TW : divorce, violences conjugales, infidélité.
âge & naissance : Tout juste quarante-cinq ans, native de Brisbane en Australie ; premier cri poussé le neuf juin de l'année 1978 à l'heure où la rosée commençait à doucement s'évaporer. origines & nationalité : Goût de sel marin sur sa peau délicate et accent prononcé, nationalité australienne qu'elle ne peut dissimuler ; ascendances américaines du côté de sa mère qui viennent compléter le tableau, famille implantée dans la région depuis plusieurs générations. Quant à son géniteur, le seul cadeau qu'il ne lui a jamais offert sont ses gênes et donc par conséquent ses origines juives Ashkénazes. finances et emploi : $$$$$, elle est loin de rouler sur l'or, Liv. Pension alimentaire que lui verse son ex-mari tous les mois et petit salaire d'institutrice à l'école primaire the new farm state school, elle se suffit de peu. Détentrice d'un master en architecture qui ne lui aura finalement presque jamais servi, la jeune Morgan à l'époque, insouciante et ambitieuse se destinait à un avenir brillant. Mais tout ne s'est pas passé comme prévu et son existence a finalement pris un tournant que ses plans initiaux n'auraient pu envisager. C'est donc en tant que femme au foyer qu'elle a passé une majeure partie de sa vie, un rôle à temps plein qui lui convenait bien à ce moment-là, lui permettant même d'exercer une petite activité d'écrivaine et illustratrice de livre pour enfant et adolescent sous un pseudonyme. statut civil : Divorcée depuis un peu plus de trois ans, liberté retrouvée mais quelque peu amère ; aujourd'hui célibataire, trace fantôme de son alliance à l'annuaire gauche qu'elle ne tient pas particulièrement à revêtir d'une autre bague. orientation sexuelle : bisexuelle, une orientation qu'elle ne crie pas sur tous les toits par pudeur, ça ne regarde qu'elle après tout ; mais qu'elle ne réfute pas pour autant. Peu d'expérience avec les femmes cependant et une mauvaise expérience avec un homme, elle ne sait donc pas bien ce qui l'attire le plus en ce moment. situation familiale : Un père qu'elle ne connait pas, une mère et des grands-parents maternelles omniprésents durant la presque totalité de sa vie ; elle tente de se détacher davantage d'eux et de leurs opinions, désormais. Trois enfants de son sang, une quatrième plus âgée qu'elle a élevé comme la sienne mais avec qui la relation s'étiole depuis le divorcé prononcé.  signe astrologique : Gémeaux, signe de l'air, ascendant cancer. La communication, la raison, la curiosité et l'esprit, en contraste avec les émotions, l'intuition, la sensibilité. le pire tue-l'amour : La violence dans les mots, dans les gestes ou dans l'intimité, brutalité dans le regard à son encontre ; elle fuit ces choses désormais. un fantasme : Fantasme impossible à ses yeux, parce qu'on ne peut pas revenir en arrière, remonter le cours du temps ; pourtant parfois elle se complait à s'imaginer être aussi comblée qu'autrefois, retrouver cette étincelle de vie qui la caractérisait tant. Aujourd'hui elle feint la lumière car c'est toujours mieux que de sombrer dans l'obscurité la plus totale. Mais elle aimerait ressentir ça à nouveau, cette douce chaleur d'espoir et de désir l'inondant, réparant les fêlures qui parsèment son âme ; la faire se sentir à nouveau pleinement vivante, pleinement elle-même et confiante. à Brisbane depuis : C'est ici qu'elle a éclos et c'est ici qu'elle a aussi pris racine ; en dehors du cadre de ses études, Olive n'a jamais prononcé le souhait de partir autre part, puisqu'elle a toujours trouvé tout ce qu'il lui fallait et bien plus encore, sur ces terres australiennes.

