@livia castillo


Il a donné rendez-vous à Livia au Joey’s, le restaurant qui surplombe les falaises du Kangoroo Point Cliffs Park. Quand ils auront fini leurs petits cafés, ils auront juste à prendre les escaliers pour arriver au pied des falaises d’escalade. Il est arrivé un peu en avance, donc il attend dehors sous le haut-vent qui protège l’entrée du soleil. Comme il connaît bien le personnel, il a réussi à négocier une table en terrasse qui donne une superbe vue sur Brisbane River. Donc il est là à attendre paisiblement quand son téléphone se met à vibrer. Un coup d’oeil à l’écran lui tire une exclamation surprise. Pourquoi diable sa sœur cadette l’appelle-t-elle un jeudi soir ? N’est-elle pas suffisamment civilisée pour savoir que, sauf urgence absolue, on envoie des textos comme tout le monde ?

Il décroche et demande d’un air curieux ce qu’il se passe, s’enquiert de savoir si tout va bien. Le ton concerné qui lui répond lui tire un soupir. Ok, il a compris. La nouvelle de rupture commence à se répandre dans la famille - sa sœur aînée ayant eu la primeur samedi matin - et maintenant sa cadette l’appelle carrément pour s’inquiéter de son moral. Il râle dans le combiné, ils vont quand même pas tous l'appeler pour lui demander si il va bien, il reconnaît que c’est gentil de leur part de s'inquiéter, mais il précise qu’il a pas trop envie d’en parler et que quitte à répandre le mot autant aussi faire savoir aux gens qu’il va bien et qu’il a pas besoin qu’on le dérange pour lui faire part de leur sollicitude. Vous avez dit ingrat ? Certes oui. Mais c’est si rare qu’il y ai du drama dans la vie de Luther que ses six frères et sœurs se sont donnés le mot pour prendre des nouvelles et éventuellement grappiller quelques informations fraîches et juteuses.

Il proteste à ses sollicitations en haussant légèrement le ton. “ Donc, tout va bien là, je vais à l’escalade comme d’habitude, j’attends mini-moi pour boire un café, je vais passer une bonne soirée et ” Il vient de s’interrompre en relevant la tête et de reconnaître dans le reflet de porte la silhouette qui se tient derrière lui, la fameuse mini-moi, elle attends probablement poliment qu’il ai fini sa conversation téléphonique pour s’annoncer. “ Ha, bon je te laisse, heu mini-nope,jeveuxdire- Livia vient d’arriver, je, enfin, mon élève est là, ouais ok bye salut et merci pour l’appel mais vous inquiétez pas tout va bien. Répète leur que tout va bien ok, oublie pas. Et dis à Kane d’arrêter de m’envoyer des meme une de perdue dix de retrouvées, sérieux il me saoule, on dirait un boomer. ” En raccrochant il se retourne, tout sourire bien qu’un poil dans la retenue, conscient qu’il vient de sortir une diatribe un peu furieuse au téléphone. Il la salue “ Livia ! Comment tu vas ? ” avant de lui proposer de le suivre, il lui précise qu’ils devraient avoir une chouette table sur la terrasse, avec une vue à couper le souffle.

@Livia Castillo & @Luther Kealoha

Livia se lève tôt, ces temps-ci. Elle ne sait pas très bien ce qui la tient éveillée si souvent – ou plutôt, si, elle le sait très bien, mais il est hors de question de l'exprimer à voix haute –, mais les faits sont là. Heureusement pour elle, les insomnies ont toujours été compatibles avec son métier, et il n'y a bien que les yeux rouges et les cernes difficiles à dissimuler sous du maquillage aussi cher soit-il qui lui posent problème. La fatigue, au fond, elle a fini par s'en accommoder mieux que prévu : Livia préfère voir le bon côté des choses, se dire que ce n'est que temporaire, qu'elle allait bientôt pouvoir renouer avec ses grasses matinées habituelles, qu'au moins ses journées sont très productives depuis quelques temps. Pour preuve, il n'est même pas dix heures du matin et elle a déjà bouclé l'entièreté de la ligne conductrice de l'émission du soir, nettoyé son loft de fond en comble, et joué pendant près d'une heure avec Puchi, dans un parc non loin de son domicile. La prochaine étape, désormais, est de rejoindre Luther dans un restaurant de son choix, que Livia ne connait pas encore : elle a fait une recherche sur Instagram, et la vue lui est apparue comme magnifique. Visiblement, le brun avait de bons goûts (sauf lorsqu'il s'agissait de l'avoir éconduit quelques années en arrière, évidemment).

Dans le taxi qui la mène vers leur lieu de rendez-vous, Livia somnole doucement en observant le paysage qui défile derrière la vitre. Malgré leur mode de fonctionnement qui s'apparente plutôt à une relation de frère et sœur un peu chien et chat, la brune est consciente que, ces dernières semaines, il est l'un des rares à qui elle apprécie se confier, et avec qui elle aime passer du temps. Parfois, elle a le sentiment de lui en demander un peu trop : après tout, il ne lui doit rien et, visiblement, il a ses propres problèmes à gérer de son côté. Mais la sagesse de Luther, elle a du mal à la retrouver ailleurs : il y a bien Moisés et sa capacité à toujours cerner justement les situations qu'il rencontre, mais Livia ne se sent pas le cœur à lui faire part des problématiques qui l'agitent. Alors en attendant, elle se contente d'espérer que son ami ne lui tend pas une oreille attentive simplement parce qu'il est beaucoup trop gentil pour refuser, ou pire encore : parce qu'il a pitié d'elle.

