TW: alcool, maladie & aide médicale à mourir

Les mois passaient et la maladie de Serena gagnait du terrain, affectant de plus en plus ses facultés motrices. Cela rendait le quotidien de plus en plus difficile, non seulement pour elle, mais aussi pour ses proches. Rhett acceptait toute l’aide qu’on lui proposait, mais n’en demandait que rarement, ayant toujours eu de la difficulté à montrer sa vulnérabilité. L’épuisement était en train de l’étouffer et, plutôt que d’agir de façon responsable, il s’était tourné vers l’alcool. Il s’avouait vaincu. De toute façon, ce n’était pas comme s’il avait une chance de gagner contre la Faucheuse, sa femme perdrait assurément le combat. Elle voulait même l’écourter, préférant être libérée de ses souffrances avant que sa condition soit trop difficile à vivre. La trentenaire préférait que ses proches gardent un bon souvenir d’elle. Ce qui l’inquiétait particulièrement ces temps-ci, c’était le changement d’attitude de son époux qui rentrait régulièrement aux petites heures du matin. Même si elle n’avait aucun contrôle sur son état de santé, Serena culpabilisait que l’homme qu’elle aimait soit en train de perdre pied à cause d’elle. Qui plus est, Jayden avait besoin d’un père présent avec ce qui les attendait. Si son plan pour rapprocher Adela et Rhett ne fonctionnait pas, elle espérait au moins pouvoir partir sereinement en sachant que son fils serait bien entouré. Présentement elle doutait et elle n’avait définitivement pas besoin de ce stress supplémentaire. Inquiète de l’absence de son époux, la blonde avait appelé sa meilleure amie en espérant qu’elle saurait où il pouvait se trouver. Si l’homme n’avait pas répondu aux SMS de sa femme par culpabilité, il n’avait pas fait attendre Adela bien longtemps. Elle passerait le message à Serena, il en était persuadé.

Si l’alcool le rendait habituellement plutôt joyeux, l’effet était totalement différent ce soir. L’ivresse n’avait fait qu’empirer sa déprime et lui donner encore plus envie de boire pour oublier le mal-être qui ne le quittait plus. Il ne voulait pas que sa famille le voit ainsi, et il n’était surtout pas en état de s’occuper d’eux. Verre à la main, il rêvait de partir à l’autre bout du monde se reposer en se faisant bronzer sur la plage sans rien à penser à part lui-même. Autant dire que ce n’était pas un « rêve » qui risquait de se réaliser prochainement. Fatigué, il poussa un long soupir en déposant son verre devant lui, son regard rivé sur sa main gauche. « Quand je te disais de prendre du temps pour toi, il y a quelques semaines, je ne parlais pas de ça. » Il lâcha un hm sans même daigner regarder Adela, faisant tourner son alliance autour de son annulaire du bout des doigts. « T’étais pas obligée d’venir m’chercher. » dit-il sans trop articuler. « J’sais que t’as pas envie d’me voir. » Il n’était pas stupide, il avait bien compris qu’elle l’évitait depuis qu’il lui avait témoigné son besoin de se retrouver seul en famille un soir. Dans un sens, la distance qui s’était instaurée entre eux n’était pas une mauvaise chose, mais Adela lui manquait, ce qu’il valait mieux ne pas admettre. « Allez viens, je te ramène à ta femme. » Il secoua négativement la tête. « Non. » C’était bien le dernier endroit où il avait envie d’être présentement. Il n’avait pas la force d’affronter Serena ainsi que l’interrogatoire qu’elle risquait de lui faire passer. Il était épuisé, Rhett, il voulait juste qu’on lui foute la paix pour un moment. « J’veux pas… r’garde moi… » Il sourit tristement en tournant finalement la tête vers elle. « Juste… pas chez moi. S’il te plait. » Malgré son refus, il pivota son corps lentement sur le tabouret pour lui faire face, prêt à la suivre.

