Aujourd'hui, elle doit voir Rhett.
Le rendez-vous a été pris quelques jours plus tôt. Un déjeuner, parce que ce serait peut-être plus simple pour lui. Un déjeuner, entre deux patients – pour ne pas le déranger trop longuement, ne pas lui prendre trop de temps. La dernière chose qu’elle veut, Aster, c’est être un poids pour son frère, c’est prendre trop de place dans son emploi du temps. Elle s’inquiète, voilà tout. Elle s’inquiète, ne lui veut que le meilleur. Elle veut être là, aussi. Elle veut être là, depuis qu’elle sait, depuis qu’elle a appris. Cela peut peut-être sonner hypocrite. Où était-elle, avant, Aster ? Où était-elle, avant que ne se déclare la maladie de sa belle-sœur ? Pas assez là. Rhett non plus, Sadie non plus. Parce que la fratrie Barrows n’est pas soudée. La faute à des parents pas à la hauteur, des parents qui ont fait peser sur eux trop d’attentes. Pas le temps de s’amuser ensemble, pas le temps de tisser du lien. Ils avaient bien d’autres objectifs, pour aller loin. Même quand ils étaient gosses. Avec les années, rien n’a changé. Ils ont juste encore moins de temps pour se lier, nouer une quelconque complicité. C'est triste, tout de même. Elle se le dit, parfois, Aster. Elle en vient à regretter de ne pas avoir davantage essayé. D'être là, d’initier des moments ensemble, à deux ou à trois.
Mais il n’est pas trop tard, n’est-ce pas ?

Elle s’inquiète pour de vrai. Pour Serena ; mais aussi pour Rhett.
Elle s’inquiète de ce qui pourrait arriver. De ce que cela pourrait changer. Elle s’inquiète de l’inquiétude de Rhett, elle s’inquiète de ce poids sur ses épaules. Elle s’inquiète pour Jayden, aussi, évidemment. Ce neveu qu’elle adore, dont elle est paradoxalement plus proche, que de son propre frère. Elle s’en fait pour tous, simplement. Mais notamment pour son frère. Alors elle a voulu le voir, et c’est pour cela qu’elle rejoint son cabinet, Aster.

Quand elle arrive, elle le trouve au téléphone. Il ne la voit pas tout de suite – semble l’apercevoir via le miroir qui se trouve dans la pièce. Il lui fait un signe de la main, terminant bientôt sa conversation téléphonique. Elle patiente en silence, se faisant toute petite, sans aucun bruit. Il a l’air occupé – il est toujours très occupé, Rhett. Comme Sadie. Comme elle-même, Aster. Il interpelle ensuite sa secrétaire, lui donnant quelques indications à propos d’un rendez-vous à l’école de Jayden. Il ne s’arrête plus, Rhett. Semble s’éparpiller, devoir penser à un million de choses à la seconde. Aster se contente d’observer en silence, un peu inquiète, mais sans dire un mot. Elle ne veut pas en rajouter, pas maintenant. Elle laisse simplement à son frère le temps qu’il lui faut pour se préparer pour déjeuner. « T’en fais pas, fais ce que tu as à faire, j’ai tout mon temps. » assure-t-elle, léger sourire aux lèvres. Loin d’elle l’envie de lui mettre la pression. C'est elle qui a suggéré de le rejoindre à son travail, sachant pertinemment que tout serait plus simple dans ce sens. Elle, ses horaires ne sont pas fixes. Elle peut plus facilement adapter son emploi du temps, selon ses envies et ses besoins. Rhett, en tout cas, continue de s’agiter, indiquant qu’il doit juste trouver ses clés, qu’elle aperçoit sur le fauteuil à côté, le lui montrant du doigt. « Parfait ! » De son sac sur son épaule, elle sort son téléphone pour retrouver le nom du restaurant où elle a réservé pour leur déjeuner. « Un petit restaurant tout nouveau, dont j’ai pas mal entendu parler, à côté. Rien de très original, ce sont des spécialités locales avec des produits du terroir, tu vois le genre. » Ce sera très bien, elle en est certaine. Enfin, elle espère, Aster. Elle voudrait vraiment que cela plaise à Rhett. « On y va ? » propose-t-elle, se mettant déjà en marche pour quitter le cabinet, et mener son frère jusqu’à l’adresse dudit restaurant. « Est-ce que ça va ? Tu as l’air... sous l’eau. » C’est déjà le cas, d’ordinaire. Mais elle trouve que c’est pire, depuis l’annonce de la maladie de Serena. « Tu sais, je peux te l’acheter, ton papier toilette, si ça peut aider. Et même faire des courses complètes. » offre-t-elle, avec sincérité. Cela lui ferait plaisir de l’aider. La rassurerait aussi un peu. Parce qu’il a l’air vraiment dépassé, Rhett. À deux doigts d’exploser. N'importe qui le pourrait, dans la même situation. Ce doit être terrible, un vrai coup de massue, d’apprendre que sa femme a la sclérose latérale amyotrophique. Cela apporte son lot de chamboulements.

