@Ari Rider & @Stella Olson
Jamais encore tu ne t’étais sentie seule come ces derniers jours. Même entourée de ceux qui t'aiment, la solitude s’est insidieusement invitée dans ton quotidien. Tes amis sont pourtant là, toujours prêts à t'écouter, à t’épauler, mais en ce moment tu n’arrives pas à t’ouvrir à eux. Ils semblent si loin de tout ce qui se passe à l’intérieur de toi. Ta relation avec Eli touche à sa fin, tu vois bien que ce n’est plus pareil. Et ça te fait du mal. La douleur que cette histoire engendre te semble éternelle. Tout a un gout amer, ta vie te paraît désormais compliquée, morose. Tu avais naïvement cru que vous deux c’était du solide mais depuis ses révélations ce n’est plus du tout pareil. Ses mots résonnent encore dans ta tête. Ses confessions, aussi vraies que cruelles, ont brisé l'image idéalisée que tu avais de vous deux. Et pourtant, malgré ça, tu sais que tu dois continuer à avancer. Pour toi et pour Billie surtout. Tu souris pour de faux. Tu réponds ça va, alors que ça ne va pas. Comme un mauvais rhume t’as l’espoir que tout ça soit derrière toi. Alors, tu t'armes de ce qui te reste, de ton optimisme fragile et de ta bonne humeur ébréchée. Le positif attire le positif, n’est-ce pas ? Tu te rassure avec ces phrases bateaux, le pire est derrière toi, Après la pluie le beau temps mais la tristesse te serre le cœur, t'empêchant parfois même de respirer. Ça te comprime de l’intérieur. Tes pensées tournent en boucle en ce moment, un peu comme une mélodie lancinante que tu n’arrives pas à stopper. Tu n'as parlé à personne de ce qui s’est passé avec Eli. Une petite part de toi a encore l'espoir que ça s'arrange entre vous. C'est ridicule, mais tu es comme ça, toujours à t'attacher à l'impossible. Tu ne peux t'empêcher de nourrir cette flamme fragile. Et c’est un peu comme ça que tu finis par te retrouver dans ce café avec Ari , là où tu joues la morte depuis plusieurs jours auprès de tes amis. Avec lui, tu n'as pas besoin de rendre de compte. C'est plus facile de parler avec lui. Quand tu n'as pas envie de parler de toi et du reste, tu peux concentrer la discussion sur ton fils. Il a une fille aussi. Il connaît les affres de la parentalité, il sait ce que c'est que d'élever des enfants. Et il a l’avantage de ne rien savoir d’Eli. Tu entames ton café alors que tu termines de tout lui raconter. Tu tentes de garder une façade détachée. Il ne faudrait pas réussir à faire pleurer dans les chaumières, absolument pas ton genre de faire ça. « Et voilà, tu sais tout maintenant. Tu dois penser que je suis naïve d’y avoir cru… » Tes doigts jouent nerveusement avec le bord de ta tasse de café, trahissant l'agitation qui règne en toi. Un rire amer s’échappe de tes lèvres pour venir briser la lourdeur de l’instant. Quelle idiote ! « À toi ! » lances-tu soudain tandis que ton regard s’accroche au sien, pétillant d’une curiosité fébrile. L’occasion de plonger dans l’histoire de ce papa solo et surtout de détourner l’attention de la conversation sur lui. Assez parler de toi l’amie, à son tour de se livrer un peu.

