@Delilah Winchester & @Megan Saunders

(o u t f i t) ⋄ Quand le secrétariat de psychiatrie l'a appelé fin février pour lui rappeler son rendez-vous annuel, Megan s'est exaspérée. Elle n'a plus envie de tout ça, plus envie de devoir blablater dans le vent avec le docteur Fergusson. Ce suivi permet pourtant d'évaluer l'état de santé mental de Megan et donc s'il est nécessaire de remettre en place des séances hebdomadaires ou mensuelles. Elle est suivie par l'hôpital de Brisbane depuis plus d'une décennie, suite au décès brutal de son bébé et sa rupture avec sa fiancée. Les rendez-vous avec le psychiatre se sont intensifiés lorsqu'il lui a été diagnostiqué une dysphorie de genre. C'est ce qui a d'ailleurs conduit à ce suivi régulier au fil des ans, toujours avec le même psychiatre. En revanche, ce que le secrétariat ne lui dit pas, c'est que le Professeur Fergusson a pris sa retraite en fin d'année 2023, et ne sera donc pas celui qui assurera sa séance annuelle. Si on lui avait glissé cet élément à Megan, peut-être qu'elle ne serait jamais venue. Qu'elle se serait contentée de convaincre les secrétaires en leur expliquant que ce n'est plus nécessaire. Que tout va bien pour elle. Seulement, la dame au bout du fil ne pense pas à l'avertir. Megan pense donc qu'elle ne va pas avoir le choix, et qu'après des années de suivi, ce ne serait pas correct de planter ce bon vieux Fergie ! Puis en fait, une idée germe dans son esprit. En voyant Fergie, elle pourrait peut-être lui extirper des informations sur sa cadette, et même l'interroger sur la marche à suivre. Il est toujours de bons conseils. Megan est persuadée qu'il tombera d'accord avec elle : Daphne et Yaël ne doivent plus jamais se remettre ensemble. Ça en tient de la survie de sa sœur.

Quand arrive le jour J, Megan est presque heureuse de le voir. Elle apprécie l'aura rassurante qu'il dégage, et arrive toujours à se livrer à lui. Et aussi étonnant soit-il, le Docteur Fergie lui parle parfois de ses petits-enfants. Ces consultations outrepassant la limite de la distanciation professionnelle amuse Megan, qui prend conscience que Fergie s'est peut-être attachée à elle, après toutes ces années... Agacée que son rendez-vous  tombe en milieu de semaine, et surtout de matinée, Megan est forcée de se pomponner avant de s'y rendre. Car après, elle devra rejoindre le So What qui ouvre normalement ses portes dès dix-heures du matin. C'est donc une Saunders élégante et radieuse qui pénètre dans le service de psychiatrie, dix minutes avant le rendez-vous. Elle sait que Fergie déteste quand elle est en retard, il le lui a toujours reproché. La secrétaire lui demande d'aller patienter en salle d'attente, sans préciser une fois encore le détail qui changera tout : le docteur Fergusson n'exerce plus la médecine.

Confortablement installée sur une banquette, sa vieille gameboy en main, Megan ne voit rien des minutes qui défilent, ni des médecins qui font des allers-retours entre l'ilot des secrétaires, et la salle d'attente. Elle sursaute finalement lorsqu'une voix féminine l'interpelle et l'extirpe hors de son jeu. Megan ferme précipitamment sa console, puis lève son regard en direction de la provenance de la voix. La femme en blouse blanche face à elle n'a rien du Docteur Fergusson, ce qui interroge la Saunders. Pour autant, Megan se dit qu'au vu de son vieil âge, Fergie a peut-être une assistante à ses côtés ? Une infirmière ? Canon qui plus est ! Il doit être heureux le Fergie. La constatation fait sourire vicieusement Megan, tandis que son regard glisse le long du corps de Delilah. Vraiment, vraiment canon. La blouse blanche, ça a toujours été un de ses fantasmes. Alors quand c'est une jolie femme qui la porte, Megan ne peut qu'apprécier. Elle hoche donc la tête et accepte de suivre la potentielle infirmière jusqu'au bureau du Professeur Fergusson.

