@Taylor Quincey  

La sensation de l'air sur son visage et de l'eau sous la planche, il n'y a rien de mieux pour lui faire oublier la vie à Brisbane. Une semaine chargée en émotions, de par son travail et de par sa vie en général et les péripéties qui vont avec, le surf a toujours été son échappatoire. Lorsqu'il s'y ait initié à Los Angeles, il pensait simplement ajouter un sport de plus à la longue liste de ceux qu'il pratiquait déjà. Mais il s'est révélé, le surf l'a révélé. Une passion est née à la seconde où il a fait ses premières glissades et il ne s'est plus jamais arrêté. Il a d'ailleurs eu peur en revenant à Brisbane, de laisser tomber la planche, de ne plus avoir envie de ça. Foutaises ! Lorsqu'il est arrivé, il s'est renseigné de savoir ou se trouvait la plage la plus proche de Brisbane et par chance, il y avait une des meilleures plages de surf à seulement 1 heure de route. A peine installé dans son appartement de Fortitude Valley qu'il avait prit sa planche et s'était rendu sur cette plage. Cette plage qui lui rappelle beaucoup Los Angeles finalement.

L'hiver commençait doucement à s'installer en Australie, vêtu de sa combinaison, Samuel n'en ressentait absolument pas les effets et s'en fichait pas mal finalement. L'hiver enfin là, cela leur permettait de pouvoir profiter de la plage avec beaucoup moins de monde et de pouvoir s'étaler où ils veulent. Il ne s'est d'ailleurs pas trompé en envoyant son sms ce matin, en disant qu'il fallait venir aujourd'hui pour profiter des meilleures vagues. La veille au soir, il s'est renseigné auprès de la météo pour connaître le temps d'aujourd'hui et par chance, il était parfait pour une session. Il a tout de même attendu le matin même pour être sûr et il s'est empressé d'envoyer un message à son ami, Taylor. " session à 9h, t'es chaud ? " avait-il envoyé. La réponse n'avait pas tardé, ce qui avait fait sourire Samuel. Pas besoin d'en dire plus, ils connaissaient parfaitement l'endroit du rendez-vous. Taylor Quincey fait parti des premières personnes que Sam a rencontré en arrivant à Brisbane et le premier grâce au surf. Surfant d'abord chacun de son côté, ils ont finit par surfer ensemble et créer un petit groupe de personne qui se rejoignent pour aller se faire des sessions dès que possible. Au delà de ça, Samuel a trouvé en Taylor un vrai ami, comme un frère qu'il n'a jamais eu. Peut-être même que grâce à Taylor, il joue un peu ce rôle de grand frère qui lui manque tant mais qu'il n'avouera jamais. Peut-être un brin trop protecteur parfois, c'est purement de la bienveillance, parfois lourde certes, mais Samuel a toujours cette manie de vouloir s'assurer que tout le monde va bien autour de lui. Taylor fait aujourd'hui parti de sa vie et comme il aime lui dire ; pour le meilleur et pour le pire, même si le pire c'est moi qui te couves trop.

" Elle était incroyable celle-là ! " dit Sam à l'encontre de Taylor, alors que tout deux viennent à peine de terminer leur glisse sur une dernière vague, se rejoignant dans l'eau, chacun sur sa planche. Une petite pause n'est pas de refus, surtout qu'ils enchainent depuis, facilement, une heure sans s'arrêter. D'ailleurs, Samuel a pu remarquer les progrès fait par son ami depuis qu'ils surfent ensemble. Taylor profite, en vip, des précieux conseils de Samuel et de son expérience qu'il a pu acquérir au fil des années et des compétitions. " Tu t'améliores, Tay', ton jeu de jambe est dingue. " complimente Samuel, se frottant le visage pour retirer l'excédent d'eau suite à son passage sous l'eau. Si les compétitions peuvent parfois lui manquer, partager son expérience et sa passion avec un ami comme Taylor est bien plus agréable que de se battre contre des inconnus qui ne pensent qu'à la gagne.

