Elle ne sait pas exactement d’où cela vient.
Enfin, si, un peu, quand même. Cela vient de leurs parents. Très certainement.
De leurs parents, qui n’ont pas fait les choses correctement. Qui semblent avoir fait avant tout pour eux, des enfants. Pour reporter leurs rêves, leurs attentes, leurs espoirs sur eux. On ne devrait jamais imposer cela, pourtant, à ses enfants. Avec le recul, elle en est sûre, Aster, maintenant. Elle ne peut pas prétendre comprendre – elle n’est pas mère, est même encore à des lieues de l’être. Mais avec les années, à mesure qu’elle mûrissait, elle a fini par comprendre. Par intégrer. Par voir les choses autrement. Ses parents ont merdé. Elle leur en veut, un peu. N'est peut-être pas celle qui doit leur en vouloir le plus. Elle, elle a été mise sur un piédestal, Aster. Gamine idolâtrée, vue comme un prodige du piano, dès son plus jeune âge. C'était sans doute exagéré, même si elle est douée. Mais, avec son frère et sa sœur, cela a créé un petit fossé. Déjà que de nombreuses années la séparent de Rhett – cela n’a pas aidé. A peut-être même, au contraire, tout empiré. Mais il n’est pas trop tard pour se rattraper, pas vrai ? C’est ce qu’elle essaie de se dire, en tout cas, Aster. Elle a espoir. Et puis, peut-être tout de même que la maladie de Serena joue dans tout cela. La vie est courte. Trop pour qu’on la passe, à ne pas profiter des siens.

Elle voit Sadie, ce soir.
Sadie, avec qui les liens se sont peu à peu usés, au fil des années.
Elle en était un peu plus proche que de Rhett, pourtant. Mais sans doute que la vie a fait que. Elles ont chacune leur vie, chacune leur carrière, à présent. Chacune leurs préoccupations. Chacune leurs amis. Sadie est même fiancée. Aster, elle, n’a personne – ne le vit pas mal, ne s’en plaint pas. Non, elle jouit pleinement de son célibat. Elle a quand même une vie bien remplie. Alors oui, elles se croisent de moins en moins. Mais ce soir, elles se voient. L'invitation a été lancée par Sadie, quelques jours plus tôt. Elle se demande un peu pourquoi, Aster. Pourquoi elle a eu tout à coup envie de la voir – cela n’a rien d’un reproche, elle est très contente de la voir. C'est juste que cela l’a surprise, sur le coup. Elle s’est quand même empressée d’accepter. De lui demander ce qu’elle voulait faire. Dîner chez Sadie. Aster avait dit qu’elle apporterait le vin. Le rendez-vous était pris.

Elle arrive à l’heure prévue, garée non loin de la villa de sa sœur.
Villa qui l’intimide, villa où elle n’est venue que trop peu de fois. Cela lui fait bizarre, d’imaginer sa sœur vivre là. Cela lui semble tellement froid. Elle exagère, peut-être. Elle chasse ses pensées, pour se reconcentrer sur la villa, vers laquelle elle marche. Bientôt, elle frappe à la porte ; Sadie ne tarde pas à lui ouvrir. « Hey. » répond-elle, avec un sourire. Puis, quand sa sœur l’invite à entrer, elle s’exécute. Retire ensuite sa veste, soigneusement. Comme une enfant qui fait tout ce qu’on lui dit. Elle a toujours été un peu comme cela, Aster. « Ça va bien. Je vais pas me plaindre, tout va bien en ce moment. Et toi ? » Elle esquisse un petit sourire, presque timide. Voit Sadie enchaîner, faire remarquer qu’elle ne sait même plus si elle est déjà venue. Malgré elle, Aster laisse un gros blanc s’installer – elle s’est encore perdue dans ses pensées. « Oh, euh, une ou deux fois, je crois. » Ses souvenirs sont brumeux. Il y a peut-être une raison à cela. À ses si rares visites. Peut-être que la ville lui paraît froide. Peut-être qu’elle n’est juste pas très à l’aise avec Zachary. Rien à voir avec Serena. Deux salles, deux ambiances. À ce moment-là, Sadie la ramène – encore, c’est qu’elle s’y perd, Aster – à la réalité en lui demandant ce qu’elle veut boire. « Oh, attends, j’ai ramené une bouteille ! » Ce disant, elle repart vers l’entrée où elle a laissé distraitement un sac en toile dans un coin. « Enfin, si ça te dit. Tu bois ce que tu veux. Je m’adapterai. » Elle ne va pas ouvrir sa bouteille tout de suite si Sadie n’en veut pas, après tout. La voilà mal à l’aise, la voilà qui doute, Aster.

