disorder (kendall)

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 disorder (kendall)


Kleo Ackerley
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MEMBRE ☆ midnight love
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Kleo Ackerley
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pseudo : eigengrau
id card : alva bratt © nukaven/av, sugvargifs/gif profil
pronom irl : elle
multicomptes : theo (n. saavedra), haydar (b. kuzum)
à contacter : theo.
présence : présente.
disorder (kendall) Tumblr_inline_qrkx6xe3AC1xwiqat_500
âge : vingt-six ans.
statut civil : Solitude marquée et affirmée, la notion de couple repoussée par manque de temps et manque de considération ; farouchement célibataire, elle voit l’attachement romantique comme un monde à part dont elle ne saisit pas pleinement l’utilité.
occupation : diplôme d’infirmière en poche, déployée pendant un an dans des zones militaires sensibles pour des raisons humanitaires ; bosse maintenant dans l’un des hôpitaux de Brisbane, entre des murs blancs qui n’ont jamais connu le martèlement des balles par centaines. 

intervention pnj : Non
pronom perso : elle.
trigger : injection de drogues, romantisation des relations toxiques, age gap 15+, grooming, agressions sexuelles.
warning : ptsd, déréalisation, domaine millitaire et médical.
infos rp : • 800-1600 mots mots en général, selon le type de rp
• dialogues en français uniquement
• 3e personne du singulier
• réponses généralement sous deux semaines.

disponibilités : 3/3 — plus de nouveaux jeux.
présentation : présentation
fiche de liens : fiche de liens
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· Jeu 21 Déc - 11:45

disorder

Ive got the spirit, lose the feeling,
let it out somehow.






tw : déréalisation, mention de pulsions pyromanes.

Posons le décor ; dans les chiottes, toutes les surfaces sont faites de marbre, noir et blanc parsemé des étals d'un or ostentatoire. L'éclat chaud de la lumière, les bougies discrètes dispersées dans les coins, tout est étudié pour donner à la pièce un air de luxe chaleureux – comme s'il avait fallu convaincre ceux qui y passaient d'y rester un peu plus longtemps. On parlait ici de toilettes ; l'idée que les marketeux qui avaient construit et décoré le lieu aient pu pousser l'indécence jusqu'à passer des dizaines d'heures sur-facturées à trouver la meilleure façon de rendre des chiottes inoubliables lui donnait envie de rire. Ou de brûler les petites serviettes chaudes et parfumées à côté de l'évier, de leur faire rencontrer la flamme des bougies au patchouli pour voir ce que provoquerait, par hasard, un ridicule petit incendie. Sans doute que lorsque celui-ci se propagerait, tous les clients du restaurant se lèveraient d'un bond en poussant des petits cris effarés ; mais elle soupçonnait que l'effroi à l'idée de voir un Vuitton partir en fumée n'était pas le même que lorsqu'on se trouvait à un cheveu de perdre la vie. Que la vision de cette petite foule endimanchée se pressant aux portes ressemblerait plus à un regroupement de pintades hystériques, qu'à un raz-de-marée chaotique.

Peu importait, après tout.

Le regard se détache de la flamme vacillante de la bougie parfumée, sur laquelle elle a fait l'erreur de s'attarder une seconde de trop – juste le temps de laisser quelques pensées indésirables tâcher le cours régulier de son humeur. Quoiqu'elle aurait bien dû reconnaître que celle-ci était mauvaise, depuis le début de la soirée, comme à chaque fois qu'elle se retrouvait dans ces lieux exclus du monde, privés de l'oxygène de la réalité ; ces endroits privilégiés qui parvenaient encore à fonctionner en apnée, tout à fait exclus de la morbidité suffocante qui les entourait. Dans ces lieux-là, c'était elle qui étouffait. Et sans doute ne doutait-elle jamais plus de l'existence réelle du monde qui l'entourait, que lorsqu'on jouait à le travestir en un carnaval de richesse et d'indécence. Car ces sourires blancs ne pouvaient pas être vrais, et ces nappes ivoire, cette argenterie immaculée ne trouvaient la raison de leur réalisation que dans le petit plaisir de quoi... dix, vingt, cinquante personnes ? C'était absurde. Ça ne pouvait pas être réel.

Son regard rencontre le sien, dans le miroir. L'accroche est faible, mais elle lui permet de tenir. Kleo hoche imperceptiblement la tête, puis baisse les yeux sur ses doigts blanchis, agrippés à la porcelaine de l'évier. Réaction coutumière, presqu'épidermique à tout ce qui se passerait lors de cette soirée – ou plutôt, tout ce qui ne se passerait pas. Lorsque ses parents arriveraient, ils n'étreindraient pas leurs deux enfants avec la joie sincère de ceux qui sont sincèrement heureux de les retrouver ; l'accolade se ferait superficielle, lourde de l'embarras de tout ce qu'ils n'étaient pas et qu'ils s'appliquaient pourtant à performer, année après année. Ackerley, putain de famille unie. Ils ne parleraient pas des choses qui comptent, ils ne parleraient pas des choses qui fâchent ; ne remarqueraient pas l'ombre disruptive dans le regard de Ken, parce qu'on ne cause pas des malheurs qui tâchent. Et leur apparence doit rester immaculée, d'une blancheur nacrée – question de tradition, ils n'avaient jamais donné dans les perles abimées. Ils ne riraient pas, non plus, ou alors seulement par commande mécanique, pour défroisser les visages engourdis. Eviter les crises de tétanie. Sa mère ne finirait pas son assiette – une femme raisonnable ne mange jamais une portion jusqu'au bout, histoire de garder la ligne et la corde au cou – et son père ne poserait pas une seule question sur leur bonheur à tous les deux. Parfois, Kleo se dit qu'il s'en fout. Mais la plupart du temps, elle n'y pense pas du tout.

Un lourd soupir s'échappe d'entre ses lèvres, marquées des morsures nerveuses dont elles s'étaient fait victimes tout au long de la journée, à l'idée de ce dîner. Et puis finalement, la cadette s'échappe de la pièce intime pour retrouver la salle de restauration principale ; plus loin, Ken est toujours seule à leur table. Il a l'air d'à peine supporter l'ennui morbide de sa propre compagnie, la joue appuyée contre son poing. Faut dire que ça fait déjà vingt minutes qu'ils sont là à poireauter comme des abrutis finis, sans oser se dire qu'ils auraient mille fois préféré être partout sauf ici. Ou plutôt, ils n'ont pas besoin de le formuler : ils le savent. Car si le temps avait fait son affaire pour les séparer sur de nombreux points, il restait de ces sujets où les progénitures Ackerley se comprenaient sans s'embarrasser de mots. Leurs parents en tête de liste, et la déception immense que ceux-ci réussissaient à être chaque jour de chaque année, à chaque fois qu'ils daignaient essayer d'être présents. Un petit miracle.

Kleo se rassoit lourdement en face de son jumeau, et leurs regards se croisent ; ils sont toujours pas là, hein ? Elle bout intérieurement, elle a envie de casser un truc, de cramer des napperons. À la place, il n'y a que ses ongles qui attaquent nerveusement la peau de ses ongles, et son regard qui papillonne sur chaque élément autour d'elle. Puis au terme d'une ou deux éternités, elle sent son téléphone vibrer dans sa poche – l'extirpe donc, pour afficher le sms que sa mère vient de lui envoyer.

« Vol avait du retard... Atterrissons juste. Là dans +/- 40 min. »

Putain, mais même des phrases complètes, ils ne les méritaient pas ? Ils passaient leurs journées à rédiger des contrats de dix-huit pages pour vendre leurs coquillages à des types pas plus malins que les mollusques en question, à fatiguer les doigts de leurs juristes pour enfanter des clauses plus longues les unes que les autres – mais n'étaient pas foutus de faire des phrases avec un putain de pronom ?
Elle ne sait pas bien pourquoi le message l'a fait vriller à ce point. L'idée d'attendre quarante minutes de plus dans ce lieu qu'elle détestait, et dans lequel elle étouffait déjà ; ou bien, l'impression tenace qu'on se foutait une fois de plus de sa gueule, sans même prendre le temps de paraître désolés de le faire. Devant l'écran rétro-éclairé, le visage reste de marbre, cependant ; et ce n'est qu'une ou deux secondes plus tard que ses yeux se dressent lentement, pour trouver les traits jumeaux, de l'autre côté de la table. Ken avait arqué un sourcil circonspect – se doutant sans doute que la missive en question venait de leurs chers darons.

On se casse. Maintenant. Qu'elle lance alors sans plus de méditation, éteignant l'écran du téléphone d'une pression de pouce et déjà levée de la chaise à l'assise de velours. « Ils auront qu'à bouffer leur homard braisé en tête à tête.


