@Bailey Sawyer & @Eli Sawyer
Journée de travail écoulée des plus banales, l'humeur est neutre en cette fin d'après-midi, lorsqu'il regagne son modeste appartement, Eli. Le plan est de retrouver Stella ici même dans quelques heures et il a encore bien du boulot à accomplir afin de transformer les lieux en un endroit acceptable pour recevoir sa petite amie. Mégots entassés dans le cendrier sur la table basse, cadavres de bières un peu partout dans la cuisine, quelques vêtements sales qui jonchent le sol de la chambre. Rien de bien reluisant. Ou séduisant. Commence alors la rénovation, Eli, lorsqu'un sms entrant l'avertit que Stella doit annuler. Une nouvelle fois. Sourcils froncés à la lecture du message, téléphone dans une main et t shirt sale dans l'autre, il interrompt le rangement, Eli, et commence à lui répondre. Ce n'est pas la première fois qu'elle annule au dernier moment, la brune. Il n'est pas du genre chiant, Eli. Pas du genre curieux, jaloux ou intrusif. Mais Stella semble jusqu'à présent incapable de lui donner des explications claires sur ces annulations de dernier moment et il doit bien avouer qu'il commence à se questionner. Mais alors qu'il réfléchit à sa réponse, la porte est assaillie de coups plutôt énergétiques et l'espace d'un instant il se demande si ce ne pourrait pas être Stella lui fait une plaisanterie. Faire croire qu'elle ne vient pas alors qu'elle se tient en réalité derrière la porte avec un grand sourire. Ça lui ressemblerait bien, en vérité, et c'est donc bien surpris qu'il se trouve Eli, lorsqu'il ouvre la porte. Bailey. Son cœur se serre un peu lorsqu'il voit son visage. Comme toujours. Fantômes du passé. Pour toujours. A peine la pensée "mais qu'est ce qu'elle fou la, bordel" a-t-elle le temps de se former dans son esprit qu'elle attaque déjà, la jeune femme. Le ton est cassant et Eli baisse les yeux, une main sur l'encadrure de la porte. Il ne sait que répondre à cela. La mention du détective privé le fait sourire cependant, un petit sourire triste alors qu'il ose relever un peu les yeux pour croiser ceux de sa sœur qui n'expriment pas vraiment des sentiments positifs. "T'aurais pu aller au commissariat, c'est moins cher qu'un privé et tu aurais pu m'y trouver directement..." Le ton est un peu ironique, mécanisme de défense classique chez le flic, même s'il sait bien qu'il n'a aucun droit de faire le malin actuellement, le courroux de la brune étant plus que justifié. Il hausse les épaules lorsqu'elle lui parle de le déranger et puis les sourcils se froncent lorsqu'il entend sa dernière phrase. Sa relation avec Bailey était... compliquée pour le moins qu'on puisse dire. Mais jamais il n'enverrait balader la jeune femme. En vérité, il accourrait en un battement de cils si un jour elle avait besoin de lui. Mais ça bien sûr, elle ne pouvait pas le savoir. Car il est bien incapable de lui dire tout ce qu'il pense, Eli. De lui expliquer à quel point il tient à elle mais à quel point c'est juste trop douloureux, d'être proche d'elle. "Je t'enverrai jamais balader, Bailey." Le ton est neutre, sans émotion. C'est surement le mieux qu'il puisse faire, grand communicant qu'il est, Eli. Et il s'écarte un peu pour ouvrir la porte en grand, invitation à entrer dans le joyeux bordel qu'il n'a pas encore fini de ranger. "Excuse le bordel. Je t'attendais pas vraiment." dit-il en fermant la porte derrière elle. Il croise les bras sur sa poitrine et regarde sa soeur dans son salon, une vision bien inédite. "Je t'écoute." Il espère que tout va bien, Eli, mais son visage ne laisse rien transparaître, pas d'émotion, simplement un air interrogatif, désireux de savoir ce qui amène la brune jusqu'ici.  

