@Isana Montgomery & @Sahar Hosseini

Le bilan 2023 de la Hope of Shades Art Gallery est bon. Le chiffre d’affaires est en constante augmentation depuis ces dernières années. Toutefois, si l’on étudie de plus près les données, il est possible de remarquer que les deux derniers mois de l’année 2023 ont été nettement moins fructueux que les dix précédents. Cette baisse des ventes est directement liée à la dernière exposition temporaire qui a été lancée à la galerie début novembre et qui occupera les locaux jusqu’à la fin du mois de février. Une exposition qui n'emporte pas l’assentiment général et qui fait pleuvoir de très nombreuses critiques négatives sur Sahar Hosseini.

Sans aller jusqu’à tirer la sonnette d’alarme, l’expert-comptable de Sahar lui a fait remarquer cette chute nette de son chiffre d’affaires et est même allé jusqu’à lui remettre un graphique en courbes pour rendre ses propos plus parlants encore. La galeriste n’avait cependant pas besoin de cela ; elle était déjà au fait que ses affaires se portaient moins bien. Les ventes se font plus timides, se concluent avec des négociations plus larges, et les nouvelles prises de contact avec la galerie sont bien moins nombreuses qu’à l’accoutumé. Sahar et son expert-comptable étaient au moins d’accord sur ce point, lors de leur dernière entrevue : il est grand temps de rectifier le tir et de faire le nécessaire pour assurer la prospérité de l’établissement.

Alors, cette année, Sahar a décidé de voir plus grand pour son annuelle soirée de mécénat. Hors de question d'organiser les festivités au sein de la galerie et de prendre le risque que ses nouveaux détracteurs ne viennent l'attaquer dans son territoire, en de pareilles circonstances. Il lui a donc fallu repenser l'évènement, le projeter ailleurs et, surtout, débourser une somme bien plus coquette pour déplacer la soirée de la galerie à l'hôtel-restaurant The Point Brisbane. Depuis le début de l'après-midi, les employés de l'établissement quatre étoiles agencent la salle, la décorent et préparent le buffet qui ravira les papilles des convives attendus à partir de dix-neuf heures. Sahar n'est jamais bien loin et profite du temps qui lui reste pour revoir une dernière fois son discours.

Les premiers invités arrivent à l'heure convenue. Ils saluent Sahar, échangent les dernières nouvelles du monde de l'art avec des personnes qui leur sont connues ou inconnues, et savourent tous - ou presque - le champagne mis à leur disposition. Aux alentours de vingt heures, et alors que la salle est relativement bien remplie au vu des circonstances, Sahar rejoint le pupitre de conférence qui a été installé pour l'occasion.

Durant une vingtaine de minutes, Sahar fait état des réussites de la galerie sur la dernière année, de la côte grandissante de certains de ses artistes, du nom qui commence à être donné à d'autres. Elle poursuit en mettant le cap sur ses objectifs 2024 et ne manque pas de souligner l'importance du soutien indéfectible de ses partenaires et mécènes. Fidèle à elle-même, elle en profite même pour répondre aux critiques virulentes dont elle fait l'objet dans le monde culturel pour rappeler qu'elle sait précisément ce qu'elle fait, où elle va et avec qui, et que si elle fait autant parler d'elle c'est parce qu'elle parvient à atteindre ce qu'elle a toujours recherché : faire bouger les lignes. Son allocution se termine sur des remerciements sincères et un appel à la générosité de ses mécènes pour permettre à ses artistes de pouvoir rêver toujours plus grand et d'aller toujours plus loin.

Sous les applaudissements, Sahar s'extrait de l'attention générale et profite du buffet. Elle passe de cercle en cercle, d'amis en connaissances, de partenaires en mécènes. Elle discute avec autant de personnes qu'elle le peut, toujours avec cet objectif de récolter des fonds pour permettre aux multiples projets de la galerie de vivre. Elle ne perd jamais de vue, non plus, l'importance du mécénat. Les dons lui permettent non seulement de concrétiser des projets, mais lui fait aussi et surtout gagner en visibilité. Un mécène conquis parlera nécessairement de la galerie qu'il soutient et des artistes qu'elle représente. Le bouche à oreille fera le reste et la popularité de l'artiste ira en grandissant, tout comme la valeur de son art.

- Madame Montgomery, salue-t-elle l'intéressée en arrivant à sa hauteur et en lui accordant une poignée de main assurée. J'espère que vous passez un agréable moment et que le buffet est à votre goût, relève-t-elle dans un sourire alors que la blonde vient de s'emparer d'une verrine.

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(outfit) ⋄ Depuis leur mariage en 2019, Walter a souvent répété à Isana l'importance du mécénat quand on est un homme de pouvoir ; un multimillionnaire. D'abord car c'était sa façon à lui de diminuer son impôt sur la fortune. Mais aussi, et surtout, parce que ça lui tenait à cœur à Walter. Autant que de donner de l'argent à des œuvres de charité. L'art est important dans la vie, car l'art est la vie. C'était ce qu'il lui répétait fréquemment. Depuis sa mort, Isana a donc continué de respecter les volontés de son mari. Bien que contrairement à lui, elle ne s'intéresse pas tant que cela à l'univers artistique. Mais tout cela lui a été tellement bien expliqué par Walter par le passé, qu'Isana sait exactement comment procéder avec son argent. Elle sait exactement à qui le donner et comment. Alors quand elle a appris en fin d'année que la nouvelle exposition de la Hope of Shades Art Gallery avait essuyé de nombreuses critiques, Isana s'est questionnée quant à l'avenir de ses relations avec cette galerie. Pourtant depuis de nombreuses années, les Montgomery font partis des principaux mécènes de la Hope of Shades Art Gallery. Mais à quoi bon continuer de donner de l'argent à des artistes sans talent, et une galeriste incapable de percevoir une œuvre vide de sens ? Car le problème, c'est que si Madame Hosseini se rate, la réputation d'Isana peut en être impactée. Elle sera celle qui a soutenu financièrement une exposition lamentable, critiquée par les plus grands. Chose que la Montgomery ne peut accepter. Walter lui-même, se serait abstenu. Car elle les a lu les critiques, Isana. Elles ont été mauvaises, odieuses, même. Catastrophiques.

