@Bianca Almeida & @Matthew Hurley

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C'est difficile pour Matthew Hurley de comprendre ce qui lui arrive. Le sentiment de manque est pourtant bien présent et impossible à canaliser. Voilà des années que ça ne lui était plus arrivé. Un laps de temps qui lui a paru infini avant de ressentir cela à nouveau. Les palpitations qui s'accélère rien qu'en pensant à son prénom. Une sensation de vertige qui s'empare de lui quand il réalise l'envie de la revoir, de la toucher. La chaleur qui se profuse à travers son corps dès qu'il repense à leurs baisers. Et tout cela est d'autant plus difficile à admettre et à supporter, parce qu'il ne peut éprouver cela pour elle. Pour Bianca Almeida, son ex belle-sœur. L'interdit dicte leur relation depuis septembre 2017, celui-là même qui les pousse à agir en secret, à mentir à leurs proches. Mais il n'en peut plus Matthew. Il ne supporte plus de nier ses sentiments vis-à-vis de cette femme, autant qu'il déteste de devoir mentir à son entourage, à devoir se cacher. Il a pris conscience de tout cela le soir de son anniversaire, alors que son dernier échange avec Bianca semblait pourtant être le mot de la fin ; le trait final sur leur histoire impossible. Lui, il n'a fait que resasser, repenser à ça, à elle, à eux. À mesure que les semaines sont passées, Matthew a compris qu'il ne supportait plus d'avoir à se cacher. D'avoir à taire ce qu'il éprouve pour Bianca, et de ne pas pouvoir le crier sur tous les toits. L'intervention d'Iris dans le commissariat et ses remarques n'ont fait que le pousser à la prise de conscience. Ce qui éprouve pour Bianca va bien au-delà de l'attirance. Il ne se pense pas amoureux, ne l'est pas. Parce que la seule fois où il l'a été, ça lui a trop dévoré pour le cœur pour qu'il se laisse à nouveau aller de la sorte. Il espère en tout cas ne pas l'être. Surtout pas d'une seconde Almeida. Pourtant, Matt comprend que ce qui est en train de se tramer n'a rien de bon. Ça le mène à sa perte, il le sait. Il ne peut ni l'accepter, ni essayer de tourner la page s'il ne s'en donne pas les moyens. Le besoin de savoir ce que Bianca éprouve est réel. Il doit le découvrir pour essayer de passer au-dessus, ou pour réfléchir à une solution ensemble. À deux.

Alors sur un coup de tête, Matthew a craqué. Après des semaines de silence radio, il lui a écrit. Les réponses de Bianca ont été fidèles à la personnalité glaciale qu'il lui connait. Mais il ne l'a pas à peine relevé, Matt. Trop heureux de pouvoir lui parler et d'échanger avec elle sans se faire bloquer. C'est venu d'un coup. Peut-être parce qu'il y avait déjà réfléchi quelques jours plus tôt. Mais il ne pensait pas le faire, il ne pensait pas lui proposer cette sortie en mer. L'acceptation de Bianca fut inattendue, autant que la proposition du Hurley. Il ne sait pas encore dans quoi il se lance, mais il sait qu'il doit lui parler. Qu'il doit se livrer à cœur ouvert loin de regards curieux. Il n'y a qu'ainsi qu'il y arrivera Matt, qu'il pourra se confier sans craindre d'être entendu. Parce que depuis l'intervention d'Iris au commissariat, il flippe. Il panique à l'idée d'être pris la main dans le sac, ce qui ne fait qu'accroître ses difficultés à supporter ce lourd fardeau.

Pour l'heure, il est heureux. Ce matin il s'est levé d'un bon pied. Un sourire n'a eu de cesse de quitter ses lèvres dès que ses paupières se sont ouvertes. Il se sent prêt à l'affronter. Prêt à se confier à elle. La joie de la retrouver est réelle, liée au manque ressenti préalablement ces dernières semaines. C'est donc plus pimpant que jamais qu'il a quitté le domicile, en faisant croire à sa cadette qu'il s'envole pour une journée pêche. Au moins de cette façon, il est sûr qu'Ally ne cherchera pas à venir avec lui. Trop la loose pour elle que de poireauter toute une journée face à une canne qui ne daigne jamais bouger. Tant mieux pour lui. Matthew part serein.

