TW : ivresse, alcool.

( o u t f i t ) ⋄ La réussite de cette soirée, Megan la doit essentiellement à sa colocataire et amie ; Valentina Lorenzi. Sans elle, la fête n'aurait pas été aussi joyeuses, aussi amusante. Pourtant rien n'était prévu. Tout du moins, la bande de colocataires avait convenu de se réunir pour trinquer au quarante-sixième anniversaire de Megan, tous les cinq. Mais la principale intéressée en a décidé autrement. Megan a convié de une partie de ses proches, poussant Valentina à devoir concocter de quoi grignoter non plus pour cinq personnes, mais au moins une bonne vingtaine. Parce qu'elle a toujours été ainsi la Saunders. Pour elle, les anniversaires ont toujours été importants. Le sien d'autant plus. Trop narcissique pour se contenter de boire en son honneur qu'avec cinq de ses proches, il a fallu qu'elle rameute son entourage tout entier.

L'immense maison s'est remplie au fur et à mesure des heures d'individus de tout âge, Megan ayant toujours eu des facilités pour tisser des liens avec n'importe qui. Elle ne décompte qu'un nombre limité de vrais amis ; mais des potes, Megan en a un paquet. Des vingtenaires, des trentenaires, des cinquantenaires ; il y en a pour tous les goûts ce soir.

L'ambiance joyeuse s'amplifie à mesure que le stock de bouteilles d'alcool se vide. Tous s'amusent, dansent, picolent, et dévorent le buffet italien préparé par la belle Valentina. D'entre eux, ça doit probablement être Megan qui s'éclate le plus. La présence de Sahar n'y étant pas pour rien, puisque dès que l'iranienne est libre, Megan n'hésite pas à aller flirter, ou ne serait-ce qu'à la chercher en la frôlant sur sa route.

En pleine conversation – ou plutôt énième engueulade – avec Lionel, son meilleur ami, Megan ne se gêne pas pour user de temps à autre de son téléphone portable. Lui, ça l'agace. Il relève son irrespect – une fois encore – et finit par tourner les talons. Il la planter là, au milieu de la pièce de vie transformée en piste de danse ; sans savoir que ce sont leurs deux autres colocataires qui accaparaient son attention. Ils sont dans la même maison, mais Nils, Megan et Valentina semblent incapable de se séparer les uns des autres. À croire que finalement, s'ils avaient été que tous les cinq, Megan aurait tout autant profité de sa fête. Quoiqu'il en soit, l'attitude de Lionel aurait pu la toucher, Megan, si elle n'était pas autant obnubilée par le message qui s'affiche sur son téléphone portable.

Entre toi qui me parle de mes "ex" et elle qui me drague... doucement sur la boisson les girlz

Les mots de Nils raisonnent en boucle dans l'esprit de la Saunders, tandis qu'elle décide enfin d'abandonner son téléphone. Megan le balance sur le buffet du salon, profitant d'avoir les mains libres pour se resservir un énième verre. Trempant ses lèvres dedans, la Saunders observe les environs. Son regard se pose un instant sur Sahar au loin, qui discute avec Callie. Megan lui sourit, mais le geste laisse rapidement place à une grimace lorsque la silhouette de Valentina apparait à l'horizon. La Saunders vide son verre d'une traitre avant de le poser férocement sur le buffet, suivant du regard son amie.

Megan n'hésite pas et s'élance à la poursuite de l'italienne à travers la demeure. Ce n'est que lorsque Valentina se rend dans les toilettes au premier étage, que Megan passe à l'action. La blonde ne réfléchit pas ; et ne pense pas que son amie à besoin d'une certaine intimité. La Saunders ouvre précipitamment la porte des toilettes, posant immédiatement son regard sur l'italienne assise face à elle.

– Pourquoi tu dragues Nils ? T'as baisé avec lui ?! Et après tu me mens ?! Bah putain vive l'amitié ! s'énerve la Saunders, ivre, en croisant ses bras sous sa poitrine.

TW : ivresse, alcool.

( o u t f i t ) ⋄ Valentina devait-elle s'attendre à autre chose qu'une fête improvisée à la dernière minute ? Certainement pas. Elle aurait pu mettre sa main à couper que les évènements allaient se produire de cette façon et c'est d'ailleurs pour cela qu'elle a cuisiné en si grande quantité durant l'après-midi. Gâteaux apéritifs, verrines, crudités, pizzas et surtout gâteau au chocolat ont été confectionnés de ces mains avant que tout soit disposé de manière accessible pour les convives.

À chaque colocataire sa mission, Valentina s'est occupée de la cuisine pendant que Nils s'est affairé à sortir du garage les tables d'appoint qu'ils utilisent pour ces fêtes. Megan, quant à elle, a sorti son arsenal de bouteilles en vue de ravir les pupilles de ses convives et, il faut bien l'avouer, de les enivrer. C'est d'ailleurs une mission réussie, à tout le moins s'agissant de l'architecte qui n'a jamais été la dernière à goûter aux nouvelles créations de cocktails de la fête de la soirée et amie. Elle aurait dû faire preuve de plus de retenue, si elle ne voulait pas se montrer aussi bavarde.

