Adela avait terminé le travail depuis plusieurs heures maintenant. Elle était rentrée directement chez elle pour confectionner le gâteau d'anniversaire d'Alarik. Une habitude. Si ce n'est même plus. Elle dirait même qu'il s'agit d'une tradition. Pour la blonde, l'anniversaire de chaque membre de sa famille est une occasion à ne pas manquer. Elle connait les dates sur le bout des doigts. Et surtout, elle n'imagine pas une seule seconde ne pas fêter ça. Adela a une tradition. Un rituel sacré qu'elle ne loupera pour rien au monde. Eté comme hiver. Par une tempête, par un ouragan, avec trois mètres de neige. Malade comme en bonne santé. Peu importe, rien ne l'empêchera de confectionner un gâteau et de faire la surprise de rendre visite au roi ou à la reine de la journée. C'était une surprise. Un secret de polichinelle. Elle s'en amusait. Bien consciente qu'à présent tout les Källström ou proches s'attendaient à la voir débarquer chez eux ou sur leur lien de travail pour la surprise annuelle. Même ceux absents de Brisbane avaient le droit à leur lot de surprises. Elle avait même déjà envoyé un gâteau par colis à ses parents. A ses risques et périls, d'ailleurs. Ce dernier n'ayant pas supporté le trajet de plusieurs milliers de kilomètres, le pauvre était arrivé en miettes devant la porte d'entrée de la maison familiale. Quoi qu'il en soit, l'intention y était. Et finalement, c'est tout ce qui comptait. Sa famille était en pole position dans les priorités d'Adela. Ils étaient ceux qui comptaient le plus à ses yeux. Ils avaient une relation particulière, les Källström. Unis comme les doigts de la main. Malgré la distance. Malgré les quelques rares désaccords.

Malgré l'envie. Malgré le besoin de fêter cet anniversaire. Il y avait toujours ce pincement au coeur en ce douze mai. Parce que Rik n'est pas né seul. Parce qu'ils étaient deux et qu'à présent il ne reste plus que lui. Elvira n'est plus là depuis de nombreuses années. Et autant dire que le premier anniversaire des jumeaux Källström sans la seconde tête blonde avait été un vrai crève coeur. Mais les années ont passé. Et les choses ont changé. Elvira est toujours dans leur pensée. Elvira est toujours présente. Mais la tristesse a laissé place à la mélancolie, au souvenir.

Cigarette aux lèvres, elle attendait patiemment que son aîné sorte de l'hôpital. Le fessier posé sur la voiture de Rik. La gâteau sur le toit du véhicule. Le temps était à ses côtés. Ce début de soirée était ensoleillée et les températures relativement douces. Adela n'avait jamais autant apprécié l'automne que depuis qu'elle vivait en Australie. Même si sa saison préférée restait le printemps. Un sourire étira ses lèvres lorsque son aîné franchit enfin la sortie des urgences. S'il lui était déjà arrivé de se pointer dans le service sans crier gare avec son gâteau et des cotillons ; Adela s'était abstenue pour aujourd'hui. Elle savait choisir son moment. Elle savait aussi que chaque journée était unique aux urgences et qu'elle dérangerait sûrement Alarik en plein travail. Ce qui n'était pas toujours le cas quand elle se pointait à 3h du matin dans sa chambre de garde pour le surprendre en plein sommeil. Oui, Adela l'avait déjà fais. A chaque année son lot de surprises. _ Surprise ! Elle écrasa sa cigarette et l'a mis dans une boîte qu'elle avait toujours dans son sac pour recueillir les mégots afin de les jeter plus tard à la poubelle. Son sourire s'étira encore plus lorsque son frère arriva à sa hauteur. Elle le prit dans ses bras et l'embrassa chaleureusement. Ade et Rik ne s'étaient pas vus depuis plusieurs jours. Et on pouvait considérer cela comme une éternité quand on connaissait un minimum la fratrie. _ J'espère que tu as faim, je n'ai pas réussi à me contenter d'un petit gâteau. Dit-elle en désigna la boîte posée sur le toit de la voiture. _ J'ai aussi pensé à prendre de quoi nous hydrater. Ajouta-t-elle en désignant une bouteille posée à côté du gâteau. Qu'est-ce qu'elle aimait sa famille, Adela. Et qu'est-ce qu'elle ne ferait pas pour eux. Ses frères, sa vie, son tout. Ses parents lui manquaient, bien évidemment. Il ne se passait pas une seule journée sans qu'elle ne leur envoie un message ou sans qu'elle ne les appelle. Et finalement, même s'ils n'habitaient qu'à quelques kilomètres les uns des autres, il en était de même avec ses frères.