Il est dix heures quand il arrive au Manly Boat Harbour. Il trouve rapidement Monsieur Anderson a qu'il a loué un catamaran pour la journée. Le sourire de l'homme est contagieux, ou peut-être est-ce celui de Matthew ? Quoiqu'il en soit, leur échange est cordial. En même temps, l'un se réjouit de l'argent gagné, tandis que l'autre ne pense qu'à ses retrouvailles avec Bianca. La visite du bateau est brêve, puisque Monsieur Anderson comprend qu'il n'a pas besoin d'expliquer les commandes et l'utilisation des voiles au Hurley. Tous deux s'attardent simplement sur les cabines, qui font sourire le policier. Un frigidaire est présent, ce qui lui permettra de conserver à la fraicheur le repas et l'apéritif qu'il a apporté. Mais les minutes passent et défilent à une allure folle. Très vite, la visite se termine pour laisser place aux grand bavard que semble être Monsieur Anderson. Leur échange dure sans que Matthew n'en voit le bout. Son sourire se dissipe, las d'entendre les histoires de marin du propriétaire du catamaran. Il s'en moque royalement. Il en a assez entendu par le biais de son père puis de son frère ; pour toute sa vie à venir ! Un discret soupir s'échappe d'entre ses lèvres tandis qu'il retire sa chemise. Impossible pour lui de savoir l'heure qu'il est, mais le soleil lui brûle déjà la peau. Ce sont finalement les mots de Monsieur Anderson qui l'aide à comprendre qu'il est désormais onze heures.

– [...] avec une tempête pareille, le bateau aurait pu se renv... Et salut ma jolie, se coupe Monsieur Anderson d'un ton répugnant. Matt lève les yeux au ciel en comprenant qu'il s'adresse à une femme dans son dos. Il réalise au même instant que cette tierce personne pourrait être celle qu'il attendait tant.

Il se retourne dans la précipitation et affiche immédiatement le sourire qui avait disparu quelques minutes plus tôt. Perché sur le catamaran, Matthew tend sa main à Bianca pour l'aider à se hisser sur le bateau. Aucun geste tendre ne lui ait offert. Il ne se le permettrait pas sans avoir eu l'accord au préalable. Il craint de toute façon de se faire repousser, malgré les nombreux baisers échangés courant janvier. Alors Matthew se contente de la regarder droit dans les yeux, en souriant. Monsieur Anderson déblatère encore quelques mots, puis finit par comprendre qu'il n'a pas sa place ici. Il interrompe donc l'échange de regards entre Matthew et Bianca, et ce silence lourd de sens, pour remettre les clés du navire au policier.

– Booon les gosses, je vais vous laisser ! Amusez-vous bien !

Il ne l'écoute pas, Matt. Trop obnubilé par Bianca et par la proximité causée par son arrivée sur le catamaran. Le sourire présent sur ses lèvres est intense et doux à la fois. Ses iris ne quittent plus celles de Bianca. Matt ne sait pas si elle sait qu'il possède un permis bateau, et donc que cette journée était prévue pour être entièrement à deux. Sans personne d'autre entre eux, pour les empêcher de vivre librement. Peut-être qu'il avait oublié de le préciser. D'ailleurs il n'y pense même pas à cet instant.

– Bonjour, lui souffle le policier une fois qu'elle atteint sa hauteur, après l'avoir observé durant de longues secondes. Bienvenue à bord, ma jolie... se moque-t-il de monsieur Anderson, tout en affichant un sourire radieux à la Almeida. Prête à découvrir le programme ?

