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Aster Barrows
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statut civil : célibataire, elle reste l'incomprise, la solitaire, et s'en délecte.
occupation : pianiste professionnelle, à l'aube d'une carrière prometteuse.
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· Mar 23 Jan - 14:44

the conflict of the mind,, @Kendall Ackerley

Elle ne se fait pas encore trop à ses soirées-là.
Pourtant, ce n’est ni la première, ni la dernière fois.
Mais ce n’est pas son truc, voilà.

Aster préfèrerait rester dans son coin. Ne parler qu’à celles et ceux avec lesquels elle se sent bien. Ne pas se sentir obligée de faire semblant. Ne pas se sentir obligée de trouver des sujets de conversation, même pas si intéressants. Ne pas avoir l’impression de ne pas l’être, elle, intéressante. Ne pas devoir brasser du vent. Elle n’aime pas les échanges futiles qui ne sont là que pour combler un blanc. Et puis, elle n’aime pas ce dont elle craint avoir l’air, en société. Déteste l’idée qu’on puisse la démasquer – elle, la fausse sociable, à l’aise, qui sourit et qui rit, d’un naturel apparent qui en réalité lui pompe toute son énergie. Ces soirées-là, c’est simple, lui donnent le tournis. Sont un exercice nécessaire mais compliqué auquel il faut exceller. Parce que cela va de pair avec sa carrière. Et en vérité, Aster n’est pas aussi anormale qu’elle se l’imagine. Sans doute qu’on la remarque un peu, tout de même, sa timidité. Celle qu’elle combat d’arrache-pied, plus encore en société. Mais elle n’est pas bizarre, n’est pas étrange, encore moins un animal de foire. Sa vision d’elle-même n’est pas celle des autres. Cela ne rend pas l’exercice de ce genre de soirées, plus aisé.

Tout de même, elle doit l’avouer ; avec le temps, elle s’est améliorée.
La confiance n’est que façade, mais elle a su la travailler. C’est qu’à dire vrai, Aster est plus douée pour les politesses et les échanges qu’elle ne l’imaginait. Enfin, cela dépend de qui. Mais, parce que ce n’est ni la première, ni la dernière fois qu’elle se rend à ces soirées-là, Aster s’est constitué un noyau de connaissances et d’ami.es qu’elle est toujours ravie de retrouver. A force, il y a des visages qu’elle retrouve, des visages qu’elle reconnaît, recroise. Du moins, quand ces soirées-là rassemblent le monde musical.
Mais ce soir, c’est un peu (beaucoup) plus que cela.

Parce qu’il n’y a que le monde de la musique, les chanteurs, les musiciens.
Il y a aussi du monde un peu plus connu que cela, un peu plus large aussi. Des mannequins, des stars de cinéma. Tout un gratin tout à coup impressionnant, pour Aster. Et en même temps, à force, elle commence à s’y faire – un peu. Autant qu’elle le peut, à son niveau. Elle, elle n’est pas encore grand monde – doute même de l’être un jour. Et qu’importe, puisque ce n’est pas son genre, puisque cela ne la fait pas rêver. Elle veut juste pouvoir continuer à faire ce qu’elle aime, pouvoir en vivre, comme elle a commencé à le faire. Le rêve a pris vie. Mais tout de même, elle se sent comme un imposteur, ici. C’est peut-être pour cela qu’elle en est déjà à sa deuxième coupe – elle a toute sa tête encore mais l’alcool a le mérite de la détendre. De la mettre plus à l’aise. De l’aider à se poser moins de questions, surtout quand vient l’heure de faire la conversation. Alors la voilà presque comme un poisson dans l’eau – du moins en apparence, toujours – virevoltant avec prudence de groupe en groupe.
Jusqu’à tomber sur lui.

Presque nez-à-nez.
La voilà qui se trouve bête.
Coupée dans son élan, s’arrêtant presque brusquement.
Elle y a pensé, pourtant. Le recroiser peut-être. Surtout qu’elle sait maintenant ce qu’il fait de sa vie – d’où sa présence ce soir, ici. « Tiens. Ken. » Elle se reprend. Esquisse un sourire, sincère – même si elle ne sait toujours pas trop ce qu’il lui évoque. Ce qu’elle en pense. Leur rencontre lui a laissé un sentiment bizarre. C’est le mot. Elle ne sait pas trop si c’est positif ou négatif. « Je vois que tu te contentes plus de revenir tous les soirs au bar de l’autre fois pour me revoir. » Une légère touche d’humour, en allusion à la blague de l’autre fois. Celle qui avait brutalement tourné court, alors qu’il mentionnait un petit ami qui n’apprécierait pas vraiment qu’elle lui laisse son numéro. Voilà – elle se sent bête de ramener la blague sur le tapis, à présent, Aster.
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Kendall Ackerley
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âge : 26 ans, et toute l'insolence qui va avec. nul autre souci que les premières rides, pourtant imperceptibles.

statut civil : il se dit célibataire, bien qu'englué dans une relation en dents de scie ; le cœur brisé par la perte d'une idée fantasmée, jamais le cran d'agir, bien meilleur en coups d'un soir qu'en engagement.

occupation : mannequin, aux yeux du monde. et de grands rêves de musicien, assouvis en secret, lorsque les doigts s'envolent sur les touches du piano.

adresse : loft au 530 cbd.
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trigger : hard no : inceste, pédophilie, viol. // selon comment c'est abordé : agression sexuelle, violences conjugales, grooming & relations avec gros écart d'âge. // on peut plus en discuter par mp.
warning : deuil, accident de la route, alcool, drogue, dépression.
infos rp : présence : quotidienne, réponses toutes les 2-3 semaines selon l'inspi.
style rp : j'écris en il ; entre 400 et 1500 mots, selon le rp, l'inspi, etc.
dialogues : en blueviolet, français ou anglais.

disponibilités : 6/5 -- pas de nouveaux jeux.
en vrac : follow the night, w/ hasan.
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disorder, w/ kleo.
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· Ven 16 Fév - 9:14

the conflict of the mind

@Aster Barrows

À force, Kendall aurait dû s'y habituer, à ces vingt-heures de vol séparant Paris de Brisbane.
Et au décalage horaire qui s'ensuit.
Et à l'humeur maussade, dès le tarmac foulé ; l'ennui incommensurable qui guette au terme des festivités.

Pour ce qui est de l'ennui, en réalité, il n'est pas tant à plaindre. D'accord, assister à un énième gala – ou simplement à une soirée mondaine où il est de bon goût de se montrer ? il ne s'est pas posé la question – n'a jamais été, pour lui, l'activité la plus réjouissante, mais au moins aura-t-elle le mérite de faire office de sas de décompression entre la folie des défilés qui l'a happé ces derniers jours, et la vacuité de son existence australienne. Un objectif, aussi peu motivant soit-il, pour se tirer du lit au milieu de l'après-midi, encore abruti par le nombre décadents d'heures de sommeil qu'il s'est octroyées sitôt sorti de l'avion, et par celles qui lui manqueraient encore pour se sentir requinqué. Il ne fera pas mentir sa réputation de mannequin occupé et fatigué. En atteste son regard cerné, tout de même amoindri par une dose savamment étudiée, au fil du temps, de fond de teint – histoire qu'il ait juste l'air d'avoir veillé un peu tard la nuit dernière, sans pour autant embrasser l'apparence d'un mort-vivant. C'est un peu devenu sa marque de fabrique. Étonnamment, le style insomniaque semble avoir la cote.

Ken ne compte plus les fois où il a prudemment regardé autour de lui, s'assurant du mieux possible qu'aucun œil indiscret ne soit braqué sur son visage, pour bâiller. Ni celles où il a dû étouffer un soupir devant la vitesse à laquelle les petits fours disparaissent – parce qu'à l'heure à laquelle il s'est réveillé, il a dû choisir entre prendre un repas solide et s'offrir un ravalement de façade pour se redonner tête humaine, et que c'est la seconde option qui a remporté ses faveurs. Il est mannequin, après tout, on lui pardonnera toujours plus volontiers des gargouillements d'estomac que des cheveux en pétard. N'empêche qu'il à les yeux rivés à sa montre. D'ici une trentaine de minutes, une fuite discrète devrait être socialement acceptable. Il rêve d'un burger, étrangement. Ce doit être une folie de cette nouvelle année. C'est pourquoi sa conversation est drainée au strict minimum, avec pléthore d'acquiescements – par chance, la plupart des convives adorent s'entendre parler, aussi sa subite laconie, faute peut-être de passer inaperçue, doit être des plus appréciées. On peut lui raconter des exploits qui le laissent parfaitement indifférent avec joie, tandis que lui évite le risque de laisser le mot frites s'infiltrer comme un lapsus révélateur dans son discours.

