TW : abandon paternel, indifférence maternelle, accident de spéléo, mort d'amis proches, syndrome du survivant, deuil, dépression, relation toxique.
âge & naissance : il a vu le jour à Brisbane, le 28 novembre 1980. la quarantaine atteinte et dépassée de deux ans déjà - un âge qu'il assume avec un flegme qu'on lui envie parfois. il faut dire qu'on perçoit les choses différemment, quand on est passé si proche de la mort. il appréhende la vie comme un cadeau, Santi, et si les années qui défilent amènent avec elles leur lot d'inconvénients et de déceptions, il est quand même heureux d'avoir la chance de vieillir.
origines & nationalité : né sur le sol australien, terrain de jeu de son enfance, il en détient la nationalité. l'arbre généalogique trouve ses racines d'un bout à l'autre du monde - les origines sont mexicaines, écossaises et anglaises. un savant mélange et une déconnexion totale des deux cultures, faute de famille pour lui léguer un quelconque héritage.
finances et emploi : ($$) loin d'être riche, mais pas malheureux pour autant. il vit littéralement d'amour et d'eau fraîche - l'amour en moins, peut-être, à moins que le réconfort ressenti auprès des chevaux ne compte. voyageur vagabond, constamment en vadrouille quelque part, il arpente les plaines de l'arrière-pays australien à dos de cheval. guide touristique du ranch Bradshaw, qui connait la région comme sa poche. ancien spéléologue, passion pour les entrailles de la Terre souvent mal vue et incomprise. carrière brusquement avortée depuis cet accident qui a pris les vies de tous ses collègues - sauf la sienne. syndrome du survivant qui lui colle à la peau, une part de lui désormais morte et enterrée.
statut civil : le palpitant à l'arrêt, peut-être bien pour de bon cette fois. il traîne son célibat depuis quelques années, sa dernière relation l'ayant efficacement dégoûté de l'amour. estime de soi réduite en charpie par celle qu'il voyait comme sa sauveuse, celle qui l'a bercé d'illusions et de belles promesses pour mieux le soumettre à son contrôle - vérité perçue comme un coup de poignard dans le cœur. méfiance est de mise désormais. plus qu'un choix, c'est aussi une façon de se protéger.
orientation sexuelle : bisexualité qu'il admet à demi-mots, comprise sur le tard. ne s'était jamais penché sur la question de son orientation, avant de glisser des regards appréciateurs sur les silhouettes masculines et de se demander ce que ça ferait, de se blottir dans leurs bras. il se découvre doucement, timidement, se dit que de toute façon, ça ne sert à rien de se battre contre soi-même. ne dispose d'aucune expérience avec les hommes, cependant - un blocage de plus qui l'empêche de se lancer.
situation familiale : fils unique d'une famille disloquée, le tableau n'a rien d'idyllique. un père absent, envolé deux petites années après sa naissance. une mère avec qui les relations se sont gravement abîmées, au fil du temps - privé trop tôt de son amour pour que sa présence lui manque, son récent décès ne l'a pas tellement secoué. il a probablement des proches éparpillés dans le monde - elle lui a mentionné des cousins éloignés, des oncles et des tantes, il y a longtemps, quand ils étaient encore un peu proches. pas bien déterminé à les chercher pour autant, Santi préfère se débrouiller tout seul. son père a tenté de renouer les liens il y a quinze ans, apparemment rongé par les remords de les avoir abandonnés. difficile de le croire alors qu'il a refait sa vie ailleurs, comme s'ils n'avaient jamais existé. rancœur et incompréhension l'empêchent d'accepter ses excuses - il porte pourtant son nom, pour des raisons que lui-même ne saurait expliquer. peut-être la volonté inconsciente de s'accrocher à la dernière famille qu'il lui reste.
signe astrologique : sagittaire, mais pas très enclin à se faire dicter le déroulement de sa semaine par l'astrologie et ses conseils bidons. du genre à juger celles et ceux qui pourraient sincèrement y croire, et le faire savoir sans grande délicatesse.
le pire tue-l'amour : un petit nombre de choses qui peuvent le rebuter. la violence en tête de liste ; quelle que soit sa forme, physique ou mentale, peu importe. même dans le feu de l'instant, même s'il n'y a pas de réelle intention de nuire. pareil avec le dirty talk ou les commentaires salaces pendant l'acte, il a jamais compris le délire, Santi. l'odeur de la clope froide imprimée sur les vêtements ou les relents d'alcool dans l'haleine. et puis, les gens faux. ceux qui embellissent la réalité à outrance, ceux qui prétendent être ce qu'ils ne sont pas. le mensonge revêt de multiples visages et aucun n'est acceptable à ses yeux.
un fantasme : il peut se vanter d'avoir accompli un certain nombre de fantasmes, du haut de son grand âge - c'est devenu secondaire maintenant. mais sur le plan professionnel, peut-être qu'il rêverait d'avoir le courage de reprendre sa vie d'avant. renouer avec sa passion première, retrouver l'apaisement sous terre. parce que ça lui manque parfois, et qu'il se sent bête de ne pas avoir réussi à surmonter ses angoisses presque une décennie après. des vieux traumatismes qui le pétrifient encore de peur, et qui lui paraissent insurmontables.
à Brisbane depuis : sa naissance. territoire quitté tout au long de sa vie pour voir ce que l'ailleurs avait à lui offrir, à lui apprendre. mais ne s'est jamais attardé trop longtemps dans les pays qu'il a visités - malgré tout, l'Australie est sa maison.

