@Irwan O'Connor + @Taron O'Connor


Les horaires décalés, ce n’est pas ton truc. Il faut dire ce qu’il est, la nuit c’est fait pour dormir et pas pour bosser. Le rythme est soutenu, les matchs de la coupe du monde rugby sont en France et tout le monde sait que le décalage avec la France est important. La plupart des matchs sont soit très tôt le matin, soit la nuit. Et comme l’Australie reste une nation de rugby, vous avez décidé d’ouvrir pour la diffusion des matchs. Juste une salle avec un rétroprojecteur et des bières à foison. Mais il est vrai que cela commence à tirer. Ce n’est pourtant pas la moitié de la coupe du monde et même si l’Australie a perdu un match, il y a toujours de l’espoir de les voir remonter la pente. On ne sait jamais. Ton autre pays de cœur c’est littéralement l’Irlande, les origines, le sang qui parle. Le comble serait une finale Irlande/ Australie.  Pour qui être ? Sans doute un peu plus l’Australie, parce que tu es né ici, mais il faut aussi savoir que ton pays n’est pas à la hauteur du talent irlandais. Enfin qu’importe. La journée te semble longue, lente. La fatigue te rattrape. Tu n’as pas beaucoup dormi, même le jogging de ce matin avec Wolfgang n’a pas aidé à te réveiller. La douche d’après non plus. Il te manque des heures de sommeil et ça, c’est compliqué de faire sans. Même si récemment tes nuits étaient plutôt troublées par des souvenirs pénibles et douloureux.

Tu ne comptes plus vraiment le nombre de café que tu te fais. Celui-ci, parce que l’heure te semble convenable pour le faire, est agrémenté d’un peu de whisky. L’irish coffee dans toute sa splendeur, enfin peut-être pas, parce que le mélange est loin d’être digne de cette boisson phare au pays des leprechauns. Tu lances un regard à ton chien, il semble te regarder avec condescendance, comme s’il savait que ce n’était pas bien ce que tu faisais. L’alcool et te voir en boire autant sans doute. Il y a un fond de culpabilité à te noyer dans ce breuvage. Pour l’heure, c’est le seul qui arrive à apaiser ton cœur.

Tu bois trop vite ce café. Si tu sens les effets du whisky, légers pour l’instant, la caféine se fait un peu désirer. Tu tiens mais ta mine ne doit pas être la plus fraiche de tous les temps. Tu fais briller le bois du bar lorsqu’une telle bien connue pénètre dans les lieux. Un petit sourire se dessine sur ton visage. Irwan. En général, il a toujours une idée derrière la tête. Tu ne le quittes pas des yeux, Wolfy reconnaissant son odeur va se pointer pour lui dire bonjour calmement avant se retourner se coucher dans l’entrée au soleil. « - Tiens donc, le petit benjamin de la fratrie » Tu t’actives aussi à nettoyer les quelques verres dans l’évier derrière le bar. « - Une bière ? » Tu demandes avant de lancer, pour le taquiner « - De combien, tu viens de racketter cette fois ? » Tu l’embêtes. Irwan est connu pour venir réclamer de l’argent. Il semble que chez lui, il se dépense à toute vitesse. Tu ne sais pas comment il fait. Vous avez cette fâcheuse tendance à lui filer ce dont il a besoin, dans le mesure du possible, évidemment mais est-ce que c’est une solution durable ? Tu n’en es pas sûr. « - Bon quoi de neuf sinon ? » Tu demandes quand même. Peut-être que la venue de ton frère va te réveiller un peu, qui sait ?

