@Iris Almeida & @Stella Olson

Tu te sens un peu comme un poisson hors de l'eau. C’est comme si tu avais été arrachée à ton propre univers, propulsée malgré toi dans un autre monde. Un monde où les règles ne sont plus les tiennes et où tu subis le prix de la notoriété. Jusqu’ici, tout s’est toujours déroulée pour toi dans l'ombre, à l'écart des projecteurs et des regards inquisiteurs. Malgré tes rêves de percer un jour dans la musique jamais tu n’as imaginé que tu atteindrais aussi vite et de cette façon la célébrité. La gloire t’a toujours paru lointaine, comme un mirage dans le désert de ton quotidien déjà bien rempli. Et étrangement, ça ne t’a jamais dérangé. Au contraire, c’est presque devenu un pilier sur lequel t'appuyer dans les moments difficiles. Ce rêve te sert de phare dans ta vie de tous les jours, une façon de te guider à travers les ténèbres de tes incertitudes. C’est un peu comme ta motivation secrète qui te permet d'avancer malgré les obstacles, sans même savoir si tu désirais réellement voir un jour ce rêve se réaliser. Malheureusement pour toi, parfois, même les rêves les plus paisibles sont sujets aux intrusions les plus impromptues. La rumeur s'est glissée dans les ruelles brisbanaise plus vite que la lumière. Avant même que tu ne puisses saisir la signification de tout cela, une marée de flashs et de voix affamées se sont abattu sur toi. Adieu l’anonymat. Tu te retrouves traquée par une meute de paparazzis affamés de scoops et voulant tout savoir sur cette fameuse Stella, mère de l’enfant caché de la Rockstar Jaime Weisberg. Tu te sens comme une étrangère dans ta propre vie. Les regards avides et les objectifs braqués te traquent jusqu’à ton propre chez toi. Tu as l’impression d’être une bête prise au piège. Ton cœur de mère se serre d'angoisse à chaque fois que tu penses à ton fils. Le simple fait de l’exposer à tout ça te ronge d'inquiétude. Tu ne voulais pas qu'il soit impliqué dans cette folie, tu voulais le protéger de tout cela. La seule chose que tu as trouvé à faire, c’est le laisser quelques temps chez tes parents le temps que toute cette histoire se tasse. Et puis il y a aussi toute cette autre dimension que tu n’as pas vu venir. Les commentaires haineux sur les réseaux sociaux et les appels incessants de journalistes qui ne font qu'aggraver ta détresse. Tu ignores pourquoi cela t'arrive à toi. Ton souffle s'accélère, ton cœur tambourine dans ta poitrine, et tu cours, cherchant frénétiquement une échappatoire alors que tu es sorti par la porte arrière de l’immeuble de ton petit copain pour ne pas être reconnu. À peine le pied dehors que tu te sens de nouveau traqué. A moins que ce soit toi qui sois devenue totalement parano depuis cette histoire. Tu jettes un regard furtif par-dessus ton épaule Dans le doute, tu décides de tendre un piège à la personne que tu soupçonnes de te suivre. Pour en avoir le cœur net, tu passes deux fois par la même rue et tu te rends compte que tu as raison : un homme est bel et bien en train de te suivre. Alors tu précipites le pas, tu ne veux pas courir pour qu’il ne se rende pas compte que tu sais qu’il te suis. Tu aperçois l'enseigne d'un café qui ne paye pas de mine mais dans lequel il t’arrive souvent de te produire. Le proprio est un ami, il te laisse parfois venir chanter sur la mini scène. L’ironie du sort c’est que c’est ici même que le début de tes problèmes ont commencé. C’est à cet endroit même que t’a révélé à Jaime qu’il était père. Tu t'y engouffres avec une frénésie presque instinctive, comme si cet endroit pouvait te protéger de l'orage qui fait rage pour toi. Tu es totalement paniquée. Tes pas résonnent sur le sol carrelé, ta respiration haletante emplit l'espace, tandis que tu cherches du regard un endroit où te cacher.  Et là, au milieu de tout ça, elle apparaît : cette jolie serveuse. Elle saura surement t’aider. Sans réfléchir, tu te jettes littéralement dans les bras de la serveuse, implorant son aide. « S'il te plaît, aide-moi. Il y a un type bizarre qui me suit depuis tout à l’heure. Je ne veux pas qu’il me retrouve…», murmures-tu, les larmes aux yeux.