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Kendall Ackerley
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MEMBRE ☆ old wounds
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Kendall Ackerley
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messages : 570
rps : 42
pseudo : youngblood.
id card : vinnie hacker - esmerald (avatar) - awona (code & img sign)
pronom irl : elle
multicomptes : sailor (tamino), azhar (a.kontar), sierra (r.consentino) & ilsa (m.lafontan)
à contacter : sierra.
présence : 7/7, réponses au feeling.
disorder (kendall) 15.7
âge : 26 ans, et toute l'insolence qui va avec. nul autre souci que les premières rides, pourtant imperceptibles.

statut civil : il se dit célibataire, bien qu'englué dans une relation en dents de scie ; le cœur brisé par la perte d'une idée fantasmée, jamais le cran d'agir, bien meilleur en coups d'un soir qu'en engagement.

occupation : mannequin, aux yeux du monde. et de grands rêves de musicien, assouvis en secret, lorsque les doigts s'envolent sur les touches du piano.

adresse : loft au 530 cbd.
intervention pnj : Oui
pronom perso : il
trigger : hard no : inceste, pédophilie, viol. // selon comment c'est abordé : agression sexuelle, violences conjugales, grooming & relations avec gros écart d'âge. // on peut plus en discuter par mp.
warning : deuil, accident de la route, alcool, drogue, dépression.
infos rp : présence : quotidienne, réponses toutes les 2-3 semaines selon l'inspi.
style rp : j'écris en il ; entre 400 et 1500 mots, selon le rp, l'inspi, etc.
dialogues : en blueviolet, français ou anglais.

disponibilités : 6/5 -- pas de nouveaux jeux.
en vrac : follow the night, w/ hasan.
jeux d'enfants, w/ livia.
disorder, w/ kleo.
the conflict of the mind, w/ aster. #2
annoyance, w/ aaron.
as if the world had never turned, w/ billie.
could be your alibi, w/ cartier band.

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· Ven 29 Déc - 23:33

disorder

@Kleo Ackerley

Tiens-toi bien, Kendall, tu te crois où?
C'est ce que madame Ackerley lui sifflerait du bout des lèvres, si elle était là, à le voir avachi sur la table, coude sur la nappe pour permettre à son poing de soutenir une tête de plus en plus lourde. Elle a ces deux talents-là ; celui de capter d'un coup d’œil le moindre relâchement dans l'attitude de son fils – quoiqu'à cet instant précis, n'importe qui parviendrait à s'offusquer de son manque de tenue –, et celui de crier sa désapprobation sans jamais lever la voix, dans une discrétion qui ne piquerait que l'intéressé, tout en s'assurant d'appuyer assez les deux syllabes d'un prénom qu'il a perdu l'habitude d'entendre pour donner l'impression qu'il s'agit là d'une insulte. Mais les parents sont en retard, et Kendall se fait un malin plaisir de les imaginer outrés sitôt le regard posé sur lui. Eux qui valorisent tant l'apparence et louent l'importance des premières impressions ne seront pas déçus. Des semaines sans voir le fils prodige, pour que celui-ci les accueille avec cette déférence parfaitement indigne de l'éducation reçue. Oui, il peut d'ici entendre sa mère se lamenter de son insolence.
Bien ; s'il persiste assez, la retranscription de sa voix qu'il se fait mentalement finira par sembler assez fidèle pour lui tenir compagnie. Et il n'aura qu'à fermer les yeux pour s'imaginer qu'elle est là. En train de le tancer pour une posture qu'il se plaît à aggraver d'année en année, certes, mais au moins elle serait là.
Et lui n'est pas novice, dans ce jeu constituant à combler les absences.

Tant que Kleo se trouvait face à lui, la situation ne l'avait pas tant désolé. Il n'était pas seul, quand bien même la conversation n'avait pas été des plus foisonnantes. Quand bien même ils ne regorgeaient plus de choses à se dire. Néanmoins, maintenant que sa jumelle s'est éclipsée aux toilettes, maintenant qu'il se trouve comme un con sur cette table abritant pas moins de quatre couverts, Ken n'a plus le luxe de prétendre ignorer à quel point la scène – ainsi que son infortuné protagoniste – est pathétique. Il ose à peine saisir son téléphone, de peur d'avoir à affronter l'heure, et le calcul du lourd retard que leur imposent leurs chers parents. Mais l'ennui prend le dessus. Parce qu'il est seul à table, que Kleo traîne à l'arrière – si tant est qu'elle n'ait pas déjà pris la poudre d'escampette, et le cas échéant, c'est tout juste s'il trouverait à lui en vouloir –, et que les instigateurs du dîner accusent déjà, faisons donc l'approximation, une vingtaine de minutes de retard. Détour peu convaincu par Tinder, comme une perspective d'un minimum d'amusement après cet interminable enfer. Plongé dans l'abrutissement à haute vitesse de l'index qui alterne entre droite et gauche, lisant tout juste les biographies rehaussées de smileys pour se concentrer sur l'essentiel – enfin, le mode de jugement le plus direct –, un physique sur quelques photos décliné, il ne capte le retour de Kleo que lorsqu'elle reprend place sur sa chaise ; et éteint immédiatement son écran, l'air honteux, comme s'il n'avait jamais fait la une de la presse à scandale pour s'être montré au bras de quelque conquête affriolante ; pire, comme si elle ne l'avait jamais croisé dans des états déplorables.
Un peu tard pour jouer les saints, Ken.

« Zen, Kleo, ils vont pas tarder. » Un murmure prudent, plus pour détourner l'attention de sa sœur que par réelle conviction de ce qu'il avance. Ne pas tarder, c'est toujours relatif, avec eux ; preuve en est cet énième échec à seulement se retrouver autour de la même table pour dîner. Mais, si Kendall s'aventure sur le terrain glissant d'un mensonge éhonté, c'est surtout parce qu'il voit les mains de Kleo s'agiter, un tic qu'il ne connaît que trop bien. En miroir, lui s'en est fait manie moins destructrice en s'acharnant à faire pivoter les bagues qui ne le quittent jamais plutôt qu'en s'attaquant directement à la peau ; à elle, la sale habitude semble n'être jamais passée. Parfois, il a l'impression qu'il ne lui a jamais vu les mains si abîmées – mais il n'ose rien dire, parce qu'on ne parle pas de cela, entre Ackerley, et qu'eux, deux seuls espoirs de briser cette malédiction générationnelle, ont finalement trop dérivé pour lancer un cycle plus sain, où l'on pourrait tout simplement se parler. Entre Kendall et la possibilité d'être un frère décent ne se tiennent que de fâcheuses tendances à l'isolement et à l'automédication, obstacles érigés bien trop haut. Si j'y arrive, pourquoi pas elle ?, gymnastique mentale du coupable qui cherche à se donner bonne conscience et à justifier ses impardonnables abandons.

Il s'est occupé à scruter les visages de chaque convive installé dans le restaurant, par souvenir des jours plus heureux où Kleo et lui inventaient à ces inconnus nombres de destins fantasques pour passer le temps – ils s'en étaient vite lassés, au plus ils avaient grandi et enfoncé les pieds dans l'indécente opulence, devenant ceux à qui l'on prêtait les trajectoires féeriques pour expliquer leur présence dans tel ou tel établissement de luxe, lorsque la réalité ne tenait jamais qu'à une naissance sous les meilleurs augures –, peu certain de cette stratégie de diversion, lorsqu'il a entendu le vibreur. Regard aussitôt rivé sur le visage jumeau, cachant mal l'impatience. Il s'attend à une mine déconfite, paupières tombantes, ou bien au menton tremblant d'une colère mal contenue. Mais elle maîtrise l'impassibilité comme personne, Kleo, même face à lui, désormais. « C'est eux ? J'ai pas eu de message, moi ; maman doit penser que j'ai encore perdu mon téléphone dans un caniveau. » Maigre tentative de détendre l'atmosphère, et de rappeler à Kleo qu'il est là – pourquoi, il n'en sait rien, mais il est là. Et aimerait bien savoir ce qui se passe, accessoirement ; quelle est l'ampleur des dégâts. « Hein ? » Il ne peut que l'observer se lever, ayant à peine le temps de digérer la sentence. On se casse. Maintenant. C'est parfaitement inattendu. Les nouvelles ont dû être mauvaises, se figure-t-il. L'esprit au ralenti, il s'étonne presque de se sentir imiter Kleo – poussé par l'urgence, en la voyant tout à coup prête à exploser, de la voir disparaître dans la seconde à venir s'il ne se dépêche pas de la suivre.
Et, bien que Kendall manque cruellement de cran, à choisir, c'est toujours de son côté à elle qu'il se placera.