traits de caractère : douce, calme/réfléchie, solaire en apparence, pudique, chaleureuse/accueillante, discrète/préfère rester à l'écart qu'être le centre de l'attention, patiente, sociable, futée/brillante, éclectique/curieuse de nature, économe, rêveuse/pleine d'imagination, méfiante : notamment, a du mal à faire confiance à autrui, mais une fois qu'elle le fait, elle est très ouverte, lunatique, a un bon sens de l'humour, émotive/sentimentale, sensible (a du mal à contrôler ses émotions), parfois à fleur de peau, fidèle, généreuse, vulnérable, a parfois du mal à s'organiser, maternelle/protectrice, passionnée, a un côté autoritaire notamment avec ses enfants et ses élèves, mais extrêmement aimante avec eux, perfectionniste (de manière négative), solutionniste surtout pour les autres, serviable, parfois fuyante (déteste les conflits), susceptible, angoissée, fidèle, casanière, dévouée à ses proches, résistante, craintive, courageuse/peut se montrer audacieuse par moment, indécise certaines fois, essaie de vivre une vie plus heureuse mais parfois emprunte d'une profonde tristesse.

avatar : Natalie Portman (American, Ashkenazi Jewish).

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romantisme (50%)	level de drague (30%)
engagement (30%)	passion (80%)
performance au lit (75%)	fidélité (100%)
nombre de cœurs brisés (20%)	recherche de l'amour (20%)

♡ qu'est-ce que le grand amour, selon ton personnage ? est-il à sa recherche actuellement ?
L'amour, Liv n'avait que ce mot à la bouche lorsqu'elle était plus jeune. Comédies et séries romantiques en intra-veineuse, histoires et romans de cape et d'épée dans la bibliothèque de ses grands-parents, un idéal qui s'est forgé dans sa tête, l'envie de réussir là où sa mère avait échoué -elle qui s'est concentrée sur sa carrière et qui n'a jamais su se poser durablement avec un autre homme, l'envie de lui montrer que l'amour existe encore ; que les beaux mariages réussis, les familles soudées et heureuses, ça n'est pas que dans la fiction. Et elle y a cru, Liv, pendant très longtemps même, au grand amour. Peut-être pensait-elle qu'il suffisait d'aimer plus fort, toujours plus fort, de donner davantage de sa personne pour que les tempêtes ne cessent, pour laisser place à de nouvelles éclaircies. Mais elle a appris à ses dépends que tout n'est pas comme ce qu'on voit à la télévision, Liv. Et que si le grand amour existe vraiment, il ne se trouvait pas au sein de sa demeure.

Peut-être l'a-t-elle connu, peut-être pas ; Liv ne sait plus bien où elle en est à l'heure actuelle. Qu'est-ce que l'amour finalement ? Comment se manifeste-t-il quand il n'est pas malsain ou malintentionné ? Elle pensait le savoir, pensait l'avoir plus qu'effleuré du bout des doigts ; mais peut-être se trompe-t-elle, peut-être l'a-t-elle juste rêvé tout ce temps. Derrière cette façade pour rassurer ses enfants il y a ce doute, imprégné sous sa peau, marqué au fer rouge. Elle ne cherche même plus à comprendre, à découvrir la vérité ; elle est une mère désormais et cela ne fait plus partie de ses priorités.

♡ quelle a été la plus grosse déception amoureuse de ton personnage ?
Dix-huit années d'un mariage parti en poussière, d'une union qu'elle aurait voulu voir fonctionner et pour laquelle elle a tant sacrifié. Liv aimerait pouvoir dire que cette rupture est un mal pour un bien, mais la vérité est qu'elle y a brûlé ses ailes, que son cœur a bien du mal à s'en remettre. Parce qu'elle doute de tout désormais ; à cause de lui, à cause de tout ce qu'il lui a fait croire, tout ce qu'il a pu lui dire. L'impression que l'amour n'est qu'un mirage, qu'elle n'a jamais fait les bons choix. Et si elle avait écouté son cœur lorsqu'elle était plus jeune, si elle n'avait pas écouté sa famille qui désapprouvait sa relation avec Kanoa, sa vie aurait-elle été différente ? Les regrets s'immiscent parfois dans son esprit, rapidement adoucie par la présence de ses enfants qui la réconforte ; et lui rappelle que tout ce temps passé aux côtés de son ancien compagnon n'est pas à jeter, que toutes ces décisions et ces souffrances n'ont pas été totalement vaines.



