TW : décès d'un proche, school shooting, deuil, accident de la route, relations familiales compliquées.
âge & naissance : 29 ans, subtil mélange de candeur enfantine et de pessimisme désenchanté. dans la tête, t'en a parfois dix de moins, ou dix de plus, ça dépend des jours. l'impression que le déclin de ta ville natale, tombée en désuétude, t'a comme influencé de la pire des façons. t'as vu le jour le 10 avril 1995 dans le midwest américain, à Détroit, en plein cœur de la région des grands lacs. bercé de leurs légendes et d'horizons enchanteurs d'une part ; des ruines d'une ère révolue et des paysages aux allures post-apocalyptiques de l'autre. bientôt trentenaire, tu saurais pas dire ce que l'arrivée prochaine de cette nouvelle décennie t'inspire.
origines & nationalité : origines et nationalités doubles, américaines obstinément reniées, représentatives de ton appartenance à une patrie que tu méprises du plus profond de ton âme. gamin qui a baigné toute sa vie dans la culture de l'oncle Sam, le symbole de ton nouveau départ, tu l'as trouvé dans l'usage de ce second prénom, hommage discret à des racines japonaises qui te paraissent bien lointaines. Jin, pour te guider sur le chemin d'une existence plus douce - du moins, tu essaies. t'es officiellement devenu un citoyen australien un an plus tôt, une certaine fierté gagnée dans l'obtention de ce titre, et ton droit à rester sur ces terres que tu considères être ta nouvelle maison.
finances et emploi : ( $$$ ) programmeur chez Next Level, studio développeur de jeux indépendants, petit génie de l'informatique et des codes. l'étiquette de geek collée sur le front depuis l'adolescence et toujours le même foudroiement de regard exaspéré quand on ose te faire la remarque, comme si c'était drôle ou original. le milieu étant ce qu'il est, saturé et ultra concurrentiel au niveau d'une petite structure comme la votre, tu touches pas un salaire de ministre mais tu sais te satisfaire de ce que tu as. la passion avant tout, comme on dit. photographe freelance, spécialisé dans les lieux oubliés ou méconnus du grand public. tu préfères les maisons abandonnées ou les usines désaffectées aux spots touristiques vus et revus, trouves une forme de beauté dans ces endroits ayant été témoins des vies et activités humaines. casse-cou professionnel qui a spontanément fait du Queensland et plus largement de l'Australie son nouveau terrain de jeu favori, urbex et explorations de toutes sortes oblige pour dénicher les plus beaux clichés.
statut civil : pas pressé de rencontrer le grand amour, tu te contentes d'éphémère, tout ce qui n'implique pas la notion d'engagement. t'es pourtant plus affectueux que t'en as l'air, sous tes airs de grand gaillard un peu renfrogné. petit paradoxe sur pattes qu'on a déjà comparé à un espèce de chat mal luné, qui se hérisse et donne quelques coups de patte pour la forme, mais qui fond instantanément sous les caresses et l'attention qu'on lui porte. ce qui te rebute, c'est la durée et le sérieux. au fond, t'as peur de t'ouvrir, de t'attacher et qu'on te laisse tomber. mieux vaut être seul qu'abandonné.
