Broken hearts club est un forum city basé sur l'amour où l'action se déroule à Brisbane, en Australie. BHC est un forum simple et sans prise de tête où le but est de se faire plaisir, de se détendre et de faire des rencontres.Chez nous, le respect de tous‧tes et la bienveillance font partie de nos valeurs, car il est important pour nous de faire de ce forum un endroit safe pour tous‧tes. N'hésitez pas un seul instant à contacter harlan myers, dora oliveira et scott reeves, vos admins, si vous avez la moindre question ou le moindre problème.
âge : vingt-neuf années soufflées aux premières aurores de mai ; le temps qu’il voit filer entre ses doigts crispés, qui délite les cœurs plus qu’il ne les répare.
statut civil : célibataire par intermittence, sans cesse tour à tour propulsé et déçu des amourettes déchues. Quelques passions trop fulgurantes pour être retenues, l’amour comme une religion seulement pratiquée en secret – inclinaison clandestine pour le seul cœur qu'il ne devrait pas convoiter.
occupation : tatoueur — La peau comme prédilection, chair sur laquelle il trace les lignes volubiles que son esprit se plaît à imaginer.
adresse : fortitude valley — colocation fric-frac avec une journaliste bordélique et un cabot survolté.
intervention pnj : Non
pronom perso : il
trigger : injection de drogues, romantisation des relations toxiques, age gap 15+, grooming, agressions sexuelles.
infos rp : • 800-1600+ mots en général, en fonction du type de rp
• dialogues en français uniquement
• troisième personne du singulier
• temps de réponse fluctuant
@Sierra Oliveira/ tw : mention de fraction sociale, de relations familiales dysfonctionnelles.
Elle est avachie contre son lit, le visage abandonné contre sa paume avec un air d’ennui. Sur sa silhouette, il sent son regard couler machinalement, alors que ses doigts jouent avec le collier fantaisie qui pendouille autour de son cou. Il avait pas vraiment sollicité son aide, ni même son avis sur sa dégaine de guignol tiré à quatre épingles ; mais Nora ne se gênait jamais pour foutre son grain de sel dans chacun des aspects de sa vie – ou tout du moins lorsqu’elle flairait qu’il y aurait un commentaire, ou un potentiel comique à en tirer. Alors le spectacle de sa préparation consciencieuse constituait sans doute un événement assez intéressant pour qu’elle ait décidé d’y assister, prenant possession de son matelas telle une reine lasse, pianotant de temps à autres sur son téléphone.
— J’arrive toujours pas à croire qu’elle ait accepté de t’accompagner, Lance t-elle distraitement, l'œil vissé sur l'écran rétroéclairé sur lequel elle laisse son index défiler.
Boutonnant les derniers boutons de sa chemise, Theo a jeté un coup d'œil à la silhouette affalée par l'entremise du miroir devant lequel il se tenait, rangeant dans le pantalon les pans de tissu couleur nuit.
— Figure-toi qu’il existe encore des personnes serviables sur cette terre, qui acceptent de rendre des services, Qu'il commente d'une voix machinale, sans même trouver utile de prétendre ignorer à qui elle faisait référence. — Arrête de jouer au con, tu sais très bien ce que je veux dire, Soupire alors sa colocataire en relevant le nez vers le dos qu'il lui présentait. « Franchement, à quel moment tu t’es dit que c’était la personne idéale pour être ton date pour un mariage ? Tu crois pas que c’est assez compliqué entre vous ?
La question était légitime : n'importe qui l'aurait admis, et sans doute lui le premier dans d'autres circonstances. Mais depuis le moment où il s'était risqué à cette proposition envers Sierra, il s'était également efforcé de repousser l'idée selon laquelle l'initiative aurait pu apparaitre autrement qu'une demande ingénue. Ce qu'elle était, très ironiquement ; puisqu'il n'aurait pas été assez stupide pour créer de lui-même une situation risquant de les rendre tous les deux terriblement mal à l'aise (on se rappelait quel était le dernier mariage auquel ils avaient tous les deux assisté) s'il n'avait pas été si désespéré à l'idée de s'y voir accompagné. Il tâchait de se raconter qu'il ne l'avait invitée qu'en qualité de ce qu'elle avait toujours été, en dépit des complications de ces dernières années : la personne qui, dans ce pays, le connaissait le mieux, et était la plus à même de saisir l'anxiété profonde qui le saisissait à l'idée de se trouver en contact avec sa famille proche.
Sierra n'avait pas autant fréquenté les Korb qu'il n'avait partagé, à une époque du moins, la table des Oliveira. La raison était simple : Theo avait lui-même cessé tout commerce avec les premiers (en tout cas, lorsqu'il n'y était pas obligé) depuis l'âge de la majorité. Le froid n'était pas officiel entre eux, plutôt latent ; personne ne s'embêtait plus depuis longtemps à manifester la moindre fausse attention à l'égard des uns des autres, ni ne s'encombrait d'hypocrisie. D'une certaine manière, il leur en était reconnaissant – car il lui aurait sans doute été plus pénible de mimer ce qui n'était pas, plutôt que de l'accepter tout bêtement. Pour autant, il n'avait jamais réussi à se sentir tout à fait insensible à cet état d'éloignement, lorsqu'il se retrouvait à leur contact : car à l'image de n'importe quel fils ou frère, il ne pourrait certainement jamais se débarrasser de l'instinct qui le poussait à vouloir être aimé, reconnu et accepté par les siens – peu importe à quel point il pensait avoir fait le deuil de cette espérance. Et il était lucide sur le sujet, connaissait l'état qui le gagnait à chaque fois qu'il éprouvait leur compagnie. Encore plus lorsque le jour exigeait qu'on célébrât son ainé si parfait. Alors peut-être la démarche de quémander la présence de Sierra était-elle égoïste, compte tenu de leurs ambiguïtés communes : mais il en conviendrait volontiers plus tard, une fois que la corvée serait passée. Pour le moment, il avait juste besoin d'elle. Son âme jumelle. La remarque de Nora lui a arraché un soupir, alors qu'il bouclait sa ceinture d'un geste vaguement amer ; il s'est alors tourné vers la jeune femme pour lui faire face, dressant ses doigts un à un pour mimer l'énumération.
— Primo, j’aurais pas eu à lui demander si tu t’étais pas défilée au dernier moment. Deuxio, elle a déjà une petite expérience avec les Korb, et risque donc moins de finir par se taper la tête contre les murs à la fin de la soirée, Enonce t-il avec aplomb. « Tertio, c’est pas si compliqué que ça, entre nous. Il s’est rien passé depuis Gold Creek, je te rappelle.
Ce n'était pas faux, en soi. Mais il savait aussi pertinemment que le dernier argument était loin d'être valable – et surtout loin d'effacer la complexité de leurs rapports. Un méli-mélo de non-dits et de frustrations qu'il tâchait tant bien que mal de repousser depuis des mois, pour ne plus y songer. Loin d'être dupe, Nora a laissé un petit souffle ironique s'échapper d'entre ses lèvres, replongeant le nez dans le scroll machinal de son écran.
— D’accord, si ça te fait plaisir d’y croire. Rappelle Nour, pendant que t’y es. — Tu me fais chier, Nora.
Et il a beau s'agacer, il sait qu'elle a raison. Seulement, ce n'est pas le moment pour y songer, pour regretter d'avoir eu l'inconscience de l'inviter. Le truc, c'était qu'il connaissait parfaitement la position de sa colocataire, sur la manière dont il avait géré – ou plutôt, dont il n'avait pas géré – son histoire avec Nour ; elle l'avait suffisamment traité de petite merde égoïste pour que l'idée lui rentre dans le crâne façon vieille école. Et il n'avait pas spécialement besoin qu'elle lui rappelle sa gestion chaotique des faits chaque fois que Sierra était évoquée. La première a alors redressé le menton vers lui, et a semblé l'observer une poignée de secondes, visiblement concernée.
— Sérieusement, Theo. T’y crois vraiment quand tu dis ça ?
Il a alors marqué un temps de pause, s'asseyant au bord du matelas pour enfiler les vieilles Docs en cuir usé, dont il a noué les lacets.
— Je peux pas y aller seul, Finit-il par lâcher. Je peux pas. L’idée de passer une après-midi et une soirée entière à les écouter déblatérer leurs conneries de droite, dire à quel point Max est parfait et qu’il a réussi, et puis à quel point je devrais un peu prendre exemple, ça me donne envie d’aller bouffer des méduses ou de me foutre la gueule dans une citerne, je te jure. » Il a marqué une seconde de pause, puis a laissé tomber son dos sur le lit en glissant ses doigts dans le désordre de ses boucles brunes. « Si j’ai pas un seul putain de soutien, je vais dégoupiller en direct et crois-moi, ça sera super moche, Ajoute t-il en un souffle amer. — OK Mr Hyde, j’ai pigé, Soupire l'autre en secouant la tête. « Mais fais pas comme si la situation était pas super bizarre.