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La soirée prend une tournure spéciale lorsqu'il ouvre la porte pour trouver sa petite sœur sur le palier, Eli. Visite pour le moins inattendue et qui ne s'annonce pas des plus paisibles au vu de l'état manifestement énervée de la jeune femme. Il ne peut pas réellement la blâmer en vérité puisqu'elle a toutes les raisons de lui en vouloir, il en a bien conscience intérieurement, le garçon. Mécanisme de défense face à l'attaque, ironie mal placée comme il sait si bien faire mais Bailey ne se laissera pas abattre si facilement et ça aussi, il le sait bien. Il secoue la tête silencieusement face à sa réponse cinglante, rien à répondre à ça puisqu'effectivement il est plutôt d'accord qu'il préfère qu'elle vienne ici et pas au commissariat où l'écrasante majorité de ses collègues ne savent absolument rien de sa vie privée. Homme secret, Eli, et il n'avait clairement pas envie de devoir gérer des disputes privées sur son lieu de travail. Mais était-ce une dispute qui s'apprêtait à se produire ici ce soir ? Bailey est elle venue pour simplement lui passer un savon sur son comportement de manière générale ou y a-t-il un motif plus défini ? Ce dernier cas semble être le bon puisqu'elle lui explique avoir besoin de son écoute et il proteste alors, Eli. Jamais il ne serait capable d'envoyer balader sa sœur si elle a besoin de lui, aussi froid et distant puisse-t-il être avec elle au quotidien. Il ne répond rien à sa nouvelle phrase une fois de plus, il ne peut nier qu'il doit effectivement paraître peu intéressé par la vie de sa petite sœur, celle qui était pourtant la prunelle de ses yeux par le passé. Elle l'est toujours en vérité et Eli ferait tout pour elle. Mais c'était trop dur. S'éloigner d'elle avait été vital au début, après le drame. Aussi injuste que ce soit envers elle, poser les yeux sur sa sœur à cette époque c'était comme remuer un couteau dans une plaie bien trop ouverte. Alors oui, il s'était avéré trop difficile d'être proche d'elle et il s'était éloigné. De tout le monde en vérité, pas uniquement Bailey. Et si au début Eli avait pensé que le temps permettrait d'arranger cette distance, il semblerait que le fossé creusé entre eux n'avait fait que grandir, au fil des années. Comme si il n'était plus possible de revenir en arrière. Et la conversation qu'ils étaient en train d'avoir semblait être un parfait exemple d'à quel point les choses étaient cassées entre eux. Il la laisse entrer dans les lieux, s'excuse pour le bordel et c'est une nouvelle phrase assassine qu'elle lui balance, la brune. Il baisse encore les yeux, Eli, ne trouvant rien à répondre une fois de plus et il jugeait qu'il valait mieux jouer la carte du silence que celle de l'ironie ou de la colère face à ces attaques. Car rien ne pouvait sortir de bon de cette conversation avec les deux Sawyer énervés, ça il en était sur. Il y aurait eu la carte de la rédemption à jouer, s'excuser peut-être, se repentir. Mais il n'était pas sûr que toutes les excuses du monde suffiraient à apaiser la peine que devait ressentir Bailey. Le vase débordait depuis longtemps, il le savait bien, Eli. Et il n'avait rien fait pour l'en empêcher. Pétrifié, terrifié même, face aux démons du passé auxquels il devrait faire face pour essayer de remettre les choses à plat avec sa sœur. Il se contente de soutenir son regard en silence finalement, il lui doit au moins ça, surement, la regarder dans les yeux. Il fronce les sourcils lorsqu'elle reprend la parole, n'aimant pas le son de ce qu'elle lui dit. "Comment ça une mauvaise nouvelle ? Qu'est ce qu'il y a ?" Il croise les bras sur sa poitrine, soudainement angoissé.