Megan s'installe là où elle se met toujours, le plus près du fauteuil de Fergie. Là où bizarrement, l'infirmière s'installe. Les sourcils de Megan se fronce, tandis qu'elle ne peut s'empêcher de penser qu'à cette distance, elle pourra mieux mater. Parce que ouais, il faut qu'elle le reconnaisse, la nana est mega sexy. Elle le pense très fort Megan, puisqu'un sourire coquin se dessine naturellement sur ses lèvres, alors que son regard se perd à la contemplation.

– Et donc Fergie... initie-t-elle la conversation en croisant le regard de la brune. Le surnom ne passera peut-être pas, et montrera qu'avec le Professeur, ils ont dépassé une certaine limite. Alors Megan se coupe, et rectifie aussitôt le tire :  le docteur Fergusson, pardon... Il est où ? Il arrive bientôt ? demande Megan en regardant partout autour d'elle, tout en croisant ses jambes dénudées. Sa position offre une vue plutôt charmante à la demoiselle face à elle. De son côté, Megan se dit qu'elle ne reconnait pas les décorations, mais Fergie en avait peut-être marre ? Puis bon, ça fait un an qu'elle n'est pas venue, aussi ! Ça peut expliquer qu'elle ne reconnaisse pas tellement les lieux, ni la décoration.

@Megan Saunders & @Delilah Winchester

(o u t f i t) ⋄ Lorsque la direction de l'hôpital l’a informée, en fin d’année passée, qu’il lui reviendrait de récupérer le suivi de certains des patients du Docteur Fergusson à la suite de son départ en retraite, Delilah ne s’est pas montrée particulièrement enthousiaste. Elle a déploré le fait que son confrère ne soit pas remplacé et a alerté le directeur de l’hôpital de la surcharge de travail que cela allait impliquer pour chacun des médecins du service de psychiatrie. L’entrevue avec son supérieur ne lui a pas apporté ce qu’elle désirait mais, au-moins, Delilah est-elle repartie de là avec l’autorisation de déménager son bureau. C’est ainsi qu’elle a pris ses quartiers, dès le début de l’année 2024, dans le bureau précédemment occupé par le Professeur Fergusson. Une pièce bien plus grande, plus lumineuse et plus éloignée des toilettes aussi, ce qui lui confère un calme certain. Maigre récompense face au surplus de patients en suivi, mais récompense tout de même.

Utiliser son jour off de la veille pour aller voir les koalas du parc animalier de la ville lui a été bénéfique. C’est une Delilah apaisée et souriante qui enchaîne ses consultations en ce mercredi matin. Ses deux premiers rendez-vous de suivi mensuel se passent bien ; les progressions de la patiente qu’elle raccompagne en dehors de son bureau son notables et la psychiatre s’en satisfait. L’une des secrétaires du service lui fait même remarquer qu’elle est resplendissante, ce qui vaut à Delilah de distribuer des compliments en retour ainsi que des remerciements. Un rapide coup d’œil à l’horloge située derrière le fauteuil de son interlocutrice lui fait constater qu’il est déjà l’heure de son prochain rendez-vous.

- Votre rendez-vous de dix heures est avec Madame Saunders, patiente du Docteur Fergusson, lui rappelle-t-elle l’identité de sa prochaine patiente.

Delilah opine du chef et se met en direction de la salle d’attente, non sans prendre une poignée de solution hydroalcoolique sur son passage. Elle est encore en train de frotter ses mains quand elle se présente aux quelques personnes qui patientent et qu’elle appelle celle qu’elle doit recevoir à haute voix.

- Madame Saunders ?

Si son regard a balayé rapidement la pièce, il n’était pas encore arrivé jusqu’à cette femme. La voir se lever lui fait l’effet d’un électrochoc, alors que Delilah voit très bien de qui il s’agit. Elles ne se connaissent pas, mais Delilah, elle, sait qui est cette femme. À tout le moins l’a-t-elle déjà croisé derrière le comptoir du bar queer dans lequel elle se rend parfois et lors de la dernière pride organisée à Brisbane. Elle ne l’a jamais laissée insensible ; toutefois, cette femme ne l’a jamais vue. Elle n’a jamais arrêté son regard sur elle et ne lui a pas non plus adressé le moindre mot. Est-ce bizarre de la recevoir aujourd’hui en consultation ? Delilah essaie de chasser cette idée de son esprit alors qu’elle offre un sourire poli à sa patiente avant de l’inviter à rejoindre son bureau et à s’installer.