Exister est un phénomène colossal — qui n’a aucun sens. C’est ainsi que je définirais l’ahurissement dans lequel je vis jour après jour.
Emil Cioran, Ébauches du vertige

(un) De son enfance, elle ne se rappelle que de moments essentiellement joyeux ; la cour de récré où elle aimait jouer avec ses amis, le chemin parcouru jusqu’à la maison de ses grands-parents après l’école ; lieu où l’attendait toujours un délicieux goûter, patientant pour le retour de sa mère -Philippa-, infirmière en hôpital. Père aux abonnés absents, Olive ne connait pas celui avec qui elle partage pourtant la moitié de ses gènes ; elle sait seulement que ses parents se sont rencontrés au lycée et qu’ils ont été mariés sur une courte période après sa naissance. Et puis un beau matin, l’époux avait quitté les lieux sans laisser de trace ; seulement une lettre d’excuse. Mais la petite fille n’en était pas malheureuse ; elle aimait à s’imaginer que de son côté, elle trouverait le prince charmant, rêves fugaces très tôt alimentés par les plans que toute sa famille prospectait ; de grandes espérances placées sur les épaules de cette enfant unique.

(deux) A la limite du prodige, sa mère s’est honnêtement toujours demandée comment Olive peut combiner cette intelligence d’esprit à une telle habileté. Danse, flûte traversière, équitation, dessin, judo mais aussi membre du club de maths et grande gagnante du concours d’orthographe inter-écoles plusieurs années de suite, l’enfant a plus d’une corde à son arc et ne ménage pas ses efforts ; à croire que Miss je-sais-tout-faire cherche à prouver au monde entier sa capacité à entreprendre à peu près n’importe quoi et le réussir. Fierté de sa figure maternelle, l’approbation des grands-parents est également particulièrement importante, raison pour laquelle la petite fille s’est aussi essayée aux cours de catéchisme jusqu’à ses onze ans environ -jusqu’à ce qu’elle soumettre son envie d’arrêter plus précisément ; mamie et papy sont des catholiques non pratiquants, mais à cœur que la prunelle de leurs yeux soit baptisée et qu’elle intègre quelques valeurs jugées fondamentales pour eux. Si Olive devait être honnête là-dessus, elle dirait sans détour que ça n’était pas ses moments préférés de la semaine ; mais ça leur faisait plaisir et c’était finalement le plus important pour la jeune Morgan à cette époque, au même titre que l’option latin au lycée -qui jusqu’ici, ne lui a jamais servi.

De la vie, on ne garde que quelques étreintes fugaces et la lumière d’un paysage.
Léonor de Récondo, Amours

(trois) Et puis elle grandit, Olive. Senior Secondary Certificate en poche, elle se dirige vers des études artistiques ; trois années au Sydney College of the Arts, la première fois de son existence qu’elle quitte Brisbane pour une autre raison que les vacances. L’expérience est enrichissante ; la jeune femme se découvre davantage, apprend aussi beaucoup de nouvelles choses. Et si elle ne savait pas vraiment quoi faire de sa vie en quittant sa ville natale, sa vision s’est largement éclaircie lorsqu’elle y revient : elle veut devenir architecte. Détentrice d’un Bachelor Degree en Visual art, elle poursuit donc ses études à Brisbane pendant cinq autres années.