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12h30 clignote sur le réveil de sa table de chevet et Irwan dort encore profondément. Le dimanche étant son seul jour de repos, Irwan en profite toujours pour se prélasser jusqu'à point d'heures. D'autant qu'à chaque fois la veille, il finit par sombrer dans un sommeil profond à cause de la drogue. Addiction qu'il avait réussi à surmonter depuis 2019 mais qui a repris le contrôle de son être depuis la mort d'Alfie, puis de Bran. Des deuils qu'il n'a jamais pu faire et ne fera probablement jamais réellement. Mais dans son malheur la chance lui a souri. Elle a mis sur sa route des individus enfin capable de le comprendre. Qui comme lui, ont vécu de lourds événements traumatiques. Qui comme lui, veulent vivre d'amour et d'eau fraiche. Qui comme lui, voudrait la paix dans le monde. Des gens simples, souriants, aimants ; mais drogués. Une communauté qui l'a sauvé. C'est en tout cas ce qu'il croit Irwan, ce dont il se persuade. Ces gens-là sont ses sauveurs, bien qu'il n'ait encore jamais parlé d'eux à qui que ce soit. Comment le pourrait-il. Non seulement ses frères ignorent sa rechute, mais ils ne savent pas les rangs rejoints par Irwan. Ils ne le comprendraient pas. Aucun d'eux. Ils se moqueraient une fois de plus de lui, riraient à gorge déployée sans prendre conscience du mal causé à leur petit frère. Mais aucun de ses trois ainés ne l'a déjà compris, Irwan. Pour eux il n'est rien d'autre qu'un paumé. Il l'a toujours été. Déjà petit, il était dans son monde. Mais maintenant qu'il est grand, son univers est devenu sa réalité.

La preuve. La journée a déjà bien démarré et Irwan se réveille qu'à peine. Il ouvre à peine les yeux sur le monde que son cerveau se créé déjà un univers imaginaire. Il s'émerveille d'un rien. Dont Snow le chat de Keith qui saute sur son lit pour le réveiller. Que fait-il là ? Il passe un temps à le câliner avant de se lever pour aller déguster un bon thé matcha avant de démarrer cette nouvelle journée. Le contraste entre lui et ses colocataires est saisissant. Lui prend son petit-déjeuner alors que les autres partagent déjà le déjeuner. Keith est aux abonnés absents ce qui explique la présence de Snow dans sa chambre. Il devait probablement chercher son papa. C'est en tout cas ce que se dit Irwan alors qu'il enfouit dans sa bouche une cuillère de céréales trempées dans son thé.

Ce n'est qu'une fois l'estomac remplit qu'Irwan retourne dans sa chambre. Les heures défiles, les joints et les rails de cocaïne aussi. Un échange de messages plus tard, avec son ex belle-sœur, et Irwan se met à penser à son aîné. À ce pauvre que Taron que la vie n'a pas gâté. De tous, c'est le pire. C'est celui qui a le plus ramassé. Pourtant depuis la mort de Bran, les mois ont défilé. Mais il est évident que son frère n'a de cesse de s'enfoncer. Il le voit, Irwan. Il voit que quelque chose cloche. Que Taron reste cloîtré derrière son bar, à ne plus vouloir rien faire ni rien partager avec eux ; sa fratrie. Lyana aussi semble souffrir, mais Irwan fait de Taron sa véritable urgence du jour. Une idée germe dans son esprit alors qu'un sourire malicieux se dessine sur ses lèvres. Après s'être assuré de faire évacuer le nuage de fumée par la fenêtre – Benson refusant qu'Irwan fume dedans à cause du petit – Irwan se lance dans la confection de son plan de génie.

Le QG des O'Connor se dessine au coin de la rue, ce qui pousse le plus jeune à sourire de plus belle. Ses grandes enjambées s'enchainent et le voilà déjà à pousser la porte du bar. Il n'a à peine le temps d'avancer que le chien de son frère lui saute dessus, déclenchant chez Irwan un air gaga.

- Mon Wolfouuuuu d'amouuur, lâche-t-il à l'attention du chien. S'il était dans un cartoon, il y aurait une flopée de cœurs s'échappant de ses yeux.

Après une séance câlin, bien que ses moins soient prises, Irwan se redresse puis part immédiatement en direction du comptoir. Là où il sait que Taron se trouve. Et justement, son aîné le salut et lui propose une bière. Irwan hoche la tête, ne pouvant refuser cette proposition. Car après tout, si Taron propose, c'est bien que la conso sera offerte, non ?

- Moi ? Racketter ? Bah merci, fait-il mine de grommeler d'un ton mécontent alors qu'il dépose sur le comptoir un plat à gâteau. J'ai vu Lyana ce midi, commence à balancer Irwan d'un ton très sérieux et sincère.