Madame Saunders devant, le Docteur Winchester derrière, Delilah prend le temps de fermer la porte derrière elle et de faire un crochet jusqu’à son bureau pour attraper le dossier papier de la patiente. Si l’hôpital tend à passer au tout numérique, la psychiatre garde une attache particulière avec le papier. Elle a cette impression, peut-être tronquée, que l’informatique met de la distance entre ses patients et elle. Comme si la tablette dans ses mains était une barrière naturelle qui filtre les mots de ceux qui lui parlent. Ses documents dans les mains, Delilah vient prendre place au fauteuil qui est le sien et s’autorise à ouvrir le dossier pour se remémorer la date de la dernière consultation de la femme qui lui fait face. C’était il y a un an, à quelques jours près. Il ne lui en faut pas davantage pour se remémorer le parcours de cette femme et les quelques brèves notes écrites par son confrère qui ont été conservées au dossier.

Elle n’a toutefois pas le temps de prendre la parole pour se présenter officiellement, que la blonde la devance. Elle comprend rapidement où la cliente souhaite en venir, à demander où se trouve le docteur Fergusson. La secrétaire avec laquelle elle discutait plus tôt a beau être extrêmement gentille, force est de constater qu’il y a des choses à redire sur sa façon de travailler. Ce n’est pas faute de l’avoir mise en garde à plusieurs reprises pour qu’elle veille à bien informé les patients de Dev de son départ à la retraite. Une fois encore, Delilah se retrouve devant le fait accompli, et il lui faut faire preuve de beaucoup de retenue pour ne pas soupirer d’agacement.

- Je constate que vous n’avez pas été prévenue. Le Docteur Fergusson a pris sa retraite et profite désormais de son temps libre au soleil, confie-t-elle alors que son ancien confrère lui a bien évidemment donné l’autorisation d’informer ses patients qu’il comptait désormais se la couler douce sur les îles aux décors paradisiaques. Je suis le Docteur Delilah Winchester et, si ça vous convient, nous pourrons travailler ensemble, précise-t-elle en offrant un sourire encourageant à son interlocutrice. Il n’y a aucune obligation à ce que vous poursuiviez votre suivi avec moi. Ce que je peux vous proposer, en revanche, c’est de nous laisser cette séance pour voir si continuer avec moi pourrait vous convenir, propose-t-elle.

@Delilah Winchester & @Megan Saunders

(o u t f i t) ⋄ La déception la gagne dès qu'elle apprend le départ en retraite du docteur Fergusson. Si elle n'était pas une de ses patientes récurrente, Megan a toujours eu l'impression d'être appréciée par Fergie. Après une décennie de suivi, elle méritait au moins d'apprendre cette information de sa bouche à lui. Il faut croire que le docteur Fergusson n'en pensait pas de même, et ne pensait qu'à se la couler douce au soleil. C'est donc difficile pour elle de cacher son mécontentement face à cette annonce. Immédiatement, la Saunders se braque et croise les bras sur sa poitrine en signe de fermeture. Dès qu'elle quittera ce bureau, elle n'hésitera pas à aller signaler à la secrétaire en poste son manque de professionnalisme. Megan juge qu'elle aurait dû être tenue informée au préalable et libre de choisir ou non du transfert de son dossier.

