TW : ptsd, domaine médical, mention de guerre, syndrome de déréalisation, dysfonctionnement familiaux, classisme.



L’Australie natale, berceau de l’ascension des Ackerley ; les origines anglaises en étendard, splendidement exhibées dans l’emploi d’expressions britanniques désuètes, ou de traditions coquettes. Le jeu n’est plus joué depuis longtemps du côté de Kleo, qui ne voit dans la sauvegarde de ce patrimoine suranné qu’une volonté d’affirmer des racines plus bourgeoises que les autres. Tant de particularités valorisées qui lui font désormais lever les yeux au ciel, lorsqu’on l’oblige à respecter l’heure sacro-sainte du thé. Par simple principe, elle préférera toujours un café délavé.  


$$$$$,  La cuiller d’argent entre les dents dès la naissance, le fric que l’on considère sans vraiment y penser, avec distance : là est la tradition des Ackerley, les doigts débordant des perles que toutes les coquilles du monde avaient enfanté. L’usage aurait voulu qu’elle s’engage dans des terrains propices pour faire fructifier l’héritage confié ; mais puisque l’argent avait été la maladie de sa jeunesse – celle qui l’avait condamnée à une indifférence crasse de la part de ceux qui l’avaient mise au monde – elle a un jour pris la décision de le mépriser. Idées anarchistes le temps de l’adolescence, finalement cristallisées en un idéalisme revanchard, une nécessité viscérale de faire la différence et de hurler au nez de la superficialité. Kleo panse les plaies à vif, suture les chairs que la haine des hommes a écorchées ; diplôme d’infirmière en poche, immédiatement volontaire pour être envoyée dans des zones militaires sensibles pour des raisons humanitaires. Elle s’est pris pas mal de claques dans la gueule, en voyant des types agoniser sous ses yeux, pour des raisons aussi désuètes que des guerres ou bien des dieux. Mais aucun dieu n’est présent entre les coups de feu, elle en sait quelque chose : y’a que des morts, des cris, des sauve-qui-peut. Puis un jour elle est rentrée ; peut-être que même pour elle c’était trop. Elle bosse dans l’un des hôpitaux de Brisbane, entre des murs blancs qui n’ont jamais connu le martèlement des balles par centaines.  


Solitude marquée et affirmée, la notion de couple repoussée par manque de temps et manque de considération ; farouchement célibataire, elle voit l’attachement romantique comme un monde à part dont elle ne saisit pas pleinement l’utilité. Quelques relations sans profondeur au compteur, trop peu stimulantes pour risquer de faire chavirer son cœur : la recette est toute trouvée, et Kleo n’a pas encore décidé d’en changer – pour le meilleur et pour le pire. Tant pis pour ce connard de Shakespeare. Elle se consume dans les étreintes de passage, qu’elle fane une à une sans s’en chagriner, laissant son cœur aimer pour une nuit seulement. Tout autant capable d’être tactile, que de mépriser les tentatives d’envoûtement stériles ; elle dit qu’elle a le palpitant-papillon : qu’il ne bat pour un autre que pendant une poignée d’heures miraculeuses, tragiques et tendres. Ombre habile à l’art de disparaitre, il est probable que pour se rendre la tâche plus facile, elle se sera inventé un tout autre nom. Foutu caméléon. 



Bisexuelle, d’hommes et de femmes éprise à part égale.  

Bourgeoisie puante pour laquelle elle s’est très tôt montrée critique, lorsqu’elle a compris que les valeurs capitalistes que celle-ci érigeait étaient à l’origine de sa solitude enfantine. La volonté de se construire en opposition, tout en peinant pleinement à couper les ponts : Kleo est le cygne noir, celle qui réussit ce qu’elle entreprend, tout en ayant l’insolence de snober les réunions de famille et de dédaigner l’idée d’y prendre part. Elle aurait pu cesser de les voir il y a longtemps ; elle n’a cependant jamais eu le courage de le faire, comme tenue par l’espoir futile qu’il y aurait un jour quelque chose à y changer. Idéaliste, Kleo, qu’on disait. Ou peut-être n’est-ce que pour garder contact avec son frère, son jumeau, sa moitié. Parce qu’ils ont beau n’avoir plus rien à voir l’un avec l’autre, il s’agit là du seul lien qu’elle ne pourra jamais détruire, ou délaisser.  




Celles et ceux – surtout ceux – qui s’écoutent parler, qui se délectent de leur propre conversation sans penser à s’intéresser à ce que les autres ont à leur apporter ; les égocentrés, qui manipulent le fric à longueur de journée sans penser au delà de leur putain de nombril, tout en donnant l’impression d’être importants comme s’ils soignaient le cancer. Peut-être n’est-ce qu’un préjugé, mais sans doute ne s’engagerait-elle même pas à essayer de connaître l’un.e de ces petits managers financiers, qui passent leur vie le cul vissé à un bureau pour manipuler les chiffres du monde – et ainsi participer à détruire ce dernier.  