orientation sexuelle : tu l'as compris assez tôt, que les garçons faisaient s'emballer ton cœur aussi fort que les filles, mais pendant longtemps, t'as évité de mettre les mots dessus, puisque ces questionnements n'avaient pas lieu d'être dans votre coin de l'amérique un brin trop rétrograde, et chez ton père un brin trop conservateur. bisexuel, tu l'as revendiqué en fréquentant la vie estudiantine plus décomplexée de Lansing. les femmes, les hommes - à quoi bon choisir après tout ? et si plus de subtilités il y a, tu les ignores encore.
situation familiale : aîné d'une fratrie de deux, Ashton et Caleb, ton cadet, né quatre ans et un jour après toi. petit être criard et malodorant dont tu t'es fait le féroce protecteur, même du haut de ton jeune âge, comme un instinct qui s'éveille. soudés comme les doigts d'une main, inséparables. le plus jeune n'est plus, tombé sous les balles d'un camarade de classe il y a sept ans. il en avait dix-huit, et toute la vie devant lui. au mauvais endroit au mauvais moment, victime d'infortune d'une fusillade comme il y en a eu tant d'autres avant, comme il y en aura tant d'autres après, sûrement, dans ce pays gangrené contre lequel tu voues désormais une haine monstrueuse et viscérale. famille éclatée, quoiqu'elle n'était plus si soudée, de toute façon, le jour du drame. au point que vous aviez pour projet de fuir à l'autre bout du monde dès que vous en auriez l'occasion et surtout, les économies. ta mère, ton frère et toi. à l'origine de ce plan gardé secret, ton père, devenu le cauchemar de vos existences. sauf que rien ne s'est passé comme prévu. tu sais que ta mère s'est finalement dégagée de son emprise et qu'elle a refait sa vie ailleurs. tu lui souhaites le meilleur, même si une partie de toi espérait qu'elle te rejoigne un jour ou l'autre dans ton exil.
signe astrologique : bélier, signe de feu, gouverné par mars, apparemment. t'as jamais cherché plus loin que ces deux informations, mais parait-il que ça te va plutôt bien.
le pire tue-l'amour : la jalousie, le chantage, la possessivité et tous leurs synonymes. tu veux pas qu'on t'enferme, qu'on te retienne, qu'on essaie de te piéger en jouant sur les sentiments, les tiens ou ceux de l'autre. maintenant que t'as repris ta vie en mains, tu rêves d'indépendance et de liberté.
un fantasme : t'en sais trop rien, t'as tendance à tracer ta route sans trop te soucier de ces questions là. tu prends ce qu'on veut bien t'offrir, tu testes des trucs quand l'occasion se présente. t'apprécies de ne pas être systématiquement en charge de tout, parfois. lâcher-prise en sachant que ton partenaire prendra soin de toi, c'est agréable aussi.
à Brisbane depuis : la fin d'année 2018. encore un peu paumé, encore très endeuillé, surtout. ça t'as pris un certain temps d'adaptation, quelques jobs aléatoires et de nombreux instants de doute à surpasser ; mais Caleb, il projetait de venir s'installer ici, alors t'as jamais rien lâché. c'est pour lui que t'as entrepris ce long voyage, dans un premier temps, et c'est désormais pour toi que tu continues d'avancer.