@Ari Rider & @Stella Olson
C'était Ari, qui avait proposé ce rendez-vous. Ces derniers jours à la sortie de l'école, Stella avait semblé... Différente. Habituellement, lorsqu'il passait récupérer Joy, ils échangeaient toujours au moins quelques mots et quelques sourires. Le fait que Billie et Joy soient devenus amis facilitait encore plus les choses et les deux enfants étaient toujours ravis à la perspective de parfois prolonger un peu ces instants ensemble, pour partager une petite heure au parc par exemple. Mais ils n'en avaient pas toujours le temps. Les deux parents avaient des emplois du temps bien remplis et s'en tenaient la plupart du temps à ces petites conversations devant les grilles de l'école. Ari s'était habitué à cette petite routine agréable et il était content de s'être rapproché de Stella. Elle était maman célibataire, ce qui constituait leur plus gros point commun, et c'était vraiment plaisant d'avoir un compagnon de galère, quelqu'un qui compatissait et comprenait toutes les embûches auxquelles ils étaient confrontés, bien trop souvent. Malgré tout elle était toujours très optimiste et souriante, un vrai baume au cœur. Mais pas ces jours derniers jours. La jeune femme paraissait comme... Eteinte ? Il était évident qu'elle passait des jours difficiles et était plusieurs fois partie à la sortie de l'école sans le moindre mot à Ari. Il n'avait pas voulu paraître intrusif ou insistant mais avait été soulagé lorsqu'elle avait fini par lui écrire, confirmant que les choses n'étaient pas faciles pour elle, en ce moment. Oh, les histoires de cœur douloureuses, Ari connaissait bien. Naturellement, il avait alors proposé à Stella une sortie sans les enfants, pour lui changer les idées et histoire qu'elle vide son sac, si elle le voulait.

Le duo de parents maladroits qu'ils formaient s'était donc retrouvés dans un café quelques temps avant la sortie de l'école et Ari avait écouté la jeune femme conter son récit. Il sourit avec un air contrit devant sa question. "Non je ne pense pas ça..." dit-il doucement. "De ce que tu me dis, ça m'a plutôt l'air d'être lui qui n'a pas été honnête avec toi. Tu ne peux pas te blâmer d'avoir fait confiance à la personne avec laquelle tu t'es mise en couple." Il hausse les épaules, essayant de croiser le regard de la jeune femme. Ils ne sont surement pas assez proches en terme de relation pour qu'il initie un contact physique avec elle en guise de réconfort. Mais la voir triste était vraiment désagréable, elle habituellement si souriante. Ari la laisse alors changer de sujet, après tout c'est lui qui a proposé de jouer le jeu et de se confier lui aussi. Devant le fait accompli, il n'est plus si sûr que ce soit une bonne idée. Dans son histoire, il n'a assurément pas le beau rôle. C'est plutôt lui, le connard. "C'est une longue histoire !" commence-t-il en riant doucement. "Y a... Deux ans, j'étais fiancé à une fille. Je pensais que c'était la femme de ma vie. Et puis j'ai découvert l'existence de Joy. Je... La mère ne m'avait pas dit qu'elle... était enceinte." Une simple distorsion de la réalité. Un petit mensonge de rien du tout. "Du jour au lendemain, j'avais une fille de trois ans qui vivait à des centaines de kilomètres de moi. Je suis tombé de quarante mille étages." dit-il avec un rire nerveux, jouant avec la petite cuillère qui accompagnait son café entre ses doigts. "Du coup..." Il se racle la gorge. "Je suis parti rencontrer Joy et j'ai tout quitté. Brisbane, ma famille et... Cette fille. Je lui ai laissé un mot et je suis parti." Il baisse le regard sur la table, honteux comme toujours en racontant cette histoire. "J'étais jeune, immature et... Profondément choqué de devenir père... Je savais pas comment gérer tout ça, comment lui annoncer... Mais je l'ai presque tout de suite regretté, d'être parti comme ça... Si c'était à refaire..." Il s'interrompt, un air amer sur le visage. "Je ferais les choses différemment, disons." souffle-t-il, le regard sur sa tasse de café vide.