(quatre) Naïveté et insouciance, vingt quatre années au compteur d'une existence sans éraflure ; la vie est toujours aussi douce pour Olive. La vie est généreuse et elle se sent heureuse. Puis vient le jour fatidique, confrontée au vrai premier dilemme de sa vie : l’amour passionnel ou l'approbation de sa famille. L'impression de se retrouver dans une comédie romantique comme elle en a tant regardé durant l'adolescence. Kanoa, cette rencontre hasardeuse dans un parc ; la jeune femme lui proposant de faire son portait, sourire radieux aux lèvres, léger rouge aux joues. Il avait ce petit truc en plus, celui qui fait qu’elle l’a remarqué, qu’elle a voulu le dessiner ; cette aura émanant de lui qui l’a tout de suite faite chavirer. Jamais Liv n’avait rencontré quelqu’un comme lui. Jamais Liv n’avait aimé aussi fort. Il était plus qu’une amourette ; il était son tout premier acte d’égoïsme. Parce qu’elle voulait le garder juste pour elle, dans cette jolie bulle qu’ils s’étaient construite. Parce qu’elle ne voulait pas avoir à affronter les possibles jugements de ses proches. Elle savait qu’il n’était pas du genre à s’engager, pas du genre à lui passer la bague au doigt. Elle savait qu’il ne leur plairait pas. Mais elle l’aimait comme ça, volatile et immature. Et puis la vérité a fini par éclater ; et comme bien souvent ses grands-parents s'en sont mêlés. "Il est trop vieux pour toi, ça ne fonctionnera pas sur le long terme.” Même sa mère y a mis son grain de sel. “Tu finiras par souffrir. Et puis tu pourrais trouver tellement mieux.” Et Olive se laisse convaincre ; parce qu’elle est naïve et insouciante, oui, trop jeune pour s'imposer ; parce qu’elle ne connaît rien à la vie et qu’elle ne veut pas se rebeller contre ceux qui lui ont tout offert. Et pourtant, quand elle annonce à son soupirant la terrible nouvelle, elle tremble comme une feuille, pleure comme jamais elle n’avait pleuré ; et son cœur se serre fort, si fort dans sa poitrine. Elle ne croit pas un traître mot des paroles, bêtement répétées qu’elle prononce pour finalement lui dire entre deux sanglots : que tout est fini entre eux.

(cinq) C’est au bras d’un autre homme qu’elle éponge sa peine ; Micah de son prénom, présent dans sa vie depuis plusieurs années déjà, première rencontre durant un tutorat en troisième année. A ce moment-là l’homme de vingt-neuf ans est marié et sa compagne est enceinte d’une petite fille. Une grossesse à risque qui malheureusement se complique de manière inattendue lors de l’accouchement ; et la jeune femme y perd la vie. Ayant gardé des contacts avec son ancien tuteur, Liv est forcément touchée par cette nouvelle lorsqu’elle l’apprend, lui apportant beaucoup de soutien ; les Morgan n'hésitent d’ailleurs pas à l’inviter chez eux régulièrement et les choses se font finalement assez naturellement. D’ami de la famille, Micah finit par devenir le compagnon d’Olive, officiel et approuvé par ses proches, cette fois. Il faut dire que l'homme a tout pour leur plaire : il est catholique, de bonne famille, sérieux architecte charismatique, drôle, avenant, serviable ; et son enfant est adorable, la jeune femme s’y attache beaucoup, se découvrant une fibre maternelle toute aussi soudaine que naturelle. Tout juste sortie de ses études à ses vingt-six ans, il la demande en mariage et elle accepte ; conte de fée dont elle avait toujours rêvé un an plus tard.

Quand on a vécu dans sa chair ce qu’il y a de plus obscur, on comprend combien il faut choyer la lumière, aussi éphémère soit-elle.
Léonor de Récondo, Amours

(six) Trois beau enfants naissent de cette union : Shiloh, un premier garçon né en 2007, puis vient au monde Joah en 2011, un deuxième petit bonhomme ; et enfin pour compléter la fratrie, Liv donna finalement naissance à Pippa en 2016. Quatre enfants à charge en comptant la fille de la première union de Micah que son épouse élève comme s'il s'agissait de la sienne. La jeune femme devient mère au foyer à temps plein sous les encouragements de son conjoint, laissant de côté ses espoirs de devenir une grande architecte ; diplôme obtenu mais qui ne servira pratiquement jamais. C'est le mari qui rapporte l'argent, qui gagne plus que correctement sa vie ; employé dans une grande entreprise comme ingénieur civil architecte, l'homme est respecté, admiré. Malgré le rôle très accaparant de maman, Liv souhaite trouver une occupation pour ne pas vivre par procuration à travers son mari et ses enfants. Atelier aménagé dans l'une des pièces de leur grande maison, elle dessine, gribouille, laisse libre court à son imagination. Elle crée des plans de la maison de ses rêves, celle que Micah lui a promis qu'ils construiront dès qu'il pourra la lui offrir. Lorsque Shiloh et la fille de son mari ont déjà quelques années au compteur, elle se met à inventer des histoires qu'elle illustre de sa main pour les lire aux enfants le soir ; ils adorent et cela devient une habitude, un rituel. L'idée germe petit à petit dans son esprit de se faire éditer, parce que tous ses proches louent le talent de la petite brune, même les parents de certains amis des enfants à qui les contes sont prêtés. Sur un coup de tête, elle envoie plusieurs manuscrits à Allen & Unwin dans le cadre de leur système The Friday Pitch et sa candidature est retenue. C'est ainsi que Liv se fait publier sous le pseudonyme de Penelope Gibson, son deuxième prénom et le nom de jeune fille de sa grand-mère ; Micah n'appréciant pas vraiment son initiative et n'acceptant "son petit hobby" -comme il aime à l'appeler, qu'à la seule condition qu'elle ne décline pas sa véritable identité.