Livia l'aperçoit avant que la réciproque ne soit vraie. Elle ne sait pas qui est l'autre personne au bout du fil mais, de toute évidence, cette dernière passe un très mauvais quart d'heure. « Je suis contente de te voir, Luther. » Elle laisse échapper lorsqu'il finit par raccrocher, un sourire sincère plaqué sur les lèvres. Livia le suit religieusement, admirant au passage le paysage sublime qui s'étire devant leurs yeux. « Quand tu m'as parlé de vue à couper le souffle, je m'attendais à quelque chose de beau, mais alors là... » Elle souffle dans un murmure, immortalisant le moment avec une photo prise par son téléphone. « Tu veux dire, comment je vais en dehors du fait que ma vie amoureuse est une catastrophe ambulante et que je vais probablement me retrouver bientôt célibataire alors que je ne suis même pas en couple, pour commencer ? » Toujours aussi dramatique, Livia laisse échapper un rire amer, reprenant sa respiration après cette longue phrase qui avait pour avantage de résumer parfaitement la situation. Enfin, plus ou moins. « En vrai, ça va. Le travail me prend beaucoup de temps, alors je n'ai pas vraiment l'occasion d'y penser trop régulièrement, c'est déjà ça. » Et ces derniers temps, Livia ne peut s'empêcher de songer à quel point elle est reconnaissante, d'avoir la chance d'exercer sa passion comme un métier au quotidien. Lorsque tout se fait un peu trop lourd, lorsqu'elle a la sensation que la logique de ce qui peut se passer autour d'elle lui échappe un peu trop, il lui suffit de visser son casque sur la tête, de prendre quelques appels et, soudainement, plus rien n'existe, plus rien n'a vraiment d'importance. « Et toi, ça va ? C'est qui que tu appelles mini-moi, au fait ? » Le menton nonchalamment posé sur sa main droite, un sourire digne du Chat du Cheshire qui étire ses lèvres, Livia taquine Luther sans aucun scrupule, comme elle a toujours eu l'habitude d'agir le concernant. En réalité, et parce que sa politesse ne lui fait que très rarement défaut, elle a fait en sorte de ne pas écouter la conversation visiblement animée que le brun venait d'avoir au téléphone, si ce n'est de légères bribes qui sont malgré tout parvenues à ses oreilles.

@Livia Castillo


Il lui sourit et lui répond qu’il est content de la voir également tout en la devançant dans le restaurant. Sur la terrasse, il ne peut qu’approuver sa déclaration. C’est probablement l’une des plus belles vues de la ville, avec la rivière Brisbane qui serpente au pied des falaises et les immeubles du quartier des affaires en arrière-plan. Il s’arrête quelques instants à ses côtés pour admirer cette vue qu’il connait bien. Et puis quand elle sort une tirade digne des monologues shakespeariens les plus tragiques et enflammés, il se tourne vers elle avec un sourire en coin. Il s’attend à la voir porter une main à son front ou à son cœur, levant le menton tandis que le bras opposé partirait en arrière. Mais ils se contentent de s’asseoir et il est presque déçu que sa théâtralité ne soit pas davantage exprimée physiquement. “ Ha, oui … Donc tu veux tomber d’une falaise parce que tu vas peut-être devenir célibataire, concept un peu brouillon dans la mesure ou apparemment tu n’es pas en couple ?” répète-t-il d’un air un peu sceptique avant de continuer avec un petit sourire “ Oui, non je te confirme. Je ne mettrai pas mes licences en danger pour ça. Compte sur moi pour m’assurer que ton baudrier est bien attaché, c’est mooort, à défaut que toi tu le sois …” qu’il claque de la langue en secouant la tête de droite à gauche. “Mais, oui à part ça, comment ça va ? ” Il hoche la tête quand elle évoque le travail et la complimente sur l’émission qu’il a écouté à deux reprises depuis le début de la semaine. “ Je n’avais jamais pris le temps de l’écouter en entier jusqu’à cette semaine - c’est tard, un peu, quand même, tu sais - mais c’est vraiment du bon travail franchement, félicitation boss ! ” Son sourire enthousiaste se fige d’embarras une micro-seconde avant qu’il lui fasse des gros yeux quand elle demande qui est son mini-moi. Un instant, il pense à lui raconter des craques plutôt que de reconnaître que c’est elle qu’il surnomme en privé son mini-moi parce que cette drôle de gamine lui ressemble monstrueusement bien. Mais finalement, il adopte une autre stratégie et il hausse les épaules, comme s' il essaie de dédramatiser la situation. “ Toi. ” reconnait-il avec un sourire affectueux. “ Mais que ça ne te monte pas à la tête, hm … ” rit-il avec un haussement de sourcil. “ C’est juste pour la rime, Livia - minimoa, tu vois, l’assonance là, la petite répétition de voyelles, ça sonne bien. ” affabule-t-il, tout en sortant sa paire de lunettes pour lire la carte du restaurant. Il les réhausse sur le bout de son nez et lui demande “ Tu veux boire quoi ? ” Lui décide de demander un matcha latté - taille bol, parce que ça doit s’hydrater ce gaillard - et puis d’un petit coup d'œil par-dessus sa monture de lunettes, il ajoute “ On se prend un petit snack ? ” Il a toujours faim dès qu’on lui met une carte de restaurant sous le nez, Luther, c’est un ventre sur patte, doté d’une dent particulièrement sucrée. Il est prêt à se faire un brunch au milieu de l’après-midi et à déployer des trésors de séduction pour convaincre la cuisine de lui envoyer la moitié des plats qui sont sur la carte du petit déjeuner. Donc en guise de petit snack, il lui propose de partager les sourdough toasts, les mushrooms two ways et la brioche.