Il n'a pas répondu, se contentant de pivoter le menton vers sa silhouette voisine pour l'observer distraitement. Elle lui a alors jeté un regard, lorgnant d'un coup d'œil les sapes choisies pour l'occasion ; un petit sourire se dessine alors sur les lèvres de la jeune femme, dont l'épaule le bouscule légèrement d'un air taquin.
— T’as une bonne dégaine, en tout cas. On dirait presque un petit connard sorti d’école de commerce. Mais t’es sûr de toi, pour les Docs ?
Presque soulagé de la voir changer de sujet, Theo a esquissé un mince sourire satisfait.
— Ouais. C’est pour pas qu’ils confondent, justement. Si quelqu’un me prend pour l’un des leurs, ils seront fixés en voyant mes vieilles pompes.
Un rire ironique secoue alors les épaules de Nora.
— C’est vrai que chez eux, je suppose que ça te classe direct dans la case des punks à chien. — T’as tout compris.
D'une impulsion, il s'est alors redressé pour arracher sa silhouette au matelas, attrapant au passage la veste qui trainait sur le dossier d'une chaise attenante.
— Tu rentres, ce soir ? — J'en sais rien, ça dépend si l'un d'entre nous est assez sobre pour conduire, et si on a le courage, Fait-il machinalement. « Max a pas arrêté de me dire que la baraque était assez grande pour accueillir tous ceux qu'ils voulaient, et caetera, et caetera. — Et comme je suppose que le champagne sera la seule chose supportable là-bas, y'a peu de chances. — Je prétendrai pas le contraire. — Fais quand-même attention à toi, hein.
Pour toute réponse, Theo a souri.
*
Il est déjà en retard. Peu importe ; étant donné la population d'individus qui l'attendait sur le lieu de la célébration en question – principalement constituée de famille plus ou moins proche des deux côtés des mariés, et des amis toubibs, PDG ou marketeux de ces derniers – il n'avait pas spécialement hâte d'arriver sur place. En plus de passer pour la bête de foire du lot (le drôle de type tatoué, à l'air aussi à l'aise qu'un piaf dans un bain de mazout) Theo savait pertinemment que ce serait qu’une question de temps avant qu’il se fasse chier en compagnie de ces espèces de jeunes trentenaires au niveau médian de la déprime hivernale. À ses yeux, c’était tous les mêmes ; des anciens gosses pas turbulents qui avaient fait ce qu’on leur avait dit, qui avaient filé droit et s’étaient casés dans les petites places de la vie prévues pour ça. Les rares fois où il avait dû se coltiner les amis de son frère, il avait été frappé par leurs discours suintant la frustration, cette sorte d'apathie de vivre bien chienne qui les poussait à se comporter comme des merdes méprisantes avec les autres. Pour certains, suffisait sans doute de pas grand chose pour être satisfait – un peu de hiérarchie qui les plaçait n’importe où, pourvu que ce soit au dessus de quelqu’un d’autre. Et on sentait qu’ils voudraient parfois s’énerver, mais qu’ils savaient pas trop comment faire : alors après quelques verres de trop ils dégoupillaient, saisissant n’importe quel prétexte pour aller concurrencer la virilité du collègue et finir le débat en concours de centimètres. Et Theo, il préférait encore se scalper que d'assister à ça.
Il est seize heures passées lorsqu'il se gare devant l'immeuble de Sierra, suivant le message rapide envoyé pour attester de son arrivée. Claquant la portière du vieux truck (deux fois, devant la résistance de celle-ci à la fermeture) il a machinalement extirpé une cigarette de son paquet pour meubler l'attente de son acolyte. Un geste qui attestait d'une certaine nervosité de sa part, puisqu'il avait déjà vidé la moitié du carton depuis le matin – chose plutôt inhabituelle pour lui, qui tenait à rester fumeur modeste au quotidien. Le pied tapotant imperceptiblement sur le goudron, il a appuyé son dos contre le mur de l'immeuble, profitant de l'encrassement délectable de ses poumons. La silhouette de Sierra n'a pas mis longtemps à s'échapper de l'entrée, vers laquelle il a tordu le cou ; et cette fois, ce n'est certainement pas la nervosité qui est responsable du martellement dans sa cage thoracique, mais un sentiment plus agréable – une gaieté instinctive à l'idée simple de la voir, accompagnée d'une étrange appréhension. Sierra, soleil de cendres dans sa robe de velours plissé. Elle est belle, plus belle encore que la beauté qui boude autour ; une pensée fugace qu'il se force à congédier, à écraser en même temps que son mégot sur la pierre du mur. Et c'est un sourire sincère qui étire ses lèvres alors qu'il se repousse de celui-ci pour lui faire face.
— T’es ravissante. Mais t’es au courant que c’est pas toi qui te marie, cette fois ? Taquine t-il, ponctuant le trait d'esprit en question d'un vague souffle rieur. « ... Trop tôt ?
D'un geste désinvolte, il a extirpé ses clefs de voiture de sa poche, pour les faire rebondir dans le creux de sa paume de main.
— Allez viens, Cendrillon. Y’a une heure de bagnole et tu viens juste d’être nommée DJ du trajet, donc j’espère que t’as bossé tes playlists.
Sierra Oliveira
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MEMBRE ☆ instant crush and we will never be alone again
âge : 28 ans, âge de responsabilités et d'introspection.
statut civil : encore à vif d'un divorce aussi soudain que ne l'ont été le coup de foudre et le mariage, et elle est la seule à blâmer de ces projets envolés. elle est maintenant célibataire, solitude étrangère, mais certainement salvatrice – pour les malheureux qu'elle risquerait sinon de charmer, si ce n'est pour elle.
occupation : monitrice de plongée sur la côte, et apnéiste sur son temps libre, plus pour le plaisir de la découverte que pour les records, l'incomparable bonheur de pouvoir vivre de sa passion.
adresse : un appartement au 231, south bank & west end ; location toute nouvelle depuis qu'elle a abandonné la maison qu'elle partageait avec son ex-mari, elle y cherche encore ses marques, ne s'habitue pas réellement aux draps froids.
intervention pnj : Oui
pronom perso : elle
trigger : tout ce qui touche de près ou de loin à l'inceste ou la pédophilie // les descriptions de viol, agression sexuelle, violence conjugale // la romantisation de relations avec gros écart d'âge.
warning : avortement, infidélité
infos rp : présence : quotidienne, réponses toutes les 2-3 semaines selon l'inspi. style rp : j'écris en elle ; entre 400 et 1500 mots, selon le rp, l'inspi, etc. dialogues : en orangered, français ou anglais.
Sierra a attendu la catastrophe pendant des jours. Un problème de planning la forçant à annuler son week-end de congés, une intoxication alimentaire le jour J, une entorse un peu avant. Un signe du destin, quel qu'il soit. Un présage plus criant encore que les sirènes rougeâtres qui lui ont cinglé l'esprit à chaque fois qu'elle s'est souvenue de cette échéance – et autant dire que l'idée ne l'a pas quittée. Compte à rebours brûlant les paupières. Ferme les yeux, vois les secondes s'enfuir. Et, avec elles, les probabilités d'en réchapper. Car le hasard est son dernier recours : il a suffi que Sierra dise oui pour piétiner le point de non-retour. De la même manière que tout le bon sens du monde n'aurait pas pu la pousser à refuser, jamais elle ne se défilerait, une fois sa parole donnée. Par amitié, par loyauté, qu'importe le nom donné à un sentiment suffisamment stupide pour que tout instinct de survie parte en fumée. La raison est simplissime, enfantine. Theo l'aurait fait pour elle – alors, elle se doit de le faire pour lui. Même si elle voudrait se donner le beau rôle en se convainquant qu'elle ne lui aurait rien demandé de tel. Sierra ne l'accuserait pas d'une cruauté volontaire. Mais cette demande n'en est pas dénuée, après un mariage foiré, catastrophe à laquelle Theo n'a pas été étranger. Après les derniers baisers, si vite brisés. Elle s'est longuement fustigée de s'en être faite complice et, lorsqu'elle en a eu assez, s'est demandé comment lui pouvait y rester aveugle – s'il est bien question d'ignorance, ou si, au même égard, l'idée le hante. Qu'importe : en termes de cruauté, Sierra reste maîtresse. Sans doute devrait-il lui faire endurer bien des souffrances pour qu'elle lui cède sa couronne. Elle s'est juré qu'elle ne dira rien. Qu'elle ne lui extorquera pas d'explications, ni ne soulignera l'absurdité de la situation. Qu'elle gardera sous silence que les baisers ont laissé leur trace – un souvenir brûlant. De telle sorte que, sous le capot, la curiosité se débat avec l'appréhension. Et si ? Un petit miracle était né à Gold Creek. Un peu timide, un peu déplacé. Une comète à la trajectoire mal calculée. Mais il avait eu le mérite d'exister et, au lieu de le laisser mourir, elle en avait couvert les braises, Sierra. Sans pouvoir se résoudre ni à le raviver, ni à le laisser s'éteindre. Un feu précieux, dont le sort ne pourrait se décider qu'à deux. Et si ?
