take me to church (sierra)

Broken hearts club est un forum city basé sur l'amour où l'action se déroule à Brisbane, en Australie. BHC est un forum simple et sans prise de tête où le but est de se faire plaisir, de se détendre et de faire des rencontres.Chez nous, le respect de tous‧tes et la bienveillance font partie de nos valeurs, car il est important pour nous de faire de ce forum un endroit safe pour tous‧tes. N'hésitez pas un seul instant à contacter harlan myers, dora oliveira et scott reeves, vos admins, si vous avez la moindre question ou le moindre problème.
les rps libres
aucun rp libre
tcs en cours
valentine's day
Le Deal du moment :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le ...
Voir le deal

 take me to church (sierra)


Theodore Korb
----------------------------------
MEMBRE ☆ old wounds
you got a little more to prove
Theodore Korb
paper rings
messages : 566
rps : 47
pseudo : eigengrau
id card : Noah Saavedra © self (av + gif + edit profil)
pronom irl : elle/she
multicomptes : miles (m. irons), kleo (a. bratt), haydar (b. kuzum)
à contacter : theo.
présence : présente.
take me to church (sierra) 7o7x
âge : vingt-huit années soufflées aux premières aurores de mai ; le temps qu’il voit filer entre ses doigts crispés, qui délite les cœurs plus qu’il ne les répare.
statut civil : célibataire par intermittence, sans cesse tour à tour propulsé et déçu des amourettes déchues. Quelques passions trop fulgurantes pour être retenues, l’amour comme une religion seulement pratiquée en secret – inclinaison clandestine pour le seul cœur qu'il ne devrait pas convoiter.
occupation : tatoueur — La peau comme prédilection, chair sur laquelle il trace les lignes volubiles que son esprit se plaît à imaginer.
adresse : fortitude valley — colocation fric-frac avec une journaliste bordélique et un cabot survolté.
intervention pnj : Non
pronom perso : il
trigger : injection de drogues, romantisation des relations toxiques, age gap 15+, grooming, agressions sexuelles.
warning : abus médicamenteux, addiction, infidélité.
infos rp : 600-1600+ mots en général, en fonction du type de rp
• dialogues en français uniquement
• troisième personne du singulier
• temps de réponse fluctuant (souvent sous dix jours)

disponibilités : 2/3 — à discuter en mp.
présentation : présentation
fiche de liens : fiche de liens
instagram : instagram
blank space

· Jeu 4 Avr - 5:19

take me to church

The only heaven I'll be sent to
Is when I'm alone with you


tw : consommation d'alcool, mention de drogues et d'addiction.

Y'avait des traditions que même le temps ne parvenait pas à élimer. Des genres de rituels, des croix sur le calendrier tracées avec soin, des dates coincées dans un coin de tête sans que les années ne les efface. Un peu comme des genres de fêtes de famille, ces célébrations au goût de Noël ou de Thanksgiving ; mais pour ceux qui, pour une raison ou une autre, avaient fini par s'écarter de ces réunions filiales obligatoires, les traditions créées revêtaient une importance presque sacrale.
C'était un peu le cas du Gold Greek Festival. Y'a dix ans, c'était qu'un petit truc créé par deux frères – Rob et Lukas Malinski ; une scène pas bien grande, des techos mal payés et surtout présents pour les bières qu'on leur offrait, une poignée de groupes locaux et quelques tentes – le tout dans le cadre agréable de Gold Creek, aux abords du lac du même nom. C'était à l'âge d'or de la musique indé, de tous ces liens balancés sur Tumblr sensés prouver qu'on ne se contentait pas d'écouter ce dont les radios nationales nous abreuvaient. Lana del Ray avait crevé la toile avec Video Games quelques mois auparavant, ce qui avait suffi à faire fleurir les cheveux de toutes les filles aux moues boudeuses qui cherchaient désormais à l'imiter. Personne n'avait trop su comment, mais la première édition avait tellement bien marché que toutes les places avaient fini à se vendre, en plus d'une vidéo devenue virale plus tard, du concert de The Neighbourhood. Sacré coup de pub pour les organisateurs, qui avaient rempilé pour une seconde année, puis une troisième, avec chaque fois plus de moyens. Peu à peu, on avait réussi à payer les ingés, monté des scènes plus grandes, invité des artistes encore plus sollicités. Pour la jeunesse de Brisbane, Gold Creek était un peu the place to be, surtout que le festival avait toujours lieu à la fin des beaux jours. Ça aussi ça avait été intelligent de la part des Malinski ; parce que les festivaliers assidus avaient fini par en faire une espèce de fête religieuse, tout athées qu'ils étaient pour la plupart. Un truc pour célébrer la fin de l'été, genre de solstice musical auquel il fallait absolument se rendre pour que l'année soit réussie.
Dix piges plus tard, ça avait triplé de taille. Les têtes d'affiche se bousculaient en haut des posters en lettres rouges, et on s'extasiait toujours de voir certains noms apposés les uns à côté des autres – ces géants qu'on n'aurait jamais pensé voir se côtoyer. Quant aux billets, ils se vendaient toujours à une vitesse folle, d'autant qu'ils avaient pris le parti de stopper l'expansion de l'évènement à un moment clé – préférant garder celui-ci à taille relativement humaine. Et dans le cœur des gamins qu'ils avaient été, Gold Creek avait gardé cette symbolique rare et bon enfant, restant pour eux l'espèce de réunion de famille qu'ils s'étaient créée avec cette foule inconnue.

Theo n'avait pas participé à toutes les éditions, évidemment. Il avait manqué celle de 2017, occupé à roucouler en Europe au milieu du Kreutzberg berlinois, puis d'affilée, celles de 2021 et 2022 – cette fois parce que c'était la période qui était mauvaise, et qu'il n'avait que très peu envie de se cogner à la foule. D'autant qu'il savait que circuleraient de mains en mains les pilules euphorisantes dont il cherchait assidument à se sevrer, et que le contexte aurait pu mettre à mal sa volonté en moins de temps qu'il n'aurait fallu pour le dire.

Nora et lui avaient pris leurs place dès février, scrupuleux pèlerins qu'ils étaient ; Matt n'avait pas tardé à s'ajouter au groupe, suivi de justesse par Nour, convaincue par l'enthousiasme de Theo à ce sujet. Et sans doute qu'un regard cynique sur l'affaire aurait pu souligner l'optimisme du tatoueur, lorsqu'il s'agissait de prévoir quelque chose de cet acabit près de deux mois plus tard : si un joueur de poker un peu chevronné avait dû parier sur l'investissement, au regard de la durée de ses précédentes relations, il était presque certain qu'il aurait gardé ses jetons pour lui. Pourtant, les choses avaient tenu, entre elle et lui. À l'exception de quelques disputes sans gravité et de doutes rapidement balayés, on aurait même pu prétendre que leur relation était au beau fixe – ce dont Nora était la première à le féliciter, mi-taquine, mi-sincère. Peut-être était-ce simplement parce que pour une fois, Theo avait décidé de ne pas se poser de questions, de ne pas réfléchir systématiquement à si cette liaison était une bonne chose ou non : il se contentait de la vivre, sans réfléchir à l'après. Et surtout plus à l'avant.