Irwan a toujours été manipulable et vulnérable. Mais des quatre O'Connor, il est également le plus grand des affabulateurs. La preuve à cet instant, puisqu'il se lance déjà dans un discours préparé longtemps à l'avance. Un discours qui parait sincère, alors qu'en réalité, ce gâteau c'est lui qui l'a cuisiné et non, il n'a pas vu Lyana. Car si Keith se fait rarement avoir par les mensonges de son petit-frère, ce n'est pas le cas de tous. Plus d'une fois Taron s'est fait avoir. Et bizarrement dès qu'il parle de Lyana, Taron se fait constamment avoir.

- Elle voulait que je te remette ça. Soi-disant ton gâteau préféré ? Elle m'a dit que je pouvais en manger une part. Doooonc comme c'est l'heure du goûter : me voilà ! Sers nous un truc à boire qu'on goûte ! propose Irwan en se hissant sur un tabouret. Ses yeux se posent dans son frère. Cherche-t-il à y déceler le vrai du faux ? Avant que tu demandes, oui elle te passe le bonjour.

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L es arrivées de ton frère dans le bar n’augure rien de bon en règle générale. Il ne fait pas défaut à la réputation de la famille. Vous n’avez jamais été les gendres idéales. Vous n’avez jamais été parfait s comme enfants. Toujours à vous fourrez dans des histoires sans fins, sans noms à faire pâlir tous les parents de la terre. Évidemment. Vous étiez des terreurs, impossible de passer à côté de cela, les O’Connor étaient connus dans le quartier et c’était presque s’il ne fallait pas les fuir. Tu es au fond un peu comme lui, même si vous avez pourtant des différences évidentes. Alors tu sais que lorsqu’il se pointe ce n’est pas pour cueillir des pâquerettes, il a forcément quelque chose en tête. Tu le taquines illico, sur le fait que la première raison qui justifie sa présence serait qu’il ait besoin de frics. Pas que tu en possèdes beaucoup mais tu as tendance à toujours lui filer ce qu’il demande, normal que le petit père finisse toujours par revenir. Est-ce que cette fois-ci il va oser demander ? Comment va-t-il faire ? La ruse semble être aussi un trait de caractère prononcé chez les O’Connor. Ton frère salut d’abord ton chien, évidemment puis il semble jouer à l’offusquer, ce qui t’arrache un petit rire. Tu bois ton café aromatisé au whisky avec un petit sourire sur les lèvres mais tu ne le quittes pas des yeux. Il ne te laisse pas le temps de rebondir qu’il enchaine directement sur un prénom, une personne. Tu ne sais pas à quoi il joue. Seulement là, ton sourire se fane, il n’est plus là. Tu redeviens sérieux, parce que le sujet de ta femme est sérieux, même si vous êtes en instance de divorce. « - Vraiment ? » Tu lances peut-être un peu plus froid que tu ne voudrais. Pourquoi venir parler de ta femme, de bute en blanc de la sorte ? Cherche-t-il à te piquer ?

La suite est tout aussi ubuesque de ton frère. Tu fronces les sourcils, tu n’es pas sûr qu’il faille croire aux propos qu’il tient. Surtout que le gâteau qu’il sort n’a rien de ton gâteau préféré et que Lyana le sait parfaitement. Alors pourquoi fait-il cela ? « - Tu sais que ce n’est pas mon gâteau préféré ? Et tu sais aussi que Lyana le saurait ? » Tu tentes de prendre la chose à la légère, parce que tu connais Irwan. « - C’est toi qui l’as fait ? Tu n’assumes pas, au cas où il serait infect ? » Tu te moques gentiment, toujours, c’est plus fort que toi. Et puis ce gâteau à tout à fait l’air mangeable, donc pourquoi faire croire que c’est une autre personne. Il veut à boire, évidemment. Tu t’écartes un peu de derrière le bar, un long soupir perplexe s’extirpant d’entre tes lèvres. « - Bière ? » Et tu ne lui demandes pas son avis, c’est ce que tu lui sers. « - Elle ne me passe rien du tout, tu ne l’as pas vu » C’est la déduction que tu en fais. « - Bon fais voir ton gâteau, que je te dise si c’est bon » Tu piques un morceau, mangeable, plutôt bon même. « - Tu vois, je m’attendais à un truc dégueulasse mais tu l’as plutôt bien réussi ! » Tu tombes littéralement dans le piège mais qu’importe, la pâtisserie est bonne et tu es gourmand. « - Donc maintenant tu viens m’apporter des douceurs sans raison ? Il n’est pas à vendre au moins ce truc ? » Tu plaisantes toujours. « - J’ai peur de ne pas avoir les moyens pour la part que je suis en train de dévorer » Et tu songes même à prendre un deuxième morceau, il y a un petit truc qui donne envie d’y retourner.