@Matthew Hurley & @Bianca Almeida

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( o u t f i t ) ⋄ Elle ne pensait pas être aussi paisible en se réveillant ce samedi matin, Bianca. Pourtant, c'est bien un sentiment de quiétude qui l'envahie dès qu'elle ouvre les yeux dans cette maison où elle se trouve seule. Tomas chez sa mère depuis la veille au soir, la biologiste a la liberté de s'adonner à sa séance de yoga journalière sans avoir à se soucier de préparer le petit-déjeuner de son fils. Son début de matinée se poursuit sur cette même tonalité. À chaque fois qu'une voix intérieure commence à se manifester pour lui demander ce qu'elle est en train de faire, elle s'efforce de la faire taire en se concentrant plus fort sur ses occupations. C'est ainsi qu'une Bianca sereine finit par quitter le quartier de Paddington peu avant dix heures et demie, son maillot de bain déjà sur elle et ses lunettes de soleil sur le nez.

La route jusqu'au Manly Boat Harbour lui semble à la fois très longue et extrêmement courte. Longue car elle se languit de le revoir ; courte parce qu'elle appréhende ces retrouvailles. La biologiste est consciente que cette sortie en mer va à contre-courant de ce qu'ils se sont dit la dernière fois qu'ils se sont vus. Qu'elle va à contre-courant du bon sens, à contre-courant de l'acceptable. Pourtant, elle n'a pas eu la force de résister, cette fois-ci. Elle n'a pas eu le courage de s'accabler d'autres maux, de porter le poids d'une nouvelle culpabilité. C'est à croire qu'elle est lasse de ne pas pouvoir vivre ce qu'elle aimerait vivre. Alors, Bianca a décidé de voir les choses différemment. Elle a décidé d'occulter tout ce qui existe autour d'elle et de penser de façon égoïste. Pour l'instant, cela fonctionne. Mais jusqu'à quand ? Une nouvelle question qu'elle n'invite pas dans ses pensées alors qu'elle claque la portière arrière de son véhicule après y avoir récupéré son tote-bag en tissu. À l’intérieur, rien d’extravagant : de la crème solaire, un livre, un Dobble Kids, un cake végan citron-pavot cuisiné par ses soins la veille au soir et un pull pour faire face à l’air marin si besoin.

Garée sur le parking du port, Bianca s'octroie quelques secondes pour observer le paysage. Il n'y a aucun paysage au monde qu'elle aime plus que celui de l'océan. Rien qui ne la satisfait plus qu'être au contact de l'eau. L'atmosphère des lieux lui donne d'autant plus la pêche alors qu'elle finit par regarder son téléphone. Elle n'est destinataire d'aucun message de Matthew alors que les onze heures approchent. Soit. Elle va se débrouiller seule, comme elle le fait tout le temps.

Se repérer ici est facile. Les bateaux sont stationnés dans le port par type. Les plus gros d'un côté, les plus petits de l'autre. Ceux à voiles sont facilement identifiables et c'est en cette direction que Bianca se dirige. Elle n'a pas oublié que c'est à bord d'un catamaran qu'ils vont partir en mer. Après moins de cinq minutes de marche, elle identifie l'allée depuis laquelle elle entend des voix masculines et, sans plus réfléchir, elle s'élance dans celle-ci. Elle arrive à hauteur des derniers bateaux lorsqu'elle voit Matthew un homme plus âgé qu'elle identifie comme leur conducteur. C'est ce dernier qui la remarque en premier, la gratifiant d'un compliment qui ne lui plaît guère au vu du ton graveleux employé, mais qu'elle étouffe derrière un sourire légèrement pincé. Sourire qui se meut en un véritable sourire sincère dès que Matthew se tourne face à elle.

Une main occupée à tenir son sac sur son épaule, Bianca se saisit volontiers de la main que lui tend Matthew pour progresser sur la passerelle, jusqu'à arriver sur le catamaran.

- Bonjour, les salue-t-elle une fois les deux pieds dans le bateau et la main du policier lâchée.