L'absence de Nour au festival n'avait donc pas été provoquée par une quelconque prise de bec entre eux, mais pas un bête conflit d'emploi du temps : sa collègue du café venait de perdre son grand-père, et avait donc dû partir en catastrophe pour Sydney précisément ces jours-là – ne laissant d'autre choix à l'autre de tenir la permanence du café. La place avait donc gracieusement été donnée à Dani, la fille que fréquentait Nora en ce moment – avec laquelle il s'entendait franchement bien, ce qui avait un peu atténué la déception de voir Nour leur fausser compagnie. Et tout ce petit groupe s'était installé au camping prévu pour les festivaliers un jour plus tôt, plantant leur campement près de celui d'un groupe de neo-zélandais tout droit venus d'Oakland, avec lesquels ils avaient passé la soirée, après la première salve de concerts.

Autant dire que le réveil avait été difficile, ce matin-là. Mais sans doute pas assez pour museler l'enthousiasme de Matt – et de Dani – lorsqu'il s'agissait de réattaquer l'apéro dès midi. C'était le jeu, qu'ils disaient. Le premier avait même une théorie, selon laquelle la meilleure manière de profiter d'un festival était de flirter continuellement avec la frontière avec l'ivresse – érigeant pour se justifier une quelconque tradition russe, le zapoï, dont il avait croisé le nom au cours de ses études de géo-politique.
Sans être tout à fait aussi assidu que son ami sur le sujet, Theo aurait pu admettre n'avoir pas exactement commencé l'après-midi de concerts en étant parfaitement sobre – un relâchement qu'il jugeait tolérable, mais que le fervent mélomane qu'il était s'était promis de ne pas voir poursuivi à l'excès, craignant que celui-ci ne l'empêche de profiter pleinement des groupes qu'ils étaient venus voir. À la fin de celui-ci, la petite meute s'était alors scindée en deux, victime d'un désaccord quant au prochain concert – les deux filles rechignant à privilégier le rappeur flamand plébiscité par les autres – et décidant de se retrouver pour la performance d'Hozier, qui avait au moins l'avantage de mettre tout le monde d'accord.

C'était la théorie. Et la théorie avait la fâcheuse habitude de s'effriter, lorsqu'il s'agissait d'un festival aussi grand. D'autant plus lorsque la batterie de son téléphone était à plat – puisque Nora avait piqué son chargeur cette nuit-là – et que Matt avait visiblement décidé de disparaître, le temps que Theo aille chercher des bières. C'est comme un con qu'il s'était retrouvé sur la pelouse cramée devant la scène principale, déjà envahie par les festivaliers les plus assidus, prêts à obtenir la meilleure place pour voir l'artiste en question. Sans grande conviction – et vaguement agacé par l'abandon de cet imbécile de Matt, dont la sociabilité exacerbé l'avait sans doute poussé à suivre un groupe de chiliens vraiment trop cools – il s'est faufilé entre les petits groupes déjà présents, pour la plupart assis, tâchant vainement de reconnaître les visages familiers qu'il cherchait.

L'ironie était telle qu'il a bien fini par en trouver un. Sauf que ce n'était absolument pas celui qu'il s'était attendu à croiser.

Sierra façon lézard, en tailleur sur le gazon séché. Le nez vers le soleil pour tâcher d'en capter les derniers rayons, à paupières abaissées. Passée la surprise, y'a une espèce de gaieté instinctive qui le prend, à la voir à quelques mètres de lui ; ce devait être de se dire que sa présence ne faisait qu'ajouter à la corrélation d'éléments réjouissants, réunis lors de ces quelques jours. Ou peut-être que les quelques bières déjà avalées n'y étaient pas non plus pour rien – allez savoir.
Toujours est-il que ces derniers temps, ils avaient réussi à se voir presque normalement, tenant enfin la promesse qu'ils avaient pu se faire six mois auparavant : celle de tâcher de reconstruire leur relation brique par brique, de lui donner un visage nouveau et singulier. En toute bonne foi, Theo avait fini par s'excuser pour les tensions lors du dîner de février, ce dont Sierra n'avait pas été rancunière – et l'affaire avait alors été laissée de côté. Au fond, sans doute avait-il décider d'appliquer à leur duo la même recette miraculeuse dont il usait avec Nour : surtout, ne plus réfléchir. Et il semblait que ça marchait.

C'est alors devant sa silhouette qu'il se plante, s'accroupissant pour se placer à sa hauteur : l'œil qu'elle ouvre alors a l'air surpris – autant qu'il avait pu l'être une poignée de secondes auparavant. Un long sourire s'étire sur ses lèvres, à l'espièglerie légère.

Dix piges de compils et de playlists ont fini par payer, à ce que je vois, Taquine t-il pour toute entrée en matière. Est-ce que t’aurais fini par avoir des goûts musicaux décents, Oliveira ?

Ça ne serait pas la première fois – ni la dernière d'ailleurs – qu'il la titillerait sur le sujet de ce qu'elle écoutait. Si l'un et l'autre restaient globalement en accord sur la plupart des artistes, ils avaient toujours mis un point d'honneur à chicaner sur la part restante, se chamaillant pour décider de ce qui était incontournable ou non.
D'un geste, il a désigné l'une des deux bières qu'il tenait, pour faire mine de lui tendre.

L’abruti à qui j’étais allé chercher une bière a visiblement trouvé le moyen de disparaître pendant que je faisais le sale boulot, Fait-il d'un haussement d'épaules. Tu me rendrais service en m’en débarrassant.

Puis, c'est à ses côtés qu'il finit par se laisser tomber, faisant machinalement se cogner le plastique de leurs gobelets pour trinquer.

T’es venue avec quelqu’un ? Qu'il interroge en avalant une gorgée.

Sans doute que oui : personne ne venait seul ici. Mais la question – si innocente pouvait-elle paraitre – était plutôt de savoir avec qui.



la boîte à pnj:



Revenir en haut Aller en bas
Sierra Oliveira
----------------------------------
MEMBRE ☆ instant crush
and we will never be alone again
Sierra Oliveira
paper rings
messages : 1515
rps : 92
pseudo : youngblood.
id card : rafaella consentino - draiochta (avatar), eigengrau ♡ (gif profil), awona (code sign), vocivus (icon sign)
pronom irl : elle
multicomptes : sailor (tamino), azhar (a.kontar), kendall (v.hacker) & ilsa (m.lafontan)
à contacter : sierra.
présence : présente, réponses plutôt le week-end.
take me to church (sierra) Therra4
âge : 28 ans, âge de responsabilités et d'introspection.

statut civil : encore à vif d'un divorce aussi soudain que ne l'ont été le coup de foudre et le mariage, et elle est la seule à blâmer de ces projets envolés. elle est maintenant célibataire, solitude étrangère, mais certainement salvatrice – pour les malheureux qu'elle risquerait sinon de charmer, si ce n'est pour elle.

occupation : monitrice de plongée sur la côte, et apnéiste sur son temps libre, plus pour le plaisir de la découverte que pour les records, l'incomparable bonheur de pouvoir vivre de sa passion.

adresse : un appartement au 231, south bank & west end ; location toute nouvelle depuis qu'elle a abandonné la maison qu'elle partageait avec son ex-mari, elle y cherche encore ses marques, ne s'habitue pas réellement aux draps froids.
intervention pnj : Oui
pronom perso : elle
trigger : hard no : inceste, pédophilie, viol. // selon comment c'est abordé : agression sexuelle, violences conjugales, grooming & relations avec gros écart d'âge. // on peut plus en discuter par mp.
warning : avortement, infidélité
infos rp : présence : quotidienne, réponses toutes les 2-3 semaines selon l'inspi.
style rp : j'écris en elle ; entre 400 et 1500 mots, selon le rp, l'inspi, etc.
dialogues : en orangered, français ou anglais.

disponibilités : parlons-en par mp/discord.
en vrac : take my hand ;; benson
valentine's day ;; faye
take me to church ;; theodore #3
the kids aren't alright ;; hailey

présentation : présentation
fiche de liens : fiche de liens
instagram : instagram
blank space

· Dim 14 Avr - 12:11

take me to church

@Theodore Korb / tw : consommation d'alcool.