Puis la fille qui déblatérait au sujet d'une série où elle doit apparaître dans les prochains mois – l'actrice, charmante, mais la genèse du projet évoqué, indigne du moindre intérêt – se fait attraper le bras par son agent, se glissant alors dans la foule jusqu'à s'y fondre, et c'est là qu'en inclinant la tête sur la droite, Kendall la voit. Incrédule – cela doit se dessiner sur son visage, aussi s'efforce-t-il de vite reprendre ses esprits. Mais, de ce dont il parvient à se souvenir, rien dans ce qu'Esther lui avait dit, ce soir-là, n'aurait pu lui faire s'attendre à la croiser dans ce genre de lieu. Ce n'est pas l'impression qu'il s'en était fait, en tous cas – les mots se sont délavés dans son esprit, mais il avait gardé l'image d'une fille sur la retenue, discrète, contrairement à son monde tapageur où l'on affiche son rang et sa richesse pour un rien. Ce monde dont la soirée est parfaitement représentative – à l'exception, donc, d'Esther.

« Esther. » Il serait faux de prétendre qu'il y a beaucoup repensé ; il en a eu des rémanences, le lendemain, mais celles-ci s'étaient vite dissipées dans d'autres verres, d'autres mots, d'autres visages. Et elle n'était redevenue qu'une rencontre parmi tant d'autres. Pourtant, le prénom lui est revenu instantanément – ce prénom qui ferait froncer les sourcils de n'importe qui connaissant la jeune femme, puisqu'il n'est pas le sien ; Ken, évidemment, ne s'en doute toujours pas le moins du monde. Il est encore un peu hésitant, en entendant le sarcasme – ou la plaisanterie, allez savoir. La fatigue le rend moins agile à décoder ce genre de convenances. Une chose est sûre : il aimerait être aussi ivre que la dernière fois. Au moins, les mots lui venaient alors facilement. « Non, j'ai diversifié mes chances. Mais tu n'es pas la première personne que je m'attendais à voir ici. » D'un vague geste de la main, il désigne les alentours ; les gens richement parés. La décoration outrageuse. Les flûtes de champagne – plutôt cher, d'après son expertise – qui circulent sans sembler se tarir. « Tu dois être une sacrée bonne violoniste, s'ils t'ont invitée. » S'il se souvient de sa supposition, il a certainement oublié que cela n'a jamais été confirmé par Esther – et tient, maintenant, pour vraie l'information tout droit sortie de son imagination.
De toute façon, apprendre qu'il s'est planté sur l'instrument ne sera sans doute pas la plus grande surprise qui l'attend.


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· Dim 18 Fév - 13:01

the conflict of the mind,, @Kendall Ackerley

Dans des événements comme celui-là, Aster se sent encore comme une imposture. Comme si elle n’avait pas le droit d’être là, ne le méritait pas. Que fait-elle aux côtés des acteurices, des mannequins ? Des cinéastes aux mille et une récompenses, des chanteur.euses de talent ? Elle, elle ne fait rien d’exceptionnel – rien d’autre que manier plutôt bien l’art du piano, d’enchaîner avec une étonnante agilité les notes, de caresser les touches avec délicatesse pour produire des sons mélodieux. Cela lui est si naturel qu’elle pourrait presque trouver cela facile, si elle ne passait pas ses journées, depuis son plus jeune âge, à s’entraîner, à composer, à jouer, du matin jusqu’au soir et du soir jusqu’au matin. Elle n’y voit aucun exploit, elle, Aster, même si cela demande du travail. Même si cela n’est pas donné à tout le monde. Mais en réalité, peut-être que si elle se sent autant une imposture, ce soir, c’est parce qu’elle, elle n’est pas invitée pour son physique, pour son charisme, pour ses prestations sur scène ou dans un film – c’est qu’elle, elle ne fait que produire de la musique. Ce genre de soirées, finalement, cela ne fait qu’amplifier tous ses complexes. Mais d’un autre côté, elle ne peut pas s’en passer, Aster. Elle doit se montrer, elle doit se faire connaître. Et puis, elle pourrait se faire des relations, remplir un peu plus son carnet d’adresses. Alors, elle pourrait peut-être toucher du bout des doigts son rêve : composer la bande originale d’un film.

Elle n’aime pas cet exercice. Celui des relations. Celui du small talk, celui de l’opportunisme également. Elle n’aime pas tout simplement pas se sentir hypocrite, Aster. Encore moins se forcer à parler à quelqu’un qu’elle n’aime pas. Mais, elle doit l’avouer : avec les années, son passé notamment en orchestre, elle a appris à se débrouiller. A survivre dans ce genre de milieu, à survivre en devant faire la conversation. Alors, elle sait mettre un masque, la blonde, pour prétendre être à l’aise quand elle ne l’est pas le moins du monde. Le plus dur, tout cela, c’est quand elle entraperçoit la possibilité de se retrouver seule – honte suprême en société.
Le hasard veut que, lorsqu’elle se retrouve seule, Aster tombe nez-à-nez avec celui qu’elle n’a pas revu depuis des mois ; celui avec lequel elle échange pourtant régulièrement, en lui taisant volontairement leur rencontre. Trop tard pour fuir, à présent. En même temps, ne crevait-elle pas un peu d’envie de lui parler ? Sans forcément l’oser. Encore heureux qu’elle en soit à sa deuxième coupe de champagne, celui qui l’a aidée ce soir à la rendre un peu plus sociable. Elle en a bien besoin pour faire face à Ken, alors qu’elle s’est sentie si bête après l’autre fois – et la mention de son mec. Parce que tout de même, il y avait peut-être quelque chose dans l’air. En tout cas, le Esther qu’il lui renvoie lui arrache une petite grimace. « A ce sujet… C’est pas tout à fait Esther. » avoue-t-elle. Autant le confesser avant que, peut-être, il n’apprenne son prénom de quelqu’un d’autre. Elle n’est pas parmi les plus connus, ce soir – pas comme lui, dont elle n’a appris que très récemment, et par le plus grand des hasards, la notoriété. Pourquoi ose-t-elle blaguer sur l’autre fois ? Ramener sur le tapis ce jeu débile auquel ils s’étaient adonnés l’autre fois ? Impossible d’oublier le mec qui plane au-dessus d’eux, à présent. Est-ce que c’était vrai, d’ailleurs ? Car tout à coup, Kendall lui est apparu célèbre – et comme toute personne célèbre, on croit tout savoir de sa vie. « Mince, notre rencontre n’est donc due qu’au hasard ? Je suis déçue. » ose-t-elle encore plaisanter, se maudissant intérieurement de parler ainsi sans réfléchir. Pas son genre. Car elle est si souvent dans le contrôle, Aster – et même, plus encore avec les hommes. C’est surtout qu’ils l’énervent en un rien de temps, les trois quarts du temps. « Il paraît, mais entre nous, je ne sais pas si c’est vrai. » Elle hausse les épaules, en portant la coupe à ses lèvres. Là, comme cela, elle semble si à l’aise, dans son élément, comme un poisson dans l’eau, habitué à converser avec les gens. Mais ce n’est qu’apparence – une fausse nonchalance, arborée mais uniquement mimée. « Et toi ? Qu’est-ce qui t’amène ici ? » Elle feint de l’ignorer. Encore un mensonge de plus, elle n’est plus à cela près. C’est un jeu dangereux, pourtant. Car à un moment donné, Aster risque de ne plus se rappeler ce qu’elle est censée savoir ; ce qu’elle est censée ignorer.
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· Sam 24 Fév - 18:04