Grimace devant l'armoire. Loin d'être vide, c'est que chaque pan de tissu raconte une histoire. On déterre les vieilleries, on ranime des tranches de vie. Sierra savait exactement ce qu'elle cherchait, mais le choc d'y faire face n'en est pas moins grand. Un velours plissé, étoffe empourprée. Elle s'est rabattue sur ce vestige précis car elle n'est jamais sûre de comment s'habiller, pour les mariages, et que cette robe-là, Jules et elle l'avaient choisie ensemble, pour le mariage d'une cousine côté Adkins. Festivités estampillées 2022, une mi-septembre ensoleillée. En tous cas, sur les photos, c'est ce qui transparaissait. Malgré toute l'excitation qui avait habillé l'achat – effectué sitôt le faire-part signé de leurs deux noms – la robe n'avait pas servi : ni ce jour-là, ni après. En la retrouvant, Sierra s'est dit qu'il faudrait la porter là, ou bien s'en débarrasser. D'un sentimentalisme exacerbée, elle ne peut pas s'empêcher d'accrocher des souvenirs aux plus incongrus objets. Mais pas des peurs, ni des regrets. Quant à la robe, elle n'aura qu'à en garder le secret, verrouillé contre son dos par la fermeture éclair qu'elle vient de remonter.
Dernier coup d'œil devant le miroir. Sierra se demande si elle en a trop fait, à lèvres rouges et cils noirs. Trop, ou pas assez. Difficile de déterminer laquelle de ces perspectives lui est plus agaçante. Elle ne veut pas agir différemment de d'habitude, se souvenant de cette promesse solitaire de laisser l'oubli faire son œuvre. Pourtant, elle y pense – à plaire. Elle mentirait si elle disait que l'idée ne lui avait jamais traversé l'esprit, mais c'est bien la première fois qu'elle y réfléchit en amont, et non sur le fait accompli. D'ordinaire, c'est un regard qui sème le doute, ou une parole égarée. Un écart pour raviver cet insolent et si ?, perché sur une épaule ou l'autre. Sierra ne s'apprête pas pour que Theo la remarque, normalement. Mais, juste une fois, elle aimerait qu'il la trouve belle.
Et c'est la première chose qu'il lui dit, à peu de choses près ; mais d'un ton badin, évidemment, parce qu'entre amis, on ne se fait pas ces compliments-là avec gravité. Il ne manquerait plus qu'elle confonde ce qu'elle attend de lui avec les conventions qui ne regardent que les amants. « Beaucoup trop tôt, et déplacé, en plus. Avec ce que tu me fais faire, t'es pourtant pas en position de m'emmerder, Korb. Je peux encore faire demi-tour. » Accordé à celui de Theo, son ton est léger. Suffisamment d'eau a coulé sous les ponts pour qu'elle ne s'offusque pas de la plaisanterie : peut-être même que c'est sain, qu'ils parviennent à en rire. Car les parallèles sont inévitables, puisque le seul mariage qu'ils aient eu en commun, jusque-là, était celui de Sierra. Dans une position bien différente pour elle, certes. Trop obnubilée par l'appréhension de s'y rendre au bras de Theo, elle a d'ailleurs oublié de se demander ce qu'elle pourrait bien ressentir, dans une église, avec le bonheur d'autres irradiant sa rétine – là où elle-même avait tragiquement échoué. De l'envie, de la nostalgie, de l'espoir ; sans doute rien d'assez simple pour que l'on puisse y apposer un nom. « Au moins, à mon mariage, tu avais fait l'effort de porter des chaussures dignes de ce nom… J'en déduis que tu me respectes davantage que Max, c'est flatteur. » La rébellion a quelque chose d'attendrissant, parce qu'au fond, elle ne se serait attendue à rien de moins, de sa part : un détail désapprobateur, bien plus éloquent que toutes les plaintes qu'il pourrait émettre à haute voix.
« Bossé mes playlists ? Tu parles, j'en ai choisi une au hasard, avec des sons du moment. Je sais combien tu adores la pop. » Début d'une vengeance bon enfant, la musique qui envahit l'habitacle est bel et bien l'un des derniers tubes que les radios les plus écoutées passent en boucle : le genre que Theo devrait détester. « Bon, fais-moi le topo sur ta famille ; si c'est un terrain hostile pour toi, moi, je vais carrément nager dans l'inconnu. »
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ojitos lindos •• y solo mírame con esos ojitos lindos. que con eso, yo estoy bien, hoy he vuelto a nacer.
Theodore Korb
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MEMBRE ☆ old wounds you got a little more to prove
âge : vingt-neuf années soufflées aux premières aurores de mai ; le temps qu’il voit filer entre ses doigts crispés, qui délite les cœurs plus qu’il ne les répare.
statut civil : célibataire par intermittence, sans cesse tour à tour propulsé et déçu des amourettes déchues. Quelques passions trop fulgurantes pour être retenues, l’amour comme une religion seulement pratiquée en secret – inclinaison clandestine pour le seul cœur qu'il ne devrait pas convoiter.
occupation : tatoueur — La peau comme prédilection, chair sur laquelle il trace les lignes volubiles que son esprit se plaît à imaginer.
adresse : fortitude valley — colocation fric-frac avec une journaliste bordélique et un cabot survolté.
intervention pnj : Non
pronom perso : il
trigger : injection de drogues, romantisation des relations toxiques, age gap 15+, grooming, agressions sexuelles.
infos rp : • 800-1600+ mots en général, en fonction du type de rp
• dialogues en français uniquement
• troisième personne du singulier
• temps de réponse fluctuant
@Sierra Oliveira/ tw : mention de fraction sociale, de relations familiales dysfonctionnelles, de classisme, de racisme.
Seul un idiot aurait pu ignorer l’accointance absurde qui résidait entre la situation actuelle, et l’événement célébré en grandes pompes des années auparavant. Deux mariages qui n’avaient en commun que la présence des protagonistes en question, bien qu’à des places tout à fait différentes ; jadis, Sierra dans le rôle du personnage principal et Theo dans l’ombre réservée aux convives qui se doivent de se ravir pour elle, au bras d’une quelconque cavalière dont il n’avait sûrement plus eu de nouvelles depuis. Cette fois, c’était la même pénombre au creux de laquelle elle le rejoignait, prenant le rôle (que de mauvaises langues auraient pu qualifier de peu reluisant) du bras accroché au sien pour fuir la solitude. Pourtant, en dépit des tristes similitudes qui existaient, de manière presque trop ubuesque pour ne pas être soulevées, Theo aurait volontiers considéré que les deux situations n’avaient rien à voir l’une avec l’autre. Sans doute ne l’aurait-il jamais formulé, ni conscientisé en ces termes, mais il était facile d’identifier dans ce roulement de rôles une forme de vengeance bienvenue face au destin : autrement dit, qu’il puisse aujourd’hui considérer Sierra en titre de cavalière officielle, alors même qu’il avait tant ruminé de la voir porter une robe blanche lors de la dernière occasion. Le revirement en question devait-être responsable de sa bonne humeur latente (laquelle ne manquerait certainement pas de s’effacer bien assez tôt au contact de sa famille), au moins autant que sa nervosité. Bêtement, il était heureux de la savoir à ses côtés, que ce soit en tant qu’amie proche – là était la seule histoire qu’il se racontait – qu’en qualité d’accompagnatrice, qu’il aurait eu toute légitimité cette fois à observer de la manière qu’il lui plaisait, si ambiguë soit-elle. Ce deuxième versant, il n’avait sans doute pas la tête à se l’avouer à lui-même pour le moment ; mais il aurait été également malhonnête de prétendre qu’il n’avait pas effleuré son esprit, une fois les engagements pris pour la journée.