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La sensation de tomber de haut est violente, foudroyante. Ce n'est pas son gâteau préféré. Sa ruse tombe à l'eau. Le mensonge était pourtant tout réfléchi, tout ficelé. Tout était fait pour que Taron y croit, qu'il puisse à la fois se rapprocher de Lyana et en même temps goûter ce délicieux gâteau fourré au cannabis. Alors quand Taron lui fait comprendre que son mensonge est découvert, Irwan se fige. Merde. Il est dans la merde. Complet. Très vite ses neurones fusent et réfléchissent à une alternative pour se sortir de là. Par chance Taron ne semble pas en colère et lui offre même une sortie de secours sur un plateau d'argent. Voilà de quoi faire s'étirer les lèvres du plus jeune O'Connor d'un sourire radieux. Un rire franc lui échappe sans que personne ne puisse deviner s'il est sincère ou faux. Irwan a toujours été ainsi. Mystérieux et incompris. Rare sont ceux capables de déceler en lui le vrai fond de sa pensée. À sa connaissance, seule Noomi Kennedy a su percer sa carapace de voyou manipulateur pour y découvrir son véritable lui. Quant à ses frères, ils n'ont jamais cherché plus loin qu'au delà des apparences. Si Irwan rit, c'est qu'Irwan s'amuse et est heureux non ? Mais contrairement à eux, Irwan ne s'arrête pas là. Ses yeux suivent du regard son frère, cherchent déjà à percer en lui, à l'analyser sous toutes ses coutures. Il voit bien que quelque chose cloche. La souffrance de Taron émane de tous ses pores. Irwan la perçoit. Trop, même. Elle l'étouffe, l'opresse. Il se recule d'ailleurs de quelques centimètres du comptoir, tant que l'aura de Taron le dérange. C'est presque une sensation de brûlure qu'il ressent sur sa peau, dès que la distance avec son frère est réduite. Il va mal, et en même temps, il y a de quoi... Mais Irwan connait suffisamment Taron pour savoir qu'en lui exposant le mal-être qu'il doit éprouver, Taron risque d'exploser de colère. Raison pour laquelle il a procédé autrement. Manipuler l'esprit de son frère est le meilleur moyen pour arriver à ses fins. Pour pouvoir le faire parler, et surtout pour espérer le libérer de ses terreurs.

- Je plaide coupable, chef ! rit à nouveau Irwan en essayant de reculer un peu plus son tabouret. Ouiiiii une bière ! Une pinte même, T'.

D'une attitude toujours aussi enfantine et radieuse, Irwan n'a finalement jamais changé. Il est resté ce grand enfant qui se trimbale depuis ses dix ans avec le même canif dans sa poche. Et pas n'importe lequel, celui que Marlon lui a offert. Signe distinctif prouvant qu'Irwan était enfin l'un des leurs. Un O'Connor.

Avec l'aide de son couteau le cadet découpe deux grosses parts du gâteau pendant que son ainé lui sert sa bière. D'un sourire Irwan le remercie. Il ne bronche pas quand Taron sous-entend qu'Irwan n'a jamais vu Lyana. Au contraire, il continue de sourire. Il ne doit pas le braquer, et surtout pas lui faire comprendre que si. Il a vu Lyana. Il la voit même souvent. Il pensait que Taron l'avait compris depuis le temps. Après tout, Lyana est comme une sœur pour Irwan. Il ne peut pas et ne pourra même jamais couper les ponts. Se séparer d'elle serait trop douloureux, trop violent. Il a déjà perdu Alfie, puis Bran. C'est suffisant.