(sept)  (TW : mentions de violences psychologiques et sexuelles, violences conjugales) Mariage naufragé, Liv ne se rend compte qu'elle coule que trop tard ; la tête sous l'eau, les poumons privés d'air, tentant désespérément de se maintenir à flot. Cela commence très tôt durant leur union, des remarques balancées ici et là, une domination dans les décisions, certaines allant même jusqu'à être imposées. Souvent il la rabaisse, de plus en plus souvent avec les années ; parfois devant les enfants qui ne comprennent pas la gravité de la situation, rigolent avec leur père des moqueries faussement innocentes. Micah éloigne aussi sa femme de ceux qu'il n'approuve pas ; amis, famille, connaissances. Il veut de plus en plus choisir pour elle, ses fréquentations, ses habits, son emploi du temps. Les disputes deviennent récurrentes, puisque Liv ne se laisse pas toujours faire ; mais c'est lui qui a le dernier mot. Parce qu'avec le temps, l'épouse commence à avoir peur de jusqu'où il pourrait aller. Il est violent dans ses paroles, excès de colère quand il n'obtient pas ce qu'il veut, quand la moindre chose lui déplait. Au début, sa femme attribue ses comportements à de l'impulsivité, sang chaud coulant peut-être dans ses veines. Cependant il n'est comme ça qu'avec elle, comme si elle était son souffre-douleur, son exutoire pour libérer ses frustrations. A la moindre faute c'est un torrent d'insultes, de piques acérées qui s'extirpent de sa bouche. La seule issue pour le calmer est de se soumettre à ses demandes, à ses envies, d'aller dans son sens ; que tout soit parfait, comme il le désire. Elle n'a pas toujours envie mais il la force à avoir des rapports sexuels quand c'est lui qui le veut ; et même si elle trouve le courage de dire "non", il se montre insistant, jusqu'à ce qu'elle cède. Parce que c'est la meilleure chose à faire pour avoir la paix, n'est-ce pas ? Et encore, ça ne suffit pas à chaque fois, il trouve toujours à redire, un détail oublié, un problème qui de base n'en était pas un. Olive fatigue petit à petit, pression constante sur ses épaules. Elle se sent mieux la journée, quand il n'est pas là ; boule au ventre lorsque la porte d'entrée s'ouvre le soir. Elle tient le coup, pour ses enfants, lutte pour maintenir un équilibre au sein de la demeure. Il y a des périodes durant ces dix-huit ans de couple où tout va mieux, où elle retrouve l'homme qu'elle pensait avoir épousé. Notamment les premières fois où elle le menace de le quitter. Alors il redevient doux, attentionné, à l'écoute ; mais ça ne dure jamais. Quand il comprend qu'elle n'a pas vraiment l'intention de partir, c'est à nouveau lui qui a l'avantage ; et graduellement, les choses s'aggravent à nouveau. Chantage, indifférence, manipulation deviennent son quotidien. Et puis il lui dit qu'elle n'est rien sans lui, qu'elle n'aurait nulle part où aller, qu'elle perdrait tout. Et il y a des moments où elle le croit, des moments où elle se résigne. Elle sourit moins, se sent moins jouasse et l'étincelle dans ses yeux faiblit. Il ne reste plus que ses deux filles et ses deux garçons pour qu'elle ne se noie pas totalement dans cet océan de noirceur.