Theo et Sierra n’avaient pas reparlé une seule fois de leur rapprochement au festival, estimant sans doute avec prudence que ce qui se passait à Gold Creek appartenait à Gold Creek – ou peut-être aussi parce qu’ils avaient toujours eu une difficulté épidermique à discourir sur leurs ambiguïtés communes, préférant s’en faire une idée fixe, et parfois erronée, chacun de leur côté. Dans son cas à lui, il avait craint d’attacher à ce moment partagé une trop grande signification, infirmant de lui-même chaque note espoir que son esprit détestablement romantique se plaisait à y trouver. Il avait déjà commis l’erreur de penser de la mauvaise façon en ce qui concernait Sierra, de discerner des songes invalides dans des actes qui n’étaient rien de plus que des impulsions, ou des égarements. Soumis à une prudence rigoureuse, il s’interdisait alors de songer et d’espérer à trop – surtout que rien dans leur comportement partagé ces derniers mois ne laissait soupçonner qu’il ait pu s'autoriser à le faire. Il préférait considérer leur relation avec neutralité, plus attaché aux certitudes qu’il y nouait qu’à la vaste zone grise qui entourait celle-ci. Sorte d’aveuglement péremptoire dont il s’accommodait avec égoïsme (ou lâcheté, encore) et qui l’arrangeait bien pour le moment.
C'est donc avec une certaine légèreté qu'il s'engouffre à sa suite dans la voiture, lorgnant d'un air faussement sévère les premiers titres s'afficher sur l'écran du téléphone de sa copilote. Lorsque les notes de pop acidulée résonnent, c'est un soufflement ironique qui s'échappe d'entre ses lèvres, d'un défaitisme mimé.
— Super, rien de tel que de la soupe commerciale avant de se taper le gratin de la bourgeoisie, Lance t-il en tapotant des doigts sur le volant.
En réalité, Theo n'était pas si réfractaire aux mélodies commerciales qu'il ne se plaisait à le répéter. Il avait pu se tricoter cette image à l'époque où l'identité de chacun se trouvait marquée et soulignée de gros traits (s'ériger en pseudo-connaisseur devenait alors un signe indélébile de sa singularité) ; mais le sujet était plutôt devenu une plaisanterie récurrente entre eux, sorte de running-gag facile dans lequel l'un et l'autre trouvait son compte, et qui leur permettait d'enfiler des rôles confortables. Pour toute preuve, le pianotement machinal de ses phalanges sur le cuir usé, suivant la rythmique des mélodies scandées. Celui-ci s'est cependant stoppé à la question suivante, suite à laquelle il a jeté un regard rapide à sa voisine – comme pour s'assurer qu'elle désirait vraiment entendre son discours sur le sujet. Car s’il n’était pas le dernier à avoir des opinions tranchées, ni à se plaire dans les débats forcenés, il était également conscient qu’il ne paraissait jamais aussi défaitiste que lorsqu’il évoquait sa famille ; et même s’il s’agissait de Sierra, qui l’avait entendu crisser des dents à leur propos pendant des années, produire un réquisitoire aussi noir risquait clairement de plomber l’ambiance.
— Ok, Lâche t-il en reportant le menton devant lui pour suivre la route des yeux, le ton tâchant de rester scrupuleusement détaché. « Mes parents bossent toujours à l’hosto, font des semaines de cinquante heures en méprisant bien fort tous ceux qui font pas pareil. Ils ont toujours pas pigé que tatoueur était un truc sérieux, et me le font bien comprendre en me demandant à tous les repas si j’arrive enfin à gagner ma vie avec mes dessins, que je devrais peut-être penser à devenir graphiste ou publicitaire pour une boîte de marketing comme l’oncle Keith. » Une légère crispation de mâchoire s'étend le long de ses maxillaires, accompagnée d'un pincement de lèvres passager. « Sinon Max est fidèle à lui-même, il te parlera certainement du séjour qu’il a fait au Rwanda pour vacciner les mioches, en te disant que l’Afrique est un pays fantastique et tellement authentique.
Et s'il avait prononcé la tirade avec une nonchalance feinte, il était aisé de percevoir le mélange de cynisme et de désapprobation au creux de ses syllabes – le ton noir des mauvais jours, des humeurs plus orageuses. Car s'il n'avait jamais été compliqué pour Theo de se retrouver en compagnie d'individus qui nourrissaient des opinions contraires aux siennes (voire, carrément dissonantes) c'était une toute autre affaire lorsqu'il s'agissait de sa propre famille. Là, la réaction devenait presqu'épidermique, et chaque gramme de sang-froid ou de recul dont il arrivait habituellement à faire preuve se trouvait balayé par de vieilles rancœurs. Avant de reprendre, il a laissé un léger soupir s'échapper de ses lèvres, et sa main libre glisser nerveusement au creux de ses cheveux.
— Sa meuf est plutôt sympa pour être honnête, Qu'il enchaine, je vois pas bien ce qu’elle lui trouve, ou s’il devient soudainement un type formidable une fois les volets clos, mais en tout cas je lui donne pas deux ans avant de commencer à se faire chier avec lui. Puis sa famille à elle, c’est le genre monarchie bourgeoise habituée depuis le jour zéro à donner des ordres à tout le monde avec un sourire super blanc et super hypocrite. Le genre qui a le talent rare de te faire comprendre que t’es une merde sans avoir à t’insulter, tu vois le genre ? » Une espèce de petit rire sans humour s'est alors échappé de ses lèvres, avant que son expression ne se détende légèrement. « Mais y’aura ma grand mère Hilde, qui est certainement la seule personne avec un peu les pieds sur terre dans tout ce cirque. J’pense que tu l’aimeras bien, elle est formidable.
Il a alors glissé un regard en coin à sa voisine pour guetter sa réaction, le pli des lèvres se tordant en un petit sourire contrit. Il a alors haussé les épaules, tendant les doigts contre toute attente vers le plotter du volume pour augmenter celui de la musique. Façon de dire, sans doute, que la pop sucrée qui s’échappait des baffles valait mieux que son discours nauséabond.
— Maintenant que t’es briefée, dis-moi si tu veux faire demi-tour : c’est maintenant ou jamais si on doit leur poser le lapin de l’année et aller boire de la tequila au bord de la plage, Qu’il lance avec une ironie légère, avant de pivoter une nouvelle fois le regard vers le profil qu’elle présentait à ses côtés. « Merci, Ajoute t-il alors. De m’accompagner, je veux dire.
Sierra Oliveira
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MEMBRE ☆ instant crush and we will never be alone again
âge : 28 ans, âge de responsabilités et d'introspection.
statut civil : encore à vif d'un divorce aussi soudain que ne l'ont été le coup de foudre et le mariage, et elle est la seule à blâmer de ces projets envolés. elle est maintenant célibataire, solitude étrangère, mais certainement salvatrice – pour les malheureux qu'elle risquerait sinon de charmer, si ce n'est pour elle.
occupation : monitrice de plongée sur la côte, et apnéiste sur son temps libre, plus pour le plaisir de la découverte que pour les records, l'incomparable bonheur de pouvoir vivre de sa passion.
adresse : un appartement au 231, south bank & west end ; location toute nouvelle depuis qu'elle a abandonné la maison qu'elle partageait avec son ex-mari, elle y cherche encore ses marques, ne s'habitue pas réellement aux draps froids.
intervention pnj : Oui
pronom perso : elle
trigger : tout ce qui touche de près ou de loin à l'inceste ou la pédophilie // les descriptions de viol, agression sexuelle, violence conjugale // la romantisation de relations avec gros écart d'âge.
warning : avortement, infidélité
infos rp : présence : quotidienne, réponses toutes les 2-3 semaines selon l'inspi. style rp : j'écris en elle ; entre 400 et 1500 mots, selon le rp, l'inspi, etc. dialogues : en orangered, français ou anglais.
Les Korb, Sierra ne les connaît que par bribes vite balayées et traits flous, entrevus au travers d'une fenêtre ou dans l'interstice d'une porte entrouverte. La différence est fondamentale, entre leurs deux familles : les Oliveira, eux, ne laissent jamais un battant fermé, et Sierra elle-même ne trouve aucun confort à les recouvrir d'un silence de plomb. Alors qu'un mystère persiste à flotter, dès qu'il s'agit de l'entourage de Theo, tout juste percé de quelques informations çà et là – souvent des remarques au sarcasme tendant vers l'irritation pure et simple, à saisir à la volée avant qu'un sujet plus plaisant ne les ait supplantées. L'idée d'enfin lever le voile, de voir en chair et en os ces personnages à ses yeux presque mythiques, aurait pu avoir son charme si elle n'avait pas compris depuis bien longtemps que Theo ne cultivait pas l'énigme pour le plaisir de se montrer ténébreux, mais parce qu'il y avait quelque chose de cassé dans sa cellule familiale, et que personne au sein de cette dernière ne paraissait s'attacher à en maintenir un semblant d'intégrité.