@Ari Rider & @Stella Rosales

Alors que tu sirotes ton café avec Ari, tu sens tes pensées dériver de nouveau vers Eli. Le café fume au-dessus de ta tête, une image familière qui te ramène à ces nombreux moments partagés avec lui dans ce même endroit. Tout te rappelle sa présence, sa voix, ses sourires. Malgré tes efforts pour te concentrer sur la conversation avec Ari, tu te sens aspirée par tes souvenirs. L’amertume te saisit de nouveau. Tu monopolises la conversation écorchant sans le vouloir cet instant de détente que tu t'étais pourtant promis. Quant à Ari, en plus de le mettre surement mal à l’aise, il doit surement se sentir désemparé face à tes lamentations. Il n’a rien demandé et le voilà entrainé lui dans le marécage de tes soucis sentimentaux. Tu te maudis intérieurement d’avoir l'art de plomber l'ambiance. Tu hésites, cherchant les mots pour exprimer ce qui agite ton esprit. « J'ai du mal à croire qu'il ait pu me tromper à ce point. Je pensais le connaître, lui faire confiance, mais maintenant... Je ne sais plus quoi penser. » tu ignores ta part de responsabilité. Mais il se peut bien que, parfois, tu ais choisi de fermer toi aussi les yeux sur les signes avant-coureurs dans l'espoir naïf de sauver ta relation. Et te voilà là, à te refaire l’histoire à l’envers. Tu te flagelles mentalement pour avoir ignoré tes doutes. Le silence enveloppe la table comme un épais brouillard, un instant ton regard se perd dans les volutes de vapeur qui s’échappe de ta tasse tandis que t’essayes de réfléchir aux paroles du jeune père. « Tu crois qu’il y a encore de l’espoir pour nous ? » demandes-tu soudainement. Tu ressens un besoin irrépressible de savoir. Tu as besoin de cette réponse, aussi douloureuse soit-elle.

Alors que la discussion s'enlise dans quelque chose qui devient trop embarrassant. Tu décides de tourner ton attention sur lui. Un échappatoire bienvenue comme un moyen réussi de dissimuler ton désespoir flagrant. Tu adores les histoires, surtout celles qui commencent par c’est une longue histoire. Promesse certaine que ce qui suit sera riche de détails et de rebondissement. Rapidement tu vois les imperfections du jeune homme. Mais ta loyauté envers lui se heurte à ton sens moral, pour toi ça ne sera pas un connard. Son histoire, aussi sombre soit-elle, révèle une facette de lui que tu n'avais jamais soupçonnée auparavant. Ton cœur se serre, tandis que tu viens déposer une main réconfortante sur son avant-bras et qu’une moue compatissante se dessine sur tes lèvres. « C’est… terrible ! » s’échappe spontanément de tes lèvres sans que tu ne réussisse à récupérer ta maladresse. Qu’est-ce que tu peux être gauche parfois. « Enfin c’est pas ce que je voulais dire mais j’imagine que ça été très dur. » Difficile d’avoir les bons mots dans cette situation. « Et tu ne l’as plus revu… cette fille ? » elle doit surement lui en vouloir à mort. À sa place tu l’aurais directement condamné de t’avoir blessé.  Et si Eli… aussitôt, tu réprimes cette pensée, te censurant intérieurement. Tu t'engueules mentalement, te rappelant que tu dois arrêter de tout rapporter à lui. « Ce n’est pas trop tard. Je pense que n’importe qui à ta place aurait eu peur… » Tu en sais quelque chose. Tu connais trop bien les tourments de la parentalité précoce. Tu as été mère trop jeune, renonçant par la même occasion à tes rêves pour élever ton fils seul.
Dieu sait combien tu étais terrifiée. Alors, envisager d'être parent du jour au lendemain et que tu vas devoir élever cet enfant seul, ça justifie qu’on péte les plombs. La tâche n’est pas facile et pour autant il s’en sort comme un maître. « Peut-être que si tu la retrouvais et que tu lui expliquais, elle comprendrait... » suggères-tu, une lueur d'espoir dans le regard. Tu veux croire en la possibilité d'une réconciliation. Tu aimes les happy ending. « Et puis ça te délivrerait aussi ! » un moyen de mettre fin au poids qui pèsent sur lui.