Sa déception s'efface lorsque la femme face à elle se présente et qu'elle lui offre un sourire encourageant. Au moins, cette doctoresse est plutôt agréable. Mais Fergie aussi l'était... Megan doit donc se méfier. Elle a accordé sa confiance une fois au corps médical ; tout ça pour quoi ? Que Fergie la laisse tomber comme une vieille chaussette ? Pour autant, elle ne retient pas le sourire qui se dessine sur ses lèvres en réponse à la brune face à elle. Cette psychiatre a l'air plutôt sympathique et semble véritablement gênée de la tournure des choses. D'ordinaire, Megan se serait empressée de se saisir de l'occasion pour se tirer. Mais il faut croire que le regard de la doctoresse jour un rôle certain dans le fait qu'elle reste plantée là, enfoncée dans son fauteuil en cuir. D'autant que le docteur Winchester porte cette fameuse blouse blanche ; qui se trouve être au cœur des fantasmes de la Saunders. Son regard délaisse d'ailleurs les décorations de la pièce pour observer la doctoresse. Son haut moulant et sa jupe la mettent véritablement en valeur, détail que Megan ne peut s'empêcher de noter tandis qu'un sourire plus charmeur prend possession de ses lèvres. Elle y perd avec le départ en retraite de Fergie ; mais ce qu'elle y gagne est plutôt agréable à regarder.

Ce n'est que lorsque le docteur Winchester s'exprime à nouveau que Megan cesse d'analyser ses formes pour venir planter son regard dans le sien. La proposition faite lui plait. Faire une séance pour voir si elle accepterait de continuer avec elle... Pourquoi pas ? Si elle ne pense plus tellement nécessaire d'avoir un suivi psychiatrique, Megan ne crache pas sur une entrevue avec cette beauté. Surtout maintenant qu'une idée germe dans son esprit. Cette doctoresse ne sait rien d'elle ; à moins qu'elle ait lu des notes à son sujet ? C'est l'occasion rêvée pour lui faire croire n'importe quoi, et surtout pour essayer de comprendre ce qui se passe dans l'esprit de Yaël. Son regard s'illumine alors que l'idée termine de faire son bout de chemin dans son esprit. Mais oui ! Elle n'a plus qu'à faire ça ! Transférer la vie de Yaël en elle, pour obtenir des conseils et des réponses. De cette sorte, Megan pourra aider Yaël à affronter les démons de sa vie. Et surtout... Mettre un terme à son mariage.

– Delilah... C'est un joli prénom, répond-elle en décroisant ses bras pour jeter un coup d'œil à sa montre Michael Kors. Il est dix-heures deux. Vous avez encore quarante-trois minutes pour vous vendre et me paraître à la hauteur du docteur Fergusson, s'amuse-t-elle à défier sa nouvelle psychiatre.

Le ton charmeur qu'elle emploie est volontaire ; le docteur Winchester est trop séduisante pour qu'elle n'essaye pas d'obtenir ses faveurs. Puis cette blouse blanche... Megan ça la fout dans tous ses états. Ses yeux glissent durant un temps infime sur les jambes de la psychiatre avant de se reposer immédiatement sur son visage. Le sourire qu'elle prend n'a plus rien de timide. Megan Saunders se déploie comme le ferait un paon lors de sa parade nuptiale. Elle pose ses mains sur ses genoux dénudés pour se pencher un peu en avant, tout en se rappelant l'idée qui a germé un peu plus tôt dans son esprit. Elle doit jouer la comédie. Alors rapidement, son sourire laisse place à une moue plus attristée, lui faisant découvrir un nouveau talent de comédienne.

– D'autant que vous tombez à point nommé. Je n'aurais jamais osé parler de ce qui m'arrive à Fer... Au docteur Fergusson. J'ai... Mon... Mon mariage bat de l'aile. Vous accepteriez qu'on en discute ou le sujet doit-il exclusivement tourner sur ma transition ?

@Megan Saunders & @Delilah Winchester

(o u t f i t) ⋄ Le docteur Winchester n’aime pas se retrouver dans cette situation. Dans ce cas de figure où les patients qu’elle reçoit, initialement suivis par son confrère Fergusson, n’ont pas été avertis de son départ à la retraite et du transfert de leur dossier entre ses mains. Aussi légitime soit-elle à les suivre, elle a toujours cette impression de les extorquer. De les tirer dans un guet-apens duquel il est difficile de partir une fois qu’ils ont pris place dans le canapé de ce bureau. Elle a déjà averti le secrétariat à plusieurs reprises de la difficulté dans laquelle cette situation la place elle, mais aussi les patients. Or, les loupés continuent de s’accumuler du côté du secrétariat médical et Megan Saunders n’est malheureusement pas une exception. Mise devant le fait accompli, Delilah n’a d’autre choix que de proposer de faire cette séance ensemble pour voir ce qui en ressort, tout en rappelant que le choix final est toujours celui du patient qui peut, à tout moment, décider de poursuivre avec un autre praticien.