Il y avait toujours, en février, ce beau matin où Travis, l'un des moniteurs permanents, débarquait au club avec un sourire de trois pieds de long – lui que l'on voyait plus souvent passer la porte au dernier moment, avec l'air bougon de celui qui s'est mal réveillé – pour annoncer que la billetterie du Gold Creek festival ouvre dans trois jours, qui en est ? Accusant trois années de plus que Sierra, il bossait là depuis un peu plus longtemps qu'elle, mais, depuis son embauche, elle ne l'avait jamais vu déroger à ce rendez-vous. La tradition semblait actée depuis toujours, tirant au pire des cas des sourires entendus des employés permanents qui, comme elle, s'étaient habitués à cette obsession propre à Travis, et, au mieux, d'enthousiastes acquiescements de la part de ceux que le projet séduisait, souvent des saisonniers sous le nez desquels la parfaite opportunité de célébrer la fin de l'été – et donc de leur mission au club de plongée – venait ainsi d'être agitée.

Sierra, elle, n'avait pas attendu de rencontrer Travis pour se laisser entraîner dans cette aventure immanquable. Les premières éditions avaient parfaitement coïncidé avec ses années d'étude – tout juste assez âgée pour y participer sans rendre de comptes à ses parents, et bien assez jeune pour s'en réjouir comme s'il s'agissait de l'événement de l'année –, aussi y avait-elle déjà participé quelques fois, peut-être moins par amour pour la musique qui s'y jouait que pour profiter de l'engouement général et avoir le plaisir de se considérer comme une avant-gardiste à l'égard de ce festival dont tous soupçonnaient qu'il ne ferait que prendre en importance d'année en année. C'était donc sans surprise qu'après avoir enchaîné trois éditions, l'envie lui était passée. Non que l'idée d'y retourner lui déplaisait ; elle avait simplement toujours mieux à faire, quand ce n'était pas l'une de ses flammes qui n'éprouvait aucun intérêt pour l'occasion. Te fous pas de ma gueule, Sierra, lui avait donc rétorqué un Travis éberlué lorsque, pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient, elle avait prétendu vouloir, cette année, assister au Gold Creek Festival. Elle avait pris sa suspicion, plus que compréhensible, de bonne grâce, et avait été au rendez-vous au moment de prendre sa place, achevant de convaincre son collègue de son sérieux.

Le grand jour finalement arrivé, elle avait fait la route avec Malia, la copine de Travis, rencontrée elle aussi au club de plongée où elle n'avait assuré qu'une saison, trois ans plus tôt, mais qui faisait néanmoins presque partie des meubles au vu de tous les soirs où elle était passée chercher son homme. Ce dernier, en festivalier acharné, était arrivé la veille en compagnie de deux autres saisonniers un peu plus jeunes qu'eux ; pour Malia et Sierra, une seule nuit passée sur les pelouses jaunies par le soleil tapant avait semblé bien suffisante. Les petites mines cernées avec lesquelles les trois fêtards les avaient accueillies n'avaient pas manqué de les conforter dans leur choix. De là, l'après-midi s'était partagé entre des visites aux différentes scènes ouvertes et des aller-retours aux buvettes installées çà et là. Une heure plus tôt, les saisonniers leur avaient faussé compagnie lorsque que Malia avait à succès fait les yeux doux à Travis pour se diriger vers l'estrade qui accueillerait dans la soirée Hozier. Si ce n'était apparemment pas leur artiste de prédilection, Sierra, en revanche, s'était alignée avec plaisir sur le choix du couple.

En s'avançant vers la scène en question, le trio aperçoit vite la foule qui s'y est amassée, alors que le set de l'artiste précédent n'a pas encore pris fin. Jaugeant autant le monde que le léger tournis indissociable des bières qu'elle a déjà bues, Sierra choisit prudemment de rester en retrait pour le moment. « Je vous laisse un peu tranquilles, les amoureux, je vais un peu profiter du soleil avant de venir jouer des coudes là-dedans. Je vous rejoins dans pas longtemps. » Sans doute pas mécontent d'avoir du temps à deux, le couple acquiesce, non sans que Malia lui ait fait promettre d'envoyer un message lorsqu'elle voudrait les rejoindre pour essayer à ce moment-là de signaler leur présence au cœur du déferlement de mélomanes. Sierra se doute qu'une séparation à ce stade n'est pas la meilleure des idées – et qu'il faudra sans doute attendre le moment de se rabattre vers les tentes pour les retrouver – mais, dès qu'elle s'assoit face au soleil rasant d'un crépuscule tout juste entamé, cette inquiétude-là se dissipe. La sensation des rayons lui caressant le visage, couplée à l'effet euphorisant des prémices d'une doucereuse ébriété, est peut-être la plus agréable de la journée. Alors, les questions logistiques, un peu trop terre-à-terre à son goût, pourront bien attendre.

Yeux clos, elle aurait presque pu s'endormir là ; par chance, le brouhaha alentour est un peu trop violent pour faire office de berceuse. Et, après quelques minutes – ou plus ; après quelques verres, il ne faut plus compter sur Sierra pour proposer une mesure adéquate du temps écoulé –, une ombre semble passer de l'autre côté de ses paupières, et surtout s'y arrêter. Sierra ouvre un œil paresseux, espérant de tout coeur qu'il s'agisse de l'un de ses accompagnateurs ayant fait demi-tour et non d'un type lourdingue duquel se débarrasser.
Troisième scénario, pas envisagé pour un sou : Theodore.
Tout naturellement, un large sourire étire alors ses lèvres – plus que ravi de lire, sur le visage de son ami, une joie similaire. Elle n'est pas étonnée de voir Theo là : si, pour elle, ce festival ne relève que du simple divertissement, elle l'en sait fervent admirateur. D'ailleurs, son prénom lui avait traversé l'esprit, lorsqu'elle s'était engagée à venir auprès de Travis. Elle avait même songé à le prévenir, alors. Encore un truc qui ne s'était pas fait, un énième message qu'elle n'avait pas osé lui envoyer. Et, même lorsqu'ils s'étaient remis à se parler et se voir un peu plus régulièrement, elle n'y avait pas repensé. Sierra se l'était bien redemandé, quelques jours plus tôt, alors que Malia avait commencé à lui parler logistique… et avait abandonné l'idée. S'il n'avait pas prévu de venir, agiter sous son nez le fait qu'elle y serait serait ridicule ; et, s'il venait, ils se sentiraient peut-être obligés de s'y retrouver, alors qu'elle avait bien en tête que les probabilités que Theo soit accompagné étaient hautes. Même si ce ne serait pas son cas à elle – pas romantiquement, du moins – elle ne tenait pas à prendre le risque de répliquer le quasi-fiasco d'un drôle de lendemain de Saint-Valentin. Elle s'était tue, et faite à l'idée qu'avec tous les festivaliers, jamais Theo et elle ne se croiseraient, même s'ils s'y trouvaient simultanément.