Ce qui la frappe, tout à coup, c’est qu’elle lui fait peut-être perdre du temps.
Du temps dont il manque, Rhett, en ce moment. Du temps après lequel il court, sans doute. Car la maladie de Serena a dû tout bouleverser. Tout remettre en question. Induire une nouvelle organisation à trouver. C'est un million de nouvelles responsabilités, qui lui est tombé dessus. Et elle, que fait-elle, Aster ? Elle lui propose de déjeuner. C’était peut-être une mauvaise idée. Maintenant, elle se met à douter. La dernière chose dont elle ait envie, c’est d’en rajouter aux nombreux problèmes de Rhett. C'est d’être un poids pour lui. Peut-être aurait-elle dû y réfléchir à deux fois, avant de proposer ce déjeuner qui ne l’arrange peut-être pas. C’était peut-être stupide. Pourtant, elle avait juste voulu bien faire, Aster. Elle s’inquiétait, aussi. Ils ne sont peut-être pas proches, mais elle tient quand même à lui. Même si elle ne sait pas vraiment le dire, ni le montrer. Sa façon de le faire, c’était peut-être ce déjeuner. Mais elle ne veut pas le moins du monde presser Rhett, d’une quelconque manière. Elle lui dit qu’elle a tout son temps ; il finit par dire qu’il vaut mieux partir maintenant, sinon ils ne le feront jamais probablement. « Okay, c’est parti alors. » Elle lui présente alors le lieu où ils vont déjeuner, alors qu’ils se mettent en marche. Elle n’a encore jamais testé le restaurant en question, mais elle n’en a entendu que du bien. Et Rhett semble avoir faim – elle capte les quelques gargouillements qui s’échappent de son estomac. « J’entends ça. » Elle tente une taquinerie, craint qu’elle ne tombe à plat. Ils ne font pas là-dedans. La moindre taquinerie peut être ressentie comme une attaque, prise sur la défensive. Surtout si Rhett est sur les nerfs, et elle a pu comprendre que c’était le cas. Pas étonnant, au vu de la situation. Elle comprend. Ou elle essaie d’imaginer, Aster, en tout cas.

Sur le chemin jusqu’au restaurant, elle lui demande bêtement si ça va. Lui propose même de lui acheter le papier toilette, ou même de lui faire ses courses au grand complet. Pour aider. Pour aider, parce qu’il n’est pas dans une situation facile, Rhett. Mais c’est peut-être maladroit de la part de la blonde. Peut-être qu’elle en fait trop, ou que c’est inapproprié. Elle ne s’attend pas à la réponse de Rhett. Sent son cœur se serrer, l’estomac se retourner. Pas énervée, pas en colère, comme elle pourrait l’être d’habitude quand ils se prennent la tête. Elle ne voulait pas foutre la merde. Ne voulait pas le blesser ou le provoquer. D'habitude, elle aurait rétorqué. Mais elle sait qu’il a raison, Rhett. Que c’est une question stupide, qu’elle aurait dû réfléchir. Qu'elle a enfoncé le clou, finalement. Rhett s’excuse finalement, expliquant que c’est une grosse journée. « Ma question était stupide, je suis désolée. » répond-elle, posément. Décidant de faire la part des choses. Elle délaissera son ego, pour ce coup-là, même si ce n’est pas facile. Elle sait que ce qu’il vit en ce moment, Rhett, c’est pire. Qu'il a le droit, alors, de lui en vouloir pour sa question dont la réponse est pourtant évidente. « En revanche, quand je te propose mon aide, c’est sincère. » réplique-t-elle, malgré tout. Un peu plus fermement. Il n’est pas obligé de l’accepter, mais elle tient à préciser que ce ne sont pas de belles paroles. Ni des paroles toutes faites, comme l’était peut-être sa question, finalement. Combien de ça va ? se ramasse-t-il dans la figure, Rhett, ces derniers temps ? Oui, la réponse est évidente : cela ne va pas.