Alors quand elle a reçu l'invitation de la soirée annuelle organisée par la Hope of Shades Art Gallery, Isana a longtemps hésité à s'y rendre. D'autant que d'ici trois jours, elle reçoit Valentina dans sa demeure. Elle doit donc peaufiner cet entretien et le travailler. Mais ses pensées se tournent vers son défunt époux, et sur ce qu'il aurait fait. Walter ne laissait jamais de seconde chance. Quand quelque chose lui déplaisait, il y mettait un terme sans réfléchir. Même quand il s'agissait d'art. Pourtant, l'erreur peut arriver à n'importe qui. Et c'est exactement sur ces mots qu'Isana arrive à se convaincre elle-même. Elle ira à cette soirée dont elle connait parfaitement le but – collecter de l’argent auprès des nombreux mécènes. À voir ensuite ce qu’elle fera, et si elle acceptera d’offrir une seconde chance à Madame Hosseini, ou si elle devra plutôt aller par la suite à la rencontre d’autres galeries.

Arrivant à dix-neuf heures quarante-cinq – Isana étant toujours très longue pour se préparer – la Montgomery abandonne sa Ferrari auprès du voiturier. Elle pénètre dans la salle de réception en compagnie de sa belle-fille, puisqu'il lui est encore difficile aujourd'hui de se rendre à des soirées mondaines sans son défunt époux. Pendant quelques minutes, les deux Montgomery ne se lâchent pas, tandis que les regards se tournent vers elle. Probablement est-ce la robe imposante de la blonde qui fait jaser ; et les nombreux diamants qui l’ornent. Elles acceptent les coupes de champagne qu'on leur apporte, avant de finalement se séparer pour aller chacune à la rencontre d'autres connaissances. Le discours de Madame Hosseini démarre. Isana l'écoute attentivement, même si par moment, elle écoute l'avis de Bart – un millionnaire – quant au discours de la galeriste. Madame Hosseini parle essentiellement de ses réussites avant de conclure sur l'importance du soutien de ses mécènes. L'argent, toujours l'argent. Après tout, ils sont tous réunis pour ça. Pour que Sahar les convainc de lui établir le plus gros chèque possible. Cette ultime phrase fait sourire Isana tandis qu'elle se joint aux applaudissements des convives à la clôture du discours. Le brouhaha reprenant son cours, Isana décide d'abandonner Bart pour aller récupérer une nouvelle coupe de champagne, ainsi que déguster une première verrine. Glissant une première cuillère dans son bouche, Isana sourit en entendant la voix de la galeriste la saluer. Elle tourne son regard dans sa direction, avant de retirer lentement la petite cuillère d'entre ses lèvres.

- Madame Hosseini, la salue-t-elle poliment en retour, en déposant sa verrine sur la table derrière elle afin de pouvoir lui serrer la main.

La poigne de la Montgomery est ferme, tant et si bien que lorsque la galeriste cherche à récupérer sa main, la blonde l'en empêche. Elle l'observe durant quelques secondes, de la tête au pied, avant de lui offrir un sourire plus séduisant qu'elle ne l'aurait voulu. Sa bisexualité n'est absolument pas connue du grand public, même Walter ignorant absolument tous des penchants de son épouse pour la gent féminine. Mais Sahar est réellement séduisante ce soir. Si Isana fait constamment son possible pour cacher son attirance pour les femmes, elle doit reconnaître que la galeriste a sorti le grand jeu ce soir. À tel point que se retenir d'en profiter serait malvenu ; d'autant que sa belle-fille n'est pas absolument pas dans les parages.

- Tout est à mon goût, lui souffle la veuve Montgomery en lui lâchant enfin la main, avant de se délecter d'une gorgée de son champagne. Ses yeux parcourent à nouveau la tenue de la galeriste avant de remonter jusqu'à ses yeux. Sauf peut-être votre nouvelle réputation. J'ai entendu dire que vous n'êtiez plus à la hauteur, plus capable de distinguer l'artiste de l'amateur. Qu'en pensez-vous ?

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Si la bienséance a toute sa place dans les soirées de ce type, force est de constater que Sahar se heurte à des accueils différents ce soir. Il y a ceux qui croient en l’art qu’elle promeut – et, plus largement, en elle –, ceux qui ne savent pas quel crédit lui accorder à la suite de la dernière exposition de la Hope of Shades Art Gallery et ceux qui sont strictement catégoriques et qui ne veulent plus être liés à cette galerie. Le premier type de profil rencontré conforte Sahar dans l’idée que tenir cette soirée de mécénat en cette salle de réception était une bonne idée. Quelle arrive à garder son rayonnement en dehors des murs qui sont les siens. Le deuxième type de profil est déjà plus difficile à appréhender puisqu’il suppose que Sahar fasse ses preuves. Qu’elle jauge la personnalité qui se trouve en face d’elle pour savoir comment s’adresser à elle et optimiser ses chances d’être soutenue, notamment financièrement. Enfin, le troisième et dernier type de profil est celui avec lequel elle a le plus de difficultés. Ce sont les personnes les plus dures à convaincre ; celles qui restent sur leur idée arrêtée et peu importe que celle-ci ne reflète pas la réalité. Si elle ne baisse pas les bras face à ces personnes, il va sans dire que chaque nouvelle rencontre qui lui répète à haute voix les mauvaises critiques qui la concernent est un coup dur ; un signe de plus qu’elle a perdu des alliés importants à la suite du dernier pari qui a été le sien.