Bianca n'a pas le temps de donner son prénom au conducteur, ni même de lui accorder une poignée de main, que celui-ci indique qu'il s'en va. L'incompréhension la gagne alors qu'elle l'observe emprunter la passerelle dans le sens inverse duquel elle vient de la prendre et partir. Elle bredouille un « au revoir » emplit d'incompréhension avant de regarder le policier avec ce même air affiché sur le visage. Elle pensait que le but d'une sortie en mer était, justement, de sortir en mer. Une fois encore, ses paroles sont devancées par celles de quelqu'un autre, quand Matthew la salue enfin en lui attribuant le même surnom que celui donné par l'homme qui vient de partir. Dans la bouche de Matthew, ces mots n'ont pas la même saveur, et ce même s'ils sont dits sur le ton de la plaisanterie.

- Merci ! répond-elle alors qu'il lui souhaite la bienvenue et qu'il lui propose déjà de découvrir le programme. Je t'écoute, parce que je t'avoue que je suis perplexe. Je croyais avoir compris que nous partions en mer.

Parfaitement dans son élément sur un bateau, Bianca fait le tour du catamaran du regard. Personne d'autre ne s'y trouve. Aucun conducteur à l'horizon.

@Bianca Almeida & @Matthew Hurley

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Depuis qu'il est levé, Matthew se demande si Bianca ne va pas faire semblant d'avoir oublié leur sortie en mer. Autrement dit, si elle ne va pas lui poser un lapin. Le sourire qui illumine soudainement son visage parle pour lui. Matt est réellement heureux de la voir et de constater que non, Bianca ne l'a pas laissé tomber à la dernière minute. Elle est venue et monte même sur le bateau malgré la lourdeur du propriétaire du navire. Par chance, le vieil homme ne s'attarde pas plus longtemps à leurs côtés et finit par annoncer son départ, offrant à Matthew tout le loisir d'accueillir comme il se doit Bianca. La joie guide chacun de ses gestes, chacune de ses paroles. Matthew est réellement emballé par la journée qui les attend, et de pouvoir enfin passer du temps seul à seul avec Bianca. C'est l'occasion de la découvrir sous un nouveau jour, de découvrir de nouvelles facettes d'elle. Parce qu'il voit bien qu'ils ont tout pour s'entendre, qu'ils pourraient tenir des sujets qui les intéressent tous les deux durant des heures. Qu'importe si leur dernier échange avait des airs d'adieu, Matthew n'est pas de cet avis. Pas alors qu'il a l'impression de passer à côté de quelque chose de bien. Une histoire, une relation, ou simplement un vent frais passager ? Peu importe ce que représentera Bianca Almeida dans son parcours de vie, Matt a l'impression qu'elle y détient déjà un rôle particulier. C'est justement de ça qu'il aimerait lui parler aujourd'hui, ne pouvant donc se contenter des baisers d'adieux qu'ils ont partagé courant janvier.

Si le soleil ne jouait pas son rôle à merveille aujourd'hui, Matthew aurait pu le faire pour lui. Il rayonne de mille feux et semble plus joyeux que jamais à cet instant. La chaleur bienveillante qui se dégage de son être est plutôt bon signe. Le policier est heureux, tellement qu'il ne peut retenir un ricanement amusé de s'échapper d'entre ses lèvres quand il voit la panique gagner la brésilienne. Il l'observe de la tête aux pieds en constatant qu'elle est un peu trop habillée pour une journée comme celle-ci, tandis qu'elle regarde derrière lui. Que cherche-t-elle ?  Un conducteur ? Vu ses mots, elle semble croire qu'ils vont rester planter là. C'est donc ça... Elle ignore tous des compétences marines du Hurley. Pourtant fils de marin, Matthew a navigué de nombreuses fois dans son enfance, ayant tous appris sur la façon de manœuvrer des navires en tout genre. Comme quoi, ils ont encore beaucoup à apprendre l'un de l'autre.