Quand il voit Taron se servir une part de gâteau, Irwan se jette à son tour dessus. Depuis le temps qu'il attend ça ! L'addiction le pousse à dévorer sa part en deux énormes bouchées alors que Taron n'a toujours pas terminé la sienne.

- Ah, souffle Irwan alors que Taron termine à l'instant son morceau du gâteau. J'ai oublié de préciser le prix... Vingt dollars la part. Comptant.

Sa main se tend en direction de son frère ; et le voilà à mendier à nouveau, comme à son habitude depuis qu'il a plongé dans la drogue. Voilà plus d'une décennie qu'il quémande du fric à ses ainés. Et si Irwan a arrêté de se droguer de 2019 à 2022, il a fini par reprendre de plus belle. Sans que personne ne lui dise quoique ce soit. Personne n'a jamais trop fait gaffe à lui, de toute façon. Et ce n'est pas plus mal comme ça. Car il est sûr que si ses frères apprenaient son ralliement à une communauté hippie, ils feraient tout pour l'éloigner de "ces fous".

Le regard que lui lance Taron pousse Irwan à ranger sa main. Message passé. Il en a trop fait. C'est encore loupé pour cette fois. Dommage. Tant pis, Lyana lui filera du pognon elle au moins.

- C'était une blaaaaaague, ça va ! Fais pas cette moue de bébé boudeur ! rit à nouveau Irwan avant de tremper ses lèvres dans sa bière pour la première fois. Il en vide la moitié d'une traite avant de la reposer délicatement sur le comptoir. Alors t'en penses quoi ? demande-t-il à son grand-frère à qu'il tend une deuxième part sans même lui avoir demandé son avis. Tu penses que je pourrais devenir pâtissier ?

Irwan espère que Taron mangera ce deuxième morceau... Tout comme il attend qu'une chose : que le cannabis fasse son effet et que Taron se libère enfin.

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Irwan c’est un personnage à part entière. On ne peut pas dire qu’il soit un saint, loin de là mais ce n’est sans doute pas un diable non plus. Il se trouve parfaitement au milieu. La sagesse ne s’est pas attardée sur lui, ça c’est une certitude. Lorsque Taron voit le visage de son frère, il repense toujours à tout ce qu’il a pu lui faire vivre dans leur enfance. Loin d’être une enfance malheureuse, elle a été plus que chaotique. Et malgré les commentaires des professeurs, des voisins… voir parfois de la famille, ils ne s’en sortent pas trop mal. Enfin pour Taron, parce qu’il faut avouer que le deuxième enfant de la famille O’Connor n’est pas réellement sûr de ce que fait son petit frère. Le benjamin semble être toujours empêtré dans des situations folles. Il ne faut d’ailleurs pas oublier qu’il a aussi une fâcheuse tendance à la réclamation aiguë de fric. Fric que Taron n’a pas réellement, il faut bien l’avouer, la vie aujourd’hui coûte chère… mais ce sont surtout les frais d’hospitalisation de son fils qui ont mis les comptes du barman dans le rouge. Le bar rapporte bien mais pas suffisamment pour s’alléger vite d’une telle dette. Taron n’en a pas parlé, il ne peut pas, la fierté ? Oui, clairement, on peut parler de cela. Sa famille n’a pas besoin de se faire du soucis pour lui, il estime qu’ils ont été assez présents ces derniers temps, pas question d’en remander davantage.