Mais sa vie n’est-elle pas faite de paris ? Sahar n’est en tout cas pas le genre de femme à se laisser désabuser. Elle continue de croire en ses artistes, aux positions qu’elle entend défendre et à la vision qui est la sienne. Si cela doit impliquer qu’elle perde des partenaires, qu’à cela ne tienne. Les chaines n’ont jamais été faites pour elles ; pas même les chaînes dorées. C’est bien là le grand dam de son père qui l’observe déambuler parmi les convives en pensant probablement que sa fille court à sa propre perte à se conduire de la sorte. Dommage que l’avis de Syrus Hosseini soit bien le dernier qui intéresse sa progéniture.

En arrivant à hauteur d’Isana Montgomery, Sahar se pose la même question que celle qui ne la quitte pas depuis le début de la soirée : face à qui va-t-elle se retrouver ? Si elle n’avait jamais cette appréhension les années précédentes, force est de constater que les choses sont différentes désormais. Toutefois, cela conforte un peu plus Sahar dans le fait qu’elle a fait les bons choix, pris les bonnes décisions. C’est si son exposition n’avait pas du tout fait parler qu’elle se serait réellement inquiétée.

La poigne de la Montgomery est ferme. Mais ce qui capte davantage l’attention de l’iranienne est bien le regard que la blonde fait peser sur elle. Ce même genre de regard séducteur auquel elle s’adonne quand ses idées sont dirigées vers des plans qui impliquent de se déshabiller. Sahar ne serait pas Sahar si elle ne le remarquait pas, et c’est d’ailleurs un très léger sourire en coin qui s’empare de ses lippes. Peu importe le type de profil qu’elle doit attribuer à Isana Montgomery ce soir, elle a au moins un avantage supplémentaire : celui de laisser le pouvoir de la séduction opérer.

Ce n’est pas plus mal, à vrai dire. Très rapidement, Sahar comprend qu’Isana appartient à la deuxième catégorie parmi les trois qu’elle a classifiées ce soir. Isana ne manque pas de souligne sa nouvelle réputation et de lui répéter qu’elle ne serait plus à la hauteur. Toutefois, elle l’interroge pour connaître son point de vue sur la question. C’est bien pour ça que Sahar ne lui attribue pas le troisième type de profils : au moins la discussion est-elle permise avec la Montgomery. Au moins lui offre-t-on la possibilité d’expliquer ses choix, de leur redonner du crédit.

- Je pense que vous êtes suffisamment intelligente pour vous faire votre propre opinion sur la question, réagit Sahar en se délectant d’une gorgée de champagne, tout en laissant son regard partir de la mâchoire de la blonde pour descendre doucement le long de son cou, jusqu’à arriver au haut de son décolleté. Ses yeux se relèvent aussitôt vers le regard bleuté de la mécène. Je ne crois pas vous avoir vue à l’exposition ; elle y est encore pour quelques jours, n’hésitez pas à passer si vous avez le temps. Je ne vous cache pas que beaucoup de choses dérangent dans cette exposition : le thème de l’immigration, en premier lieu. Mais aussi le fait que les artistes à l’honneur ne sont pas encore connus dans le milieu et qu’ils aient eu l’audace de varier les supports pour faire passer les messages qui sont les leurs. Pour ma part, je trouve cela très intelligent. Je ne pense pas que le monde puisse évoluer si on ne s’écarte jamais de cette ligne directrice que d’autres nous imposent.

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(outfit) ⋄ Si Walter était encore de ce monde, il semble évident qu'il n'aurait jamais laissé sa chance à Sahar Hosseini. Les échecs ça n'a jamais été sa tasse de thé, surtout dans un monde comme celui de l'art. Il était de ceux qui pensent que leur réputation peut s'entacher s'ils soutiennent financièrement un galeriste incapable de faire son travail. Pourtant amoureux de l'art, Walter ne se serait pas fié à l'exposition mais uniquement aux on-dit qu'il aurait entendus. Et perdre un mécène comme le couple Montgomery, c'est perdre des milliers voire millions de dollars d'investissements. Il semble donc évident que ce serait un coup dur pour la Hope of Shades Art Gallery. Par chance pour la propriétaire des lieux, Walter n'est plus. Le couple Montgomery n'abandonne pas la galerie si facilement, puisque c'est désormais Isana qui gère, seule, la fortune de feu Walter. Bien décidée à écouter l'opinion de Madame Hosseini quant à son échec cuisant, afin de savoir si elle lui laissera une chance ou non, Isana est toujours dans la partie. Si Walter était encore de ce monde, il aurait probablement été mécontent. Mais qu'importe. Isana n'est pas de celle qui abandonne si facilement les autres, sauf si elle réalise que cela en devient vital pour elle.

Jouer c'est ce qu'elle aime, Isana. Surtout si cela implique la séduction. Une pratique courante chez elle, plus régulièrement réalisée auprès d'hommes que de femmes. Sa bisexualité étant un secret bien gardé, Isana montre rarement son penchant envers la gent féminine. Mais en testant madame Hosseini, la blonde se surprend à flirter. Ses yeux glissent sur le corps de la galeriste avant de s'accrocher à ses iris. Elle la cherche Isana, peut-être pour obtenir les réponses désirées. Ou plutôt parce qu'elle ne s'est plus envoyée en l'air depuis bientôt un an. Un fait impossible quand on la connait. Isana Montgomery est considérée comme une accro du sexe. Un détail qu'appréciait tout particulièrement son époux, et la plupart des hommes de sa vie. Une addiction qu'elle ne pratique plus depuis le décès de son cher et tendre, et qui commence de plus en plus à la ronger. C'est un besoin vital pour elle. Un besoin qui commence de plus en plus à la rendre chèvre. Elle se sent presque incapable de se retenir, sait qu'elle pourrait dire oui au premier – ou la première – venu. Elle a besoin de s'envoyer en l'air. Elle le comprend alors qu'elle se mordille la lèvre en voyant la galeriste la reluquer à son tour. Le geste est bref, mais suffisant pour lui faire pousser un gémissement incontrôlable. Bruit presque inaudible, mais qui pousse Sahar à la regarder droit dans les yeux à nouveau. Elle qui voulait manipuler pour obtenir des réponses doit se reprendre, elle le sait. Car pour l'instant, c'est plutôt elle qui semble avoir besoin de l'autre ; et pas l'inverse. Pourtant, madame Hosseini devrait presque lui lancer des regards suppliants. Des regards qui quémandent son aide. Pourquoi est-ce que Isana a l'impression que les rôles sont inversés ?