@Stella Olson
Ce n'est pas le job de rêve d'Iris. Servir des verres et les quelques plats sur le pouce que sert le café n'a jamais fait partie de ses grandes ambitions. Iris, elle se rêve actrice. Elle s'imagine sur les tournages, s'imagine sur les plateaux de talk shows pour faire la promotion de son prochain film. Elle rêve de caméras, de la célébrité, de tapis rouge. Mais le seul tapis qu'elle voit, c'est celui de l'entrée du Starlight où elle travaille depuis une petite semaine maintenant. Ses rêves sont loin derrière elle. Elle n'a fait que troquer un bar pour un autre, gardant son tablier de serveuse et le plateau qui va avec. Elle sait pas combien de temps elle gardera ce job. Elle s'est lassée de l'autre au bout d'un an. Et pour l'instant, aussi sympathique soit le patron et aussi agréable soit la musique qui est constamment jouée ici, elle n'est pas certaine de faire une année de plus. Malheureusement pour elle, les castings qu'elle continue de passer n'ont pas encore porté leurs fruits. Alors en attendant, elle est là, Iris. Elle fait son job, parce qu'elle a des factures à payer et un réfrigérateur à remplir.

La table qui vient de se vider est désormais nettoyée. La jeune femme glisse le chiffon encore humide dans la poche du court tablier qu'elle porte autour de la taille. Son service ne se terminera que dans une heure, mais la blonde trépigne d'impatience. Il fait beau, aujourd'hui. Chaud, aussi. La blonde a la ferme intention d'en profiter en passant le début de sa soirée à la plage. Laissant la table derrière elle, Iris traverse la salle avec l'intention de rejoindre le bar, mais elle est soudainement interrompue par une petite brune qu'elle reconnait brièvement. Elle ne sait plus son nom, mais elle pense l'avoir déjà vu sur la petite scène du café. Elle a l'air perdue. Pire, elle a l'air complètement paniquée. Son attitude décontenance Iris qui, dans un premier temps, ne sait guère quoi faire.

- Euh, ouais, attends, je... euh.

C'est là qu'elle les remarque, les larmes dans les yeux de son interlocutrice. La pauvre a vraiment l'air au plus mal. Qui pourrait la blâmer ? Elle dit être suivie. Et Iris est bien placée pour savoir que cela n'est guère agréable, elle qui a subi la présence incessante d'un détracteur sur instagram, jusqu'à réduire la visibilité de son propre compte le temps que ce dernier abandonne et se trouve une autre victime. Alors elle finit par réagir, la blonde.

- Viens.

Sa main se pose sur le bras de la jeune femme pour l'entraîner avec elle en direction du bar. Sans que quiconque ne l'en empêche, Iris contourne le comptoir pour ouvrir la porte qui mène d'un côté vers la réserve et de l'autre, vers la pièce où les employés laissent leurs affaires et peuvent prendre leur pause. Elle s'y engouffre, la brune avec elle.

- Tu peux t'asseoir là si tu veux, déclare-t-elle en montrant du doigt le canapé placé contre le mur. Tu veux de l'eau ou quelque chose ? Ca va aller ?

Ici, la jeune femme est en sécurité. Personne ne peut les voir. Iris n'aime pas beaucoup cette salle, regrette souvent qu'elle soit dénuée de fenêtres et que la lumière naturelle vienne uniquement du puit de lumière au plafond. Mais il faut reconnaître qu'aujourd'hui, celui-ci présente un avantage considérable.

