@Keith O'Connor & @Irwan O'Connor

Tu ne t'investis pas assez Irwan. Sois plus généreux. Sois plus présent pour ta communauté. Un pilier, un vrai. Qui nous soutient, nous épaule, nous aide quotidiennement. Deviens ainsi et ça ira mieux, tu verras. Ton monde changera.


Ce discours ça fait des semaines qu'on lui répète à Irwan. Il a beau expliqué ses difficultés financières aux personnes de sa communauté hippie, ils n'entendent rien. Personne ne comprend. Personne n'accepte cette triste réalité : cet Irwan qu'Ernest a ramené n'est pas la poule aux œufs d'or. La drogue qui leur ramène gratuitement est pour eux la preuve que le garçon est friqué. Qu'il joue simplement un rôle. Celui de l'employée de bibliothèque soi-disant pauvre ; alors qu'à la nuit tombée il se transforme en dealer des bas quartiers. Ainsi, sa communauté lui en demande toujours plus. Ca a commencé par de simples participations aux activités communautaires. Le jardinage où il dû bécher jusqu'au levé du soleil. Le ménage des bâtisses communes où il a fini par trouver son jogging à force de s'agenouiller pour frotter le sol. La cuisine pour nourrir tout un régiment où il a fini par se brûler le poignet au second degré. Des activités simples pour lesquelles Irwan n'a jamais rechigné. Car à ses yeux, il a enfin trouvé son univers. Le peuple avec lequel il se sent bien. Sa communauté hippie...

Il n'a donc pas fait attention quand ils ont commencé à lui demander de l'argent. Pour les aider soi-disant. Eux restent là à se droguer à longueur de journée, pendant que lui travaille pour remplir leur panse. Mais ça le rend heureux Irwan. Trop naïf pour réaliser le rôle ingrat qu'il détient. Il ne voit que le positif. Que les fous rires partagés, les moments d'attention échangés, la gentillesse des uns et le sourire des autres. D'autant plus qu'auprès d'eux, il ne pense plus à la mort d'Archie et de Bran. À se droguer à en frôler l'overdose ; il ne voit rien Irwan. Il hoche la tête quand on lui demande de filer un coup de main. Répond positivement quand on lui demande de l'argent.

Ce soir compris.
Le coup de fil qu'il a reçu lui a rappelé une chose : il doit faire preuve de générosité.

Seulement être généreux n'est pas tellement dans ses ressorts en ce début de mois. Il n'a toujours pas touché sa paie pour le mois d'août. Fait étrange quand on sait que c'est la Mairie de Brisbane qui le rémunère. À croire que là-haut, ils ont entendu qu'Irwan arrive drogué au travail. Mais soit. Ce petit retard doit plutôt être lié aux congés prises par le comptable pour les vacances d'hiver.

En attendant, lui il a besoin d'argent. Vraiment. Dealer ne donne pas grand chose, ce soir. Son spot est pris par un gamin sorti de nul part. Et Irwan n'est pas d'humeur à se battre, trop déchiré pour affronter un type. De toute façon il n'est pas ainsi, lui. Pas comme ses frères. Ses poings il les garde bien cloîtrer au fond de ses poches. Refusant d'user de violence pour obtenir ce qu'il désire. C'est donc bredouille qu'il rentre chez lui. À la colocation.

À peine la porte d'entrée poussée, des rires provenant de la cuisine se font entendre. Mais ce soir Irwan n'est pas d'humeur. Surtout si c'est pour tomber sur Benson qui lui réclame encore ses loyers. Il n'a pas envie de le voir. Ni lui, ni aucun autre. Pas même son frangin arrivé récemment au 400. D'ailleurs, son frère doit être de sortie ? Ses vendredis soirs sont souvent bien chargés ! Très rapidement une idée germe dans son esprit. Irwan marche sur la pointe des pieds jusqu'à la chambre de son frère et rentre en douce. Il referme la porte aussi doucement que possible, histoire de ne pas se faire surprendre par Ruben, deux chambres plus loin.

Un sourire s'étire sur les lèvres alors qu'il réalise ne pas s'être planté. Keith n'est pas là. Et les absents ne peuvent rien faire, non ? Certainement pas empêcher Irwan de fouiller à travers la pièce. Il se lance donc à la recherche de fric. Fouille à travers les pulls de son frangin, ses caleçons. Le chat de Keith saute sur la commode de son propriétaire. Non pas pour défendre Keith de l'intrusion subit, mais pour quémander de l'attention à Irwan.