« Ok. Attends-moi, j'arrive. » Finalement gagné par l'adrénaline de la fuite, il laisse le sentiment le griser jusqu'à s'annoncer au comptoir. « Une bouteille de Moët & Chandon, s'il vous plaît. À mettre sur l'ardoise de monsieur Ackerley, il sera bientôt là. Je vous laisse ça en guise de caution, vous la lui donnerez de la part de Ken ? » Bague Vuitton glissée sur le marbre impeccable, qu'il la garde, c'est de mauvais goût et déjà dépassé. Au moins vaut-elle infiniment plus cher que la bouteille cédée par le serveur éberlué. Kendall sait qu'il n'aura pas l'air fin, avec le bec et son bouchon dépassant de son sac ; mais les fêtes exigent toujours leur champagne. Et, bien qu'il prenne le risque d'apparaître d'autant plus creux aux yeux de Kleo, même elle ne pourra bouder son plaisir d'imaginer la tête de leurs parents, en apercevant sur l'addition une bouteille dont ils n'auront vu la couleur. Enfin, il l'espère.
« Alors, ils ont dit quoi, au juste ? J'espère qu'ils annulent pas, parce qu'ils sont supposés payer mon champagne. » Attendant la réponse, il glisse une cigarette entre ses lèvres, espérée depuis près d'une demie-heure. Libération. Bien que, soyons honnêtes, il n'aurait pas craché sur quelque chose de plus fort. Mais pas en la présence de Kleo. « Tu veux qu'on aille manger où, alors ? J'oublie d'office les endroits où on sentirait le homard ou la truffe, ça me paraît plus sage. » Quoique ce n'est pas ce qui le dérangerait le plus, lui, mais vu l'état de Kleo, il a comme l'impression que n'importe quel boui-boui serait préférable à un restaurant qui rappellerait, de près ou de loin, celui qu'ils viennent de quitter. « Je crois qu'il y a un indien, pas loin, t'aimes bien ça, non ? » Et le jeu devient tout différent, après avoir donné des voix à des fantômes, le voilà qui essaie de réconcilier ses souvenirs avec le spectre distant qui se tient devant lui, recherche désespérée de la gamine qu'elle a été – et de lui-même, en parallèle.


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· Mer 17 Jan - 11:10

disorder

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tw : relations familiales dysfonctionnelles.

Elle n'aurait pas dû être étonnée de la situation, elle n'aurait pas dû avoir d'audace de se sentir bouillir face à la banalité saisissante de ce retard ; Kleo le savait, et ce sentiment-là en réveillait un autre – la colère sourde et auto-dirigée de ne toujours pas être en mesure de ressentir la moindre indifférence face à celle de leurs parents. Pendant longtemps, elle avait espéré se guérir de la colère,  espéré réussir à ne plus se sentir blessée par les indélicatesses de ces derniers. Pouvoir s'en détacher tout à fait, de la même manière qu'on effectue un deuil, et dire définitivement au revoir aux espoirs d'une gamine assoiffée de tendresse parentale. Peut-être était-ce tout ce qu'elle s'était toujours acharnée à faire, depuis qu'elle avait quitté le domicile familial : laisser derrière elle les espoirs écorchés qui avaient peuplé sa jeunesse, et se construire une coquille épaisse pour s'en protéger – un peu à la manière d'une huitre, l'image était ironique. Et devant l'échec saisissant que constituaient les vagues d'émotion provoquées le comportement de ses géniteurs, Kleo ne pouvait que se demander si elle en serait un jour capable. Se détacher, je veux dire. Elle ne pouvait que s'en vouloir de se trouver si attaquée par les faiblesses d'un cœur de mioche encore trop fragile. Ken, lui, semblait toujours gérer la déception avec plus de facilité ; ou du moins, il la gérait autrement, d'une manière si désinvolte qu'il ne semblait pas accuser le coup avec autant de rage qu'elle. Sans être dupe pour autant – car elle connaissait sans doute mieux que personne la béance que tant d'indifférence pouvait creuser dans le cœur – elle l'enviait parfois de réussir à faire illusion. Une mascarade maquillée de ses excès, une rage transfigurée en chandelle brûlée de toutes parts, mais qui restait efficace ; comble du talent, il réussissait même à produire chez eux l'irritation propre à ceux qui restent démunis face à leur progéniture, incapables de trouver une manière d'en contrecarrer l'embarras. En ce sens, Kleo admirait parfois l'audace de son jumeau, et aurait aspiré à une telle radicalité. Tout ce qu'elle avait trouvé à faire, elle, c'était partir loin, dans le coin le plus hostile de la planète, peut-être dans l'espoir stupide de parvenir à les inquiéter. Sur ce point aussi, elle était lucide ; même si la raison n'était pas la seule, elle savait pertinemment qu'elle avait existé. Et qu'encore une fois, elle avait échoué – ne récoltant que de vagues appels de routine, comme si elle avait été élever des chèvres en Pologne. Puis, elle était rentrée. Et des graines putrides de sa petite rébellion, il ne restait que des souvenirs effacés – à peine une anecdote à raconter au cours d'un dîner mondain.

Alors ça la fout en rogne, Kleo, de pas prendre l'affront avec détachement. Elle est même plus tant en colère contre eux, mais plutôt contre elle-même. La bouffée de rage la fait suffoquer, au point qu'il lui faut sortir, quitter cet établissement doré dans lequel ils avaient eu la stupidité de vouloir se réunir. Qu'avait-elle espéré, au fond ? Un moment agréable, digne d'une famille banale ? Si c'était le cas, elle n'était qu'une idiote finie. Et la seule chose qui l'empêche de perdre pieds à l'instant, c'est seulement de voir Ken hocher la tête, qu'il la suive sans broncher dans son tourbillon révolté. Sans poser de questions, parce qu'il doit savoir. Parce que si nombreux sujets les ont éloignés, certains restent tout autant d'actualité qu'il y a des années, toujours aussi vifs. Celui-là en fait partie.
Une autre fois, elle lui aurait sûrement glissé une remarque sur la puérilité de sa réaction, en alourdissant l'ardoise de leurs géniteurs d'une bouteille hors de prix. Ce soir, elle s'en fiche, elle ne dit rien du tout ; pire, elle a l'inconscience de se dire que c'est peut-être lui qui a raison, et qu'on ne combat l'indifférence que par la provocation. Que de eux deux, il a peut-être toujours été le plus clairvoyant, à défaut d'être le plus sage.

L'air printanier lui mord le bout du nez, et une fois dehors, Kleo respire mieux. Son jumeau n'a pas attendu de passer le pas de la porte pour allumer une clope, l'interrogeant finalement sur la nature du message reçu. Elle se rappelle alors qu'elle n'a donné aucune explication à son coup de sang, et se sent soudainement très stupide. Stoppée sur le pas de la porte du restaurant, elle inspire longuement, avant de pivoter le menton vers lui.

Tu m'en files une ?

Kleo ne fume pas. Ou plus. Ken le sait très bien, parce qu'elle a arrêté du jour au lendemain à ses vingt-et-un ans, et qu'elle avait été insupportable pendant un mois. Mais l'envie lui a arraché les poumons au simple bruit du grésillement, et elle s'est dit qu'il valait mieux, à l'heure actuelle, cramer une clope plutôt qu'une voiture. Le geste est machinal lorsqu'elle coince la cigarette entre ses lèvres ; dans sa gorge, la fumée a le goût de l'extase. Elle soupire, passe une main contre son front, entre les mèches de sa frange en pagaille.

Elle a dit qu'ils arrivaient tout juste à l'aéroport, et qu'on allait devoir les attendre encore quarante minutes, Finit-elle par lâcher platement, au terme d'une petite éternité.

Contre son palais, les mots sont aigres. Peut-être parce qu'ainsi prononcés, ils se brodent d'une futilité immense : qui aurait vrillé pour une raison si bête ? Elle aurait pu justifier que ce n'était pas que ça, que c'était la façon dont le message avait été formulée, que sa mère n'avait même pas eu la présence d'esprit de se dire désolée. La vérité, c'était que venant de n'importe qui d'autre, elle aurait accepté. Kleo ne manquait pas de compréhension, en général, ou de recul ; sauf à leur sujet.
Une nouvelle fois, la clope est portée à ses lèvres, et la fumée recrachée.

Désolée, Qu'elle glisse finalement un peu plus bas, sans réussir à le regarder.

C'est sincère. Elle n'aime pas flancher, en présence de son frère. Peut-être parce qu'elle aimerait lui faire croire qu'elle tient toujours le choc, qu'il n'a pas besoin de s'inquiéter pour elle. Alors lorsque l'image se fissure, Kleo s'en veut.

Indien, c'est bien, Acquiesce t-elle alors en opinant du chef. « Tant qu'ils n'ont pas d'huitres à la carte, je devrais pouvoir supporter.

La réplique a quelque chose d'ironique et d'amer ; de sa part, c'est plutôt bon signe. Parce que chez Kleo, le sarcasme est indicateur de vitalité – un peu comme son sourire, celui qu'elle lui offre à demi, lorsqu'elle pivote le nez vers lui. Puis, voilà qu'elle désigne d'un mouvement de menton la bouteille de champagne qui dépasse de son sac, larcin évident aux airs de vol adolescent. Elle s'en amuserait presque, une fois la tempête passée ; puis faut bien le reconnaître, ils avaient certaines choses à fêter.

Tu veux pas qu'on goûte ce truc, avant ? Tu m'connais, j'ai jamais pu résister au parfum de la gratuité.

Sûrement un peu insolent, dans la bouche d'une môme qui n'avait jamais manqué de fric. Elle le sait : elle ne se permettrait certainement pas un tel trait d'humour avec quelqu'un d'autre que Ken, parce qu'il pigera ce qu'elle veut dire. Qu'un champagne n'est jamais aussi bon que lorsqu'ils savent qu'il a été arraché sans permission au précieux compte en banque de leurs foutus darons.

Y'a un spot, plus loin, là où les gamins s'enfilent des cannettes. Tu veux ?