Le discours qu'il lui offre, en somme, n'a rien de surprenant. Ce n'est qu'une synthèse des miettes qu'elle a réunies au fil d'années d'amitié – quoique l'on pourrait noter, et s'en étonner, qu'après tout ce temps, il n'y ait rien de plus à souligner –, alors, Sierra s'attarde plutôt sur l'affaissement le long des mots des traits de Theo, détail qu'il ne lui avait jusqu'alors jamais donné à voir. Parce qu'avant, ces histoires étaient présentées de telle manière qu'elles relevaient presque de l'anecdotique, une excuse pour un ton piquant qui ne demandait en sa présence qu'à se radoucir, avant qu'elle ne s'acharne à lui redonner le sourire. Pas une seule fois n'avait-il été question d'échanger autre chose que de vagues formules de politesse avec ses parents – mais la situation ne laisse plus d'autre choix que d'admettre, à haute voix, l'écart considérable qui semble s'être creusé entre Theo et les autres, avant qu'elle ne soit contrainte de le constater de ses propres yeux. « C'est fou, qu'ils te connaissent si peu. » Remarque-t-elle à mi-voix, une fois l'essentiel de la tirade terminé. Une compatissance de médiatrice, pour tempérer un constat qui, en réalité, l'effare. Parce qu'elle se demande comment qui que ce soit ayant vécu avec Theo pourrait avoir l'idée de l'enfermer dans un bureau, de laisser un écran le robotiser à longueur de journée, lui qui a l'esprit si vaste et des couleurs plein la tête. Comment le poids des attentes posées sur les épaules de leur fils ont pu détourner les Korb de sa singularité, les poussant à la renier malgré tout ce qu'elle a d'exceptionnel. Sierra avait abordé la journée en se disant que, quoiqu'en restant irrévocablement du côté de Theo, elle essaierait dans la mesure du possible de faire preuve de neutralité. Mais le portrait brossé et ses incidences ont d'ores et déjà fait voler cette belle résolution en éclats.
« Si j'étais cynique, je dirais que je leur souhaite de tenir au moins deux ans, parce que c'est un merdier sans nom de divorcer plus tôt. » La voilà qui hausse les épaules, balayant par la même manière la mauvaise plaisanterie. Trop tôt, peut-être – mais rien de pire qu'un mariage pour lui rappeler le sien, aussi Sierra essaie-t-elle déjà de s'accoutumer aux références qui ne manqueront pas de fuser dans sa tête. « En cas de danger, localiser Hilde, c'est noté. Je suis rassurée qu'il y ait quelqu'un d'autre qui ait l'air sain d'esprit dans ta famille, sinon, c'est de toi que je me serais inquiétée. » De sa grand-mère aussi, il n'avait parlé que par bribes. Pas par laconie, mais parce qu'il la voyait trop peu, avait-elle compris ; et, parce que les mots étaient alors empreints d'une chaleur qu'elle ne l'avait pourtant jamais entendu réserver à sa famille, elle avait dû en déduire que Theo aurait préféré qu'il en soit autrement. « Ne me tente pas, tu sais très bien que j'abandonnerais tous mes plans pour une tequila en bord de plage. Max n'a aucune chance. » C'est lâché aux commissures d'un sourire léger, qui se fane en entendant le remerciement qui suit. Elle aimerait mentir, jouer la nonchalance, à son tour, pour prétendre qu'être là ne lui coûte rien, et qu'elle le suivrait dans chaque rendez-vous foireux de ce genre-là. Pourtant, c'est au-dessus de ses forces, pour une fois. Sierra ne nourrit aucun regret, ou du moins, pas encore, mais elle a trop soupesé la situation pour maintenant décréter avec tout le naturel du monde que celle-ci est normale. Et, finalement, la dérobade lui semble être la solution la plus appropriée. « Oui, eh bien, égaye-moi un peu cette tête de deux pieds de long, avant que je le prenne personnellement. La grimace, c'est pour les photos de famille. » Pour accompagner son propos, elle en vient même à plier quant à la musique, pianotant jusqu'à trouver une playlist plus alignée aux goûts de Theo. La plaisanterie pop a assez duré, et Sierra n'est pas mécontente de laisser le son remplir l'habitacle, plus indiqué que sa propre voix pour combler le silence, à l'exception de quelques remarques échappées le long de la route.
Les cîmes de Gold Coast n'ont pas plus tardé à se dessiner, arêtes acérées comme des pics de tension sous la peau. Contempler de loin l'idée de ce mariage avait quelque chose d'amusant, mais la légèreté de l'imagination a laissé place à l'appréhension lorsque Theo a finalement arrêté le moteur à côté de plusieurs autres voitures, aux carrosseries ne laissant aucun doute quant au standing de l'événement et de ses invités. Bourgeoisie que Sierra est plus à l'aise de critiquer à bonne distance, mais à laquelle elle n'a jamais vraiment pensé se mêler – et qui n'hésitera sans doute pas à lui rappeler sa place, à se fier à ce que Theo lui en a rapporté. C'est justement ce qu'elle lui glisse à l'oreille en descendant de la voiture, alors que s'entame la marche funèbre vers la demeure décadente des futurs mariés. « S'il faut que je m'invente toute une vie pour les impressionner et nous faire briller, c'est le moment de le dire… Parce que je doute qu'ils trouvent qu'enseigner la plongée soit un job plus reluisant que tatoueur. »
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ojitos lindos •• y solo mírame con esos ojitos lindos. que con eso, yo estoy bien, hoy he vuelto a nacer.
Theodore Korb
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MEMBRE ☆ old wounds you got a little more to prove
âge : vingt-neuf années soufflées aux premières aurores de mai ; le temps qu’il voit filer entre ses doigts crispés, qui délite les cœurs plus qu’il ne les répare.
statut civil : célibataire par intermittence, sans cesse tour à tour propulsé et déçu des amourettes déchues. Quelques passions trop fulgurantes pour être retenues, l’amour comme une religion seulement pratiquée en secret – inclinaison clandestine pour le seul cœur qu'il ne devrait pas convoiter.
occupation : tatoueur — La peau comme prédilection, chair sur laquelle il trace les lignes volubiles que son esprit se plaît à imaginer.
adresse : fortitude valley — colocation fric-frac avec une journaliste bordélique et un cabot survolté.
intervention pnj : Non
pronom perso : il
trigger : injection de drogues, romantisation des relations toxiques, age gap 15+, grooming, agressions sexuelles.
infos rp : • 800-1600+ mots en général, en fonction du type de rp
• dialogues en français uniquement
• troisième personne du singulier
• temps de réponse fluctuant
@Sierra Oliveira/ tw : mention de fraction sociale, de relations familiales dysfonctionnelles, de classisme.
Bien qu'énoncée sur le ton de la plaisanterie, la proposition avait pris une tournure bien plus tentante que prévu ; car si le choix lui avait vraiment été donné, nul doute que Theo aurait mille fois préféré troquer ce qui les attendait contre un tête à tête informel sur la plage, là où il n'aurait risqué de croiser aucun membre de cette famille qu'il craignait tant. Il se surprenait à s'imaginer le faire, sur un simple coup de tête : braquer le volant pour s'échapper de l'autoroute, reprendre le chemin de la côte et s'arrêter à un boui-boui de touristes pour chopper de quoi oublier la débâcle familiale qui suivrait. Mais c'était bien le nœud du problème, là-dedans ; car aussi critique qu'il puisse-être face à ceux qu'on désignait ironiquement comme ses proches, il n'avait jamais réussi à s'insurger de manière assez efficace pour couper contact avec eux, ou a minima se détacher tout à fait de l'opinion qu'ils se faisaient à son sujet. Il avait existé des petites discordes, des périodes d'éloignement plus étendues, où les nouvelles se faisaient froides, irrégulières ; mais ses parents n'avaient jamais manifesté assez d'attention à ses petites rébellions pour qu'il n'estime qu'elles en vaillent la peine. Car sans doute n'y avait-il rien de plus humiliant que de s'égosiller sans fin face à des individus sourds, et fermés à tout dialogue – toute émotion. Et c'était ce qui le flinguait le plus, en définitive : sa propre incapacité à couper court, à refuser l'immense mascarade imposée. À braquer le volant, les envoyer se faire foutre, et enfin troquer ce mariage à la con contre une bouteille de téquila. Peut-être un jour trouverait-il le courage (ou la hargne émotionnelle) pour le faire ; mais il trouvait toujours une once de culpabilité trainante pour l'en empêcher, et le retenir bien fermement du côté des lâches. Theo s'en voulait, oui. Et sans doute que le sentiment en question devait participer de sa mauvaise humeur latente – péniblement essuyée par les efforts de Sierra pour lui tirer un peu de gaieté. C'est d'ailleurs un petit miracle auquel elle a presque triomphé, à force de musiques entrainantes et de sujets habilement choisis ; au cours du trajet, il s'est senti se tranquilliser peu à peu, porté par le naturel profond avec lequel elle abordait la situation. Ou plutôt, – puisque naturel n'était peut-être pas le terme le plus correct à aborder entre eux, ces derniers temps – la simplicité qu'elle parvenait à extirper de ce moment partagé, tissant alors l'illusion nécessaire que les rapports qui l'attendaient pourraient être abordés de la même manière. Simple. Et si ce n'était peut-être pas vrai (elle et lui devaient en être conscients, à leur façon) Sierra savait aussi que Theo avait juste besoin d'y croire, juste pour un temps. Acheter le mensonge de la facilité pour se délester de l'angoisse, pour respirer un peu : un exutoire qu'elle lui offrait sans même qu'il n'ait besoin de le formuler, parce qu'elle le connaissait. Et rien que pour cette minuscule raison-là, il n'aurait souhaité la présence de personne d'autre dans cette voiture, à ses côtés.
