open your heart

(comment être un O'Connor)  O'Connor. Est-ce que l'on peut dire que ce patronyme est un peu trop connu des forces de l'ordre ? Oui. Est-ce que l'on peut dire que les profs du Brisbane High School ne supportent plus ce nom de famille ? Oui. Aussi. En fait, la plupart des gens de leur quartier ont entendu parler des O'Connor et malheureusement, c'est rarement en bien. Si on prend la mère. La matriarche, c'est celle qui gère littéralement tout à la maison. Elle n'a pas la chance de faire le métier de ses rêves, il est littéralement alimentaire. Elle bosse dans un supermarché, est-ce que cela a déjà fait rêver quelqu'un ? Remise en rayon ? Caisse, un boulot déjà bien éreintant et pourtant, pas de repos pour les braves, le retour à la maison ne signifiait jamais repos d'ailleurs. Le père, travail de bureau insatisfaisant mais ramenant sans doute plus d'argent que le supermarché. Le père c'est sans doute le premier enfant. Immature et fou amoureux de sa mère, tellement que c'est sans doute pour cela qu'ils ont été aussi prolifique avec les enfants. Premier enfant Marlon. Deuxième toi. Troisième Keith. Le petit dernier Irwan. Le début de la fin. Quatre garnements. Le diable dans la peau, l'envie irrésistible de faire des conneries.

Impossible de compter le nombre de nuits à faire le mur. Impossible de compter le nombre de fois où vous avez été raccompagnés par la police. Toutes les expériences sont bonnes à prendre. Tu as d'ailleurs dû te casser la plupart des os du corps humains et heureusement que le bureau de ton père offre une bonne assurance.

Mauvais à l'école. Très mauvais, impossible de te faire tenir sur une chaise plus d'une heure. L'envie d'être à l'extérieur. L'autorité en horreur. Tu as redoublé d'ailleurs. Aucune envie d'aller à l'université, laquelle voudrait de toi de toute façon ? Tu as tout de même fait des belles rencontres à l'école. Anders, ton meilleur ami. Puis Sophie, ta meilleure amie. Si avec Anders se fut naturel et plus évident, on se demande encore comment Sophie est devenue amie avec un tel énergumène. Elle a été ton tuteur au lycée, elle te donnait des cours pour que tu puisses justement passer dans la classe supérieure, sans elle, tu n'aurais sans doute pas aimé lire et découvert que les livres ne sont pas tous ennuyants. Une passion pour les romans d'espionnage, et une saga littéraire a attiré ton attention. Arsène Lupin. Mais toujours pas d'université. Tu as choisi la voie de l'apprentissage, menuiserie, serrurerie après. En fait, tu as cherché un métier demandé, un métier manuel. Seulement, voyant que tes parents peinaient à joindre les deux bouts, une idée t'est venue. Une mauvaise idée. Évidemment. C'est à la fin de l'adolescence que tu as commencé tes premiers cambriolages. Un talent inné pour ouvrir les portes avec les mots de Maurice Leblanc pour le vol et l'illusion. Voilà comment tu as trouvé une nouvelle passion. Illégale. Forcément.

Être un O'Connor c'est être toujours dans les mauvais plans. C'est avoir une famille un peu hystérique, barge sur les bords. Être un O'Connor est aussi être unie pour la vie, même si on ne se le dit pas assez. Sans doute que tu ferais n'importe quoi pour tes frères, pour tes parents, c'est évident non ?  

(Comment être un bon Arsène Lupin) Il faut commencer doucement. Petit. Système de sécurité moindre, vêtements sombres, gants et cagoules. Trouver les bons angles pour être invisible. Etre invisible. N'être personne. Personne aux yeux de la société.  Savoir mentir. Jouer la comédie. Facile de se fondre dans la masse quand on vient changer un système de serrure, quand on effectue des travaux. Les clés peuvent tout ouvrir. Toujours être bien équipé. Avoir une bonne audition aussi, pour écouter les coffres forts. S'entraîner. Ne pas se laisser prendre par l'adrénaline. Jamais. Le sang-froid, toujours. Savoir revendre ce que tu voles, blanchissement, économie. Savoir mentir pour n'impliquer personne. Ton mensonge lorsque tu ramenais de l'argent à tes parents ? Des petits boulots. Tonte de pelouse. Courses pour des voisins. Jardinage. Livrer des journaux etc etc. Qui soupçonnerait un pauvre gosse comme toi ? Pour l'heure, personne.