S'il te plait.
Dis Ken, ça fait combien de temps qu'on a pas été seuls tous les deux ?


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Kendall Ackerley
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warning : deuil, accident de la route, alcool, drogue, dépression.
infos rp : présence : quotidienne, réponses toutes les 2-3 semaines selon l'inspi.
style rp : j'écris en il ; entre 400 et 1500 mots, selon le rp, l'inspi, etc.
dialogues : en blueviolet, français ou anglais.

disponibilités : 6/5 -- pas de nouveaux jeux.
en vrac : follow the night, w/ hasan.
jeux d'enfants, w/ livia.
disorder, w/ kleo.
the conflict of the mind, w/ aster. #2
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· Lun 29 Jan - 23:22

disorder

@Kleo Ackerley

S'entendre quémander une cigarette le laisse bouche bée, lâchant presque la sienne dans la surprise. De ce qu'il en sait, cela fait plusieurs années que Kleo s'est arrêtée, et il en avait d'ailleurs fait les frais – autant en supportant ses humeurs changeantes à ce moment-là qu'en s'astreignant alors à ne plus fumer devant elle, histoire de ne pas la tenter. Autant dire que cela lui avait coûté – c'est ainsi que le souvenir tient sa vivacité. Par prudence, il avait poursuivi l'effort quelques semaines de plus, même lorsqu'elle lui assurait, devant le triste spectacle d'un Kendall tâtonnant par réflexe dans les poches de son jean à la recherche de son paquet, qu'il pouvait sans problème s'allumer un bâtonnet. Et sans doute n'avait-elle pas tort, car il la savait bien plus déterminée que lui : s'il y avait quelqu'un qui pouvait se débarrasser de ses envies de nicotine en l'affaire d'un mois, c'était bien Kleo et sa foutue volonté. « Mh. T'es sûre ? » La tentative de botter en touche est d'autant plus ridicule qu'il a déjà remis la main sur son paquet, le tendant à sa jumelle avec le briquet. L'occasion gisait là de s'affirmer, de prendre soin d'elle en lui refusant de remettre le pied dans la vicieuse dépendance avec laquelle lui-même danse ; mais c'est justement à cause de ce ballet effréné qu'il cède. Car, pour bien des raisons – la cigarette entre ses lèvres n'est que la plus évidente d'une longue liste –, l'on ne prendrait jamais Kendall au sérieux s'il s'embarquait dans un sermon. Et puis, qu'en sait-il ? Peut-être qu'elle s'y est remise, Kleo. Il aura raté l'info, comme il rate tout le reste lorsqu'il laisse, au chaud dans leurs œillères, paresser ses paupières. Si c'est pas moi, ce sera le bureau de tabac de la rue d'à côté. Le mal étant fait, la pensée achève de le convaincre que ce n'est pas si grave. Qu'une clope ne vaut pas le coup de se voir planter là par une Kleo déjà excédée, avec, en prime, un piquant hypocrite comme fraternel sobriquet. « T'as recommencé ? » Qu'il demande simplement, l'observant d'une main de maître embraser sa cigarette. Une gestuelle parfaitement maîtrisée – à laquelle il s'efforce néanmoins de ne pas prêter trop d'attention. Ce doit être comme le vélo, un instinct rémanent.

« Typique. » Sifflement entre les dents, laconique. Il n'y a rien de plus à ajouter. Au-delà de cela, de ce qui pourrait être dit d'autre, c'est surtout que le comportement parental ne mérite pas plus de mots. Et encore moins la déception – la moindre trace d'abattement – de Kleo. L'excuse qui s'ensuit creuse un pli soucieux sur son front. Kendall la comprend ; il l'admire, même, d'avoir osé le coup d'éclat auquel lui avait à peine songé. Parfois, il se demande s'ils n'ont pas échangé leurs rôles à la naissance – car la tradition voudrait certainement que ce soit lui qui se montre impulsif et affirmé, prêt à exploser, ne serait-ce que parce qu'il a hérité du mauvais chromosome. Sauf qu'ils n'ont jamais été très portés sur les traditions – surtout pas elle – et que lui, faute d'avoir le moindre propos intelligent à revendiquer de cette façon, s'est toujours amusé à bouleverser les normes auxquelles on aurait voulu le destiner. Alors, c'est Kleo qui fulmine et qui quitte la table ; et lui qui suit docilement, se disant pour se conforter qu'elle a raison et que la prochaine fois, il fera exactement cela, tout en sachant parfaitement que ce ne sera jamais le cas. Dans sa lancée peu énergique, Kendall ne se fend que d'un acquiescement, qu'elle ne doit sans doute même pas voir, plutôt que d'exprimer à haute voix qu'il n'y a rien de grave, voire qu'il est parfaitement d'accord avec son mouvement d'humeur. Ce n'est sans doute pas ce que sa jumelle veut entendre. Non qu'il lui donne la moindre opportunité de l'affirmer. Finalement, c'est un trait d'ironie, tout aussi inattendu, qui lui rend sa langue. « Du safran, au pire des cas ; tu devrais pouvoir le supporter. » C'est l'ingrédient le plus cher qu'il puisse, de tête, associer à la gastronomie indienne. Une épice discrète, que l'on ne peut deviner qu'au goût et pas à la vue de la table, bien loin des spécialités ostentatoires que leurs parents – et lui-même, s'il est un peu honnête – commandent à coup sûr aux restaurants luxueux qu'ils fréquentent. En lisant la carte, un peu plus tôt, Kendall s'était imaginé sans peine leur choix cornélien : le homard ou le wagyu ? Il se demande s'ils ont jamais goûté un plat indien ; se les figure, honteux, dévorant à la va-vite des dhals pris à emporter avant d'en jeter les contenants pour ne laisser aucune preuve du crime. Un ricanement lui échappe alors. « Imagine-les dans un resto indien. » Qu'il explique simplement, pour justifier l'hilarité mal calculée – qui tranche avec l'image lissée. Enfin, le terme est mal adapté, tant il aime à fonder sa réputation sur des scandales : mais uniquement ceux qu'il choisit, se montrant en revanche mal à l'aise de montrer une émotion si franche. Même face à elle. Comme un genre de déformation professionnelle.

« Je pensais que tu ne demanderais jamais. Je commençais à avoir l'air con, avec ça dans mon sac. » Un certain soulagement l'envahit, en constatant qu'elle a l'air plus amusée qu'irritée par son effronterie quelque peu pathétique. Même inconsciemment, il ne cesse de chercher l'approbation d'autrui ; et celle de Kleo, évidemment, compte double. « Oui, bien sûr. Je te suis. » Il en a loupé une énième blague sur son champagne hors de prix, touché par le rien de fragilité que peut contenir un simple tu veux ? ; il en faut, pourtant, pour déterrer son sérieux. Ken en oublie aussi de se demander de quoi ils auront l'air, avec leur élixir ambré, à côté de gosses qui doivent enchaîner des Redbull ou, pour les plus aventureux, des bières – douce innocence. Si la question lui avait effleuré l'esprit, peut-être qu'il aurait enfin eu le courage de se dire qu'ils s'en foutent bien, tant qu'ils sont ensemble. « Comment tu connais l'endroit ? Tu viens souvent par-là ? » Sa curiosité essaie de prouver qu'il n'a pas abandonné : qu'il veut, encore et toujours, la connaître, malgré le poids des années.

Il la suit jusqu'à s'assoir sur un muret, réprimant une grimace à la pensée du tissu de son pantalon s'effilochant contre la matière brute. Pour ne pas se concentrer dessus, il sort la bouteille de son sac, jouant avec le bouchon jusqu'à ce qu'il soit sur le point de se dévisser ; et attend que la pression des bulles fasse son effet, dans l'espoir que s'envole la protection de liège, comme le père leur avait maintes fois montré, à l'époque. Mais le spectacle perd en intensité à la seconde, et il doit bien s'avouer vaincu, se résolvant alors à l'ôter de ses mains nues, avec un saut de cabri lorsque le liquide se décide à dépasser de la bouteille. « Putain, quel massacre… J'ai perdu la main. » Constate-t-il, déconfit, tenant à bout de bras son trésor jusqu'à ce que ce dernier arrête de lui inonder les doigts. À ce moment-là, il tend avec la guinderie affectée d'un sommelier de palace la bouteille à Kleo. « Honneur à la demoiselle. »


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présence : présente.
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âge : vingt-six ans.
statut civil : Solitude marquée et affirmée, la notion de couple repoussée par manque de temps et manque de considération ; farouchement célibataire, elle voit l’attachement romantique comme un monde à part dont elle ne saisit pas pleinement l’utilité.
occupation : diplôme d’infirmière en poche, déployée pendant un an dans des zones militaires sensibles pour des raisons humanitaires ; bosse maintenant dans l’un des hôpitaux de Brisbane, entre des murs blancs qui n’ont jamais connu le martèlement des balles par centaines. 

intervention pnj : Non
pronom perso : elle.
trigger : injection de drogues, romantisation des relations toxiques, age gap 15+, grooming, agressions sexuelles.
warning : ptsd, déréalisation, domaine millitaire et médical.
infos rp : • 800-1600 mots mots en général, selon le type de rp
• dialogues en français uniquement
• 3e personne du singulier
• réponses généralement sous deux semaines.