traits de caractère : chill et d'apparence nonchalant, mais sort les crocs dès lors qu'on s'en prend à quelqu'un dont il est proche. all bite, no bark. une réputation de chien de garde parfaitement assumée. protecteur. ne cherche pas les embrouilles mais les chope par la peau du cou quand elles passent à portée, au cas où. réservé, un peu énigmatique, n'aime pas évoquer son passé. bosseur, très impliqué dans tout ce qu'il entreprend. organisé et méthodique, un genre de déformation professionnelle sans doute. volontaire. ami plus que loyal, rancune vengeresse et vicieuse. rusé et perspicace, petit détecteur à red flags ambulant. imprudent, le casse-cou originel. électron libre. chaotic dumbass energy, a failli s'auto saboter plus d'une fois à grands renforts de décisions de merde ou de prises de risques quasi inutiles. partant pour les plans foireux, n'a manifestement pas appris de ses erreurs. enthousiaste et spontané. plutôt sociable. low maintenance friend.

avatar : Noah Sebastian (on en sait peu à ce sujet mais selon mes recherches, il est moitié japonais, moitié américain).

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romantisme (15%)	level de drague (40%)
engagement (17%)	passion (70%)
performance au lit (66%)	fidélité (50%)
nombre de cœurs brisés (28%)	recherche de l'amour (37%)

♡ qu'est-ce que le grand amour, selon ton personnage ? est-il à sa recherche actuellement ?
tu crois pas avoir déjà aimé pour de vrai, une seule fois dans ta vie. t'as ressenti les papillons dans le ventre, le cœur qui s'emballe, la montée du désir, l'envie de plaire à l'autre, de séduire ; jamais assez pour voir au-delà de l'échange, t'imaginer quoi que ce soit d'autre et de plus grand. pas la moindre étincelle révélatrice de sentiments enfouis. t'as bientôt trente ans, pourtant, parait que c'est l'âge idéal pour se poser, se stabiliser, envisager l'avenir à deux, ou même plus. t'as l'impression d'être à des années lumières de tout ça, Jin. ce schéma, il ne t'inspire rien. inconsciemment, peut-être aussi que tu fuis l'amour, que tu le crains pour les ravages qu'il peut causer. dans l'ensemble, tu n'en dépeins pas la meilleure image, rien d'assez motivant pour t'y risquer.

♡ quelle a été la plus grosse déception amoureuse de ton personnage ?
toi-même ? toi et ton refus obstiné de t'engager, de te projeter plus loin qu'une poignée de jours, ou de semaines, quand t'es de bonne humeur ou que tu te surprends à apprécier une alchimie naissante. même quand tous les signaux sont au vert, t'es toujours le premier à casser les liens. parfois, tu penses au fait que t'es peut-être passé à côté de potentielles belles histoires, mais encore faudrait-il que tu sois prêt à les vivre pour que leur fin abrupte puisse réellement t'impacter. finalement, les déceptions, c'est sûrement toi qui les causes, chez ces gens qui voient en toi quelque chose que tu n'es pas, ou des choses que tu ne peux pas leur donner. rien de plus que des relations résolument fugaces, et l'habitude de tout stopper dès lors que l'on se questionne sur le sérieux de la relation ou la notion de couple.

moodboard
curiosity didn't kill this cat • if karma doesn't hit you, I fucking will • "you hold grudges" time passing isn't an apology • kinda want to be in love, but also yikes • "you're so sweet!" thank you I have abandonment issues • I can get behind murder but I draw the line at misoginy • sorry I called you a fucking idiot I was trying to flirt • *jumps over my problems* parkour • everyday I become an angrier bisexual • *makes a jerking off motion every time someone with authority talks* • my last word will probably be either "whoops" or "shit" • affection is dumb and gross drown me in it • *removes one earbud* fuck you want • you call it a near death experience, I call it a vibe check from god.