L’idée de s’étreindre en vertu de tous les risques d’être vus et découverts, les endroits peu propices, à deux doigts d’être publics ; hook-up plans qu’elle collectionne par impulsivité, fantasme de nombreuses fois réalisé à des endroits saugrenus – cliente du ici et maintenant, et certainement pas à un autre moment.


Born and raised, dans l’ombre des quartiers richissimes dans lesquels son nom veut encore dire quelque chose. Ville fuie le temps de deux années en Afghanistan, proche d’un chaos humain où elle espérait trouver du sens ; le résultat en est inverse, puisqu’elle dit souvent qu’elle a éparpillé là-bas des centaines de morceaux de ce qu’elle était. Plus encore en proie au doute que ce qu’elle n’a jamais été, écœurée par son propre idéalisme qui lui avait un jour fait croire qu’elle pourrait faire quelque chose, pour repousser l’horreur et l’immonde. Prendre au cœur les cris de celles et ceux que l’Homme avait détruits, puis enfin, crever les oreilles du monde.


Un loup solitaire, un foutu chat de gouttière. Une fausse désinvolte aux moues flegmatiques, une perfectionniste hypermaniaque aux airs bordéliques ; la langue qui tranche et vénère la franchise en toutes circonstances, quitte à dévier vers le manque de tact. Une honnêteté brute qui passe parfois pour un manque de sensibilité ou d’empathie, alors même que la misère des autres la cloue, la fusille. Pour le reste, c'est une idéaliste. La petite bourgeoisie la dirait peut-être anarchiste, mais disons simplement qu'elle est éprise de justice, et qu'elle ne trouve pas que les gouvernements soient d'une grande aide, de ce côté-là. Les seules règles qu'elle supporte, ce sont celles qu’elle érige elle-même – parfois brisées par une impulsivité trop forte. Et puis ce spleen indéfinissable, cet engourdissement perpétuel ; le doute avec lequel elle se lève chaque matin, qui la saisit lorsqu’elle fixe le miroir – existe t-elle vraiment, ou est-ce que tout ça n’est qu’une putain d’illusion ? Le doute hurlant, et ses efforts acharnés pour le chasser.

avatar : alva bratt (origines blanches).

(un) Anxieuse incorrigible, elle mordra le bord de ses ongles lorsqu’elle ne trouve pas d’issue aux problèmes qui se dressent devant elle, jusqu’à ce que la peau s’en fasse rare ; sa mère a toujours détesté cette habitude, jugeant qu’il est trop important pour une fille d’avoir de belles mains pour la laisser ainsi en gâcher la netteté. 


(deux) Elle déteste la maison familiale, qu’elle charge des souvenirs de solitude propre à son enfance ; cache-cache avec sa propre ombre, imaginaire cultivé pour en oublier l’isolement, et les bras aimants que le cœur quémande à en crever. Mais les étreintes restent continuellement refusées, parce qu’on lui préfèrera toujours une réunion à l’autre bout du pays, ou un gala aux quatre coins du monde. Entre ces murs trop hauts, Kleo s’est ennuyée plus souvent qu’elle ne pourrait même l’exprimer, a pleuré plus de fois qu’elle n’aurait le courage aujourd’hui de l’avouer ; en carence systématique de l’affection que l’on doit aux progénitures, même lorsque celles-ci ont le privilège de ne manquer de rien, d’être des bien-nées.

(trois) Heureusement qu’il y avait Ken. Seule constante de son existence, seul rempart face au doute : s’il existe devant ses yeux, c’est qu’elle aussi doit être faite de chair et de bras. Si les autres le photographient et le voient, c’est qu’elle n’est pas que vide, qu’elle possède un corps et une voix. Elle aime ses photos, à Ken, parce qu’elles la rassurent toujours un peu. Elle aime ses photos, même si elle n’arrive pas à faire autrement qu’à se sentir irritée de la vacuité de son mode de vie ; pourtant, elle s’était promis un jour de ne jamais le juger, de ne jamais le laisser tomber. Parce qu’il avait été le seul à rester, le seul à continuer à l’aimer pendant toutes ces années. La seule lumière parmi les ombres, dans la maison aux murs trop hauts. 
Mais peut-on encore se soutenir sans en souffrir, lorsqu’on n’a plus la même manière de vivre ? Vingt piges plus tard, un million de choses les séparent, et Kleo se trouve impuissante face aux fissures dans son regard. Comme il doit être démuni face aux siennes. Gamins aux brêches différentes, qui continuent à s’aimer à l’aveugle, sans plus jamais réussir à se comprendre : voilà ce que le temps a réussi à leur prendre.