L'épouse et héritière Montgomery fait son possible pour se ressaisir. Elle attrape une coupe de champagne lorsqu'un serveur passe à leurs côtés, puis se délecte d'une bonne gorgée. La fraicheur de la boisson doit l'aider à réguler sa température corporelle. Si le creux de ses reins brûlent à cause d'un simple et unique regard, la voilà mal partie.

– Je ne suis pas certaine que mon époux aurait trouvé cela intelligent. Votre prise de risque est en train de vous conduire à votre perte. Regardez, vos convives quittent la soirée avant l'heure, fait-elle remarquer en regardant par-dessus l'épaule de la galeriste.

En observant la foule, le regard d'Isana se pose sur un homme tout aussi influent que l'était feu Walter. Ils s'échangent brièvement un sourire, et lui lève les yeux au ciel pour lui donner son opinion quant-à cette soirée. Qu'importe ce qu'il pense. Isana ne se laisse pas influencer et accorde à nouveau son attention à la galeriste, terriblement séduisante, face à elle. C'est finalement à elle qu'elle offre son plus beau sourire.

– Mais peut-être que vous aviez tout prévu puisque désormais, tous les journalistes de la ville n'ont plus que votre galerie pendue à leurs lèvres, réfléchit-elle à voix haute avant de rajouter : et je dois admettre ne pas avoir vu votre exposition. J'irai peut-être, si je réalise que ça en vaut la peine. Mais pour l'instant, c'est plutôt mal parti, conclue-t-elle avant de mordiller à nouveau sa lèvre inférieure dès que ses yeux se perdent à nouveau sur la femme face à elle. Sahar est plutôt agréable à regarder. Trop peut-être. Mais observer ne lui suffit plus à Isana. Plus au stade où elle en est ; où son corps ne demande qu'un modeste contact.

@Isana Montgomery & @Sahar Hosseini

Sahar n’est jamais aussi convaincante que lorsqu’elle croit en ce qu’elle raconte. Elle défend ce soir l’exposition Dans la peau d’Ahmed de l’exacte même manière qu’elle l’a fait au cours des derniers mois. Malgré toutes les critiques négatives qu’elle a dû essuyer, la galeriste reste attachée aux paris qui ont été les siens et persuadée qu’il n’y a que de cette manière que les choses pourront bouger. En s’éloignant des chemins tous tracés, en cessant de faire ce que tout le monde attend. En prenant des risques, en innovant, en osant déjouer les codes. De son point de vue à elle, cette exposition n’est pas un échec. Cette exposition est la première pierre d’un après. C’est ce qu’elle se tue à répéter à chaque personne récalcitrante qui croise son chemin ce soir. Pour celles et ceux qui n’ont pas encore eu l’occasion de voir l’exposition de leurs propres yeux et de se faire leur propre opinion sur la question – tel est le cas de Madame Montgomery – le mieux est encore de leur suggérer de changer la donne. Il n’est pas encore trop tard. Les œuvres seront présentées pour deux semaines encore dans cette scénographie que Sahar a mis tant de mois à imaginer, à créer et à peaufiner.

Il est important pour Sahar de donner du crédit au travail de ses artistes ainsi qu’au sien. Elle a à cœur de redorer l’ensemble de leurs blasons ; cette soirée fait partie de cette mission. Plus que de fidéliser ses mécènes et partenaires, elle doit leur faire entendre sa version des faits pour qu’ils oublient celles des critiques qui ne lui ont fait aucun éloge. Les moyens utilisés lui importent peu tant que la finalité est atteinte. Très vite, Sahar comprend qu’en flirtant avec l’héritière Montgomery, la tâche qui est la sienne sera plus aisée. Aussi ne se prive-t-elle pas de faire naviguer son regard insistant sur le corps de cette dernière. Son audace paie ; l’expérience qui est la sienne dans ce domaine ne laisse de toute évidence pas la blonde indifférente et l’iranienne s’en satisfait. Tout en tenant un discours construit et sérieux, son regard s’arrime à des points stratégiques pour déstabiliser son interlocutrice. Et cela paie.

Quand bien même Isana finit par lancer une pique à Sahar, en pointant du doigt le départ de certains de ses convives et en expliquant que son défunt mari n’aurait pas pris le risque de continuer à la suivre et à la subventionner, la galeriste comprend qu’il n’en va pas de même avec la blonde. D’une part parce qu’elle continue de se tenir à ses côtés et qu’elle ne s’échappe pas d’ici comme d’autres commencent à le faire. D’autre part parce qu’en évoquant la perception qui aurait été celle de Walter, Isana souligne indirectement qu’elle n’a pas la même.

Sahar projette rapidement son regard vers l’homme qui s’apprête à quitter la soirée. En remarquant qu’il s’agit de Charles Archibald, la galeriste ne peut faire autrement que de fermer brièvement les yeux. Il fait partie de ses plus importants mécènes avec les Montgomery. Le laisser s’en aller sans même chercher à le retenir serait terrible. Seulement, laisser Madame Montgomery pour Monsieur Archibald n’est pas une idée bien plus intelligente. Surtout qu’Isana renchérit en notant à haute voix qu’au moins l’exposition – et, ce faisant, la galerie – fait parler d’elle. Sa coupe de champagne est abandonnée sur un plateau avant qu’elle ne reprenne la parole.