other facts

tatoué des mollets jusque dans le cou et le bout des doigts. ça t'as pris très jeune, à seize ans, tu commençais déjà à aligner quelques motifs aux endroits stratégiques les moins repérables. une erreur, diront certains. t'as toujours eu une idée assez précise de ce à quoi ressemblerait la toile de ton corps, plus tard. zéro regrets. d'ailleurs, il te reste encore de la place, et des idées. ▾ tu t'es récemment coupé les cheveux, que tu portais plutôt longs jusque-là et depuis très longtemps. une envie soudaine de changement la veille de ton anniversaire. parait que ça te rajeunit et que ça te va mieux ; à ce jour, t'as toujours pas décidé si tu le regrettais ou non. ▾ une cicatrice en travers de l'omoplate droite, encore visible sous l'encre qui la recouvre partiellement, vestige de ton accident. la principale séquelle étant ces douleurs vives et brûlantes qui s'emparent parfois de ton bras, ce que tu tiens dans la main finit alors irrémédiablement au sol. ▾ tu pratiques encore le freerun et la grimpe urbaine, très utiles pour infiltrer les lieux difficiles d'accès. deux activités un peu méconnues, mais qui, pratiquées régulièrement et à ton niveau, suffisent à te maintenir en forme. ▾ une peur panique des armes à feu, depuis que tu t'es retrouvé pris dans une fusillade. c'est surtout le son caractéristique que tu redoutes d'entendre à nouveau, mais en voir une, même de loin, même factice suffit à te filer des frissons d'effroi. ▾ t'es le fier propriétaire d'un vieux katana artisanal, que t'as trouvé par hasard dans une boutique d'antiquités. tu l'as acheté à un prix dérisoire et tu sais pas exactement d'où il vient, mais il a une valeur inestimable à tes yeux. une façon comme une autre de renouer avec tes origines, outre certains de tes tatouages, directement inspirés du folklore japonais. ▾ t'es un énorme fan de l'univers du Seigneur des Anneaux, t'as lu tous les livres et vu tous les films, plusieurs fois. ton petit pêché mignon, c'est d'user de répliques plus ou moins connues dans les situations qui s'y prêtent - ou pas. plus généralement, t'es aussi un grand amateur de fantasy, à la fois dans la littérature et le cinéma. ▾ adolescent, tout ce que tu trouvais dans tes explorations, tu le confiais à des gens qui en avaient plus besoin que toi. cahiers, jouets, bouquins, objets divers et variés ; ça t'a attiré la sympathie d'une partie du voisinage, même si c'est pas ce que tu cherchais à obtenir. une habitude que tu tiens encore aujourd'hui. ▾ depuis que t'as laissé la précarité de ta ville natale derrière toi, tu ne supportes plus la crasse, le désordre ou le manque d'hygiène. t'es aussi très sensibilisé aux questions d'écologie et de recyclage, du genre à embrouiller les abrutis qui jettent leur mégot par terre et à user tes fringues jusqu'à la corde. ▾ la plage s'est hissée dans le top 3 de tes endroits favoris, toutes catégories confondues. tu peux passer des heures là-bas, à barboter sous le soleil, nager, explorer, passer au travers des bancs de poissons, sans jamais t'en lasser. le mec qu'on voit courir à toute allure pour se jeter tête la première dans la mer, c'est toi. ▾ t'as le permis mais tu préfères te déplacer en longboard électrique ou en skate classique, quitte à emprunter les transports en commun pour compléter le trajet. ▾ piètre cuisinier, tu te rattrapes à la coloc en t'occupant du ménage ou de la vaisselle - jamais sans une bonne playlist pour t'accompagner. ▾ tu rêves d'avoir un animal à l'appart, un chien ou un chat. dans un monde idéal, tu adoptes un exemplaire de chaque.

tw // décès d'un proche, deuil, school shooting, alcoolisme et jeux d'argents (mentionnés), accident de la route, violence sur mineur (mentionnée).

Ashton -- tu grandis dans la banlieue de Détroit, et tu tardes pas à comprendre qu'il te faudra la quitter bien assez tôt. gamin, tu le sens déjà, que quelque chose ne tourne pas rond là-bas. une atmosphère pesante au goût de chacun pour soi, évoluer au sein de ses rues est particulier, à la fois une aventure et un pari risqué. c'est se mettre sous la menace du voisinage armé jusqu'aux dents, se retrouver pris contre son gré dans les conflits internes d'une population de plus en plus pauvre et résignée. des vols et des règlements de compte en tous genres.

vous êtes épargnés, ta famille et toi - pour l'instant. ton père est ingénieur pour l'une des nombreuses firmes automobiles qui ont jadis fait la réputation d'une ville qu'on surnommait alors motor city. poste à hautes responsabilités qui vous garantit un bon train de vie ; un peu au-dessus de la moyenne, en tout cas. il est en fier, ton père. sa carrière, c'est toute sa vie, comme son grand-père avant lui. et t'as conscience que dans sa tête, il t'imagine déjà le même chemin tout tracé. toi, tu vises plutôt Lansing, la capitale un peu plus rutilante de l'état, et des études dans l'informatique, surtout. t'es pas encore sûr de ce que tu feras, plus tard. ce dont t'es certain, c'est que tu veux pas devenir la copie d'un père que tu aimes, malgré tout, mais dont t'admires pas spécialement le parcours et les valeurs. tu ne lui dis rien, évidemment. quand il évoque ce futur dans lequel tu prendras immanquablement sa relève, tu réponds à l'affirmative juste pour le contenter. parce qu'il aime pas qu'on le contrarie, ton père.

