@Adela Källström & @Adelaïde Brekker
Elle descend les marches de sa petite maison Addie. Un demi-sourire amusée de voir un bout de femme sur une si grosse moto. Adela continue de la surprise, cette inconnue rencontrée dans un bar alors que toutes les deux ont été abandonnées par le genre masculin. Elle l’impressionne, c’est certain. Addie, c’est certain que ce n’est pas le genre à conduire une moto, oh, elle est évidemment, elle est aventurière, mais dans d’autres domaines, une ancienne Lara Croft, elle a aimé sillonner les mystères de l’antiquités européennes et méditerranéennes. Jamais de moto. Une première pour la professeure d’histoire. Lorsqu’elle arrive à la hauteur d’Adela, celle-ci lui tend un casque. Elle rit légèrement à son commentaire. « - Évidemment » répond Addie avec un petit sourire, tout en saisissant du l’objet sécurité de la journée. Elle le fixe sur sa tête sans trop de mal. Et puis elle finit par suivre les instructions d’Adela pour s’installer derrière elle. Addie pourrait se tenir sur les poignées à l’arrière mais elle ne craint pas de se tenir à la blonde. Ses bras l’enlacent pour se maintenir et colle donc son corps contre celui de la pilote. Et alors elle démarre.

Adela roule, avec aisance, elle s’en sort bien et Addie apprécie la balade. Le vent qui fouette le visage et la sensation de liberté, c’est certain. L’engin finit par s’arrêter. Le sport, la vue en dehors de la ville est sublime. Parfois Adelaïde oublie la chance de vivre dans un tel décor. « - Je te suis, c’est toi la guide, il me semble » Elle lui offre un sourire malicieux, séducteur ? Peut-être inconsciemment. Après tout, elle a parfaitement compris qu’Adela avait quelqu’un et que le baiser qu’elles ont échangé ne se reproduira pas. Elle lâche un petit rire, retirant elle aussi son casque, lorsqu’elle note qu’Adela a tout prévu. « - Oh, je vois que tu es du genre prévoyante, bien vu » Et alors les deux jeunes femmes entreprennent la décente, prudemment jusqu’à la petite crypte. Et étonnamment, il n’y a personne. « - T’es sûre que tu ne veux pas me tuer ? Personne... une chance pour... toi, peut-être malchance pour moi » Elle plaisante, fait référence aux sms envoyés. « - C’est sublime, tu connaissais ? » Addie avant un peu, observe et ne peut pas s’empêcher de penser que Sophie adorerait et qu’elle aurait envie de se baigner, c’est certain. « - On va presque regretter les maillots de bains » Bien qu’il ne fasse pas forcément assez chaud pour se payer, n’oublions pas qu’on est encore en hiver en Australie.

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Le hasard – ou une blonde, comme on veut – les conduit sur une petite crypte fort belle. Les yeux de la professeure s’illuminent, c’est pour ce genre de paysage qu’elle tient tant à son Australie natale. Elle a parcouru pas mal de pays mais rien ne vaut un retour au bercail. Le Queensland est particulièrement riche de paysages incroyables. Il possède une richesse incroyable. Il passe d’un désert rouge à des falaises que l’on trouve quasiment en Irlande avant de laisser place à un sable fin et des plages tropicales. Sans oublier la forêt tropicale et les montagnes bleues. Une richesse infinie, c’est bien cela. Toute sorte de beauté naturelle dont on ne peut pas se lasser, impossible. Addie plaisante, évidemment qu’elle n’a pas envie d’être la victime d’un meurtre ici, clairement pas, qui en aurait envie ? Mais c’est vrai que c’est assez risible puisqu’elles sont seules, presque seules au monde. Cela fait du bien, l’enseignante en histoire sent ses cheveux voler dans les sens, l’air marin vide ses neurones, elle pense trop ces derniers temps. Cet après-midi, il est tant de lâcher prise. « - En tout cas, c’est une très belle découverte » Presque regretter les maillots, c’est certain, pas qu’il fasse très chaud, les vagues doivent être gelées mais qu’importe. La réponse de la motarde l’amuse, elle se retient de trop sourire mais impossible de ne pas imaginer la blonde sans vêtement. L’esprit lubrique ? Possible mais chut, ne le dîtes à personne !

« - J’imagine que les suédois plongent dans les eaux glaciales des fjords, c’est ça ? » Cela l’amuse de l’imaginer elle. Elle ne connait pas forcément les us et coutumes nordiques. En Europe, elle s’est arrêtée à la Méditerranée, loin de ce genre de climat. « - Je t’avoue que j’aime assez la chaleur mais je ne veux pas que tu croies que je suis une poule mouillée si tu me lances un défi, alors je vais faire comme si les vagues gelées ne me faisaient pas peur » Elle sourit. Les deux femmes lèvent leur verre pour trinquer. « - Oh on est sur un défi… c’est à moi de choisir si on choppe une pneumonie, bien bien » Elle rit. Il faut qu’elle trouve un toast. « - A l’aventure ? Parce que sous mes airs de professeure bien rangée, je te jure que je suis une aventurière, j’ai juste perdu l’habitude et entre temps je suis presque devenue mère » Tutrice… oui, avoir un gosse change radicalement sa façon de penser. Les verres s’entrechoquent et elle porte le sien à ses lèvres pour déguster une gorgée. « - Comment vas-tu depuis la dernière fois ? » Parce qu’elles peuvent aussi discuter… apprendre à se connaître avant de se foutre à poils pour aller nager ?

