@Callista James


" Aller Station 12, on nous attends à Kangaroo Point ! " lançait le capitaine de la brigade à ses pompiers, dont le jeune trentenaire faisait désormais parti depuis un peu plus d'un an. Tenue enfilé, camion mit en route, les soldats du feu se lancent sur la route pour rejoindre le ferry aux abords de Kangaroo Point. " C'est pour quoi, cap' ? " demandait Samuel, casque et micro sur la tête afin qu'ils puissent tous échanger entre eux sans hurler. Un an que le jeune Decker était revenu à Brisbane et tout autant de temps qu'il était pompier à la station, pour autant il n'avait jamais entendu parler de cet hôtel dont parlait le capitaine, expliquant que les propriétaires soupçonnent une fuite de gaz. De ce que Samuel comprend, il s'agit d'un hôtel très luxueux, ce qui expliquerait tous les moyens mis en œuvre pour éviter une catastrophe. Suivant la route des yeux, tous les pompiers prennent note des instructions de leur capitaine afin de savoir comment appréhendait au mieux, une fois arrivé là-bas. Chacun à son poste prédéfini pour sa mission du jour et se doit de s'y tenir.

Arrivé devant l'hôtel, les pompiers vinrent à la rencontre des propriétaires qui ont déjà commencés à faire sortir les résidents et le personnel, malgré que ce soit un peu le chahut. Le stress et la peur commence à gagner du terrain, mais il faut absolument que tout le monde sorte sans se faire de mal. En tenue, les pompiers se répartissent les tâches comme ordonnés dans le camion, lorsque Samuel et son collègue s'introduisent dans l'hôtel pour s'assurer que tout le monde sorte et qu'il ne reste plus personne. Casque sur la tête, masque sur le visage, le jeune Decker s'enfonce dans l'hôtel en passant par la réception, avec un couloir qui amène dans l'arrière cuisine. " C'est les pompiers, il y'a quelqu'un ? Il faut sortir de l'hôtel. " annonçait Samuel. Pas de bruit, il continua son chemin jusqu'à croiser une silhouette au détour d'un couloir. " Il faut partir, il y a une fuite de gaz et c'est dangereux de rester par-ici ! " lançait Samuel, assez fort, afin que la personne puisse l'entendre et réagir. Ce qui fut le cas. Une femme, apparemment, se tourna à l'entente de la voix du pompier, s'avançant vers lui. Sam n'entendit rien de ce qu'elle pouvait dire avec son casque et son masque, et la luminosité de la pièce n'aidait pas trop. " Il faut sortir Madame. Est-ce qu'il y avait quelqu'un avec vous ? " Un simple non de la tête et Samuel comprit qu'elle était seule. Il jeta un coup d'œil en arrière pour s'assurer de ne rien voir et n'oubliait personne, ainsi fait, ils quittèrent l'arrière cuisine pour revenir jusqu'à la réception et jusqu'au jardin devant l'hôtel. Le pompier retira son masque pendant que sa radio annonçait que l'hôtel était désormais vide, s'essuyant le front, il voulu s'assurait que la jeune femme se sentait bien. " Vous allez bien ? Je peux vous amenez à l'ambulance pour faire un check-" Phrase qui restera en suspend. Le visage désormais à la lumière du jour, Samuel reconnut la femme. Cette femme. Callista. Tous ces souvenirs qui lui reviennent en pleine tête; les bons et les moins bons. La, en plein milieu du jardin de cet hôtel, en uniforme, entrain de faire ce qu'il aime le plus au monde. Elle est là. Alors qu'elle est partie, sans jamais donner de nouvelles. Les mots lui manquent, son corps lui paraît lourd. Il a tellement essayé d'oublier, mais il se rend compte qu'il n'a rien oublié. Et que ça fait toujours aussi mal.

Il a l'impression que ça dure des heures, des jours mêmes, à rester planté là. Son visage, son regard qu'il a tant connu, ses expressions, tout ce qu'il a admirait des nuits durant pendant qu'elle dormait. Tout les détails de ce visage qu'il a tenté d'oublier tant ça lui faisait mal de la revoir à chaque fois qu'il fermait les yeux. Tant de chose qu'il voulait lui dire, mais rien qui ne sort aujourd'hui. " Je, hm. " Ou presque rien. C'est tout ce qu'il arrive à dire, Sam. Un collègue passe à côté de lui, lui laissant un masque à oxygène dans les mains. Il aurait presque oublié qu'il est pompier. " Tu devrais mettre ça. " dit-il, tendant sa main, avec le masque à oxygène, vers celle qu'il a tant aimé. Celle qu'il aurait aimé sauvé. Celle qu'il voulait sauver mais qui n'a pas voulu l'être. Celle qui l'a laissé.