y a beaucoup d'autres choses que tu ne lui dis pas. tes premières expériences et expérimentations, tu les gardes pour toi. tu ne lui racontes pas les soirées entre potes à déambuler aux abords de la ville, à errer toujours un peu plus proche de ses frontières, alors que t'es censé réviser chez quelqu'un. tu ne lui racontes pas ces expéditions dans les vieilles usines laissées à l'abandon et les bâtiments résidentiels désertés de leurs résidents. tu ne lui racontes pas qu'il t'arrive de céder à Caleb qui te supplie de l'emmener avec toi. tu lui parles des filles que tu rencontres, parfois, mais pas des garçons, de tes regards et interrogations. tu lui parles de tes bonnes notes, de tes facilités pour les mathématiques et les sciences, mais pas de tes ambitions. tu ne lui dis pas que Caleb prend énormément exemple sur toi, et qu'il n'a pas l'intention de rester dans ce trou perdu plus longtemps que strictement nécessaire, lui non plus.

c'est plus facile de se confier à ta mère, mais t'as toujours peur qu'elle finisse par répéter tes secrets à son mari, alors tu lui dis pas grand-chose, finalement. pourtant, elle est gentille, ta mère, douce et attentive. t'as hérité de la couleur de ses cheveux, du noir impénétrable de ses prunelles, et de son intelligence, un esprit vif et stratège. c'est elle qui vous a donné accès à la culture et l'information comme l'école locale n'a jamais su le faire, qui vous encourage à vous questionner sur tout, tout le temps. c'est comme ça que l'on grandit, qu'on apprend et qu'on évolue, selon elle. et justement, plus tu grandis, plus tu te demandes ce qu'une femme comme elle, autrefois promise à une prestigieuse carrière en médecine, fait avec un type comme ton père. c'est l'amour, te répond-t-elle, mais son sourire te parait plus chagriné qu'avant. un peu bêtement, tu te jures de jamais tomber amoureux, de jamais tomber dans le même piège qu'elle.

à quatorze ans, la situation économique de la ville est plus instable que jamais, et ton père chute brusquement de son piédestal. un licenciement de masse qui le laisse sans emploi et l'ego bousillé. sombrant dans le vice et les addictions, dilapidant les finances familiales dans les jeux d'argent, noyant les échecs successifs dans l'alcool. duo infernal qui a révélé une violence intérieure inédite ; les pires années de ta vie, que de voir le paternel autrefois si chaleureux se métamorphoser en monstre froid et tyrannique.

à dix-sept ans, tu te réveilles dans une chambre d'hôpital. à ton chevet, il y a Caleb, et dans ton crâne, le vide. aucun souvenir de ce qu'il t'est arrivé, les premiers jours. on te parle d'accident, de chance, de fractures ; et ça te revient petit à petit. en soirée avec un groupe de jeunes eux aussi en poursuite d'indépendance, t'avais quasiment rien bu mais t'as eu envie de t'amuser autrement. on te propose de partir à moto, t'enfiles un casque un peu trop grand pour toi et tu montes avec quelqu'un que tu connais pas vraiment, l'ami d'une connaissance. vous roulez, longtemps, de plus en plus vite, dans le noir et l'euphorie. jusqu'à ce qu'un flash de phares vous arrête brutalement dans votre course. à cet instant précis, c'est le trou noir dans ta mémoire. tu penses t'être réveillé, une poignée de secondes seulement, sans ton casque et sur le bitume froid. tu entendais quelqu'un parler fort à proximité, mais t'étais incapable de garder les yeux ouverts plus longtemps.