Matthew s'approche lentement de Bianca pour venir se saisir de son sac. L'aider à se débarrasser ses affaires est l'occasion de la faire mariner un peu. Il voit bien à son regard qu'elle est déçue. Matt comprend rapidement ce qui se trame dans sa tête. Bianca pense-t-elle réellement qu'il aurait gaspillé son argent durement gagné pour rester amarré au port ? L'idée l'amuse, autant que jouer avec sa patiente.

– Étape une, ranger dans le frigidaire ce qui doit être mis au frais. Je t'aide ? s'amuse-t-il un peu plus alors qu'il glisse ses doigts sur la bandoulière du sac, frôlant au passage l'épaule de Bianca. Il se saisit de son sac puis part rejoindre la cabine où se situe la zone de pilotage, en ayant pris soin de faire signe à Bianca de le suivre.

N'osant pas fouiller dans son sac, l'officier le pose sur la banquette à droite du frigidaire pour laisser à la brésilienne le soin de s'occuper de ses affaires. Il se recule et s'adosse au volant bloqué par des cordes, tout en croisant ses bras sous sa poitrine. Ce n'est pas dans ce frigidaire qu'il a rangé le repas surprise prévu pour Bianca, et ne craint donc pas de la gâcher. Il l'observe d'un regard amusé alors qu'il remarque toujours cette pointe de déception dans son regard.

Après de longues minutes où il a pris le soin d'observer Bianca ranger ses affaires, Matthew lui fait signe de le suivre lorsqu'elle semble avoir terminé. Il retourne à l'arrière du navire puis saute sur l'espace entre le quai et le catamaran.

– Étape deux, on fait sauter les aussières, explique-t-il à la brune restée à bord, alors qu'il s'active. Ce n'est qu'une fois les cordes lâchées que le brun remonte rapidement sur le catamaran. Bianca n'a pas l'air de savoir s'y prendre ; étonnant puisqu'elle doit régulièrement partir en mer, non ? Mais ce ne doit pas être à bord d'un bateau comme celui-ci... – Étape trois, on embraye les deux moteurs en marche avant pour maintenir le bateau droit, puis on part vite larguer les pendilles ! continue-t-il son explication sous le regard curieux de la brésilienne.

Ce n'est qu'une fois les pendilles lâchées que le policer se tourne vers Bianca, un immense sourire sur les lèvres. Croit-elle toujours que le programme est de rester figé sur le port aux yeux de tous ? Non. Matthew comptait bien leur offrir un moment à deux, loin des regards d'inconnus. Un instant seuls. Juste eux deux. Il retourne vers le point de pilotage pour se remettre au point mort avant de se tourner vers Bianca.

– Dernière étape : tu peux défaire les pointes arrières, s'il te plaît ? Ce sont les dernières cordes qui nous relient au port. Dès que c'est fait, je démarre et je t'emmène loin d'ici. Si tu es toujours partante ? Sauf si tu préfères que je rappelle Monsieur Anderson ?

@Matthew Hurley & @Bianca Almeida

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( o u t f i t ) ⋄ Un soupçon de déception gagne Bianca à l’idée de rester ici. Quand bien même le catamaran est amarré à un quai relativement calme, la perspective de rester au port l’enchante moins que celle de partir en mer. Elle note toutefois les efforts qui ont été fournis par Matthew pour leur organiser cette journée loin de chez eux et de leur quotidien ; elle est également suffisamment bien élevée pour ne rien dire de la méprise qui est la sienne. D’ailleurs, Bianca ne mettrait pas sa main à couper que le policier lui a parlé d’une balade en mer ; si la mention de l’océan a bien évidemment été faite, elle n’est pas certaine qu’elle ait inclus un quelconque déplacement. Il ne lui en faut pas davantage pour conclure que les excursions privatives en mer sont coûteuses. Se retrouver ici tous les deux est déjà bien. C’est ce dont se convainc la biologiste en acquiesçant à la proposition que lui fait rapidement Matthew. S’ils restent ici pour la journée, mettre son cake au frais n’est sans doute pas une mauvaise idée. Aussi le laisse-t-elle se saisir de son sac, avant de le suivre.