Avec un verre ou deux de moins dans le nez, Valentina n'aurait très certainement pas parlé d'Isana - fût-ce par message - à Megan. Moins encore de ses questionnements quant au fait de savoir si elle pouvait l'attirer et ce que signifiaient ces regards fréquents qu'elle a pu porter sur son décolleté lors d'un de leur récent entretien. Aussi et surtout, l'italienne se serait peut-être abstenue de faire du rentre-dedans à Nils comme elle l'a fait. L'idée de passer à nouveau du bon temps avec lui a fait plus qu'effleurer son esprit et il va sans dire que Valentina a dépassé les bornes avec ses propositions équivoques. Plus encore alors que son colocataire est désormais en couple.

Ne réfléchissant que peu aux conséquences de ses actes, Valentina profite de cette fête comme de toutes les autres : avec intensité et totalement. Rien ne l'arrête, moins encore quand Megan lui met dans les mains un nouveau verre à chaque fois que le précédent est vide.

Il est aux alentours de vingt-deux-heures trente lorsque Valentina s'éclipse de la pièce de vie où tous les convives sont regroupés, discutent, dansent, boivent, s'amusent. Elle rejoint rapidement l'étage, et plus précisément les toilettes. Ce à quoi elle ne s'attend aucunement, en revanche, c'est de voir s'ouvrir la porte au moment où elle aurait grand besoin d'intimité, pour se retrouver face à une Megan vraisemblablement énervée.

- Permetti ?

Littéralement, "tu permets ?". Sans mot supplémentaire et faisant fi des remontrances de Megan, Valentina lui ferme la porte au visage et fait comme elle peut pour la verrouiller afin d'éviter une nouvelle intrusion. Ce n'est que quelques minutes plus tard qu'elle sort des toilettes. Elle sait pertinemment que sa colocataire l'attend de pied-ferme au-dehors et, pourtant, elle ne peut s'empêcher de le vérifier. Elle ouvre légèrement la porte pour regarder par l'entrebâillement, avant de la refermer précipitamment en croisant le regard de la blonde de l'autre côté.

- Si tu continues de me gueuler après sans raison, j'sors pas d'ici ! s'esclaffe-t-elle depuis l'autre côté de la porte.

TW : ivresse, alcool.

( o u t f i t ) ⋄ Trop enivrée pour réfléchir convenablement, Megan se laisse complètement bercée par son ivresse. Elle fait tout un drame d'une situation qu'il l'aurait juste agacée en tant normal, se fout même dans un état pas possible. Mais dans le fond, ce qui la dérange, ce n'est pas tant que ses amis aient baisé ensemble. Là n'est pas tellement un problème, elle pourrait même trouver ça cool qu'ils puissent se détendre de la sorte. Ce qui la dérange en revanche, c'est qu'ils lui aient menti. Valentina, surtout. Megan les pensait amies, très proches même. Elle lui confie bien des choses à Val, et inversement. Tout du moins, c'est ce qu'elle a longtemps cru, mais maintenant elle remet tout en question. Et si l'italienne lui mentait depuis le début ? Comme cette histoire avec cette inconnue du travail qui lui matte les seins ; même ça, Megan le remet en question. Qu'est-ce qu'elle lui cache encore, Val ?

Prise de colère, la Saunders suit son amie jusqu'aux toilettes. Elle se fiche bien des limites franchies, Megan. Voir pisser sa pote, ça lui importe que très peu d'ailleurs. Alors elle y va, fonce sans réfléchir et pénètre dans ce lieu intime en gueulant sur Valentina. Elle a besoin de réponse Megan. L'alcool coulant à flot dans ses veines provoque chez elle un effet désinhibant. Mais Valentina la remet immédiatement à sa place et la force à sortir de là. Megan grommelle, recule et patiente dans le couloir. La Saunders fait les cent pas et s'arrête qu'en entendant la chasse d'eau, signe que l'affrontement avec Val va reprendre. Ses bras se croisent sous sa poitrine alors qu'elle ne lâche plus la porte des yeux, prête à se jeter sur celle qui se planque à l'intérieur.

Lorsque Valentina entrebâille la porte pour l'observer, Megan lui jette un regard noir. Elle s'apprête à s'élancer pour la forcer à rentrer mais l'italienne lui claque la porte au nez – elle manque d'ailleurs de le lui couper ! – avant de hurler à son tour. Si Megan ne se calme pas, Valentina ne sortira pas. Putain le chantage ! Si la Saunders n'était pas autant en colère, elle se serait amusée de la situation. Elle se serait foutue de la gueule de Valentina en la traitant de gamine. Mais pour le coup, elle comprend. À la place de Valentina, elle flipperait elle aussi.

