- DRINKING MY SORROWS AWAY -
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o u t f i t · C’est avec un sourire aux lèvres que l’homme se dirige vers la demeure de son amie. Car il faut bien l’avouer, depuis quelques mois, les choses vont mieux pour Leon. Il revient de loin, de très loin même ; et rien n’est encore parfait et il le sait bien. Mais pour la première fois en plus d’un an, plus particulièrement depuis qu’il se tient éloigné des bouteilles d’alcool, il dort mieux, se sent mieux de manière générale, que ce soit dans son corps mais aussi dans sa tête. Par des petits détails que la plupart ne sauraient voir, certains ont remarqué une différence notable, ceux qui le connaissent le mieux en général, comme sa famille, ses amis. Le musicien a même déjà eu le droit aux fameuses questions indiscrètes “Qu’est-ce qui te met de si bonne humeur ? Tu fréquentes quelqu’un c’est ça ?” et le guitariste se contente de rire et de lever les yeux au ciel, amusé par les réactions de ses proches ; mais leur assurant qu’il n'y a personne, qu’il a juste arrêté de fumer, qu’il fait un peu plus de sport et qu’il mange mieux, que ça l’aide à se projeter et à se stimuler ; se contentant ainsi de dissimuler cette vérité que lui-même n’est pas encore prêt à admettre. Car s’il a réussi à arrêter de boire et de fumer, s’il fait plus de sport et mange un peu mieux, ce n’est que grâce à la simple présence rassurante et indispensable de Hazel, qui l’aide et le soutient au quotidien. Qu’est-elle réellement pour lui ? Une bonne amie, une amante, une âme-soeur ? Les trois en même temps ou bien plus encore que ça ? Lui-même ne saurait répondre à cette question, qui l’effraie et auquel il ne veut pas se confronter. Car si jusqu’ici, Leon avait utilisé sa sexualité pour assouvir son besoin de contact physique et se sentir sécurisé, il est clair que les choses ont largement dépassé ce simple stade avec la professeure.

Quoi qu’il en soit, l’homme arrive devant chez son amie, tire quelques taffes sur sa cigarette électronique avant de la ranger dans la poche de son pantalon et de frapper à la porte. Hera lui ouvre quelques secondes plus tard et ce qui interloque tout de suite le guitariste, sont l'air légèrement hébété et le regard vaseux de son amie. La lueur dans ses grands yeux bleus n’est pas tout à fait la même que d’habitude, mais peut-être se trompe-t-il. “Salut !” Lui répond-il en embrassant sa joue, avant de s’engouffrer à l’intérieur. “Ça va bien et toi ?” Demande-t-il ensuite en retour, posant son étui à guitare dans l’entrée puis faisant quelques pas de plus dans l’appartement. Il regarde autour de lui ; cela faisait un petit moment qu’il n’était pas venu en ces lieux mais rien ne semble avoir changé si ce n’est quelques éléments de décoration.

Il revient ensuite en direction de son amie, un large rictus aux lèvres. “Je t’avoue que j’avais hâte de te voir pour qu’on discute de l’idée que j’ai eu.” Son regard est chaleureux, mais lorsqu’il dérive ensuite vers le salon et aperçoit cette fameuse bouteille de whisky trônant avec prestance sur la table, son sourire s'affaisse et ses sourcils se froncent. Le musicien est un peu perturbé ; son homologue féminin est pourtant au courant des soucis d’alcool du grand brun, alors est-ce juste un oubli ? Leon déglutit mais tente de prendre la situation avec humour plutôt que de taper un scandale ; ça n’est pas son genre et il est bien de trop bonne humeur pour ça, après tout.  “Eh bah, la perspective de passer la soirée avec moi t’était si désagréable qu’il a fallu que tu boives pour te donner du courage ?” Dit-il alors d’un ton amusé en balançant sa tête en direction de la bouteille afin de la désigner à son hôte.

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o u t f i t · Le musicien déborde d’enthousiasme lorsqu’il entre dans l’appartement de son amie ; il a particulièrement hâte d’aborder le sujet de sa venue avec cette dernière, espérant que cela lui fera également plaisir. Il sait que la belle blonde traverse une passage à vide ces derniers temps, aussi il aimerait réussir à la motiver, à lui redonner un peu de joie de vivre.

A première vue elle ne semble pas particulièrement réceptive, marmonnant aller bien avant de le rejoindre dans la pièce principale. Elle avoue avoir tout de même envie de savoir ce que mijote le grand brun, mais la conversation prend rapidement une autre tournure lorsque le guitariste se rend compte de la présence d’une bouteille de whisky trônant fièrement sur la table à quelques mètres de là.

Leon préfère faire une remarque légère à ce propos, après tout les choses vont plutôt bien pour lui en ce moment, alors l’envie de boire ne se fait pas omniprésente dans son esprit ; mais Hera prend la réflexion très à cœur et se précipite pour ranger l’alcool dans un placard, se confondant en excuses auprès de son invité. “C’est rien, t’en fais pas.” Ce dernier lui sourit avec bienveillance, presque avec amusement ; du moins jusqu’à ce que la percussionniste s’énerve soudainement contre elle-même, s’exclamant être conne. “Mais non, ça arrive ! Y’a aucun malaise, vraiment.” La réaction de la Weaver le surprend un peu ; elle n’est d’ordinaire pas autant à fleur de peau, ni du genre à partir au quart de tour comme présentement.