- Je te suis, fait-elle savoir en mêlant ses actes à sa parole.

Le regard de Bianca se perd un court instant sur l’immense étendue bleue qui se trouve juste là ; à portée de main. C’est toujours une sorte de frustration qui l’habite alors qu’elle adresse tout de même un sourire à l’organisateur de la sortie qui vient de la conduire jusqu’à la zone de pilotage. Son cake fait maison – et sans produit animal – ainsi que ses deux gourdes isotherme sont rapidement rangés dans le réfrigérateur. Si la sienne est bleue, il est vrai que celle avec le dessin des deux ours polaires a été emprunté à son fils pour l'occasion. Un bref sourire passe les lèvres de Bianca en songeant à Tomas, alors qu'il lui aurait été inconcevable de réagir de la sorte auparavant.

Quand elle se redresse, ce sont ses lunettes de soleil qu’elle attrape dans son tote bag pour les glisser sur son nez, alors qu’elle remarque bien la drôle de façon dont Matthew la regarde. Il semble amusé par la situation, sans qu’elle ne comprenne réellement pourquoi. Du moins, sans qu’elle n’ose croire à ce pourquoi.

- Qu’est-ce qu’il y a ? souffle-t-elle.

Sa question appelle l’arrivée de la deuxième étape. Faire sauter les aussières. Bianca a beau ne pas avoir un vocabulaire particulièrement pauvre, force est de constater qu’elle n’a aucune idée de ce dont lui parle Matthew. Les lunettes de la biologiste ne restent pas longtemps sur son nez ; voilà qu’elle les relève dans ses cheveux pour observer le policier partir du bateau, défaire le cordage, puis revenir à bord. Ce dernier vient de dévoiler suffisamment d’indices pour que ce qu’elle n’osait plus espérer se matérialise enfin sous ses yeux. C’est un sourire qu’elle a du mal à réprimer qu’elle affiche désormais, alors qu’elle continue d’écouter chaque étape, même si elle est loin de connaître les termes techniques qu’il emploie. Cela se lit aisément sur son visage, puisque, pour la dernière étape, Matthew doit lui expliquer avec plus de détails ce pour quoi il a besoin d’aide. Défaire les dernières cordes qui les relient au port.

- Je pense que c’est dans mes cordes, acquiesce-t-elle dans un mauvais jeu de mot avant de répondre avec empressement à la question qui lui est posée. Évidemment que je suis toujours partante ! Et sans Monsieur Anderson, de préférence.

Elle ne parvient pas à se défaire de son sourire. À vrai dire, elle n’essaie pas. Il y a bien longtemps que Bianca ne s’était plus sentie aussi insouciante. Le pas léger, presque aérien, elle rejoint l’arrière du bateau pour défaire les dernières cordes, alors que Matthew rejoint la zone de pilotage. Chacun depuis une extrémité du catamaran, la biologiste lève son pouce en l’air en sa direction lorsqu’elle mène à bien sa mission, avant de revenir à sa hauteur. Les premières minutes – que la biologiste appréhende comme étant les plus difficiles puisqu’elles impliquent de quitter le port et, par conséquent, de naviguer dans des espaces plus restreints -, Bianca se montre silencieuse. Si elle a à cœur de ne pas déranger le conducteur, ce sont de très nombreux regards qu’elle lui adresse dès que ses yeux ne sont pas braqués sur l’océan qui les accueille désormais à bras ouvert.

- Ça t’amusait ? finit-elle par demander à Matthew alors que la terre s’éloigne derrière eux. De me faire croire que nous allions rester au port ? J'ignorais que tu savais naviguer. J’aurais dû m’en douter, cela dit, réfléchit-elle à haute voix en pensant à la famille Hurley dont le lien avec l’océan a toujours été ténu. Quand est-ce que tu as appris ?