the conflict of the mind

@Aster Barrows

En bon et – espère-t-il – éternel je-m'en-foutiste, Kendall a pris la désagréable habitude de tout prendre par-dessus la jambe. Il faut lui servir un sacré numéro, pour le désarçonner, et il ne s'attendait certainement pas à ce que ce soit dans une telle soirée qu'on le surprenne. Mais c'était sans compter sur cette curieuse fille, face à laquelle il peine bien à maintenir son flegme légendaire. Le plus étonnant, dans cette drôle d'affaire, c'est peut-être sa réaction. Ken se sent gauche, pas bien à l'aise – alors qu'il semble limpide qu'il est bien plus dans son élément qu'elle. Et qu'elle n'est pas la pire personne à rencontrer : il aurait pu tomber sur quelqu'un avec qui il aurait couché, alors qu'eux deux n'ont fait que parler.
Mais, à peine son esprit a-t-il formulé cette pensée – essayant de se convaincre qu'une vraie conquête aurait été infiniment plus gênante –, lui songe que c'est peut-être cela, le problème. Ils n'ont pas couché ensemble. Alors qu'il discute rarement sans arrière-pensée. Il discute rarement, point à la ligne ; délie bien plus aisément son corps que des mots, s'offre volontiers en physicalité, jamais en intériorité. Les paroles, les détails, même les plus futiles, sont devenus plus intimes qu'une mise à nu. D'autant qu'il ne se rappelle pas de ce qu'il a bien pu lui confier.
Et ce dont il se rappelle est faux – au moins est-ce dû à un mensonge de la blonde, pas à sa mémoire qui lui aurait fait défaut.

« Pas tout à fait ? » Son sourcil haussé trahit l'amusement. S'il est quelque peu chiffonné que l'un de ses seuls souvenirs soit inexact, il ne s'en vexe pas pour autant, en bon joueur. Qui aurait donné un vrai prénom au type violemment éméché venu supplier pour des bribes de conversation ? Quoiqu'elle était prête à lui donner son numéro de téléphone. Un paradoxe sur lequel il choisit de ne pas s'attarder, préférant saluer sa vivacité d'esprit, pour montrer qu'il ne l'en blâme pas. « C'était bien joué. Ceci dit, tu comptes me donner ton vrai prénom, maintenant ? Ou devrais-je t'appeler mademoiselle pour le reste de la soirée ? » Le défi l'amuserait presque ; avoir la belle au bras, tout au long de ce gala, sans même savoir comment s'adresser à elle. D'ici à ce que quelqu'un, fatalement, ne la reconnaisse et laisse enfin échapper son prénom. Quoiqu'à y repenser, même si la perspective est charmante, il préfère l'entendre de ses propres lèvres. L'ancrer dans le présent, plutôt que de coller de fausses lettres à un passé fuyant. « Tu préférerais que je sois un stalker ? Obsédé par toi, au point de t'avoir suivie jusqu'ici ? » Alors qu'un sourire instinctif lui étire les lèvres, Ken se maudit d'avoir le flirt si naturel ; le charme est cruel, envers lui-même, et surtout envers elle. Parce qu'il se fait des idées, et, au fil de la conversation, prendra sans doute un certain plaisir à les leur faire miroiter. Mais il n'aime jamais que cela, Kendall : des idées. Des inventions, des fantaisies.
Pas étonnant qu'elle lui ait fait si forte impression, puisqu'elle lui a menti.

Un ange passe – habit noir de serveur, avec le plateau débordant de flûtes de champagne qui va avec. Le geste est assuré, lorsque Kendall tend la main pour en saisir deux. La seconde, destinée à son inattendue cavalière. « Je le boirai après, si jamais tu n'en veux pas. » Promet-il du bout des lèvres, réalisant soudainement que, sous couvert de galanterie, il vient tout de même de lui glisser de l'alcool alors qu'elle n'a peut-être aucune envie de boire. Allez savoir. De son côté, il peut largement supporter deux flûtes. Et tellement plus – mais il s'est promis de ne pas faire d'écart, ce soir ; quel ennui. « Assez reconnue pour te trouver là, en tous cas. Crois-moi, c'est pas donné à tout le monde. » La remarque ne préjuge en rien de son talent : la plupart des personnes entassées là n'en ont aucun, si ce n'est celui de manier l'argent. Mais, puisqu'elle avait prétendu ne pas être bien née, comme on dit – à moins que cela aussi n'ait été affabulée ? –, et qu'elle ne semble pas accompagnée par un richissime amant, ce doivent bien être ses capacités qui lui ont permis d'être invitée. « Moi ? Je suis riche, je te l'ai dit. » Sourire en coin, bulles de champagne sur les lèvres. Le placebo fait son effet : le simple fait d'y avoir goûté lui confère une certaine sérénité. « Il me semble que je t'avais laissée être mystérieuse, l'autre soir : à mon tour. T'auras qu'à chercher mon prénom sur Google en rentrant. Qui sait, tu tomberas peut-être sur moi. Et, de mon côté, j'ai toujours rêvé d'avoir une stalkeuse, tu réaliserais un sacré fantasme. »


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· Sam 2 Mar - 5:48

the conflict of the mind,, @Kendall Ackerley

Le monde est petit.
Cela, Aster n’a de cesse de se le dire. Plus encore depuis qu’elle a rencontré Ken. Parce qu’elle l’a connu différemment – ce que lui ignore, encore, pour le moment. Jusqu’à quand ? Comment est-ce possible, ce genre de choses, d’abord ? Comment peut-elle avoir rencontré par hasard dans la vraie vie quelqu’un qu’elle a connu en ligne ? Comment peut-elle même, le reconnaître, à travers sa mélodie ? Comment peut-elle encore, le croiser ici ? Aster, elle ne croit pas aux signes. Ni aux signes du destin, ni aux signes astrologiques. Pour autant, elle n’est pas terre à terre. Elle a son âme d’artiste, son cœur créatif, libre, son aura mystique – son attrait pour les choses qui ne s’expliquent pas. Mais quand cela concerne Ken – l’autre fois, ou ce soir –, cela la travaille, cela l’interpelle. Elle a besoin de se l’expliquer, sans se contenter de cette vérité : le monde est petit. C’est facile, cela ne veut rien dire. Cela ne satisfait pas. Cela la turlupine. Mais cela nourrit son imagination. Elle doit l’avouer : c’est intrigant. La curiosité continue de la ronger – elle n’arrive plus à être raisonnable, ni à se décider à lui dire la vérité. Elle n’arrive pas non plus à prendre une autre direction, Aster, quand elle se retrouve face à lui, alors qu’elle n’oublie pas l’autre fois. N’oublie pas comment s’est achevé même leur échange. Son mec n’apprécierait pas. Alors pourquoi a-t-il flirté comme cela ?
Peut-être n’a-t-il pas flirté tout court, Kendall.
C’était peut-être le fruit de l’imagination d’Aster.

Elle s’amuse, tout de même.
Parce qu’elle sort de sa zone de confort.
Parce qu’elle prend des risques.

C’est pas tout à fait Esther. Elle l’admet, sans aller jusqu’au bout de l’explication. Ken ne manque pas de rebondir sur cette nuance. Il n’a pas l’air vexé. Plutôt, intrigué ? Qui sait. Amusé. A lui demander finalement si elle va lui donner son vrai prénom ou s’il doit l’appeler mademoiselle. A dire vrai, Aster ne sait pas vraiment encore, totalement dans l’improvisation. Ce qui ne lui ressemble pas – mais il faut croire que Kendall lui fait cet effet-là. « Sinon, tu ne m’appelles pas. » réplique-t-elle en haussant les épaules, fissurant sa fausse nonchalance par un léger sourire en coin. Elle réfléchit sans réfléchir vraiment, tout à coup impulsive – ce qui ne l’a jamais rassurée, en bonne control freak qu’elle est, pour se rassurer. « C’est Aster. » finit-elle par ajouter, levant le voile sur son identité – presque. S’il savait. Mais au moins, elle lui ment déjà un peu moins – c’est déjà cela, n’est-ce pas ? Et la voilà qui enchaîne, fait écho à leur première rencontre. Ken a du répondant, comme la dernière fois, la confrontant presque à sa contradiction : « Evidemment, comme n’importe quelle femme de ce monde, c’est mon plus grand rêve. » choisit-elle d’ironiser en retour. Non, en réalité, mieux vaut rester à la conclusion plus rassurant du fameux monde trop petit, trop étroit, où l’on tombe même sur les gens que l’on ne veut pas voir. Voulait-elle le voir, Aster ? Elle y a pensé, plus ébranlée par leur rencontre qu’elle n’a bien voulu se l’avouer. Elle s’est demandé tant de choses, troublée par l’aveu d’une histoire qui semble oubliée maintenant – ou peut-être fait-il cela juste avec tout le monde, à flirter faussement de la sorte. Ce n’est peut-être qu’un réflexe ; elle, elle n’a rien d’exceptionnel, n’a rien fait pour le mériter plus que les autres. N’est-il mannequin, après tout ? Ils ne bercent indéniablement pas les cœurs de la même façon.