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Il choisit la stratégie du silence, Eli, face à toutes les attaques de sa sœur. Juge que c'est surement mieux que de contre-attaquer, que ce soit par la colère ou par l'ironie, comme il sait si bien le faire. Il n'est absolument pas légitime pour s'énerver contre elle, il le sait, et il mérite toutes ces attaques. Il pourrait s'excuser, le flic. Se repentir. Mais il est pour l'instant incapable d'emprunter cette voie. Il ne saurait même pas par où commencer. De simples excuses sembleraient tellement futiles, face à la montagne de rancœur accumulée entre les deux frère et sœur. Il aurait tant à lui dire. Mais il ne sait pas faire, Eli. Communiquer. Du moins c'est peut-être l'excuse qu'il se donne pour ne pas le faire. C'est bien pratique. Ça lui fait du mal de voir qu'elle semble penser qu'il s'en fiche d'elle. Ce n'est pas étonnant car c'est tout ce que son comportement respire. C'est pourtant tout le contraire. Alors l'angoisse le saisit brusquement lorsqu'elle annonce être porteuse de mauvaise nouvelle, la jeune femme. Il croise les bras sur sa poitrine, interroge la brune, impatient de savoir ce qu'il se trame. Son cœur rate un battement lorsqu'elle prononce ce qui sonne comme une sentence aux oreilles d'Eli. Malade ? Surement pas un rhume si elle formule ça comme ça, non ? La respiration du flic s'accélère un peu alors qu'il l'écoute poursuivre. Le syndrome de quoi ? Inconnu au bataillon. Il grimace légèrement, l'air perplexe. Il reste calme, Eli, en apparence. Intérieurement la tempête commence. L'angoisse monte en lui. Il sent ses muscles se tendre. Bailey continue de parler et il l'écoute en silence. Il veut entendre tout ce qu'elle a à dire, il se retient de l'interrompre. Il doit rester calme, ne pas céder au feu qui l'envahit peu à peu. Evènement traumatisant. Ça pour le coup ils étaient servis, les Sawyer, en la matière. Elle conclue son discours, termine en parlant de la cigarette, comme quoi ça pourrait aggraver la situation. Cette phrase agace Eli. Pourquoi elle fume, si ça aggrave ? Il prend enfin la parole, il doit en savoir plus. Son ton n'est plus aussi froid qu'auparavant, il se fait pressant, il peine à masquer l'angoisse qui l'anime. "C'est quoi ce syndrome, Bailey ? C'est grave ? Ça fait quoi ? Ça se traite comment ?" Il la fixe, sourcils froncés, les phalanges qui blanchissent tellement il serre dans ses mains ses bras toujours croisés sur sa poitrine. "Ça veut dire quoi, tu m'annonces ça comme ça donc ça doit être grave ? Et arrête de fumer si ça aggrave le truc ! Tu devrais même pas fumer de base de toute manière." Phrase prononcée dans un salon qui contient au moins trois cendriers remplis de mégots. Fais ce que je dis, pas ce que je fais. Il contient difficilement son énervement. La colère masque l'inquiétude, mécanisme de défense une nouvelle fois.  

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Cette visite surprise n'avait pas vraiment bien démarré. Déjà parce qu'il y avait l'élément "surprise" dans l'équation. Eli n'était pas vraiment un grand fan des surprises. En plus, voir sa sœur débarquer sur son palier sans crier gare c'était à la fois une bonne et une mauvaise surprise. Une bonne car au fond, il était toujours heureux de la voir en chair et en os, de voir qu'elle allait bien, qu'elle était toujours là, à vivre sa vie, même sans lui. Et une mauvaise car il était justement bien conscient qu'il imposait à Bailey de vivre sa vie sans lui. Qu'il refusait volontairement d'en faire partie ou du moins essayait d'esquiver toutes les tentatives de rapprochement qu'elle avait pu faire, au fil des années. Donc oui, lorsqu'il avait ouvert la porte, Eli avait su que les instants qui allaient suivre risquaient d'être un peu houleux. Il ne s'était pas trompé. Mais clairement, il n'était pas du tout prêt pour la discussion qui se déroulait dans son salon, sans aucun avertissement préalable. Voilà qu'elle lui parlait d'une maladie qu'elle venait de découvrir. Bien qu'il se retienne de l'interrompre pendant qu'elle parle, elle ne lui donne pas assez d'informations. Pas assez à son goût. Alors c'est un flot de questions qui s'échappe de sa bouche lorsqu'il reprend la parole, Eli. Toutes les fibres de son corps sont tendues, son inquiétude est très mal camouflée, à ne pas en douter. Il l'écoute une nouvelle fois lui répondre, détailler ce fichu syndrome. Elle n'en sait pas plus, qu'elle dit. Il  pince les lèvres, fronce les sourcils. "Mais... Comment tu l'as su ? T'as des symptômes ? T'es allée voir un docteur ? Il t'a diagnostiqué mais t'a pas dit comment ça se soignait ? Il t'a laissé comme ça sans rien savoir de plus ??" Le flot de questions qui reprend. Il se permet même une remarque sur la cigarette, lui, Eli Sawyer, qui s'envoie probablement un paquet par jour au minium. Bien évidemment sa crédibilité est ridicule, cette conversation se tenant au milieu d'un salon décoré par divers cendriers qui débordent. Elle le lui fait bien remarquer, Bailey. Avant de lui confier qu'elle aimerait bien arrêter, mais ne s'en sent pas prête. Il secoue la tête, un peu désemparé devant cette situation, il doit bien l'admettre, Eli. Il décroise les bras et vient s'assoir sur le canapé, attrape un paquet de clope sur la table basse et s'en allume une. Son regard reste rivé sur le sol. Lui aussi, il ne sait pas gérer son stress autrement qu'en fumant. "Gérer" était surement un mot un peu optimiste. Et là, niveau stress, il avait du mal à voir comment on pourrait monter plus haut. Il relève les yeux vers sa sœur, enfin. "Il va se passer quoi là du coup ? T'as besoin de quoi ?" demande-t-il, l'air toujours un peu désemparé, assis sur le canapé. A-t-elle besoin de lui ?

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Il n'est pas bien sûr de comprendre, Eli. De mesurer tout l'impact de ce que Bailey est en train de lui annoncer. Elle a une maladie. En quelques secondes, à peine l'annonce faite, l'angoisse a déjà envahi le jeune homme. Il peine à masquer son inquiétude et assaille sa soeur d'un flot de questions. Malheureusement, les réponses ne sont pas vraiment au goût d'Eli. En fait, il n'y a pas vraiment de réponses claires et il ne le comprend pas. Comment est-ce qu'un médecin avait pu la laisser repartir sans lui donner plus d'informations que ça ? C'était complètement aberrant à ses yeux. Elle ne sait pas comment ça se soigne. Bordel, elle ne sait même pas si ça se soigne ! Elle mentionne cependant un futur rendez-vous. "C'est quand ? Le prochain rendez-vous ?" Il serait presque à deux doigts de lui proposer de venir avec elle, Eli. Au moins il s'assurerait de ne pas ressortir de là avant d'avoir obtenu toutes les informations qu'il voulait auprès du médecin, quitte à faire une esclandre. Définitivement beaucoup trop tendu pour supporter cette situation sans un peu aide, il finit par s'assoir sur le canapé et s'allumer une cigarette, à peine quelques secondes après avoir reproché son tabagisme à Bailey. Elle s'assoit à côté de lui. Il respire plus doucement, Eli. Contrôle un peu mieux ses nerfs, en apparence. Il l'interroge alors. A-t-elle besoin de quelque chose ? Sous entendu, peut-il faire quelque chose ? A-t-elle besoin de lui ? Il sent la culpabilité s'immiscer peu à peu dans son esprit, Eli. Il n'est pas assez là pour elle. Il n'est même carrément pas là, pour elle. Et si elle lui avait annoncé un truc encore pire, hein ? Une maladie fatale ou très grave ? (Bien que ce qu'elle venait de lui annoncer sonnait déjà bien assez grave à ses oreilles). Mais comment aurait-il réagi alors ? Stupide qu'il était à essayer de garder sa soeur loin de lui depuis des années. Le karma venait peut-être de frapper. Mais sa réponse est encore similaire à celles qu'elle lui a déjà donné. Elle n'en sait rien. Elle n'a pas plus d'informations. "Mais... Est-ce que moi je peux faire quelque chose ? Pour toi ?" demande-t-il plus directement alors qu'elle lui adresse un petit sourire désolé. Il soutient son regard un bref instant avant de souffler la fumée de sa cigarette dans la direction opposée, détournant son visage d'elle. Manifestement, elle ne veut plus vraiment parler de tout ça. Mais c'est dur pour Eli, de s'entendre annoncer une bombe pareille et de parler ensuite de la pluie et du beau temps. Pire encore qu'un tel sujet de conversation bateau, voilà que Bailey l'interroge sur lui. Vraiment pas son sujet de prédilection, au garçon. Il hausse les épaules en tirant une nouvelle taffe de sa cigarette. "Pas besoin de t'inquiéter, j'me cachais pas plus loin qu'ici." dit-il, simplement. Peut-être pouvait-il faire un effort, quand même. Il marque une pause avant de reprendre. "Je vais bien, rien d'extraordinaire à raconter. Je... vois quelqu'un depuis un petit moment. Une fille." annonce-t-il. C'était en réalité probablement la première fois qu'il parlait d'une fille à sa sœur. En même temps, Stella était sa première vraie relation qu'on pouvait qualifier de "sérieuse". Puis bon, même s'il y en avait eu d'autres avant, il n'en aurait probablement pas parlé à Bailey.