@Bianca Almeida & @Matthew Hurley

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Il ne s'en serait jamais cru capable, Matthew. Faire sourire Bianca Almeida relève presque de l'impossible, de l'inatteignable. Il y était pourtant arrivée une fois, en 2017, lorsqu'ils franchirent un point de non-retour entre eux. Mais depuis, Matt a essentiellement eu le droit à des regards mitrailleurs ou à des grimaces de dégoût. De la joie et de la tendresse ne se sont que très rarement mêlées à leurs échanges. Il y a bien eu le soir de son anniversaire, il y a deux mois de ça, où Bianca s'est montrée incroyablement attentionnée et délicate envers lui. Mais depuis, Matt ne pensait pas revoir ça un jour. Il a cru que ce soir-là marquerait la fin de tout ; la fin de cette attirance inévitable qui les relie. Celle qu'ils ont tous deux essayé de taire durant des mois – des années, même ? – en décidant d'un accord commun d'y mettre un terme. Ils n'auront pas tenu longtemps avant de revenir sur ce qui semblait être une soirée d'adieu en janvier. Les voilà à nouveau tous deux réunis dans le plus grand des secrets, dans la joie et dans la bonne humeur. En réalité, ce n'était encore jamais arrivé. Ils ne se sont jamais fixés de rendez-vous ainsi, n'ont jamais choisi de passer du temps ensemble. Avant aujourd'hui. Avant que l'envie de passer du temps avec l'autre ne devienne trop forte et impossible à canaliser. Alors ils sont ensemble, et ils sourient radieusement comme ils ne se l'étaient encore jamais fait. Le regard de Bianca est merveilleux. La joie qui se dessine dans ses iris émerveille Matthew, qui réalise être la raison de son bonheur. Forcément, ça lui fait quelque chose au Hurley. Il a l'impression de compter, enfin. Tout comme elle doit réaliser compter tout autant pour lui.

Cette sortie en mer était une excellente idée. La taquinerie réalisée par Matt semble bien reçue lorsque Bianca réalise qu'il n'a pas prévu de passer la journée amarrée au port. Le jeu de mots qu'elle lui offre en guise de réponse le pousse à échapper un rire amusé. Il n'avait encore jamais été ainsi avec elle, à rire sans retenue, des propres mots qu'elle lui souffle. Matthew doit reconnaitre qu'il se sent bien avec elle. Qu'importe ce que Elio en pensera en temps voulu ; pour l'instant, Matt ne pense pas à lui. Il ne pense à personne d'autre que Bianca, d'ailleurs. Ce moment est trop important, trop désiré, pour qu'il ne le gâche en se demandant ce qu'en penseraient ses proches. Depuis le temps qu'il attendait ça ; de profiter d'elle, de son sourire, de sa joie. C'est presque inattendu. Mais Matthew semble avoir réussi son pari.

Un sourire radieux se fige sur ses lèvres lorsqu'il aperçoit au loin le pouce en l'air de Bianca, signe que tout est prêt. A-t-elle bien compris la mission qui l'incombait ? Réponse d'ici quelques secondes, lorsque le navire cherchera à prendre le large. Matthew démarre le moteur du catamaran dans un vacarme assez important et enclenche l'étape finale : quitter le port. Le navire manœuvre sans problème entre les bateaux amarrés, signe que Bianca a réussi sa mission. En parcourant le port, le catamaran fait vibrer la surface de la mer, déclenchant de petites vagues sur son passage. C'est en douceur que Matthew les fait s'échapper des regards curieux et les conduit à plusieurs centaines de mètres des terres. Lui n'a de yeux que pour l'horizon, afin d'assurer des manœuvres en sécurité jusqu'à la sortie du port. C'est finalement qu'une fois loin du quai et de la terre ferme, que le capitaine de bord s'autorise à observer Bianca. Il la surprend en train de le regarder, ce qui le fait automatiquement sourire. D'un mouvement, il fait accélérer le catamaran qui circulait jusqu'alors au ralenti, tandis que Bianca l'interroge. Sa question le fait rire et le pousse à lui sourire de toutes ses dents.