Irwan lui permet cependant de penser à autre chose, pas qu’il s’ennuie tellement avec la gestion du bar mais c’est un peu comme un petit vent de fraicheur. Son petit frère a toujours été un peu différent de lui, ils ne voient pas toujours les choses de la même façon et il faut bien avouer que Taron se demande souvent qu’il vit sur la même planète que tout le monde. Qu’importe, il a pris l’habitude de gérer ce décalage. Et puis il a aussi appris qu’il fallait se méfier des propositions d’Irwan. Le gâteau en l’occurrence. Il reste quelque peu méfiant, mais il finit par croquer dedans. Évidemment, il sait parfaitement que cela ne vient pas de Lyana, impossible, leur relation sont bien trop tendus ces derniers temps pour qu’elle ait pu le faire. Il tente une blague sur le prix de la blague. Bien qu’évidemment, il ne le croit pas, tu lâches un petit rire. « - Pourquoi cela ne m’étonne pas de toi que tu tentes monétiser une part de brownie ? Je te paye en bière, estime toi heureux » Il trinque d’ailleurs, Taron garde un léger sourire en regardant son frère. Il est toujours un peu sur la réserve, pourtant il ne devrait pas, mais les derniers mois ont été pénibles et il peine encore à s’ouvrir totalement. Il espère sentir rapidement l’effet de la boire dont il boit une longue gorgée pétillante. En tout cas, il finit par t’arracher un rire le petit Irwan. « - Dis donc, me voilà véritablement étonné, tu ne me réclames pas d’argent alors ? Que se passe-t-il ? Tu es malade ? La fin du monde est proche ? » Il taquine son frère. Sans être sûr qu’il doit envisager une carrière de pâtissier, il reprend un moment il croque une bouchée avant de répondre. « - Peut-être pas mais en tout cas, on peut noter un certain talent pour le brownie, tu as une recette secrète, ça m’intéresse pour le bar ! » Parce que si c’est simple à faire il prend et les clients qui aiment les petites collassions avec un café, ils sont nombreux, alors pourquoi pas ? Une nouvelle bouchée, assortie d’une gorgée, Taron se voit déjà le proposer pourquoi pas à la carte, tant que c’est simple, pourquoi pas ?

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tw : consommation de space-cake

Un éclat de rire franc. Son frère a au moins le mérite de le faire rire et ce n’est pas donné à beaucoup de monde ces derniers temps. Le gérant du bar est d’humeur bougonne en permanence, un deuil sans fin qu’il traine sans parvenir à s’en sortir. Peut-être qu’il devrait signer ces putains de papiers de divorce aussi, il s’en sentirait plus libre. Et pourquoi n’y arrive-t-il pas ? Pourquoi cela semble-t-il si compliqué de faire une croix sur un passé révolu ?  Tout lui manque. Son fils. Sa femme. Ok, son ex-femme. Mais voilà, il tente de ne pas trop y penser, c’est peut-être pour cela qu’il boit un peu trop de verres, qu’il ouvre sans doute trop souvent la bouteille de whisky le soir venu. Il cherche un sommeil qui est long à venir, trop long. Wolfgang en est témoin régulièrement. « - J’espère bien et je suis ravi que tu me le confirmes » Il taquine un peu son jeune frère. Irwan a toujours été le plus différent sans doute, peut-être parce qu’il est le petit dernier ? Taron ne s’est jamais posé de questions, il aime son frère comme il est de toutes les façons. En tout cas ce brownie est très bon. Le propriétaire des lieux ignore l’ingrédient secret. C’est sans doute mieux d’ailleurs. Et peut-être que cela explique l’euphorie qui le saisie. Elle détonne presque avec son l’humeur habituelle. Taron ne se pose pas la moindre question. Il y retourne juste, un nouveau morceau, une gorgée de bière. Le mélange ignoré va littéralement exploser.

Irwan évoque alors un marché pour obtenir la recette. Il faut quelques secondes à son pauvre aîné pour comprendre la fausse subtilité utilisée. Un regard sur le morceau qu’il vient de croquer, un regard vers son benjamin. « - Oh ne me dis pas que tu as osé ? » Mais sans doute que le produit stupéfiant fait déjà son petit effet. Il éclate de rire Taron au lieu de s’agacer du comportement immature de son frère. Peut-être qu’il avait besoin de cela pour lâcher prise. L’idée n’est peut-être pas si mauvaise. « - On va oublier pour le proposer au bar hein… » Il finit le morceau, il sent ses joues chauffer sous l’effet de l’alcool et de l’herbe présente dans le gâteau. « - Il n’en reste pas moins très bon » Un petit rire, il n’en revient pas de s’être fait avoir comme un bleu, aucune méfiance avec son frère, c’est dingue. N’aurait-il pas dû voir venir ? Il finit cul sec sa bière. Un regard vers son personnel, il semblerait que le bar soit calme à cette heure de la journée. « - Je peux me libérer un peu ouaip » Il rince les verres avant de partir. Il fait chaud, c’est certain. Le temps d’attraper une bouteille de bière artisanale dans le petit frigo sous le bar et il contourne le comptoir. « - Bon, on l’emmène se promener où ? » Demande-t-il. Son frère semble avoir de la suite dans les idées et il n’est pas en état de prendre une décision. Il n’est plus habitué à prendre de la drogue, Lyana veillait à ce qu’il se comporte bien. Mais Lyana n’est plus là, alors il veut bien faire ce dont il a envie, non ?