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Livia est contente de passer du temps avec Luther, son mètre quatre-vingt dix rassurant et son sourire réconfortant. Elle aura probablement toujours trop de pudeur pour pouvoir le lui avouer un jour, mais savoir qu'elle peut compter sur lui lui permet d'affronter un peu plus facilement ce qu'elle ne se sent pas toujours capable de résoudre seule. « T'es un ami en carton Luther, sache-le. Je t'ouvre mon cœur, me montre vulnérable face à toi, expose mes blessures et mes failles et c'est comme ça que tu me remontes le moral ? » Elle soupire longuement et roule des yeux, parfaite comédienne. Au fond, elle est contente d'entendre Luther résumer la situation de la sorte, avec autant de dérision et de recul : ça aide Livia à relativiser, à prendre conscience que finalement, rien de tout ça n'est vraiment grave, ni réellement dramatique. Il y a pire dans la vie, c'est certain et, lorsqu'elle prend suffisamment le temps d'y réfléchir en prenant le risque de sentir son cœur se serrer un peu trop douloureusement dans sa poitrine, elle doit admettre qu'ils ne sont déjà plus grand chose depuis longtemps, avec Liam. C'est peut-être mieux que les choses prennent officiellement fin, sans doute préférable d'y mettre un point final tant qu'il est encore temps de ne pas trop souffrir plus qu'elle ne souffre déjà. « En tout cas, je prends note que c'est pas ma vie qui t'intéresse, mais la peur de perdre tes licences. So nice of you. » Elle ajoute avec un grand sourire, l'attitude insolente et le regard pétillant. Livia n'est pas dupe, elle sait pertinemment qu'au fond, Luther est réellement concerné quant à la tournure que prennent les événements qui jalonnent la vie de la brune ces temps-ci. Il n'a pas à s'inquiéter, cependant : elle en a vu d'autres, Livia, et elle en verra probablement d'autres, avant que la vie ne décide de s'apaiser quelque peu autour d'elle. « Merci pour les compliments, Lulu. On a mis un peu de temps à trouver notre rythme mais là, je trouve qu'on s'en sort pas mal. La plupart des retours sont positifs, en tout cas, et les audiences sont en hausse. » Qu'elle explique avec une pointe de fierté dans la voix, réellement admirative du travail effectué par le personnel de la radio ces derniers mois. « C'est pas si tard que ça, papy. Au pire, t'as les replays, tu sais ? Je t'aiderai à les télécharger, t'inquiètes. » Livia accompagne sa réponse d'un clin d'œil, avant d'éclater d'un léger rire, visiblement ravie de sa blague pleine de sarcasme.

Livia écouter Luther se perdre lui-même dans ses explications bancales, son sourire amusé ne quittant pas ses lèvres un seul instant. Le brun a beau se justifier de toutes les manières possibles, et surtout les plus improbables, l'animatrice n'est pas dupe quant à l'affection fraternelle qu'il lui porte. Ils ont beau enchaîner les chamailleries d'enfants, se taquiner aussi souvent que possible et passer leur temps à repousser les limites de l'impertinence, il n'en demeure pas moins que Livia sait qu'elle peut compter sur lui à tout moment, peu importe le problème qui l'anime. Jusqu'alors, elle ne s'est d'ailleurs jamais fait prier pour faire appel à sa sagesse et à ses précieux conseils, bien que, la plupart du temps, Luther a l'habitude de prononcer les faits qui fâchent et que Livia redoute d'entendre aussi clairement et à voix haute. Elle n'aime pas entendre la vérité, parfois, mais elle sait aussi que, souvent, on n'aime pas toujours ce qu'on a besoin d'entendre. « Bien sûr, Luther, bien sûr. Je ne sais pas pourquoi, mais j'oublie systématiquement ton âme de poète ! » Elle laisse échapper avec un léger rire, clairement peu convaincue par le réquisitoire de son ami. Mais, au moins, il a eu le mérite de l'amuser. « J'ai besoin d'un café, voire de plusieurs. Comment tu fais, pour être aussi matinal ? » Véritable oiseau de nuit, Livia n'a jamais réellement été du matin. Ses pics d'activité ont toujours eu lieu en fin d'après-midi et, déjà au lycée, elle était incapable de commencer ses devoirs lorsqu'il ne faisait pas encore nuit dehors. Avec le temps, malheureusement, cette habitude ne s'est pas perdue, et a même empiré : depuis qu'elle travaille le soir, la brune a adopté un rythme de vie totalement inversé comparé à la plupart des personnes composant son entourage. « On prend tout ce que tu veux, Lulu. » Elle confirme en hochant la tête, accordant son entière confiance au palais délicat de son ami. Livia, elle, n'a jamais été particulièrement gastronome, ne disposant que très rarement du temps nécessaire à élaborer des mets poussés. « Alors, qu'est-ce que j'ai raté dans les aventures de Luther à Brisbane ? » Après tout, il a toujours des anecdotes à raconter, le brun. Sa vie est toujours pleine de péripéties et Livia adore s'en tenir informée dès qu'elle en a l'occasion, soucieuse de lui fournir les meilleurs conseils qu'elle est la première à ne pas suivre, bien sûr.