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La culpabilité. Terrible sentiment. Il le connait bien, Eli. Trop bien. Un sentiment qui le hante, depuis des années. Les démons du passé. Et là, une nouvelle raison de culpabiliser. Servie sur un plateau. A force de repousser Bailey, il avait manqué une occasion d'être là pour elle. Pour la soutenir. Il en avait surement manqué plus d'une, en fait. Mais là, ça le frappait de plein fouet, avec cette annonce. Il se sentait bien con, d'avoir ce comportement avec elle, depuis tant d'années. De fermer les yeux, se disant que c'était mieux pour tout le monde. Il était même arrivé à se convaincre qu'elle était mieux sans lui. Surement à force de l'entendre de la bouche de leur mère, que tout le monde serait mieux sans lui. Sans Eli. Séquelles, marques indélébiles. Je sais plus trop. Faudrait que je revérifie. Il hoche la tête. Se retient de lui proposer - de lui ordonner - de l'accompagner. Il n'est pas sûr d'en avoir le droit. C'est une femme, Bailey. Elle est adulte, il ne peut pas l'infantiliser alors qu'il s'efforce de la maintenir à l'écart de sa vie depuis des années. Ça serait le comble, hein ? Il la voit déjà le rembarrer sévèrement. Avec raison. Mais bon, il espère quand même qu'elle demandera plus de détails au docteur, la prochaine fois. Sinon, il n'est pas sur de pouvoir se retenir de venir au rendez-vous suivant.

Il fume, Eli, tente de calmer ses nerfs avec la nicotine, prenant soin de souffler la fumée loin de sa sœur. Est-ce qu'il peut faire quelque chose pour elle ? Elle est peut-être un peu étrange, cette question. Un peu naïve. Un peu bête. Mais il est désemparé, le garçon. Il s'en veut et ne sait pas comment réagir. Il veut faire mieux tout en se demandant si ce n'est pas déjà trop tard. Si c'est rattrapable, tous les non-dits qui se sont accumulés entre les deux enfants Sawyer, au fil des années. Si c'est possible de changer les choses, entre eux. D'effacer la distance qu'il s'est appliqué à mettre. En est-il capable, même ? Il ne sait pas. Il ne sait plus grand chose, il est un peu sonné, Eli. D'où la question un peu étrange qui semble prendre Bailey au dépourvu, d'ailleurs. Elle ne sait pas. Au moins, ils sont sur la même longueur d'onde, un peu. J'te ferai signe si je change d'idée. Il hoche la tête puis chasse d'un geste de la main ses excuses qu'elle formule dans sa phrase suivante. "T'excuse pas. C'est... Je... J'suis content que tu m'en aies parlé. Malgré tout." dit-il, fixant la table basse. Malgré tout. Ouais, malgré qu'il ait rendu cette tâche surement très ardue. Bailey avait du lui courir après pour lui apprendre un truc pareil. Culpabilité, encore et toujours.