Il est là, pourtant. Et, si c'est du même ton sarcastique qu'elle réplique, elle ressent une joie qu'elle ne réserve qu'à lui, assortie d'un petit sursaut du cœur. « Tu me bloques le soleil, Korb. » Cela étant, elle lui est plutôt reconnaissante de s'être d'office accroupi – puis assis – ; enjouée par l'alcool, elle aurait été capable de se lever d'un coup pour le prendre dans ses bras, résultant soit dans un vertige assez pathétique, soit dans une étreinte peut-être un peu trop enthousiaste. Trop tôt. « Tu sais à quel point je déteste la bière », remarque-t-elle d'un roulement d'yeux, avant d'évidemment tendre la main vers le gobelet, « mais bon, qu'est-ce que je ne ferais pas, pour te rendre service ? » Ce n'est pas le genre d'endroit où l'on peut faire la fine bouche : si elle se plaint, pour la forme, ça ne l'a pas empêchée d'en engloutir deux gobelets. Ou bien trois – elle n'est pas venue là pour compter. Rien que pour cette raison, Sierra ne pourrait pas faire plus d'un festival par an : une seule journée à enchaîner les bières pourrait bien suffire à l'en dégoûter des mois durant. « À la tienne. Et à la santé de l'abruti qui rate ce délicieux breuvage. » Ce dernier qui, évidemment, lui tire une grimace à la première gorgée ; elle en prend une autre, attendant que son palais s'abaisse à accepter la saveur maltée.

« Ouais, je suis avec des collègues. J'en ai deux lâchés dieu sait où, pas d'humeur assez romantique pour Hozier, apparemment… et deux dans la foule, par là-bas. » Plissant les yeux, elle essaie de les discerner ; d'un vague geste en direction du public, elle montre deux personnes enlacées qui, de dos, ressemblent à Travis et Malia – même si elle est à peu près sûre qu'assez de personnes se sont ajoutées, depuis leur arrivée, pour les cacher complètement. « C'est peut-être eux, là-bas. J'en sais rien. Ça va être assez compliqué de les retrouver. Il paraît qu'ils se sont mis ensemble ici même, y'a quelques années… Je pense qu'ils ont enjolivé l'histoire, mais ça reste sympa à raconter. Et toi ? Enfin, à part l'abruti à qui je dois ma bière ? »


_________________
ribs •• You're the only friend I need, sharing beds like little kids; and laughing till our ribs get tough, but that will never be enough.

 


Dernière édition par Sierra Oliveira le Ven 19 Avr - 10:25, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Theodore Korb
----------------------------------
MEMBRE ☆ old wounds
you got a little more to prove
Theodore Korb
paper rings
messages : 566
rps : 47
pseudo : eigengrau
id card : Noah Saavedra © self (av + gif + edit profil)
pronom irl : elle/she
multicomptes : miles (m. irons), kleo (a. bratt), haydar (b. kuzum)
à contacter : theo.
présence : présente.
take me to church (sierra) 7o7x
âge : vingt-huit années soufflées aux premières aurores de mai ; le temps qu’il voit filer entre ses doigts crispés, qui délite les cœurs plus qu’il ne les répare.
statut civil : célibataire par intermittence, sans cesse tour à tour propulsé et déçu des amourettes déchues. Quelques passions trop fulgurantes pour être retenues, l’amour comme une religion seulement pratiquée en secret – inclinaison clandestine pour le seul cœur qu'il ne devrait pas convoiter.
occupation : tatoueur — La peau comme prédilection, chair sur laquelle il trace les lignes volubiles que son esprit se plaît à imaginer.
adresse : fortitude valley — colocation fric-frac avec une journaliste bordélique et un cabot survolté.
intervention pnj : Non
pronom perso : il
trigger : injection de drogues, romantisation des relations toxiques, age gap 15+, grooming, agressions sexuelles.
warning : abus médicamenteux, addiction, infidélité.
infos rp : 600-1600+ mots en général, en fonction du type de rp
• dialogues en français uniquement
• troisième personne du singulier
• temps de réponse fluctuant (souvent sous dix jours)

disponibilités : 2/3 — à discuter en mp.
présentation : présentation
fiche de liens : fiche de liens
instagram : instagram
blank space

· Dim 14 Avr - 16:05

take me to church

The only heaven I'll be sent to
Is when I'm alone with you


tw : consommation d'alcool.