Une certaine tension se faufile cependant de nouveau dans ses épaules, lorsqu'ils atteignent enfin Gold Coast et la propriété familiale de la mariée. Celle-ci était située un peu en dehors de la métropole, comme chacune de ces parcelles privées qui auraient souffert de la moindre contiguïté avec un voisinage quelconque : on n'achetait pas un terrain à plusieurs millions pour se payer le désagrément du vis-à-vis, c'était une règle naturelle dans le milieu. Dès le parking, on pouvait noter les amas de fleurs rosâtres et de pivoines qui avaient été placées tout autour de celui-ci pour indiquer le chemin aux invités ; exhibition poétique de richesse sans en avoir l'air, avant même qu'on en distingue les contours de la maison. Une odeur marquée d'herbe flottait dans l'air (indiquant que celle-ci devait avoir été tondue le matin même) qui se mêlait péniblement à celle de l'inquiétude. Un sentiment qu'il a tâché de ravaler, glissant son bras contre celui de Sierra pour s'avancer sur le flanc de la propriété. Sa remarque a cependant réussi à lui arracher un sourire espiègle – l'idée énoncée lui plaisant en réalité plus qu'il n'aurait pu l'admettre.
— C'est peut-être pas si con, comme proposition, Qu'il admet en se redressant, prenant une poignée de secondes de réflexion avant de stopper son pas – encore à quelques dizaines de mètres de la demeure. Là, il s'est alors placé face à sa cavalière, haussant les sourcils pour l'interroger du regard. « D'accord, admettons, qu'est-ce que tu veux être ? Il faut un truc qui brasse du fric, mais pas trop puant. Avocate en droit des affaires, peut-être ? Ou gestionnaire financière ? » La liste a semblé l'amuser, étirant le pli de ses lèvres pour en former une mimique plus taquine. « Ou alors, encore mieux : on a monté une start-up d'accessoires et d'alimentation canine, et ça marche tellement bien qu'on a été contactés le mois dernier par Bezos, qui hésite à investir. T'en dis quoi ?
Et sans doute cette énumération était-elle une façon pour lui de temporiser, de retarder le moment où il devrait se confronter à tout ça ; qu'il avait envie de rester encore un peu là, aux abords d'un parking de gravier, à imaginer avec elle tout ce qu'ils ne seraient jamais. À l'observer aussi, les traits mordus du soleil de l'après midi et les yeux espiègles, percés d'une complicité retrouvée. Là, il s'est rendu compte qu'il avait été si absorbé par ses petites inquiétudes qu'il avait oublié de la voir pour de vrai ; de remarquer la courbure noire de ses cils, la façon tendre dont ils dessinaient des ombres sur ses joues. Il a alors senti quelque chose se serrer dans son ventre – pas de l'appréhension cette fois, mais quelque chose d'autre, qu'il n'a pas réussi à identifier immédiatement ; et d'un geste machinal, il est venu cueillir une mèche de jais qui trainait contre sa pommette, pour la retrousser derrière son oreille.
— De toute façon, t'es trop jolie pour qu'ils osent te dire quoi que ce soit, Confesse t-il en marquant, à la suite, une seconde de pause où il a semblé prendre conscience du geste effectué. Sa main est retombée, et il lui a présenté son bras de nouveau en une imitation d'élégance exagérée. « Peut-être que moi aussi, j'aurais dû choisir des escarpins.
Ils se remettent alors en marche, jusqu'à trouver les abords de l'habitation aux murs hauts et blancs ; sorte de villa pseudo-moderne, construite au goût des années 2000 et entourée d'un jardin déjà envahi de tables hautes, de buffets et de personnel en uniforme serré. L'environnement l'a immédiatement mis mal à l'aise, mais il s'est forcé à remplir ses poumons, avant de se jeter avec elle dans la fosse aux lions. Quantité de convives trainaient déjà, tous habillés de soies griffées, ribambelle de têtes bien peignées aux brushings impeccables, crème d'une bourgeoisie dont chacun semblait maitriser les codes à la perfection. Il reconnaissait une partie des visages (tout en priant pour que l'inverse ne soit pas réciproque) et redécouvrait avec déplaisir les mines rigides qui avaient bercé son enfance ; parmi elles, celle du prince du jour qui s'avance, l'interpellant d'une exclamation.
— Theo !
Fidèle à lui-même, Max et son sourire de connard, bien engoncé dans son costume choisi une demie-taille trop petit pour montrer qu'il poussait à la salle. On avait toujours eu coutume de dire que les deux frères se ressemblaient ; mais on évitait de préciser que Theo était une version mal-finie de l'ainé, comme s'il avait zappé les dernières étapes de développement avant d'arriver à la finale. Et si l'époque où il complexait de cette comparaison forcée était maintenant lointaine, les souvenirs qu'il y attachait ne pouvaient que le démanger à chaque fois qu'il revoyait son frère. Celui-ci s'est alors approché de lui pour lui offrir une accolade supposée être fraternelle, qu'il lui a rendue par réflexe.
— Content que t'aies pu venir. Et tu es... Sierra, c'est ça ? Enchaine t-il avec une miellerie agaçante, en se tournant vers la concernée. « Ça doit faire dix ou quinze ans, depuis la dernière fois. » Puis, pivotant de nouveau le menton vers son cadet, il a désigné la bâtisse d'un mouvement bref. « La maison est fantastique, non ? Sara voulait un mariage intimiste, alors on se disait que c'était bien de le faire ici.
Visiblement, ils n'avaient pas exactement la même définition du mot intimiste qui, aux yeux de Theo, devenait ridicule lorsque le budget fleurs dépassait les vingt-mille balles. Mais il s'est retenu très fort d'objecter, se contentant de hocher vaguement la tête en attendant que son ainé ait fini de bavasser sur les mérites de la propriété. Et finalement, ce dernier s'est interrompu, reposant les yeux sur le duo face à lui, un étrange sourire aux lèvres.
— Dites, j'y pense, je croyais que vous ne vous voyiez plus, tous les deux ?
Parfait, il allait le tuer. Lui qui ne prenait jamais la peine de retenir la moindre information qu'il lui donnait sur sa vie – ni son adresse, le nom de son salon de tatouage ou l'existence d'Ersatz – il fallait que la mémoire de Max montre ses prouesses soudaines sur ce sujet-là. Pendant un instant, Theo s'est demandé s'il l'avait fait exprès. Puis, il s'est rappelé qu'un blanc dans la conversation aurait été suspect, alors il a répliqué sans ciller :
— Et moi, je croyais que Sara devait-être que l'histoire d'une nuit pour toi. Mais comme je te vois pas assez souvent pour prétendre savoir ce qui se passe dans ta vie, j'évite de la ramener. » Conscient que l'ironie cinglante risquerait de faire tiquer son frère, il a alors enchainé rapidement, pour l'empêcher d'en placer une. « T'as sûrement plein de monde à voir, on va pas te retenir plus longtemps.