Tandis qu’ils approchent du restaurant, Rhett lui parle de Jayden. Ou plutôt, l’institutrice de Jayden qu’il doit voir demain. « Pourquoi ? Il s’est passé quelque chose ? » Elle fronce les sourcils, Aster. Si ses rapports avec Rhett ont toujours été un peu compliqués et tendus, avec Jayden, c’est tout l’inverse. C'est plus facile. Aster s’est découvert après sa naissance le plaisir d’être (sa) tante. De s’occuper de lui. Contre toute attente. Jayden est peut-être une chose qui a permis à Rhett et Aster de se voir plus souvent, faute de les rapprocher vraiment. Le frère et la sœur arrivent finalement à destination, et celle-ci remercie le premier quand il lui tient la porte, avant de lui répondre : « Oui, ça va. Je travaille sur l’album et je m’éclate. » Elle esquisse un petit sourire. Elle resplendit. Cet album, c’est la meilleure chose qui lui soit arrivée depuis longtemps. Et puis, un premier truc qu’elle fait vraiment pour elle, sans chercher l’approbation de leurs parents. Pas sûr qu’ils l’apprécient, d’ailleurs. Parce qu’elle compose ce qui lui ressemble vraiment, ce qui lui plaît pour de vrai. Pas ce que eux, préfèrent. Aster indique son nom à l’entrée, puis on vient les placer à la table réservée. Aster s’assied, se débarrassant de sa veste, puis son sac. Avant d’attraper le menu. « Bientôt, on pourra manger à nouveau dehors. » fait-elle remarquer. Allusion au printemps qui s’installe tout juste à Brisbane.

La maladie fait voir la vie, différemment. Bouleverse la vision des choses.
Aster n’est pas touchée directement, n’est pas concernée par la maladie en question. Mais sa belle-sœur, si, en revanche. Sa belle-sœur, qu’elle apprécie beaucoup – dont elle s’est peut-être paradoxalement retrouvée toujours plus proche, que de son propre frère, mari de Serena. Apprendre sa maladie l’a bouleversée, alors, aussi. Pas de la même façon, pas avec la même intensité, mais cela l’a tout de même ébranlée. Elle a voulu être là pour Serena, pour Rhett, pour Jayden. Parce qu’ils sont sa famille. Et parce que la famille, c’est important, selon Aster, même quand on n’en est pas si proche. Alors elle voudrait être un peu plus présente. Devenir un soutien, autant pour Serena que pour Rhett lui-même. Cela dit, cela reste plus facile à dire qu’à faire. Peut-être qu’elle apparaît hypocrite, peut-être qu’elle donne l’impression de se forcer, Aster, parce qu’elle n’a pas toujours été pour Rhett la sœur parfaite. La sœur sur laquelle il peut compter. Pas sûr que cela soit bien différent avec Sadie, dans le fond. Alors finalement, ce n’est pas si surprenant que Rhett ait le réflexe de la repousser immédiatement. Elle peut admettre que sa question était bête ; tient toutefois à affirmer que son soutien est réel, sincère. Ils ne s’y attardent pas, quoique Rhett mentionne que cela l’aide déjà, quand elle passe du temps avec Jayden. « Ça me fait toujours plaisir. » répond-elle, avec un sourire. Elle l’adore, son neveu. Et cela, elle ne s’y était pas attendue – non pas à ne pas l’aimer, mais plutôt au fait d’aimer être tante. C'est le cas, pourtant. Et si cela peut soulager un peu Rhett, si c’est le minimum qu’elle puisse faire, Aster continuera avec plaisir.