Il y a quelque chose dans l'air qui le ramène à une ère passée, à un air d'antan, légèrement délavé. Quelque chose dans les couleurs que pouvait prendre le ciel lorsqu'il se trouvait zébré des nuances de début de soirée, dans l'intonation des rires éparses, dispersés autour de lui. S'il fermait les yeux maintenant, il est presque certain qu'il aurait l'impression tenace et réaliste de retrouver les effluves d'une jeunesse insouciante ; l'époque des premières années à l'université, le goût de cette liberté toute nouvelle qu'ils effleuraient avec grâce, dont ils abreuvaient la nuit à gorges déployées. Dans l'ordre naturel des choses, cette vivacité des cœurs s'était affadie : car tous avaient grandi. Sorte de malédiction impossible à éviter, de laquelle chacun s'était accommodé avec plus ou moins de sagesse. Cependant, ils avaient eu l'audace de glisser l'âme de leurs vingt ans dans une poignée d'instants clé, dans quelques souvenirs de couleurs, dans des bribes d'odeurs. Le maïs grillé vendu sur les stands étroits, les loupiotes des guirlandes qui se faisaient paillettes, lorsqu'ils plissaient les yeux. Les larsens des amplis pendant les checksounds, les sifflements des foules. Leurs vingt ans étaient là : nichés dans des tas d'endroits insoupçonnables, dégueulant d'une nostalgie bienfaitrice dont ils se gavaient à l'envi – comme un péché mignon interdit.
Cette image aussi devait en faire partie : Sierra, d'ondulations brunes éparpillées, la peau mordue par un tendre soleil d'été. Mais le sourire à ses lèvres surtout – de canines dévoilées. L'avait-il vue sourire comme ça depuis leurs années oubliées ? Ce devait-être l'insouciance, ce devait-être, en vrac, le plaisir simple des petites libertés vécues, de l'herbe qui sèche contre les doigts et qui gratte le dos. Que l'on maudit ou que l'on aime, les cheveux emmêlés et les gorges toujours sèches. Les rires qui dévorent le visage ; leurs vingt ans étaient là, partout.
L'idée le réconfortait. À l'image d'une sorte d'Eden perdu que l'on se trouvait presque ému de retrouver si longtemps après – qu'on frôlait à peine d'abord, par peur d'en éclater le vernis. Mais peut-être pouvait-il en profiter un peu, rien qu'aujourd'hui. Il avait alors décidé de chérir cette seconde-là et puis la prochaine, la simplicité imbécile de se trouver assis à ses côtés sur cette pelouse cramée. Étonnante liberté d'esprit que la sienne sur le moment, lorsqu'on y songeait ; le liquide malté qui flottait dans son gobelet ne devait pas y être complètement étranger – mais si c'était le cas, la chose lui allait aussi. Et c'est avec un œil clos, à demi-aveuglé par le soleil déclinant qu'il l'observe, attentif aux paroles dispersées en réponse à son interrogation ; mesquinement, il s'était félicité de n'y avoir entendu nulle fois le nom de Caleb – même si le fait qu'il ne l'accompagne pas ne soit pas un signe évocateur de leur relation pour autant. Peut-être qu'un autre jour, bien plus mal luné – comme il savait l'être – il se serait maudit de formuler une telle pensée ; mais il a choisi d'interpréter celle-ci comme une volonté de sa part de profiter un peu de sa compagnie, sans risquer de voir leur rencontre tourner au vinaigre – comme ç'eut été le cas à un certain repas partagé. Par sa faute principalement, il l'avait déjà admis : mais le choix du coupable ne changeait rien au résultat.
Machinalement, il a suivi du regard la direction qu'elle désignait vers la petite foule compacte, déjà amassée devant la scène pour attendre l'arrivée de l'artiste plébiscité. Mais rechignant de passer davantage qu'une ou deux secondes à essayer de deviner qui étaient précisément les deux individus qu'elle tâchait de lui montrer, il a bien vite détaché son attention de l'amas de silhouettes en question  pour la reporter vers la bière dans son gobelet – qu'il a machinalement remuée avant de boire une nouvelle gorgée. L'histoire contée lui arrache alors un sourire, et c'est vers son profil qu'il remonte le nez.

En même temps, quoi de plus romantique que ce mélange de bière pas chère et de sueur de fin de concert ? Prétend t-il alors d'un ton détaché. Rien que pour ça, j’ai dû tomber amoureux six ou sept fois, ici.

L'affirmation est lâchée avec tant de naturel qu'on pourrait l'imaginer réelle : c'est qu'avec Theo, on ne sait jamais vraiment. Sans doute y avait-il d'ailleurs du vrai là-dedans – quand bien même il ait prétendu la chose par plaisanterie pure. L'atmosphère du festival était à la célébration, à la communion ; et il n'aurait certainement pas nié s'être plusieurs fois laissé tenter par quelques idylles péremptoires – à l'odeur de maïs grillé, et de larsens éraillés. Alors l'histoire du petit couple énoncée par Sierra lui plaisait, d'une certaine façon : car elle racontait à elle-seule cet élan de liberté qui guidait chacun des individus présents ici.
Pour autant, à peine l'affirmation énoncée, voilà qu'il hausse les sourcils – comme s'il venait à peine de prendre conscience des mots en question, ou plutôt d'un des sens que ceux-ci auraient pu prendre.

Six ou sept fois... Depuis 2014, je veux dire, Qu’il précise avec un sourire malin. « Pas depuis hier.

Brin d'humour à l'autodérision pure ; car il n'en manquait certainement pas – du moins les bons jours. Bien trop conscient de l'image qui lui avait sans cesse été accolée – Theo le cœur facile et volubile, apte à s'enticher du premier rire qu'il se prenait à aimer, à se prétendre amouraché dès les premiers baisers. Une iconographie assez peu exacte en réalité, confondue avec l'optimisme terrible qui était le sien à chaque bribe d'histoire ; toujours est-il qu'il se plaisait parfois à en jouer, à s'attribuer lui-même le bonnet d'âne par dérision simple. Comme une plaisanterie de longue date, dont on n'aurait jamais pu tout à fait se lasser. D'autant qu'aujourd'hui, il pouvait se targuer de vivre une histoire sérieuse, qui disqualifiait immédiatement toute médisance à ce propos : s'en moquer en devenait alors d'une simplicité enfantine.

L’abruti s’appelle Matt, Enchaîne t-il alors pour répondre à la question de la jeune femme, et il a l’habitude de se faire pote avec toutes les personnes qu’il croise, sans exception. On était venus à quatre, avec Nora et sa copine, mais actuellement j’pense qu’on doit être pas loin d’une quinzaine à squatter au même spot du camping. » L'exagération – qui en était à peine une – lui a arraché un demi-sourire, alors qu'il observait ses propres doigts jouer avec le plastique fin du gobelet. « À ce rythme là, dans deux jours on monte un club de hockey. » L'œil se redresse pour la lui jeter un regard, et c'est son épaule qui s'incline, pour bousculer légèrement la sienne. « Si t’es intéressée pour en être, fais-moi signe, Qu'il plaisante avec légèreté.

Trempant les lèvres dans la bière pour en avaler une gorgée, il a pincé celles-ci légèrement – remarquant qu'elles se faisaient demandeuses de nicotine, sous l'effet de l'alcool ainsi goûté. D'un geste machinal, c'est dans sa poche qu'il plonge la main, pour en extirper le fidèle carton de cigarette – dont il tire l'un des bâtonnets.

C’est cool, que tu sois là, Trouve t-il alors à dire en coinçant la-dite clope entre ses lèvres, tâtonnant ses poches à la recherche de son briquet. « J’ai pas pensé à te proposer, j’pensais que l’édition de 2018 t’avait vaccinée. » Une pause brève, le temps de laisser jaillir la flamme en question, et de brûler le bout de la cigarette. « Qu’est-ce que t’avais dit déjà… Qu'il fait mine de marmonner, comme s'il cherchait péniblement à se rappeler des mots qui avaient été les siens – rien qu'un effet dramatique, pour ménager la suite. « Que tu refouterais pas un pied sur ce camping de ta vie entière ?

Et c'est un sourire de sale gosse qui s'étire sur son visage – rien qu'un brin triomphant d'avoir évoqué la dernière année où ils s'étaient rendus ici ensemble ; un souvenir qui devait être plus cuisant pour elle que pour lui, puisqu'elle était celle qui avait eu la malchance de voir sa tente trouée par erreur par des festivaliers parfaitement défoncés. Une image qu'il invoquait à l'instant avec délectation – ne résistant pas à l'idée de lui mettre sous le nez cette toute petite provocation.

Ne jamais dire jamais, Oliveira, Qu’il somme alors avec sagesse, en fléchissant le dos pour s’étendre dans l’herbe – paupières closes, le nez embrumé des vapeurs âcres de cigarette.

Car leurs vingt-ans étaient glissés là, précisément : dans l'évocation de tout ce qu'ils avaient partagé ensemble jusqu'à présent.