Bientôt, Kendall lui offre une flûte, chopée au vol sur le plateau d’un serveur. Ajoute bien vite qu’il la boira, si elle n’en veut pas – de quoi lui montrer qu’il ne le lui impose pas. « Te laisser en boire deux ? Et puis quoi, encore. Merci. » Elle s’amuse. Se laisse aller. C’est si rare, en vérité. Mais cela fait du bien. C’est peut-être aussi l’effet du vin. Ou du champagne, elle ne sait plus déjà – mais le verre que Kendall lui a tendu est loin d’être le premier de la blonde. « Peut-être. A vrai dire, j’me demande un peu ce que je fais là. » Voilà qu’elle admet sa posture d’imposture. Son complexe, ses doutes, son manque de confiance. L’est-elle, reconnue ? Mérite-t-elle sa place ici ? Elle, elle se sent comme un vilain petit canard. Comme quelqu’un dont on a eu pitié. Mais Ken la détourne de ses pensées noires et anxiogènes en lui arrachant un rire, franc, spontané, vrai. « J’avais déjà oublié. » Pourtant, cela se voit. Sa tenue à lui doit coûter bien plus cher que la sienne – que cette robe qu’elle a loué pour la soirée, qu’elle ne peut même pas compter parmi sa garde-robe. Un jour, peut-être. « Tu crois que j’ai du temps à perdre à te chercher sur Google en rentrant ? Désolée de casser ton fantasme… » fait-elle, presque espiègle, avant de boire quelques gorgées de son verre. « A la limite, ce serait peut-être plus rapide sur Instagram. Quelqu’un de ta renommée, pour être présent à cette soirée, doit être facile à trouver. Non ? » Elle le teste, un peu. Et se fiche de s’embourber toujours plus dans ses mensonges. Avec Ken, c’est l’imprévu, en permanence. Elle n’aurait cru apprécier cela autant, Aster.
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· Dim 3 Mar - 16:09

the conflict of the mind

@Aster Barrows

La rétention d'informations semble divertir follement feue Esther. Elle s'amuse encore à tourner autour du pot, et Ken ne peut que l'observer faire, bouffon impuissant dans la mascarade. Elle ne lui laisse aucun autre choix que de la laisser mener le spectacle : et ce n'est pas si désagréable, finalement, de laisser la lumière à quelqu'un d'autre. « C'est pourtant toi qui es venue me chercher ; on aurait pu faire comme si on ne se connaissait pas, ça aurait évité ce problème. » Remarque-t-il, tranquillement. Aurait-il fait semblant, lui, de ne jamais l'avoir rencontrée ? Peut-être. Du moins, s'il avait fallu expliquer à qui que ce soit, dans cette pièce – qui que ce soit au monde – comment, exactement, ils s'étaient croisés. Par chance, ce n'est pas le genre de choses que l'on risque, dans ce genre de soirée : tout le monde ou presque s'y connaît, c'est un fait. Qu'importe comment les réseaux s'étendent, tant qu'ils prospèrent. « Aster… T'es pas allée chercher loin, pour l'alias. » Le ton s'est fait gentiment moqueur, pour la façade. Il ne peut pas cueillir le mensonge sans se montrer un minimum piquant à ce sujet. Qu'il soit facilement manipulable, presque complice en la matière, est une chose, l'assumer frontalement en est une autre. Une grossière erreur. « Ah ? Je pensais que c'étaient les diamants, le plus grand rêve des femmes. Et se faire stalker, seulement en deuxième position. Je vais revoir mon classement – mais, par chance, je peux offrir les deux. » Si, dans le bar, effeuiller sa richesse était presque crade, en comparaison aux lieux et au circonstances, dans cette soirée, c'est parfaitement naturel, même si la compagnie ne s'y prête pas. Kendall ne se fait pas d'illusions : ils parlent tous de cela, de manière plus ou moins frontale. Tout tourne autour du fric. Et, s'il la choque, tant mieux : Aster y sera confrontée, si elle se fait inviter à d'autres événements similaires. Autant qu'elle s'habitue aux cons dans son genre.
D'ailleurs, il n'est même pas le pire candidat, dans ce jeu-là.

Sa crainte d'avoir imposé le champagne à sa cavalière d'infortune se trouve vite dissipée : c'est avec une certaine effronterie qu'elle affirme qu'il n'est pas question de le laisser en enchaîner deux. Une remarque qui le fait rire, car c'est rarissime, que l'on surveille sa consommation d'alcool – même s'il en aurait indubitablement besoin. En général, on le suit. On l'encourage. Parce qu'il serait dommage de sédater la bête de foire, ou de la voir craquer au milieu du show. On aura beau dire, rien ne fait tenir le coup avec autant de brio que l'élixir fermenté. Enfin, rien de plus recommandable. « T'as peur que je t'embarrasse au bout de deux verres ? T'es loin du compte. » Kendall ne se rappelle pas de combien de verres il avait descendus, ce soir-là, mais se connaît suffisamment pour savoir que ses deux mains n'auraient pas été de trop pour compter. Et il s'est promis de faire bonne figure, ce soir. Qu'elle se rassure, il n'y aura pas d'esclandre à essuyer – à part si Aster, elle, compte en causer un : par curiosité, il ne peut s'empêcher de se demander à quoi cela ressemblerait. « Moi aussi, en fait. » Enfin, si, il sait : il est né au bon endroit. C'est peut-être pire : il connaît la raison pour laquelle son nom se trouve toujours en tête de ces listes d'invités – et cela n'a rien à voir avec lui. Tout ne tient qu'à un chanceux coup de dés. « Suffit de faire semblant que tu sais. Personne n'ira te le demander, alors te pose pas la question. Faut un peu de temps, mais crois-moi, on s'y fait. » Un cynique fake it 'till you make it, un peu défaitiste, mais surtout réaliste. Elle apprendra, Aster. Vient toujours le moment où on n'a plus d'autre choix.

« L'oubli, c'est mon excuse. T'avais pas assez bu pour ça, toi. Tu vas me vexer. » Une lueur d'amusement dans les yeux : évidemment, il n'est pas sérieux. Au contraire, là où la plupart de ses rencontres se focalisent sur sa fortune assumée, c'est assez rafraîchissant que quelqu'un auprès de qui il en a pourtant fait des tonnes l'ait occultée. « Essaie et tu sauras. Y'a du réseau, ici, tu peux même le faire maintenant. Mais ça gâcherait un peu le mystère. » Sur ces bonnes paroles, il porte à nouveau la flûte à ses lèvres, les yeux se détachant difficilement de ceux d'Aster. Elle l'intrigue. La dernière fois, alors qu'il était seul, ivre et sans doute désespéré de trouver un semblant de compagnie, il avait plus qu'assez d'excuses pour justifier de lui avoir tourné autour ; ce soir, il s'en trouve intégralement départi. « Au fait, t'étais pas partie avec un truc à moi, ce soir-là ? » Qu'il lance finalement, un sourcil arqué. Comme si une copie conforme de la bague qu'il avait perdue ne traîne pas à l'annulaire droit tenant sa flûte – Aster ne pourra pas l'avoir manquée.