Maintenant, ce que son frère lui dit à propos de son fils l’inquiète aussi. Parce qu’elle tient beaucoup à Jayden. Parce qu’elle n’imagine même pas comment il doit vivre la situation – parce qu’il a beau avoir cinq ans, il doit certainement ressentir les choses. Et ne pas les vivre avec aisance, comme Rhett le lui confirme en expliquant qu’il y a eu quelques incidents à l’école, qu’il doit rencontrer le lendemain la professeure de Jayden. Elle ne peut retenir une moue compatissante, un peu triste, en l’écoutant raconter ce qu’il s’est passé avec d’autres enfants. « Oh, je vois. C'est sûr, ça le bouleverse différemment et il doit sentir ce qui se passe, sans tout à fait comprendre... » Elle n’imagine même pas combien il doit être perdu, Jayden, en ce moment. Cela lui fait de la peine. À vrai dire, elle pense beaucoup à son neveu, depuis qu’elle a appris la maladie de Serena. Oui, indéniablement, la vie fait entrevoir les choses différemment : Aster s’est rapprochée de sa famille, pour veiller sur celle-ci, à sa façon. « J’y connais rien et je prétendrais pas m’y connaître en parentalité, mais... peut-être qu’il pourrait voir quelqu’un ? Peut-être que ça pourrait l’aider, et toi aussi, parce que tu peux pas porter tout ça sur tes épaules. » En plus du reste, se retient-elle d’ajouter. Peut-être qu’avoir de l’aide extérieure, de la part d’un professionnel, pourrait être bénéfique, autant au père qu’au fils, d’ailleurs. Est-ce qu’il ne devrait pas consulter quelqu’un aussi, Rhett ? Mais Aster ne se risquera pas à le suggérer.

La conversation dérive quand ils arrivent au restaurant en question. La blonde répond rapidement à la question de son frère, en mentionnant l’album qu’elle prépare. « En fin d’année prochaine, a priori. » Si tout se passe bien. Elle l’espère, en tout cas. Travaille activement dessus, et oui, comme elle le dit, s’éclate. On les conduit à la table qu’elle a réservée, ce qui interrompt leur conversation. Alors, elle craint le blanc. Qu'ils ne sachent plus trop quoi se dire. La météo arrive sur la table, sujet de small talk par excellence, peut-être. Néanmoins, celle-ci est comme un tremplin vers le sujet de Noël que Rhett mentionne lui-même. « C’est vrai, ça va arriver en un rien de temps ! » Comme à chaque fois. Il faudrait qu’elle songe à réfléchir à ce qu’elle offrira. Mais ce sera différent, cette année, elle le sait déjà. Avec la maladie de Serena. Peut-être dans le fond qu’elle et Rhett préféreraient rester chez eux, au calme. « Oui, je crois qu’ils ont en tête le programme habituel pour le réveillon et le jour de Noël... » Elle lâche un léger soupir, ponctue toutefois le tout d’un sourire. Peut-on s’en plaindre ? Les fêtes de fin d’année ne sont pas toujours synonymes de joyeuses festivités, parce que toutes les familles ne se ressemblent pas. Et en l’occurrence, chez les Barrows, c’est toujours un peu compliqué. « Ça ira, pour Serena ? » se risque-t-elle finalement à demander, d’une petite voix. Elle ne voudrait pas que cela fatigue et empire l’état de sa belle-sœur.

La naissance de Jayden a permis, mine de rien, de renouer. Ou de créer du lien – celui qui s’étiole depuis des années, pour ne pas dire qu’il n’a jamais existé. Aster refuse encore d’envisager cette possibilité : refuse d’admettre qu’elle ne partage peut-être pas grand-chose avec Rhett. Pas certaine de partager beaucoup plus avec Sadie, en tout cas pas ces dernières années – elles le faisaient davantage, étant plus jeunes. Mais avec les années, chacun prenant de l’âge, chacun ayant sa propre vie, ils se sont éloignés. Ont laissé les différences creuser entre eux un fossé. Mais, oui : il y a eu Jayden. Rhett est devenu père ; Aster, par ricochet, s’est improvisée tante. Et elle a adoré cela, contre toute attente. Est-ce que Sadie sera un jour mère à son tour ? Alors, il ne restera plus qu’elle, Aster – pas certaine de nourrir ce souhait. Pas certaine ne serait-ce que de trouver un jour le bon partenaire pour cela. Encore faudrait-il qu’on l’accepte, qu’on l’aime pour ce qu’elle est, un jour, la blonde. Pour l’heure, elle préfère faire cavalier seul. Ou c’est ce qu’elle prétend, précisément parce qu’elle n’a pas trouvé cette personne – la bonne. Ou c’est surtout qu’après sa dernière histoire qui s’est soldée par une tromperie, dont elle est sortie atrocement meurtrie, elle a besoin de temps, Aster. Pour aimer à nouveau. Pour faire confiance. Pour réussir à s’ouvrir à quelqu’un d’autre. Un jour, peut-être, à nouveau.

