hold my hand and tell me it's fine.

-- ft / @Lis Keynes 

Il passait de plus en plus de temps avec Leon, Senàn. Se sentait plus à l’aise avec le petit, qu’il ne l’avait été dans le passé. Petit à petit, il parvenait à reconstruire sa vie et à se sentir plus à l’aise au quotidien. Il y avait des jours où c’était plus difficile que d’autres. Les années en prison qui revenaient encore souvent le hanter la nuit, l’empêchant de trouver le sommeil. Il y avait le fantôme de Martha qui continuait de flotter dans sa vie, renforçant toujours un peu plus la culpabilité qu’il pouvait ressentir. L’empêchant de s’imaginer de nouveau une vie amoureuse. Au moins, Lis ne semblait pas lui en tenir rigueur, même s’il avait l’impression de lui avoir mis un râteau. En même temps, il restait persuadé que tenter quelque chose, alors qu’il luttait encore contre ses démons serait une bien mauvaise idée. Pour lui, pour Lis et surtout pour Leon. Il était toujours autant frustré de continuer à servir des verres au fond d’un bar, alors qu’il avait des diplômes et les qualifications nécessaires pour travailler comme ingénieur, indéniablement le genre de poste qu’il préférerait et qui en prime, lui offrirait un salaire un peu plus important. Beaucoup de choses encore à régler, mais il avançait, à son rythme, et c’était déjà un bon début.

Il vivait seul depuis quelque temps maintenant. Son colocataire était parti et il avait décidé de garder la chambre libre pour accueillir son fils, de temps en temps, si Lis le lui permettait. Financièrement, c’était parfois un peu plus compliqué, mais il n’était pas quelqu’un de très dépensier, Senàn, alors il ne s’en sortait pas trop mal. Lis avait accepté de le laisser passer du temps seul avec Leon, même de le garder pendant une nuit, de temps en temps. Il s’était lancé là-dedans progressivement, timidement, même, mais il avait l’impression que c’était plus simple à présent. Ce soir, il avait passé la soirée avec le petit. Il l’avait trouvé fatigué, dans un premier temps. Il s’était dit que c’était probablement l’école qui l’avait épuisé. Pas facile pour un gamin de prendre le rythme scolaire. Mais plus la soirée avançait, plus il se posait des questions, Senàn. D’abord, il avait mis ça sur le dos de la paranoïa. Inquiétude dont il ne pouvait pas se défaire, parce que Leon était son fils, il était jeune, il était fragile et lui, il avait peur de tout rater. Mais au bout d’un moment, il avait dû se rendre à l’évidence, il y avait vraiment quelque chose qui n’allait pas. Ce n’était pas lui, le problème. Il n’avait pas envie d’embêter Lis pour rien, mais il était persuadé qu’il fallait faire quelque chose. Dans la panique, il ne savait même pas qui appeler, à part Lis. Un médecin, aurait sans doute été une meilleure option, mais sur le coup, il avait besoin de Lis. Alors il avait appelé, essayant tant bien que mal de masquer l’inquiétude dans sa voix, sans que ce soit une grande réussite. Elle était venue aussi vite que possible et même si sa présence ne réglait pas tout, il fut un peu soulagé en entendant frapper à la porte. « Hey. » Il répondit en la laissant entrer dans l’appartement. Ça le rassurait qu’elle soit là, comme si elle, elle avait une réponse et une solution à tous les problèmes que pouvaient rencontrer Leon. « Il a rien mangé. Il tousse et je pense qu’il a de la fièvre. » Il répondit à la question de la blonde. En même temps, il était vraiment pas doué en cuisine, alors il aurait presque pu comprendre que le petit n’ait pas envie de manger, mais quand il venait, il demandait toujours à sa mère de lui préparer quelque chose. Ça l’aidait un peu à renouer avec ses parents et évitait à Leon d’avoir à goûter sa cuisine. Il laissa Lis entrer dans la chambre du petit, qu’elle puisse constater la même chose que lui, sans doute. Mais elle serait forcément plus utile que lui.