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· Lun 4 Mar - 8:28

the conflict of the mind,, @Kendall Ackerley

Dans cette foule d’inconnus où elle se sent si facilement mal à l’aise, elle reconnaît une tête. Ken est comme une bouée, au milieu de l’océan. L’empêcherait-il de s’y noyer, cependant ? Elle ne sait pas pourquoi elle s’arrête, pourquoi elle reste. Elle ne sait pas pourquoi elle ne cherche pas une excuse pour prendre la poudre d’escampette. Pourquoi elle lui offre encore sa présence sur un plateau, quand, de l’autre fois, elle n’oublie pas ses mots. Peut-être son ego s’est-il blessé, derrière les doutes et la confiance ébranlée. Peut-être ne devrait-elle désormais pas accorder trop d’importance et d’intérêt à ce que Kendall peut lui dire – qui sait si c’est vrai. Qui sait, même, qui il est. Elle ne veut pas savoir s’il a vraiment quelqu’un, ne veut pas savoir s’il flirte de cette façon avec tout le monde, ne veut pas savoir s’il s’est foutu d’elle ou si elle s’est tout simplement fait des films. Et malgré tout, elle reste. Rongée par la curiosité, incapable de s’en défaire, incapable de s’en lasser. Peut-être lui impose-t-elle le même supplice – mais la différence entre lui et elle, c’est peut-être que c’est commun pour lui ; nettement moins pour elle. Que ce supplice n’en a la forme que pour Aster, qui d’ailleurs tourne maintenant autour du pot. Elle doit l’avouer : Ken pique peut-être un peu son ego, avec ses mots. À arguer qu’elle l’a cherchée. Et la blonde, bientôt, fronce les sourcils, prête à jouer de sa condescendance féministe – ou de son féminisme condescendant. « Oh, alors tu aurais préféré que je fasse comme si on ne se connaissait pas ? » Quelque part, c’est déjà un peu le cas. Mais cela, Ken ne le sait pas. Quoi qu’il en soit, la Barrows finit par balancer la vérité, le prénom fondement de son identité. « Tous ceux qui le déforment m’ont peut-être inspirée. » Elle hausse les épaules. Comme elle les méprise, ces abrutis incapables de correctement écouter, ou lire. Le ton entre eux se fait peut-être moins joueur, teinté d’autre chose – mais ce n’est rien de grave. Aster ne pouvait pas décemment rester indéfiniment trop gentille, ou trop niaise – voilà comment elle s’est sentie après ce que Ken lui a balancé, l’autre fois, avant de s’en aller, après avoir passé un long moment à parler, peut-être à flirter. « Bien sûr, après tout, nous ne sommes toutes que des opportunistes et des croqueuses de diamants. Face à la connerie masculine, qu’est-ce qui pourrait nous intéresser vraiment chez vous ? » Elle n’est pas amère. Elle n’est que provocante. À d’autres, elle aurait été sincère avec ces mots, la blonde. Mais pas face à Ken. Il a peut-être des défauts ; mais elle ne le trouve pas comme les autres. Pas comme ceux qui l’énervent. Il est intéressant, il a de l’autodérision. Et il l’a laissée être piquante, l’autre fois, aujourd’hui. C’est déjà un miracle en soi.
Elle ne fait que le tester, de toute manière, d’une certaine façon.

Le champagne fait la paix. Calme les ardeurs d’une Aster qui se refuse d’apparaître désespérée. Ou juste intéressée. Pour autant, elle continue de répliquer. De gentiment taquiner, moquer. Insinue même qu’elle entend bien ne pas le laisser, Ken, boire deux verres. Boire le sien. Ce que Ken prend pour du souci, l’inquiétude peut-être d’être embarrassée s’il buvait – encore – trop, est en réalité bien autre chose. Rien d’autre qu’une taquinerie de plus. « Moi, embarrassée ? Non, je ne fais que réclamer mon dû. Je refuse de te laisser mon verre. » Le sourire en coin réapparaît. La malice se reflète dans ses yeux. Et quelques instants après à peine, la voilà qui confesse ne pas se sentir tout à fait à sa place dans cet endroit-là. Du moins le dit-elle d’une façon plus subtile, implicite ; et la réponse de Kendall lui fait hausser les sourcils. Il en vient même presque à lui donner des conseils. Donner l’illusion. Faire semblant. Personne n’ira prétendre qu’elle n’a rien à faire là, c’est vrai. « C’est pas faux. J’avais pas prévu d’agir autrement, de toute façon. » Elle lâche un léger rire, la blonde. C’est vrai : qu’aurait-elle pu faire, sinon ? Plutôt crever que se laisser tout de même intimider. Elle a appris, de toute manière, à cultiver une assurance factice. Il n'y a que Ken qui soit désormais dans la confidence. Il faut croire qu’ils ont tissé des liens, tous les deux, en peu de temps. « Techniquement, t’en sais rien. T’es parti, après, j’te signale. » Nouvel haussement d’épaules pour mimer la désinvolture. Techniquement, c’est vrai : elle peut avoir bu à outrance, après. Avoir tout oublié. Même s’il n’en est évidemment rien. Aster n’a peut-être pas la tête de celle qui se la met à l’envers. Peut-être que son côté coincée – selon elle – se devine, se sent, à des kilomètres à la ronde. « Et ma réputation, en même temps. Qui passe ce genre de soirée sur son téléphone ? » réplique-t-elle, éternel sourire en coin. Elle sait très bien qui il est, ce qu’il fait, en vérité. Elle l’a su à vrai dire par hasard – pour de vrai, cette fois. L’a appris via Stevie et Nilsa. C’est fou, tout de même, la vie. Elle sait qui il est, doublement ; mais Ken l’ignore en retour encore. Qui elle est, doublement. Ici et en ligne, finalement.
Elle est en train de boire quelques gorgées de champagne, piquant délicieusement sa gorge, quand Ken lui demande si l’autre fois, elle n’était pas partie avec un truc à lui. Elle laisse échapper un rire, sans réfléchir – voit très bien ce à quoi il fait référence, ce qu’il veut dire. « Oh, tu veux dire, la bague que tu as oubliée sur le comptoir ? » fait-elle cependant mine de réfléchir, amusée à faire languir. Elle prend même le temps de boire une nouvelle gorgée de champagne, avant de reprendre : « Désolée, je l’ai déjà revendue. Faut bien payer le loyer, tu sais. » Evidemment, il n’en est rien. Aster conserve son sérieux, pince-sans-rire qui finit toutefois par esquisser un sourire. A l’idée de sa prochaine pique. « Mais non, j’oubliais encore : tu n’as pas ce problème, toi. » C’était trop tentant. Elle ne pouvait pas ne pas gentiment l’attaquer sur sa richesse. C’est drôle, les parents d’Aster auraient rêvé être comme lui, Ken : riches.
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· Sam 16 Mar - 17:11

the conflict of the mind

@Aster Barrows

Ses sarcasmes auraient-ils touché une corde sensible ? Le ton lui a paru légèrement plus sec, avant même qu'elle n'en vienne à citer les occurrences, à l'entendre nombreuses, durant lesquelles on a pu écorcher son prénom ; ce qui, pour le coup, ne semble pas concerner Kendall – ou, du moins, pas volontairement. « Je ne ferais pas partie de ceux-là, promis. » Le pire, c'est qu'il est sincère – lui qui ne retient même pas assez les noms de ses rencontres pour les déformer, préférant à un alias proche de la réalité une appellation totalement hasardeuse, selon l'humeur, jetée à côté de la plaque. Mais il s'est souvenu d'Esther, alors, nul doute qu'Aster lui restera en tête. « Et, non, ça me va tout aussi bien que tu sois venue. Je m'ennuyais, et tu es loin d'être la pire compagnie que l'on puisse avoir à son bras. » Non qu'il y ait de mauvaise compagnie, dans ce genre d'événement. Les listes d'invités sont bien trop sélectives pour permettre des rencontres humiliantes. Cela dit, à choisir, lui aime mieux se faire voir aux côtés d'une femme charmante – et de son âge – que de quelqu'un d'autre. D'autant qu'il n'a pas menti : quelque part, Aster l'a sauvé de l'ennui. Encore. Drôle de manie. Un rire lui vient, en l'entendant arguer quant à l'utilité des hommes – dans des arguments qui ne semblent pas être en leur faveur. Il songe à la contredire, pour le simple plaisir de la pousser plus loin dans cette théorie, mais, finalement, préfère la prendre à contrepied. « Excellente question. Pour tout te dire, je pense que les hommes sont parfaitement obsolètes depuis l'invention des sextoys, s'ils ne l'étaient pas déjà avant ça. » Kendall n'est pas dénué d'orgueil, loin de là. Mais celui-là ne s'accorde pas à une quelconque fierté quant à une masculinité prépondérante, pas alors qu'une majorité d'hommes lui cracherait dessus pour sa manière de représenter leur genre, certainement trop pailletée. Sans doute a-t-il moins de raisons qu'Aster de les abhorrer, mais cela ne l'empêche pas de les mépriser – tout comme eux, avec lui, l'ont toujours fait.

