- HERE COMES THE CHAOS -
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o u t f i t · Matinée bien entamée, la rouquine s’accorde une pause dans la salle de repos du commissariat. Comme à son habitude, elle est l’une des premières à être arrivée ce matin, pourtant la pile de dossier sur son bureau ne désemplit pas malgré l’entrain et l’acharnement qu’elle y met depuis plusieurs heures. Quelques rendez-vous se succèdent avant qu’elle ne profite d’un moment de calme pour s’aérer les idées. Elle avale rapidement un café corsé puis se dirige vers le stand de tir se situant à quelques rues du bâtiment. C’est à cette heure que l’endroit est le plus désert et Daphne n’en est pas mécontente. Elle peut se défouler à sa guise, se focaliser sans avoir à devoir tenir une conversation avec quiconque. Arme entre les mains, elle pointe la cible en mouvement droit devant elle et décharge les balles à des endroits stratégiques : tête, cœur. Elle ne manque aucun de ses coups ; car l’anglaise a beau ne plus se rendre beaucoup sur le terrain ces derniers temps, elle n’en demeure pas moins toujours aussi précise.

Une bonne heure s’écoule avant que la Hawkins ne regagne son lieu de travail. Il y a beaucoup de monde ce matin, pense-t-elle furtivement, constatant en passant la file à l'accueil et les quelques personnes dans la salle d’attente ; la journée n’est pas prête de se terminer. Daphne se dirige vers son bureau quand un collègue l’intercepte pour lui tenir la jambe pendant plusieurs bonnes minutes. Elle n’est clairement pas d’humeur aujourd’hui mais bien trop polie pour l’avouer à l’homme qui lui fait face, préfère finalement l’écouter parler. Contrairement à elle, le policier a bien de bonnes nouvelles à lui communiquer ; nouvelle petite amie, de beaux projets en perspective. L’officier est ravie pour lui, vraiment ; si seulement elle ne se sentait pas aussi morose au creux de son palpitant. La perspective du weekend approche à grands pas, pourtant l’anglaise en est aussi impatiente qu’angoissée. Deux jours coupée du monde avec son épouse pour la Saint-Valentin ; comment les choses vont-elles se passer ?

Et puis les deux collègues entendent du vacarme vers l’entrée du commissariat ; ça hausse le ton, ça se bouscule. Curiosité piquée à vif et l’étrange impression de ne connaître que trop bien la voix qui s’élève, Daphne s’avance de quelques pas dans l’espoir de pouvoir jeter discrètement un regard à l’autre bout du couloir. Et c’est là qu’elle entend son nom, prononcé à plein poumon et très distinctement. Ses yeux se dirigent donc vers la silhouette du jeune homme venant de s’exclamer et leurs pupilles se s'accrochent, un frisson désagréable parcourant son échine tandis que son cœur se serre atrocement.

Que fait-il ici ? Pourquoi a-t-il l’air aussi en colère ?

Puis elle se rend compte que tout le monde les regarde et que plus personne n’ose parler. Certains de ses collègues sont même sortis de leur bureau respectifs pour contempler la scène. Daphne déteste se faire remarquer de cette façon, que tous les yeux soient dirigés sur elle, que les messes basses fusent sans qu’elle ne puisse rien y faire. Une légère teinte de rouge empourpre ses joues mais elle ne se laisse pas démonter ; il est hors de question que son fils et elle se donnent en spectacle de la sorte. D’un pas aussi déterminé qu’agacé, la Hawkins parcourt les derniers mètres qui les séparent et lui empoigne froidement le bras, les amenant jusqu’à son bureau qu’elle referme derrière eux. Un soupire s’extirpe de ses lèvres tandis qu’elle s’adosse à la porte, avant de planter ses iris menaçants dans ceux de son aîné. “Non mais ça va pas ? Qu’est-ce qui te prend de débarquer sur MON lieu de travail et de hurler MON nom comme un malade mental en pleine crise de folie ??” Ses sourcils sont froncés, la mine fermée ; peu importe la raison de sa venue, rien ne justifie aux yeux de l’agent de police qu’il ait agi de la sorte ; Yaël et elle l’ont mieux élevé que ça.