traits de caractère : porte une mine renfrognée, sinon complètement neutre en permanence, parait blasé de la vie alors qu'il n'en est rien -- un peu désenchanté quand même, parfois mal luné -- une fragilité profonde qu'il s'efforce de cacher derrière une carapace dépourvue d'épines -- taciturne et énigmatique, pas bien bavard mais sait écouter -- méthodique et rigoureux, un brin maniaque, déformation professionnelle où aucune marge d'erreur n'était tolérée -- rationnel et terre-à-terre, ne jure que par les faits prouvés -- s'illumine considérablement dès qu'un chat, chien, perruche, animal en général se trouve dans les parages -- d'une infinie tendresse avec les chevaux, redevient ce grand enfant qu'il était avant l'accident à leur contact -- solitaire, éphémère, ne s'attarde jamais plus longtemps que nécessaire -- discret et rusé, de ceux qui échappent aisément au regard et à l'attention des autres -- observateur, analyse beaucoup et se dévoile très peu -- authentique et intègre, ne va jamais à l'encontre de ses principes, a les menteurs et les hypocrites en horreur -- humble, souvent à outrance, estime de soi défaillante -- extrêmement rancunier, obtenir son pardon après l'avoir trahi reviendrait à chasser le pied d'un arc-en-ciel -- l'ironie ou l'ignorance en fer de lance quand on le cherche, pas d'entre deux -- mais peut se montrer particulièrement cinglant et blessant quand on le pousse à bout, ou qu'on ravive de mauvais souvenirs -- d'apparence inaccessible, faux introverti, change radicalement dès lors qu'il se sent bien avec quelqu'un -- à l'instar d'un animal blessé, il faut d'abord gagner sa confiance et son respect pour voir de quoi il est réellement fait -- considère ses amis les plus proches comme sa vraie famille, des frères et des sœurs de tous les horizons -- un côté empathique jamais diagnostiqué qui peut le rendre vulnérable à la tristesse et la mélancolie d'autrui -- serviable et volontaire, présent quand il le faut, mais pas pour n'importe qui -- n'accepte pas facilement l'aide des autres, persuadé que cela signifie forcément qu'il aura une dette à leur égard -- supporte assez mal le contact physique auquel il ne s'attend pas, quand on l'attrape sans le prévenir -- combatif et tenace, une rage de vivre qui bouillonne à l'intérieur.

avatar : diego luna (mexican, scottish, english)

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romantisme (45%)	level de drague (25%)
engagement (40%)	passion (85%)
performance au lit (50%)	fidélité (70%)
nombre de cœurs brisés (5%)	recherche de l'amour (10%)

♡ qu'est-ce que le grand amour, selon ton personnage ? est-il à sa recherche actuellement ?
il pense l'avoir connu, même brièvement, même si ça s'est mal terminé pour lui. aimer et être aimé. c'était les papillons dans le ventre quand il posait les yeux sur celle qu'il considérait alors comme sa moitié. s'imaginer le reste de sa vie à ses côtés, peut-être avoir des enfants, fonder une famille, se marier. faire des plans sur la comète, se sentir pousser des ailes. il n'avait aucun modèle sur lequel se baser Santi, il s'est laissé porter, emporter même, par ces sentiments forts et nouveaux - c'est peut-être ça qui l'a condamné, au fond. de suivre le mouvement sans trop se poser de questions, faire aveuglément confiance à l'autre. ça lui est tombé dessus sans prévenir, quand il était au plus bas, sans doute encore trop vulnérable pour s'ouvrir à quelqu'un de la sorte - mais il s'est accroché à elle comme à une bouée de sauvetage. persuadé que c'était ce dont il avait besoin pour guérir. et aujourd'hui, l'amour a perdu de sa superbe, l'amour est synonyme de mirages et de désillusions. c'est d'autant plus repoussant après tout ce qu'il a traversé. c'est peut-être pas fait pour lui, tout simplement.