@Livia Castillo


Il se pince les lèvres dans une mimique amusée et lève un sourcil quand elle mentionne quand ses failles et ses blessures. Quand elle le remercie de privilégier ses licenses à la vie de sa petite soeur de coeur, il agite la main d’un mouvement circulaire, l’air de dire Mais je t’en prie, tout le plaisir est pour moi. Assurément. La fierté qui pointe dans la voix de la brune quand elle parle de son émission de radio qui prend son envol lui tire une petite moue attendrie. Il doit avouer que vu qu’ils se connaissent depuis trois ans, il aura pu faire l’effort d’écouter la libre antenne plus tôt. Mais il n’a pris le temps que récemment, porté par les nuits d’insomnie qui cernent légèrement ses yeux. Il répond à la petite pique sur son âge par une fausse surprise “ Ca se télécharge ? y a plus besoin de l’enregistrer sur le magnétoscope et de remonter la bande de cassette ?! ” qu’il fait mine de s’étonner, évoquant un temps qu’elle a du à peine connaître.

Quand elle lui demande comment il fait pour être matinal, il la gratifie d’un nouveau haussement de sourcil et jette un coup d'œil à sa montre. Il ne fait guère de folie luxueuse Luther, à l’exception près de cette montre qu’il a choisi avec soin. Un beau modèle au bracelet de cuir et au cadran d’émail cloisonné. Aussi original que le reste de sa personne. Il y jette un coup d’oeil et relève le nez vers Livia. “ Aussi matinal, Livia ? Matinal comme dans cinq heures de l’après-midi ? ” plaisante-t-il. Il se moque d’elle, mais en réalité, elle n’est pas la première personne à lui poser la question. C’est même généralement un léger sujet de tension avec ses compagnes, qui apprécient rarement de voir leur bouillotte personnelle quitter le lit conjugal entre six heures et demi et sept heures tous les matins parce qu’il a un emploi du ministre. “ En fait, devoir être devant mes élèves à huit heures et demi le matin ne me laisse guère le choix, et puis une fois que l’habitude est prise tu vois … en plus c’est agréable d’avoir la journée devant soi. ” qu’il avoue en haussant les épaules. Il passe commande pour eux deux puisqu’elle lui fait confiance. Un café pour elle et un chai latte pour lui et puis une montagne de sides pour le sustenter, estomac sur pattes, puisqu’elle a accepté de partager un snack. En attendant que leur commande n’arrive, il hausse les épaules et répond ? “ Les aventures de Luther à Brisbane, mh ? Pas grand chose, en fait. Clairement pas assez de matière pour un podcast en tout cas. La routine, les cours, le surf, l’escalade, les potes. ” Il ne détaille pas toutes les activités qu’il fait, car cela nécessiterait une conversation à part entière. C’est un petit bonhomme toujours très très occupé Luther, c’est justement ce qui a nui à sa dernière relation en premier lieu. Toujours par mont et par vaux, il faudrait presque prendre rendez-vous un mois à l’avance pour obtenir une soirée de libre en sa compagnie. Il a levé le pied ces derniers mois mais il se doute qu’il risque de retomber dans ces travers très rapidement. “ C’est les vacances bientôt ” ajoute-t-il “ Je vais déménager, je rends ma maison, tu sais, que je partageai avec mon ex, je retourne dans mon appart. ”. Ça fait partie de son programme chargé des prochaines vacances qui arrivent dans une semaine. Quelques jours en Nouvelle-Zélande, un déménagement et puis se souvenant qu’ils se sont rencontrés pour l’escalade précisément il lui précise “ Je vais organiser une sortie de varappe à Frog Buttress d’ailleurs pendant les vacances, si tu veux venir il reste encore une place, tu peux camper sur place ou repartir le soir même c’est à une heure de route. ” précise-t-il avec le sourire. Il lève les yeux vers le ciel, comme si il réflechissait à ce qu’il pourrait bien oublier de mentionner dans sa petite vie. “ Oh, j’ai rejoint une équipe de Trivia Night, tiens. ” ajoute-il, sur un ton presque étonné, comme si il était surpris de redécouvrir cette information sur lui même. Il la regarde, plisse les yeux et ajoute “ Ouais, je sais, ça fait vraiment truc de nerd, les trivias, mais franchement, le deal est cool, c’est avec une collègue et le bar est vraiment pas mal. Un jeudi soir par mois, tu devrais venir pour m’encourager, l’ambiance est bonne. ” dit-il en plaisantant. Il évite soigneusement le sujet qui intéresse ses proches en ce moment, sa rupture avec Elliot.

