semble pas désagréable. Dit comme ça, ça donne même envie de tester, un peu. » Elle aussi, parfois, elle aimerait sentir les bribes du bonheur. Même si c’est éphémère, même si c’est illusoire. Elle adorerait savoir ce que cela fait, de se détendre, de tout lâcher, laisser couler, pour de vrai.
Mais c’est déjà un peu ce que lui fait l’alcool. Là, comme cela, elle est un peu moins en contrôle. Ses mots ne dépassent pas sa pensée – c’est que la pensée cesse de la contrôler. Qu’Aster laisse échapper l’impulsivité dont d’ordinaire elle ne cesse de manquer. Alors aux mots de Ken, du second degré sans doute, elle répond tout à coup presque sérieusement – mais en laissant toujours le doute planer. Reste qu’à attendre avec appréhension sa réponse. Le problème du second degré, c’est qu’une fois qu’on est partis dedans, on n’sait plus trop ce qui est vrai. Ce qui ne l’est pas. Alors la vérité, c’est qu’Aster n’sait pas comment prendre sa réponse. Ce serait dommage pour elle. Y’a comme une lueur de déception dans son cœur, parce qu’elle ne sait pas bien traduire, ni lire la partition pour cette fois. Il faut quand même faire bonne figure – et creuser, l’air de rien. « Mieux faire ? Du genre ? » Elle attend les exemples. De savoir pourquoi il y aurait mieux. Mais de toute façon, elle s’attend à quoi ? C’est plus simple de reparler musique. Et puis, la question de Ken l’interroge. Parce qu’elle ne sait pas y répondre. Parce qu’elle ne se l’est jamais posé. Ne s’est jamais autorisé à se lasser. « Honnêtement, je sais pas. Ça fait juste partie de moi. Je crois que s’il y avait pas le piano, je sais pas trop ce que je ferais de ma vie. » Dit comme cela, cela sonne un peu triste. Sa vie à elle n’a tourné pratiquement qu’autour de cela. Du piano, nommant finalement l’instrument qui occupe ses jours et ses nuits à Ken.
Cela pourrait s’arrêter là. Mais Ken finit par reprendre la parole. Avouer détester le silence. Il le dit si bas. Comme une confession. Elle ne sait pas pourquoi : elle le sent. Que c’est pas un truc qu’il a dit avant. Elle ne retient pas un petit sourire – toujours pas de la moquerie, ni du jugement. C’est juste que cela montre à quel point leur différence brille encore. « J’adore le silence, de temps en temps. Au moins, on peut s’entendre penser. » Parfois, ce n’est pas toujours bon. Quand on veut fuir ses pensées. Quand elles font mal, notamment. « Pourquoi tu détestes ? » Elle l’a demandé tout bas. Presque dans un murmure, s’évanouissant dans la nuit sombre dans laquelle ils s’enfoncent, quoiqu’éclairés par quelques lumières jaunes de la ville. Murmure pour ne pas le brusquer. Le blesser. Ou le faire s’envoler.
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the conflict of the mind,, w. kendall [ Aller à la page : 1, 2 ]