A moins que ça ne soit l’alcool qu’elle a ingéré juste avant sa venue qui modifie à ce point son tempérament ? Cela voudrait dire qu’elle a bu bien plus qu’un verre, mais corrélerait avec les yeux vitreux de son hôte. Doucement il s’approche alors de son homologue féminin, pose une main sur son épaule. “Hé… T’es sûr que tout va bien ? J’te sens… Pas comme d’habitude.”

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o u t f i t · Légèrement saoule, Hera n’est clairement pas dans son état normal ; et plus inquiétant encore, elle ne respire pas du tout la joie de vivre. Le musicien perçoit assez rapidement le malaise qui émane de son amie et la persuade donc de se confier à lui : chose qu’elle fait la seconde suivante, en avouant qu'effectivement, tout ne va pas bien. Automatiquement, sa main sur l’épaule de son interlocutrice se fait plus réconfortante et ses doigts tracent de légères caresses sur le haut de son dos ; la Weaver l'incite ensuite à la suivre jusqu’au salon où tous les deux s'écrasent sur des fauteuils.

Puis elle reprend enfin la parole. Elle ne sait pas où elle en est, elle n’a plus envie de rien, a l’impression que plus rien n’a d'intérêt ; en bref, elle s’ennuie. Presque immédiatement, elle ajoute ne pas vouloir embêter le grand brun avec ses états d’âme et ce dernier secoue la tête de gauche à droite la tête. “Tu m’embêtes pas.” Mais apparemment, ses paroles ne suffisent pas à convaincre la concernée puisqu’elle cherche à subitement changer de sujet. L’homme désapprouve, ses sourcils se fronçant davantage. “Quoi ? Non, on va pas parler de mon idée, c’est pas rien ce que tu viens de dire, là.” Dit-il d’un ton impliqué, accentuant ses mots par des gestes élancés.

Il la regarde droit dans les yeux, les traits de son visage trahissant sa légère confusion. Ca se voit qu’il est tracassé ; et qu’il n’a pas l’intention de bâcler la discussion. “Hera, j’veux pas jouer au donneur de leçon, ça serait super mal venu d'ma part, mais je prends pas du tout à la légère ce qu’il se passe. Est-ce que ça t’arrive depuis longtemps, de boire comme ça pour combler ton ennui ?” Ils se connaissent depuis le lycée et il sait que son amie a vécu des évènements difficiles au cours de sa vie ; il sait que certaines années n’ont pas été rose. Par conséquent, il sait aussi reconnaître lorsqu’elle ne va pas bien du tout. Alors que se passe-t-il, quel est l’élément déclencheur qui la plonge dans une telle détresse ?

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o u t f i t · Il écoute son amie avec grande attention ; c’est rare de le voir aussi sérieux Leon, mais à cet instant il a cette impression que rien ni personne ne pourrait arriver à le faire rire. Il y a cette pointe dans le cœur, celle qui le fait flancher à l’évocation du malheur de son amie. Il la connaît depuis tellement longtemps, peut-être est-elle l’un des derniers vestiges de sa jeunesse avec qui il a toujours contact, avec qui il s’entend vraiment bien. Même s’ils ne se voient pas aussi souvent qu’il le voudrait, qu’ils le devraient, le musicien n’a pas moins d’affection pour elle qu’à l’époque. Il se soucie d’elle ; sa date d’anniversaire est l’une des rares gravées dans sa mémoire. Elle est précieuse pour lui. Alors lorsqu’il la trouve dans cet état, lorsqu’elle arrive finalement à timidement mettre des mots sur son mal être, c'est la douche froide ; et c’est l’inquiétude qui prédomine.

Car après lui avoir avoué boire beaucoup souvent qu’avant, la Weaver finit par confier trouver sa vie sans intérêt. Plus rien ne l’anime, plus rien ne l’intéresse. Les sourcils sur le visage du grand brun se froncent puis se fléchissent ; des paroles, des pensées que lui-même a déjà eu et qui le font s’alarmer un peu plus encore. Il ne veut pas qu’elle commence elle-aussi à s’enfoncer dans cet endroit sombre d’où on a bien du mal à ressortir ensuite ; Hera est comme un bateau perdu dans une mer déchaînée à cet instant et Leon se porte garant afin de devenir son phare pour la guider.

La percussionniste s’excuse, se recroquevillant sur elle-même tandis que le guitariste se lève de son siège pour se poster en face d’elle. “Hé… Viens-là.” Sa voix est douce ; il s'assoit d’une jambe sur l’un des accoudoirs du fauteuil où elle se trouve et sans une once d’hésitation, l’entoure de ses bras pour la ramener contre lui. L’étreinte dure quelques secondes, peut-être plus, le grand brun se penchant pour poser sa tête sur celle de son homologue féminin. “Il ne faut pas garder tout ça pour toi chérie… ça me tue de te voir dans cet état.” Doucement il s’éloigne un peu, un regard profondément compatissant et impliqué inscrit dans des traits soucieux. “Ta vie n’a pas aucun intéret, Hera. Tu es l’une des femmes les plus fortes, les plus charismatiques, les plus intéressantes que je connaisse. Et crois-moi, j’en ai connu un certain nombre.” Lui dit-il, la fin de sa réplique expiré d’une note un peu plus légère. Oh, son amie connaît le parcours chaotique du musicien ; les conquêtes qui se succèdent, les excès en tout genre. Il n’a pas besoin de s’expliquer davantage pour qu’elle comprenne à quoi il fait illusion ; mais là n’est pas le sujet. L’homme reprend rapidement son sérieux, se détachant de la femme blonde. “Tu sais s'il y a eu un évènement déclencheur à tout ça ?”