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· Dim 4 Fév - 20:36

disorder

Ive got the spirit, lose the feeling,
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tw : relations familiales dysfonctionnelles, mention d'abandon, évocation de la religion.

Tu veux ?

Question idiote, au son d'une douce litote. L'hésitation qui n'a pas lieu d'être, face à un frère, un jumeau qu'elle connait sans le faire. Tour à tour convaincue d'en connaitre toutes les aspérités et les recoins, pour saisir l'instant d'après qu'elle n'en savait plus rien. C'était difficile, parfois, de piger ça. D'attraper des morceaux de son existence qu'elle ne connaissait pas, d'intercepter des noms aux sonorités creuses, sur lesquels elle n'apposait aucun visage. Protagonistes d'une vie qu'elle voyait défiler de loin, qu'elle ne pouvait plus que lire en diagonale ; de Ken, elle ne saisissait plus que de vagues résumés, sortes de synopsis brouillés, qui, à force, finissaient par la faire douter. Aurait-elle pu aujourd'hui dresser son portrait fidèle sans se tromper ? Ou n'aurait-elle pu gribouiller un assemblage grossier d'éléments attrapés au hasard d'un compte instagram ou d'un magazine people, greffé à quelques bribes solitaires d'une enfance lointaine ? Fameux cadavre exquis qui n'avait de sublime que le nom ; ironiquement, le terme de cadavre finissait par être trop approprié. Car il était certain qu'un jour, quelque chose était mort, entre eux, au sortir de l'enfance – comme il se doit de l'être chez tous les frères et sœurs. Au passage difficile vers l'âge adulte, quantité de relations se voyaient flétries, puis jetées comme des fleurs fanées qui ne méritaient plus d'être cajolées : et si la leur n'avait jamais été abandonnée, Kleo était assez lucide pour savoir que ce n'était que grâce à leur lien de sang. S'il n'avait été question que de leur relation brute et en l'état, ils auraient tout bonnement arrêté de se voir – et depuis longtemps. Mais quelque chose les tenait toujours, en dépit de leurs différences parfois douloureuses à vivre, et à constater ; sans doute la conscience tenace d'être les deux seuls témoins d'une souffrance enfantine, du long abandon parental vécu à la force des années. Un abandon qui ne finirait certainement jamais de leur crever le cœur – si seulement ils avaient l'humilité de le reconnaître. Pour cette chose simple, Kleo et Ken n'auraient pas été capables de se laisser tomber l'un l'autre, de jeter les fleurs – si séchées soient-elles ; car ils s'étaient l'un et l'autre constitués en garants, en arbitres de leurs peines d'enfants. Se perdre, c'était laisser partir à jamais le seul être capable de comprendre. De saisir les coups de sang, les provocations, les hurlements ; d'opiner face aux cris et aux crises, aux portes claquées, aux rictus débraillés, de ne pas s'ébahir face à la peine démesurée, face à la haine des murs qui les avaient vus grandir, de ne pas essayer de dédramatiser, rationaliser, parce que le manque d'amour ne connaissait aucune raison. Qu'il restait dans le cœur à jamais, comme un creux, un fossé.

Il fallait pourtant parfois essayer. De reconquérir les terres perdues, si modelées par les années qu'elles étaient devenues inconnues. Délicatement, à tâtons. Et c'était ce que leurs mots cherchaient à être – délicats. Sorte de caresses incertaines qui progressaient dans le noir, essayant péniblement d'y reconnaître des formes familières, des sourires venus de l'enfance. Qui es-tu, toi que je connais si bien ? Drôle de truc, face à un jumeau. Presque métaphysique, quand on y pensait. Ken, c'était son ancre, face à la réalité : alors le perdre de vue, le perdre de cœur, elle n'avait jamais supporté.

Face à sa curiosité, Kleo hausse les épaules. Désinvolte, désincarnée. Son pas frôle le goudron, enjambe quelques plates-bandes, pour finalement trouver un vieux muret : devant eux, Brisbane tout en lumières, flamboyante. Ou vertigineuse. Si chaque lumière est une vie, combien de battements de cœur à la minute, dans toute une ville ?

J'venais là, quand j'étais ado, parfois, avec Sarah, Neil, Charlie, tout ça. On roulait des joints, on s'partageait des écouteurs pour écouter le dernier Maroon 5. » Un rire bref s'échappe d'entre ses lèvres, mi-moqueur, mi-attendri. « T'sais quoi ? Mon premier baiser s'est passé là. » Elle désigne un  minuscule coin d'herbe du bout de l'index, un peu plus loin ; plisse un peu plus les lèvres, sardonique. « Un parfait abruti. Mais il avait bon goût niveau musique, faut reconnaître.

Du coin de l'œil, elle observe alors le spectacle de son frère, à ses côtés, qui s'acharne sur le bouchon de liège de la bouteille ; s'esclaffe même sincèrement, lorsque celui-ci s'envole en un pop sonore, arrachant un mouvement brusque de recul à son adelphe.

Trop habitué à t'faire servir, j'imagine ? Qu'elle taquine, alors que la tête dodeline.

Maligne, Kleo. Jamais méchante, surtout pas avec lui. Elle s'empare alors de la bouteille trempée qu'il lui présente, pour la lever légèrement : sur ce muret dégueulasse, dans la semi-pénombre, le contraste est saisissant.

Ok, donne-moi une bonne raison à laquelle trinquer , Lance t-elle de but en blanc en pivotant le nez vers lui. « Il doit bien se passer un truc cool en ce moment, dans ta vie. Une nouvelle bagnole, une nouvelle amourette, fais-moi rêver Kenny.

Un peu de joie pour noyer leurs peines, y dissoudre les chagrins enfantins et originels. Raconte-moi un truc, raconte-toi. Quelque chose, n'importe quoi. Et d'une gorgée avalée, le pacte est scellé ; les lèvres un peu moins, en tout cas elle l'espère.

Tu sais l'autre jour, une bonne femme à l'hôpital a essayé de faire de moi une croyante. Elle pouvait pas croire que j'en avais rien à foutre de Jésus, et moi j'ai rien osé lui dire. J'l'ai laissée parler, parce que j'avais sa prise de sang à lui faire et que j'avais intérêt à pas l'énerver. Elle avait l'air triste, quand j'lui ai dit que j'allais pas prier, et elle m'a dit qu'un jour ça viendrait à moi. L'illumination, la révélation, j'en sais rien. » Elle marque un temps de pause, essuie le champagne qui perle à ses lèvres, du dos de la main. « Des fois je les envie, tu sais. Ceux qui croient. Ceux qui arrivent à se raccrocher à rien, à ce qu'ils ne voient pas, à ce qui n'existe pas. Ceux qui arrivent à se dire que quelque part, y'a un type invisible comme ça qui les aime inconditionnellement, même si leur vie continue à être merdique, qu'ils voient leur monde se détraquer, se défoncer, putain Ken, ils ont vraiment de la chance.


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statut civil : il se dit célibataire, bien qu'englué dans une relation en dents de scie ; le cœur brisé par la perte d'une idée fantasmée, jamais le cran d'agir, bien meilleur en coups d'un soir qu'en engagement.

occupation : mannequin, aux yeux du monde. et de grands rêves de musicien, assouvis en secret, lorsque les doigts s'envolent sur les touches du piano.

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· Dim 18 Fév - 20:11

disorder

@Kleo Ackerley / tw : mentions d'alcool, de drogue, de religion.

Ken opine du chef, comme s'il comprenait. Comme si tout cela avait du sens – d'entendre Kleo énumérer des prénoms qui n'évoquent que des visages aux contours flous dans sa tête, et des souvenirs qui, en plus de ne pas être les siens, ne lui évoquent absolument rien. Un calme plat, un vide. Alors, quand lui et ses amis glissaient des billets aux videurs des discothèques les plus friquées de la ville pour s'y introduire malgré leur âge insuffisant, et dévalisaient les bars en quête de bouteilles comme celle qu'il tient à présent, elle était là, Kleo. Assise sur des murets sales où lui n'aurait presque jamais mis les pieds, à fumer des joints et écouter Maroon 5. À offrir ses lèvres à un petit con qui ne devait pas lui arriver à la cheville. Pas pour la première fois – loin de là – Kendall se demande comment, et quand, leurs expériences ont-elle pu tant diverger, alors qu'ils sortaient du même moule.
Enfin – seule Kleo en était sortie, semble-t-il.
Et lui, pendant ce temps, est incapable de se souvenir de son propre premier baiser. Kleo a au moins cet avantage-là : elle a des souvenirs tangibles de son adolescence. S'ils ressemblaient un tant soit peu aux bribes dont Kendall se rappelle, il serait tenté de les lui faire répéter pour se les approprier, jusqu'à ce qu'ils lui appartiennent, également. Mais il n'y a aucun moyen pour que cette magie opère. Dans les brumes de sa mémoire, il y a des verres à n'en plus finir, des drogues plus dévastatrices que les joints tendrement évoqués, et toutes sortes de premières fois dans des toilettes crades de boîtes de nuit : il y a tout, sauf l'innocence que sa jumelle décrit.