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-- ft / @Lis Keynes 

Il s’en sortait de mieux en mieux avec Leon, Senàn. Mais il y avait des moments où ce n’était pas évident. Ce soir, il avait bien vite senti que quelque chose n’allait pas. Il était fatigué, ce qui n’était pas forcément étonnant après une journée d’école, mais y avait ce truc en plus qui faisait que dès le début, il avait commencé à s’inquiéter, Senàn. Et puis il y avait eu le dîner ou le petit n’avait pas eu d’appétit. Il avait hésité un peu avant d’appeler Lis. Est-ce qu’il ne pourrait pas appeler sa mère, pour éviter d’embêter Lis ? C’était encore compliqué pour lui, après tout ce qui avait pu se passer ces dernières années de simplement appeler sa mère à la rescousse. Il avait toujours peur qu’elle le juge, qu’elle pense qu’il n’était pas un bon père. C’était idiot, parce que techniquement, le seul qui s’était toujours jugé, c’était lui. Mais il avait l’impression d’avoir tellement déçu sa mère et son beau-père ces dernières années, qu’il n’arrivait pas à se défaire de cette idée. Et puis, il était convaincu que Lis préférait être mise au courant tout de suite, si quelque chose n’allait pas avec son fils. Alors c’est ce qu’il avait fait, il l’avait appelée et elle était venue à la vitesse de l’éclair.

Il se sentait quand même coupable d’avoir ruiné sa soirée. Il se disait que le fait de s’occuper de Leon à deux, c’était censé la soulager, lui permettre de faire sa vie un peu plus sereinement et il avait gâché sa soirée. Il ne l’aidait pas beaucoup, du coup. C’était toujours elle qui venait à sa rescousse, de toute évidence. « Ouais, j’imagine que les classes doivent être des nids à microbes. » Plein de gamins dans une pièce fermée, c’était évidemment que ça permettait la circulation des microbes. Leon devait avoir attrapé quelque chose là-bas. Tant que ce n’était qu’un virus de saison, ce n’était sans doute pas bien grave. Mais Senàn, avait encore du mal à savoir comment réagir dans ce genre de situation. « Non, c’est pas rassurant. » C’était bien pour ça qu’il l’avait appelée. Après, c’était sûrement juste temporaire, avec la fièvre, la fatigue, le corps tout entier se mettait au repos, si bien que l’estomac n’avait pas envie de travailler. Il n’en savait rien, Senàn, mais il essayait de rationaliser, ce serait toujours plus constructif que de se mettre à paniquer. Il avait évidemment laissé Lis entrer dans la chambre de Leon, là où il était couché depuis un moment maintenant. Il ne tarda pas à remarquer qu’elle était bien plus douée que lui pour gérer la situation. Un genre d’instinct maternel qui n’appartenait qu’aux femmes ? Ou juste lui qui était vraiment nase ? Il penchait plus pour la deuxième option, Senàn. La première résumant un peu trop les femmes à un rôle de mère, comme si elles n’étaient bonnes qu’à ça. Une chose était certaine : Lis était bien plus douée que lui pour gérer ce genre de situation et c’était rassurant. Au moins, même s’il culpabilisait pour avoir gâché sa soirée, il ne regrettait pas complètement de l’avoir appelé. Il avait clairement fait ce qu’il y avait de mieux pour Leon et c’était le plus important. « Oui, je dois avoir ça. » Il alla fouiller dans la pharmacie pour lui ramener le thermomètre, avant de repartir dans la cuisine histoire de remplir un verre d’eau et de le ramener à Leon. Boire ne lui ferait pas de mal, c’était certain. Beaucoup de repos devrait l’aider aussi. Il l’espérait en tout cas Senàn. Il n’aimait pas le voir dans cet état, lui qui était pourtant toujours dynamique et plein de vie.