C’est peut-être bizarre, cette soirée prévue avec Sadie.
C’est peut-être bizarre de se retrouver juste toutes les deux, alors qu’elles n’en ont pas tellement l’habitude. Ou plus. Certes, elle reste plus proche de sa sœur que de son frère, Aster. Mais cela ne veut pas dire qu’elles vont boire des verres ou qu’elles se font des pyjama parties tous les quatre matins. Non, chacune a sa vie, son boulot, ses amis, ses impératifs. Et en ce qui concerne Sadie – comme Rhett, d’ailleurs –, elle a quelqu’un qui partage sa vie. Aster n’est plus que la dernière célibataire de la fratrie, et ce, depuis un bon moment. Alors elle ne veut pas non plus les déranger, se sent facilement de trop. Pourtant, quand Sadie a proposé qu’elles se voient, elle a accepté. C’est aussi que Zachary n’est pas là, ce soir. Tant mieux. Aster ne sait pas trop ce qu’elle en pense, mais ce qu’elle sait, c’est qu’il n’est pas particulièrement une personne à laquelle elle aime parler pendant des heures. Contrairement à Serena. Non, sans doute qu’elle ne l’aime pas vraiment, Zac, depuis toutes ces années où il côtoie Sadie. En tout cas, elle ne le sent pas. Et si elle savait, Aster.

Mais ce soir, c’est juste Sadie et elle.
Dans cette villa encore pleine de mystères, pour la cadette des Barrows. Sa sœur semble s’en rappeler, puisqu’elle lui demande même si elle est déjà venue, n’en était pas sûre. C’est dire à quel point elles se voient moins fréquemment que dans le temps. Maintenant, c’est un peu gênant de s’en rendre compte. « On a des vies chargées aussi ! » tente-t-elle vaguement de plaisanter, pour dissiper le malaise naissant. Oui, le temps passe vite. Oui, elles ont des boulots et une vie qui les occupent beaucoup, par moments. Tant de choses en tête. Et puis, à dire vrai, elles se sont tout de même vues – juste, pas forcément ici. Heureusement, elles passent vite à autre chose en se décidant à boire quelque chose. Aster se souvient alors de la bouteille qu’elle a ramenée et Sadie semble partante pour l’ouvrir, alors que la première revient rapidement avec la fameuse bouteille. « Oui, allons-y. C’est du rouge. » précise-t-elle, la tendant à son aînée qui a déjà attrapé de quoi l’ouvrir, et même deux verres pour les servir. « On ne va pas mourir de soif. » plaisante-t-elle vaguement, quand Sadie mentionne avoir d’autres bouteilles. Elle prend ensuite des nouvelles de son travail. « Oui, ça va. Je passe mes journées à jouer et à essayer de composer. » Pour l’album sur lequel elle travaille. Et puis, un peu aussi pour Instagram, où elle a su se constituer une jolie petite communauté. « Et le tien ? » demande-t-elle, à propos de son travail. Le tout, avant de s’asseoir sur le canapé, non loin de là. « Tu as vu Rhett, récemment ? » l’interroge-t-elle également, en passant. Leur grand frère, qui traverse un moment difficile. Cela l’inquiète, Aster. Même s’ils ne sont pas aussi proches qu’elle l’aurait voulu.

tw : violence domestique (mention).


Ce n’est peut-être qu’une comédie. Rien de réel, rien qu’une illusion, un jeu d’apparences. Deux sœurs qui se retrouvent pour passer la soirée ensemble, chez l’une ou l’autre. Deux sœurs qui se retrouvent pour boire un verre, parler de leurs vies, de tout et n’importe quoi. Deux sœurs qui se retrouvent pour passer un bon moment, profiter de l’autre et rire. Vraiment ? Elles ne sont plus si complices que dans le temps, pourtant. Peut-être parce qu’elles ont grandi – parce que chacune a sa vie. Ce sont des choses qui arrivent, non ? Pourtant, elle a l’impression que ceux qui l’entourent sont bien plus proches des leurs qu’elle ne l’est elle-même, Aster. Elle et sa fratrie, elles ne sont pas si proches ni complices. Avec les années, l’âge, leurs vies respectives, le fossé ne s’est que davantage creusé. Peut-être est-il moins important entre Sadie et Aster, qu’entre Rhett et Aster par exemple – mais ce n’est plus tout à fait comme avant. Et parfois, Aster, elle se demande si tout pourrait rentrer dans l’ordre un jour. S’ils pourraient se lier à nouveau, reconstruire leur fratrie. Reconstruire les liens qui les unissent. Se voir un peu plus souvent, et pas parce qu’il le faut, mais parce qu’ils le voudraient vraiment.