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Adelaïde frissonne à l’idée de l’eau froide de la Suède. Adela, elle semble totalement à l’aise avec ce qui se passe dans son pays, les températures extrêmes. Cela dit, l’Australie est réputée pour ses records de chaleur. Chacun son extrémité, finalement. En tout cas, Addie n’est pas tout à fait certaine de vouloir chopper la mort en plongeant dans les vagues tumultueuses de l’Océan Pacifique. La petite plage n’est en plus pas surveillée et... ok, il est passé où son côté fun ? C’est ce qui se passe quand on a une enfant à charge. On laisse le temps filer et on prend trop de précaution. Bordel. Cela ne va pas du tout. Cela n’empêche pas la jeune professeure de trinquer à l’aventure, parce qu’elle doit la retrouver, retrouver ce qui la faisait tant vibrer à une époque. Les verres s’entrechoquent doucement et la blonde apporte son verre à ses lèvres. Elle déguste le vin blanc sucré avec plaisir, un instant, son regard se perd dans la vue des vagues. Et puis, elle prend des nouvelles, la dernière fois qu’elles se sont vues, c’est aussi leur première rencontre, à ce bar, là où son petit ami lui avait posé un lapin, à cette soirée qu’elle s’est permise de l’embrasser, par nécessité certes mais le goût de ses lèvres a eu un impact, il était plaisant. La réponse que sa partenaire lui offre lui fait froncer les sourcils, elle tourne la tête vers elle, note que son visage se referme à l’évocation de ce couple qu’elle forme.

Avant qu’Addie n’ait le temps de répondre, Adela semble vouloir laisser tomber le sujet, elle tente de retourner les questions pour la professeure mais Adelaïde n’a pas envie de laisser tomber, elle a envie de savoir exactement ce qui se passe. « - Attends, on parlait de toi, là... pourquoi tu penses de telles choses ? » Il est vrai qu’elle ne voit pas l’intérêt pour un mec de rester avec une femme, s’il ne l’aime plus ? Elle n’a jamais compris ça. Jamais. Une nouvelle gorgée de vin sucré. « - Pour le reste... et puis... il y a un peu plus de cinq ans j’ai perdu ma sœur unique et elle avait laissé une lettre... disant qu’elle voulait que je m’occupe de sa fille. Donc je suis rentrée au bercail, j’avais à peine trente ans et on m’a mis une gamine dans les bras... d’un an... je ne voulais pas d’enfant de base. Parfois je me dis que c’est parce que je suis juste destinée à prendre soin de cette petite fille » Elle hausse les épaules. « - Donc pour répondre à ta question, je pourrais aller mieux. Puis que cinq années après, ma mère décide de porter l’affaire au tribunal pour récupérer la garde de Sophie... ça m’épuise relativement je dois dire – oh, et évidemment, avec ma mère, on se déteste... » Comme ça, elle a une ribambelle d’info Adela... D’ailleurs Addie en finit cul sec son verre et s’en ressert un, c’est nécessaire quand on aborde ce sujet.

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Oh elle voit parfaitement Adelaïde. L’instinct il ne trompe jamais malheureusement. Impossible de se réjouir. Elle lui offre un regard compatissant. « - Tu as tenté de lui en parler ? » Parce que parfois crever l’abcès c’est plus efficace que de le laisser s’infecter. Elle reprend, son copain est venu vivre chez elle, ce qui en soit ne semble pourtant pas être une mauvaise chose, enfin, elle imagine. Sinon c’est vraiment qu’elle n’y connait plus rien en matière de couple. « - Il a eu besoin de se réfugier chez toi mais c’est comme s’il n’était pas là ? Où vivait-il avant ? Pourquoi sait-il précipité ? Il n’était peut-être pas prêt… tu as tous les éléments en ta possession ? » Elle tente de l’aider. « - Je suis désolée, je t’avoue que ça fait tellement longtemps que je n’ai pas été en couple que je me sens rouillée même dans les conseils que je tente de donner. »

A son tour de parler, elle tente de lui expliquer sa vie, ce qu’elle n’a pas pu dire à lors de cette rencontre particulière au milieu de la nuit. Elle lui explique les actions de sa mère, les actions en justice notamment et le fait qu’elle doit voir Sophie allait en école de petits génies alors qu’elle aurait aimé lui offrir une vie loin de tout cela. Mais si elle veut espérer rencontrer la garde, elle doit faire ce qui est le mieux pour cette gamine – en apparence parce que Sophie tout ce qu’elle veut, elle, c’est être avec sa tante mais à six ans, on n’écoute pas les enfants. Elle tourne la tête vers Adela, les bras croisés, une main tenant le verre de vin. « - Oui… » lui souffle-t-elle. « - Évidemment, c’est tout ce qu’il me reste de ma sœur et cette gamine, elle a chamboulé ma vie, mon monde, mes convictions, tu vois ? » Un long soupire, elle regarde, lasse, les vagues venir s’écraser sur la plage, les falaises. « - Archéologue, j’étais quasiment jamais en Australie, je fuyais mes parents, je ne te le cache pas. J’étais totalement insouciante, j’adorais ça… et maintenant cette vie avec une gamine surdouée ce n’est pas possible » Un petit sourire est offert à sa partenaire de conversation. « - Je t’intrigues ? » Elle en rit un peu. « - ça fait longtemps que personne ne m’avait dit ça, j’ai l’impression d’être devenue plan plan, petite professeure d’histoire et ne vit que pour cet enfant… je me suis séparée d’une femme que j’aimais profondément pour elle, je traine quelques regrets, tu vois ? » Elle se livre, évoque Sahar, son cœur encore meurtri de ne pas être allée au fond de cette relation… elle l’a perdu, elle le sait.