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La fausse surprise de Luther lui fait lever les yeux au ciel, mais Livia se pare tout de même d'un léger sourire amusé, appréciant toujours autant la répartie de son ami. Elle ne prend pas la peine de souligner qu'elle connaît très bien les cassettes, merci pour elle, car après tout, elle travaille en radio et que certaines leur sont encore utiles aujourd'hui encore. C'est inutile, avec le brun, et pour cause. Depuis leur rencontre, et pour une raison qui continuait de lui échapper aujourd'hui encore, Luther s'était évertué à la considérer comme une gamine et, avec le temps, Livia avait fini par se faire une raison. Après tout, elle savait que son ami agissait avec bienveillance, et qu'il n'était simplement animé, dans leur relation, que par une nécessité extrême de la protéger en tout temps, comme le ferait un frère aîné. Comme le ferait Moisés. « Attends que je te parle du concept du streaming, tu ne vas pas en revenir. » Elle laisse échapper avec un petit rire mi-moqueur, mi-affectueux, en total adéquation avec le genre de sentiments qui la tiraillent à chaque fois qu'elle se retrouve en compagnie de Luther. Lui ne se prive pas pour lui rendre la monnaie de sa pièce, le sourire en coin et l'œil pétillant de celui qui a depuis longtemps passé le stade de se soucier si ses taquineries pouvaient risquer de la blesser, tant il est parfaitement au courant que la réponse sera négative. « Hey ! Je sais pas ce que t'insinues mais je me suis pas levée dix minutes avant notre rendez-vous, hein. Compte au moins le double. » Livia avait beau être une couche-tard contrainte par son emploi, il n'en demeurait pas moins qu'en réalité, il était rare de la surprendre en pleine grasse matinée. Elle avait toujours des milliers de choses à faire, des projets multiples qui attendaient d'être travaillés et achevés, et elle ne se souvenait plus vraiment de la dernière fois où elle avait eu la sensation d'avoir une après-midi entièrement libre. « Je sais pas pourquoi mais j'oublie tout le temps que t'es prof. Pourtant, tu as la sagesse pour, mais je sais pas, quelque chose ne colle pas. » Elle prend une moue songeuse, Livia, fixant désormais Luther comme si elle cherchait à lire en lui. C'était peut-être parce qu'il était bien plus cool que la plupart des professeurs à qui elle avait eu affaire durant ses propres études. Lors de leurs premières rencontres, la brune se souvenait avoir eu beaucoup de mal à voir son désormais ami sous le prisme de l'autorité, bien qu'elle n'ait jamais mis en doute ses compétences en escalade, bien au contraire, d'ailleurs.

Livia ne regrette pas d'avoir laissé Luther passer la commande. La liste des snacks qu'il demande à la serveuse ne cesse de s'allonger, et elle n'est pas certaine qu'elle aurait été en mesure de se souvenir de tout. La femme qui s'affaire à côté de leur table semble elle-même plutôt prise au dépourvu, et la brune ressent soudainement beaucoup d'empathie à la voir accélérer la prise de commande pour avoir le temps de tout noter. « Dommage, pour le podcast. Je comptais t'inviter à ma prochaine émission, tu m'en dois toujours une. » Elle papillonne légèrement des cils, écoutant religieusement Luther évoquer son déménagement à venir. Le cœur de Livia se serre un peu dans sa poitrine : elle sait qu'elle doit éviter au maximum de détourner la conversation vers la rupture récente du brun avec son ex... fiancée ?, mais elle ne peut pas s'empêcher de partager un peu de son deuil avec lui. Elle ne comprend toujours pas comment une telle séparation avait pu se produire et, si elle avait eu un jour foi en l'amour, il était certain que tout se serait écroulé autour d'elle au moment où elle avait appris que Luther était de nouveau célibataire. « Pour le déménagement, je postule pour le rôle de celle qui ne fait pas grand chose, sauf apporter son soutien moral. Un véritable rôle de composition, tu verras. » L'animatrice laisse échapper un léger rire, consciente qu'elle n'est définitivement pas la mieux placée lorsqu'il s'agissait de déménager quiconque. Mais elle ne peut rien refuser à Luther, c'est bien connu.