Sierra Oliveira
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MEMBRE ☆ instant crush and we will never be alone again
âge : 28 ans, âge de responsabilités et d'introspection.
statut civil : encore à vif d'un divorce aussi soudain que ne l'ont été le coup de foudre et le mariage, et elle est la seule à blâmer de ces projets envolés. elle est maintenant célibataire, solitude étrangère, mais certainement salvatrice – pour les malheureux qu'elle risquerait sinon de charmer, si ce n'est pour elle.
occupation : monitrice de plongée sur la côte, et apnéiste sur son temps libre, plus pour le plaisir de la découverte que pour les records, l'incomparable bonheur de pouvoir vivre de sa passion.
adresse : un appartement au 231, south bank & west end ; location toute nouvelle depuis qu'elle a abandonné la maison qu'elle partageait avec son ex-mari, elle y cherche encore ses marques, ne s'habitue pas réellement aux draps froids.
intervention pnj : Oui
pronom perso : elle
trigger : tout ce qui touche de près ou de loin à l'inceste ou la pédophilie // les descriptions de viol, agression sexuelle, violence conjugale // la romantisation de relations avec gros écart d'âge.
warning : avortement, infidélité
infos rp : présence : quotidienne, réponses toutes les 2-3 semaines selon l'inspi. style rp : j'écris en elle ; entre 400 et 1500 mots, selon le rp, l'inspi, etc. dialogues : en orangered, français ou anglais.
Son idée n'a aucune forme de substance, puisque Sierra se sait trop mauvaise actrice pour maintenir un tel mensonge sur le long terme ; d'autant que, quelle que soit la profession élue, il y a fort à parier qu'ils finiraient tôt ou tard par croiser quelqu'un qui en connaîtrait bien plus qu'elle à ce sujet. Le stratagème trouve néanmoins tout son intérêt dans le sourire qu'il tire à Theo, et contribue à apaiser les nerfs de Sierra. Ce n'est même pas à elle d'appréhender, car en ce qui la concerne, tout sera terminé dès le lendemain. Cela étant, le portrait peu amène que son ami a dressé de leurs hôtes et du reste des invités ne semble pas contribuer en leurs chances de survivre aux heures à venir. Sans doute pourrait-elle supporter d'être regardée de haut, voire nullement considérée, mais la perspective n'a rien d'attirant, et elle craint surtout l'effet que des brimades à répétition pourraient exercer sur Theo. Les festivités promettent déjà d'être assez mornes sans que ne s'y ajoute l'humeur maussade de son cavalier. Dire que, l'espace d'un instant, elle avait pensé qu'il n'y aurait rien de plus approprié – de plus romantique – qu'un mariage pour enfin, peut-être, espérer se débarrasser des tabous qui ne cessent de les entraver. Elle aurait dû se douter que n'importe quelles noces auraient fait l'affaire – sauf si c'étaient les Korb qui célébraient.
Pourtant, il s'est retourné vers elle et, sous le coup de la surprise, elle n'a rien eu à offrir de mieux qu'un pauvre sourire. Une inclinaison imperceptible de la tête vers la main levée à son niveau, comme s'il avait suffi de cela pour que la paume de Theo cueille sa joue. Il aurait fallu faire table rase de sa mémoire pour qu'elle ne saisisse pas l'écho que le geste trouve dans leur passé proche. Sierra n'a rien oublié, et la chaleur venue rosir ses pommettes l'empêcherait de prétendre le contraire. Elle aimerait qu'il ne soit pas trop tard pour redescendre la côte, et profiter du crépuscule au bord de l'eau ; ou pour prendre la parole et libérer les mots qui lui brûlent les lèvres – mais il faudrait, pour mener à bien cette conversation-là, des heures qu'ils n'ont pas. Elle ne peut que maudire son rougissement d'écolière et laisser en suspens ses doutes sur les intentions de Theo. Sur l'innocence, ou non, du mouvement. Peut-être pas prête à accepter l'hypothèse, pourtant plausible, qu'il n'y ait rien à lire dans l'acte, aucun autre signe que ceux qu'elle s'acharne à déceler, et à analyser à la lumière qui lui sied. Rien qu'une mèche de cheveux de travers. « Ah, tu le remarques enfin. J'avais peur d'avoir passé trois heures dans la salle de bain pour rien. » Et, bien qu'elle manie l'hyperbole à la perfection, Sierra sait qu'elle s'est questionnée plus que de raison quant à la teinte de carmin à apposer sur ses lèvres, ou au parfum qui complimenterait le mieux le creux de son cou. Pas trois heures, mais définitivement assez de minutes en trop pour s'en sentir légèrement ridicule, derrière le sarcasme évident. « Pour faire deux têtes de plus que moi, au lieu d'une ? Et puis quoi, encore. Je doute que tes pompes soient au goût de tout le monde, mais t'es le seul qui arrive à avoir un peu de cohérence en costume et en Docs, c'est déjà un exploit. »
Vite perdus dans la contemplation de la villa impressionnante en tous points, les yeux s'écarquillent quelque peu. « Si j'avais une baraque pareille, je m'emmerderais pas non plus à louer une salle pour l'occasion. » A-t-elle glissé, à mi-voix, à un Theo qu'elle soupçonne ne pas se sentir beaucoup plus à sa place qu'elle. Son regard effleure les invités, sans manquer de noter l'élégance avec laquelle chacun est apprêté, fidèle aux lieux, faute de reconnaître qui que ce soit : parmi eux, il ne lui avait été donné d'entrevoir que les parents de Theo et son frère, trop brièvement – et il y a trop longtemps – pour qu'elle puisse affirmer avec certitude à quoi ils sont supposés ressembler. Elle préfère se concentrer sur une mission davantage à sa portée, et pas de la moindre importance : s'acharner à sourire – à n'importe qui, quoi qu'il arrive.
Lorsque Max les accueille, justement, elle ne ressent rien de plus qu'une impression de déjà vu, doublée d'un évident air de famille avec Theo, qu'elle se gardera bien de lui avouer. « Quelque chose comme ça, oui. On ne parlait certainement pas de mariage, à l'époque… Félicitations, Max. » Le sourire est affable, de circonstance. En réalité, ces premiers mots ne lui permettent pas vraiment de jauger le futur marié, ou de partager les sentiments de Theo à son égard. Du moins, c'est ce qu'elle se dit avant qu'il ne reprenne la parole, pour… souligner la valeur de la villa. Sans même passer par les banalités que l'on échange normalement dans ces moments-là, les prises de nouvelles attendues. L'égard accordé à Theo ressemble plus à ceux que l'on réserve aux membres de la famille les plus éloignés, et encore, ceux-là, on les voit si peu souvent que l'on est obligé de s'enquérir d'eux pendant plus de trente secondes. C'est un peu plus clair, désormais : il semblerait qu'aux yeux de Max, le plus important ne soit pas son frère, ni même son mariage à venir, mais sa maison. Et, en deuxième position, la relation entre Theo et Sierra.
L'échange est déjà terminé le temps qu'elle digère ce qui vient de se passer, et efface de ses traits la surprise qu'elle n'a pu juguler, haussement de sourcils peu discret. Le sourire qu'elle s'est efforcée de placarder tout au long de la creuse discussion s'est crispé dès que Max leur a tourné le dos, sans doute trop heureux de la porte de sortie désignée par Theo, faute de pouvoir se permettre une querelle fraternelle avant la cérémonie. Sierra aurait d'ailleurs été la première à remarquer la portée de la réplique, sans le choc d'entendre que Max – quelqu'un à qui, de son propre aveu, Theo parlait peu, et certainement pas de sujets si intimes – semblait un minimum au courant de leurs frasques. « Je devrais sans doute être flattée qu'il trouve le temps de se souvenir de moi au beau milieu des célébrations. Avec tout ce tact, je suis sûre qu'il a été une merveilleuse épaule sur laquelle te reposer. » Lâche-t-elle d'un ton qui a graduellement perdu en chaleur, un sarcasme pour temporiser, d'ici à ce que l'information fasse son chemin. Quelle ironie, qu'elle ait envie de s'emporter contre Theo alors qu'elle n'a été invitée que pour le soutenir. Mais c'est le but premier. Elle inspire un coup – ou soupire, allez savoir. Et passe à autre chose. « Je me sens comme Scott Pilgrim, sauf qu'il faut affronter ta famille et pas des ex. Et ça commence sur les chapeaux de roue. En tous cas, c'était bien essayé, cette technique pour nous faire désinviter. Vu la tête de Max, ça a failli marcher. » Par réflexe, elle balaye à nouveau la pièce des yeux : mais l'intéressé est déjà en conversation avec d'autres personnes, un peu plus loin. Sans doute quelqu'un de plus réceptif aux éloges immobilières. De là, Sierra plisse les yeux sur un couple qui lui dit quelque chose. Peut-être que, finalement, elle saurait les reconnaître, les parents Korb. « C'est pas tes parents, là-bas ? Ca, ou j'ai des souvenirs et une vue médiocres. » Il serait cynique de dire qu'une mauvaise nouvelle n'arrive jamais seule, mais Sierra n'est pas loin de le penser. « Tu te sens comment ? »
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ojitos lindos •• y solo mírame con esos ojitos lindos. que con eso, yo estoy bien, hoy he vuelto a nacer.