ce gars et toi, vous n'étiez pas totalement en tort. la voiture vous a coupé la route, mais son conducteur était sobre, contrairement à vous, et toi, t'es toujours mineur aux yeux de la loi. un détail qui leur coûte cher à tes parents, très cher. de retour de ton séjour à l'hôpital, ton père se met dans une colère noire. furieux comme tu ne l'avais jamais vu l'être. tu le vois bien, qu'il perd doucement le contrôle, mais comme une biche prise dans les phares, tu ne peux rien faire d'autre que reculer, tandis qu'il continue d'avancer, menaçant. jusqu'à lever le poing, l'abattre dans ta direction. c'est ton frère qui reçoit le coup à ta place, en voulant s'interposer, te protéger, t'en sais trop rien - ce qui a au moins le mérite de le calmer, ton père. c'est la première fois que tu as véritablement peur de lui. c'est aussi la première fois que tu entends ta mère hurler de rage.

à vingt-trois ans, vous commencez votre nouvelle vie à Lansing, ton frère et toi. ta mère vous a exhorté au départ, vous assurant que tout irait bien, et tu l'as crue. elle est plus forte et courageuse que tu le pensais. comme une lionne enragée, elle a défendu ses petits, et ton père n'a pas eu d'autre choix que d'abdiquer face à sa fureur. réduit à l'état de loque imbibée d'alcool, il parait minable, à côté d'elle. alors vous êtes partis, et comme promis, tout se passe bien. l'année s'achève dans quelques mois, à l'issue de laquelle tu obtiendras le bachelor's degree pour lequel t'as si durement travaillé.

t'as le nez plongé dans tes révisions quand tu entends les cris et les premiers coups de feu, qui rebondissent en écho entre les murs. aussitôt, c'est tout le campus qui se met en mouvement. la plupart des étudiants détalent dans le sens opposé et se barricadent dans les mêmes salles, comme une chorégraphie connue par cœur. tu te mets à courir, toi aussi, droit dans la direction d'où les sons proviennent. tu sais que Caleb avait cours au bout du couloir, et à l'instar de ta mère, ton premier instinct est de t'élancer vers le danger, pour l'en protéger. les gens essayent de te retenir, une première tentative à laquelle tu échappes aisément. il faut deux paires de bras pour t'arrêter dans ta course. tu te débats, tu hurles, tu griffes comme un animal sauvage, mais ils refusent de te lâcher. l'un des gars s'en sort avec le nez cassé et quelques hématomes, mais les jours suivants le drame, il se félicite que vous soyez tous les deux vivants et de t'avoir sauvé. sauf que Caleb n'est plus là. ton frère t'a été arraché par ce camarade venu régler ses comptes avant de s'ôter la vie. comme un lâche, vous privant du moindre espoir de justice. thoughts and prayers, qu'on vous dit. l'université organise un large mouvement d'hommage aux disparus de ce jour, mais toi, t'es juste en colère. contre le monde entier, contre cet assassin qui t'a enlevé ton frère, contre ton gouvernement, contre toi-même. parce que t'as échoué, tu n'as pas su le protéger. c'est tout ce que tu vois, tout ce qui compte, et ça te bouffe de l'intérieur.

Jin -- six mois plus tard, tu atterris en Australie. la ville de Brisbane t'ouvre grand les bras, mais tu sais pas vraiment ce que tu fais là, sinon que tu es venu honorer l'un des souhaits de ton frère. refaire votre vie ici tous les trois, c'était le plan. t'es tout seul dans ton nouveau départ, mais t'as décidé que t'allais le faire, envers et contre tout. tu te sentais incapable de rester là-bas un jour de plus, de toute façon. tu débarques avec les économies que vous aviez rassemblées et un visa qui aura tôt fait d'arriver à sa fin, l'esprit encore un peu embrumé par le deuil, le chagrin et le choc mêlés. t'es pas vraiment là, les premiers mois, c'est ce que la plupart de tes employeurs te reprochent, mais tu t'accroches et tu avances. t'as l'impression que c'est la seule chose qu'il te reste à faire, et c'est probablement vrai. au point où tu en es, t'as pas d'autres choix que celui-là.