Revenir en haut Aller en bas
Sierra Oliveira
----------------------------------
MEMBRE ☆ instant crush
and we will never be alone again
Sierra Oliveira
paper rings
messages : 1515
rps : 92
pseudo : youngblood.
id card : rafaella consentino - draiochta (avatar), eigengrau ♡ (gif profil), awona (code sign), vocivus (icon sign)
pronom irl : elle
multicomptes : sailor (tamino), azhar (a.kontar), kendall (v.hacker) & ilsa (m.lafontan)
à contacter : sierra.
présence : présente, réponses plutôt le week-end.
take me to church (sierra) Therra4
âge : 28 ans, âge de responsabilités et d'introspection.

statut civil : encore à vif d'un divorce aussi soudain que ne l'ont été le coup de foudre et le mariage, et elle est la seule à blâmer de ces projets envolés. elle est maintenant célibataire, solitude étrangère, mais certainement salvatrice – pour les malheureux qu'elle risquerait sinon de charmer, si ce n'est pour elle.

occupation : monitrice de plongée sur la côte, et apnéiste sur son temps libre, plus pour le plaisir de la découverte que pour les records, l'incomparable bonheur de pouvoir vivre de sa passion.

adresse : un appartement au 231, south bank & west end ; location toute nouvelle depuis qu'elle a abandonné la maison qu'elle partageait avec son ex-mari, elle y cherche encore ses marques, ne s'habitue pas réellement aux draps froids.
intervention pnj : Oui
pronom perso : elle
trigger : hard no : inceste, pédophilie, viol. // selon comment c'est abordé : agression sexuelle, violences conjugales, grooming & relations avec gros écart d'âge. // on peut plus en discuter par mp.
warning : avortement, infidélité
infos rp : présence : quotidienne, réponses toutes les 2-3 semaines selon l'inspi.
style rp : j'écris en elle ; entre 400 et 1500 mots, selon le rp, l'inspi, etc.
dialogues : en orangered, français ou anglais.

disponibilités : parlons-en par mp/discord.
en vrac : take my hand ;; benson
valentine's day ;; faye
take me to church ;; theodore #3
the kids aren't alright ;; hailey

présentation : présentation
fiche de liens : fiche de liens
instagram : instagram
blank space

· Ven 19 Avr - 10:35

take me to church

@Theodore Korb / tw : consommation d'alcool.

Étrangement, à Sierra, lorsque cette histoire de festival et de premier baiser avait été contée, elle ne l'avait pas trouvée si romantique. Touchante, tout au plus. Peut-être était-ce le fait d'avoir calqué ses propres souvenirs de festival – agréables, mais trop bordéliques pour être propices à ce genre de poésie – sur le récit qui l'avait rendue circonspecte, et trop prompte à questionner l'idylle que Travis avait décrite à son retour au club. À moins que ça n'ait été une légère déception quant à la culmination, un peu trop simple, d'un flirt qu'à la manière d'une fidèle consommatrice de feuilletons, elle avait suivi avec assiduité tout au long de l'été berceau des sentiments de ses collègues. Un peu voyeuriste, ou bien utopiste à l'excès, n'aurait-elle pas préféré constater la concrétisation sur la plage que le club bordait, sous les orangés passion du soleil couchant ? En tous cas, malgré sa propension à s'imaginer de l'amour fleurissant n'importe où, Sierra avait peiné à considérer le Gold Creek Festival comme un lieu adapté à la romance. Plutôt aux étreintes euphorisantes sans lendemain, sur lesquelles elle-même n'avait jamais été vraiment portée. Depuis qu'elle s'était fait cet avis, elle n'était pas revenue sur la question, et sans doute n'y aurait-elle pas repensé s'il n'y avait pas eu Theo pour, sans même qu'elle ait eu à exposer son point de vue, soutenir le contraire. Avec le recul, il y a l'évidence qui s'impose : le temps lui a prouvé tort, car ce sont les promesses scellées sur cette même pelouse brûlée qui ont tenu bon. Tandis qu'elle, orgueilleuse qu'elle avait pu l'être de fiançailles rutilantes au même moment, a finalement rompu les siennes.
Et il y a l'ensemble du moment. Pas la tiédasse bière bon marché ni les effluves de festivaliers à qui une douche aurait fait le plus grand bien ; toute la bonne volonté du monde ne suffirait pas à convaincre Sierra qu'il y a là-dedans quoi que ce soit d'idyllique. Plutôt ces passions conjuguées des masses, cette nostalgie logée dans la désuétude de banderoles aux coloris fluos, le soleil couchant embrassant l'horizon. Theo, son humour retrouvé, et son regard.
Ce romantisme-là, elle se surprendrait presque à y croire.

« Oh, j'espère pouvoir croiser Nora. J'ai envie de mettre un visage sur le prénom depuis que tu m'en as parlé. » Puisque leur retour à des conversations régulières et apaisées est encore tout frais, elle n'oserait pas dire qu'elle en connaît tellement sur cette fameuse colocataire, mais Theo l'a suffisamment évoquée pour aiguiser sa curiosité, à son sujet. Presque plus, d'ailleurs, qu'elle ne s'intéresse à la grande oubliée de la tirade. L'absence ne lui a pas échappé, évidemment. Mais, comme lors des dernières fois où ils s'étaient vus, Sierra a opté pour le parti pris de ne pas y penser, ni l'évoquer. Nour aurait pu se pointer à n'importe quel moment, entre le moment où elle a ouvert les yeux sur le visage mutin de Theo et, maintenant, l'information qu'elle n'est simplement pas là – l'idée même pas dans un recoin de sa tête, étonnamment. Profiter sans se soucier du temps imparti, sans même se questionner sur sa mesure, voilà enfin quelque chose en quoi Sierra excelle. Aussi rare cela soit-il, ce soir, son ami semble se trouver dans le même état d'esprit, et elle ne peut s'empêcher de songer qu'elle l'a enfin retrouvé ; non qu'elle rejette ses tempéraments plus orageux, ce vague spleen en guise d'ombre accepté à la longue – voire, dans certaines mesures, reconnu comme une partie de son charme –, plutôt l'entre-deux trouble dans lequel les derniers mois les avaient plongés. La cordialité parfois trop policée des récents échanges, le manque de naturel flagrant d'âmes-sœurs oubliées, tentant d'un commun accord d'exister autrement – quitte à renier leur complicité innée, et ses tentatives de reprendre les devants. Sierra n'aurait jamais prétendu mieux l'aimer passablement éméché – elle l'avait connu bien avant que ces euphories factices n'entrent dans leurs vies, et ne l'en avait pas moins immédiatement adoré – mais elle ne pourrait nier, à cet instant, que les bières facilitent grandement leurs retrouvailles. « Je trouve aussi que c'est plutôt cool, oui. » Acquiesce-t-elle au fil d'un sourire, observant Theo chercher son briquet – poche gauche, elle aurait pu en jurer. Elle aime constater ces moments qui sont si purement lui, ceux où ses habitudes se confrontent à son étourderie : car, si elle ne l'a jamais vu ranger son feu autre part que dans cette poche-là, elle doute qu'il l'ait déjà trouvé du premier coup. Elle laisse couler, sans s'embarrasser de la répartie gentiment moqueuse qui, d'instinct, lui est venue ; se délestant, par-là, autant d'un nouvel éclat de rire que d'une preuve que son observation est plus attentive qu'il ne l'aurait fallu. « C'est marrant, tout allait parfaitement bien avant que tu me rappelles ça ! Heureusement qu'il n'est pas trop tard pour faire demi-tour. » Évidemment qu'il s'aventurerait sur ce terrain-là : le désastre de cette édition partagée qui, pour sûr, avait fait passer l'envie à Sierra de retenter le coup pendant quelques années. Sur ce point-là, pourtant, sa mémoire avait fini par s'estomper : c'est à peine si elle y avait repensé, au moment de prendre son billet. « Je crois que j'avais tellement bu, ce soir-là, que le souvenir de la cuite est plus désagréable que celui de l'état dans lequel j'ai retrouvé la tente. Par contre, bizarrement, mon père ne m'a plus jamais prêté le moindre matériel de camping, depuis. » S'il y avait bien un détail mémorable, dans toute cette histoire, c'était la mine de Mr. Oliveira devant la toile trouée de part en part. Heureusement que l'homme avait un caractère suffisamment placide pour prendre une grande inspiration et tenir ses nerfs – sinon, sans doute Sierra en aurait-elle tiré un souvenir autrement plus cuisant. « Theodore Korb qui donne des leçons de vie ? Pince-moi, je dois être en train de rêver. » Les yeux levés au ciel, mimique exagérée qu'il n'y a peut-être que lui capable de lui tirer. « Je vois que m'appeler Oliveira t'avait terriblement manqué, je suis ravie de pouvoir te refaire ce cadeau. » À nul instant ne songe-t-elle aux sous-entendus qui pourraient se loger dans ses mots ; plutôt au passé que son nom recèle, sur les lèvres de Theo, tous ces défis et provocations idiots. Tout ce qui peut habiter seize ans et quelques d'amitié, tout ce qui a été partagé, remémoré, vénéré. S'il fallait encore une preuve, elle est là : sans Theo, pas de Sierra. Car tant de ce qu'elle est n'est autre qu'une mosaïque de lui, un reflet ; certaines pièces en pleine conscience donnée, d'autres discrètement dérobées. Et, si le temps avait été aux regrets, sans doute aurait-elle eu la larme à l'œil de penser à la catastrophe qu'ils avaient frôlée.