There is something big coming, bigger than love, bigger than aloneness. She's staying up all night for it.
Sharon Olds, from "Something Is Happening", One Secret Thing: Poems

(huit) (TW : infidélité) Elle trouve le courage d'en parler, à quelques personnes. Et toutes lui disent la même chose : fuir, fuir le plus loin possible de cette relation, de cet homme, de son emprise. Mais elle a l'impression que c'est impossible, que c'est mal ; partir, mais partir où ? Et puis elle a des enfants, des responsabilités. Elle se raisonne, elle se ment. Ca n'est pas si terrible ; des jours elle minimise, d'autres tout lui semble insupportable. Par précaution elle met un peu d'argent de côté, une minime partie des sous qu'elle touche sur ses livres, dont le reste atterrit sur les comptes de ses enfants. Elle installe une application de rencontre, discute avec quelques personnes pour s'accrocher à la moindre parcelle de positif ; mais se ravise bien rapidement, par crainte que son époux ne s'en rende compte de quelque chose et parce que c'est mal, que ça ne lui ressemble pas. Des fois elle baisse sa garde, lorsqu'il change de comportement, qu'il semble regretter la façon dont les choses se passent entre eux ; et puis trop vite, il recommence à la faire culpabiliser, à la faire se sentir misérable. Les derniers mois, il la trouve amaigrie, fatiguée, pâle, lui balance qu'elle ne fait pas d'effort pour lui plaire, qu'elle ne l'attire plus. Et puis finalement, il la trompe avec l'une de ses collègues. C'est cette dernière qui prévient son épouse, les remords peut-être, ou alors une simple vengeance. Liv n'a pas les détails de cette infidélité : depuis combien de temps cela dure-t-il ? Quelles sont les raisons qui l'ont poussé à passer à l'acte ? Peu importe, c'est comme si elle ne ressentait déjà plus rien. L'amour est mort entre eux, depuis déjà trop d'années. Dans une dernière once de courage, avec le peu d'énergie qu'il ne lui a pas encore pompé, elle prend les devants. Elle prépare la paperasse puis parle avec lui un soir. Elle n'est pas en colère, ni triste. Elle est froide, intransigeante pour la première fois de sa vie avec lui, presqu'un peu effroyable aux yeux de Micah. Elle reste calme lorsque le terme "divorce" est évoqué. Elle ne lui laisse pas le choix et il se met à pleurer, à la supplier : de le pardonner, de lui laisser une dernière chance. Elle a repris l'avantage et elle pourrait presque en sourire, mais il ne l'amadouera plus jamais. C'est lui qui cède, c'est elle qui a le dernier mot.

(neuf) (TW : divorce) Yeux levés vers le ciel d'un bleu éclatant, elle observe les oisillons virevolter dans les airs. Un soupire passe la barrière de ses lèvres ; Des cernes violettes entourent ses yeux, sclérotiques et joues rougis par les larmes de la veille. Carton de bibelot entre ses bras, ses pas finissent par la conduire jusqu'au porche de sa nouvelle demeure. La maison n'a rien du prestige et du charme de l'ancienne ; seule la couleur de la bâtisse, d'un blanc immaculé pourrait s'y apparenter. On est bien loin de la maison de mes rêves, pense-t-elle succinctement. Elle dépose la large boîte au sol, passe une main sur le haut de son front perlé de sueur. Elle n'a pas le temps de vraiment se reposer, puisque ses trois enfants se dirigent vers elle, chacun avec leur revendication : faim, soif, mal aux jambes. Elle les écoute et leur sourit chaleureusement et la petite famille se dirige ensuite vers l'intérieur de l'habitation. Ca sent la poussière, le vieux bois, ça pique le nez et Pippa éternue, d'ailleurs. La petite fille attrape la main de sa mère et avec les deux garçons, ils se dirigent tous ensemble vers la cuisine. Liv sert des verres d'eau, sort des brioches d'un paquet plastifié. La journée est loin d'être terminée, tous les meubles à décharger, un confort à réinstaller ; tout est à refaire. Le verdict du divorce plane encore dans les airs, tend le moindre nerfs du corps de la maman. Elle s'est sentie souillée, ridiculisée. Evidemment, son ex-mari a tourné sa plaidoirie au ridicule. Evidemment, avoir été infidèle, violent envers sa femme pendant dix-huit ans ne l'a pas empêché d'avoir la garde de leurs enfants deux semaines dans le mois. Tout le monde le trouve tellement parfait, tellement irréprochable, vu de l'extérieur. Evidemment, la plupart de leurs proches, de leurs amis ont tourné le dos à la Morgan. Elle devra s'y faire, se relever, avancer. Parce qu'elle est libre, malgré tout ; amère d'une telle injustice, mais émancipée, affranchie pour la première fois depuis presque deux décennies.