L'escalade, par contre, c'est une autre histoire : Livia se redresse sur son siège à la minute où le brun l'évoque, et ses yeux se mettent à pétiller. Dernièrement, à cause de son planning chargé, elle n'a pas réellement eu le temps de se consacrer à ses passions autant qu'elle l'aurait souhaité, et la proposition de Luther tombe donc à point nommé. « Tu as prévu ça quand ? Franchement, je dis pas non à un peu de dépaysement, m'éloigner de Brisbane pendant quelques jours ne me fera pas de mal. » Elle hoche doucement la tête, s'emparant au passage de son café qui a été déposé devant elle par la serveuse quelques secondes plus tôt. La chaleur douce qui se dégage de la tasse lui réchauffe les mains, et Livia profite de cette sensation apaisante pendant quelques secondes, souriant doucement tandis qu'elle écoute son ami lui faire part de sa nouvelle obsession du moment. « C'est pas un truc de nerd du tout. Enfin, je trouve pas. Mais c'est peut-être parce que j'ai un esprit de compétition un peu trop fort, ça m'empêche d'être objective sur tout ce qui concerne de près ou de loin un classement. » Livia grimace légèrement sous l'effet de la première gorgée qui lui brûle l'œsophage, mais le goût si caractéristique du café lui apporte un réconfort qui lui arrache un soupir quasi immédiat. « Et puis, depuis quand c'est mal, d'être un nerd ? » Elle n'a jamais aimé qu'on colle des étiquettes aux gens, Livia, et encore moins lorsqu'il s'agissait de se servir de ces dernières pour en tirer des conclusions à la fois hâtives et péjoratives. « Je peux même venir participer à l'occasion, si tu veux bien de moi. C'est en équipe ? » Elle est déjà prête, la brune. La flamme de la compétition brûle en elle, et Luther n'a sans doute pas conscience de la lionne qu'il vient de libérer.

@Livia Castillo

Un sourire amusé s’étire sur ses lèvres quand elle mentionne le streaming et il lui rétorque qu’il a bien hâte de découvrir ce fantastique concept super futuriste dont il n'a absolument jamais entendu parler. Une lueur d’affection tendre et de complicité passe dans les yeux de Luther quand elle prétend s’être levée vingt minutes avant d’arriver sur place. Il sait que c’est un autre point commun qu’ils partagent, leur légère propension à négliger les grasse matinées. Certes, il doit quand même la devancer dans son lever de plusieurs heures parce que lui rien ne l’oblige à se coucher au milieu de la nuit, mais ils sont tous les deux trop occupés pour prendre du précieux temps libre en dormant, ce sacrilège. “ Mh, tu n’es pas vraiment la seule à être surprise que j’sois prof ” admet-il avec un rire, avant que son index se lève dans les airs et qu’il l’agite en souriant “ mais c’est juste que tu ne m’as pas eu comme prof au bout du compte, parce qu’au final tu verrais ça match pas trop mal.” Il prend un air de faux modeste et fanfaronne “ En toute modestie et sans vouloir me vanter, je suis pas pire en prof de maths, mes élèves s’en sortent bien. ”. Il a peut-être pas la mine courante de l’emploi, mais les choses filent droit dans sa salle de classe, il sait manier comme il faut pédagogie et autorité, et les élèves l’apprécient à sa juste valeur. Il ajoute “ En plus, il faut pas juger un moine à sa couverture, ou je sais plus quoi. ” avant que leur conversation ne se tarisse, interrompue par l'arrivée d’une serveuse. La liste de snack est fournie, mais ce n’est pas surprenant il a toujours une dent sucrée et il faut nourrir ce grand gabarit qui se dépense beaucoup. Quand l’infortunée serveuse repart avec son calepin noircit d’une liste longue comme ses pieds, il retourne son attention vers Livia et son podcast. “ Ha oui ? Je te dois une émission, moi ?! J’ai perdu un pari et j’aurai oublié ? ” demande-t-il, curieux. C’est tout à fait possible. Il faut dire qu’il est joueur et qu’il aime bien parier toutes sortes de choses. Une sorte de tradition familiale, ils ont l’habitude de se donner des défis plus ou moins absurdes entre frères, sœurs et cousin.e.s et de relever les défis. Maintenant, ils commencent à intégrer les neveux et nièces dans leur délire. Truth or dare qui a perduré malgré leur entrée dans l’âge adulte. Jamais de jeu d’argent, mais il se prête volontiers aux gages et autres promesses ; et il a fini par transposer ça dans sa vie amicale. Elle lui propose de l’aider au déménagement avec un trait d’humour et il sourit “ C’est gentil, merci. Et j’accepte avec plaisir ! Je vais devoir diversifier un peu mes recherches de volontaires, though. Parce qu’actuellement je crois bien que j’ai trois ou quatres soutiens moraux et seulement deux gros bras qui veulent bien m’aider à soulever le canapé quoi. ” Et autant, il apprécie que ses amies lui cuisent des cookies ou l’encouragent moralement, c’est pas ce qui va faire avancer son schmilblick. Faut quand même bien qu’il est rendu les clefs à la fin de la journée. La serveuse dépose devant eux leurs boissons chaudes et il la remercie en l’appelant de son prénom et en la gratifiant d’un sourire radieux. “ Mh, ca sera la troisième semaine de septembre, deuxième semaine des vacances scolaires. La première, je vais passer quelques jours en Nouvelle-Zélande avec une amie. ” Tout cela était prévu de longue date et cela ne pouvait pas mieux tomber en réalité. Quand ils ont fait leurs plans, tant avec Ariane qu’avec le club d’escalade, il était loin de s’imaginer qu’il aurait un cœur brisé à occuper et la perspective de pouvoir crouler sous les occupations et le travail le réconforte grandement. Son sourcil se lève et un petit sourire de défi vient fleurir sur ses lèvres quand elle propose de se joindre à sa nouvelle équipe de trivia night. “ Mh, je crois que l’équipe que j’ai rejoint est complète, mais tu pourrais intégrer une équipe concurrente ou créer la tienne et essayer de te mesurer à la nôtre. ” Avec un petit air satisfait qui pourrait franchement lui donner un côté tête à claque attendrissant, il ajoute “ Je garantis pas tes chances de gagner tho, ils sont vraiment bons mais tu sais comme on dit l’espoir fait vivre. Viens donc te mesurer à moi ma p’tite Livia. ” Il se rend peut-être pas compte qu’il se jette dans un bourbier entre une Livia compétitive et une Sophie mauvaise perdante. Mais ça ne manquera pas de piquant au moins. Il ajoute “ La prochaine édition est une spéciale Halloween, le jeudi 26 octobre ou un truc comme ça. ”, il sent qu’il va être terriblement mauvais ce soir là car c’est en réalité un sacrée froussard dont le coeur ne supporte pas très bien les frayeurs halloweenesques ou les jumpscares. La dernière fois qu’il a vu un film d’horreur il en a pas dormi pendant une semaine. Et je vous parle même pas de ce date où il a accepté d’entrer dans une maison hantée avec des acteurs embauchés pour faire peur aux curieux. “ Je suis pas très friand d’horreur et compagnie donc c’est peut-être ta chance de me surpasser, tu sais. ” Enfin, les snacks arrivent et envahissent leur table.