« Exactement ; je comprends mieux pourquoi personne ne me laisser toucher les bouteilles de champagne. » Et, à l'instant où il passe l'élégant contenant à Kleo, il se surprend à ne prier que pour son retour entre ses mains, comme si plonger les lèvres dans l'élixir précieux allait soudainement tout arranger. À la place, il se débrouille pour tirer une plaisanterie de ce qu'elle lui a confié. « Alors comme ça, suffit d'avoir de bons goûts en musique pour te séduire ? Je t'imaginais pas comme ça. » Comme si ce n'était pas lui, qui se laissait tenter d'un papillonnement de cils, et jetait à la poubelle ses standards pour un rien. Quoiqu'en réalité, peut-être Kleo est-elle affectée de ce même défaut. Il n'en saurait rien ; ne se l'imagine pas, c'est tout. Parce qu'il a tendance à l'imaginer à l'extrême opposé de chacune de ses tares. À l'idéaliser, quelque part.

Ses sourcils se haussent légèrement, l'entendant quémander une raison de trinquer. Comme s'il avait quoi que ce soit digne d'être raconté. C'est bien sa veine : pour une fois qu'ils sont à deux, sans distraction, sans parents pour les épier et les reprendre, il ne sait pas quoi dire. C'est le poids des années qui le tire vers l'arrière. Sa conscience lui dicte de ne pas ériger Kleo en ennemie, ni même seulement en inconnue – quoiqu'il serait bien malin de déterminer laquelle de ces options serait la pire – mais le réflexe, l'instinct, est défensif. Face à elle, le peu qu'il aurait à fêter – et qu'il ne se serait pas privé de célébrer, accompagné de n'importe qui d'autre – apparaît d'un cruel manque d'intérêt. Pas de nouvelle voiture – la sienne croupit au garage, puisqu'il n'est jamais en état de la conduire – mais de nouvelles fringues  ; des nouveaux contrats, Paris lui tendant les bras dès que cet enfer des fêtes serait passé, de grands noms dont Kleo, certainement, se foutra. Rien que d'y penser, Ken est le premier que tout cela ennuie. Même lui, parfois, rêve d'autre chose. D'un monde un peu plus grand.
Mais il n'ose pas lui en parler : Kleo serait capable de l'encourager.
Un instant, il hésite à mentir, à enjoliver – en quelque sorte, son second métier. Mais c'est elle. Kleo. Kleo qu'il préfère encore décevoir – ce ne serait pas la première fois – que mener en bateau. « Je repars à Paris la semaine prochaine, donc c'est une bonne nouvelle pour moi, j'imagine. Je t'enverrai une carte postale. » À force de missives illustrées, elle doit connaître la ville sous toutes ses coutures les plus touristiques ; Kendall ne s'en lasse pas, pourtant. Peut-être qu'elle les jette, qu'elle les brûle, ou qu'elle les remise dans une boîte qu'elle n'ouvre qu'au moment d'y laisser un nouveau rectangle cartonné prendre la poussière, qu'importe. Aussi factice que cela puisse être, il se donne ainsi la bonne conscience d'entretenir un lien sans cesse plus distendu. Et il aime communiquer autrement qu'à travers leurs écrans ; parce que c'est plus tangible. Peut-être, aussi, parce qu'il ose se livrer plus, lorsqu'il sait que des jours passeront avant que ses mots ne soient lus et qu'elle ne puisse y répondre. L'instantané des confessions, ou des déclarations d'affection revêt encore, et toujours quelque chose, pour lui, d'infiniment angoissant. « J'ai vu qu'il y aura une vente aux enchères de vieux instruments de musique là-bas, quand j'y serai, des grandes marques françaises. J'aimerais bien ramener un beau piano. Je sais pas encore comment je me démerderai pour le faire voyager de Paris à Brisbane, mais ça doit bien être faisable. » Peut-être qu'à ces mots-là, ses yeux se sont légèrement illuminés ; peut-être qu'elle ne l'apercevra même pas. Mais s'il y a bien un truc qui pourrait un minimum la toucher, Kleo, il se dit que ce serait cela. Un bel instrument. De l'art. Peut-être qu'il saurait lui parler, au travers des touches d'un piano.

Ce qu'elle lui confie est nettement moins réjouissant que ses propres propos – eux-mêmes peu reluisants, finalement. Ken déglutit, pas vraiment à son aise, au milieu de ces questionnements existentiels. Il a la fâcheuse tendance de ne croire qu'au tangible. Au dieu dollar, certainement. À celui de la science, du progrès, ayant permis de formuler toutes ces substances qui, justement, allègent une existence basée sur la mécréance. Mais à rien d'autre. Pourtant, il ne peut s'empêcher d'acquiescer, lorsque Kleo lui avoue les envier, ces croyants. « Ouais. Moi aussi. Ca doit être rassurant. » Il réfléchit, un instant. Visions de dorure sous les paupières, notes d'orgue plein les tympans. « C'est marrant, je me rappelle que maman nous emmenait à l'église, avant, tu te souviens ? Puis de moins en moins, et puis plus rien. Je m'étais même pas questionné une seconde sur sa foi, j'étais sans doute trop jeune pour lier les deux. » D'un regard, il quémande la bouteille de champagne ; presque en se félicitant de sa patience, jusque-là. Et, se délectant d'une longue gorgée, sent enfin son coeur s'alléger. « Qu'est-ce qui t'empêche de croire ? » Qu'il demande alors, pure curiosité, pas sûr de la réponse qu'il attend, et encore moins de celle qui lui sera donnée.


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· Ven 1 Mar - 11:38

disorder

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tw : relations familiales dysfonctionnelles, évocation critique de la religion, mention de maladies infantiles graves, de violences conjugales, de guerre, d'inquiétude écologique.

Il existait un tabou coriace, lorsqu'il s'agissait de la dissolution des relations familiales. On admettait avec davantage de facilité que des amis puissent s'éloigner, que des liens construits en dehors de la force généalogique ne se révèlent que péremptoires ; on acceptait les ruptures amoureuses, pourtant garanties par les sacro-saintes notions d'âmes sœurs, des mythes d'Androgyne racontés à qui voulait bien y croire. Mais lorsqu'il s'agissait de pères, de mères, de sœurs ou de frères, l'éloignement devenait soudainement embarrassant. Comme si la biologie avait possédé cette force mystique, cette capacité à rapprocher les êtres peu importe leurs choix de vie, leurs décisions et leurs parcours ; ainsi, la perte de contact prenait un aspect à la limite de l'obscène, que l'on n'osait que rarement formuler. Dire que l'on puisse considérer sa famille comme étrangère, c'était faire l'aveu d'un échec cuisant, dans la société australienne bien-pensante ; c'était admettre qu'on n'avait sans doute pas assez essayé, pas fait l'effort d'accorder des violons qui avaient pourtant été biologiquement modelés pour s'harmoniser. C'était s'ériger en monstre d'indifférence, confesser le péché du désintérêt, et ainsi s'exposer au jugement puritain des spécialistes de la cellule familiale.
Pourtant, avec Kendall, Kleo n'avait jamais cessé d'essayer. De trouver des connivence, de creuser dans les discours pour en dénicher des intérêts communs, des manières semblables de voir les choses ; parfois, ils réussissaient. Le grand paradoxe de l'histoire étant que le sujet le plus efficace pour les rassembler ait toujours été leur rancœur commune, face à leurs géniteurs. Torpiller main dans la main ce qui restait de leurs liens ascendants pour réussir à maintenir le leur, pour se donner des raisons de croire qu'ils pouvaient toujours un peu se ressembler. Se rassembler. Mais le grand embarras, c'était lorsqu'ils se rendaient compte soudain que c'était tout ce qu'il leur restait ; des morceaux de souvenirs, emballés dans le velours d'une enfance préservée de tout – sauf de l'absence. Lorsqu'il s'agissait du reste, les frangins étaient à peine plus que des étrangers, obligés de s'adonner avec maladresse aux discours banals qu'ils réservaient habituellement à celles et ceux qu'ils venaient tout juste de rencontrer. Et sans doute la dissonance était-elle si inconfortable qu'ils privilégiaient l'évitement, la plupart du temps ; qu'ils ne se questionnaient plus vraiment sur leurs existences et leurs préoccupations, prétendant qu'en tant que frère et sœur, il était évident qu'ils connaissaient celles-ci sur le bout des doigts. Un mensonge, évidemment. Mais un mensonge trop honteux pour être dissipé, dont les résonances les blessaient chaque fois qu'ils étaient obligés d'user des types de language habituellement réservés aux étrangers.

