@Elijah Hawkins & @Irwan O'Connor

TW : dealers de drogue, violence, menace, agression physique.

Donner aux plus démunis devrait être un geste salué et applaudit.
On devrait le féliciter, Irwan O'Connor. Parce que depuis qu'il a rejoint la Rainbow Community, il enchaine les dons en tout genre. On lui laisse sous-entendre qu'il a le choix, que s'il n'a pas les moyens, on lui tiendra pas rigueur de son manque d'aide. Malgré tout, Irwan s'est mis dans des situations délicates en dérobant à ses proches des biens ou de l'argent ; pour l'offrir en contrepartie à ses amis hippies. C'est sa façon à lui de les épauler dans les moments difficiles, et de leur permettre de se nourrir et de continuer à vivre d'amour et d'eau fraiche. Jusque-là, aucun problème. Mais au fur et à mesure du temps et surtout des semaines, Irwan a commencé à devenir leur fournisseur officiel de drogues. Si au début les membres de sa communauté lui payaient les pochons de cocaïne ou les carrés de LSD, aujourd'hui les choses ont bien changé. Irwan continue de fournir sans s'attendre à une quelconque contrepartie financière. Soi-disant qu'il leur doit bien ça à tous ; que c'est le meilleur moyen pour tisser un lien amical encore plus solide. Naïf, il se fait avoir, Irwan. Comme toujours depuis qu'il est gosse. Il laisse les autres le manipuler ; autant qu'il les manipule lui-même.

Mais à force de jouer avec le feu, Irwan s'en brûle les ailes. Il l'a compris ce soir, en sortant de la bibliothèque. Occupé à fermer les portes à double tour, Irwan s'est fait surprendre par une bande de gorilles. Ils lui ont fait savoir leur présence en le plaquant contre la porte et en lui ordonnant de leur rendre le pognon. Voilà des semaines que le baron de son réseau lui réclamait le fric lié aux ventes. Des liasses de billets qu'Irwan n'a jamais obtenues, force de tout offrir à la communauté hippie à laquelle il est rattachée. Alors quand il essaye de s'expliquer et de promettre qu'il leur filera les milliers de dollars plus tard, les molosses perdent patience. Le coup reçu est violent. Bien plus que celui que Tobias lui a asséné quelques mois plus tôt. Cette fois-ci, ce n'est pas son beau visage qu'on attaque, mais ses organes vitaux. Le poing du baraqué s'enfonce dans son estomac et le fait cracher de surprise. Il a beau s'exprimer calmement en expliquant ne pas avoir l'argent immédiatement, les hommes de main du baron ne l'écoutent pas. Manque de chance pour eux, Irwan a été habitué toute son enfance à recevoir des coups. Pantin de ses frères, il a fini par accepter la douleur et même trouver comment la supporter. Seulement, il ne peut pas s'empêcher d'être une véritable poule mouillée, effrayée à l'idée de perdre ses dents ou de se retrouver avec un vilain coquard. Alors il panique Irwan. Tellement, qu'il agace les deux gros bras, qui finissent par le pousser violemment loin d'eux.

Une seconde après s'être étalée au sol, le O'Connor comprend qu'il s'agit de sa chance. Il se relève et s'échappe à grandes enjambées. Le sport, ça n'a jamais été son truc. Mais dès que sa survie est en jeu, Irwan se transforme. Il parcourt les rues de New Farm, se cache, se faufile, tout en tentant d'appeler un de ses ainés. Keith ne répond pas. Jamais. Pourtant, en bon chauffeur de taxi, il l'aiderait mieux que quiconque à perdre la trace du grand méchant loup. Tant pis. Il n'a pas le choix et finit donc par se jeter dans le premier bus qui passe pour échapper aux vautours. Ce n'est que lorsqu'il reconnait le quartier où le bus circule qu'il en descend. Le voilà à seulement un quartier de maisons de son vieil ami. Une occasion en or de se planquer, même s'il sait avoir perdu les traces des deux molosses. Pour ce soir, ça fera très bien l'affaire.

À peine arrivé devant le numéro 77, la chance semble enfin lui sourire. Un vieux papi sort au même instant de la bâtisse de l'immeuble, ce qui permet au O'Connor d'y pénétrer sans avoir à sonner à l'interphone et à poireauter dans la rue. Il referme l'immense porte en bois dans son dos et souffle enfin de soulagement. Alléluia. Il est sain et sauf ! C'est au moment de gravir les marches qu'il remarque enfin la douleur au niveau de sa cheville. Avec l'adrénaline, il n'avait pas vu qu'il s'était blessé en chutant. Une grimace fait s'étirer ses lèvres d'une moue algique. Mais il n'abandonne pas maintenant et arrive jusqu'à l'appartement de son ami. Toquant à la porte, il réalise au même instant sa connerie. À fuir le diable, il en a oublié que derrière cette porte se trouve un de ses apôtres ; Tobias le terrible. Il fallait qu'il se foute encore plus dans la merde qu'il ne l'est déjà... Sans attendre de réponse, Irwan se cache finalement derrière la rambarde des escaliers, observant d'un œil discret l'encadrement de la porte.

Lorsque celle-ci s'ouvre pour laisser place à une silhouette masculine, Irwan se cache un peu plus. Son cœur bat toujours la chamade, trop angoissée à l'idée que son cauchemar empire. À aucun moment il ne s'imagine qu'Elijah sera absent. Il espère tout le contraire, en réalité.

– Eli c'est toi ? murmure-t-il en espérant à la fois être entendu, mais aussi de passer inaperçu.