(quatre) Le trouble était déjà présent avant, plus intermittent. Elle avait vu des thérapeutes, pour ça ; ils ne s’avaient pas vraiment prise au sérieux. Depuis qu’elle est revenue du Moyen-Orient, c’est tous les jours : elle se lève chaque matin la tête dans la brume, avec l’impression insupportable que rien autour d’elle n’est réel, que le monde s’est vêtu d’un manteau de glace. Elle appelle ça l’enfer de son kaléidoscope personnel – lentille déformante où toutes les couleurs du monde seraient des nuances de gris. Elle se lève tous les matins, le doute au cœur, brûlant de l’envie de se jeter à travers une vitre pour savoir ce que ça ferait. Si elle continuerait à se faire spectatrice mortuaire de sa propre vie, ou si cette fois, elle pourrait enfin le sentir. Elle se lève tous les matins avec de l’imposture plein la tête, Kleo, et elle passe sa journée à tout faire pour se prouver qu’elle existe. Que tout ça n’est pas un rêve, que tout a un début et une fin.

(cinq) Calamité du volant, elle a perdu plusieurs fois son permis à force d’excès de vitesse et de routes empruntées sans y être autorisée. La plupart de ses connaissances refusent désormais de la laisser s’installer à la place du conducteur, lorsqu’ils sont conviés au trajet ; elle prétendra que son seul péché est d’avoir passé trop d’heures à battre Ken à Mario Kart, source de ses mauvaises habitudes en la matière.

(six) Manie des plats trop épicés, piment rouge qui agrémente aussi généreusement les portions alimentaires que s’il s’était agi de sel. Déteste la cuisine à l’eau, les fritures en tout genre qu’elle trouve redoutablement ennuyantes ; Ken la taquine en arguant qu’à se rythme là, elle perdra bientôt sa langue. Elle répondra qu’elle s’en greffera une nouvelle pour continuer à lui dire d’aller se faire foutre.

(sept) Sensibilité accrue aux bruits sourds, aux claquements vifs, aux tonnerres qui la prennent par surprise. Ils lui rappellent les coups de feu crachés là-bas, et hantent encore le fil de nuits trop courtes, déjà peuplées des visages déformés de ceux qui avaient crevé dans ses bras. Ne dort depuis qu’avec une paire de boules Quiès dans les oreilles, et n’effectue aucun trajet sans le casque à réduction de bruit qu’elle s’est offert. Car le moindre silence que la musique ne remplit pas risquerait d’être taché d’un souvenir d’horreur.

(huit) De l’éducation bourgeoise reçue, n’en reste qu’une certaine inclinaison pour les belles sapes, qu’elle chine avec compulsion lors des périodes de stress ou de préoccupation intense ; dernier vestige d’un matérialisme presque héréditaire, conservé avec une certaine forme de honte. Pour se donner bonne conscience en la matière, elle fouillera d’abord les bacs des friperies en tout genre, arguant à qui veut bien l’entendre que puisque c’est de la seconde main, le péché n’en est pas vraiment un. Feignez de la croire.

(neuf) Les bijoux en horreur par principe et contradiction face aux passions familiales ; à l’exception sans doute de la paire de créoles qui tintent toujours à ses oreilles, sous l’épaisse tignasse blonde. De celles-ci, elle ne se séparera jamais – cadeau d’une grand-mère maternelle à laquelle elle avait toujours été attachée, et dont le souvenir tendre ne l’a jamais quittée.

(dix) Elle est toujours restée évasive, floue sur son passage en Afghanistan, surtout auprès de sa famille ; parce qu'elle doutait que ses parents puissent s'en inquiéter réellement, et puis parce qu'elle voulait éviter à Ken de se faire du souci. Elle lui racontait qu'elle restait en bordure des zones sensibles, dans des rôles épargnés par l'horreur de la guerre – seulement spectatrice des conséquences humaines. Ce n'était qu'à moitié vrai ; mais elle n'a jamais eu le cœur à lui avouer, se bornant à rester fuyante sur le sujet, les rares fois où celui-ci arrivait sur le tapis. Sans doute estimait-elle qu'il avait suffisamment de choses auxquelles penser de son côté pour en plus s'inquiéter de ce que sa jumelle pouvait bien risquer en restant là-bas.

rps en cours
Disorder / @Kendall Ackerley
Phantoms and friends / @Jules de Sario

rps abandonnés
Tender like a bruise / Kadem Belhaj
titre du rp / @"pseudo du joueur"
titre du rp / @"pseudo du joueur"

(f/m) · love is a laserquest.
Après Thelma, elle a collectionné les liaisons passagères, les connivences charnelles sans but et sans lendemain, les baisers semés sur les chemins. Puis on a commencé à lui dire que c’était bête, de nourrir une telle rancœur face à l’amour, à tel point qu’on a presque réussi à la convaincre. Alors Kleo, elle a essayé. Elle a essayé de regoûter à l’amour tendre avec X, poussant le vice jusqu'à presqu'en tomber en amoureuse ; sauf que ce dont les sagesses populaires ne préviennent que très peu, c'est que certaines personnes ne sont pas doués pour s'aimer correctement. Entre prises de bec et regrets, ce qui est certain, c'est que ça l'a vaccinée. Et iels se sont quitté.es comme iels ont laissé leurs draps : froissés.

(f/m/nb) · type de lien.
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