- Pousse-toi Snow, j'suis pas là pour ça, râle Irwan en repoussant doucement le chat de son frère, avant de se relancer dans ses recherches, partant en direction de sa bibliothèque.

Occupé à fouiller dans l'étagère de livres de Keith, Irwan n'entend pas la porte s'ouvrir dans son dos. Il veut trouver de l'argent. Il doit en trouver. On lui a demandé. Alors il le fera. Ce soir il rejoindra sa communauté avec au moins dix dollars à leur filer. Et un peu de cocaïne en prime.

@Keith O'Connor & @Irwan O'Connor

Il doit trouver de l'argent à ramener ce soir et pas seulement se pointer avec un sachet de cocaïne à partager tous ensemble. D'autant que ça aussi, il devra le payer Irwan. Car s'il deale, il n'est pour autant pas celui qui fabrique. Mais bien loin de penser à cette problématique-ci, il n'a en tête qu'une chose : satisfaire sa communauté. Ceux grâce à qu'il s'en est sorti. Suite à la mort d'Alfou, puis de Bran. Sans eux, les hippies, que serait-il devenu ? Un bon à rien. Il serait probablement mort d'une overdose à l'heure qu'il est. Eux l'ont sauvé du chagrin dans lequel il s'enfonçait. Et s'il a en parti repris les drogues dures à cause d'eux, il ne voit rien de mal là-dedans. Lui qui était quand même sobre depuis 2019... Il ne voit que le positif de cette communauté et de ce qu'elle lui apporte au quotidien. Alors il leur doit beaucoup Irwan. Bien qu'il n'ait rien. Ne possède rien.

Concentré à la lourde tare de voler son frère, il ne s'attend pas à se faire prendre la main dans le sac. Surtout pas par le principal concerné. C'est donc d'un bond qu'il se relève alors que la voix de Keith se fait entendre. En chemin il se cogne la tête contre l'étagère de la bibliothèque de son frère, ce qui le fait instantanément grimacer. Tel est pris qui croyait prendre ! Et en prime, il se fait mal le pauvre. Ce qui sera bien suffisant en guise de punition.

- Haut les mains peau d'lapin ! s'écrit Irwan d'un ton faussement enjoué, alors qu'il se frotte le haut du crâne. Tu ne devineras jamais ce que je viens de voir !!!

Trois secondes. C'est à chaque fois le temps qu'il lui faut à Irwan pour trouver une nouvelle excuse, un nouveau mensonge. Car il ne dira évidemment jamais la vraie raison de sa présence dans cette chambre. Même sous la torture ! Sauf s'il réalise la nécessité de le faire.

Le grand affabulateur est de retour. Car si Irwan est réputé pour être le plus manipulable, le plus vulnérable et naïf de sa famille ; il n'en demeure pas moins le plus mythomane. Il s'avance vers Keith pour agripper son poignet et le tirer d'un coup vers lui. Il lui fait signe de se pencher en direction de la bibliothèque, et donc de l'imiter.

- Chuuuut, souffle-t-il à son frère en plaquant un index sur ses lèvres, puisqu'évidemment Keith s'apprêtait à lui répondre. Tu vas lui faire peur ! chuchote Irwan en faisant signe à son frère de regarder.

Il fait mine d'observer l'étagère mais après de longues secondes il finit par se redresser en soupirant. Une moue attristée se dessine sur son faciès alors que Keith vient lui faire face à nouveau. Vu le regard qu'il lui lance, ça ne prend pas. Evidemment que non. De tous les O'Connor, Keith est le plus dur à manipuler.

- Tu l'as fait fuir avec ta grosse voix de pachyderme ! s'agace Irwan avant d'expliquer les choses à son frère visiblement en colère : j'entendais gratter depuis ma chambre... Tu as un rongeur dans ta chambre. Mais impossible d'identifier s'il s'agit d'un campagnol ou d'un rat d'égout !