Elle est tout de même contente d’être là. Mais elle a un peu d’appréhension, Aster. Elle ne saurait dire pourquoi. Peur que ce soit bizarre entre Sadie et elle, par exemple, peut-être. Peur qu’il y ait des blancs, qu’elles ne sachent plus trop quoi se dire. Peur de la gêne, du mal-être, sans doute. Et puis, peut-être d’autres choses, inavouées, inconscientes. Est-ce qu’elle va bien, Sadie, en ce moment ? Aster ne peut pas prétendre le savoir ou être vraiment sûre de la réponse. Dans l’immédiat, tout se passe bien jusqu’à présent – du moins, il le lui semble. Elles plaisantent un peu sur le fait de ne pas mourir de soif ici. Aster, quant à elle, partage ses quelques nouvelles – à vrai dire, il n’y en a pas beaucoup. Elle continue de beaucoup jouer au quotidien, de composer. « Ouais, euh… Je croyais te l’avoir dit. Ou que papa et maman te l’avaient dit. » La voilà gênée, tout à coup, Aster. C’est la grande nouvelle de sa vie, ces derniers temps. Elle compose un album. C’était son rêve et il s’apprête à devenir réalité. Exit l’orchestre, ce que Sadie sait déjà – maintenant, sa carrière prend une toute nouvelle direction. Et Aster est excitée comme jamais par cette opportunité. Elle travaille dur, d’arrache-pied, sans jamais assez se reposer – mais qu’importe. S’il y a la musique, alors elle croit qu’elle n’a besoin de rien d’autre.

Voilà les deux sœurs désormais servies. Sadie tend un verre à Aster, que celle-ci attrape, souriant aux mots de son aînée. « Merci à toi de m’avoir invitée. » Elle le pense. Même si c’est un peu bizarre, même s’il semble flotter un truc spécial dans l’air. Elle avale quelques gorgées du vin, après avoir pris soin de sentir quelques instants, tout en écoutant Sadie lui parler de l’affaire sur laquelle elle travaille en ce moment. Une affaire difficile – Aster, elle ne pourrait jamais faire le métier de sa sœur. Mais elle ne doute pas que Sadie sera géniale. « J’imagine. Tu l’as toujours fait, en même temps. J’espère que ça paiera… Je me demande comment on peut être capable de représenter un mec qui a été violent comme ça. » Cela la bouleverse, rien que d’y penser. Loin d’imaginer une seule seconde que Sadie puisse elle-même se trouver sous l’emprise de Zachary. Pourtant, elle n’a jamais pu sentir ce dernier. Continue de s’en méfier. Sans trop savoir pourquoi. Une intuition, peut-être. Il faut dire que Zachary ne s’est jamais trop mêlé aux Barrows, non plus. « Tu arrives à tenir le coup ? Ça ne doit pas être facile de garder le moral et de tenir bon, dans ce type d’affaires. » Elle le demande sérieusement. Regardant Sadie différemment. Peut-être un peu inquiète. Elle sait bien que Sadie s’est spécialisée là-dedans. Mais tout de même, cela ne veut pas dire que c’est tous les jours évident. Finalement, la conversation dérive sur Rhett, leur frère. « Pareil. Je l’ai vu l’autre jour, mais j’essaie de le laisser un peu… respirer. » souffle-t-elle. Elle ne veut pas être de trop, Aster. Elle ne veut pas non plus paraître hypocrite. Parce qu’ils n’ont jamais été si proches. Cela ne veut pas dire qu’elle n’est pas touchée par ce que Serena vit, ce que Rhett et Jayden vivent par ricochet. Elle ne sait simplement pas toujours comment s’y prendre, Aster. « C’est difficile de savoir comment les aider. » Même s’il n’y a rien qu’elles puissent faire pour arranger cette situation.

A un moment ou l’autre, forcément, il y aura un blanc. A un moment donné, sans doute, elles ne sauront plus quoi se dire toutes les deux. Elles auront fait le tour et ce sera gênant. Oui, sûrement. N’est-ce pas le cas, systématiquement ? Cela dit, c’est certainement pire avec Rhett. Parce que l’écart entre lui et Aster est plus grand, d’autant plus qu’ils n’évoluent pas dans le même univers professionnel, que lui est marié, père. Etonnamment, ils se voient tout de même plus souvent que dans le temps, depuis la naissance de Jayden. Il est devenu un point en commun, un point d’ancrage. Aster a découvert à quel point elle aimait étrangement être tante. Cela a permis de resouder vaguement la famille, même si cela ne dure pas, même s’ils ne se voient pas tout à coup toutes les semaines, tout le temps, à se retrouver en permanence et à tout faire systématiquement ensemble. Elle doit admettre, Aster, que là-dessus, elle voit certainement plus souvent Sadie. Mais pas trop longtemps. Elles ne passent pas des heures à discuter et rire, comme d’autres sœurs le feraient. Peut-être manquent-elles trop de laisser-aller, comme si elles se retenaient sans cesse d’être trop démonstratives, de trop s’ouvrir.