Bref – elle adore son neveu, Aster. Et dans toute cette tragédie que Serena traverse, c’est aussi à Jayden qu’elle pense, avant tout. Trop jeune pour perdre sa mère, trop jeune pour être confronté à quelque chose d’aussi terrible. Cela la dévaste, à vrai dire, d’apprendre que cela ne se passe pas bien avec lui à l’école. Cela la dévaste, de savoir ce qu’il traverse, tout court. C’est terrible, cette histoire. C’est terrible, ce qu’il se passe. C’est terrible. Et elle a beau se le répéter, impossible de s’en remettre, de l’accepter, elle reste encore choquée. Et Jayden ? Elle esquisse un triste sourire aux mots de Rhett. « Bien sûr, qu’il l’est. Je pense qu’il comprend plus de choses qu’on ne l’imagine. » Peut-être qu’ils le sous-estiment. Les enfants sentent les choses. Même ce qu’ils ne comprennent pas vraiment, peut-être peuvent-ils le comprendre d’une autre façon. Rhett reprend la parole, s’interrompant quelques instants – avant de lâcher une bombe. Ou, en tout cas, le plus douloureux. Le cœur d’Aster se serre à ses mots, une boule se forme dans sa gorge. Cela la laisse même silencieuse un instant. « Peut-être qu’il l’a compris, oui. Ou senti. » souffle-t-elle. Peut-être qu’ils pourraient demander conseil aux médecins, demander ce qu’ils devraient faire ou dire. Ou emmener Jayden voir quelqu’un, cet euphémisme pour parler de lui faire suivre une thérapie. Ce serait normal, étant donné les circonstances. Rhett semble d’accord, indique qu’il demandera à son associé, lui-même psy. Aster sourit. « Il sera sans doute de bon conseil. » Bien meilleur qu’elle. Elle espère que cela pourra aider son frère.

La conversation finit par dériver sur Aster et ses projets professionnels. Elle mentionne cet album, sur lequel elle travaille. Donne une date plutôt large, assez vague. « Je ne sais pas. Déjà, oui, ça dépend un peu de moi et ma productivité… Mais il y a aussi des éléments extérieurs, forcément, qui sont indépendants de moi. Le meilleur moment pour sortir l’album, tout ça. J’ai pas trop compris l’aspect marketing de la chose, je t’avoue. » Elle lâche un rire, Aster. Peut-être se détend-elle, peu à peu, face à son frère dont elle n’est pas si proche – ce qui la désole bien qu’elle ne l’admet. Alors que Rhett et elle s’asseyent à la table réservée, les voilà qui parlent des fêtes de fin d’année. « Pourquoi pas ? Ou un Père Noël secret. » L’idée l’amuse. Ce ne serait tellement pas le genre de leurs parents. Mais Aster retrouve son sérieux, demandant à Rhett s’il pense que cela ira pour Serena, ces fêtes-là. Sans doute qu’elle sera fatiguée. Peut-être qu’elle aura envie d’être ailleurs. Peut-être qu’elle ne sera même pas là. « D’accord. En tout cas, n’hésite pas si… s’il y a besoin de quoi que ce soit. » Elle le pense, même si elle a le regard fuyant. Le noie dans le verre de vin qu’elle porte à ses lèvres. A deux doigts presque de s’étouffer en entendant la dernière question de Rhett. « Un +1 ? Hm, non, pas vraiment. Rien d’autre que moi et mon célibat. » plaisante-t-elle avec un léger sourire. Pourtant, par moments, cela la rend triste. Mais elle protège désormais son cœur comme elle le peut.