- C'est l'écrivain Boris Vian qui disait « L'essentiel, c'est qu'on parle de moi ! », cite Sahar en regardant Isana. Je crois même me souvenir que Walter lui-même avait tendance à utiliser cette expression.

Elle se permet cette familiarité – appeler feu Monsieur Montgomery par son prénom. C’est bien là la moindre des choses alors qu’il n’en faut pas davantage à Sahar pour s’imaginer terminer sa soirée en compagnie de la blonde. Consciente que le chronomètre tourne encore et que Charles Archibald va définitivement quitter les lieux si elle ne se presse pas davantage, la galeriste rompt l’espace qui la sépare d’Isana pour se positionner à côté d’elle. Sa main gauche se cale dans le creux de ses reins alors que, de sa main libre, elle désigne l’endroit où elle prononçait précédemment son discours.

- Une tablette a été installée juste là-bas, indique-t-elle. Vous pourrez y visionner les œuvres des artistes de la Hope of Shades Art Gallery ainsi que quelques images de la dernière exposition. Cela vous donnera un premier aperçu.

Si la main gauche de Sahar se défait de son emprise, c’est uniquement pour extraire de la poche de sa veste blanche un badge. Ou plutôt, la carte-clé de la chambre d’hôtel qu’elle s’est prise pour la nuit. Carte qu’elle dépose délicatement dans la main de la blonde, engageant un nouveau contact physique, sans jamais cesser de la regarder dans les yeux.

- N’hésitez pas à venir me partagez vos impressions en fin de soirée.

Sans plus en faire, ni en dire, Sahar tourne les talons pour rapidement rejoindre le multimillionnaire Archibald.

@Isana Montgomery & @Sahar Hosseini

(outfit) ⋄ Lorsqu'une des citations phares de Walter est prononcée, les sourcils de la Montgomery se froncent. Si elle a toujours connu la relation que partageait Walter avec le monde de l'art, elle n'a cependant jamais pensé qu'il serait assez proche de Madame Hosseini pour qu'elle utilise les mêmes références que lui. Le fait d'être dans l'ignorance quand au lien qui séparait vraiment la galeriste de son époux dérange réellement Isana. Tout autant qu'entendre Sahar prononcer le prénom de Walter, comme si elle l'avait si souvent fait par le passé. De nature jalouse et possessive, Isana tique forcément quant à l'anormalité de la situation. Walter lui a-t-il caché des choses ? Lui a-t-il été infidèle ? Il a bien failli l'être à l'époque où il était marié à Valentina, en essayant de l'embrasser elle. Baiser auquel c'est évidemment opposé Isana. Pourquoi ne l'aurait-il pas été avec elle aussi ? Lui en voudrait-elle si c'était le cas ? Après tout, elle aussi a failli dépasser les bornes avec Benson Bancroft ; à l'époque où Walter était encore de ce monde. Les questions demeurent dans son esprit tandis qu'elle plonge à nouveau ses lèvres dans son verre pour chasser ses craintes. La retenue et l'hypocrisie ont toujours été essentielles dans ce milieu. Sourire quand rien ne va est donc devenu une des spécialités de la Montgomery. Son époux a beau ne plus être de ce monde, Isana ne peut s'empêcher de s'interroger quant à son attitude. Néanmoins, forcée de cacher ses craintes, la blonde reste de marbre. Ce n'est que lorsque Sahar se rapproche d'elle qu'Isana revient réellement à elle. Ses craintes sont mises de côté, pour laisser place à la pleine conscience. La Montgomery sent la main de la galeriste dans le bas de son dos. Le geste pourrait être perçu comme étant déplacé, mais pas chez Isana. Le corps déjà brûlant de désir, la blonde ne peut s'empêcher d'apprécier le contact. Voilà trop longtemps qu'on ne l'a plus touché ainsi. Son coeur s'accélère alors qu'elle fait de son mieux pour avoir l'air normale. Il ne faudrait pas que les autres convives détectent la tension sexuelle qui s'est installée entre elles deux ; et surtout pas l'attirance envers les femmes, de Madame Walter Montgomery.

Se délecter d'une énième gorgée de champagne s'avère être la meilleure stratégie pour retenir le gémissement qu'elle a failli échapper. Les bulles picotent sa gorge lorsque la main de Sahar se retire de son dos, y laissant un vide glacial. Des frissons parcourent son échine, comme si l'absence du toucher brûlant de Sahar venait de la congeler sur place. Isana hoche la tête en guise de réponse, mais n'est pas certaine d'avoir écouté l'entièreté des mots de la galeriste. Trop obnubilée par ce contact au creux de ses reins, Isana n'a pas réellement fait attention à ce qu'elle lui a dit. Elle comprend toutefois que leur échange va s'arrêter ici et qu'elle devra une fois de plus composer avec le besoin de s'envoyer en l'air ; sans jamais y parvenir. S'apprêtant à rejoindre un chef d'entreprise influant qu'elle a repéré en début de soirée, Isana s'interrompe dans son élan lorsqu'elle sent la main de Sahar se glisser dans la sienne. Le toucher lui déclenche à nouveau des palpitations et la fait immédiatement se tourner vers la galeriste. Son regard se pose sur la carte magnétique déposée dans sa main, alors qu'un fin sourire séducteur se dessine sur ses lèvres en entendant la proposition de Sahar. La galeriste ne lui laisse pas le temps de lui répondre, et file rapidement à travers la foule.

Doit-elle céder à la tentation ?
Sahar a-t-elle joué ce même petit jeu avec Walter ?