Mais au moins, elles essaient.
Comme maintenant, alors qu’Aster a répondu présente à l’invitation de Sadie, alors qu’elle se trouve actuellement chez elle à partager avec elle ses dernières nouvelles, tandis que sa sœur les sert en vin. Il y a un moment un peu gênant, quand la plus jeune se rend compte que son aînée n’est pas au courant pour son album. Sadie admet ne pas vraiment les voir souvent, ce à quoi Aster répond par un hochement de la tête. « Je ne peux pas te blâmer. » Un léger sourire en coin s’esquisse sur son visage. Elle les voit sans doute plus souvent, ses parents. Mais surtout parce qu’elle reste accrochée à ses tendances perfectionnistes, à l’image de petite fille sage qui cherche encore et toujours leur fierté, leur approbation. « Oui, quelques-uns. C’est génial, parfois je passe des journées à composer et j’adore ça. » Avant, elle passait ses journées surtout à jouer. La nuance est mince, a toutefois son importance pour Aster. Cela change tout. Elle touche du bout des doigts son rêve. Mais ne veut pas mettre la charrue avant les bœufs. Chaque chose en son temps.
Elle s’intéresse alors à la carrière de sa sœur. Là-dessus également, elles sont radicalement différentes. La carrière de Sadie, elle, est véritablement impressionnante – en tout cas aux yeux d’Aster, qui a porté toute sa vie, même discrètement, un regard sur elle admirateur. Elle n’aurait jamais pu faire ce que fait Sadie, loin d’imaginer qu’elle le vit d’ailleurs, d’une certaine manière, aussi. « C’est sûr, on peut pas faire autrement pour bosser là-dedans. Ouais, je préfère même pas imaginer… » répond-elle en grimaçant. Pour tout cela, la blonde, elle serait bien trop sensible. Elle acquiesce tristement aux mots de son aînée. « Oui, c’est le plus dangereux finalement : cette emprise qu’ils peuvent avoir, même sur tout le monde. » Oui, c’est triste, et même pire que cela. Elle, cela la rend dingue, la dépasse. Elle déteste tous ces hommes qui se permettent tout, possessifs à l’excès et jusqu’au bout. Les deux sœurs en reviennent à un sujet plus léger quand Sadie annonce qu’elle va chercher quelque chose à grignoter. Aster en profite pour boire d’autres gorgées – pas plus mal que Sadie aille chercher des choses à manger, sinon le vin lui montera bien trop vite à la tête. Bientôt, elle voit sa sœur revenir avec des bols remplis de nourriture. « Merci ! Ça me donne super faim, ça a l’air trop bon. » Et surtout, elle ne crache jamais sur un peu de houmous, Aster. Elle tend la main vers un des bols pour attraper des crackers, qu’elle avale sans tarder. C’est que c’est addictif, tout cela. Le sujet revient sur Rhett et Serena, dont la vie est chamboulée depuis l’annonce de la maladie de cette dernière. « Ouais, c’est ce que je me dis aussi… J’arrive jamais trop à savoir ce qui est le mieux. Ce dont ils ont besoin. » répond-elle en murmurant, avant de porter son verre à ses lèvres. Elle hoche la tête positivement, esquissant un petit sourire, à la proposition de Sadie. « C’est une bonne idée. Mais tu penses qu’il accepterait ? » Elle n’en sait trop rien, à vrai dire, Aster. Parfois, elle a l’impression que toutes ces précautions que tous prennent l’agacent. Ce qu’elle comprend, à dire vrai – elle croit qu’elle serait pareille, à sa place.

Elle ignore s’il est encore temps de se rattraper. Encore temps de nouer une relation plus complice, plus soudée. Si elles peuvent devenir plus proches qu’elles ne le sont – ou d’être juste aussi proches qu’elles l’ont un jour été. Dans le fond, avec Rhett, c’est la même chose. Est-ce qu’il n’est pas trop tard ? Comment pourraient-ils aujourd’hui tisser des liens ? Ils ont chacun leur vie, leur quotidien. Rhett a sa petite famille, Sadie a Zachary. Aster a le piano. Ils n’ont pas forcément le temps d’en passer avec elle, d’essayer de rattraper le temps perdu. Ils ont même certainement mieux à faire. Des choses plus passionnantes, des choses plus importantes. Oui, sans doute. Pourquoi se sent-elle alors encore comme la petite dernière qui essaie désespérément d’avoir l’attention, l’affection, de ses aînés ? La faute peut-être à leurs parents. Leurs parents qui l’ont si souvent mise sur un piédestal, créant ce fossé entre leurs propres enfants. Elle a eu toute l’attention de leurs parents, alors – celle qu’ils n’ont pas accordé avec autant d’intensité à Rhett ou Sadie. Est-ce cela qui pèse encore entre eux, aujourd’hui ? Même après tout ce temps ?