@Ari Rider & @Stella Rosales
Il semble étrange à Ari que Stella trouve le moyen de se blâmer dans l'histoire qu'elle vient de lui raconter. Il n'a pas tous les détails bien sûr et il n'a que la version de la jeune maman. Mais tout de même. Assurément, ce Eli a merdé. Il y a très peu de doutes à ce sujet et Stella ne devrait pas s'en vouloir pour avoir été soi-disant naïve. C'est donc ce qu'il essaye de lui dire, il lui semble que c'est le plus important. Elle n'y est pour rien. "C'est possible qu'il n'ait pas menti sur toute la ligne mais il t'a tout de même caché quelque chose et ça a fini par le rattraper et te faire du mal..." Il croise le regard de la jeune femme. "Mais ça ne veut pas dire qu'il n'était pas du tout sincère avec toi..." dit-il doucement. Du moins il l'espérait. Il ne la connaissait pas beaucoup mais pensait déjà qu'elle méritait mieux. La question de Stella est difficile. Il ne sait pas, Ari. Comme déjà dit, il n'a pas tous les détails, ne connait que la version de Stella. Et même s'il connaissait tout, il n'est pas vraiment légitime dans cette histoire. Il peut conseiller mais difficilement trop influencer son comportement. Il fronce les sourcils. "Tu devrais attendre un peu, ne plus lui parler du tout. Qui sait, peut-être que ça le fera réfléchir s'il réalise que tu tournes la page. Peut-être qu'il a besoin d'un électrochoc..." Psychologie inversée, ou le bon vieux "suis moi je te fuis, fuis moi je te suis". Il sourit timidement à la jeune femme. "Et si ce n'est pas le cas... C'est lui qui y perd." Il est sincère, Ari.

La conversation se tourne ensuite vers lui et comme toujours lorsqu'il raconte cette histoire, il sent la honte l'envahir. Pourtant, il n'explique qu'une partie des choses, occultant le pourquoi du comment il s'est retrouvé à ne rencontrer Joy qu'au bout de trois ans. Il se concentre sur Beatrice et la rupture pour le moins brutale qu'il lui a fait subir. Alors qu'il a hésité un peu plus tôt à poser sa main sur Stella en guise de réconfort, la jeune femme le fait, elle. Ari lui sourit alors que sa main se pose sur ton bras. C'est terrible, oui, et même si elle reprend immédiatement cette formulation un peu directe Ari est d'accord avec elle. Et encore, elle ne sait pas tout, lui murmure une sournoise voix intérieure. Il secoue la tête devant la première question de Stella. "Plus pendant deux ans." Et pourtant, il a surement pensé à elle chaque journée de ces deux années. Il fronce les sourcils lorsque Stella déclare alors qu'il n'est pas trop tard. A ses yeux, ça l'est. Du moins, le mal est fait. Et ça, il ne pourra rien y changer. Il peut essayer de se faire pardonner et c'était d'ailleurs un des espoirs fous qu'il entretenait plus ou moins en revenant en ville. Maintenant, il ne sait plus trop. Il sourit à nouveau devant les paroles de la jeune femme, manifestement désireuse de croire en la possibilité d'un happy ending. "Je suis allé la voir quand je suis revenu à Brisbane. J'ai pas été super bien reçu disons..." Leur première entrevue avait été expéditive. "Enfin normal, je la comprends bien sûr... Je l'ai recroisé après et j'ai pu lui expliquer pour Joy et tout ça... Je pense qu'elle digère encore la nouvelle..." Il lui avait fait tellement de mal. Elle ne lui ferait plus jamais confiance. "Enfin bon voilà, tu sais tout maintenant, j'espère que tu te sens moins seule !" dit-il d'un ton plus léger, souriant. "Hésite pas dès que tu as besoin de vider ton sac, je suis à disposition ! Et j'espère que ça s'arrangera pour toi en tout cas." ajoute-t-il. Et il pose cette fois-ci sa main sur celle de Stella, en guise de geste de réconfort.