Les questions continuent de s'enchainer dans l'esprit de la Montgomery. Après avoir vidé sa coupe de champagne, elle range la carte magnétique dans sa pochette avant d'aller rejoindre d'autres convives. La soirée défile et Isana prend même le temps d'observer les œuvres aux côtés de Chuck. L'homme flirte mais Isana n'y est pas réceptive. Elle s'en amuse, certes, comme à chaque fois, et flirte également avec lui. Néanmoins, elle n'oublie pas la perche tendue par Madame Hosseini. Le besoin de se perdre dans les bras d'une femme est réel. Dans les bras de quiconque, d'ailleurs ; mais la galeriste a réussi à la séduire. Isana finit donc par délaisser Chuck en fin de soirée pour rejoindre la réception de l'hôtel. Elle brandit sa carte magnétique en demandant où se trouve l'étage. Lorsque le réceptionniste lui indique les divers informations, Isana lui souffle d'avertir Madame Hosseini de sa présence dans sa chambre.

Voilà une bonne vingtaine de minutes qu'Isana a investi la suite. L'impatience la gagne au fur et à mesure que le temps passe. Il lui a donc fallu trouvé comment s'occuper. Elle ne s'est pas gênée pour se faire monter du champagne, dont elle s'est déjà délectée d'une énième coupe ; et de faire couler un bain par l'employé. Désormais allongée dans l'immense baignoire, la Montgomery profite du silence pesant de la pièce. Ses pensées continuent de se mélanger. Entre jalousie et désir, la blonde n'arrive pas à faire son choix. Lorsqu'elle entend la porte de la chambre s'ouvrir, un fin sourire prend possession de ses lèvres. Il était temps...

– Ici ! fait-elle savoir à la galeriste dont elle entend les talons se diriger jusqu'à elle.

Ses jambes reposent sur l'extérieur de la baignoire, et sa main droite tient une nouvelle coupe de champagne. Lorsque la porte de la salle de bain s'ouvre et que son regard se pose sur la silhouette de la galeriste, Isana affiche un sourire séducteur. Elle se relève et s'affiche entièrement nue devant Sahar, sans la moindre gêne. Isana n'ayant jamais eu de complexe vis-à-vis de son corps, et ayant toujours été du genre à s'exposer à quiconque. Elle pose sa coupe sur le rebord de la baignoire et croise ses bras.

– Vous en avez mis du temps, ma jolie. Dommage. Vous avez raté le train, flirte Isana en s'emmitouflant dans le peignoir qu'elle attrape précipitamment.

@Isana Montgomery & @Sahar Hosseini

Que fait-elle ? De quoi est-ce que cela a l’air ? L’avantage d’être une femme aussi libre que ne l’est Sahar, c’est que ces questions ne lui traversent pas l’esprit un seul instant. Elle se contente de se satisfaire d’avoir remis la carte-clé de sa chambre d’hôtel à une femme aussi élégante que ne l’est Isana Montgomery, sans se soucier de ce qu’elle pourrait en penser. Si Sahar prenait le temps de réfléchir à la question, elle conclurait que le choix final appartient à la blonde. Il n’est ainsi pas question d’acheter ses actions de mécénat ou de chercher à l’influencer de quelque façon que ce soit. Isana seule est maîtresse de cette fin de soirée.

Déjà l’esprit de Sahar se concentre à nouveau sur cette soirée qui est la sienne. Charles Archibald est rapidement rejoint et retenu par ses soins. S’en suit une discussion d’une bonne dizaine de minutes entre le mécène de la galerie et la galeriste elle-même. Le véritable plaisir qu’en retire Sahar n’est pas l’éventuel chèque qu’il lui fera – elle ignore s’il ira jusque-là – mais bien la satisfaction d’avoir au moins pu faire valoir ses arguments. D'avoir pu défendre son travail. Et c’est ce qu’elle s’évertue à faire durant toute la fin de soirée, recueillant aussi – il faut le souligner – quelques encouragements et félicitations.

Au cours de la soirée, il arrive à Sahar de croiser le regard de sa possible future conquête. Ces échanges visuels sont toujours brefs mais l’iranienne n’est jamais avare sur les sourires qu’elle lui adresse. Il s’agit de sa façon à elle de montrer que sa précédente proposition était sérieuse. Ainsi continue de se poursuivre cette soirée. Ce n’est que lorsqu’il reste qu’une dizaine de personnes dans la salle de réception, et uniquement des artistes représentés ou connus par Sahar, que celle-ci s’interroge. Isana Montgomery l’attend-elle dans sa suite ou a-t-elle préféré se défiler ? S’il est évident que la première option plaît davantage à Sahar, il est aussi certain qu’elle ne lui tiendra pas rigueur d’être partie si tel est le cas. Son corps, son choix. Une formule sacrée pour Sahar qui ne se montre jamais insistante lorsque ses potentielles conquêtes finissent par changer d’avis.

À mesure que les derniers invités s’en vont, l’idée que la multimillionnaire soit partie s’est totalement inscrite dans l’esprit de Sahar. Cette dernière ne se hâte pas, prête même main forte à l’équipe de l’établissement pour ranger quelques affaires, lorsque le réceptionniste l’intercepte pour lui remettre un double de la clé de sa chambre. « Elle vous attend », indique-t-il en lui remettant la carte.

Il n’en faut pas davantage à Sahar pour s’empresser de récupérer sa tablette et ses quelques affaires personnelles, saluer le personnel qui range les lieux et s’engouffrer dans l’ascenseur qu’elle n’a eu de cesse d’appeler en appuyant de manière frénétique sur le bouton. Dans celui-ci, ses yeux sont rivés sur les voyants des étages qui s’allument et qui notent sa progression, alors qu’elle a la dangereuse sensation que rien ne va assez vite. Si elle n’est jamais à la merci des gens, il va sans dire qu’elle n’aimerait pas louper sa chance avec Isana parce qu’elle n’a pas été suffisamment réactive.

Le couloir est ainsi rapidement parcouru ; déjà sa carte s’insère dans la fente de la poignée et la porte est déverrouillée. Sahar ne prend qu’à peine le temps de régler l’éclairage de la suite à faible luminosité pour offrir un cadre agréable aux lieux, alors que déjà sa voix se fait entendre.