On dirait une comédie.
Aster se sent mal à l’aise, en découvrant que sa sœur n’est pas au courant pour l’album. Elle le lui dit maintenant, cela ne pourrait pas être si dramatique – si cela ne faisait pas des semaines que le projet était signé, enclenché. « Fin 2024, si tout va bien. » Pour cela, il faut qu’elle carbure, ne se repose pas sur ses lauriers. Il faut qu’elle avance efficacement, qu’elle se concentre, compose encore et encore. Cela n’est pas pour lui déplaire – ni pour changer ses habitudes. Car la musique, pour Aster, c’est toute sa vie. Les mots de Sadie la touchent, en tout cas. Tout à coup, la voilà qui se sent comme une enfant, heureuse d’avoir l’attention et le soutien de sa grande sœur. « Je l’espère, en tout cas. J’ai vraiment pas envie de foirer ça, je fais de mon mieux. » Elle a un petit sourire presque timide, hausse les épaules comme pour mimer un certain détachement. « Merci, Sadie. » Elle a les yeux qui brillent d’émotion, tout à coup. Même si elle ne s’étend pas d’avantage – elle est touchée, elle est émue, Aster.
Elle se concentre ensuite sur la carrière de sa sœur. Une carrière pas évidente pour tout le monde – en tout cas, elle, elle serait bien incapable de faire ce que fait sa sœur. « Je n’en doute pas… » Elle lâche un soupir, songeuse. Non, elle ne pourrait définitivement pas faire ce qu’elle fait. Trop sensible, trop empathique, elle ne saurait pas prendre le recul nécessaire pour pouvoir aider ces femmes. « C’est même effrayant. » Pas de quoi redorer le blason des hommes, même si tous ne sont heureusement pas ainsi. « Enfin, n’hésite pas si jamais une affaire t’affecte, je suis toujours là si besoin t’en parler. » souffle-t-elle pour conclure, Aster. Sait-on jamais – elle ne voudrait pas que Sadie garde tout pour elle, quitte à se faire du mal.

Elles changent de sujet quand Sadie part chercher quelque chose à grignoter. Elle lui indique d’ailleurs avoir préparé du houmous maison ce matin même. « Trop hâte de goûter ça. Je crois que je me lasserai jamais du houmous. » Et elle est impatiente de goûter celui que sa sœur a préparé. Elle-même ne prend pas toujours assez le temps de cuisiner. Les deux sœurs reparlent alors de Rhett et de son épouse, de ce qu’ils traversent en ce moment. Une situation compliquée, pour eux, pour leurs proches qui ne savent pas trop comment les aider. Peut-être que l’important est d’être là, finalement. « Et la demande ne viendra jamais d’eux. » En tout cas pasde Rhett, elle s’en doute. « Oui, c’est vrai. L’autre fois, il a accepté qu’on aille déjeuner ensemble. Au début, c’était un peu tendu quand même, mais… Il est sur les nerfs, c’est compréhensible. » Cela l’avait peinée. De le voir ainsi. Si inquiet pour sa femme, si inquiet pour leur fils, aussi. « Quelle merde, la maladie. » souffle-t-elle. C’est quelque chose de terrible. Serena n’a pas mérité cela. Jayden n’a pas mérité cela. Rhett ne mérite pas cela. « Ton houmous est incroyable. » fait-elle remarquer, sur une autre note, après en avoir goûté un peu – le tout avant d’attraper son verre de vin pour en boire une autre gorgée. « Et Zachary ? Comment il va ? » Sa question n’est rien d’autre que de la politesse. Si Aster adore Serena, elle ne peut pas en dire autant de son beau-frère. Elle a du mal à le sentir – pourquoi, elle ne saurait dire.

tw : tromperie.
Peut-être n’est-ce qu’une comédie. Sadie et Aster, en train de passer une soirée ensemble. Les deux sœurs Barrows, faisant comme si elles étaient proches. Peut-être n’y a-t-il plus grand-chose qui les lie, aujourd’hui. Mais au moins ont-elles le mérite d’essayer. De vouloir se rattraper. De ne pas tout à fait abandonner. C’est bien qu’elles tiennent l’une à l’autre, pas vrai ? C’est qu’elles y tiennent assez pour initier ce genre de moments. N’est-ce pas la même chose avec Rhett ? On se voit parce que c’est la famille, on fait un effort parce que c’est la famille. Mais la famille compte. Même quand tout ne va pas bien, quand tout n’est pas parfait, quand il y a des loupés. Les Barrows n’ont pas sombré dans la toxicité – alors cela peut valoir le coup d’essayer. De se voir, se parler, prendre des nouvelles, se réjouir les uns pour les autres. C’est ce que font Sadie et Aster. C’est ce qu’elles font avec leur frère également. Et peut-être que par moments, cela peut sembler pas très naturel, leur donner l’impression d’être hypocrites, même, mais il y a quand même de la sincérité dans tout cela. Enfin, Aster, elle le croit. Elle est touchée par les mots de sa sœur, alors, concernant son futur album. « Je n’y avais pas pensé mais… on pourrait faire ça, ce serait trop cool ! » s’exclame-t-elle, enthousiaste. C’est inhabituel de la voir si enjouée – Aster d’ordinaire si calme, si posée. Pourtant, parfois son enthousiasme, son bonheur, débordent d’elle. Car de cela, elle est heureuse, sincèrement fière. Pour une fois dans sa vie. Elle est un peu gênée toutefois quand Sadie mentionne leurs parents. Eux qui doivent être fiers. Eux qui en ont fait trop durant toute sa vie. Jusqu’à creuser peut-être un fossé entre Rhett, Sadie et elle. « Euh… ouais. Enfin, je crois, oui, plutôt. » Cela la met mal à l’aise. Elle a le regard un peu fuyant. Ce n’est pas pour rendre fiers leurs parents, qu’elle fait cela, qu’elle en est heureuse. Elle ne veut rien leur devoir. « Oui, je lui en ai parlé la dernière fois que je l’ai vu, quand on est allés déjeuner ensemble. » Elle l’avait rejoint à son travail, pour déjeuner pas très loin. Mais Aster se sent toujours aussi gênée, regrettant de ne pas avoir informé Sadie de tout cela plus tôt.