♡ quelle a été la plus grosse déception amoureuse de ton personnage ?
première et dernière fois qu'il se laissait apprivoiser de la sorte. c'est souvent comme ça que l'ont décrit ses rares conquêtes - insaisissable, un esprit libre indompté et indomptable, un peu farouche. l'amour, il ne l'a jamais activement cherché. ne l'a jamais idéalisé comme le font certains, n'y a jamais vraiment cru non plus. parce que sa définition ne colle pas vraiment avec celle des autres. parce qu'il a besoin d'espace, faire ce qu'il veut quand il le veut. ça n'a jamais été facile pour lui, d'accueillir quelqu'un dans sa vie, de lui faire de la place. mais avec elle, c'était différent - ça lui semblait l'être, en tout cas. et il l'a aimée, cette femme, avec force et conviction. il s'est dévoué corps et âme à leur relation, c'est ce qui rend leur fin encore plus douloureuse pour lui. tout ça pour rien, tout ça pour du vent. pour quelqu'un qui ne le méritait pas, comme on le lui répète souvent. plus grande et unique déception de sa vie sentimentale un peu bancale. et quitte à finir seul envers et contre tout, il a aussi décidé que ce serait la dernière.


un — un père absent, parti deux petites années après sa naissance, disparu on ne sait où ; une mère qui s'est montrée douce et aimante, les dix premières années au moins. des parents pas tellement investis dans le rôle, le tableau familial est incomplet, et c'est porté d'un amour un peu frêle et souvent maladroit que Santi grandit, tant bien que mal. la tendance s'inverse progressivement au fil du temps et du poids de ces multiples responsabilités qui pèsent sur la conscience de la jeune maman. alignant les petits boulots pour répondre à leurs besoins, elle n'avait pas prévu d'assumer cet enfant seule, et elle fatigue, se fait amère et distante. Santi, il apprend vite à être le plus autonome possible, pour éviter les explosions de colère injustement dirigées contre lui. ne trouve pas encore la force de lui en vouloir, pourtant. sa mère est son seul repère, sa peine l'attriste et quelque part, il est persuadé d'être en partie responsable de son mal-être.

deux — entre ses difficultés scolaires et les moqueries en tous genres découlant de celles-ci, sa scolarité n'a pas été facile. la vie du gamin est compliquée et le fossé qui l'éloigne de sa mère continue de se creuser. la connexion si particulière qui est censée les lier se perd et Santi, il expérimente ses premières rancœurs à son égard - contre cette mère qui n'en est plus vraiment une et qui le regarde à peine. en conséquence, il sort beaucoup, connait la rue d'abord, mais n'apprécie pas vraiment ses lois et ces gosses qui se prennent pour les rois du monde. se tourne plutôt vers la nature - l'escalade, le surf, la randonnée. évacuer le négatif dans les activités physiques et rentrer chez-lui les idées plus claires, l'esprit plus apaisé. à l'école, le caractère s'affirme, parce qu'il faut bien se défendre. les répliques se font cinglantes, quelques coups sont rendus, lueur furieuse dans le regard que l'on apprend à reconnaitre et à éviter d'allumer. deux semaines d'exclusion pour un nez cassé, ça lui semble raisonnable. au moins, le leader a chuté de son piédestal ; les messes basses persévèrent mais on le laisse enfin tranquille. c'est suffisant pour avancer.