Au moins semble-t-elle bien loin, désormais. Après une nouvelle longue gorgée de bière, c'est au tour de Sierra de s'allonger à ses côtés, sans s'interroger une seconde sur ce dont ils ont l'air, couchés à même le sol, tandis que le public se hâte à rejoindre telle ou telle scène. Sierra aurait pu oublier le festival, là, se contentant de ce petit monde rebâti avec Theo – leur château de sable, toujours érigé vers les cieux, bien qu'on l'ait connu plus haut. « Au fait, tu sais qu'on est sur la pelouse pour Hozier, hein ? J'espère que t'es pas en train de rater un groupe de rock en mal de reconnaissance juste pour une sieste avec moi. » La taquinerie est innocente, loin d'être une injonction à se relever : au contraire, elle aurait été prête à attendre les étoiles là, sans même prendre leur soudain éclat pour un indice que le temps s'écoulait. « Et toi, Korb, maintenant que tu m'as vue braver ma phobie de revenir ici, t'as un jamais sur lequel tu voudrais te rétracter ? »


_________________
ribs •• You're the only friend I need, sharing beds like little kids; and laughing till our ribs get tough, but that will never be enough.

 
Revenir en haut Aller en bas
Theodore Korb
----------------------------------
MEMBRE ☆ old wounds
you got a little more to prove
Theodore Korb
paper rings
messages : 566
rps : 47
pseudo : eigengrau
id card : Noah Saavedra © self (av + gif + edit profil)
pronom irl : elle/she
multicomptes : miles (m. irons), kleo (a. bratt), haydar (b. kuzum)
à contacter : theo.
présence : présente.
take me to church (sierra) 7o7x
âge : vingt-huit années soufflées aux premières aurores de mai ; le temps qu’il voit filer entre ses doigts crispés, qui délite les cœurs plus qu’il ne les répare.
statut civil : célibataire par intermittence, sans cesse tour à tour propulsé et déçu des amourettes déchues. Quelques passions trop fulgurantes pour être retenues, l’amour comme une religion seulement pratiquée en secret – inclinaison clandestine pour le seul cœur qu'il ne devrait pas convoiter.
occupation : tatoueur — La peau comme prédilection, chair sur laquelle il trace les lignes volubiles que son esprit se plaît à imaginer.
adresse : fortitude valley — colocation fric-frac avec une journaliste bordélique et un cabot survolté.
intervention pnj : Non
pronom perso : il
trigger : injection de drogues, romantisation des relations toxiques, age gap 15+, grooming, agressions sexuelles.
warning : abus médicamenteux, addiction, infidélité.
infos rp : 600-1600+ mots en général, en fonction du type de rp
• dialogues en français uniquement
• troisième personne du singulier
• temps de réponse fluctuant (souvent sous dix jours)

disponibilités : 2/3 — à discuter en mp.
présentation : présentation
fiche de liens : fiche de liens
instagram : instagram
blank space

· Sam 20 Avr - 10:43

take me to church

The only heaven I'll be sent to
Is when I'm alone with you


tw : consommation d'alcool.

Était-ce cet état de simplicité qu'ils avaient désespérément cherché à retrouver, en bataillant ainsi avec leurs rancœurs et leurs petites terreurs partagées ? Cette façon d'être à deux, qui ne soit plus troublée par des paroles lisses, grignotées par la crainte de dire trop ou pas assez, de glisser vers des ravins encore inconnus ; sans doute cet entre-deux avait été le plus douloureux, dans leur mythologie commune. Car s'ils avaient pu souffrir un jour de leur absence mutuelle, il semblait que la disparition totale de l'autre restait plus supportable que de voir celui-ci prendre part à leur existence à demi, dans une fadeur qui les écorchait à chaque regard. Peut-être parce qu'ils n'avaient jamais été capables de composer avec la tiédeur des relations convenues, lorsqu'il s'agissait de la leur ; qu'il y avait toujours eu une intensité profonde dans leur manière d'exister l'un avec l'autre, peu importe à quel point ils excellaient à la cacher aux yeux du monde.
Il était assez ironique de songer que la solution à tous leurs problèmes eut été de simplement les ignorer : car c'était au moment-même où ils s'étaient accordés pour ne plus évoquer les discordes et les vieilles douleurs que tout avait pu s'apaiser. Comme des automates bienheureux, ils parvenaient alors à mimer les personnages de ceux qu'ils avaient jadis été, à reprendre des rôles trop longtemps délaissés, des costumes remisés au grenier. À les entendre, sans doute la manœuvre était-elle saine – sous couvert de passer à autre chose, de se montrer résilients face aux épreuves communes ; mais à y regarder de trop près, on aurait pu remarquer à quel point cette joyeuse comédie était dangereuse. Car toutes les créatures qu'ils avaient enfermées dans des coffres à double-tour, avec le vœu d'en jeter la clé à jamais, n'étaient pas faites de chair et d'os, mais d'air : ainsi, aucune boite, si soigneusement verrouillée soit-elle, n'aurait pu contenir ces étranges ectoplasmes bien longtemps. Un fait qu'ils se plaisaient à ignorer pour le moment, revêtant les masques de leurs protagonistes oubliés : lorsqu'il se faisait Korb, elle redevenait Oliveira. Un changement de nom qu'elle se plait même à lui rappeler joyeusement – ayant certainement deviné dans la répétition de celui-ci, quelque chose de l'ordre de la gaieté des retrouvailles. Secrètement, il aurait volontiers admis le plaisir simple que consistait à appeler Sierra par son patronyme d’antan ; car au delà des paperasses administratives et maritales desquels il était le symbole, Oliveira désignait à la fois la gamine à robe bleue sur cette plage, l’adolescente à fleur de peau qui faisait le mur avec lui, et plus généralement celle qu’elle avait été lorsqu’ils se hurlaient encore âmes sœurs, meilleurs amis. Adkins, c’était autre chose ; c’était l’éloignement qui serre la gorge, mais que nul ne semble réussir à contrer, c’était le mariage moribond enduré par politesse, c’était l’Italie ; c’était Bosa et ce qu’ils tachaient furieusement d’oublier, c’était les mois de silence, la rudesse de l’absence et des non-dits. Les cœurs qui se crèvent et qui s’éloignent : car Adkins et Korb n’avaient jamais véritablement réussi à s'entendre, c'était un fait avéré – quand bien même ils ne s'étaient jamais risqué à l'admettre sur le moment.
S'il n'avait pas eu l'esprit aussi nébuleux, et enivré des tendres vapeurs des bières avalées, sans doute se serait-il senti vaguement embarrassé de devoir confesser cette petite joie mal-placée ; mais il accueille la remarque d'un petit rire, jetant un coup d'œil vers l'expression mutique qu'elle lui présentait plus haut.