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Rhett ne comprenait pas que la meilleure amie de sa femme lui en veuille toujours autant parce qu’il avait exprimé le besoin d’être seul avec sa famille. Il avait cru que le temps suffirait à ramener les choses à la normale et qu’Adela et lui retrouveraient cette complicité qui lui faisait autant de bien que de mal. Mais les semaines passaient et la blonde l’évitait toujours autant. L’homme ne savait pas quoi faire pour rétablir leur lien et il n’avait pas l’énergie pour se prendre la tête avec elle. Ou peut-être était-ce seulement sa façon pour justifier son inaction quand, en réalité, il se disait que la distance instaurée entre eux n’était pas forcément une mauvaise chose. « Je te rappelle que c'est toi qui n'a pas envie de me voir. » Comme un gamin, Rhett roula des yeux en soupirant. « Tu comprends rien… » La présence d’Adela lui faisait beaucoup de bien, bien plus que ce que la présence de la meilleure amie de sa femme devrait lui faire. Il mourrait d’envie de lui dire pour lui vider le cœur, d’ailleurs, mais cette confession n’était pas une bonne idée et il le savait. Il était marié, à sa meilleure amie qui plus est, et elle voyait maintenant Jacob. À part un gros malaise, lui avouer qu’elle lui plaisait n’amènerait rien de bon. C’était surtout un plan pour qu’elle ne veuille plus jamais remettre les pieds chez les Barrows lorsqu’il s’y trouvait. Parfois,il valait mieux se taire. Ce qu’on ne sait pas ne fait pas mal. « Peu importe, je suis là maintenant. » Et il lui en était reconnaissant malgré son petit air grognon, malgré qu’elle veuille le ramener chez lui, l’endroit où il devait être, mais où il avait le moins envie de se trouver. Sa maison ne respirait plus le bonheur, mais la mort imminente. Il ne s’y sentait plus bien, étouffait même face à ce que l’avenir leur réservait. Comme pour sa femme, il n’y aviat plus rien à faire pour retrouver un peu de bonheur, il pouvait simplement attendre silencieusement l’inévitable.

À bout de force, Rhett la supplia de ne pas le ramener chez lui. La destination finale l’importait peu, tant que ce n’était pas là-bas. Il voulait gagner du temps, reprendre ses esprits avant d’avoir cette discussion avec Serena. Il ne désirait pas non plus que son fils le voit dans cet état. « Très bien. » Ses épaules se détendirent et même l’esquisse d’un sourire apparut au coin de ses lèvres. « Vraiment? » Ce n’était pas que pour le convaincre de la suivre pour le trahir dès qu’elle en aurait l’occasion? « On va chez moi alors. » Il acquiesça d’un hochement de tête, puis la suivit vers le stationnement, trop occupé à ne pas se casser la gueule pour glisser le moindre mot. Jusqu’à ce que son regard se pose sur la moto d’Adela et qu’un rire lui échappe. « Tu veux que j’monte là-dessus? » Il n’avait pas peur, Rhett, il adorait les sensations fortes. Son estomac, peut-être un peu moins ce soir, tout comme son équilibre. « Challenge accepted. » Il enfila le casque tendu par la blonde avant d’observer la moto d’un air sérieux. Chancelant, Rhett s’approcha et prit place derrière elle non sans perdre l’équilibre. Il se rattrapa de justesse en lâchant un oh, se tenant fermement au siège sur lequel il s’installa ensuite. « J’suis pas sûr que c’est une bonne idée. » Il rit en glissant ses bras autour d’elle pour prendre appui. Cette proximité soudaine le déstabilisait, l’odeur réconfortante d’Adela chatouillant ses narines. Adela et lui n’étaient rien, et pourtant, elle lui faisait ressentir des choses qu’il n’avait jamais ressenties auparavant. Des sentiments timides qui se frayaient un chemin bien malgré lui. Il était destiné à souffrir.

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