l'Australie, c'est complètement différent de tout ce que t'as connu jusqu'ici. la communication n'est pas des plus évidentes, au début. t'as du mal à comprendre les locaux et leur fort accent, et inversement, sûrement. il fait chaud aussi, très souvent. habitué aux brises glacées des grands lacs, tu mets un certain temps à t'acclimater. tu te découvres et les gens lorgnent sur tes multiples tatouages, mais tu avances toujours, la tête un peu plus haute. t'essayes de te mêler à la population, tu fais quelques rencontres et tu noues des amitiés. doucement, tu y prends goût, à ta nouvelle vie, aux perspectives qu'elle t'offre. il y a toujours cette rage sourde qui remue en toi, comme un serpent venimeux prêt à mordre, que tu t'efforces de repousser, d'apaiser. tu te défais aussi de ton ancien nom, comme une tentative de se débarrasser d'une vieille malédiction associée au patronyme. de toute façon, Ashton n'a pas de raison d'être sans Caleb ; alors tu deviens Jin.

à vingt-quatre ans, tu intègres la petite team du studio Next Level. c'est une série de plusieurs coïncidences qui t'a amené jusqu'à eux. leur concept te plait beaucoup. des jeux mêlant l'horreur à la stratégie, les peurs d'enfance à des atmosphères sombres et travaillées. bizarrement, ça te ramène aux grands lacs de chez-toi, les étendues d'eaux bordées de pins et les silhouettes massives des montagnes en arrière-plan. les légendes autour de ce qui se tapissait au fond de l'eau et du brouillard, ce qui évoluait en silence dans les forêts. ça t'évoque une drôle de nostalgie de laquelle tu tires ton inspiration ; même si ton job se résume techniquement à la seule écriture des lignes de codes, c'est dans l'entièreté de chaque projet que tu t'investis pleinement. à tel point qu'on rechigne à te laisser partir, arrivée l'heure d'expiration de ton visa. c'est la patronne elle-même qui se charge des démarches nécessaires. tu fais partie de la team, maintenant, qu'elle t'annonce un soir, le sourire chaleureux. et toi, tu acquiesces juste, comme si c'était pas l'une des plus belles choses qu'on t'ait jamais dit de toute ta vie.

à vingt-six ans, t'en as assez de vivre seul et tu te présentes pour une coloc. tu t'attends pas à grand-chose de concluant, mais contre toute attente, c'est toi, le géant tatoué jusque dans le cou et à la dégaine pour le moins particulière, qui est choisi. c'est comme ça que fais la rencontre de Noomi. c'est pas la première fois que tu partages un logement avec une fille, mais c'est la première fois que tu en partages un avec une fille comme elle. dire qu'elle t'a surpris, pendant vos premières semaines de cohabitation, serait un genre d'euphémisme, mais vous n'avez pas tardé à vous apprivoiser l'un l'autre. spontanément, t'as finis par la considérer comme une petite sœur - techniquement, t'es le plus jeune, mais t'es aussi le plus grand, alors ça passe. elle t'a raconté sa chute puis son combat contre son addiction, et tu lui as partagé tes propres démons en retour. Noomi est sans doute la seule dans ce pays que tu as mise au courant de ces détails que tu as pourtant en horreur d'évoquer. il n'y a pas la moindre ambiguïté entre vous ; c'est avant tout un lien fraternel qui vous unit, bâti au cours de ces trois dernières années. d'une certaine façon, vous avez tous deux lutté pour votre survie, confrontés à ce que l'humanité pouvait produire de pire dès votre plus jeune âge, peut-être est-ce ce qui vous a tant rapprochés. une chose est sûre, pour toi, une promesse dangereuse que tu t'es faite : à elle, tu ne laisseras jamais rien lui arriver.

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