Heureusement, elles changent de sujet. Aster se concentre sur sa sœur, ses dernières nouvelles. Ses dernières affaires. Celles si difficiles que la plus jeune n’imagine même pas. Pourtant, elle exprime son soutien, rappelle qu’elle est là en cas de besoin. Est-ce que cela sonne hypocrite ? Dans le fond, Sadie a raison : il faut avoir le cœur accroché. Alors Aster grimace, avant de répondre : « C’est vrai. Tu ne m’ennuierais pas. Mais je suis peut-être un peu sensible pour certaines choses. » avoue-t-elle. Elle se sent un peu nulle, à présent. L’impression de ne pas pouvoir être une meilleure sœur, même quand elle essaie de toutes ses forces. « Moi aussi. C’est inimaginable, inconcevable. C’est pas ça, l’amour. » souffle-t-elle. Elle ne peut pas prétendre y connaître grand-chose, Aster. La dernière personne qui a partagé sa vie l’a trompée. Depuis, elle se méfie plus qu’elle ne l’a jamais fait. Mais non, ce n’est pas cela, l’amour. Pas dans ses yeux en tout cas, ni dans son cœur – elle qui recherche désespérément l’âme à laquelle la sienne s’accrocherait, comme une évidence. A ses yeux, l’amour, c’est d’être complètement sur la même longueur d’onde. C’est une espèce d’évidence. « On peut parler d’autre chose, mais ça ne me gêne pas du tout de parler de toi. Je suis contente de connaître tes dernières nouvelles. » Elle sourit, sincère. Bien sûr, elle préfèrerait pour elle de meilleures nouvelles. Plus heureuses, plus joyeuses. Si elle savait, Aster. Celles de Rhett ne sont pas plus positives. C’est même terrible, ce qu’il vit. « Non, surtout pas dans ce genre de cas. » Et comme ils n’ont jamais été très proches, peut-être que leur souci sonne justement hypocrite. Il n’en est rien, pourtant. « Oui je veux bien, bonne idée ! Ce serait chouette, qu’on se fasse un truc juste tous les trois. » Pour changer. Se soutenir. Se changer les idées. Être là les uns pour les autres.

Aster finit par goûter le fameux houmous que sa sœur a préparé tout spécialement. Elle ne tarde pas à lui partager son enthousiasme, le trouvant vraiment délicieux. Incroyable, comme elle le dit précisément. Son rire rejoint celui de sa sœur, communicatif. « Oui ! A la betterave ou au basilic, c’est trop bon aussi. » Mais pour l’heure, celui de sa sœur lui convient parfaitement. Buvant une nouvelle gorgée de son verre, Aster s’enquiert des nouvelles de son beau-frère. Zachary. Celui qui n’a pas remporté son cœur autant que Serena. La réponse de Sadie cependant l’étonne, faisant froncer ses sourcils. « Tu supposes ? » répète-t-elle, se demandant ce que cela peut vouloir dire. Parce que c’est étrange. Plus encore quand Sadie lui retourne bien vite la question. « Moi ? Non, toujours pas. Et ça me va très bien. » Ce qu’elle préfère prétendre. « Mais si j’avais quelqu’un, vous ne le sauriez probablement pas tout de suite, alors qui sait si je dis vraiment la vérité ? » plaisante-t-elle en riant. Ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas proches. C’est juste qu’elle ne s’étend pas beaucoup sur ses sentiments, généralement. Encore moins pour une histoire qui débute.