 

surfers paradise beach, around brisbane • w/ @Samuel Decker

le cœur battant à tout rompre, la sensation si particulière des vagues qui se déroulent sous la planche, dont les puissantes vibrations remontent à travers ses jambes jusqu'à se diffuser dans tout son corps. c'est une sensation étrangement similaire à celle qui le traverse, sur scène. même effet électrisant, le sentiment d'être dans son élément, invulnérable. faire partie d'un tout. c'est peut-être bête, d'un point de vue qui n'est pas le sien, mais surfer le ramène toujours à ces impressions. la chaleur du soleil, le grondement de la houle, c'est tout aussi enivrant que la scène, à ses yeux d'éternel enfant fasciné par la mer. reprendre le chemin des plages lui avait apporté tout ce dont il avait besoin pour se remettre sur pieds. tout ce qui lui avait terriblement manqué depuis l'accident et la quasi dissolution du groupe. renouer avec la nature, avec l'humain, et cette part de son enfance que l'épilepsie l'avait forcé à abandonner. une parenthèse bienvenue dans un quotidien trop morne, où tous les jours se ressemblaient, une torture pour lui qui ne supportait pas de se retrouver prisonnier des rouages infernaux de la routine. un an plus tôt, Taylor s'était de nouveau lancé à l'assaut des vagues avec la volonté de briser le cycle, avant que ce soit l'inverse qui se produise - et il avait croisé le chemin de Sam. comme un petit coup de pouce du destin, le pompier s'était spontanément greffé au paysage de sa vie comme s'il en avait toujours fait partie. l'une de ces bonnes surprises que lui avait réservé Brisbane, au prix d'un effort de patience et d'adaptation.

alors, peu importe que l'hiver amène des températures plus froides et un ciel gris, les deux amis y voyaient avant tout l'occasion de s'adonner à leur sport sans être gênés par une affluence de baigneurs éparpillés dans l'eau et les cris perçants de dizaines de gosses surexcités parcourant la plage. ils n'avaient donc pas tardé à fixer un nouveau rendez-vous en quelques messages rapidement échangés. Taylor était volontairement arrivé trente minutes en avance, rien que pour écouter le chant des vagues ; puis ils avaient surfé. il ne saurait pas dire combien de temps, exactement. assez longtemps pour que le cœur s'emballe et que les muscles commencent à le brûler. leur première vraie pause se dessine presque une heure plus tard. Taylor, qui avait plongé sous l'eau lui aussi, retrouve appui sur sa planche et secoue vivement la tête. « ouais, les vagues sont bonnes ce matin ! » qu'il répond, tout sourire, l'expression rieuse de gosse qui s'accentue à l'entente du compliment. « tu trouves ? c'est grâce à toi surtout, t'es un super professeur. » rétorque-t-il aussitôt. plus jeune, il s'était découvert une certaine aisance dans ce sport, perdue au fil du temps et de nombreuses années sans pratiquer. le risque d'une nouvelle crise l'avait définitivement tenu à l'écart de cet univers qu'il chérissait tant ; une décision qu'il avait tenté de contester, sans grand succès face à l'intransigeance de son père. si son épilepsie ne s'était jamais déclarée, peut-être aurait-il croisé le chemin de Sam dans des circonstances bien différentes, au cœur de ces compétitions auxquelles le pompier participe parfois. il se demande parfois à quoi aurait ressemblé sa vie, s'il avait emprunté cette voie. dans un monde parallèle, peut-être qu'il ne vit que de ça, de cet autre type d'adrénaline. le scénario n'est pas si déplaisant. avec un soupir d'aise, Taylor laisse la moitié de son corps replonger dans l'eau saline et les remous le balloter tranquillement, la joue calée contre l'avant-bras. « je pourrais m'endormir là, j'crois. ça serait la meilleure sieste de ma vie. » commente-t-il, d'un air tout à fait sérieux. l'eau est froide, mais la sensation n'est pas désagréable, tempérée par l'épaisseur de sa combinaison. parfaitement apaisé dès lors qu'il s'immerge dans la mer, peut-être même plus que dans un studio, où se soustraire à la pression omniprésente qui règne entre ces murs est difficile, voire impossible. savoir que créer implique forcément de convaincre, à la fois une audience et une industrie dont les codes évoluent sans cesse. la mer n'exige rien de plus qu'un minimum de vigilance, pour son propre bien surtout. et si Taylor pouvait se doter d'un super-pouvoir, ce serait sans aucun doute ni la moindre hésitation, celui de pouvoir respirer sous l'eau.