@Matthew Hurley & @Bianca Almeida

(atmosphere ⋆ outfit) ⋄ « Tu manges ici, Bianca ? ». Le regard de la biologiste croise celui de sa collègue alors qu'elle répond par la négative à sa question. Tout en quittant sa blouse blanche, puis leur laboratoire de recherche, Bianca va jusqu'à prétendre qu'une amie l'attend pour déjeuner. Elle pense ainsi légitimer le pas hâtif qui est le sien pour quitter l'Institut Australien de Sciences Marines, loin d'imaginer que certains de ses collègues commencent à s'interroger sur la multiplication de ses déjeuners en extérieurs depuis plusieurs semaines. Il faut dire que leurs questionnements sont légitimes dans la mesure où Bianca est de ceux qui passent quasi exclusivement leur pause déjeuner sur leur lieu de travail, sauf très rares exceptions. Les sorties de plus en plus fréquentes de la biologiste - à hauteur d'une fois par semaine environ - n'ont donc pas échappé à ses collègues, tout comme l'air serein et souriant qu'elle affiche presque quotidiennement. Bianca ignore encore que des bruits commencent à courir à son sujet, tout comme le fait que trois ou quatre de ses collègues s'amusent inlassablement à regarder par la fenêtre son véhicule s'éloigner en s'imaginant le lieu et la personne qu'elle peut bien rejoindre.

À chaque fois qu'elle s'éclipse ainsi, c'est en direction du nord que Bianca conduit. Elle parcourt une bonne quinzaine de kilomètres afin de rejoindre Redcliffe et son restaurant Shield St Eats situé en bord de mer. Cette destination n'est pas choisie en raison du cadre agréable de l'établissement ou de la multitude de plats végétariens qu'il propose. Si ces points sont, bien évidemment, appréciés de la brésilienne, c'est surtout l'éloignement de Brisbane qui est salué. Là-bas, Bianca n'a aucune crainte de tomber sur des visages connus. Redcliffe lui offre une bulle de quiétude et de tranquillité que Brisbane ne lui donnera jamais.

Son véhicule garé sur le premier stationnement libre, Bianca ne perd rien de la précipitation qui est la sienne. Elle a l'impression que ses sorties sont réglées comme du papier à musique : elle quitte son travail sur le coup des midi et demi pour arriver au restaurant une dizaine de minutes avant treize heures. Elle dispose alors de quarante à quarante-cinq minutes pour déjeuner, puis elle fait le trajet dans l’autre sens afin d'être à son poste de travail au plus tard à quatorze heures. Le temps lui est compté, l'organisation en est presque militaire. Pourtant, Bianca ne changerait cela pour rien au monde.

Alors que ses pas viennent de la mener à l'intérieur du restaurant, il ne lui faut pas plus de quelques secondes pour repérer la table occupée par celui qui l'attend. Un sourire plus grand se niche sur les lèvres de la brésilienne en le voyant. Elle prend tout de même le soin de saluer le serveur qui vient à elle, puis lui indique que la personne qu'elle doit retrouver est déjà arrivée. Le serveur la laisse rejoindre sa propre table sans l'accompagner. Ce n'est pas pour déplaire à Bianca qui peut ainsi se sentir libre d'agir comme bon lui semble. D'ailleurs, Matthew finit par remarquer sa présence et se lève pour l'accueillir. Il n'en faut pas davantage pour que la biologiste se rapproche de lui et pose ses mains sur chacune de ses joues pour venir l'embrasser.

- Hey, le salue-t-elle après avoir mis fin au baiser. Tu vas bien ? Ça a été la route, pas trop de circulation ? demande-t-elle en même temps qu'elle accroche son sac à main sur le dossier de sa chaise à l'aide de la bandoulière, puis qu'elle s'installe face au policier qui est de repos aujourd'hui. Est-ce que tu as déjà commandé quelque chose ? se permet-elle de l'interroger pour savoir s'il est nécessaire qu'elle regarde chaque rubrique du menu posé face à elle.