@Iris Almeida & @Stella Olson

L'angoisse serre ton myocarde jamais encore tu ne t’étais sentie aussi exposée, dépourvue de tout contrôle sur ta vie qui semble s’effriter sous tes pieds. Chaque flash ébranle ton esprit dérangé. Dans ce chaos, tu te sens comme une feuille emportée par le vent, sans destination ni protection. Comment vas-tu pouvoir t’en sortir de toute cette tempête médiatique qui menace de t'engloutir tout entière ? Puis, comme une lumière dans la nuit, Iris apparaît. Alors que la situation te paraît totalement désespérée, tu te sens étrangement attirée par elle, tu sens que tu peux lui faire confiance. As-tu d’autres alternatives ? Pas vraiment. Sa présence réconfortante te rassure. Sa main se pose sur ton bras  pour t'entraîner doucement vers une porte dérobée. Elle t'offre son aide sans poser de questions et tu te laisses guider. Vos pas incertains trouvent refuge dans une pièce à l'abri des regards indiscrets. Une enclave hors du temps où le vacarme extérieur semble lointain. Un instant de répit mérité qui te permet enfin de reprendre ton souffle et de rassembler tes pensées. Tes jambes flageolent sous le poids de la terreur accumulée. Tu luttes pour rester debout, sentant tes dernières forces t’abandonner face à l'avalanche de ce qui vient de se passer. Tu trembles de tout ton être puis tu finis par t’effondrer sur le canapé élimé qu’Iris te désigne, comme si tes membres avaient perdu toute leur énergie vitale. Tu tentes de reprendre le contrôle de tes émotions. « De l’eau, oui, s’il te plait ! » parviens-tu à articuler. Ta gorge se dessèche. Une sensation d'irréalité t'envahit, comme si tu étais prise dans un cauchemar dont tu ne pouvais te réveiller. Tout te paraît flou. « Enfin... non reste ! » supplie-tu. La simple pensée qu'Iris puisse partir te terrifie, dévastée par la crainte de te retrouver de nouveau seule après ce qui vient de t’arriver. Et tu ne peux réprimer l'impulsion de la supplier de rester. La réserve est loin d’être accueillante. Les étagères croulent sous le poids des provisions. La pièce est étroite et sombre, ses murs décrépis témoignant de l'usure du temps. Et pourtant, malgré cette ambiance morne, tu t’y sens bien, étrangement apaisée. Assise, tu serres dans tes mains les doigts de cette parfaite inconnue, cherchant inconsciemment un réconfort dans ce contact. Après plusieurs minutes, alors que le silence règne brisé seulement par le murmure asynchrone de vos respirations, les battements de ton cœur se calment peu à peu. Tu la regardes. Ton regard se pose sur l'étiquette sur sa blouse. Iris. Elle s'appelle Iris. C’est joli. « Tu crois qu’il est parti ? » demandes-tu pleine d’appréhension. C’est la première fois que tu te fais suivre comme ça dans la rue. Ces derniers jours n’ont pourtant pas été de tout repos pour toi. Depuis que ton nom a été divulgué, tu es harcelée sans relâche. Des insultes ont inondé tes réseaux sociaux, mais jusque-là, tu pensais pouvoir gérer. Tu espérais que ça s’apaise et que dans les jours on finisse par t’oublier. Mais aujourd’hui c’est différent, tu as eu peur pour ta vie.  

@Stella Olson
Aider les autres, ce n'est pas toujours inné chez Iris. Elle a trop longtemps été de celles qui voulaient à tout prix gagner et de celles qui ont écumé les castings en priant pour que les concurrentes se foirent ou se blessent parce que moins de filles dans la pièce, c'est plus de chances d'obtenir un rôle digne de ce nom. Le monde dans lequel elle essaie de se faire une place est un monde de requins. Ce qui change encore la donne pour la grande blonde, c'est qu'elle a grandi avec des valeurs fortes et qu'à chaque fois qu'elle a le sentiment d'aller trop loin, elle se rappelle que son père ne voudrait pas la voir ainsi, qu'il serait déçu. Même dans la mort, Henrique parvient encore à l'ancrer dans la réalité. Sans compter que depuis son retour à Brisbane et sa prise de poste comme prof de théâtre bénévole dans des associations, Iris apprend à s'ouvrir sur le monde. Elle aide à sa façon. Elle se rachète une conscience, aussi, bien qu'elle n'ait jamais causé de tort à personne. Alors aider la brune lui paraît naturel, sur l'instant. Elle ne pose pas de questions, la met à l'abri et lorsqu'elle l'implore de rester alors que la grande blonde s'apprêtait à sortir chercher de l'eau, cette dernière obéit.

- Je reste là, assure-t-elle en refermant doucement la porte.

Dans un coin de la pièce pour ne pas envahir l'espace vital de celle qui peine à se remettre de ses émotions, Iris se fait aussi discrète que possible. Elle ne sait pas quoi faire de ses mains ni du reste de son corps, mais elle ne veut pas forcer la brune à se reprendre plus vite que la musique. Elle a encore l'air éprouvée par ce qu'elle vient de vivre. Autant lui laisser quelques minutes pour reprendre ses esprits et retrouver un rythme de respiration normal. Ainsi les secondes - ou les minutes - s'écoulent-elles en silence, jusqu'à ce que la brune prenne de nouveau la parole. A ses mots, Iris se redresse.

- Je ne sais pas. Il ressemblait à quoi ? Je peux aller jeter un coup d'oeil rapidement si tu veux.

Elle se sent suffisamment en sécurité pour aller en première ligne, Iris. De toute façon, ce n'est pas après elle qu'il en a, ce type. S'il est dans les parages et qu'il devient agressif, elle pourra toujours compter sur le barman pour le sortir ou pour lui venir en aide. C'est un lieu safe. Elle n'est pas toute seule. Et la brune non plus, d'ailleurs. Elle s'est trouvée une alliée en la personne d'Iris qui ne sait que trop bien ce que ça fait de se sentir épiée.

- Il te veut quoi, d'ailleurs, ce gars ?, qu'elle demande malgré tout, pas à cause d'une quelconque curiosité mal placée mais plutôt pour savoir à quoi s'attendre s'il est encore dans le coin.