@Ari Rider & @Stella Rosales + l'intrus @Eli Sawyer
Fin de journée. Eli avait attaqué tôt ce matin et si le réveil n'avait pas spécialement été agréable, cela lui permettait au moins de quitter le garage pas trop tard en cet fin d'après-midi. Mais que faire de ce temps libre ? Plusieurs options s'offraient à lui et Eli avait choisi la plus raisonnable, pour une fois. Une séance de course à pied. Une stratégie différente de celles qu'il choisissait généralement pour se vider la tête. Plus raisonnable, ouais. Plus sain que de s'enquiller des verres de trop. Se vider la tête, il en avait besoin. Il aurait volontiers appuyé sur le bouton off de son cerveau, s'il en existait un. A défaut, il courut presque une dizaine de bornes, finissant par un sprint qui acheva de l'essouffler complètement. Rincé, il s'arrêta au milieu d'un trottoir, penché en avant, les mains sur ses genoux. Sa course l'avait mené dans un quartier qu'il connaissait très bien. La quartier de la maison familiale des Sawyer. Erk. Il n'allait pas s'attarder.

Il se remet alors en marche, Eli. Vêtu d'un simple t-shirt noir et d'un short gris, il avance à un rythme lent, récupérant son souffle et laissant l'air libre sécher les gouttes de transpiration sur son front. Il peut prendre un bus d'ici et regagner son appartement. Mais il meurt de soif. Il fait chaud. Il était peut-être un peu de trop, ce sprint final, songe-t-il. Alors qu'il passe devant la vitrine d'un café, il se décide à y entrer et commander une boisson à emporter. Un café glacé par exemple, un truc qui étanchera sa soif. La porte se referme derrière lui et il s'avance en direction du comptoir. Son regard accroche quelque chose dans la salle. Un visage familier. Un mec. Il le connait. Mais d'où, déjà ? Eli a une bonne mémoire des visages. Il sait qu'il connait ce mec. Et il sait qu'il ne l'aime pas. Le sentiment le frappe avant même qu'il ne remette en place son identité dans son esprit. Mais rapidement, ça lui revient. Le prénom jaillit dans son cerveau. Ari... Ari comment déjà ? Il ne sait plus. Mais, oh oui, il se souvient bien de lui. Car Eli, il se souvient de Juliet. Une amie à lui. Le mot est peut-être un peu fort. Une pote ? Perdue de vue depuis longtemps. Mais il connait toute l'histoire, Eli. Le comportement qu'a eu Ari. Quel connard. Une petite grimace se dessine sur son visage et il s'apprête à se détourner pour partir commander son café, lorsque son regard se pose sur la personne assise à côté d'Ari. La personne dont il tient la main. Et cette personne, il ne la connait que trop bien. Stella. Aussitôt, c'est la tempête dans son esprit. Stella ? Avec Ari ? Elle le connait ? Qu'est ce qu'elle fout avec lui ? Dans un café, en tête à tête ? Pourquoi est-ce qu'il lui tient la main ce connard ? De quel droit il lui tient la main ? Eli sent la colère monter. Son estomac se tord. Il serre les mâchoires. Un terrible sentiment l'envahit. Un sentiment qu'il n'a aucun droit de ressentir, il le sait bien. La jalousie. Et alors, il ne pense plus correctement. Toute raison s'évapore et ce n'est presque pas lui qui est en contrôle lorsqu'il s'approche aussitôt d'eux. Un signal d'alarme se déclenche dans son esprit, le genre gros gyrophare rouge qui clignote et hurle : mauvaise idée, mauvaise idée. Mais il ne l'écoute pas. Il se plante devant la table de Stella et Ari, dans sa tenue de sport, presque encore un peu essoufflé. Il regarde la main du garçon posée sur celle de son ex petite amie et son visage affiche un air qui ne laisse que peu de doutes quant à ce qu'il pense de cette scène. Il a envie de hurler, Eli, de déchainer sa colère, mais il ne sait même pas par où commencer. Il fait n'importe quoi. Les mots se bousculent derrière ses lèvres mais rien ne sort pendant une seconde ou deux. Il foudroie Ari du regard et décide de concentrer son attention sur Stella. "Salut. Quelle surprise." lâche-t-il enfin. Il n'a plus rien à voir avec le Eli navré qu'il a pu montrer à Stella dans leurs derniers échanges. Totalement contrôlé par les sentiments qui l'habitent, il déraille. "Vous vous connaissez ?" Comment ça, ça ne te regarde pas, Eli ?

