What do you feel

Rebekah & Elio

La démarche souple et élégante, le costume bleu foncé de rigueur mais la cravate laissée au placard, Elio se sent comme un poisson dans l’eau. L’art est son domaine de prédilection. Celui qui lui permet de s’exprimer sans filtre, sans retenue. Celui dans lequel il se sent libre. Libre de respirer. Libre d’exister. Libre de penser. Libre d’évoluer. Personne ne peut lui imposer quoi que ce soit. Ni même les limites de la réalité. Plus rien n’existe lorsqu’il se plonge corps et âme dans sa peinture. Il est libéré de ses chaînes. Il peut voler de ses propres ailes, sans aucune pression familiale pesant lourdement sur ses épaules. Avec un pinceau en main, il n’est plus Elio Montgomery, l’héritier de sa richissime famille, il est Euphoria, l’artiste peintre qui rencontre un franc succès attisant également la curiosité quant à l’absence de visage à apposer sur son pseudo.

Durant l’exposition d’aujourd’hui, certaines de ses œuvres sont exposées, sous le pseudo qu’il utilise bien entendu. Déambuler parmi les visiteurs, discuter avec eux et partager leurs points de vue sur les tableaux qui les entourent, c’est toujours plaisant, divertissant et inspirant. Ça l’est d’autant plus lorsqu’il joue le rôle d’un critique auprès de son propre travail afin d’appréhender directement les avis des amateurs ou professionnels susceptibles de juger ses œuvres. Négatifs ou positifs, tout est bon à prendre. Après tout, tous les gouts et les couleurs sont dans la nature. Tout le monde ne peut pas nécessairement apprécier ses tableaux. Du moment que le jugement est constructif, il lui permet d’évoluer.

Quelques mots sont échangés avec une amie artiste avant qu’Elio ne reprenne son tour d’horizon à travers les allées de la galerie bondée. Il s’arrête quelques instants devant une œuvre d’un autre peintre pour la contempler longuement. Pas vraiment subjugué par son coup de pinceau, le fils Montgomery repère bon nombre de défauts qui, à ses yeux, auraient pu être évités. Peut-être est-il trop perfectionniste. Toujours est-il qu’il n’a jamais supporté les imperfections, notamment dans sa vie quotidienne. Même s’il cherche à s’en détacher, les habitudes ont la vie dure et une éducation comme celle qu’il a reçu laisse forcément des traces indélébiles. Quoi qu’il en soit, il finit par détacher ses prunelles de l’œuvre pour reprendre sa marche. Devant l’un de ses tableaux représentant une femme dansant avec une colombe, Elio repère une jeune fille en pleine contemplation. Un sourire presque imperceptible glisse sur ses lèvres alors qu’il se dirige vers elle. A ses côtés, il stoppe sa marche, observe sa toile avant de croiser les bras. « Euphoria, que de mystère autour de cet.te artiste dont on ne sait absolument rien. Mis à part son pseudonyme. » Il est à présent temps de draper son costume d’acteur. « Homme, femme, la vingtaine, trentenaire, quadragénaire, plus, moins ? Difficile à dire. » Il se permet un petit coup d’œil en direction de la demoiselle. « Que pensez-vous de ce tableau ? » Lui inspire-t-il quelque chose ? Qu’est-ce qu’elle ressent en l’observant ? Est-elle une réelle amatrice d’art ou une simple curieuse ? Elio aime tester les visiteurs pour savoir si son art est capable de les toucher en plein cœur.