trois — habitué aux grands espaces bleus et à la prise de hauteur, la première fois qu'il s'aventure dans une cavité souterraine, Santi se fait la promesse qu'on ne l'y reprendra plus. c'est flippant, ça pue et c'est trop étroit. il ne saurait même plus expliquer ce qui l'a motivé à y retourner, même pas un mois plus tard. l'attrait de l'inconnu, peut-être, une sorte de fascination étrange pour le monde d'en-dessous, sûrement. des gars rencontrés sur place lui apprennent les ficelles de la pratique, il noue des amitiés complices avec d’autres jeunes comme lui. passe-temps dangereux, pas bien supervisé à l'époque. mais Santi, il finit par associer ces souterrains à une sorte de refuge. escapade du monde réel, l'endroit où il peut être tranquille, loin des autres, dans sa bulle. et puis, c'est vraiment fascinant ce qui se trouve là-dessous. des siècles d'histoire qui se déroulent juste sous ses yeux, inscrite dans la roche, qu'il peut toucher du bout des doigts. ça ne lui fait plus peur, ça l'émerveille, commence doucement à le passionner.

quatre — majorité atteinte à l'aube des années 2000, indépendance aussitôt saisie. armé de son sac à dos et de ses maigres économies, Santi se lance à la découverte du monde. grand saut dans l'inconnu, pas de route tracée en avance, il choisit sa première destination un peu au hasard et puis se laisse porter. met un pied sur presque tous les continents, fait un tas de rencontres, se cogne à d'énormes galères. il s'enrichit des connaissances qu'on lui transmet, se contente de peu. apprend l'indépendance, la vraie, dormir à la belle étoile avec de parfaits inconnus ou dans des chambres d'hôtel miteuses. il s'arrête plus longuement au montana, deux ans à s'épanouir au contact des chevaux dans ce ranch perdu en pleine nature sauvage. les monter, les soigner, les éduquer. les comprendre aussi, voir en eux autre chose qu'une simple monture. des êtres sensibles et intelligents, des partenaires. il hésite presque à rester, Santi, à refaire toute sa vie ici - mais il sait que l'heure est venue de rentrer.

cinq — retour à Brisbane. rébellion face au système, le schéma métro-boulot-dodo qu'il rejette obstinément. délaisse la ville et se déniche un job polyvalent dans ce ranch dans sa périphérie. les Bradshaw, ils usent de méthodes en lesquelles il ne se retrouve pas vraiment, en décalage avec ce qu'il a connu, trop brutes, un peu cruelles ; mais il a besoin de ce boulot, l'occasion est trop belle pour la laisser filer. routine cassée, pas un jour qui se ressemble, les journées sont longues et épuisantes mais ça lui plait. il rejoint la communauté de spéléologues du Queensland à vingt-trois ans. rencontre déterminante avec cette femme réputée dans le milieu, son mentor, qui va le prendre sous son aile, et bientôt le traiter comme un proche, un fils. le quart de siècle atteint, Santi devient moniteur, guidant petits et grands à la découverte des cavités de la région. grand pédagogue qui aime voir les visages bougons s'illuminer à la vue d'une cascade à l'eau claire ou de ces plafonds de roche cristallisée, qui brillent comme un millier de petits diamants sous le faisceau des lampes. s'efforce d'expliquer à qui veut bien l'entendre que la spéléo, ce ne sont pas uniquement les tunnels étroits, l'obscurité impénétrable et le ventre de la bête - même si lui, il finit par s'y aventurer, quelques années plus tard. cartographiant les zones inexplorées de ces grottes dont les boyaux s'étendent parfois des centaines de kilomètres sous terre. fort de son expérience et de son sang-froid, il se joint également à des opérations de secours. au sommet de son art, il a sauvé quelques vies - sans se douter qu'il serait bientôt le prochain.

six — expédition routinière, quelques échantillons à relever et des clichés de formations rocheuses à prendre ; ils n'ont même pas besoin d'aller si loin que ça - c'est peut-être ce qui l'a épargné. ils sont cinq, une team solide et compétente, composée que de professionnels endurcis. la journée s'annonce tranquille, les conditions sont idéales. les discussions sont joyeuses et l'ambiance détendue tandis qu'ils avancent. absolument rien d'apparent dans les murs qui aurait pu les alerter d'un tel drame, arrivés sur le camp. éboulement soudain, le son retentit entre les murs comme un craquement de tonnerre assourdissant. en retrait des autres, Santi est projeté au sol, crâne qui frappe violemment la roche, quelque chose qui se brise dans sa cage thoracique. sonné, souffle coupé, bourdonnement fort dans les oreilles, il vit la suite des événements comme ces cauchemars dans lesquels on ne peut pas bouger. les souvenirs de cet instant hors du temps s'emmêlent et se brouillent. il n'entend rien, ne voit rien pendant de longues et atroces minutes. ce sont les élancements de douleur qui le font revenir à lui. le corps engourdi se remet difficilement en marche, l'instinct de survie s'enclenche. il remarque distraitement le sang qui coule le long de son visage, mais se traîne quand même jusqu'à l'effondrement pour essayer d'en dégager le passage, appelant le nom de ses collègues. silence qui lui répond, entrailles qui se serrent et se tordent. il est retrouvé treize heures plus tard, en état de choc, les mains ensanglantées d'avoir creusé dans les gravats.