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-- ft / @Lis Keynes 

Il n’avait pas l’impression d’être souvent malade, Senàn. Peut-être qu’il l’avait été plus quand il avait été enfant, sûrement même, mais au fil des années, il avait acquis un bon système immunitaire. Aurait facilement pu être fragilisé par toute la merde qu’il avait pu s’injecter dans les veines à une époque, mais finalement niveau santé, il ne s’en sortait pas trop mal Senàn. Il était adepte de l’auto-médication, du genre à prendre rapidement un médicament quand ça n’allait pas et espérer que ça arrange tout. Pas forcément la meilleure des méthodes, mais ça marchait plutôt pas mal dans son propre cas. Mais c’était bien parce qu’il s’agissait uniquement de sa propre santé qu’il n’y faisait pas tant attention que ça. Là, il s’agissait de Leon. Alors il savait qu’il fallait faire quelque chose, mais bien peu habitué à ce genre de situation, même le concernant lui-même et ayant de toute façon, pas la meilleure méthode pour les traiter, il se retrouvait complètement démuni. Leon n’allait pas bien et il ne savait pas quoi faire, Senàn. Pourtant, il fallait bien faire quelque chose, il ne pouvait pas laisser son fils dans cet état. Il l’avait mis au lit et avait fini par appeler Lis, persuadé qu’elle serait plus à même d’aider Leon.

C’était le cas, évidemment. La blonde n’avait pas tardé à prendre la situation en mains et elle savait parfaitement ce qu’elle faisait. Ça le rassurait, Senàn de savoir qu’elle était là et qu’elle était bien plus à l’aise que lui. L’école, ça expliquait beaucoup de choses. Il s’était retrouvé au milieu d’autres enfants, les microbes circulaient et voilà qu’il était malade à présent. C’était stressant, mais en même temps c’était normal. Tous les enfants tombaient malade, ce n’était sans doute pas une raison de faire tout un drame. « Je suppose que c’est inévitable et pas plus mal, faut bien qu’il construise son système immunitaire. » Et y avait bien qu’en étant confronté aux divers virus et autres maladies qu’il pourrait se construire, ce système immunitaire, alors y avait toujours moyen de se dire que cette situation, c’était un mal pour un bien. « Oui, tu as raison. » Il répondit dans un léger soupir. Il avait confiance en Lis, elle allait forcément trouver un moyen d’arranger les choses. Mais il se disait qu’il avait peut-être réagi de façon disproportionnée en l’appelant et que finalement Leon avait surtout besoin de repos. Il avait un peu de fièvre, mais rien de trop inquiétant à entendre Lis. Tant mieux, il commençait à se détendre un peu, Senàn. « Okay. » Il répondit, tout en acquiesçant comme si elle venait de lui donner une information de la plus haute importance. Il n’y avait plus qu’à espérer que la nuit se passe bien. « Je vais pas t'embêter plus que ça, j’ai déjà ruiné ta soirée. » Elle avait forcément eu des plans plus sympas pour ce soir que de finir chez lui, après tout. Il aurait aimé qu’elle n’ait pas à tout annuler. Il aurait aimé lui donner l’impression qu’il gérait assez pour qu’elle puisse vraiment reprendre sa vie, quand Leon était avec lui, mais ce n’était pas le cas, de toute évidence. Il ne gérait pas assez. Bien au contraire. « Je suis vraiment désolé pour ça, d’ailleurs. » Il ajouta, parce qu’il se sentait vraiment coupable dans cette histoire. Elle avait dû s’occuper de Leon toute seule pendant un long moment et maintenant qu’il était là, qu’il était prêt à assumer son rôle de père, il n’aidait pas complètement à lui alléger le quotidien, puisqu’au moindre problème il l’appelait. Pauvre Lis, parfois, elle devait se dire qu’elle n’avait pas qu’un enfant, mais deux.  