@Livia Castillo & @Luther Kealoha

Entendre Luther fanfaronner, même pour de faux, a le don de lui faire lever les yeux au ciel. Pour autant, le sourire amusé qu'elle affiche, lui, ne trompe pas sur l'amusement que toute cette conversation lui procure malgré tout. Il a beau essayer de se montrer convaincant, le brun, Livia continue à rencontrer beaucoup de difficultés à l'imaginer sous un prisme autre que celui de son frère de cœur (bien qu'elle ne l'avouera probablement pas de sitôt). « Je me demande si j'aurais aimé, t'avoir comme prof. J'aurais probablement essayé de te corrompre avec des cadeaux pour avoir de bonnes notes, me connaissant. » Livia n'avait pas eu une scolarité catastrophique, loin de là, mais elle n'avait jamais réellement été la première de sa classe pour autant. Et puis, les mathématiques... autant dire qu'elle préférait de loin l'anglais ou l'espagnol. Même si elle partait nécessairement avec une longueur d'avance, pour cette matière. « J'avoue tout, je suis démasquée. En réalité, tu ne me dois rien du tout, mais je suis ton mini-moi, non ? Et on ne refuse rien à son mini-moi, pas vrai ? » Elle laisse échapper avec un sourire en coin, heureuse d'avoir réussi à replacer aussi tôt dans la conversation le surnom que Luther lui avait visiblement affublé, au moins pour son entourage. Oh, bien sûr, il ne perdait rien pour attendre, le brun : l'animatrice, en fervente adepte du comique de répétition, n'allait pas se gêner pour y faire référence jusqu'à l'épuisement.

C'est un peu étrange, de se dire que dans quelques semaines, elle va aider Luther à déménager. Livia l'a toujours connu insolemment en couple et heureux à la même adresse et, bien que dans les faits, changer de lieu de vie ne signifie nullement que l'on laisse le bonheur dans notre logement précédent, elle sait à quel point le processus revêt, au fond, une signification bien plus symbolique que concrète. « D'ailleurs, ils sont comment, tes amis ? Genre, célibataires ? » Livia se met à rire doucement, parce qu'il est évident que ce genre de réflexion ne lui ressemble pas vraiment. Elle a beau aimer plaire et séduire, il n'en demeure pas moins qu'elle n'a jamais couru après les conquêtes comme on pourrait le penser au premier abord. En réalité, elle accorde beaucoup d'importance aux ressentis et à la complicité qui peut s'instaurer entre deux personnes, en témoigne son esprit qui est resté essentiellement concentré sur Liam pendant tout ce temps.

Elle en est déjà à la moitié de son café, et les snacks ne sont même pas encore arrivés. La fatigue que Livia sent sous-jacente commence à lui faire songer à en commander un deuxième et, alors qu'elle se prépare à avaler une nouvelle gorgée du breuvage, Luther choisit ce moment précis pour lui lancer un duel. Bon, pas vraiment, mais c'est en tout cas la même sensation de défi que la brune ressent, manquant au passage de recracher l'intégralité du liquide sur la jolie chemise de l'instructeur d'escalade. « Ma chance de te surpasser ? » Elle esquisse un sourire narquois, pose sa main sur son cœur comme si Luther venait de lui manquer de respect sans le vouloir. A ses yeux, le brun fait pratiquement partie de sa famille – en tout cas, de celle qu'elle s'est choisie. C'est donc naturel, de ressentir ce besoin de supériorité dans tout ce qui touche aux jeux de société et à l'esprit de compétition de manière générale, comme lorsqu'elle jouait à Mario Kart contre Moisés, quelques années en arrière. « Querido, je n'ai pas attendu un quizz sur les films d'horreur, pour avoir une longueur d'avance sur toi. » Livia laisse échapper un léger rire, appuyant ses propos d'un clin d'œil malicieux. Elle n'est pas sérieuse, bien entendu. Mais, tout de même : si la brune réussit à réunir suffisamment de membres pour former cette fameuse équipe concurrente, Luther peut s'attendre à un affrontement sans pitié. « Y a un truc à gagner ? Parce que je peux aussi me battre pour la gloire seulement, ça me va. » Elle sourit de plus belle, remerciant au passage le serveur qui dépose sur leur table une montagne de nourriture. Livia s'empare d'un morceau de brioche qu'elle mâche distraitement, poussant le reste des assiettes vers son ami. « Je suppose que je ne te prépare pas une soirée films d'horreur pour le 31 octobre, alors. » L'animatrice est presque déçue. Probablement parce que pour la première fois de sa vie, elle n'a pas de soirée de prévue pour Halloween alors que la date approche furieusement. C'est peut-être ça, devenir adulte.