« Ton verre. » Note-t-il, amusé. « Je ne me risquerai pas à te le siffler en douce, j'ai bien trop peur des conséquences. » Peut-être que ses souvenirs le trompent, mais maintenant qu'il y pense, elle n'était pas aussi avenante, la dernière fois. Pas aussi… souriante ? L'on pourrait arguer qu'alors, ils ne se connaissaient ni d'Eve ni d'Adam, et que c'était lui le lourdingue qui l'avait abordée, de quoi faire passer l'envie de plaisanter – mais le changement lui semble trop radical pour n'être dû qu'à cela. Kendall ne peut s'empêcher d'investiguer. « Et c'est ton combientième verre, au juste ? J'ai l'impression que t'as pris une ou deux longueurs d'avance sur moi. » L'idée ne le dérange pas. Au contraire ; il s'imagine bien avec les rôles inversés. À elle d'en dire un peu trop. Il n'y a pas meilleur pied d'égalité. Et, pour Ken, c'est une motivation de plus de ne pas boire plus que de raison – non que ce soit au coeur de ses préoccupations, mais il se figure que cela ne peut pas faire de mal, même si ce n'est que le temps d'un soir.
Enfin, un soir – la nuit n'en est qu'à ses prémices, il pourrait sans doute se passer bien des choses, encore.

Approbateur, il opine du chef. Tant mieux, si c'est ce qu'elle avait prévu. Pour lui, il n'y a pas de meilleure manière de s'acclimater à ces milieux-là, et de s'y faire accepter ; et puis, lorsque l'on maintient l'illusion suffisamment longtemps, on finit même par y croire. L'assurance factice devient réelle, aussi infondée soit-elle ; à en oublier qu'à un moment donné, la place n'était nullement gagnée. « Techniquement, oui. Alors, quoi ? T'es restée là-bas, t'as attendu qu'un type moins bien que moi vienne te tenir la jambe ? » Le moins bien est pur sarcasme – au contraire, elle pourrait trouver bien mieux. Enfin, en général, pas nécessairement dans le bar où ils se sont rencontrés. Pour le reste, il lui laisse le bénéfice du doute. S'il avait eu à parier, il aurait dit qu'elle avait quitté les lieux cinq minutes après lui, mais rien ne lui permet de catégoriquement l'affirmer. « C'est vrai que vu la moyenne d'âge, ici, je crois que les téléphones sont proscrits… Je vais profiter de mes dernières heures d'anonymat, alors. » Kendall y croit vraiment ; qu'il est là, parfaitement incognito. Ce sera certainement le détail qui finira par le faire tomber de haut. Que – doublement – Aster sache qui il est. Sans qu'il en ait la moindre idée, elle ne cesse de lui octroyer du répit. Pour combien de temps ? « Sur le comptoir ? J'avais peur que ce soit aux toilettes. Enfin, si je l'avais oubliée aux toilettes, ç'aurait été étrange que tu la trouves. » Le sourire s'élargit en l'entendant clamer qu'elle a vendu le précieux bijou ; et se mue en un rire franc, quand elle argue que lui, évidemment, n'en aurait pas ressenti le besoin. « Si t'en as tiré moins de deux mois de loyer, tu t'es faite arnaquer. Elle valait beaucoup, cette bague. » Dans un dramatisme assumé, il en parle au passé ; mais quelque chose lui dit que c'est une plaisanterie – même s'il aurait probablement mérité qu'Aster se fasse un petit pactole sur le dos de son étourderie.


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· Ven 22 Mar - 15:43

the conflict of the mind,, @Kendall Ackerley

Peut-être devrait-elle trouver une excuse pour s’en aller. Un prétexte, n’importe lequel, pour s’exiler. Une raison, pour ne pas lui parler. Cela vaudrait mieux, pas vrai ? Car elle joue à un jeu dangereux, Aster – elle qui d’habitude même ne joue jamais. Elle préfère garder la main sur les choses, parce que cela la rassure. Elle est, elle doit l’avouer, un tantinet control freak. Elle s’est demandé parfois si pour cela, on la trouvait bizarre, ou chiante, ou pas drôle. C’est même certainement arrivé, en vérité : peut-être même est-elle apparue coincée. Rien à voir avec Kendall. Rien à voir du moins avec ce qu’il renvoie, ou avec l’idée qu’Aster s’en fait. Lui et elle, c’est le jour et la nuit. Elle devrait se faire une raison – et non pas traîner là, obstinément. Faiblement. Car c’est de la faiblesse, n’est-ce pas ? Ou de la curiosité, peut-être. Quelque chose dans ce goût-là ; un mélange de tout cela. Mais Aster n’arrive pas à trouver un prétexte, encore moins à tourner les talons, Aster n’arrive même pas à se vexer, à prendre la mouche, à se donner une raison de s’envoler. Non, elle reste là. Même si Ken la provoque. La provoque-t-il ? Ou ne reprend-il pas leur jeu de l’autre fois, resté en suspend ? Elle pourrait s’offusquer encore, si elle le voulait. Mais elle n’est pas vexée. Pourtant, cela la démange tellement de mentionner ce mec dont il a parlé l’autre fois, avant de prendre la poudre d’escampette. Pourtant, ils s’amusaient bien. « Donc, je suis une distraction. De mieux en mieux. » Elle provoque, elle aussi. Mais gentiment – parce qu’elle n’est pas douée pour cela. Parce qu’elle a peut-être moins de chances de le vexer, que l’inverse. Non ? A dire vrai, elle l’ignore, ne connaît pas assez Ken encore, pour se faire son idée. Après tout, les conversations qu’ils ont pu avoir en ligne sous pseudonymes ne lui ont pas permis de tout comprendre de lui. Mais, elle continue, Aster. Elle cherche. Elle fait du Aster. Attaque en guettant la réaction de Kendall. Celle-ci ne se fait pas attendre. Et la surprend, sans la surprendre vraiment. Elle ne retient pas un rire amusé, alors. Un rire franc, sincère, naturel – loin de l’habituelle control freak, qu’elle est. « Je n’aurais pas mieux dit. » répond-elle, plus calme. « Cela dit, je n’aurais pas daté leur obsolescence de l’invention des sextoys. On savait déjà très bien se débrouiller avant. » répond-elle, en haussant les épaules.

C’est peut-être l’alcool qui parle. L’alcool qui la met à l’aise, qui la fait rire comme cela. Qui la détend, dégourdie ses joues, étirent si facilement ses lèvres en des sourires. C’est peut-être aussi que déjà, il s’agit de la deuxième rencontre avec Kendall : par définition alors, elle ne peut qu’être déjà un peu plus à l’aise que la fois précédente. Son verre, elle pourrait s’en passer. Mais elle s’est mise à jouer, sans plus vouloir s’arrêter. « Tu peux, ma vengeance serait terrible. » Mais il ne lui piquera pas son verre, celui-là même qu’il lui a tendu. Et c’est lui qui, bientôt, contre-attaque en lui demandant cash du combientième verre il s’agit pour la blonde. « Et quand bien même ce serait vrai, qu’est-ce que ça change ? Vas-tu me juger sur ma consommation d’alcool ? » Elle a ce sourire en coin, Aster. Parce qu’elle sait très bien qu’il serait mal placé pour la juger, et certaine qu’il n’est de toute façon pas de ce genre-là. Sur ces mots, elle boit quelques gorgées de son verre, tout neuf, bien rempli. Et continue de s’enfoncer dans ses conneries.
Plus elle passe de temps avec lui, plus elle repousse sa chance de lui dire qui elle est.