tw : tromperie.
Rhett, Sadie et Aster sont tous les trois très différents. Dans ce qu’ils ont fait de leur vie, ce qui leur permet de payer le loyer. Mais aussi, évidemment, dans leurs tempéraments. Aster, elle n’aurait jamais pu faire ce que fait Sadie – être avocate, d’abord, bien sûr. Mais plus encore, à défendre les femmes victimes de violences. Elle adorerait en être capable, la Barrows, adorerait pouvoir leur venir en aide – mais elle ne serait pas de taille, à son échelle. Sadie, elle, elle l’est. Cela ne la surprend pas, et même, elle l’admire pour cela, pour faire ce qui est juste, bien, pour aider celles dans le besoin. Elle l’admire beaucoup, Sadie, même si elle ne le dit presque jamais. Ce n’est pas leur truc, aux Barrows. On ne se dit pas beaucoup les choses, on ne se fait pas beaucoup de déclaration, on ne s’épanche pas vraiment sur ses sentiments. En tout cas, pas à propos de ceux qu’on éprouve les uns pour les autres, la tendresse, la reconnaissance, la complicité. Dans le fond, il n’y en a jamais vraiment eux – la faute sans doute à ses parents qui l’ont mise, elle, un peu trop sur un piédestal. Maintenant, cela la gêne un peu, Aster, de parler de l’album, de parler de sa carrière. « Avec plaisir. » Elle lui fera écouter, si cela l’intéresse, Sadie. Mais Aster n’impose rien. Probablement qu’elle sera stressée avant qu’elle l’écoute, comme avant que leurs parents le fassent. Mais pour le moment, personne d’autre que ses producteurs n’ont écouté ce qu’elle a composé. Elle est un peu gênée, en tout cas, quand Sadie dit qu’elle est la princesse de leurs parents. La plus jeune se contente d’un petit haussement d’épaules timide, peu désireuse d’en parler plus longuement. Elle sait qu’aujourd’hui, la fratrie traite cette différence avec plus de recul mais elle n’ose pas imaginer ce qu’ils ont ressenti quand ils étaient plus jeunes. « Oui, je crois. Surtout qu’il était pas mal tourmenté par un truc qui s’était passé à l’école avec Jayden. » Leur neveu, qui lui aussi vit cette tragédie, avec sa mère malade. C’est terrible, tout cela. Sadie et Aster ne peuvent que faire de leur mieux pour le soutenir, Rhett, être là.

Aster retourne ses questions à Sadie, qui lui donne quelques nouvelles de son boulot. Elle n’est pas obligée d’entrer dans les détails de ses affaires, de toute façon soumise au secret professionnel. Aster, elle, admet sans peine qu’elle est de toute manière trop sensible pour tout cela. Ne peut s’empêcher de continuer de l’admirer pour cela – même quand Sadie admet qu’elle ne se sentait pas assez forte au début. « J’imagine. Tristement, on finit par s’habituer. En tout cas, à prendre un peu de recul. » Mais il faut être assez fort pour encaisser, Aster en reste persuadée. Elle, jamais elle ne pourrait. Et quand elle dit à sa sœur qu’elle est contente de connaître ses dernières nouvelles, elle est étonnée d’entendre sa réponse, que sa vie n’est pas si palpitante. « Monotone ? » ne peut-elle se retenir de répéter. Elle pensait qu’avec le boulot, Zach, les fiançailles, Sadie serait plus enjouée. « Et le mariage, au fait, c’en est où ? » demande-t-elle en souriant. Au moins quelque chose d’heureux, dans tout cela – enfin, croit-elle, en tout cas. « Okay, merci, cool. » Son sourire fait écho à celui de Sadie. Ce serait bien qu’ils se fassent un truc à trois. Histoire de resserrer les liens et changer les idées à Rhett, aussi.

Ce soir, en tout cas, elle ne passe pas un mauvais moment, Aster. Même si Sadie et elle ne sont pas les sœurs les plus complices du monde, elles s’aiment. Eprouvent une tendresse pudique mais réelle, l’une pour l’autre. « Appelle-moi si tu essaies, je veux bien être bêta-testeuse. » plaisante-t-elle en riant, Aster. Ce disant, elle se ressert volontiers en houmous. Puis elle l’interroge sur son beau-frère, quoiqu’elle soit loin de l’apprécier. C’est juste de la politesse, pourtant la réaction de son aînée lui met la puce à l’oreille. « Ah ? Vous avez pas des vacances de prévues bientôt, sinon ? » Elle aurait pu ne pas insister, laisser le sujet se terminer. Mais son intuition lui dit qu’il y a quelque chose à creuser. Que c’est louche, tout cela. En ce qui la concerne, il n’y a rien à raconter, en tout cas. La plaisanterie de sa sœur la fait sourire, même s’il y a peut-être un fond de vérité là-dedans. « Faut pas, ce serait pas contre toi. » Juste que cela la gênerait, Aster. « Les gens sont trop compliqués, de toute façon. Même moi. Je sais pas si j’ai envie de me prendre la tête pour quelqu’un alors que je me prends déjà la tête pour moi-même. » Tout à coup, c’est atrocement sincère. Elle a déjà tant de mal à s’accepter, Aster. Et puis, sa dernière histoire s’étant terminée par une tromperie, elle a du mal à faire confiance, y compris à elle-même, aujourd’hui.