Theodore Korb
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MEMBRE ☆ old wounds you got a little more to prove
âge : vingt-neuf années soufflées aux premières aurores de mai ; le temps qu’il voit filer entre ses doigts crispés, qui délite les cœurs plus qu’il ne les répare.
statut civil : célibataire par intermittence, sans cesse tour à tour propulsé et déçu des amourettes déchues. Quelques passions trop fulgurantes pour être retenues, l’amour comme une religion seulement pratiquée en secret – inclinaison clandestine pour le seul cœur qu'il ne devrait pas convoiter.
occupation : tatoueur — La peau comme prédilection, chair sur laquelle il trace les lignes volubiles que son esprit se plaît à imaginer.
adresse : fortitude valley — colocation fric-frac avec une journaliste bordélique et un cabot survolté.
intervention pnj : Non
pronom perso : il
trigger : injection de drogues, romantisation des relations toxiques, age gap 15+, grooming, agressions sexuelles.
infos rp : • 800-1600+ mots en général, en fonction du type de rp
• dialogues en français uniquement
• troisième personne du singulier
• temps de réponse fluctuant
@Sierra Oliveira/ tw : mention de fraction sociale, de relations familiales dysfonctionnelles, de classisme, consommation d'alcool.
La remarque résonne encore contre les parois de son esprit, balancée par un Max qu'il hésite désormais à placer dans la case des imbéciles dénués de délicatesse, ou des revanchards à la mesquinerie discrète. Le connaissant, l'une ou l'autre possibilité aurait été crédible ; son frère n'était ni proche de ses émotions ou de celles des autres – préférant considérer le monde sous des dehors plus pragmatiques – ni étranger aux piques ingénues de ce genre. Il avait toujours été témoin de la difficulté de son cadet à trouver une place dans la cellule familiale, mais ne s'était jamais constitué soutien pour autant, estimant certainement que l'autre aurait dû se débrouiller de lui-même, sans aide de sa part. Davantage, Theo soupçonnait parfois qu'il ait pu, consciemment ou non, appuyer ses travers ou déconvenues, lesquelles ne faisaient que le conforter dans le rôle de fils préféré ; un petit jeu faiblard dont il avait le plus souvent évité de faire un élément à charge, et qu'il se contentait d'encaisser sans broncher. Pour toutes ces raisons, la relation entre les deux frères n'avait jamais été au beau fixe. Péniblement, ces derniers essayaient parfois de mimer quelque chose, une entente cordiale ou des moments de réunion – se retrouvant sporadiquement pour aller voir un film quelconque au cinéma, dans des salles noires qui ne les forceraient pas à converser. Mais c'était tout. Et pour être tout à fait honnête, Theo ne se rappelait même pas de la dernière fois qu'il ait pu avoir une conversation un tant soit peu sincère avec lui, quelque chose de moins aseptisé qu'un small talk de politesse. Quant à comprendre d'où venait le souvenir de son ainé quant à ses troubles avec Sierra, la chose devait être à peu près aussi lunaire qu'embarrassante – puisqu'elle laissait presqu'entendre qu'il ait pu crier sa peine sur tous les toits, tartinant son amie d'un portrait peu flatteur. Il ne se rappelait absolument pas avoir mentionné le sujet auprès de Max, pour la simple raison qu'il évitait généralement de lui donner des raisons de croire au pathétisme de son existence, ou de lui laisser entrevoir ses échecs. Mais sans doute la chose avait-elle dû lui échapper, peu après son retour d'Italie ; car Theo savait aussi que lorsqu'une thématique le touchait, il avait la fâcheuse habitude de porter la morosité dans le regard, et de parfois laisser filer quelques mots pour s'en expliquer. Un fait qui le mettait profondément mal-à-l'aise, et dont il a ressenti l'urgence à se justifier auprès de sa cavalière – même si le souvenir d'une telle conversation avait pu s'évaporer.
— Désolé, Souffle t-il entre ses dents, vaguement nerveux. « J'me rappelle même pas lui en avoir parlé, et j'comprends encore moins comment il peut l'avoir retenu.
Glissant un regard d'appréhension légère à sa voisine, il a balayé les traits de son visage pour constater que ceux-ci s'étaient légèrement crispés. Il connaissait assez Sierra pour reconnaître chez elle les signes de l'agacement – et davantage encore lorsqu'il était la source de l'irritation en question. Mais les remous de ce type ne duraient jamais vraiment entre eux (en tout cas, pas à ce niveau d'importance), en témoigne le soupir qu'elle a finalement poussé, signifiant qu'elle avait décidé de passer à autre chose. La comparaison cinématographique lui a alors arraché un sourire d'une espièglerie sincère, tendis que ses prunelles balayaient machinalement les alentours en un scanner distrait des convives.
— Au risque de décevoir tes projets de scénario, Rétorque t-il, je pense pas qu'un seul membre de ma famille serait prêt à se battre pour moi. » Ce qui était aussi valable pour ses exs, par ailleurs ; mais ce n'était pas forcément judicieux de le mentionner. « En tout cas tu t'en sors bien, pour l'instant. Je te jure que j'ai failli croire à ta sincérité, quand t'as félicité Max.
Dans cette vaste mascarade, Sierra avait la chance de jouir d'une certaine distance émotionnelle – ce qui était précisément ce qui lui manquait. Et il espérait vaguement que l'observer lui permettrait, par un jeu de mimétisme, de prévenir les rétorques trop impulsives qui ne manqueraient certainement pas de lui brûler la langue tôt ou tard. Machinalement, il a alors pivoté les yeux dans la direction qu'elle désignait, pour s'arrêter sur le couple formé par ses parents. Un nœud solide s'est formé dans son estomac, d'appréhension et d'agitation mêlées : une sensation tristement familière, à laquelle il avait fini par être habitué lorsqu'il les côtoyait – et que les intéressés faisaient mine de ne jamais remarquer. Pinçant les lèvres, il a arraché les deux individus à son regard avant de croiser le leur, pivotant très légèrement le buste pour faire face à sa cavalière.
— Ouais, Confirme t-il alors en secouant brièvement la tête. J'vais avoir besoin d'une coupe avant d'aller les voir. Les affronter sobre, c'est comme se pointer en zone de guerre avec un flingue en plastique, et nu comme un ver. » Il a risqué une œillade rapide dans leur direction, constatant alors qu'ils semblaient assez absorbés par leur discussion pour ne pas l'avoir encore remarqué. Une aubaine. « Viens, j'crois qu'ils nous ont pas encore vus.
Rapidement, il a glissé ses doigts contre ceux de Sierra pour l'entrainer un peu plus loin dans le jardin pollué de convives sur-sapés, la démarche secouée d'une précipitation presque risible – celle des ados qui font le mur, ou qui cherchent à se planquer des figures d'autorité. Et quelle meilleure partenaire pour enfiler ce rôle que Sierra, laquelle s'était si souvent fait complice de ce genre d'incartades par le passé ? Trouvant alors un angle mort satisfaisant pour s'y réfugier, sa main a délaissé la sienne aux abords d'un petit buffet vaguement champêtre, où étaient alignées des dizaines de coupes de bulles servies par une fille à la queue-de-cheval serrée. Il a alors attrapé deux flutes, pour en tendre une à son acolyte.
— Peut-être qu'avec eux, on peut vraiment se rabattre sur l'idée de la start-up, Qu'il suggère en esquissant un mince sourire. « Ça m'évitera un sermon, et ça aura au moins le mérite d'être marrant. » Approchant alors sa coupe de la sienne, il a laissé tinter le verre doucement. « À la tienne, Oliveira. Et à ta réussite comme CEO inventive et dynamique.
Les bulles se portent à ses lèvres, dégringolent contre la gorge pour la picoter légèrement. Et ses prunelles retombent machinalement sur le profil de Sierra, dont il étudie brièvement les traits.
— Hey, je voulais te dire. Je sais que c'était vraiment pas l'idéal de te demander à toi de m'accompagner ici, à un mariage, alors que de ton côté c'est encore récent et... » Il a hésité sur le choix de ses mots, baissant brièvement les yeux vers l'alcool doré qui jouait dans la flûte entre ses doigts. « ... Et avec ma famille qui est loin d'être un cadeau, en plus. Y'a rien qui t'obligeait à t'infliger ça, ça doit être super bizarre pour toi. Mais en tout cas... Ça me fait du bien, que tu sois là.