– Je plaide coupable, rétorque-t-il simplement avant de glousser à nouveau.

Son regard se reporte sur l'horizon, bien décidé à les faire prendre réellement le large. Après tout, le catamaran est loué pour plusieurs heures. Ils peuvent donc s'éloigner sans difficultés. En pleine réflexion sur le vent et la direction choisie ; Matthew calcule à quel moment il pourra couper le moteur pour laisser la place aux voiles. Au même instant, la voix de Bianca l'interpelle dans ses pensées et le ramène au moment présent. Ses yeux bleutés se reposent sur elle, qu'il ne peut s'empêcher d'observer durant quelques secondes, et de se dire ô combien elle est radieuse. La question qu'elle lui pose le force à se remémorer des années difficiles. Des moments de vie où ses parents ont toujours préféré leur travail respectif à leurs enfants. Apprendre à conduire des bateaux à moteur et à voile était donc plus une nécessité pour le père de famille ; qu'une envie de partager sa passion. Matthew n'était qu'un gosse à l'époque. Il se rappelle la première fois qu'il a tenu la barre de gouvernail d'un voilier. Ce jour-là, il avait des étoiles plein les yeux, avant que la voix dure de son père vienne gâcher l'instant. Soi-disant qu'il n'était pas assez concentré, du haut de ses dix ans, pas assez en train de calculer et risquait de les mettre en danger. Mais ce n'était qu'un enfant... Qu'un petit garçon à la fois émerveillé et impressionné par ce qu'il était en train de faire. Ce souvenir il ne le partage que rarement. Selon lui, ça n'en vaut pas la peine. Ses parents n'en valent pas la peine. Ce dont il aime se rappeler, en revanche, ce sont les applaudissements de ses grands-parents lorsqu'il a réussi à faire amarrer le voilier au quai. Leurs sourires heureux contrastait à merveille avec la mine fermée de son paternel.

– Je crois que j'avais sept ans quand mon père m'a appris à réaliser différents noeufs d'attache et dix, la première fois que j'ai navigué un voilier au milieu de l'océan, explique-t-il avant d'entreprendre de raconter plus de détails sur cette histoire. Pour la première fois, il se laisse aller à raconter la déception visible dans le regard de son père, qui a gâché un des plus beaux jours de sa vie. Tout ça parce qu'il n'avait pas réussi à calculer correctement la vitesse du vent, par rapport à la direction choisie.

Après quelques minutes où Matthew se confie sur ce souvenir de son enfance, il réalise être en train de gâcher l'ambiance. Après une breffe excuse murmurée, le Hurley décide d'abandonner la barre. Il se recule donc du poste de navigation, lâchant dans la foulée la barre pour faire un signe de tête à Bianca de le remplacer.

– Hé, tu me fais trop parler ! Tu n'as jamais appris toi ? Viens là, propose-t-il en glissant sa main dans celle de la brésilienne pour l'attirer devant lui. Il lui montre de lui tourner le dos pour faire face à la barre, et se glisse derrière elle. Leurs corps se frôlent, mais Matthew garde le regard figé sur l'horizon ; et reste donc aux aguets. Si tu en as envie, le poste de contrôle est à toi...? demande-t-il finalement à l'oreille de Bianca, alors que ses mains glissent le long de ses bras, jusqu'à rejoindre ses mains à elle, qu'il fait se poser sur la barre en bois. Son parfum floral le fait sourire. Il ne peut s'empêcher de humer un instant ses cheveux, avant de reposer son attention sur l'horizon.

Direction : le plus loin possible des terres ; où enfin ils seront seuls et paisibles. Un endroit où ils n'auront plus rien à craindre et où ils pourront continuer à en apprendre plus sur l'histoire de l'autre.