Voilà finalement l’allusion à l’autre fois.
A cette bague oubliée, qu’elle a bien sûr récupéré. Sans trop savoir ce qu’elle ferait. Peut-être, lui dire la vérité. Ç’aurait été peut-être l’occasion. Mais non. Elle a attendu que le temps passe, attendu de voir comment les choses se passeraient. Et ce fameux soir, quand il est parti, elle ne s’est pas éternisée. Parce que cela lui a mis un coup, mine de rien. Elle s’est sentie stupide, et puis un peu naïve. « Faut que tu saches un truc sur moi : j’attends personne. Je suis peut-être restée là-bas à boire mon verre, en profitant du fait que personne ne me tenait plus la jambe. » Elle a noté l’humour, la fausse estime, le faux orgueil, en mentionnant ce moins bien que lui. Quelque part, ses mots y répondent. Comme si elle avait profité, joui de son absence. Alors que cela a laissé comme un vide. Cela a laissé de nombreuses interrogations. « Profites-en, ouais, avant que je devienne peut-être une fan en furie. » Elle sait qui il est. Elle n’a jamais été dans le genre fanatique. Rien n’est sérieux, même si elle reste un peu pince-sans-rire. C’est du Aster tout craché, une fois de plus. Mais Ken rentre dans son jeu. Et les voilà même à parler de cette fameuse bague oubliée. Celle que la blonde a récupéré. « Ouais, me mets pas dans la catégorie des weirdos, s’il te plaît. » Elle grimace à cette idée, lâche un rire. Ils pourraient arguer que cela irait avec son côté prétendument stalkeur. Et comme elle s’est amusée à plaisanter sur le fait qu’elle aurait vendu cette fameuse bague, Ken la suit, à nouveau. Comme si elle l’avait vraiment fait. Peut-être ont-ils l’air de deux gosses, à dire vrai, à ainsi s’entraîner dans leurs délires que nul autre ne peut comprendre. D’ailleurs, elle les oublie, les autres, maintenant, Aster. « Ooooh peut-être que je devrais vraiment la vendre alors ! » Elle joue la naïveté, de celle qui se fait faussement prendre sur le fait qu’elle n’a finalement pas vendu la bague comme elle le prétendait. Ce n’est rien d’autre que la suite du jeu qui s’est instauré à nouveau. « Je te la rendrai peut-être, à l’occasion. » conclue-t-elle finalement, en haussant les épaules avant de boire une gorgée de son verre, mimant le détachement. Toujours plus simple de le faire avec un peu d’alcool dans le sang.
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statut civil : il se dit célibataire, bien qu'englué dans une relation en dents de scie ; le cœur brisé par la perte d'une idée fantasmée, jamais le cran d'agir, bien meilleur en coups d'un soir qu'en engagement.

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· Dim 7 Avr - 13:39

the conflict of the mind

@Aster Barrows

« C'est pas ce que j'ai dit, tu joues avec les mots. » La remarque est proférée sur le même ton que les précédentes, avec amusement. Pourtant, cela n'empêche pas Kendall de cogiter, l'espace d'un instant. Il est bel et bien atteint de cette tare-là, celle de volontiers considérer les individus venant graviter dans son sillage comme des distractions de courte durée plutôt que comme des personnes à part entière, intéressantes, complexes. Assez persuadé que ces brèves rencontres le considèrent de cette même manière, il s'est toujours figuré que, tant que chacun y trouve son compte, c'est de bonne guerre. Cela étant, il s'est risqué à entrevoir Aster différemment. À agir différemment, avec elle. Non qu'elle pourrait le savoir ; mais il ne peut se retenir de se demander si, malgré ses bonnes intentions, c'est là l'image qu'il renvoie. Celle de quelqu'un de flegmatique, se contentant de sa compagnie comme il l'aurait fait avec n'importe qui d'autre, et prompt à l'oublier dès lors que l'événement se serait terminé.
Et de réaliser que l'idée n'est pas pour lui plaire.
Le rire d'Aster étire légèrement ses lèvres ; son aussi inattendu que charmant, qu'il cueille avec plaisir, sous l'impression que la réaction est sincère. Car, il en est persuadé, les trois-quarts du temps, ce sont des hilarités réflexe qu'il reçoit – à de mauvaises blagues, aussi veille-t-il à ne pas trop s'en offusquer ; mais la différence est palpable. Agréable. « C'est ce que je craignais : mon existence et celle de mes confrères ne tiennent qu'à nos capacités reproductives. Il va me falloir quelques minutes pour digérer cette nouvelle. » Quoique son rôle, ce soir, semble plus ridicule encore : attraper des verres à Aster – Ken a marché de lui-même dans ce piège-là. L'aider à se saouler n'a rien de glorieux ; au moins le fait-il sans la moindre mauvaise intention. « Je serais très curieux de découvrir cette vengeance. Dis-moi tout, quelle punition serait à la hauteur du crime ? » Le sourcil est haussé, il se doute qu'aucune représaille ne l'attendrait, s'il osait toucher à la flûte lentement vidée. Mais, puisque jusque-là, la répartie d'Aster ne l'a pas déçue, il se demande ce qu'à chaud, elle pourrait bien échafauder. « Bien sûr. Rien de plus amusant que de juger les autres sur des péchés qu'on commet soi-même… Cette hypocrisie a un goût particulièrement doux. » Une pause, le temps d'une rapide réflexion. « Peut-être que j'aimerais me mettre à ton niveau, pour qu'on soit à armes égales ? Ou, au contraire, que je cherche juste à savoir combien de secrets je pourrais te tirer. Va savoir. »

Un acquiescement franc. Kendall n'est pas étonné, mais tout de même impressionné, malgré lui. Il lui avait trouvé une certaine prestance, à Aster, et cela se confirme lorsqu'elle tient ce genre de propos. Quelqu'un qui n'attend personne. Ce n'est pas donné à tout le monde. Certainement pas à lui. Lorsqu'il est seul, il a besoin d'agitation, de sons. N'importe quoi, pour ne pas s'entendre penser. Pour ne pas mesurer à quel point il exècre sa propre compagnie. Alors qu'il y a des personnes comme Aster qui cherchent cette solitude qui l'effraie au plus haut point. Il doit un peu les envier ; nul doute qu'il se demande ce que cela fait. « Belle philosophie de vie. J'aurais été un peu peiné d'apprendre que mon départ a ruiné ta soirée… Flatté, mais peiné. » C'est vrai, il a eu l'orgueil de s'imaginer autre chose. Certainement en simple écho au vague vide qui s'était épris de lui, alors qu'il quittait le bar pour rejoindre son loft. Pourtant, il ne peut pas dire qu'il soit surpris par la réponse. Ni même déçu ; pas d'une manière aigre, du moins. Il ne fait que récolter ce qu'il avait semé, en bottant en touche, en invoquant une âme-soeur inexistante. « Et qu'est-ce que je devrais faire, pour la récupérer ? Remarque, peut-être que tu devrais ni la vendre, ni me la rendre ; juste la garder. Elle t'irait bien. » Rapidement, son regard descend jusqu'aux mains d'Aster, justement – qu'il se souvient vaguement avoir déjà examinées, au bar. Des doigts longs et fins, un peu comme les siens. Des doigts de pianiste, répèterait sa mère, comme elle le lui a déjà si souvent seriné.


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· Sam 13 Avr - 13:59

the conflict of the mind,, @Kendall Ackerley

Elle joue avec ses mots. Bien sûr qu’elle joue avec ses mots, Aster. Elle ne s’attend pas à ce que cela passe incognito – ce serait même décevant, si tel était le cas. Mais elle joue, c’est indéniable. Joue pour provoquer quelque chose, joue pour espérer une réaction. Laquelle – c’est une très bonne question. Si seulement Aster le savait elle-même, mais la voilà systématiquement en roue libre en présence de Kendall, il faut croire. Cela lui arrive même à elle qui juge pourtant si férocement celleux qui se laissent faire tourner la tête, par d’autres. « Ah bon ? » Lâché, sourire en coin. C’est peut-être l’alcool. Oui, c’est sûrement l’alcool – qui la met si à l’aise, qui la pousse à jouer, jouer avec les mots, jouer tout court. Du moins, avec un quasi-inconnu – car avec ceux qui la connaissent, Aster apparaît bien plus souvent telle qu’elle l’est maintenant. C’est juste qu’il lui faut du temps, pour s’habituer aux gens. Pourquoi prendre ainsi autant ses aises, face à Ken ? Peut-être parce que tout de même, elle le connaît, un peu. Ce que lui ignore.