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-- ft / @Lis Keynes 

Il n’avait pas prévu de devenir père, Senàn. Pas que l’idée le dégoûte complètement, non, quand il avait eu une vie stable, qu’il avait été fiancé et à même de faire des projets pour son avenir, l’idée lui avait bien effleuré l'esprit. Quand il avait été avec Martha, ça avait été facile de se projeter dans ce genre d’avenirs, parce qu’ils étaient heureux et amoureux, parce qu’ils avaient réussi à construire une vie dans laquelle, avoir des enfants était une possibilité pas complètement folle. Mais ils avaient voulu se concentrer sur le mariage dans un premier temps. Malheureusement, y avait pas eu de mariage et tous les projets qu’ils avaient pu avoir étaient tombés à l’eau, le jour où elle était morte. Tout s’était effondré à ce moment-là et sans doute que même s’il n’avait pas fini en prison, il aurait quand même eu du mal à s’accrocher à ce genre de rêves. Il avait tout perdu quand il avait perdu Martha et tout reconstruire aujourd’hui, c’était compliqué. Alors Leon, ça sortait un peu de nulle part pour lui, si bien qu’il avait eu un peu de mal à s’y faire. Ce n’était plus dans ses projets depuis un moment, la paternité et pourtant, il l’avait accepté et il faisait de son mieux.

C’était bien pour ça qu’il avait appelé Lis, ce soir. Il avait beau avoir la volonté de s’occuper de son fils, il savait qu’il n’était pas très doué, qu’il avait encore beaucoup de failles et tellement de choses à apprendre. Alors, puisque le petit était malade, ça le rassurait que Lis soit venue. Il se sentait soulagé maintenant qu’elle était présente. Peut-être que ce n’était pas très grave et que Leon allait vite se remettre, mais il se disait que c’était mieux ainsi. Il aurait préféré ne pas avoir à déranger Lis, mais au moins, il était rassuré pour Leon. Évidemment qu’il avait dû attraper un petit virus à l’école et que ce n’était pas bien grave. Il était petit et être en contact avec d’autres enfants, ça permettait la circulation des maladies. Ce qui n’était pas forcément une mauvaise chose, puisque ça permettait de construire le système immunitaire. « Ouais, ça fait partie des choses importantes de la vie. » Avoir un bon système immunitaire, c’était essentiel. C’était comme ça qu’on résistait mieux au monde extérieur. Il y avait tout un tas d’articles et documentaires, sur ces enfants, surprotégés qui devenaient hyper fragiles, parce qu’ils n’avaient jamais été confrontés à tout ça. Mieux valait avoir des petites maladies régulièrement et apprendre à résister, plutôt qu’une seule grosse maladie pouvant être très grave par manque d’habitude. « Merci. » Il répondit aux propos de la blonde. Il se sentait un peu mieux, parce qu’elle lui disait qu’il n’avait pas ruiné sa soirée, mais il lui était surtout reconnaissant d’être là, parce qu’elle gérait beaucoup mieux que lui. « Je préfère aussi, je fais de mon mieux, mais j’ai encore beaucoup à apprendre. » Il en avait conscience au moins, Senàn. Il faisait beaucoup d’efforts, il avait la volonté d’être à la hauteur, mais s’occuper d’un enfant, ça demandait beaucoup d’apprentissage et ce n’était pas forcément un truc qui venait du jour au lendemain. « Si tu veux rester, ça me dérange pas. » Il haussa les épaules, lui ça le rassurait, mais il n’avait pas envie qu’elle se sente obligée. « Mais, j’te laisserai la chambre, ce sera mieux, c’est pas comme si je dormais beaucoup, de toute façon. » Il haussa les épaules. Mieux valait qu’elle soit bien installée, si elle, elle comptait dormir un peu plus que lui. Ses nuits à lui, elles étaient toujours très courtes, souvent il finissait devant la télé, ou avec un livre pour s’occuper, alors autant qu’il reste dans le salon. « T’as eu le temps de manger au moins ? » Puisqu’il l’avait arrachée à sa soirée, il espérait au moins qu’elle avait mangé. Sans quoi, il avait bien des restes de ce qu’il avait ramené de chez le traiteur pour le repas de ce soir.