Alors qu’elle vient de formuler cette proposition à la blonde qui se trouve face à elle, Delilah se tait pour se montrer observatrice. Elle connaît suffisamment bien le langage corporel pour savoir qu’elle récoltera de très nombreux indices en observant la femme qui lui fait face. Ce sont tout d’abord ses bras qui se croisent sur sa poitrine, en signe d’opposition, de fermeture. Cette désapprobation ne dure qu’un temps pour laisser place à une attitude plus… plus charmeuse ? Delilah hallucine-t-elle ?! Delilah n’hallucine pas. Elle remarque bien la façon qu’a cette femme de faire glisser son regard sur elle. Ce serait mentir que de dire que cela ne la déboussole pas. Comment pourrait-il en aller différemment alors que Delilah l’a déjà remarquée lors de certains évènements ? N’est-ce donc que la première fois que Megan la voit en retour ? La psychiatre s’efforce de taire ces quelques questions qui s’immiscent en elle, en ne laissant à aucun moment rien paraître.

- Je vous remercie, répond-elle au compliment sur son prénom, sans entrer à aucun moment dans ces paroles louangeuses.

Elle n’entre pas davantage dans le jeu qu’essaie d’instaurer Megan avec ces quarante-trois minutes qu’il lui reste pour se vendre. Là n’est pas son travail et la patiente finit par le comprendre d’elle-même alors que Delilah reste droite sur son fauteuil en continuant de la regarder. Les humeurs de la blonde sont toujours fluctuantes et c’est finalement face à une personne concentrée, puis perdue, que Delilah se retrouve. Ce changement d’émotions est trop soudain et trop brutal pour que Delilah y croit totalement. Toutefois, son travail est d’accompagner des personnes pour leur apporter l’aide dont ils ont besoin. Dans le cadre de ce premier rendez-vous, elle n’a aucune raison de remettre en doute la parole de Megan. À ce stade, deux possibilités peuvent expliquer un tel changement d’attitude : elle se trouve soit face à quelqu’un dont le dosage d’hormones est mauvais, soit face à quelqu’un qui est totalement perdu.

C’est vers la deuxième possibilité que Delilah penche quand Megan reprend la parole pour expliquer que son mariage bat de l’aile. Le regard que la psychiatre reporte sur sa patiente quand elle lui demande l’autorisation d’aborder un autre sujet que celui de sa transition se veut confiant et encourageant.

- Nous ne sommes pas obligées de parler exclusivement de votre transition, certifie-t-elle. Ces rendez-vous annuels sont une sorte de bilan... De bulle, plutôt. Voyez cela comme une bulle : quarante-cinq minutes, rien que pour vous, pour parler de vos joies, de vos peines, de vos réussites et de vos tracas.

Delilah marque volontairement une pause pour laisser le temps à ses mots de s'infuser dans l'esprit de la patiente.

- Qu’entendez-vous lorsque vous dites que votre mariage bat de l’aile ? demande-t-elle lorsqu'elle reprend la parole.

C’est sans doute bête, c’est probablement même un tantinet égocentrique, mais Delilah est heureuse de savoir que le cœur de la blonde est pris et que c’est pour cette raison qu’elle ne l’a jamais vue auparavant malgré les regards insistants qu’elle lui lançait pour la faire venir jusqu’à elle, que ce soit à la dernière édition de la gay pride ou ces quelques fois au So What.

@Delilah Winchester & @Megan Saunders

TW: fausse couche, deuil, perte d'un bébé.