Elle pense encore à l’autre fois. À ce jeu étrange s’étant instauré entre eux, jeu auquel Ken a fini par couper court en mentionnant un copain qui n’apprécierait pas vraiment cette attitude. Et maintenant ça. Elle doit au moins se l’avouer à elle-même, Aster : elle a du mal à le suivre. Et elle se déteste de rester là, bêtement, à entretenir la conversation, au lieu d’y mettre un terme, comme à ce je-ne-sais-quoi qui flotte encore dans l’air. Mais c’est trop tentant. Alors Aster rit de plus belle, encore. « Je comprends. Le sens de ta vie doit être tout à coup remis cruellement en question, c’est un coup dur. » Le sourire en coin est toujours là, presque provocateur – si seulement Aster s’en rendait compte. Peut-être n’est-ce rien d’autre qu’un sourire amusé un peu timide, dans le fond, qui sait. Un sourire qui, alors, n’ose pas tout à fait s’étirer dans son intégralité. Malgré tout, elle ne bouge pas d’un pouce. Continue l’échange, alors que Ken lui a tendu un verre. Le débat est à présent à propos de ce dernier – là où il a voulu lui signifier qu’elle n’était pas obligée de l’accepter, Aster s’est à nouveau mise à jouer avec les mots. Peut-être ce qu’elle fait de mieux, finalement. « Oh, tu ne veux pas le savoir. » répond-elle d’un ton mystérieux, face à un Kendall curieux de connaître la vengeance qui l’attendrait, si tant est qu’il lui volait réellement son verre. Move qui ne fait que venir au secours d’une Aster pour le coup en manque cruel de répartie. « J’en étais sûre… Un besoin de se rassurer ou de retrouver confiance en soi, sans doute ? » Ce n’est rien d’autre que de l’humour. Pas une once de jugement. « Hm, la perspective d’être à armes égales est intéressante. C’est peut-être bien le troisième, désormais. » Pourquoi lui donner même cette information ? S’agit-il encore d’humour ? « Quant aux secrets… Qui te dit que j’en ai ? » Elle en a des tonnes, vis-à-vis de lui qui la connaît si peu, et inversement. Il y en a un, plus important que les autres – un vrai secret qu’effectivement, si elle ne faisait pas attention, à enchaîner les verres de cette façon, elle pourrait lâcher à tout moment. Mieux vaudrait peut-être que Ken et elle soient à ex-aequo ; si elle lâchait une bombe, peut-être au moins l’oublierait-il complètement.

Et puis, voilà. L’allusion à l’autre fois.
Elle a beau jouer les grandes dames, les indépendantes qui n’attendent personne, putain, qu’est-ce que cela lui a fait quelque chose quand Kendall a disparu. Quand il l’a laissée avec ces mots-là : Mon mec apprécierait pas trop que je rentre avec le numéro de quelqu’un d’autre. Pourquoi lui parle-t-elle, encore ? Dans le fond, Aster est l’incarnation même de l’hypocrisie : pour lui mentir sur son identité ; pour prétendre être ce qu’elle n’est pas, ou plus. Pour prétendre n’attendre personne alors que cela lui a mis un petit coup d’apprendre qu’il avait quelqu’un alors qu’ils s’entendaient si bien. Mais il était ivre ; à quoi est-ce qu’elle s’attendait ? La vie n’est pas un conte de fées. Il a peut-être oublié tout ce qu’il lui a dit. « Ouais, enfin bon, en vrai, je suis quand même rentrée chez moi juste après. » Elle lâche un rire, pour dédramatiser la vérité qu’elle vient de lâcher : rien de triste, en soi. Rien de dramatique. Pourquoi serait-ce forcément déprimant qu’elle soit tout simplement rentrée chez elle, seule, après une bonne soirée et un bon cocktail ? En tout cas, Ken lui pose une colle. À lui demander ce qu’il devrait faire pour récupérer la bague en question. Avant d’enchaîner, lui laissant l’opportunité de se dérober à ce qu’il lui devrait. « Peut-être, mais je ne suis pas sûre qu’on ait les mêmes doigts. » Haussement d’épaules alors qu’elle est simplement réaliste – pas d’humour ni de sous-entendus, cette fois, ni de sourire en coin, ni rien. Elle est juste tout à coup terriblement premier degré, Aster. « Quant à ce que tu devrais faire… À quel point est-ce que tu tiens à cette bague ? » Revoilà la lueur de malice dans le regard, et puis le sourire en coin. En présence de Ken, jamais bien loin.
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· Hier à 14:36

the conflict of the mind

@Aster Barrows

Une attraction intellectuelle. C'est le premier qualificatif qui fuse dans l'esprit de Ken. Non qu'Aster ne soit pas, physiquement, à son goût – elle l'est, indéniablement – mais s'il n'y avait que cela, sans doute s'en serait-il vite désintéressé. On pourrait arguer, là, qu'elle doit être la seule distraction digne de ce nom et que c'est ce qui rend sa compagnie précieuse, mais quelque chose lui dit que même dans d'autres circonstances – un contexte où l'on n'attendrait rien de lui, où il serait libre de partir où bon lui semble –, il n'aurait eu le coeur à se dérober de leur joute verbale : après tout, n'est-ce pas ce qui était arrivé, lorsqu'ils s'étaient rencontrés ? Il aurait pu repartir à n'importe quel moment, et pourtant, il était resté, simplement pour le plaisir de sa conversation. Ken se demande combien de temps une telle fascination est censée durer. Si son effacement est proche. Mais il semble qu'à chaque mot, il remette de l'eau dans le moulin, alimentant autant qu'il ne subit cet étrange magnétisme. « Ca doit être ça, mon égo est au plus bas. Tu viens de pointer du doigt mon inutilité pathologique, après tout, sois compréhensive. » Il n'y a rien de sérieux dans ce qu'il dit : d'ailleurs, bien qu'Aster doive l'ignorer, son travail est une parfaite mise en abyme de leurs propos. Car il n'est finalement payé rien qu'à faire joli : une plante verte, aussi futile qu'ils ne sont en train de le prétendre en plaisantant. « Ah oui, quand même… je ne sais pas si j'aurais le courage de te rattraper. » D'ordinaire, il faudrait bien plus que trois verres pour lui faire peur. Mais il a le ventre presque vide, et se traîne toujours cette foutue fatigue. De quoi remettre en question sa potentielle résistance à l'alcool. Il n'aura qu'à savourer sa flûte, pour donner le change : un exercice bien inédit, pour lui. « J'ai envie de dire que tout le monde en a au moins quelques-uns. Et que tu serais d'un ennui à mourir, si ce n'était pas ton cas. » Le regard est rivé à celui d'Aster, dans l'espoir de jauger sa réaction face au demi-compliment qui s'est délié discrètement : le sous-entendu qu'au contraire, elle est loin d'être barbante. Qu'elle est digne de son intérêt.

« Alors, je suis flatté. » Le ton est à moitié ironique, puisqu'il se doute que le départ d'Aster n'avait pas grand-chose à voir avec le sien : mais il aime garder l'éventualité à portée de main. Sans doute pour satisfaire cet orgueil qu'il a prétendu éraflé ; qui, pour sûr, n'a pas eu depuis longtemps de raisons de s'emballer. « J'ai pas de si gros doigts, tu vas me vexer, Aster. » Prétend-il, avant de lever la main droite au niveau de ses yeux, comme s'il étudiait réellement la question. « Je portais celle-là à mon annulaire, donc elle pourrait aller à ton index. Peut-être même ton majeur, avec un peu de chance, je trouve ça plus élégant qu'à l'index. » Il baisse la main. Ne sait pas vraiment dans quoi il s'est lancé, à croire qu'il pourrait provoquer le miracle d'être plus embarrassant sobre que saoul. « J'y tiens énormément. Question de principe, je peux pas juste accepter qu'une de mes bagues soit égarée dans la nature, comme ça. Je ferais n'importe quoi. » Là non plus, Kendall n'est pas tout à fait sérieux. La bague vaut cher, certes, mais ce n'est pas un obstacle ; elle n'a pas de valeur sentimentale particulière, ce qui la rend pleinement remplaçable. Mais il n'est jamais opposé à surmonter un petit défi, s'il devait se trouver qu'Aster est d'humeur à lui en lancer un. Aux yeux de Ken, en tous cas, cela ne pourrait qu'enjoliver cette soirée.


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