- Isana ?

C’en est fini des « Madame Montgomery ». Non seulement parce que cette appellation la renvoie à Walter et que Sahar n’a jamais été friande des personnes mariées, mais aussi parce qu’elles ont dépassé ce stade dès l’instant où la blonde a pénétré dans cette suite.

La voix de l’intéressée se fait entendre depuis la salle de bains. Les affaires de Sahar sont rapidement abandonnées sur la table de la suite et déjà ses talons lui font gagner la pièce où elle est attendue. Ou, à tout le moins, où se trouve celle qu’elle-même attend. La porte coulisse délicatement et c’est sur une Sahar curieuse qu’elle finit par s’ouvrir totalement. Le regard de cette dernière est sans appel ; surtout lorsque la blonde finit par s’extraire de la baignoire pour s’afficher totalement nue devant elle. Les yeux de Sahar ne loupent pas une miette du spectacle qui lui est donné de voir, alors que déjà elle mordille sa lèvre inférieure. Le regard déjà empli de désir, elle s’avance doucement vers la blonde qui passe un peignoir.

- Il doit bien y avoir un moyen de le rattraper.

Son regard toujours ancré dans celui d’Isana, Sahar avance jusqu’à elle pour attraper les lanières de son peignoir dans ses mains. Plutôt que de lui l’ôter dès maintenant, elle l’aide à former le nœud autour de sa taille, alors que déjà ses lèvres s’approchent dangereusement des siennes.

- Est-ce que je peux me faire pardonner ?

S’avançant un peu plus vers la blonde, Sahar effleure désormais ses lèvres des siennes, sans cesser de la regarder.

@Isana Montgomery & @Sahar Hosseini

(outfit) ⋄ S'il y a bien une chose dont Isana Montgomery ne se lasse jamais, c'est le flirt. Séduire et se sentir désirée fait parti de ses activités favorites. Un trait de sa personnalité que Walter n'a jamais supporté. Walter essayait de l'enfermer dans une cage pour la forcer à contrôler ses pulsions. Elle l'a écouté pendant des années, comprenant que dans le milieu de la haute bourgeoisie, elle ne peut pas toujours agir comme elle le souhaite. Pourtant Isana, elle a toujours aimé le regard des autres sur elle. Positif comme négatif, elle vibre à être observée, à savoir qu'on parle d'elle. Maintenant que Walter n'est plus de ce monde, Isana laisse sa personnalité séductrice reprendre le dessus – elle ne l'a jamais quitté, elle s'est juste faite plus petite – et flirte comme bon lui semble. Elle n'hésite pas à user de ses atouts pour obtenir ce qu'elle désir, sans pour autant manquer de respect à l'homme qui a partagé sa vie. Forcée de continuer à jouer l'épouse parfaite, Isana fait son possible pour se contrôler et limiter les tentations. Flirter, certes. Mais il y a certaines limites qu'elle s'est interdite de franchir. Par respect pour Walter et pour ce qu'ils ont été. Qu'on ne dise pas qu'elle était avec lui que pour son argent ; car si elle aime qu'on parle d'elle – même négativement – elle ne veut pas passer pour ce qu'elle n'est pas.

Séduire madame Hosseini s'est avéré être un jeu d'enfant. La fierté l'a gagnée dès qu'elle s'est retrouvée en possession de la clé de sa chambre. Ses talents ne l'ont pas quitté. Isana est toujours capable de séduire quiconque d'un claquements de doigts. Benson Bancroft en est la preuve en personne ; même si cela remonte à de longs mois en arrière. Elle l'a voulu, alors elle l'a eu. Mais depuis lui, sa vie sexuelle est platonique. Plus rien ne s'y passe. Jusqu'à cet échange avec l'iranienne, et le regard qu'elle a fait coulé le long de sa silhouette. Ce que Madame Montgomery veut ; Madame Montgomery a. C'est ce qu'elle croyait. Elle pensait d'ailleurs que Sahar serait pressée de la retrouver. Pourtant, voilà plus de vingt minutes qu'Isana attend impatiemment dans la suite d'hôtel. Voilà bien une chose qu'elle déteste, la blonde, qu'on la traite de cette façon. Être reléguée au second plan, elle déteste ça.

Bien décidée à se venger et à faire comprendre à Madame Hosseini ce qu'elle vient de manquer, Isana use une fois de plus de ses atouts. Sa capacité à se dénuder devant quiconque, sans gêne, en fait parti. La blonde se saisit de son peignoir qu'elle enfile alors que l'iranienne l'observe de la tête aux pieds. Isana la sent ; la tentation. Le désir que lui transmettent les iris de Sahar lui brûle presque la peau. La galeriste a envie d'elle. Un sourire fier prend possession de ses lèvres. Maintenant que Sahar a pu admiré à côté de quoi elle a décidé de passer, Isana est prête à tirer sa révérence. Ses longs doigts fins parsèment sa propre taille à la recherche des lanières de son peignoir, alors que Sahar s'avance jusqu'à elle au même instant. Un rire fin, moqueur, s'échappe d'entre ses lèvres lorsque la brune lui demande si elle va pouvoir rattraper le train. Que croit-elle ? Elle rêve ! Isana déteste qu'on la relègue au second plan, en la faisant poireauter d'impatience, qui plus est. Pourtant, son corps ne demande que ça. Il veut tellement que Sahar rattrape le train et lui donne le plaisir dont il a manqué ces derniers mois. Mais elle refuse de se faire avoir Isana. Pour obtenir ses faveurs, c'est bien plus difficile que ce que Sahar semble penser.