Ok, peut-être que ça m’a manqué, Concède t-il de bon cœur, en portant la cigarette à ses lèvres pour finalement désigner la jeune femme d'un geste de l'index. « Mais admets que ton vrai nom a toujours eu de la gueule.

Inutile de l'interroger sur ce qu'il voulait dire par ce fameux « vrai nom » ; en d'autres circonstances,  il ne se serait certainement pas risqué à utiliser une telle formulation – bien trop flagrante sur ce qu'il avait toujours pensé de son union avec Jules. À croire que dans l'esprit de l'envieux en question, ce mariage n'ait jamais été davantage qu'une mascarade, dont il avait attendu la chute avec patience – une mesquinerie qui ne lui ressemblait habituellement que très peu, et qu'il aurait, au demeurant, eu du mal à confesser.
Du coin de l'œil, il l'a alors observée s'étendre à son tour dans l'herbe sèche, éparpillant ses cheveux bruns autour d'elle ; il existe alors un moment de flottement léger, de silence tendrement partagé. Le brouhaha léger des festivaliers qui circulent non loin d'eux, les bribes de mélodies qu'on entend depuis une autre scène, l'odeur âcre d'une cigarette qui se consume. Et il ne sait pas bien pourquoi, mais il fait le vœu de retenir très exactement chaque composant de cet instant, dont la poésie le surprend soudain. De le garder précieusement quelque part – juste au cas-où : parce qu'ici et maintenant, Theo se sent parfaitement heureux.
C'est alors la voix de Sierra qui l'extirpe de ses rêveries, sorte de marmottage léger, imbibé de taquinerie ; ses lèvres se plissent alors, s'amusent du sous-entendu instillé. Sa tête pivote vers le côté, pour avoir le privilège d'observer son visage à elle, à une poignée de centimètres.

Non, figure-toi que je me suis résigné à me mêler à la foule mainstream pour écouter un chanteur adulé de la plupart. Je dois me faire vieux, Fait-il mine de déplorer.

La vérité étant qu'il aurait flanqué au placard tous les groupes indés du monde, pour vivre ce genre d'instants-là avec elle ; mais sans doute n'était-il pas assez éméché pour le lui confesser. De toute façon, une nouvelle question vient lui arracher un rire bref – sorte d'éclat rauque suite auquel il passe machinalement sa main contre son visage pour le frotter, semblant réfléchir à l'interrogation.

Voyons-voir... Prononce t-il d'un ton pensif en se tournant pour se retrouver sur le ventre, et se redresser sur ses coudes.

Durant une ou deux secondes, y'a ses prunelles qui se perdent vaguement vers l'herbe, ses doigts qui frôlent celle-ci pour en arracher quelques brins. Theo a l'air pensif, comme s'il avait fallu considérer  cette question avec un sérieux authentique ; ou peut-être lui est-il seulement difficile de s'adonner à une telle introspection, lorsqu'elle se trouve à quelques centimètres de lui – allez savoir. Ses doigts se tendent alors avec une longue feuille de pissenlit, et s'y enroulent pour la déloger du sol ; puis, c'est vers Sierra qu'il se penche légèrement, déplaçant la tige contre le front de celle-ci pour en tracer les contours d'un geste distrait.

Déjà j’ai dit une fois que je ne laisserai jamais Nora conduire ma bagnole, parce que c’est un danger public. Mais elle a tellement insisté que j’ai cédé à l’aller. » Il marque un temps de pause, laissant la pointe de la feuille dégringoler sur sa pommette hâlée ; une excuse parfaite pour suivre des yeux la ligne invisible ainsi tracée, et se remémorer l'existence de chaque grain de beauté que celle-ci croisait. « J’avais aussi dit que j’essayerais jamais le jus de betterave et carotte au petit dej, Reprend-il avec un vague sourire amusé. Ce qui aurait clairement dû rester dans la catégorie des jamais. » Volubile, voilà que le pissenlit n'en frotte l'arrête du nez, pour dégringoler jusqu'à la pointe de celui-ci, qu'il tapote légèrement. « Et je suppose que j’ai dû prétendre un jour que je manquerais jamais l’occasion de dégoter une bonne place à un concert juste pour embellir la sieste de quelqu’un, Achève t-il. Je suis clairement en train de me rétracter sur celui-ci, tu vois comme je suis généreux.

Et c'est seulement à ce moment-là qu'il a paru prendre conscience de la proximité instaurée entre eux – comme trop absorbé jusqu'à présent par le jeu de la feuille entre ses doigts. Clignant vaguement des yeux, il s'est redressé en position assise pour tâcher de reprendre une contenance, avalant au passage une gorgée de bière déjà tiède.

À ce propos… Je crois que la fosse est en train de se remplir à vitesse grand V, Fait-il en jetant un coup d'œil à la silhouette à ses côtés. « Bouge-toi gamine, ma dévotion a des limites : il est l’heure d’aller jouer des coudes.

Aussi agilement que ses jambes alourdies par le soleil et la relaxe précédente le lui permettait, Theo se relève alors, tendant au passage une main vers sa comparse pour l'inviter à faire de même. Car l'idée, si tacite semblait-elle, était qu'ils profiteraient de ce concert ensemble, puisque le hasard avait eu la bonne idée de les rassembler.


Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
----------------------------------
paper rings
blank space

·

Revenir en haut Aller en bas
take me to church (sierra)

BROKEN HEARTS CLUB. :: 

brisbane, australie

 :: 

somewhere else

 :: 

around brisbane