La relation fraternelle n’est pas complètement abandonnée. Ils auraient pu, pourtant, tous, laisser tomber. En avoir assez. Ne plus avoir l’énergie de se battre, s’accrocher – de construire un lien fragile, qui pourrait si facilement se briser. Mais ils essaient, tous les trois. Faiblement, à tâtons, parfois maladroitement, mais ils essaient. Comme Sadie et Aster, actuellement. Les deux sœurs se retrouvent et cela ne vient pas si naturellement – demande juste un peu de temps. La tendresse est là, pour autant. Pas très loin. La complicité, c’est autre chose. Mais c’est l’intention qui compte. Rhett au moins est un point en commun : parce qu’elles s’inquiètent. Pour lui, pour Serena, pour Jayden. Cela ne va pas fort pour le petit, non plus. Personne ne peut l’en blâmer, étant donné les circonstances. « Il a des problèmes de comportement. Mordu un élève, entre autres. » Elle grimace en en parlant, Aster. Cela lui fait tellement de peine. C’est fou l’importance que Jayden a pris dans son cœur en si peu de temps, dès sa naissance. Elle aime bien passer du temp avec lui, la blonde, et ce, même si elle ne se pensait pas douée avec les enfants. Mais son neveu, c’est différent. Et il est si jeune encore, qu’elle n’imagine même pas combien cela doit être terrible, toute cette épreuve, pour lui. Difficile de prendre du recul. Cela n’a jamais été son fort, de toute manière, alors rien que pour cela, elle admire Sadie et sa belle carrière, ses difficiles affaires. « Il faut, j’imagine, sinon on ne tiendrait pas longtemps. » Elle, elle n’aurait jamais pu. De toute façon, la musique l’a appelée toute sa vie. Elle ne se voyait pas faire autre chose – pour le plus grand bonheur de ses parents.

Il y a quelque chose de bizarre. Elle a l’impression que Sadie ne lui dit pas tout. Mais difficile d’être sûre, alors qu’elles ne sont pas les sœurs les plus proches du monde. Elle ne peut pas prétendre avec certitude que Sadie lui cache véritablement quelque chose. Mais c’est comme si, à la mention de Zach, la blonde s’était fermée. Ou comme si quelque chose dans son regard avait changé. Elle ne sait pas si Zach a un rapport avec le qualificatif de monotone que Sadie accole à sa vie. Alors elle embraye sur leur mariage, sujet qu’elle imagine plus joyeux, heureux. Réjouissant. Et ce, même si avoir Zachary pour beau-frère bientôt n’est pas la nouvelle qui l’enchante le plus – mais elle n’est personne pour s’y opposer, bien sûr. Fait confiance à Sadie. Tout ce qui compte, c’est qu’elle soit heureuse. Mais le mariage, cela ne semble pas l’enthousiasmer davantage – du moins, le fait d’en parler. Là, Aster devient un peu suspicieuse, même si elle fait de son mieux pour ne pas le montrer. « Ah bon ? J’imagine que ça prend beaucoup de temps à organiser, en plus de ça… Y’a toujours l’option d’un wedding planner. » répond-elle en haussant les épaules. Avant de se détester, aussitôt – de quoi se mêle-t-elle ? Peut-être qu’elle ferait mieux de se taire, au lieu de parler de ce qu’elle ne connaît pas. Mais sa maladresse découle sans doute de sa gêne. De l’impression qu’elle a que quelque chose cloche, entre Sadie et Zach, en ce moment. Le pire, c’est qu’elle fait à nouveau allusion à ce dernier, quelques minutes plus tard, en parlant vacances. Mais à nouveau, Sadie n’est pas bien bavarde. Plus le temps passe, plus Aster est sûre qu’il y a définitivement quelque chose qui ne va pas. Mais elle ne peut pas le lui demander directement, comme cela. Elle n’a pas l’impression que sa sœur ait envie d’en parler, au fond. « J’peux pas vous juger. » répond-elle en riant, pour détendre l’atmosphère. Elle non plus n’a rien de concret. Ce n’est pas franchement comme si elle arrivait beaucoup à décrocher de son piano. Surtout pas en ce moment. Pas de rencontre alors – sauf Kendall, mais c’était trop bizarre et elle ne le connaît clairement pas assez pour même le mentionner. Surtout pas à sa famille. Sadie change un peu de sujet en disant que cela lui fait plaisir qu’elle soit là. « Ça me fait plaisir aussi. Et me fait faire un break du piano. » plaisante-t-elle, à nouveau. La seule mention des pizzas, ensuite, la fait saliver. « Toujours partante pour des pizzas. » fait-elle avec entrain. La soirée sera sans doute agréable, tout de même. Même si les choses sont parfois bizarres, entre elles.
Il y a toujours la tendresse.