Sa lèvre inférieure se coince entre ses dents lorsque Sahar forme le nœud autour de sa taille. Isana doit bien lui reconnaitre le désir qu'elle arrive à faire naître en elle, d'un claquement de doigts. Elle comprend que la Hosseini doit être douée et que si elle fonce, elle ne regrettera pas. D'autant qu'Isana n'a pas énormément d'expérience avec les femmes ; et que les meilleurs souvenirs qu'elle en a gardés, ce sont ses parties de jambes en l'air avec Camila Castillo. Sahar Hosseini gagnera-t-elle ce combat qu'Isana tait ? Elle n'a plus l'occasion de faire ses preuves. Isana a beau aimé les relations charnelles plus que quiconque, elle est trop têtue pour se faire avoir si facilement.

Continuant sa vengeance, Isana rapproche un peu plus son visage de celui de Sahar. Leurs lèvres qui se frôlaient qu'à peine entrent par moment en contact, alors que celles d'Isana demeurent entrouvertes. Ses iris bleutés se plongent dans ceux de l'iranienne tandis qu'au même instant, Isana fait remonter sa main le long de la taille de Sahar, jusqu'à sa joue.

– Non, murmure-t-elle avant de reculer son visage de celui de la galeriste.  La prochaine fois, vous éviterez de faire attendre une dame.  

Isana la repousse lentement pour sortir de la baignoire. Elle se sèche rapidement le corps avant de faire tomber le peignoir à ses pieds. Ses yeux croisent à nouveau le regard de Sahar, à qui elle sourit d'amusement. Dommage, elle aurait aimé prendre du plaisir ce soir. Ce sera pour une autre fois, puisque comme elle le sous-entend, le train est peut-être manqué ce soir mais... Demain est un autre jour. Et si Sahar arrive à la séduire à nouveau, alors Isana sera encline à lui donner une autre chance.

– Vous pouvez me donner ma robe, s'il vous plait ?

@Isana Montgomery & @Sahar Hosseini

Elle a pensé à sa fin de soirée, Sahar. Alors qu’elle déambulait parmi les plus riches du monde de l’art dans l’espoir d’obtenir un chèque généreux, la promesse d’une commande prochaine ou des recommandations élogieuses, ses pensées finissaient toutes par se tourner vers Isana Montgomery. La perspective d’une nuit d’abandon et de désir l’a fait vibrer jusqu’au moment où elle est enfin parvenue à s’extraire de sa propre soirée sans que son absence ne se fasse ressentir. C’est dans cette même dynamique qu’elle parvient enfin à rejoindre la salle de bains où l’attend sa conquête du soir et qu’elle initie le premier contact. Tout en nouant la lanière du peignoir autour de la taille de la blonde, Sahar goutte délicatement à ses lèvres. À chaque fois que leurs bouches se frôlent, la galeriste tente de faire durer ce contact dans l’espoir d’initier un baiser. Elle s’imagine déjà défaire le nœud qu’elle vient elle-même de faire pour libérer le corps d’Isana de ce tissu qui est de trop. Ses pensées s’autorisent même à aller plus loin alors qu’elle réfléchit à l’utilité que pourrait avoir la sangle du peignoir au cours de la prochaine heure qui lui sera donnée de partager avec Isana.

Malheureusement, les choses ne se passent pas comme prévu. Pas comme Sahar l’avait imaginé, à tout le moins. Certainement pas après avoir eu le plaisir de découvrir la blonde dans son plus bel apparat - la nudité - et après avoir nourri l’espoir de s’abandonner avec elle. Il ne suffit que d’un mot, ce “non” prononcé, pour que toutes les idées qui ont effleuré les pensées de Sahar s’écroulent. Ce “non” est le signal le plus fort, l’expression même du consentement et la limite que l’iranienne ne franchira jamais. À chaque fois qu’il lui est opposé, Sahar le respecte. Elle ne cherche pas à faire changer d’avis ses prétendant.e.s, ni à prendre l’ascendant sur la situation. Tout au contraire : elle se plie à leurs exigences. Elle fait preuve de la même attention particulière envers eux que celle qu’elle aurait eu si les choses étaient allées plus loin.

- Une dame… relève Sahar à haute voix en observant l’héritière Montgomery quitter la baignoire. Je saurai m’en rappeler, assure-t-elle à demi-voix.

Elle saura s’en rappeler, c’est certain, puisqu’en s’autorisant à la rejoindre plus tard qu’elle ne l’aurait aimé, Sahar vient de louper sa chance de s’envoyer en l’air avec elle. Isana souhaite lui faire comprendre qu’elle est la seule à blâmer dans l’histoire ; l’unique qui peut se mordre les doigts de cette fin de soirée bancale qu’Isana leur offre. Qu’il en soit ainsi. De son côté, la galeriste sait qu’elle a fait ce qu’elle a pu. Elle connaît également les limites qui sont les siennes et sait pertinemment qu’elle ne se mettra pas à courir après une femme - aussi désirable soit-elle - après qu’elle lui ait opposé un refus. La galeriste ne tarde donc pas à faire droit à la demande de l’architecte en se reculant de la baignoire pour aller récupérer les habits abandonnés plus loin. Revenant à hauteur de la blonde, avec sa robe et une culotte en dentelle blanche, elle s’efforce de ne pas admirer ce corps dénudé qui lui est une nouvelle fois exposé. Tout au contraire, elle laisse rapidement le vêtement à sa propriétaire, et déjà s’affaire à retirer ses bagues et autres bijoux qu’elle dépose à côté du lavabo.

- Demain est un autre jour et demain commence dans deux minutes.

Elle ne peut s’empêcher cette remarque, Sahar, alors que ses yeux viennent de parcourir les aiguilles de la montre qu’elle vient d’ôter. Un bref coup d’œil est adressé à Isana ; car si le sous-entendu est bien là, il est toujours évident que Sahar ne fera rien de plus que ce que la blonde est disposée à faire. Elle revient d’ailleurs à sa hauteur pour se glisser dans son dos.

- Je vous appelle un taxi ?s’entend-elle demander en remontant la fermeture éclair de la robe d'Isana.