@Ari Rider & @Stella Rosales

Tu ressens peu à peu les tensions qui avaient empoisonné ton esprit se dissiper, comme dispersées par la magie de la présence du jeune père. Dans les profondeurs de ses yeux, tu perçois une étincelle de compréhension, tu as la sensation d’être soutenue et épaulée. Pour une fois, tu n’as plus l’impression d’être seule. Tu bois chacune de ses paroles cherchant une lueur d'espoir dans tes doutes. Sa vision apporte quelques nuances que tu n’avais pas forcément envisagées. C'est possible que les choses ne soient pas aussi tranchées qu'elles te paraissent. Peut-être qu'Eli n'est pas un menteur complet et qu'il a lui aussi ses propres démons à affronter. Tu repenses à Ana, une de tes amis polyamoureuse. Ana est un peu exotique et étrange. Elle est différente, rien à voir avec Eli et tu t’es toujours sentie dépassée par sa philosophie de vie aux antipodes de la tienne. Tu n’as jamais compris comment il était possible de partager son cœur avec plusieurs personnes à la fois. Mais là de suite son histoire fait écho dans ta tête. Son image surgit alors que tu te laisses bercer par les explications qu’Ari te donne. L’idée surgit timidement dans ton esprit, comme quelque chose que tu n'avais pas pris en compte. Se peut-il qu’Eli ait ressenti de l'affection pour vous deux ? Ça te semble pour l’instant inconcevable. Tu te sens déconcertée, incapable d’accepter cette possibilité. Tu te heurtes à tes propres convictions. Pour toi, l'amour ne peut être partagé entre plusieurs personnes, ça échappe à toute logique. « S'il pensait à une autre, c'est qu’il a dissimuler ses intentions et manquait de sincérité » coupes-tu, comme pour étouffer les innombrables questions qui tournent désormais dans ta tête. Tu prends ses conseils un léger sourire illuminant ton minois. Il a raison, tu devrais ignorer Eli jusqu’à ce qu’il fasse son retour. S’il fait son retour ! Tu déposes ta main sur la sienne pour le réconforter à ton tour. Tu n’as pas peur du contact physique pour consoler les gens. C’est surement dû à ton métier, tu panses les âmes blessée à longueur de journée. « C’est beaucoup deux ans pour ne pas oublier quelqu’un, c’est que tu dois beaucoup l’aimer. » Tu donnerais cher pour qu’un jour quelqu’un puisse t’aimer aussi fort. Malgré qu’Ari n’ait pas fait les choses correctement, il a l’air de tenir à cette fille. Et puis les circonstances sont exceptionnelles. N’importe qui se serait senti perdu en découvrant du jour au lendemain qu’il avait une responsabilité aussi grande que celle d’élever un enfant. « Et bien dans ce cas laisse là revenir… et si ce n’est pas le cas, c’est elle la perdante. » reprend-tu son conseil. Au même moment une ombre s’approche de vous. À peine as-tu le temps de lever les yeux vers le jeune homme devant vous que tu reconnais Eli. Un frisson te parcours et te laisse interdite, incertaine de la réaction à adopter. Dos à la porte, tu ne l’as pas vu entrer et instinctivement, tu retires tes mains du bras d'Ari, comme si tu avais fait quelque chose de mal. Eli est là, devant toi. En chair et en os après ces longs jours à espérer qu’il se présente à toi. Lui, a l’air en forme. En tout cas mieux que toi. Fidèle à lui, le visage impassible ne te laissant rien lire de ce qui se trame dans sa tête. C’est fous comment ce qui te semblait être des qualités jadis se transforme désormais en défaut. « Eli ? » murmures-tu, désarçonnée par sa présence soudaine. Qu'est-ce qu'il fait ici ? De ce que tu sais, il ne porte pas ce quartier dans son cœur même si t’as déjà réussi à le trainer quelques fois dans ce café. Tu mets du temps à réagir lorsque deuxième choc : Eli et Ari se connaissent ! Et à en voir les réactions, ils ne sont pas amis. « C’est Ari… le papa de l’amie de Billie. » révèles-tu avec un léger soupçon d'irritation dans la voix. Qu’est-ce que ça peut bien lui faire ? Le sujet de Billie a toujours été un terrain glissant que tu as tenté de manœuvrer avec délicatesse. Malgré tes efforts pour le ménager à ce sujet, Eli n'a jamais semblé particulièrement intéressé par tes histoires de parents d’élèves et d’école. Tu viens croiser tes bras autour de ta poitrine. « Et toi ? Qu’est-ce que tu fous là ? » lances-tu d'un ton tranchant ne cherchant pas à adoucir tes propos. Après tout, c’est lui qui a décidé de rompre. Tu le fixe dissimulant toutes tes émotions derrière un masque de fermeté.