Le sujet dévie. Eli ne porte pas le small talk en adoration. Mais parler de lui, c'est un sujet de conversation qu'il tient encore moins en adoration. Pourtant, il doit bien ça à Bailey là, non ? Un minimum. Il ne veut pas qu'elle s'inquiète pour lui. Puis il lui parle de Stella. C'est probablement la nouvelle la plus importante qu'il a à partager. Et la plus intéressante. Bailey semble surprise. Fallait dire que ça lui ressemblait pas vraiment, à Eli, les relations de couple. Et encore moins celles dont il parlait à sa petite sœur. "Euh, oui. Ça fait plusieurs mois." Il expire la fumée de sa cigarette bientôt terminée. "Elle s'appelle Stella." ajoute-t-il. Que dire de plus ? Il a une pensée parasite pour Ula, qu'il chasse rapidement. "Et toi ? T'as des news plus joyeuses à partager...?" demande-t-il tout en écrasant sa cigarette dans le cendrier déjà plein sur la table basse.

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Elle est chanceuse de t’avoir. Sans pouvoir le retenir, Eli souffla un rire teinté d’amertume. « Tu me connais non ? » dit-il, un air ironique sur le visage. « Je suis pas sûr d’être un cadeau dans un couple. » Simple honnêteté. Il savait parfaitement  qu’il n’était pas un cadeau. Incapable de laisser rentrer quelqu’un trop profondément dans sa vie, dans son cœur. Incapable de s’ouvrir. Pas idéal, pour une relation amoureuse, d’être aussi renfermé. D’où le fait qu’il n’avait jamais réellement tenté l’expérience. Jusqu’à Stella. Plusieurs mois, oui. Il y avait au fond sûrement l’espoir d’oublier une autre brune, en débutant cette relation. Mais il s’était laissé glisser dans ce couple, Eli. Sans y faire trop attention. Tout s’était fait naturellement. Mais il était loin d’être le petit ami parfait, il le savait bien. Et si les choses se déroulaient pour l’instant avec légèreté et sans accroche, il ne savait pas combien de temps cela pourrait durer. Il fronça les sourcils à la question de Bailey, étudiant sérieusement la possibilité. Sa petite sœur et sa petite amie discutant ensemble. Eli frissonnait rien qu’à la pensée de la quantité de choses que Bailey savait sur lui et dont il n’avait jamais parlé à Stella. L’idée n’était pas très séduisante. « Ouais, pourquoi pas. » répondit-il alors, restant volontairement évasif. Désireux de dévier l’attention de sa propre vie privée - bien qu’il ait été celui qui avait abordé le sujet -, Eli interrogea Bailey sur sa propre vie et de potentielles nouvelles à partager. Plus joyeuses que celle d’une maladie grave, si possible. Il écouta la réponse de sa sœur, hochant la tête à la mention de son stage et du cabinet de leurs parents. Son expression était neutre. Indéchiffrable. Mais il acquiesça. « Bonne idée. » Il ne pouvait que juger cette décision comme positive. Ses parents étaient un poison. Pour Eli mais sûrement qu’ils l’étaient également pour les autres rejetons Sawyer, même si le garçon ne pouvait plus vraiment en témoigner au jour le jour. Il n’avait pas beaucoup de doutes sur le sujet, cependant. « Tu me diras, pour le stage. » Il ne pouvait pas vraiment apporter son aide pour la recherche, ayant lui même décidé de s’orienter dans une voie professionnelle aux antipodes de celle de ses parents. Il finit par se lever du canapé et fit quelques pas vers la cuisine. « J’te sers à boire ? Sans alcool. » demanda-t-il, son ton indiquant que le sans alcool était non négociable. Pas de cigarette et pas d’alcool non plus, tant qu’à faire hein. Il aurait pu pousser Bailey vers la sortie. N’importe quelle autre fois, il l’aurait sûrement fait. Mais pas après la conversation qu’ils venaient d’avoir. Non, après ça il lui semblait que le moins qu’il pouvait faire c’était de lui proposer quelque chose à boire. Un peu de temps à deux. Une goutte d’eau dans l’océan de temps qu’ils avaient à rattraper. Il fallait un début à tout.