sept — séjour à l'hôpital dont il garde peu de souvenirs. des bribes de mots et de visages qui lui promettent que tout ira bien, qu'il va s'en sortir. le verdict tombe, implacable : il est le seul rescapé de l'accident, l'unique survivant de l'expédition. un léger traumatisme crânien qu'il faudra bien surveiller, quelques côtes fissurées - un miracle, qu'on lui répète sans cesse, mais Santi, il est pas vraiment de cet avis. le vrai miracle, ça aurait été de les voir émerger tous les cinq, pas seulement lui. celle qu'il considérait comme la mère qu'il n'avait jamais eue s'est éteinte dans le noir et la poussière - l'idée le rend malade. il en fait des cauchemars atroces, où il l'entend crier son nom et cogner du poing contre la roche, de l'autre côté d'un mur infranchissable. les médias relayent l'histoire, son nom est cité dans tous leurs articles, on tente même de l'approcher pour avoir son témoignage. encore profondément ébranlé par le choc, le deuil et la douleur entremêlés, Santi les repousse sans grande véhémence. plonge petit à petit dans une spirale infernale, syndrome du survivant qui le prend en grippe, culpabilité immense qu'il peine à rationaliser - pourquoi lui, pourquoi eux ?

huit — dans la pénombre, une lumière. Santi avance parce qu'il faut honorer les mémoires de ceux qui sont partis - mais la dépression avance elle aussi, s'accroche et le ronge à petit feu. douleurs lancinantes et peurs insidieuses ne lui laissent pas trouver le repos, lui rappellent sans cesse ce qu'il s'est passé, pourquoi il en est là. il la rencontre quand il est au plus bas. le courant passe, les discussions sont aisées, il se sent bien en sa compagnie, plus léger, plus souriant. Grace, elle est douce et pétillante, optimiste et bienveillante. son parfait opposé à l'époque, et il ignore ce qu'elle lui trouve de charmant ou d'intéressant, mais il tombe amoureux, Santi. belle idylle qui se profile, il guérit doucement à ses côtés, à son contact. trouve enfin la force de reprendre sa place au ranch et se risque à croire que tout ira bien, maintenant qu'elle est là.

neuf — ne voit pas tout de suite que les choses changent - qu'elles ont changé, depuis un moment déjà. les regards plus froids, les remarques cruelles, leur alchimie qui fond comme neige au soleil. la façon dont elle le retient auprès d'elle, ongles plantés dans la chair et poignes qui l'enserrent. Santi, il pense que c'est normal, que les prises de tête, c'est inévitable, le quotidien de n'importe quel couple. voit bien qu'il y a un malaise entre eux, se dit qu'il en est probablement la cause. trop difficile à vivre avec sa dépression et ses idées noires. tout est de sa faute, il fait donc tout son possible pour réparer ce lien qui s'effrite, quitte à y laisser des plumes. c'est le prix à payer pour une belle histoire, après tout. doucement, il se laisse entrainer dans cet engrenage dangereux, ne réalise pas qu'il est en train de plonger ; et qu'elle n'a pas l'intention de l'aider à garder la tête hors de l'eau. une simple distribution de prospectus dans la rue qui éveille les premiers doutes. ne veut pas y croire, au début, mais garde quand même le papier de côté, soigneusement rangé là où elle ne viendrait jamais fouiller, comme un secret honteux. chaque jour qui passe, une nouvelle petite case cochée. frisson le long de l'échine, douleur dans la poitrine. le rêve vole en éclats, son instinct lui hurle de fuir fuir fuir. pris de panique, Santi s'éclipse au beau milieu de la nuit. trouve refuge au ranch, oreilles attentives et témoins silencieux de sa peine auprès des chevaux. enfourche sa jument et se volatilise quelques jours dans la nature. se retrouver seul, faire le point, respirer - loin d'elle, de ses mensonges et de son emprise.