- HERE COMES THE CHAOS -
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o u t f i t · La tension est palpable dans le bureau de la policière. Son fils semble particulièrement remonté contre elle, sans qu’elle n’est encore les tenants et aboutissants des raisons qui le mettent dans cet état. Mais elle s’imagine sans mal qu’il s’agisse de quelque chose en rapport avec ce qui crée un fossé au sein de leur famille depuis des mois : son infidélité. L’anglaise est las, fatiguée de la lourdeur accompagnant chacun des échanges partagés avec ses proches ; que ce soit avec son épouse, ses fils, ses beaux-parents, sa sœur, il y a désormais une division, une fêlure qui la fait se sentir seule, terriblement seule. Pourtant elle n’a pas le droit de se plaindre, Daphne. Elle est la cause de ses propres malheurs, après tout. Elle a beau déplorer ce qu’il lui arrive, la façon dont on la traite désormais, elle est la seule à blâmer, la seule responsable et coupable. Alors elle s’enferme dans cette bulle d'obscurité et parfois quelqu’un vient donner un bon coup de pied dedans, les morceaux de son déshonneur s’éparpillant à nouveau un peu partout autour d’elle.

Comme c’est le cas ici présent.

Rire nerveux au coin de la bouche, Elijah s’emporte, s’approchant un peu plus de sa mère. Celle-ci ne bouge pas d’un pouce, toujours contre la porte, l’écoutant se plaindre du fait qu’il n’ait pas dormi la veille par sa faute. Ses sourcils se froncent davantage d’incompréhension, mais elle ne le coupe pas dans sa lancée, le laissant poursuivre. Il lui explique alors que c’était déjà suffisamment difficile d’encaisser le fait que la rouquine ait trompé sa deuxième mère et le lui est avoué en toute détente lors de leur dernière soirée ensemble ; mais que ça l’est encore plus de savoir que la femme avec qui elle a été infidèle ne soit nulle autre que Hera Weaver.

La bouche de la policière s’entre-ouvre légèrement, une lueur de confusion visible dans ses yeux. Le souci, c’est qu’elle ignorait véritablement quelle était l’identité de son ancienne amante, jusqu’à maintenant ; en outre, son fils vient de le lui apprendre. “Qu-quoi ? Qui, qui t’as raconté ça ?” Demande-t-elle, à la fois incrédule et décontenancée. Est-ce Hera elle-même ? Ou bien Disha ? L’anglaise a bien du mal à replacer les pièces du puzzle dans l’ordre.

Ses idées s’embrouillent, elle qui ce matin encore n’avait qu’en tête le weekend de la Saint-Valentin au côté de son épouse, se retrouve bien démunie face aux nouvelles accusations de son fils. C’est la deuxième fois qu’il met cette histoire avec Hera Weaver sur le tapis, mais cette fois il semble être sûr de ce qu’il avance.  “Je ne savais vraiment pas qu’il s’agissait de la tante de Disha, je te l’ai déjà dit et c’est la vérité !” A ce stade, ça ne sert plus à rien de nier quoi que ce soit, vu que le barman semble en savoir plus qu’elle au sujet de sa tromperie. Le jeune homme lui demande ce qu’il est passé dans la tête de sa mère pour qu’elle en arrive là et le visage de cette dernière se durcit à cette question. “J’en sais rien, d’accord ?!” Sa voix se hausse, transperce les airs, ne laissant ensuite qu’un long silence. Daphne a encore du mal à s’exprimer sur le sujet, tant elle se sent honteuse et mal à l’aise à propos de ce qu’elle a fait ; elles n'ont toujours pas abordé le cœur du souci avec Yaël, la rouquine s'étant seulement confié à Molly et son psy jusqu'ici. Mais devoir affronter ses propres démons tout en maintenant le regard inquisiteur de son enfant est bien l’une des pires épreuves qu’on puisse lui infliger ; ses joues deviennent rouges cramoisies alors qu’elle baisse finalement les yeux. “Je suis désolée Elijah… Que tu te retrouves au milieu de cette histoire, de t’avoir rendu complice… Je m’en veux tellement pour tout ça si tu savais… Je regrette tellement…”