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tw : consommation de space-cake

L’effet s’immisce doucement dans son corps de géant. Il n’est pas certain de comprendre tout de suite. Met cela sur le compte de l’alcool... seulement l’alcool, il a l’habitude d’en boire et jamais il ne lui fait autant d’effet en si peu de dose et si peu de temps. C’est l’évocation de la recette et l’idée qu’Irwan soit le fournisseur de l’ingrédient clé qui met sur la voie son aîné. Un sourcil qui s’arque et la compréhension qui se fait. C’est compliqué de réfléchir pleinement avec la marijuana qui commence à faire son effet. Il bug presque mais il comprend le bougre. Il n’est pas aussi réactif de Keith c’est certain mais il connait aussi son frère. Alors il percute. Et il en rit. Incapable de s’agacer du comportement immature de son cadet. Non, il a juste envie de rire et de rire avec bon cœur. Depuis combien de temps cela ne lui était pas arrivé depuis le départ de sa femme ? Il a oublié, littéralement. Il est toujours grognon, il n’a envie de rien et il cette fâcheuse tendance à noyer le tout dans l’alcool. Une mauvaise habitude qui lui donne un sentiment de répit qui n’en est en réalité pas un. Le space-cake fait littéralement son petit effet sous les yeux amusés d’Irwan. Taron est incapable de s’agacer, de bougonner, de râler, il se sent d’un coup quelque peu plus léger. Mais clairement, l’idée de proposer au bar, ce n’est plus une si bonne idée, il n’a pas envie de terminer derrière les barreaux, clairement.

Son frère semble décidé à le faire sortir, et étonnamment, il accepte de laisser le bar entre les mains de ses deux employés, ce qu’il ne fait pas souvent. Sans doute que sans la recette miracle de gâteau, Taron n’aurait pas bougé de derrière son bar. Irwan semble conquis, Taron prépare une bouteille de bière assez grande pour être partagée qu’il prend dans le petit frigo derrière le comptoir. Un nouveau rire, c’est fou l’effet de la drogue sur le corps du géant, il devrait peut-être songer à se laisser aller un peu plus souvent à ce genre de chose ? Pourquoi pas après tout ? Lyana n’est plus là pour lui dire quoi faire, si c’est mal ou si c’est bien. Ce qui est fou c’est que Wolfgang suit Irwie sans broncher, comme s’il réclamait lui aussi cette promenade, ce moment de déconnection. Une fois dehors après avoir prévenu ses employés qu’il s’absentait, Taron se rappelle l’engin qui sert d’auto au benjamin de la famille. Petit rire. Presque nerveux, il faut l’avouer. « - Putain, j’avais oublié que tu conduis ce truc » Il pouffe un peu mais déjà Wolf est dans l’habitacle, ce chien ne semble pas du tout perturbé par ce qui se produit. Incroyable. Ce n’est sans doute pas très recommandé de conduire dans un tel état mais Taron n’a pas envie de s’en préoccuper. Vraiment pas. Il prend place sur le siège passager. Iran démarre, tout vibre un peu trop autour du géant O’Connor. Il attrape la petite poignée au-dessus de sa tête. « - Une fête ? Vraiment ? Quel genre de fête ? » Il a bien une idée. « - Je crois qu’il me faut un nouveau morceau de gâteau » Parce qu’il se remet à trop réfléchir, mais il a quand même envie de sentir l’effet de la drogue se prolonger sur son corps, sur son esprit. « - Si on me demande par contre si j’ai vraiment pris de son gâteau magique... je nierais, je te préviens » Un nouveau petit rire, c’est une taquinerie. Pourtant, le regard que porte Taron sur son frère à cet instant est sincère. « - Merci... » Glisse-t-il tout de même, parce qu’il a compris ce qu’essayait de faire Irwan et cela le touche.