Alors, lorsqu'il lui arrivait de discerner sous les mots de Ken des fragments de lui toujours familiers, l'apnée de Kleo cessait ; avec un espoir et une joie désespérée, elle se jetait sur le sujet, comme pour le supplier de ne pas en changer. Ce n'était pas Paris, ce n'était pas les défilés – car elle n'entendait rien à ce monde-là, peu importe à quel point elle se forçait à s'y intéresser, lorsqu'il l'évoquait. Le piano, voilà quelque chose qui lui parlait. Non qu'elle ait elle-même eu l'occasion d'en jouer et de comprendre l'attachement que Ken portait à sa pratique, mais elle savait en revanche quelque chose de sa sincérité, quand il abordait le sujet. Il n'avait pas la même lueur dans le regard ; et elle avait toujours trouvé que ce n'était pas sur le papier des magazines qu'il était le plus beau, le plus saisissant, pas lorsqu'on l'habillait des cuirs et des soies les plus chères. Elle préférait le voir vêtu de rêves – du moins, de ceux qui lui restaient.
C'est un drôle de sourire, qui plisse les lèvres de la frangine, lorsqu'il parle de cette vente d'instruments. Parce que pour un tout petit instant, il a la voix ingénue d'un enfant. Et c'est son frère qu'elle retrouve, son jumeau, son deuxième moi. Celui qui pianotait pendant des heures à lui casser les oreilles, celui qui parvenait à oublier un peu en jouant, qui se dotait alors du super-pouvoir de l'indifférence – de rejoindre alors un monde plus large, plus grand. À l'origine de tout, Ken avait été le grand voyageur, entre eux ; parce qu'il réussissait à laisser son attention vagabonder autre part, porté par les notes que ses doigts tricotaient dans ces moments-là. Kleo l'avait longtemps envié, pour ça. Et souvent, elle s'était demandé s'il avait gardé ce pouvoir, cet échappatoire ; s'en inquiétait, même, sans vraiment aborder le sujet.
L'entendre ainsi évoquer sa fascination intacte pour le piano la rassurait : parce que ça voulait dire que s'il le souhaitait, il pouvait encore voyager hors de lui-même, hors de tous les fardeaux qu'il semblait parfois trainer.

Ça risque de te coûter un bras, mais ça vaut le coup, non ? Fait-elle alors d'une voix radoucie, se permettant de lui flanquer un léger coup de coude taquin. « Et puis un piano, t'as toujours dit que c'était formidable pour draguer. T'aurais tort de t'en priver. » Elle a marqué une seconde de pause, reportant les yeux vers le paysage sombre d'un Brisbane tacheté de lumières éparses, en contrebas. « En plus, j'aimerais bien te réentendre jouer. Ça fait longtemps.

Confession comme un souffle, de vouloir qu'ils redeviennent enfants, juste pour une minute ; le temps d'une sonate, tout simplement.
Et ça l'étonne presque, de le voir rebondir sérieusement sur le sujet des croyances, et des croyants. Parce qu'elle avait envisagé son récit comme un peu solitaire, pas tout à fait certaine qu'il saurait quoi en faire. Elle ne lui en aurait pas voulu pour autant. Mais il évoque leur mère, les messes dominicales, de plus en plus éparses, il questionne. Avait-elle arrêté de croire, elle aussi ? Et Kleo, qu'est-ce qui l'empêchait de s'adonner à la foi, à la religion devenue loi ?
C'était épineux. Peut-être un peu trop sérieux pour qu'elle puisse répondre sans une gorgée de champagne supplémentaire ; d'un mouvement de doigts, elle redemande alors le retour de la bouteille, dont elle porte le goulot à ses lèvres.

Tu poses la question à l'envers, Finit-elle par déclamer. Il faudrait plutôt se demander qu'est-ce qui devrait m'encourager à le faire. Les mômes en stade terminal de leucémie, les meufs qui arrivent aux urgences, défigurées par les poings du prétendu amour de leur vie ? Ou peut-être les glaciers qui disparaissent, les pistes de ski à Dubaï, les gamins de vingt ans endettés à hauteur de demis-millions pour des diplômes qui leur serviront pas, pour les hommes qui tuent par conviction, qui tuent pour Dieu, pour une frontière, qui trouvent encore que c'est viril, de faire la guerre. Pour ceux qui tuent sans balles, d'un clic sur leur moniteur, les assassins-traders, les courtiers-snipers, qui flinguent des nations entières avant leur premier ristretto du matin. Pour tous ces connards qui jouent la van life et qui ont besoin d'un putain de téléphone pour filtrer le monde, et continuer à l'apprécier, qui se la jouent retour aux sources alors qu'ils seraient les premiers à se flinguer si les serveurs d'Instagram se mettaient à planter. Et moi, je devrais croire que y'a un type tout là-haut qui cautionne tout ça ? Qu'un créateur pourrait assister à ce tourbillon de conneries sans avoir eu une seule fois envie de tout détruire ? J'veux pas croire, non. Parce que ça voudrait dire que Dieu est un putain de salopard.


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Kendall Ackerley
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statut civil : il se dit célibataire, bien qu'englué dans une relation en dents de scie ; le cœur brisé par la perte d'une idée fantasmée, jamais le cran d'agir, bien meilleur en coups d'un soir qu'en engagement.

occupation : mannequin, aux yeux du monde. et de grands rêves de musicien, assouvis en secret, lorsque les doigts s'envolent sur les touches du piano.

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· Dim 7 Avr - 19:41

disorder

@Kleo Ackerley / tw : discussion sur la religion.

Un rire lui échappe ; non que la remarque de Kleo ait été particulièrement drôle, simplement assez incongrue, à ses yeux, pour lui tirer cette réaction-là. C'est que quand Kendall évoque les difficultés de faire voyager un gros instrument d'un continent à l'autre, il ne parle que de logistique, sans même avoir réfléchi plus de quelques secondes à la somme – rondelette, à n'en pas douter – que l'affaire lui coûterait. Entendre sa jumelle axer sa réflexion sur cet argument-là – comme si eux avaient besoin de soigneusement soupeser leurs dépenses, et de se contenter du nécessaire – l'a donc pris au dépourvu. Le rapport de Kleo à l'argent, détaché à la limite du dédain, n'a pas encore cessé de l'étonner. Dans un mauvais jour, comme il avait tant pu en avoir, sans doute aurait-il souligné son hypocrisie, à cet égard ; et combien c'était facile, de prétendre n'en avoir rien à faire, avec ce filet doré prêt à les retenir s'ils chutaient, tendu comme une ombre à chacun de leurs pas, et nullement morcelé de la verve dont Kleo se plaisait à faire montre.
Ce soir, évidemment, il n'est pas irrité. Il n'y a rien de piquant dans les propos de sa sœur ; au contraire, ce serait presque de l'enthousiasme qu'il entend percer dans sa voix. Une lueur bienvenue, dans l'anthracite de sa morosité. Ken acquiesce, essayant de tendre un miroir à l'humeur apaisée. « Ouais, je me dis ça aussi. Par contre, j'en profite pour rétablir la vérité : je m'étais trompé sur toute la ligne, c'est chiant, de draguer avec un piano. C'est plus sûr de miser sur une guitare. » C'est vrai que, pendant longtemps, il avait nourri cette croyance-là, et en avait fait part à qui avait bien voulu l'entendre, Kleo la première. Avant de réaliser, d'une part, que les occasions de trouver un piano en public et d'en jouer ne pullulaient pas, tandis qu'une fois chez lui, rien ne servait de s'adonner à une mélodie puisque la future conquête était suffisamment charmée pour l'y avoir suivi ; et, d'autre part – cette révélation-là s'était offerte à lui avec un peu plus de cynisme –, qu'en séduction comme dans beaucoup d'autres domaines, le fric et un minimum de beauté ouvraient autant de portes, sinon plus, que d'exhiber le moindre talent.
De sorte que cela doit bien faire des mois – des années ? – qu'il n'a pas donné la sérénade à qui que ce soit. Ni même ne s'est vanté d'en avoir l'aptitude. Le piano est passé au second plan, ou s'est vu enterré plus loin encore, ne gardant son trône que dans l'intimité de ses plus profondes pensées.
« T'auras qu'à venir voir le nouveau, quand je l'aurai trouvé. Je tâcherai de pas trop t'écorcher les oreilles. » La porte lui est toujours ouverte ; ç'aurait dû être implicite, mais force est de constater que le temps a effiloché l'évidence. A moins que ce soit lui qui, consciemment ou non, ait resserré le battant, jusqu'à le clore complètement. Ou elle, ayant fini par juger que son seuil n'en était plus un qu'elle souhaitait franchir. Allez savoir ce qui a bien pu se passer, pour qu'ils se perdent de vue. Pour qu'ils deviennent presque, l'un pour l'autre, des absents, au même titre que leurs parents ; jusqu'à l'ironie que ce soient via les dîners organisés par ces derniers qu'ils se soient retrouvés. « Mon chat a même arrêté de pisser partout, c'est dire. » Même en se voulant léger, le trait d'humour brille davantage par sa nostalgie : celle du temps qui passe et qui efface. Kendall n'est même pas sûr que Kleo ait vu son chat à l'âge adulte – qu'elle l'ait vu, tout court. Combien de souvenirs sont les leurs, et à combien l'a-t-il simplement insérée par réflexe, comme si avoir, à chaque instant, Kleo dans la tête suffisait à la rendre présente lorsqu'elle était au loin ?