(en vrac) Pippa, la petite dernière de Liv, a été diagnostiqué comme ayant un trouble du spectre de l'autisme lorsqu'elle avait un peu plus de deux ans et demi. Elle partage un lien très fort avec sa mère qui contrairement à son ex-mari, est très investie dans l'accompagnement et la compréhension de sa particularité (Liv a même rédigé et illustré plusieurs livres à ce sujet où le personnage principal se trouve être également dans le spectre de l'autisme) ; le changement de routine qu'a engendré le divorce de ses parents a par ailleurs énormément chamboulé l'enfant · Peur panique des orages depuis son plus jeune âge, expérience traumatisante d’un jour où elle s'est retrouvée sur le petit bateau de son grand-père pour pêcher et qu'une tempête s'est abattue sur eux · amatrice de yoga et de course à pied, extérioriser les colères, les peines et les frustrations sous forme de grosse goutte de sueur · lève-très-tôt, ne se rappelle pas de la dernière fois où elle a fait une grasse matinée · passion pour les plantes, ne compte plus leur nombre dans la maison et le jardin tant elles sont nombreuses ; apprécie passer du temps à les arroser et à en prendre soin, moment de méditation au même titre que le dessin · s'habille toujours très simplement, ne se maquille pas ou presque ; ne s'est pas sentie féminine depuis un certain temps · Max est un magnifique golden retriever de trois ans qu'ont adopté Liv et ses enfants. Il est surtout un chien d'assistance pour Pippa qui lui permet notamment de se sentir un peu mieux lorsqu'elle est chez son père · Elle a aussi un chat, une femelle qui s'appelle Cleo et qu'elle a depuis une dizaine d'années · Le petit pêcher mignon d'Olive se trouve être le miel : elle est d'ailleurs fascinée par les abeilles depuis toute petite · Elle porte des lentilles en extérieur pour compenser une vilaine myopie trainée depuis l'enfance. Mais chez elle, Liv préfère porter ses lunettes · Maman poule, participe activement aux évènements scolaires de ses enfants, membre de plusieurs associations caritatives · Enseignante à l'école primaire depuis un peu plus d'un an, après avoir fait une formation tremplin de douze mois lui permettant d'accéder à ce métier suite à son divorce -sa famille l'a aidé financièrement durant cette période · Mobiliers et biens partagés avec son ex-mari, il ne reste plus grand chose à Liv qui a dû contracter un crédit pour pouvoir payer sa nouvelle maison ; la moitié du prix de l'ancienne n'ayant pas suffit à racheter quelque chose d'assez grand pour héberger toute sa petite famille · Elle est suivie psychologiquement par un professionnel depuis quelques années pour réussir à s'en sortir · Liv n'en veut plus à ses grands-parents ni même à sa mère pour la façon dont ils se sont parfois immiscés dans sa vie -ça lui est déjà arrivé, mais elle sait que dans le fond, c'était bienveillant et qu'ils ne voulaient pas mal faire, même si c'était parfois déplacé. Aujourd'hui ses grands parents sont très vieux et sa mère est à la retraite ; tous les trois l'ont soutenus lors de son divorce et dans le début de cette nouvelle vie. Mais elle est elle-même désormais assez âgée pour ne plus jamais les laisser s'imposer dans ses choix futurs.

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