@Ari Rider & @Stella Rosales
S'il pensait à une autre, c'est qu’il a dissimulé ses intentions et manquait de sincérité. Ari hoche simplement la tête, il n'a pas grand chose à redire à ça. Même dans le cas où l'ex de Stella pensait passer à autre chose en se mettant avec elle, ça restait blessant. Surtout que manifestement, ça n'avait pas fonctionné. Et s'il pensait encore à une autre, un an après avoir commencé à fréquenter Stella, il s'était au mieux bien voilé la face, au pire bien fichu de la jeune femme. A son humble opinion, elle ferait mieux de se protéger et de ne plus rien attendre de son ex. Que pouvait-elle espérer après tout ? Même s'ils se remettaient ensemble et qu'il lui jurait avoir fait son choix, avoir oublié la deuxième, Stella aurait toujours ce doute. Ari l'aurait, en tout cas. Et ce doute foutrait certainement la relation en l'air. Il est plus modéré dans l'expression de son opinion, le garçon, se contente de conseiller de la distance sans dire le fond de sa pensée car il n'est pas sur que c'est sa place. Après tout, ils se connaissent depuis peu et il n'est même pas sur que la jeune femme le considère comme un ami. Il ne veut pas qu'elle le trouve trop virulent ou intrusif. Pourtant, lorsque vient son tour de se confier, Ari raconte tout. Ou presque. Tout ce qui concerne Beatrice, en tout cas. Pas besoin de passer encore plus pour un connard aux yeux de la jeune maman. Une nouvelle fois, il hoche la tête devant les propos de Stella. Deux ans, c'était beaucoup. Il avait senti chaque jour passer malgré le fait qu'il avait été extrêmement occupé avec Joy. Beatrice trouvait toujours le moyen de s'infiltrer dans son esprit, généralement le soir, lorsque la petite fille dormait et qu'Ari se retrouvait seul avec lui même. Stella reprend son propre conseil et il ne peut retenir un petit rire. Elle avait surement raison. Il ne pouvait pas faire grand chose de plus, de toute manière. "Quel bon conseil !" rigole-t-il. La main de Stella est toujours sur son bras, recouverte par la sienne, lorsque quelqu'un s'approche de leur table. Ari relève le regard pour découvrir un homme qui le foudroie du regard. Il fronce les sourcils, pas très sur de ce qui est en train de ce passer. Ari ne reconnait pas Eli. Il glisse un regard interrogateur sur Stella qui enlève brusquement sa main de son bras. A en croire son visage, elle comprend ce qui est en train de se passer, elle. Et d'ailleurs, elle murmure un prénom. Eli. Ah. Maintenant, Ari aussi comprend. C'est lui, l'ex. Alors ça pour une coïncidence. Il n'a pas l'air ravi, le Eli. Sa question est directe, presque impolie, juge Ari. Il sent une certaine irritation le gagner. Il n'aime pas le comportement de ce Eli. Mais il ne doit rien dire. Il se retrouve au milieu de quelque chose qui ne le regarde pas. Stella aussi a l'air irritée. Elle le présente brièvement puis contre attaque, lui demandant d'un ton peu agréable ce qu'il fiche ici.