Il a posé la question sur la foi innocemment, comme une de ces banalités d'usage lorsque l'on cherche à connaître quelqu'un – privilège de jumeaux, d'aborder les sujets existentiels avec la simplicité d'une discussion sur le beau temps. À cet égard, il n'attend pas la plus profonde des réponses, bien que la véhémence quasi-désespérée de Kleo aurait pu l'aiguiller. Quelques secondes, alors, l'énumération de sa sœur le laisse pantois. De surprise, et de réaliser, encore une fois, à quel point elle éprouve le monde et ses souffrances, comme si chacune de ses lacérations se répliquait dans sa propre chair et la laissait béante. Là où Kendall avait inconsciemment choisi d'ignorer tout ce qui partait en vrille, partout autour de lui – à commencer par les vicissitudes intrinsèques à son propre métier, même pas proches d'être les pires qui pouvaient arriver –, Kleo, elle, avait choisi d'embrasser des douleurs n'étant pas les siennes, jusqu'à ce qu'elles le deviennent. Cela, sans doute ne le comprendrait-il jamais. L'extrême aveuglement dans lequel il se conforte depuis des années est d'une facilité cruelle, mais il doute que l'abnégation sans bornes de Kleo soit beaucoup plus saine.

Sans un mot, il reprend la bouteille de champagne, s'en octroyant une longue gorgée – ne manquant pas, au passage, de remarquer qu'elle est autrement moins lourde que lorsqu'il la portait dans son sac. « Enfin, bref... c'est sûrement pas le genre de discours qui aidera les pieuses dames de ton hôpital à tenir le coup. » Se force-t-il à articuler, plus gêné qu'amusé. « Faut que tu croies en quelque chose qui te soulage, Kleo, c'est tout. Si c'est pas la religion, ça doit bien être autre chose – ou bien une autre religion, va savoir. Y'a toi, déjà, tout le bien que t'apportes à ces gens, à l'hôpital. Crois en ça. »


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occupation : diplôme d’infirmière en poche, déployée pendant un an dans des zones militaires sensibles pour des raisons humanitaires ; bosse maintenant dans l’un des hôpitaux de Brisbane, entre des murs blancs qui n’ont jamais connu le martèlement des balles par centaines. 

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· Lun 22 Avr - 19:38

disorder

Ive got the spirit, lose the feeling,
let it out somehow.






tw : relations familiales dysfonctionnelles, évocation critique de la religion, mention de guerre, évocation du syndrome de déréalisation.

Elle avait toujours essayé de le préserver, Kendall. Par un réflexe un peu bête de protection, elle avait toujours ressenti l'urgence de lui cacher tout ce qu'elle vivait de mauvais – ses chagrins, ses écorchures sur les genoux ou sur les mains. Elle faisait passer ça pour de la fierté, un truc de sale mioche, de tête de pioche ; ce n'était pas tout à fait exact. C'était davantage la peur terrible que, de la même manière que leurs visages jouissaient d'un mimétisme déroutant, leurs âmes aient pu se ressembler d'une façon jumelle. Car Kleo, il lui semblait se faire écorcher par chaque coin du monde, lorsqu'elle avait l'idée d'y ouvrir les yeux ; que sa lucidité était à la fois son plus grand fardeau, et son bien le plus précieux. Et en réalité, elle n'avait jamais cessé, au plus loin qu'elle se souvienne, de se sentir démunie face à tout ce qu'elle observait de la réalité – en observatrice compulsive. À tel point qu'il lui arrivait alors de perdre pied, de noyer la conscience de sa propre personne dans celle, trop aigüe, qu'elle avait du monde ; et cette sensation d'étouffement étant sans doute la pire qu'elle connaisse.
À cet égard, elle avait toujours voulu préserver son frère des malheurs qu'elle pouvait rencontrer, avec la détermination d'un fauve prêt à feuler face au danger ; mais le vrai danger – elle n'avait commencé à le percevoir qu'assez récemment – c'était de se couper de lui totalement. Car que restait-il finalement de son petit monde, une fois celui-ci purifié de la moindre impureté ? Que restait-il, lorsqu'on omettait les doutes, les peines qui lui cuisaient le cœur, les révoltes et toute trace de douleur ? Elle ne l'aurait jamais convaincu en énumérant ses traitres petits bonheurs, et elle le savait ; alors souvent, les discours de Kleo s'édulcoraient d'eux-mêmes, restaient vagues. Elle parlait d'hôpital sans trop en dire, évoquait l'Afghanistan comme un là-bas nébuleux – à peine une destination de vacances. Ce qu'il n'avait jamais été.

Mais ce soir, inexplicablement, les vannes s'ouvraient. Peut-être était-ce le trop plein, l'expérience commune de se trouver floués par leurs parents : puisqu'ils avaient été témoins une fois de plus de l'absence et de la solitude faite mantra, autant en parler – pour une fois. Sauf que c'était le danger, avec les sujets trop lourds, posés sur le coin du cœur ou remisés dans un grenier ; comme des vieux souvenirs déposés dans une boite de Pandore, il était presqu'impossible de les ranger une fois sortis. On en extirpait davantage à chaque seconde, comme enivrés par l'occasion enfin saisie de conter le chagrin, l'isolement, d'être peut-être compris. Acte inespéré. Même lorsqu'il s'agissait de thématiques aussi nébuleuses que théologiques : et si Kleo n'avait pas spécialement espéré qu'il se saisisse de celles mises sur le tapis, elle n'en était pas étonnée pour autant. Parce qu'elle aimait l'esprit de son frère, elle aimait sa manière de réfléchir et de penser – l'avait toujours fait. Sorte de narcissisme à peine marqué, d'ainsi admirer l'âme jumelle à la sienne ; mais surtout, elle se sentait rarement aussi efficacement entendue que dans les moments où Ken tendait l'oreille. Même si elle lui laissait difficilement l'occasion de le faire.
C'est alors une vague de réconfort qui l'envahit à l'entendre ; il a les mots qui se perdent dans le cosmos, et elle se dit qu'elle n'est pas seule. À trop penser, à se laisser bouffer par les questionnements et l'écrasante immensité de tout ce qui les entouraient. Une autre fois, la chose l'aurait attristée – parce qu'elle aurait deviné sous ces mots-là des inquiétudes semblables aux siennes face au futur – mais ce soir, elle décide de s'en sentir davantage apaisée. Un sourire léger grignote ses lèvres alors qu'elle baisse le menton pour observer ses propres doigts, occupés à se triturer le bord des ongles ; et il existe un silence entre eux, qu'elle jurerait être plus léger que ce qu'on aurait pu attendre d'une telle discussion. Peut-être parce que dans la complexité de celle-ci, ils parvenaient à y trouver une forme de légèreté – ou tout du moins de ressemblance, une manière de se retrouver.

Mais tout se casserait la gueule
, Qu'elle remarque. On craint la colère de Dieu, on cherche sa miséricorde, sa clémence, son pardon. On travaille toute sa vie à le rendre fier, comme un père. S’il était dénué de tout ça, personne n’en aurait rien à foutre.
 » Elle relève le nez, souffle sur une mèche qui lui tombe sur les yeux. « Une entité n’existe vraiment que si on peut la comparer à soi, si on peut l’admirer et espérer quelque chose d’elle, que si elle pense quelque chose de nous. Qu’est-ce qu’on ferait d’un Dieu aveugle et sourd ? Nos idoles nous ressemblent.

Dans la pénombre, ses prunelles se tournent vers le visage de son frère. Elle sent une forme d'inquiétude, dans sa voix ; comme s'il avait craint que son éternel cynisme ne finisse par la grignoter miette par miette, année par année. Si jeune, putain : et le pire, c'était qu'il n'avait même pas tout à fait tort de craindre pour elle, à ce niveau-là. Il la connaissait, tout bêtement.
Par réflexe, elle a alors ressenti le besoin de le rassurer – de lui assurer qu'elle n'était pas un cas désespéré. Pas complètement, en tout cas ; qu'elle n'avait pas arrêté d'espérer. En silence, elle a alors incliné la tête vers l'épaule de son frère pour y appuyer le flanc de son crâne. Elle n'était pas tant tactile que ça, Kleo, mais avec Ken c'était différent ; ou en tout cas, il était un temps où ça l'avait été.

Je crois en plein de choses, encore. Le soleil qui continue je sais pas trop comment à se lever et à se coucher. Les tempura de crevettes de chez Honto. Les veines des feuilles et les tâches des premières gouttes de pluie, les gens qui font du vélo sans les mains. Je crois en tout ce qui reste, tout ce qui me rappelle que tout ne va pas s’écrouler demain.
 » Elle énumère du bout des lèvres, comme une récitation, comme un poème qu'on oublie avoir un jour connu. S'arrête une seconde, et puis reprend. « En toi aussi, tu sais je crois en toi, Ken. Parce que t’es toujours là, sur mon écran de téléphone, sur papier glacé, ou devant moi. Tu existes si fort que tu me rappelles que j’existe aussi. 

Elle n'était pas certaine de lui avoir déjà dit quelque chose comme ça, et encore moins de s'il comprendrait tout à fait ce qu'elle voudrait dire par là. Ça lui était un peu égal, ce soir.
Elle avait juste envie que cette nuit ne finisse pas.

Et maintenant, j’ai envie d’aller chez Honto
, Enonce t-elle en redressant le menton vers lui. Tu crois qu’ils sont encore ouverts ?


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