– Donc tu vas passer toute ma soirée d'anniv planquée là ?! La flipette putain ! s'énerve-t-elle encore plus alors qu'elle cogne contre la porte à plusieurs reprises.

Une fois. Deux fois. Trois fois. Rien n'y fait, Valentina ne lui ouvre pas. Megan lâche un soupir en plaquant son front contre la porte des chiottes. Elle doit se calmer, elle n'a pas le choix. Les secondes lui semblent être des minutes. Le problème c'est que l'italienne est aussi têtue qu'elle. Si Megan ne lui obéit pas, la conversation n'avancera pas.

– Okaaay je me calme. Mais à condition que tu m'expliques pourquoi tu m'as menti ! Nils a tout balancé ! Puis c'est qui cette meuf dont tu m'as parlé ? J'suis sûre que même pour ça tu m'as mytho merde ! commence-t-elle à s'énerver à nouveau avant de s'appuyer entièrement contre la porte. Le bruit du verrou ne se fait pas entendre, signe que le calme de Megan ne suffit toujours pas à l'italienne. C'est bon j'suis calmée ! Sors ça me gave !

( o u t f i t ) ⋄ Il se dit de Valentina qu’elle est déterminée. Têtue fonctionnerait aussi. Sans aller jusqu’à comparer son niveau d’obstination à celui de Megan qui est sans aucun doute plus élevé que celui de l’italienne, cette dernière sait qu’elle peut aussi composer avec une certaine forme de patience. Un trait de caractère qui fait cruellement défaut à son amie et qui permet de ramener les compteurs à un point partout. La difficulté de cette situation est sans doute son inextricabilité. Valentina serait fichue de rester trois heures aux toilettes pour gagner sa tranquillité, tout comme Megan pourrait valablement attendre autant de temps dans le couloir pour obtenir une réponse claire aux questions qu’elle se pose. Leur comportement est puérile, mais aucune d’entre elles n’entend changer de position. Même si cela implique de rester prisonnière d’une pièce de quatre mètres carrés, Valentina est déterminée à ne plus sortir des toilettes tant que Megan continuera de lui crier après sans raison.

- Flipette ?! s’énerve-t-elle depuis l’autre côté de la porte alors que ses yeux s’arrondissent sous le coup de l’étonnement.

Mais elle ne trouve rien de plus à dire, Valentina. Parce qu’elle n’a pas tout à fait tort, sa colocataire. C’est bien la peur de devoir avouer ses incartades avec Nils qui l’oblige à s’enfermer dans les toilettes. C’est contraire aux règles de la colocation ; celles-là même que Valentina brandit en maître à chaque fois que ses amis l’agacent ces derniers temps. Plus encore depuis l’arrivée d’Alyssa qui a été décidée par Megan seule, au détriment de la règle d’or qui est de choisir à l’unanimité l’arrivée d’une nouvelle personne dans leur lieu de vie.

Elle n’a peut-être pas tort d’être flippée quand elle entend Megan cogner contre la porte à de nombreuses reprises. Cessera-t-elle seulement un jour ? C’est ce que Valentina lui demande mais elle n’est pas sûre de se faire entendre entre le bruit du poing de Megan contre la porte et la musique qui bat son plein au rez-de-chaussée.

Ainsi va-t-elle devoir prendre ses quartiers ici, entre les toilettes et le lavabo. Le porte magazines n’a plus été alimenté depuis de nombreux mois ; ne s’y trouve que des exemplaires de Moto Magazine et un vieil hors série de Planète Bâtiment que Valentina connaît par cœur. Rien ne trouve grâce à ses yeux et il lui faut bien plusieurs longues minutes avant de se souvenir qu’elle est en possession de son téléphone portable. C’est au même moment que Megan se manifeste à nouveau, indiquant qu’elle est désormais calmée.

- Calmée ? T’es calmée ?! répond avec entrain l’italienne. T’es sûre que tu connais la définition du mot ? Va la lire dans un dico, ça me rassurerait.

Consciente qu’elle ne pourra pas rester ici longtemps - sa patience est mise à rude épreuve avec l’alcool qui coule dans ses veines -, Valentina finit par accepter d’ouvrir une nouvelle fois la porte. Elle y passe son bras pour tendre son téléphone portable à Megan sur lequel elle peut lire la définition du verbe « calmer ».

- Ça correspond réellement à ton état d’esprit ? Parce que je n’ai aucun compte à te rendre, dit-elle en finissant par sortir des toilettes. La porte fermée, elle appuie son épaule contre, en faisant désormais face à Megan. Qu’est-ce qu’il t’a dit, Nils ? s’enquiert-elle, préférant encore parler de leur colocataire que d’Isana.