pov Eli

C'était une putain de blague. Il fallait qu'il tombe sur elle ici, dans un café où il n'allait jamais, situé dans une partie de la ville qu'il ne fréquentait presque pas. Quel karma de merde. Et bien sûr, il ne pouvait pas la croiser seule, avec des copines ou même avec Billie. Il fallait qu'elle soit avec un mec, en train de lui tenir la main. Et en plus, cerise sur le gâteau, un mec qu'Eli savait être un parfait connard. Mais pourtant, tout ça n'aurait pas du l'atteindre. Enfin, bien sûr que c'était logique que ça l'atteigne. Il ne s'était jamais caché tenir énormément à Stella, c'était même probablement ce qui avait compliqué encore plus la situation et embrouillé son esprit et ses sentiments. Mais il l'avait quitté. En lui avouant penser à une autre. Il n'avait aucun droit d'être jaloux, encore moins de débarquer comme un cowboy au milieu d'une conversation. Il faisait n'importe quoi. Mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Son sang n'avait fait qu'un tour à la vue de Stella avec ce mec. C'est donc complètement aveuglé par la jalousie qu'il se plante devant eux et commence à parler. Evidemment, Stella n'est pas ravie. Surprise au début, puis elle passe rapidement sur un registre agacé. Le papa de l'amie de Billie. Les implications de cette phrase sont nombreuses. Cette pourriture avait finalement accepté de reconnaitre son enfant ? Avec Juliet ? Ou bien semait-il des gosses un peu partout en ville, en décidant d'en assumer un sur deux ? Une moue dédaigneuse se dessine sur le visage d'Eli et il ne peut retenir un ricanement sans joie, complètement sarcastique. "Ari le papa, ouais." Il ne jette pas un regard au principal intéressé assis à côté de Stella. Cette dernière s'adresse de nouveau à lui. Il hausse les épaules. "Je passais dans l'coin... Running..." marmonne-t-il en baissant les yeux sur son accoutrement de sportif. "Je t'ai vu et..." Et quoi ? T'as l'air bien con là, Eli, non ? T'as quoi à dire pour ta défense ? Ses nerfs sont à vif. Mais il n'a rien à dire pour expliquer son comportement à Stella. Il aurait pu simplement changer de café lorsqu'il l'avait vu assise ici. Il aurait du, en fait. Avant qu'il ne puisse finir sa phrase, l'intru à côté de la jeune femme parle. Il s'adresse à lui.

pov Ari

"Excuse moi mais on se connait ?" Ari ne peut se retenir. Ses sourcils se sont froncés lorsqu'Eli a ricané au moment où Stella l'a présenté comme le papa de l'amie de sa fille. Et puis Eli a répété ce fait d'un ton manifestement moqueur. Ari le papa. C'était quoi son problème, en fait ? Ari ne peut plus contenir son agacement. Le regard d'Eli se tourne vers lui et il plisse les yeux avec un air presque dégouté. "Pas vraiment. Mais ça vaut mieux pour toi." gronde-t-il. Ari sent son coeur battre plus fort, de plus en plus énervé. Etait-ce une simple scène provoquée par la jalousie ? En réaction au fait de voir un mec tenir la main de son ex petite amie ? Ou bien y avait-il vraiment quelque chose de plus ? "Juliet, ça te dit un truc ?" lâche finalement Eli, l'air mauvais. Le cœur d'Ari manque un battement. Eli se tourne à nouveau vers Stella, s'adressant à elle. "Tu devrais faire attention à tes fréquentations. Il pointe Ari du doigt d'un air dégouté. "S'il se la joue parfait ptit papa j'te le dis tout de suite, il te prend bien pour une conne." Ari sent son sang battre dans ses tempes. Tout mais pas ça. Tout mais pas remettre en question ses aptitudes en tant que père. Il le fait déjà trop lui-même. Il se lève d'un coup, poussant sans le vouloir la table. Les tasses de café s'entrechoquent. Il foudroie du regard Eli. "Ne parle pas de ce que tu ne sais pas." menace-t-il. En vérité, il ne sait pas ce que Eli sait. Mais il ne peut pas le laisser l'insulter, toucher des points sensibles de la sorte. Les deux hommes se font face, poings serrés, regards foudroyants et visages menaçants.