dix — se débarrasser d'elle est un enfer. elle pleure, elle hurle, répète que c'est injuste, qu'il fait une grosse erreur, qu'il le regrettera. qu'elle est ce qu'il a de plus précieux, et qu'il a besoin d'elle. menaces subtilement déguisées qu'il apprend à reconnaitre, pourtant l'envie de retourner auprès d'elle et de se faire pardonner cet écart le démange. il l'aime encore, malgré tout, attaché à cette vision qu'il avait d'elle, au moment de leur rencontre. Santi résiste comme il peut, se noie dans le travail pour se changer les idées, consulte à contrecœur ce psychologue pour tenter de comprendre. il sait ce qu'elle est, maintenant, et pourquoi il doit absolument l'oublier. l'homme lui a déballé tout un tas de termes pour la décrire, Santi n'en retient qu'un seul : perverse narcissique. il lui faut un moment pour digérer l'information, tant ça ne semble pas lui correspondre. doit se remémorer ces deux ans de vie partagée, en retracer tout le fil du début jusqu'à la fin, pour commencer à en déceler les failles. c'est facile de tomber dans leurs filets, apparemment, bien plus compliqué de s'en extirper. on lui répète sans cesse qu'elle est la seule responsable de ce fiasco, mais il se sent quand même con d'y avoir cru, Santi. de s'être fait avoir aussi facilement, comme un débutant. il aurait dû s'en douter avec l'exemple catastrophique de ses propres parents : le vrai amour, ça n'existe pas vraiment.

onze — un besoin viscéral de partir qui s'éveille en lui, après la rupture. un ultime sms qu'il ne lit même pas, il faut maintenant tourner la page sur ce désastre. mais ça lui parait impossible de là où il se trouve. Brisbane n'est plus un foyer, la ville l'étouffe, devenue l'épicentre de traumatismes qui continuent de le tirer vers le bas. encore une fois, la fuite lui apparait comme sa meilleure option. il pointe une destination au hasard sur le globe, désigne l'Indonésie. l'esprit en vrac qui ne réalise pas que la région est alors frappée par de graves inondations. il débarque dans un pays en pleine crise mais voit en cet événement l'occasion d'oublier tout le reste. oublier le drame, l'oublier elle. une colère sourde qui l'anime, dont il s'arme pour accomplir quelque chose de plus grand, pour une cause qui, au fond, lui tient à cœur. c'est comme une bouffée d'air dans le chaos qui l'entoure. le paradoxe est troublant, la stratégie est bancale, mais ça fonctionne. drôle de réconfort trouvé auprès de tous ces bénévoles qui s'activent sur ce grand chantier, même s'il lui faut un peu de temps pour consentir de s'ouvrir aux membres qui composent son équipe. des étrangers qui deviennent des amis. Nils le premier, qui parvient à voir au-delà de son mauvais caractère apparent, à lui tirer quelques sourires. il pensait que ça s'arrêterait là, ne s'attendait pas à retrouver le suédois à Brisbane. belle surprise alors qu'il repoussait et redoutait son retour, un point d'ancrage bienvenu. et puis les autres sont venus les rejoindre - tous réunis par des circonstances improbables, un groupe qui deviendra une famille à part entière pour lui.

douze — malgré toute sa bonne volonté, se reconstruire n'est pas si simple. il est loin d'être sorti d'affaire Santi, âme errante qui peine à retrouver goût à sa vie. la dépression qui le talonne de près, tapie dans l'ombre. salvation trouvée au ranch Bradshaw, lieu familier et propriétaires indulgents qui l'accueillent à nouveau dans leurs rangs, comme s'il ne les avait jamais quittés. il passe des heures à errer en pleine nature, sans objectif précis sinon celui de simplement vivre. prendre du temps pour lui, parfois à ne rien faire de spécial. se lever aux aurores pour voir le lever du soleil, s'allonger dans l'herbe comme un enfant, la lourde tête de sa jument calée contre lui, marcher pieds nus dans l'eau fraîche d'un petit ruisseau, camper sous le firmament étoilé. adopter une chienne pour chasser le spleen, avoir une présence constante à ses côtés. il reprend du service en tant que guide, à ciel ouvert cette fois. emmène aventuriers amateurs et touristes curieux dans une traversée des plaines australiennes, vues imprenables sur ses vallées et baignades dans ses grands lacs, suivant des chemins tracés au fil de ses propres explorations. trouve en la présence de Chadwick plus qu'un simple coloc - un ami, un soutien de plus pour l'aider à remonter la pente. une sorte de réflexion de lui-même, deux esprits libres et vagabonds qui se rejoignent et se comprennent. bien entouré, c'est un peu plus facile d'avancer, l'espoir de retrouver une vie apaisée ne lui parait plus si inaccessible. one step at a time.