(o u t f i t) ⋄ Agir sur un coup de tête est digne de Megan Saunders. Rares sont les fois où elle prend le temps de poser le pour et le contre des nouvelles idées qui lui traversent l'esprit. Comme aujourd'hui, Megan n'hésite pas un seul instant à s'octroyer l'histoire de sa sœur, pour découvrir un moyen de la protéger. Elle ment à la doctoresse sans gêne et sans crainte d'être prise la main dans le sac. Pourtant la psychiatre tient un dossier entre ses mains, sur lequel est noté son nom sur la tranche. Dedans, il doit y avoir toutes les informations sur sa vie. À savoir sa transition démarrée plus de douze ans en arrière, après une rupture déchirante survenue à la suite de la perte destructrice de son fils. La fausse couche de Mairead doit y être inscrite en gras ; étant l'événement le plus traumatisant et le plus compliqué que Megan ait dû avoir à surmonter. Celui-ci, ainsi que le départ violent de Mairead, qui lui a balancé sa bague de fiançailles à la figure avant de prendre la fuite à tout jamais. Rupture qui a causé bien des dégâts chez la Saunders, qui a passé des années à répéter à son psychiatre ne plus croire en l'amour ; et même, détester ça. Le Docteur Fergusson connaissait chaque détails, chaque tournure, de la vie de Megan Saunders. Pourtant à cet instant, Megan ne pense pas à ce que peut contenir ce dossier, et sur ce la charmante doctoresse a bien dû y lire. Elle fonce sans réfléchir, avec pour seule optique : aider Yaël à s'en sortir.

En abordant son mariage inexistant, Megan ne laisse jamais apercevoir une hésitation. Elle semble sûre d'elle et de ce qu'elle raconte. Le seul moment où elle se permet de douter c'est lorsqu'elle réalise tout ignorer de cette charmante Delilah et des thérapies qu'elle met en place. Peut-être qu'elle n'est pas comme Fergusson ? Peut-être qu'elle souhaiterait uniquement aborder sa dysphorie de genre, et voir comment tout cela se passe à l'heure d'aujourd'hui ? Alors Megan s'interrompe dans son plan irréfléchi, pour s'assurer pouvoir parler de son mariage. La réponse obtenue la rassure immédiatement et l'aide même à se sentir plus à l'aise avec Delilah. La douceur qui émane de la psychiatre permet à Megan de se mettre en confiance.

– Cette image me plait... être coincée dans une bulle avec vous, ça doit être agréable, souffle-t-elle alors que la psychiatre la relance déjà sur son mariage. Le ton charmeur n'a pas pu être retenu, c'est plus fort qu'elle. C'est Delilah est trop séduisante pour que Megan ne s'amuse pas un peu.

Le sourire qui se dessine sur ses lèvres est sincère ; plus en tout cas que le sont ses paroles à venir. Megan sait qu'elle va devoir mentir et qu'il n'est pas l'heure au flirte. Elle oublie la vraie raison de sa présence ici, et se moque bien que ce rendez-vous annuel ne l'aide pas comme il est censé le faire. Megan voit en cette rencontre avec cette spécialiste de la santé mentale, une véritable aubaine pour aider Yaël et pour comprendre ce qu'elle traverse. Après tout, Delilah ne sait rien d'elle. Rien de plus que ce qu'il doit y avoir de noté dans le dossier. Alors elle peut y aller Megan. Puis de toute façon si elle s'interroge sur ce mariage, Megan lui expliquera s'être mariée dans l'année... Pour l'heure, la psychiatre attend des réponses et Megan ait bien décidé à les lui tendre sur un plateau d'argent.

– Ma femme m'a trompé. J'ai essayé d'y faire face, de faire croire à tout le monde que c'est okay mais... Dernièrement je suis tombée dans les vapes et je crois que tout est lié. Vous en pensez quoi vous ? demande-t-elle en inversant la position de ses jambes croisées. La Saunders entrelace ses doigts ensemble qu'elle vient poser sur son genou le plus haut, avant de pencher son torse en avant en direction de la psychiatre. Puis comment est-ce qu'on peut tromper quelqu'un ?! Une Saunders en plus ! Quelle conne, conclut-elle avant de s'adosser à nouveau à son siège.