@Keith O'Connor & @Irwan O'Connor

De tous les O'Connor confondus, Irwan a toujours été le plus manipulateur, le plus menteur. Même si ses frères ont toujours été doués en la matière, l'élève a fini par dépasser ses maîtres. Rares sont les fois où il se rate, même auprès de sa propre famille. Irwan a toujours été doué pour manipuler leur folle de mère, créant alors de nouvelles tensions entre elle et ses frères ainés. Quant à ses frères, il finit souvent par réussir à les entuber, sans qu'ils ne voient rien venir. Mais au fil des années, ses frères ont commencé à comprendre son petit jeu. Et aujourd'hui, tous ont dû mal à percevoir quand leur frère leur dit la vérité. La preuve aujourd'hui, Keith doute de l'inquiétude de son frangin. Lui qui voulait simplement chasser le gros rat de la chambre de son frère... soit-disant. Mensonge loupé et immédiatement identifié par Keith, au malheur de Irwan qui se relève en souriant. Il essaye de faire bonne mine face à son ainé, alors qu'il redoute déjà les retombées. Car si Irwan a toujours manipulé son entourage, il a toujours redouté les râtés. Aujourd'hui est un jour sans. Dommage pour lui.

D'un sourire sincère – pourtant si faux – Irwan affronte son frère ainé et le toise de haut en bas. Il essaye de se montrer intouchable alors que dans le fond, il flippe à l'idée de s'en prendre une. Ses frères lui fichent toujours une frousse indescriptible. Irwan les redoute autant qu'il les aime ; faute aux violences qui lui ont fait subir quand ils étaient gamins. Et si Irwan est aujourd'hui adulte, lui aussi, il n'en demeure pas moins impressionné par les carrures de ses frangins.

Irwan recule d'un pas pour créer une certaine distance avec Keith. D'un regard il calcule la distance entre la porte et lui. Malheureusement, Keith est sur son chemin. Irwan a beau être frêle et capable de se glisser n'importe où, il sait d'avance qu'il n'arrivera pas à échapper à Keith. Si son frère décide de lui faire payer son intrusion, Irwan se sait foutu. Alors il doit jouer le jeu s'il veut pouvoir s'en sortir. Il doit trouver un autre mensonge, et vite. Surtout maintenant que Keith démonte petit-à-petit le précédent mensonge créé de toutes pièces par Irwan. Certes, avec le chat dans les parages, le rat ne serait jamais venu dans cette chambre. Mince. Il n'y avait pas pensé. L'idiot. Irwan croise ses bras sur sa poitrine, signe qu'il se renferme.

- Moi ? Moi l'intrus ?! Ton cher frère ?! cri Irwan telle un personnage de théâtre dramatique. Il joue la comédie comme jamais, se fait passer en victime là où il est en réalité l'offenseur. Pour rappel, Kiki, c'est toi qui venait toujours foutre ton nez dans mes affaires quand j'étais gamin, balance Irwan, fier du retournement de situation qu'il provoque.

Il commence à tourner en rond dans le peu d'espace offert par Keith. Ses bras se jettent en l'air, ci-et-là, alors qu'il commence à conter à son frère ses souvenirs d'enfance. Toutes les merdes qu'il lui a faites, tout le bordel qu'il foutait dans son espace – puisqu'ils partageaient leur chambre. Irwan se transforme en grand orateur, blablatant dans l'espoir d'atteindre son objectif : saouler Keith pour qu'il le foute à la porte, en oubliant de l'interroger sur la véritable raison de sa présence ici.

- ... alors oui. OUI, Keith. Je suis venu m'assurer que tu ne m'avais pas dérobé MES affaires. Je te connais. Je vous connais. Une bande de voleurs mes frangins. Les plus grands voyous de Brisbane. Forcément que t'es venu me voler en douce en mon absence ! Je viens récupérer MON dû. Ce qui est à moi. Petit voyou des bas quartiers. Petit moins que rien ! s'enflamme Irwan dans son discours alors qu'à mesure qu'il enchaine les mots, son index vient se plaquer contre le thorax de son frère. Et ceci à plusieurs reprises. Je t'ai cerné ! Je n'aurais jamais dû dire à Ben' de te loger ici ! C'est TOI qui a retourné toute ma chambre hein ? Comme avant ! Comme quand j'étais môme ! Tu comptes refaire de moi ta victime ? Et bien non cher frère, je ne te laisserai pas faire. Je ne te laisserai pas m'avoir. Moi vivant ? JAMAIS. Non jamais tu ne m'auras !

Le monologue ne prend jamais fin, Irwan parle à ne plus en finir. Il tourne en rond, repousse son frère, puis lui sourit, dans un élan des plus contradictoires. Alors Keith va-t-il marcher ? Va-t-il enfin laisser tomber et foutre son frère à la porte ? Car c'est la dernière chance de Irwan, sa dernière option. Après celle de jouer au dramaturge, il n'a plus aucune idée en tête pour se sortir de se pétrin. Et il ne se voit clairement pas balancer à Keith qu'il était en train de lui voler ses deniers cachés.