what was left when that fire was gone?
I thought it felt right, but that right was wrong
all caught up in the eye of the storm
and trying to figure out what it's like moving on
and I don't even know what kind of things I've said
my mouth kept moving, and my mind went dead
so I'm picking up the pieces now where to begin
the hardest part of ending is starting again.

en vrac -- en connait toujours un rayon sur les réseaux souterrains de la région, son manque de pratique n'a pas diminué ses connaissances à ce sujet. • est aussi très calé sur les fleurs et les plantes comestibles, ou qui peuvent avoir une utilité médicinale, et comment les préparer. • ce qui appartient à la Terre, demeure sous terre. il n'a jamais rien rapporté de ses expéditions dans les profondeurs, même lorsqu'il tombait sur des cristaux rares et potentiellement de grande valeur. • le ranch Bradshaw est progressivement devenu sa deuxième maison. vingt années qu'il travaille là-bas, on peut dire qu'il fait partie des meubles. il n'est pas rare de le voir passer la nuit dans les écuries, dans le foin ou à même le sol, quand l'un des chevaux est blessé ou qu'une jument s'apprête à donner naissance. • peu de gens l'appellent par son patronyme complet. on le surnomme Santi, ou Tiago - une moitié ou l'autre de son prénom, au choix. il répond aux deux versions. • photographe amateur, jamais sans son appareil pour capturer ce qui l'entoure, et son carnet pour y consigner ses trouvailles du jour. il se débrouille assez bien avec un crayon, enrichit ses notes de quelques croquis - plantes, animaux, paysages divers qui lui ont tapé dans l'œil, et même des cartes griffonnées à la va vite. tout y passe tant que ça l'inspire. • excellent sens de l'orientation, mémoire visuelle indéfectible et aboutie. il n'a pas besoin d'un téléphone ni de réseau pour se repérer en pleine nature. très bon avec les chiffres, l'estimation des durées ou des distances, et le calcul mental. il est en général très vif d'esprit, réfléchit vite et bien, et se laisse rarement gagner par la panique. • saute souvent des repas, sans le faire exprès. mauvaises habitudes tenaces, un résultat de sa dépression, de son job très prenant. dans sa tête, le bien-être des animaux sous sa responsabilité passe avant le sien. • billet d'avion réservé au lendemain de sa majorité, indépendance aussitôt saisie, il a passé le début de sa vingtaine en voyage autour du monde. quatre ans, plus exactement, comme bénévole dans des fermes agricoles et d'autres exploitations du genre. lui assurant un toit au-dessus de la tête, et un tas de connaissances à amasser. • bon cuisinier, bon bricoleur, homme à tout faire débrouillard et plein de ressources. • peur panique du noir, des espaces étroits et fermés - drôle d'ironie considérant son ancienne passion pour la spéléologie. traumatismes dus à un accident survenu l'année de ses trente-trois ans. les phobies persévèrent et les cauchemars l'assaillent encore. il n'a plus approché l'entrée d'une grotte depuis ce jour. • se retrouver plusieurs mètres sous terre ne le dérangeait pas, avant. il se sentait à l'abri, là-dessous. pouvait passer des heures entières dans ces souterrains, recouvert de poussière, bercé par ce silence singulier, à se faufiler dans des passages étroits. l'impression de ne faire qu'un avec la Terre, parfois - fermer les yeux et s'imaginer pouvoir entendre les battements lointains de son cœur, comme s'il s'agissait d'un être vivant. c'était réconfortant, ça n'avait rien d'effrayant. • les chevaux ont une présence apaisante sur lui. il partage un lien très fort avec sa jument, Blaze, qu'il monte généralement sans mords. il tente de réconcilier la pratique de l'équitation avec le respect de l'animal, de transmettre sa vision des choses à ses clients. • il disparait parfois, sans prévenir, quand il ressent ce besoin de s'évader, de s'éloigner de la ville ou de se vider la tête ; le plus souvent accompagné de sa chienne et de sa jument. s'en va dormir à la belle étoile, explorer la région, observer la faune sauvage. ça peut être déroutant quand on le connait pas bien.

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