(Comment être un mari aimant) Elle est apparue dans ton champ de vision comme une comète fonçant droit sur la terre. Elle n'a fait qu'une bouchée de ton coeur. Comment l'approcher ? Facile. Elle est entrée dans le bar pour demander de l'aide avec sa voiture et c'est toi qui a levé la main en premier. Littéralement. Tu as levé la main, comme le grand benêt que tu étais. Tu te souviens avoir soufflé à Anders : Je l'épouserais un jour après votre premier rancard. Rancard pour lequel, tu avais sorti toute l'artillerie. Grand restaurant et compagnie. Ce n'est pas sur le décor qu'elle s'est attardée mais bien sur toi, c'est bien un coup de foudre réciproque et un amour passionné qui vous a consumé Lyana et toi. Oui, tu l'as épousé, une demande faite rapidement, deux ans après votre rencontre. Etonnamment, elle plaisait à ta mère, sans doute un signe de plus... parce que ta mère a toujours eu la fâcheuse manie de détester les copines que tes frères et toi rameniez. Lya est sans doute la seule appréciée. Elle a tout fait pour, sans jugement jamais sur cette famille de tarée que vous êtes. Avec Lyana, tu te sentais riche d'un tas de chose que tu ne pouvais plus voler. C'est pour cela que tu as raccroché. Pour elle, parce qu'elle te comblait, parce que tu savais que tu avais tout ce qu'il te fallait dans la vie, qu'importe l'argent. Ceci fut valable une temps...

(Comment être un père) Naturellement, le bébé est arrivé. Un garçon, ta plus grande fierté. Bran, hommage à vos origines irlandaises. Il a comblé la famille Bran, les espoirs de tes parents d'être un jour grands-parents. Seulement ta paternité ne s'est pas déroulée tout à fait comme prévu. Le diagnostic est tombé assez vite, trop vite, pourquoi on ne vous a pas laissé le temps de profiter ? Leucémie. Les traitements, la chimio. Les opérations. L'attente interminable d'une greffe. Les factures qui s'accumulent, l'assurance qui ne prend pas tout en charge... Tu as revêtu ton costume d'Arsène Lupin... comment faire autrement ? Dans le dos de ta femme, tes travers sont revenus. L'obsession de ne pas être comme tes parents, criblé de dettes, lui offrir une vie confortable, gérer la situation tout seul... Et la greffe qui n'arrivera jamais. Bran est parti il y a moins d'un an. Déchirant ton coeur comme personne ne l'avait fait avant. Voir Lya si mal, si triste, comprendre que tu n'as pas réussi à le protéger, à le sauver... l'enfer s'est ouvert sous tes pieds. Ton mariage n'a pas survécu, elle est partie, te laissant dans ta léthargie, espérant sans doute trouver du réconfort autrement. Ailleurs. Elle te manque, tu n'as pas su la retenir. Bran te manque, tu ne pourras plus jamais le serrer dans tes bras. Doucement, tu sombres. Tu tentes de ne pas le montrer mais l'alcool devient ton refuge pour dormir... les factures de l'hôpital, les relances... tu continues de voler, comment tu pourrais faire autrement ? Impossible d'hypothéquer le bar, tu as tout donné...

(Comment tout perdre) Ton monde s'écroule. Tu as l'impression de tout perdre. Ton fils. Ta femme. Ton fric. Qu'est-ce qu'il te reste après tout cela ? C'est douloureux, affreusement douloureux, tu n'arrives plus vraiment à trouver goût à la vie. Lya te manque affreusement mais ta fierté t'empêche de la recontacter. Elle est partie après tout, elle ne doit plus vouloir de toi, plus vouloir de votre histoire, trop douloureuse aujourd'hui.  Tu tentes de faire bonne figure, pourtant, lorsque tu as décidé de boire, il est toujours un peu plus tôt... et tu commences à sentir le manque de l'alcool absent de ton corps. Duel déchirant, il te faut être sobre pour les cambriolages, les vols et les grands plans qui vont avec... mais tes démons t'appellent et tu ne vois clairement plus la lumière.