@Livia Castillo

Il rit et rétorque que c’est impossible de l’amadouer pour obtenir des bonnes notes. Il est incorruptible affirme-t-il, et puis en plus les mathématiques ne laisse pas vraiment de place à l’interprétation philosophique, ajoute-t-il. La conversation dévie sur le déménagement. Si la rupture encore fraiche est douloureuse, le déménagement lui le laisse un peu indifférent. C’est la prise de décision qui lui est venue le plus naturellement dans toute cette histoire. Probablement parce qu’il se préparait depuis plusieurs mois déjà à libérer cette maison où il vit seul. Trop grande, trop hantée de souvenirs. Pas que de bons souvenirs d’autant plus. Il n’a jamais été plus que ça attaché au quartier, trop cossu à son goût et il se réjouit de retrouver l’appartement dont il est propriétaire depuis une bonne décennie. Un an plus tôt, cela lui avait paru tout naturel de quitter ce beau deux-pièces de célibataire pour une grande maison de couple. A refaire, il se dit que ce n’était peut-être pas si évident. On ne l’y reprendra probablement plus. Il se rapproche de son travail en plus : vingt minutes à pied porte à porte depuis son domicile, c’est un luxe que peu de citadins ont la chance de revendiquer. Reste juste à savoir quoi faire du mobilier de la maison, comme celui de son garde-meuble. Pas sur qu’il ai très envie de remettre les mêmes, ou de reprendre ceux qu’il avait acquis au début de sa trentaine. De toute façon, la surface plus petite de l’appartement va définitivement pouvoir accueillir moins de fournitures. Ça va être l’occasion de faire le tri, de revendre sur marketplace et de se meubler à sa convenance. “ Mh, si tu veux des meubles d’ailleurs. Ou des trucs, genre … tu me diras. Célibataire ? Lesquels ? mes amis i ou les amies i-e ? Bah peu importe en réalité, oui je pense. Majoritairement en tout cas. Pourquoi ? t’es intéressée ? Back on track ? ” demande-t-il avec un petit sourire amusé. Si elle rit d’un air de dire je pose la question mais j’y touche pas en réalité, Luther lui ne trouve pas que ce soit une question inutile ou anodine. Il croit fermement aux rencontres provoquées par les proches ou par les circonstances inattendues, bien davantage que celles que l’on fait en ligne ou sur les applis.

Il boit de longues gorgées de café, si bien qu’il finit sa tasse et qu’il croise le regard de la serveuse pour en commander un second. Sourire flatteur et plaisanterie badine, il a la tchat comme d’habitude. Au bout d’une semaine, sa rupture n’affecte plus cet aspect séduisant de sa personnalité. Il rit quand elle fanfaronne sur ses skills de trivia night et abonde dans son sens “ Il y a une tournée offerte pour l’équipe gagnante, classique j’imagine ; et puis la gloire éternelle bien sur. Et aussi ” et là il s’interrompt un instant pour entamer leur festin alors qu’elle croque de manière très raisonnable dans une brioche. Lui entame les toasts et les champignons et entre deux bouchées, il lui en propose un morceau. “ Donc, on disait, mh, la gloire éternelle et ma capitulation.” Il lui pique un morceau de brioche - délicieuse - et la taquine en voyant le regard de la Castillo s'illuminer “ Ha, j’savais bien que ça te plairait ma reconnaissance et ma reddition. ” se moque-t-il avant de continuer “ Oui, non. Pas de films d’horreur. ” en riant de bon coeur. “ Surtout qu’maintenant je peux plus faire chier personne pour dormir avec moi pendant une semaine parce qu’on m’a fait voir Paranormal Activity et que le parquet craque donc merci bien.”. Il ajoute “ En fait, le 31 la tradition familiale veut que j'accompagne mes neveux nièces au trick or treats de toute façon.” avoue-t-il en faisant une grimace songeuse. “ Tu fais quelque chose pour Halloween ? Ces dernières années, j’allais à une soirée le dernier weekend d’octobre avec Elliot chez des amis à elle mais je ne sais pas trop comment … hé bien. Je ne sais pas, on verra j’imagine. Ce sont devenus de bons amis pour moi aussi, alors, oui je ne sais pas trop, bon ce n’est pas avant un mois et demi de toute façon. ” Il sourit un peu tristement et puis son menton vient se poser sur la paume de sa main et il hausse les épaules “ Joie des ruptures, on adore ” plaisante-t-il faiblement.